Publié le 28 Août 2021

Joseph Joffre en 1889.

Joseph Joffre en 1889.

1885. Joseph Joffre a trente-trois ans.

Issu de l’école Polytechnique, il est de l’arme du génie. En 1872, il est entré à l’Ecole d’application de l’artillerie et du génie de Fontainebleau et a épousé Marie-Amélie Pourcheiroux, qui meurt en couches, deux années plus tard. Après une décennie à travailler aux fortifications de Paris, du Jura puis des Pyrénées-Orientales, dont il est originaire, il a demandé sa mutation en Extrême-Orient. Demande acceptée au début de l’année 1885.

Il est donc envoyé sur l’île de Formose (Taiwan). Nommé chef du génie sous les ordres de l’amiral Courbet, il prend en charge la fortification de la base de Chilung. L’objectif qui lui a été fixé est simple : dans la cadre de la guerre franco-chinoise, Joffre doit assurer la mainmise de la République française sur le Tonkin. Si l’Annam a accordé un protectorat français sur cette région du nord de l’actuel Vietnam, la conquête puis la pacification ne sont pas des campagnes faciles.

A la tête du génie, le capitaine Joffre est chargé d’organiser des postes de défense, d’améliorer les hôpitaux, d’ouvrir de nouvelles routes, des digues et des bureaux pour que l’armée puisse prendre possession de ses nouveaux territoires. Alors que la Chine abandonne toute prétention sur le Tonkin, Joffre gère le conflit contre ce qu’il reste des Pavillons Noirs, et qui sont devenus plutôt des bandits de grand chemin que des soldats assurant la lutte contre le colonisateur français.

En 1888, Joffre quitte le Tonkin, après avoir reçu la Légion d’honneur et avoir été cité à l’ordre de la division. Son retour en métropole va prendre plusieurs mois car il passe par la Chine, le Japon puis les Etats-Unis.

En septembre 1888, promu au grade de commandant, il est nommé au cabinet du directeur du génie. Il se spécialise dans la logistique ferroviaire. Ce poste ne dure guère : au début de l’année 1891, il est affecté au 5e régiment du génie puis à l’Ecole d’application de l’artillerie et du génie.

En octobre 1892, Joffre est envoyé en Afrique, dans la région du Soudan français (Mali). Il y dirige la construction d’une ligne de chemin de fer entre la capitale de cette région et Bamako. Au début de l’année 1894, Grodet, gouverneur du Soudan français confie au commandant Joffre une colonne pour continuer la conquête au nord de Bamako. Ainsi, Tombouctou tombe-t-elle aux mains des Français. Pour son fait d’armes, Joffre est nommé lieutenant-colonel.

Entre deux missions, de passage à Paris, il revoit une ancienne connaissance, Henriette Penon, à qui il fait un enfant, Germaine, qui viendra au monde le 1er janvier 1898 (Joffre épousera Henriette, civilement, en 1905).

Colonel en 1900, Joffre participe à la colonisation de Madagascar sous les ordres du général Gallieni. Au cours de son séjour malgache, et après vaincu des résistances locales, après avoir assuré la fortification du port de Diego-Suarez, Joffre est fait général de brigade et reçoit les insignes de commandeur de la Légion d’honneur.

Le général Joffre retourne en France au printemps de l’année 1903. On connait la suite : directeur du génie au ministère de la Guerre, chef de l’Etat-major de l’armée française, il va éviter à sa tête une défaite en 1914, et sous son commandement va remporter les victoires de la Marne puis de Verdun. Victoires ternies par les terribles batailles, pour peu de gains de terrains, de Champagne en 1915 et de la Somme en 1916.

Fait maréchal de France à la fin de l’année 1916, académicien, Joseph Joffre meurt en 1931.

 

Sources :

  • Joffre, Arthur Conte, Ed. Olivier Orban.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Ministère des Armées.

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #La Coloniale

Publié le 19 Août 2021

Le Souvenir Français : qu'est-ce que c'est ?

La question.

Cadre ou simple adhérent de notre association, qui n'a pas eu un jour à répondre à cette question ? Et dans ce cas, le plus simple n'est-il pas de s'appuyer sur les explications données en page trois de notre revue trimestrielle « Le Souvenir Français » ? Mais, à la relecture, ces éléments peuvent peut-être apparaître un peu trop officiels pour, qui sait, amener un nouvel adhérent à notre association. Alors que les appuyer sur un exemple emblématique pourraient les rendre plus vivants, plus concrets, et par là susceptibles d'emporter sa décision.

Et, justement, les champs de bataille de la Première Guerre mondiale dans le nord-est de la France, comme les opérations qui ont suivi les débarquements en Normandie et en Provence, à la fin de la Seconde, ont malheureusement donné à notre association d'innombrables occasions d'illustrer son action en remplissant son devoir de mémoire. Mais, au contraire, l'exemple qui a été choisi a eu pour théâtre un lieu isolé, à plus de 1.500 mètres d'altitude en pleine montagne, à plus d'une heure de marche de la première agglomération, et concerne ce qui est peut-être le plus petit cimetière militaire de France, et donc il n'en est que plus frappant.

 

Le cas concret.

1944. Ce 13 juillet en début de nuit, sur le terrain de Blida, au sud d'Alger, un bombardier Halifax du 624e escadron de la Royal Air Force décolle avec pour mission le parachutage d'armes et de matériel à l'intention d'un maquis des Hautes Pyrénées.

L'équipage comprend sept membres, dont six britanniques, le pilote étant canadien. Arrivé sur zone au milieu de la nuit, après un vol à basse altitude au-dessus de la Méditerranée, l'appareil se dirige vers la zone de largage, aux environs du village de Nistos. Les membres du maquis ont balisé le site grâce à des signaux lumineux. Malgré un épais brouillard qui empêche l'équipage de les identifier, le pilote tente deux passages sans succès mais à la troisième tentative le Halifax s'écrase sur les pentes du Pic de Douly. Dans les jours qui suivent des résistants des villages voisins, guidés par de jeunes bergers, atteignent le lieu du drame. Les corps des sept membres de l'équipage, après recueil de leurs documents d'identification, sont inhumés sur place, dans une clairière, à proximité de l'épave de leur appareil. Après la Libération le petit cimetière est entouré d'une barrière en bois.

Handley Page « Halifax » de la Royal Air Force

Handley Page « Halifax » de la Royal Air Force

Le Souvenir Français.

Dès 1954 une plaque commémorative rappelant les faits fut installée lors d'une première cérémonie officielle, puis, dans les années 1990, un muret de pierre fut mis en place ainsi qu'une stèle portant des plaques offertes par les autorités britanniques et canadiennes et les municipalités des communes environnantes, tandis que chacune des sept sépultures était marquée d'une croix et recouverte d'une dalle.

Le Souvenir Français : qu'est-ce que c'est ?

Le petit cimetière anglo-canadien du « Clos du Douly ».

Les instances locales du Souvenir Français ont activement et financièrement participé à ces actions, comme en témoignent les plaques portant notre insigne, sur et derrière la stèle, assumant la vocation n°1 de l'association : « Conserver la mémoire de ceux et celles qui sont morts pour la France au cours de son histoire, ou qui l'ont honoré par de belles actions, notamment en entretenant leurs tombes ainsi que les monuments élevés à leur gloire, tant en France qu'à l'étranger ».

 

Le devoir de mémoire.

Régulièrement, autour de cette date du 14 juillet, des cérémonies sont organisées par les municipalités concernées et le Souvenir Français, en présence des autorités départementales et régionales généralement accompagnées d'un détachement de l'armée française et souvent avec la participation d'autorités britanniques ou canadiennes, ainsi que de détachements des forces armées de ces deux pays amis.

Des membres des familles des disparus ont également été accueillis à l'occasion de ces cérémonies qui ont permis à notre association de matérialiser sa vocation n°2 : « Animer la vie commémorative en participant et en organisant des cérémonies patriotiques nationales et des manifestations locales qui rassemblent les différentes générations autour de leur histoire ».

La cérémonie de juillet 2004.

La cérémonie de juillet 2004.

La transmission.

Même si, près de quatre-vingts ans après les faits, un grand nombre de ceux qui ont vécu ces événements ne sont plus là, la tragédie du Pic de Douly fait maintenant partie de la mémoire collective des habitants de cette région des Hautes Pyrénées. Cette mémoire est entretenue par l'action des membres de notre association comme le prouve le récent témoignage de l'actuelle Délégué Général des Hautes Pyrénées, « Ancienne directrice d'école et enseignante, nous avions travaillé sur ce crash », mettant ainsi en pratique la vocation n°3 du Souvenir Français : « Transmettre le flambeau du souvenir aux générations successives en leur inculquant, par la connaissance de l'histoire, l'amour de la Patrie et le sens du devoir ».

On ne peut que souhaiter que toutes les instances locales de notre association identifient, dans leur histoire locale, l’événement exceptionnel qui deviendra le socle incontournable de leur Devoir de mémoire.

 

Général de brigade aérienne (2S) Jean-Claude Ichac,

Président honoraire du comité d'Issy-les-Moulineaux et Vanves

 

Sources :

  • Crédits photographiques : D.R.
  • Chronique aérospatiale – CESA – Texte sur le crash de l’avion anglais par l’adjudant-chef Jean-Paul Talimi, rédacteur au CESA et sous la direction de Marie-Christine Villatoux, docteur et agrégée en histoire, enseignant-chercheur au CReA.
  • Tous nos remerciements à Madame Sylvie Barboteau, Déléguée générale du Souvenir Français pour les Hautes-Pyrénées.

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