Publié le 7 Avril 2024

Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 2.

Commando de l’Air n°10.

« Nous sommes conduits à la base 146 de Réghaïa où sont installés les commandos parachutistes de l’air 10 et 20. Ce sont des unités de 102 hommes chacune : 5 officiers, 22 sous-officiers et 75 militaires du rang. Les commandos sont articulés en équipes de 5 ou 6 hommes ; un groupe est formé de deux équipes, ce qui correspond au chargement moyen d’un hélicoptère H-34 (une section réunit deux groupes). Les commandos rayonnent sur toute l’Algérie et sont utilisés comme unités d’interventions parachutées ou héliportées. Ils permettent, entre autres, de diriger la chasse aérienne sur des positions ennemies.

Mais avant d’être commando, il nous faut apprendre le métier de soldat. Pour cela, une bonne condition physique s’impose : lever tous les matins à 6h et footing de 8 kilomètres dans le sable non loin de la base. Puis vient le parcours du combattant : l’analyse méthodique de chaque obstacle permet d’effectuer l’exercice en un minimum de temps. A cela s’ajoute le « close combat » : apprendre à tuer une sentinelle à mains nues ou avec un poignard. Tous les rudiments du combat rapproché nous sont enseignés. L’étude de l’armement des fusils, des fusils mitrailleurs, de la mitraillette Mat 49, avec démontage et remontage rapide, complète les premières formations. Viennent ensuite des tirs avec toutes ces armes et le lancer de grenades. Puis les longues marches sous un soleil de plomb avec armes et sacs de 25 kg. Nous apprenons également à progresser sur le terrain, à analyser les explosifs, à porter un blessé sur 200 mètres. Je sors épuisé de ces journées…

Arrive enfin le stage parachutiste. Il commence par l’apprentissage du roulé-boulé et par sortir d’un avion factice. Fini le temps du jeune Claude craintif et antimilitariste. Je suis devenu un vrai guerrier, bien aidé en cela par l’action psychologique de certains de nos instructeurs. »

 

Le stage de parachutiste.

« Pour être parachutiste, il faut six sauts. A cette époque, un parachutiste arrivait bien plus vite au sol qu’aujourd’hui. Il fallait donc parfaitement maîtriser le roulé-boulé. Nous en avons fait des centaines ! Un jour, un sous-officier nous indique que notre premier saut est avancé pour une quelconque raison. Le saut à l’élastique, d’une tour de 30 mètres, est alors annulé. Un bon point pour nous : tous les anciens nous ayant dit que c’était là un exercice des plus stressants.

Me voilà donc dans l’avion. Une première pour moi, comme pour bon nombre de camarades. J’ai peur. Aurais-je le courage de franchir la porte ? Avant de monter dans l’avion, personne ne dit mot. Les visages sont blancs. On tremble. Mais je vois arriver un copain encore plus mort de trouille que moi. Allons Claude ! Tu ne vas pas te dégonfler ! Mon copain, placé juste devant moi me dit : « A la lumière verte, tu n’hésites pas. Tu me pousses ». Cela m’a donné du courage. J’ai accroché mon mousqueton puis ai serré bien fort mon parachute ventral contre mon camarade. Ne pensant qu’à cela : le pousser et suivre derrière. Cela s’est bien passé. J’ai fermé les yeux, franchi la porte et j’étais en l’air. A l’occasion de ces six sauts – dont un de nuit et un à faible altitude – j’ai vu plus d’un camarade poussé – qui à la main qui à coups de pied – à la porte fatidique. Mais finalement, ce qui m’impressionnait le plus c’était l’arrivée au sol, peut-être à vingt à l’heure. Là, il faut bien faire le roulé-boulé.

Une fois, j’atterris au moment même d’une bourrasque. Elle s’engouffre dans mon parachute et me traîne sur une assez longue distance sans pouvoir me dégrafer. Un copain est sur mon passage. Il attrape la voilure et la dégonfle. Camaraderie parachutiste ! Une autre fois, j’atterris sur un champ pierreux : jambe cassée ! Mais j’y reviendrai.

A l’issue du stage, j’obtiens mon brevet de parachutiste ; le numéro 131872 ».

Nous prenions le plus souvent l’avion Nord-Atlas et nous sautions à l’arrière. Du Dakota, nous sautions sur le côté. J’aimais mieux. Quand nous prenions l’hélicoptères, c’étaient généralement des Sikorski. La fameuse banane que tous les anciens d’Algérie ont bien connu. Et en camion, nous étions assis en rang, l’arme entre les jambes prêts à sauter à la première alerte.’

Entre deux sauts, on apprend le défilé au pas, accompagné de notre chant : « Qu’il est doux de mourir à 20 ans pour la France ». Mourir pour la France je veux bien. Et si j’avais eu 20 ans en 1944, je me serais engagé dans la Résistance. Là, nous sommes en Algérie. J’estime que j’y ai été envoyé pour une autre cause ».

 

Baptême du feu.

« Passé l’obtention du brevet para, nous sommes déployés sur le terrain. Nous ne sommes plus ces jeunes gars chétifs : après des semaines d’un entraînement intensif au combat, nous n’avons plus un poil de graisse, que du muscle. Les tirs, les longues marches, le parcours du combattant, les sauts ; tout ceci nous a transformé.

Au cours des deux premiers mois, les officiers nous envoient faire quelques opérations de bouclage et des interpellations. Nous ne tirons pas un coup de feu. Les anciens nous toisent : « Hé, les bleus, tout ça est bien beau, mais vous n’avez pas encore eu votre baptême du feu ». Ce jour devait arriver rapidement : nous étions en alerte depuis le matin sur un piton, les hélicoptères à proximité

L’infanterie effectuait alors un bouclage et avait réussi à enfermer une bande de rebelles dans une cuvette. C’était donc à nous d’y aller. Branle-bas de combat, nous prenons les hélicos et nous descendons à côté des soldats de l’infanterie. Ils nous indiquent les planques des ennemis. Nous avançons. Et là, tout à coup, c’est la pétarade. Une balle arrive à quelques centimètres de mon pied ; d’autres passent un peu plus loin de moi. J’ai peur. Je me planque derrière un arbre. Le sergent me dit de tirer en direction des ennemis. J’ouvre le feu. Je distingue mal les fellaghas. Il y a une accalmie. Deux paras ayant fait l’Indochine descendent rapidement : le premier porte un fusil mitrailleur, le second n’a que quelques grenades. Ils tirent sans discontinuer. Les grenades font mouche. Un drapeau blanc se lèvre : cessez-le-feu. Nous nous précipitons : les rebelles ont les bras en l’air. Sur le groupe de quinze, il y a cinq morts et plusieurs blessés. Nous les rassemblons et commençons à marcher : les valides soutiennent les blessés.

A un kilomètre environ de l’engagement se tiennent les camions de l’infanterie. Les soldats y font monter les prisonniers et rentrent à leur campement. Quant à notre commando, il passe la nuit à la belle étoile. Non loin se font entendre des cris et des gémissements : ce sont les pleureuses, une coutume locale. Ces femmes algériennes qui hurlent la souffrance de la perte d’un mari, d’un fils. Leurs cris nous glacent les os. Je ne me souviens plus combien de temps cela a duré, mais ce fut long et très pénible ».

 

Un accrochage.

« Une autre fois, nous étions en attente sur une base aérienne. Le départ était proche. Un bouclage était en cours. Nous étions à côté des hélicoptères avec tout notre équipement de combat. Après une longue attente, le départ est enfin ordonné : si la bande de rebelles a été repérée et entourée par des soldats, c’est à nous, les commandos, de finir le boulot. Nous voilà de nouveau au combat. La peur est toujours présente. Indomptable. On nous dépose à 300 mètres du groupe de combattants algériens. Chaque section est en position. Il va falloir y aller. Notre sergent nous donne l’ordre de progresser en faisant des bonds de 50 mètres. Je suis à 60 mètres de l’objectif. Une autre section est dessus. Ça pétarade fortement. Lorsque notre section arrive tout est fini. Six rebelles sont tués. Il y a également deux blessés. Deux ânes qui portaient le ravitaillement sont là. Nous les faisons sauter avec leur chargement.

Je n’ai pas participé à ce combat. Mais le stress était bien là : lorsque nous allions au combat cela passait souvent par une très longue attente près des hélicoptères. L’heure de départ était lancée. Les hélicos faisaient rugir leurs moteurs avec un bruit assourdissant. Nous montions dedans. Mais pour beaucoup d’entre-nous, c’était avec la peur au ventre et la chair de poule. Cela m’a tellement marqué que 65 ans après, lorsque j’entends un hélicoptère, son bruit me rappelle immédiatement l’Algérie.

J’écris des lettres à mes parents. Je choisis mes mots – l’armée peut ouvrir les courriers – mais je parle d’opérations et d’ennemis tués comme si l’on jouait à la balle au prisonnier ».

 

Timimoun.

« Un matin on nous annonce que nous allons partir en opérations pour plusieurs jours et que nous serons accompagnés de caméramans des armées qui sauteront avec nous.

Notre compagnie prend l’avion et est parachutée dans le désert autour d’une oasis. Nous ne savions pas comment nous serions accueillis. Nous prenons position. Des soldats fouillent l’endroit. Nous appréhendons deux suspects et un « droit commun » que nous emmenons avec nous. Nous sommes filmés pendant toute l’opération. Un officier négocie avec des chameliers pour avoir des chameaux afin de porter du matériel. Nous voilà munis de six chameaux qui nous accompagneront sur les 85 km du retour, dans le sable, pour rejoindre Timimoun.

Comme mes camarades, j’étais bien entraîné, mais marcher dans le sable, munis de rangers n’est pas simple. Nous nous enfonçons alors que les chameliers avancent sans problème. Nous sommes obligés d’avoir le rythme suivant : 50 minutes de marche et 10 minutes de repos. Nous allons d’oasis en oasis. Et lorsque nous en quittons un, les tams-tams se mettent à résonner pour prévenir le suivant de notre arrivée. Là, une bonne partie de la population fait deux rangées et nous passons entre eux comme si nous étions des sportifs ou des personnalités. A chaque fois l’accueil est chaleureux. J’ai un souvenir que je n’oublierais jamais : ces braves gens étaient si enthousiastes de nous voir passer chez eux qu’ils nous ravitaillaient en eau, figues et dattes. Et ce, à chaque oasis. Nous mîmes trois jours pour faire les 85 km, mais ce fut un souvenir inoubliable.

 

Retour en métropole… à Percy.

« J’ai dit avoir raté un atterrissage sur un champ pierreux. Résultat : des fractures aux deux malléoles tibia et péroné. Je fis ma convalescence en Algérie puis fut envoyé à l’hôpital de Percy pour y passer des visites de contrôle afin de savoir si je pouvais être de nouveau envoyé sur le terrain.

Le médecin-commandant regarde mes radios. Il me dit : « Tout est parfait. Si vous voulez ressauter, je vous renvoie là-bas. Sinon, je vous fais finir votre service militaire en métropole ». Je lui dis que je préférerais rester en France. « C’est bon » me répond-t-il en ajoutant une pension de 15 %. Par la suite, j’appris que ce médecin était contre la guerre en Algérie. Cela avait été ma chance ».

 

Et puis arriva Jacqueline.

« J’avais 22 ans. Elle en avait 19. Ses parents ne prenaient pas des vacances. Ils avaient donc décidé d’envoyer la jeune Jacqueline chez une tante à Quiberon. Mes parents connaissaient les siens. Cela rapproche… Je la vois. Elle est assise, en train de tricoter. C’est la chance de ma vie. Je vais essayer de me placer. Et pendant huit jours, nous ne sommes pas quittés. Les vacances terminées, nous fûmes séparés. Mais ce fut pour mieux nous retrouver quelques semaines plus tard, grâce aux parents. Je plus au père de Jacqueline. Sa mère ne tarda pas à me dire « vous avez l’air de plaire à mon mari » … Quand on a les parents dans la proche, c’est presque gagné ! Depuis, Jacqueline et moi, nous ne nous sommes plus quittés ! ».

 

 

Sources :

  • Archives familiales Claude Vassal.
  • Entretiens avec le Souvenir Français – 2023-2024.
  • Archives du Comité du Souvenir Français d’Issy-Vanves.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.

 

Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 2.
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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Algérie

Publié le 7 Avril 2024

Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 1.

Claude Vassal est membre du Souvenir Français d’Issy-Vanves.

 

En 1956, il est convoqué pour le conseil de révision. Envoyé à la Base aérienne 122 de Chartres, il sera en Algérie de juin 1957 à septembre 1958, commando de l’air n°10. Titulaire d’un CAP de tourneur-outilleur, il va, à son retour d’Algérie, gravir peu à peu les échelons de la Régie Renault. Il enchaîne les cours du soir, aidé par son épouse Jacqueline, et termine sa carrière en tant que chef de bureau Etudes et Marchés.

Claude Vassal a accepté de nous confier ses impressions de service national militaire et de la guerre en Algérie.

 

Conseil de révision.

Claude Vassal : « J’avais une mauvaise opinion de l’armée. Lorsque je suis parti pour effectuer mon service militaire obligatoire, je n’étais pas préparé à devenir un bon soldat. Dans le café de mes parents, situé au quartier de La Ferme à Issy-les-Moulineaux, depuis des années j’entendais des critiques sur les militaires, les policiers et les CRS, tous bons qu’à taper sur les ouvriers !

Au moment du conseil de révision, en 1956, j’avais ces images, ces préjugés en tête.

Caserne de recrutement : à19 ans, j’ai l’impression de retourner à l’école. Nous voilà tous réunis dans une grande salle. Je revois des camarades de l’élémentaire, disparus depuis cinq ans. Les ordres tombent. Nous sommes tous en slip. Passage devant un médecin puis un infirmier. Nous sommes mesurés, pesés, questionnés. Nous attendons derrière une grande porte que notre nom soit appelé – plutôt crié. Quand on s’appelle Vassal, il est certain que l’on attend une bonne partie de la journée. Ça y est : mon tour est arrivé. La porte s’ouvre et je rentre dans une salle où sont installés plusieurs personnes, dont des femmes. C’est le conseil de révision. Le premier ordre me surprend : « Baisse ton slip ! ». Une douzaine d’yeux fixent le même endroit. Quelques questions. Echanges de regard entre les membres du conseil et j’entends : « Bon pour le service ».

Je retourne chez moi. Mon père me félicite. A la campagne de mes vacances, un jour comme celui-ci est synonyme de fierté, de vantardise entre garçons. Et de saoulerie aussi. Moi, je suis plutôt triste. Où sont donc passées les réflexions tant entendues ?».

 

Classes à Chartres.

« J’arrive à Chartres, sur la base aérienne 122. Ces classes ont pour but de nous apprendre en deux mois les rudiments du métier de soldat. La tenue civile va rester au placard. Je perçois des effets militaires. Chambrée de deux rangées de douze lits superposés, avec celui du caporal-chef au centre. Nous sommes en 1957. Je viens d’avoir mon CAP de tourneur-outilleur. Je n’ai connu que le monde ouvrier. Là, me voilà dans la moitié la plus diplômée. La plupart des bidasses de la chambrée a quitté l’école à 14 ans, certificat d’études – ou pas – en poche. Il y a trois illettrés parmi nous : un paysan, un gitan et un musicien. Son père, commissaire de police, a abandonné le domicile conjugal, laissant son fils livré à lui-même. Cinq d’entre-nous ont le baccalauréat : le caporal instituteur, un ingénieur et même un polytechnicien, qui passera bientôt officier.

Nous passons ces deux mois : des affinités se créent. La bonne entente est là et bien entendu, les « têtes de Turcs » sont régulièrement moquées : les lits en « portefeuille », de même que la b… au cirage ne sont pas rares. Question hygiène, ce n’est pas ça : dès les premiers jours, les gradés nous font creuser des feuillées et mis des planches. Aller aux toilettes en plein jour, je veux bien, mais être le cul à l’air devant tout le monde, c’est non ! Tous les jours, nous pouvions nous laver – grand mot – aux lavabos et une fois la semaine, nous pouvions prendre une douche ».

 

Devenir para.

« Les classes touchent à leur fin. Le départ pour l’Algérie se précise. Avec de bons résultats en sport et des tests concluants, je passe devant un adjudant-recruteur, comme une soixantaine de mes camarades. Le couplet est connu : nous pouvons devenir des soldats d’élite, être la fierté de nos pères qui ont fait 1940, de nos grands-pères qui ont connu la Grande guerre. Nous devons saisir l’opportunité de bien servir la Patrie en devenant parachutiste. Et les filles n’auront d’yeux que pour nous, est-il ajouté. L’argument suprême. Me voilà engagé à porter le béret amarante. Je n’avais pas connu grand-chose de la vie : que l’apprentissage et l’usine, entrecoupés de quelques vacances sur la Manche. J’ai signé, peut être entraîné par les copains et l’adjudant.

Le retour à la maison est quelque peu brutal : mon père me reproche de m’être engagé avec des « têtes brulées » ! Trop tard. Je ne peux reculer.

L’Algérie s’offre à moi. Avant d’y poser les pieds, la traversée de la Méditerranée est assez chaotique. Notre bateau, le Sidi-Ferruch, est équipé de toilettes. Et pour des jeunes qui n’ont pas le pied marin, elles sont vite prises d’assaut. L’arrivée à Alger se fait dans un triste état…

Un comité d’accueil musclé nous reçoit ; un adjudant hurle quelques phrases : « Vous avez signé un volontariat. C’est donc que vous aimez la France et j’espère que parmi vous il n’y a pas de dégonflés. Sinon, ce sera la boule à zéro et la tôle chez les légionnaires ». Deux camarades sortent alors des rangs. Nous ne les reverrons plus. Tenté par l’aventure, je ne bouge pas. Je vais devenir commando parachutiste ».

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Algérie

Publié le 30 Mars 2024

Copyright Herodote.net.

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Sur ce site du Comité du Souvenir français d’Issy-Vanves, nous avons déjà évoqué les traités issus des conséquences de la Première Guerre mondiale. Des articles ont été publiés sur les Accords Sykes-Picot (en 2015) et sur le traité de Sèvres en 2019.

 

Exposé de la situation.

Pour mémoire, ces accords, signés en 1916 entre la France et la Grande-Bretagne visaient à partager le Proche-Orient en plusieurs zones d’influence : le Liban et la Syrie à la France, la Palestine, l’Irak, le Koweït, la Jordanie et Jérusalem à la Grande-Bretagne. L’histoire est connue, de même que les indépendances qui ont suivi tout au long du 20e siècle.

En 1920, le Traité de Sèvres était signé. Il prévoyait également d'imposer à l'Empire ottoman de sévères reculs territoriaux au sein même de l’Anatolie. À l'ouest, la Thrace orientale, sauf Constantinople et ses abords, était cédée à la Grèce. À l'est, l'indépendance d'une grande Arménie était reconnue et une province autonome kurde créée.

 

Le Traité de Lausanne.

En fait, au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman est vaincu. Mustapha Kemal, à la tête de l’armée, entreprend de libérer son pays, la Turquie, du sultanat (guerre civile) puis combat les Français, les Arméniens et enfin les Grecs. L’Etat de grande Arménie n’existera jamais et les Grecs sont refoulés sur la rive ouest de la mer Egée (ils y conserveront néanmoins toutes les îles).

Le 20 novembre 1922, à Lausanne, en Suisse, une nouvelle conférence de la paix s’ouvre. L’Italie est représentée par Mussolini, la France par Poincaré et la Grèce par Venizélos. Ismet Pacha est le délégué de la toute jeune République turque. Fort de ses victoires militaires, Mustapha Kemal transmet ses ordres qui vont pratiquement tous être acceptés :

 

  • Les Turcs récupèrent une pleine souveraineté sur Istamboul et son arrière-pays européen ainsi que sur l'Arménie occidentale, le Kurdistan occidental et la côte orientale de la mer Égée (Smyrne, Éphèse...).
  • Les troupes françaises qui s'étaient installées en Cilicie, au sud, ne conservent plus qu'une enclave majoritairement arabe, la région d’Alexandrette et Antioche, qu'elles évacueront en 1939 et remettront à la Turquie, en violation du droit international.
  • La frontière avec l'Irak est dessinée en pointillé : les Britanniques occupent le nord de l’Irak (la région de Mossoul). Région également revendiquée par les Turcs du fait d’une population turcophone importante. Mais ces derniers n’obtiennent pas gain de cause à la Société des Nations et les Britanniques conservent leur possession.

Néanmoins, la majeure partie des régions turcophones d’Anatolie revient à la Turquie. Cela va inspirer un certain Adolf Hitler, qui va développer la théorie du pangermanisme.

A noter également, la disparition pure et simple de la revendication du peuple kurde d’avoir une région autonome, telle que promise au Traité de Sèvres.

Enfin, le traité institue des échanges de populations obligatoires entre la Grèce et la Turquie : 1,6 million de Grecs ottomans contre 385 000 musulmans de Grèce. Ces échanges forcés ont débuté « baïonnette dans le dos », bien avant la signature du traité en . Près d'un demi-million de Grecs de Turquie meurent, pour la plupart dans les camps ou en route. Des exceptions seront mises en place, mais ces populations vont faire l’objet de discriminations grandissantes : aujourd’hui, il y a peut-être environ 130 000 musulmans en Grèce et seulement quelques milliers de Grecs en Turquie.

Des événements passés (île de Chypre coupée en deux) ou actuels (tensions gréco-turques) trouvent une partie de leur explication dans ces traités issus de la Première Guerre mondiale. Sans même citer des revendications territoriales, culturelles ou linguistiques terriblement proches de nous…

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Hérodote : www.herodote.net
  • Jacques benoits-Méchin, Mustapha Kémal ou la Mort d'un empire, France, Ed. Albin Michel, 2014.
  • Yves Ternon, les Arméniens, histoire d’un génocide, Seuil, 1977.
Rappel du Traité de Sèvres.

Rappel du Traité de Sèvres.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Portraits - Epopées - Associations

Publié le 9 Mars 2024

Réunion annuelle des adhérents, session 2024.

Le dimanche 3 mars 2024 s’est déroulée la traditionnelle réunion annuelle des adhérents du Comité d’Issy-Vanves du Souvenir Français.

En présence des présidents des associations d’anciens combattants, du colonel Claude Guy, Délégué général départemental, de Madame Christine Helary-Olivier, conseillère municipale déléguée aux affaires militaires et de Madame Nathalie le Gouallec, conseillère municipale de Vanves, le président du comité a commencé cette réunion pour une minute de silence à la mémoire des membres du comité disparu au cours de l’année 2023 :

  • Juliette TOMADINI, veuve d’Amadeo TOMADINI. Madame TOMADINI était vietnamienne, née NGUYEN AI KHANH. M. TOMADINI était un héros de la guerre d’Indochine.
  • Robert SEAUMAIRE, ancien officier de la Coloniale, récemment disparu. Comme le journal Point d’Appui, le Souvenir Français s’est fait écho de cette disparition.

Une pensée également pour les militaires tués en opérations au cours de cette année écoulée :

  • Sapeur-pompier Dorian DAMELINCOURT, mort en opération.
  • SGT Baptiste GAUCHOT, du 19e RG, mort en Iraq.
  • ADJ Nicolas LATOURTE, du 6e RG, mort en Iraq.
  • SGT Nicolas MAZIER, commando de l’Air Para n°10, mort en Iraq.
  • 1ère cl Clément ELARD, mort en exercice en Polynésie.
  • CNE Mathieu GAYOT, du 4e RH FS, mort en exercice.

Par la suite, Matthieu Grégoire, secrétaire, a présenté le rapport financier d’où il ressort des dépenses pour un montant de 2.444,98 € et des recettes pour un montant de 4.761,81 € soit un différentiel de 2 571,71 € (les adhérents recevront chez eux le détail de l’ensemble des éléments vus dans le cadre de cette réunion).

Rappel sur un point majeur : aujourd’hui, en 2024, une cotisation de 20 € (prix inchangé depuis des années), c’est-à-dire, 10 € pour la cotisation en tant que telle et 10 € pour recevoir la revue nationale, nous apporte que 5 €. Nous transmettons 5 € de cotisation à la délégation départementale qui la retransmet au siège et nous devons régler la totalité des sommes relatives aux abonnements à la revue nationale. Donc, en résumé, une cotisation c’est 5 € pour le comité. De ce fait, les reçus fiscaux ne seront maintenant établis qu’à partir de 30 € ; c’est-à-dire 20 € de cotisation et 10 € d’abonnement à la revue nationale.

Concernant le rapport d’activité, le président a rappelé l’un des temps forts de 2023, à savoir la remise du drapeau de l’Union Nationale des Déportés Internés et Victimes de Guerre (UNDIVG) au lycée Saint-Nicolas de La Salle, en janvier 2023.

Bien entendu, le comité a participé à l’ensemble des cérémonies patriotiques, que ce soit à Vanves ou à Issy. Pour un certain nombre, elles ont fait l’objet d’articles sur ce site au cours des douze derniers mois.

Autres temps forts de l’année 2023 : la quête nationale du Souvenir Français, à la Toussaint, et qui a battu le record avec un montant total de 751 € !

Concernant les travaux, le comité a financé plusieurs nettoyages de tombes qu’il entretient et va surtout s’atteler pour 2024 à répertorier l’ensemble des Morts pour la France placés dans des sépultures familiales, au sein des cimetières de Vanves et d’Issy-les-Moulineaux.

En 2023, nous avons publié deux numéros (N°38 et 39) de notre périodique intitulé Bulletin d’Informations. Il s’agit d’un bulletin local, complémentaire de la revue nationale, dont tous les adhérents sont abonnés.

Comme l’élection du bureau s’était déroulée en 2022 pour un mandat de trois ans, il n’y a pas eu de vote cette fois-ci. Rappel de la constitution du bureau :

  • Président d’honneur : M. le général de brigade aérienne Jean-Claude Ichac.
  • Président : Frédéric Rignault.
  • Président de la Section de Vanves : Paul Guillaud.
  • Trésorière : Alsira Cacheda.
  • Secrétaire : Matthieu Grégoire.
  • Porte-drapeau : André Rabartin, Guy Lonlas et Emile Vergunov.

Enfin, des adhérents ont été récompensés :

  • Guy Lonlas, qui a reçu le diplôme d’Honneur.
  • Nicole Borde, qui a reçu la médaille de bronze du Souvenir Français.
  • André Rabartin, qui a reçu la médaille de vermeil de l’association.
  • Général Jean-Claude Ichac, qui a reçu la médaille de vermeil bélière laurée.

 

Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Commémorations - Evénements

Publié le 26 Février 2024

Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.

 

Ce jour, dimanche 25 février 2024, la municipalité d’Issy-les-Moulineaux a rendu hommage à Missak et Mélinée Manouchian qui viennent d’entrer au Panthéon. Retour sur cet événement majeur pour Issy-les-Moulineaux, la communauté arménienne et la France avec le discours du Président de la République, mercredi 21 février 2024, soit 80 ans jour pour jour après l’exécution de Missak au Mont Valérien par les Allemands.

 

Emmanuel Macron, président de la République :

« Est-ce donc ainsi que les Hommes vivent ?

Des dernières heures, dans la clairière du Mont-Valérien, à cette Montagne Sainte-Geneviève, une odyssée du vingtième siècle s’achève, celle d’un destin de liberté qui, depuis Adyiaman, survivant au génocide de 1915, de famille arménienne en famille kurde, trouvant refuge au Liban avant de rejoindre la France, décide de mourir pour notre Nation qui, pourtant, avait refusé de l’adopter pleinement. 

Reconnaissance en ce jour d’un destin européen, du Caucase au Panthéon, et avec lui, de cette Internationale de la liberté et du courage. Oui, cette odyssée, celle de Manouchian et de tous ses compagnons d’armes, est aussi la nôtre, odyssée de la Liberté, et de sa part ineffaçable dans le cœur de notre Nation. Reconnaissance, en cette heure, de leur part de Résistance, six décennies après Jean Moulin.

Est-ce ainsi que les Hommes vivent ? Oui, s’ils sont libres. Libre, Missak Manouchian l’était, quand il gravissait la rue Soufflot, en fixant ce Panthéon qui l’accueille aujourd’hui. Libre, sur les bancs de la bibliothèque Sainte-Geneviève à quelques mètres d’ici, découvrant notre littérature et polissant ses idéaux. Libre avec Baudelaire, dans le vert paradis qui avait le goût de son enfance, dans une Arménie heureuse, celle des montagnes, des torrents et du soleil. Libre avec Verlaine, dont les fantômes saturniens croisaient les siens : son père, Kévork, tué les armes à la main par des soldats ottomans, sous ses yeux d’enfant, sa mère Vartouhi, morte de faim, de maladie, victimes du génocide des Arméniens, spectres qui vont hanter sa vie. 

Libre avec Rimbaud, après une saison en enfer, souvenirs partagés avec son frère Garabed. Mais voici les illuminations, les Lumières, celle qu’un instituteur de l’orphelinat, au Liban, lui enseigna. Eveil à la langue et à la culture françaises. Libre avec Victor Hugo et la légende des siècles, gloire de sa libre patrie, la France, terre d’accueil pour les misérables, vers laquelle Missak l’apatride choisit à dix-huit ans de s’embarquer, ivre, écrivait-il « d’un grand rêve de liberté ». 

Lui, Missak, « maraudeur, étranger, malhabile » pour reprendre les mots d’un autre poète, combattant qui choisit la France, Guillaume Apollinaire. Etranger, orphelin, bientôt en deuil de son frère tombé malade, et pourtant à la tâche, ouvrier chez Citroën, quai de Javel, licencié soudain, tremblant parfois de froid et de faim. 

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Ainsi, le soir après l’usine, Missak Manouchian étudie. Ainsi, sous les rayonnages de livres, Missak Manouchian traduit les poètes français en arménien. Ainsi écrit-il lui-même. Mots de mélancolie, de privations, brûlés du froid des hivers parisiens. Mots d’espoir aussi rendus plus chauds par la fraternité des exilés, par la solidarité de la diaspora arménienne, par le foisonnement d’art et de musique, des revues et des cours en Sorbonne. 

Poète et révolté. Quand les ligues fascistes défilent en 1934 au cœur de Paris, Missak Manouchian voit revivre sous ses yeux le poison de l’ignorance et les mensonges raciaux qui précipitèrent en Arménie sa famille à la mort. 

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Non. Alors, Missak Manouchian embrasse l’idéal communiste. Convaincu que jamais en France on n’a pu impunément séparer République et Révolution. Après 1789, après 1793, il rêve l’émancipation universelle pour les damnés de la terre. C’est ainsi que Missak Manouchian s’engage contre le fascisme, au sein de l’Internationale communiste, et bientôt à la tête d’une revue, Zangou, du nom d’une rivière d’Arménie. Espoir du Front Populaire, volonté d’entrer dans les Brigades Internationales pour l’Espagne, action militante. 

C’est ainsi que Missak Manouchian trouve l’amour : Mélinée, enfant du génocide des Arméniens comme lui ; Mélinée, protégée par l’amitié de ses logeurs, les Aznavourian, parents de Charles, dix ans alors, déjà chanteur. L’amour, malgré le dénuement, ignorer le passé, conjuguer le futur, l’amour fou. Je vous parle d’un temps que ces gens de vingt ans, Missak et Mélinée, ont tant aimé connaître. 

Libres en France, ce pays que Missak a choisi adolescent, qui lui a offert des mots pour rêver, un refuge pour se relever, une culture pour s’émanciper. Alors, Missak Manouchian hisse haut notre drapeau tricolore, lors des 150 ans de la Révolution, en 1939, quand il défile dans le stade de Montrouge. Alors, pour servir ce drapeau, Missak Manouchian demande par deux fois à devenir Français. En vain, car la France avait oublié sa vocation d’asile aux persécutés.

Alors, quand la guerre éclate, Missak Manouchian veut s’engager. Ivre de liberté, enivré de courage, enragé de défendre le pays qui lui a tout donné. « Tigre enchaîné », selon ses mots de poète, dans les prisons où le jettent la peur des étrangers, la peur des communistes, sous les miradors du camp allemand où il est détenu, en 1941, et où Mélinée vient contre tous les périls lui apporter des vivres. 

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Oui, au prix du choix délibéré, déterminé, répété de la liberté. Car dans Paris occupé, Missak Manouchian rejoint la résistance communiste, au sein de la main d’œuvre immigrée, la MOI. Il se voulait poète, il devient soldat de l’ombre, plongé dans l’enfer d’une vie clandestine, une vie vouée à faire de Paris un enfer pour les soldats allemands. Guerre psychologique pour signifier à l’occupant que les Français n’ont rien abdiqué de leur liberté. Encore, toujours, « ivre d’un grand rêve de liberté », Missak Manouchian prend tous les risques. Lui qui aime aimer se résout à tuer. Comme ce jour de mars 1943 où il lance une grenade dans les rangs d’un détachement allemand. 

Est-ce ainsi que les hommes rêvent ? Oui, les armes à la main. Et d’autres sont là, à ses côtés, parce qu’ils sont chassés de la surface du monde et ont décidé de se battre pour le sol de la patrie. Parce que nombre d’entre eux sont Juifs, et que certains ont vu leurs proches déportés : Lebj Goldberg, Maurice Fingercweig, Marcel Rajman. Parce ce que la guerre a volé leurs écoles et leurs ateliers, dans ce Paris populaire et ouvrier où le français se mêle à l’italien ou au yiddish. Parce que les forces de haine ont volé leur passé, là-bas, en Arménie, tel Armenak Manoukian. Parce que ce sont les femmes qui veulent œuvrer pour l’avenir de l’Homme, comme Mélinée, comme la Roumaine Golda Bancic, comme tant d’autres, armes et bombes qu’elles acheminent sans soupçons, filatures qu’elles accomplissent sans trembler. Parce qu’ils sont une bande de copains, à la vie, à la mort. 

A l’âge des serments invincibles, tels Thomas Elek et Wolf Wajsbrot, une belle équipe comme sur un terrain de football, panache de Rino della Negra, jeune espoir alors du Red Star. Parce qu’ils ont vu mourir la liberté dans l’Italie de leurs parents, comme Antoine Salvadori, Cesare Luccarini, Amedeo Usseglio, Spartaco Fontano. Parce qu’ils ont vu les hommes de fer s’emparer de la Pologne et persécuter les Juifs, comme Jonas Geduldig, Salomon Schapira et Szlama Grzywacz. Parce qu’ils sont pour beaucoup des anciens des Brigades Internationales en Espagne, pays de Celestino Alfonso. Pour qui sonne le glas ?  Pour les Polonais Joseph Epstein et Stanislas Kubacki. Pour les Hongrois Joseph Boczov et Emeric Glasz, eux les experts en sabotage, aux fardeaux de dynamite. Parce qu’ils ont vingt ans, le temps d’apprendre à vivre, le temps d’apprendre à se battre. Ainsi de ces Français refusant le STO, Roger Rouxel, Roger Cloarec et Robert Witchitz. 

Parce qu’ils sont communistes, ils ne connaissent rien d’autre que la fraternité humaine, enfants de la Révolution française, guetteurs de la Révolution universelle. Ces 24 noms sont ceux-là, que simplement je cite, mais avec eux tout le cortège des FTP-MOI trop longtemps confinés dans l’oubli.

Oui, parce qu’à prononcer leurs noms sont difficiles, parce qu’ils multiplient les déraillements de train et les attaques contre les nazis, parce que ces combattants sont parvenus à exécuter un haut dignitaire du Reich, les voilà plus traqués que jamais. Dans leurs pas, marchent les inspecteurs de la préfecture de police - la police qui collabore, la police de Bousquet, de Laval, de Pétain - et l’ombre des rafles grandit. 

À l’automne 1943, devenu dirigeant militaire des FTP-MOI parisiens, Missak Manouchian le pressent : la fin approche. Pour alerter ses camarades, il se rend au rendez-vous fixé avec son supérieur Joseph Epstein, un matin de novembre. Missak Manouchian avait vu juste : lui et ses camarades sont pris, torturés, jugés dans un procès de propagande organisé par les nazis en février 1944. 

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? S’ils sont résolument libres, oui. À la barre du tribunal, ils endossent fièrement ce dont leurs juges nazis les accablent, leurs actes, leur communisme, leur vie de Juifs, d’étrangers, insolents, tranquilles, libres. « Vous avez hérité de la nationalité française » lance Missak Manouchian aux policiers collaborateurs. « Nous, nous l’avons méritée ». 

Etrangers et nos frères pourtant, Français de préférence, Français d’espérance. Comme les pêcheurs de l’Ile de Sein, comme d’autres jeunes de seize ans, de vingt ans, de trente ans, comme les ombres des maquis de Corrèze, les combattants de Koufra ou les assiégés du Vercors. Français de naissance, Français d’espérance. Ceux qui croyaient au ciel, ceux qui n’y croyaient pas, ceux qui défendaient les Lumières et ne se dérobèrent pas. 

Est-ce ainsi que les hommes meurent ? Ce 21 février 1944, ceux-là affrontent la mort. Dans la clairière du Mont Valérien, Missak Manouchian a le cœur qui se fend. Le lendemain, c’est l’anniversaire de son mariage avec Mélinée. Ils n’auront pas d’enfants mais elle aura la vie devant elle. Il vient de tracer ses mots d’amour sur le papier, amour d’une femme jusqu’au don de l’avenir, amour de la France jusqu’au don de sa vie, amour des peuples jusqu’au don du pardon.

« Aujourd’hui, il y a du soleil ». Missak Manouchian est à ce point libre et confiant dans le genre humain qu’il n’est plus que volonté, volonté d’amour. Délié du ressentiment, affranchi du désespoir, certain que le siècle lui rendra justice comme il le fait aujourd’hui, que ses bourreaux seront défaits et que l’humanité triomphera. Car qui meurt pour la liberté universelle a toujours raison devant l’Histoire.

Est-ce ainsi que les hommes meurent ? En tout cas les Hommes libres.  En tout cas ces Français d’espérance. « Je ne suis qu’un soldat qui meurt pour la France. Je sais pourquoi je meurs et j’en suis très fier », écrira l’Espagnol Celestino Alfonso avant l’exécution. Et ce 21 février 1944, ce sont bien vingt-deux pactes de sang versé, scellés entre ces destins et la liberté de la France.

Pacte scellé par le sang du sacrifice. Un peu avant, avec la force que leur laissent les mois de torture, ils ont crié, « À bas les nazis, vive le peuple allemand ». Conduits aux poteaux, quatre par quatre, les yeux bandés sauf ceux qui le refusent, tombés, les corps déchiquetés, en six salves. Tombés, comme tombera, fusillé en avril au Mont-Valérien, Joseph Epstein, qui sous la torture ne donnera aucun nom, pas même le sien, démontrant jusqu’au bout son courage. Tombés, comme tombera, tranchée la tête de Golda Bancic, exécutée en mai à l’abri des regards dans une prison de Stuttgart. 

Tombés, ils sont tombés et leurs bourreaux voulurent les exécuter à nouveau par la calomnie de la propagande, cette Affiche Rouge qui voulait exciter les peurs et ne fortifia que l’amour. Car les vrais patriotes reconnurent dans ce rouge, le rouge du Tricolore. Rouge des premiers uniformes des soldats de Quatorze, rouge des matins de Valmy, rouge du sang versé pour la France sur lequel miroite toujours une larme de bleu, un éclat de blanc. 

C’est ainsi que les hommes, par-delà la mort, survivent. Ils débordent l’existence par la mémoire. Par les vers d’Aragon, par les chansons, celle de Léo Ferré et tant d’autres. Mémoire portée fidèlement par Arsène Tchakarian, ancien des FTP-Moi ou par Antoine Bagdikian, l’un et l’autre dévoués à honorer d’un même élan la Résistance des Arméniens et la Résistance des Juifs en France, portée par tant de passeurs inlassables.

C’est ainsi que les hommes survivent. C’est ainsi que les Grands Hommes, en France, vivent pour l’éternité. 

Entrent aujourd’hui au Panthéon vingt-quatre visages parmi ceux des FTP-MOI. Vingt-quatre visages parmi les centaines de combattants et otages, fusillés comme eux dans la clairière du Mont-Valérien, que j’ai décidé de tous reconnaître comme morts pour la France. Oui, la France de 2024 se devait d’honorer ceux qui furent vingt-quatre fois la France. Les honorer dans nos cœurs, dans notre recueillement, dans l’esprit des jeunes Français venus ici pour songer à cette autre jeunesse passée avant elle, étrangère, juive, communiste, résistante, jeunesse de France, gardienne d’une part de la noblesse du monde. 

Missak Manouchian, vous entrez ici en soldat, avec vos camarades, ceux de l’Affiche, du Mont-Valérien, avec Golda, avec Joseph et avec tous vos frères d’armes morts pour la France. Vous rejoignez avec eux les Résistants au Panthéon. L’ordre de la nuit est désormais complet. 

Missak Manouchian, vous entrez ici toujours ivre de vos rêves : l’Arménie délivrée du chagrin, l’Europe fraternelle, l’idéal communiste, la justice, la dignité, l’humanité, rêves français, rêves universels. 

Missak Manouchian, vous entrez ici avec Mélinée. En poète qui dit l’amour heureux. Amour de la Liberté malgré les prisons, la torture et la mort ; amour de la France, malgré les refus, les trahisons ; amour des Hommes, de ceux qui sont morts et de ceux qui sont à naître. 

Aujourd’hui, ce n’est plus le soleil d’hiver sur la colline ; il pleut sur Paris et la France, reconnaissante, vous accueille. Missak et Mélinée, destins d’Arménie et de France, amour enfin retrouvé. Missak, les vingt et trois, et avec eux tous les autres, enfin célébrés. L’amour et la liberté, pour l’éternité. 

Vive la République. Vive la France ».

 

 

Sources :

  • Site de la présidence de la République : www.elysee.fr
  • Archives du Souvenir Français.
  • Crédit photographique : général Jean-Claude ICHAC pour le Souvenir Français ; association des anciens combattants arméniens, ANACRA ; France 3 pour le Panthéon ; DG 92 du Souvenir Français, colonel GUY pour le Mont Valérien.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
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Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Portraits - Epopées - Associations

Publié le 17 Février 2024

Jean Salis, soldat de la 2e DB, mort pour la France.

Sur ce site, en avril 2017 (https://www.souvenirfrancais-issy.com/2017/04/paul-casta-de-la-2e-db-mort-pour-la-france.html), nous avions évoqué la 2e division blindée du général Leclerc, son parcours et la disparition du soldat Paul Casta, mort des suites de ses blessures le 25 août 1944 à l’hôpital aujourd’hui connu sous le nom de Corentin Celton. Son corps est enterré au cimetière d’Issy-les-Moulineaux.

Ils sont trois soldats à reposer au cimetière communal : Paul Casta donc, Mohamed Ben Abdeslem et Jean Salis.

 

Histoire de La 2e DB dans les Hauts-de-Seine.

La 2e DB est en France depuis juin 1944. Pour le commandement américain des opérations pas question de perdre du temps à libérer Paris qui n’est qu’un objectif annexe. Il faut foncer vers l’Allemagne. Le général de Gaulle arrache la décision : il convainc le général Eisenhower de ne pas lâcher Paris qui est tout à la fois un symbole et un enjeu stratégique car les Allemands constituent une menace sur les flancs des armées alliées.

Eisenhower donne finalement l’ordre à Leclerc de marcher sur Paris le 22 août 1944. La division est formée des unités suivantes : 501e régiment de chars de combat, 12e régiment de chasseurs d’Afrique, 12e régiment de cuirassiers, 1er régiment de marche de spahis marocains, régiment blindé de fusiliers-marins, régiment de marche du Tchad, 3e régiment d’artillerie coloniale, 64e régiment d’artillerie, 40e régiment d’artillerie nord-africain, 13e bataillon du génie, un bataillon médical, et un détachement de circulation routière.

Au total, la 2e DB compte alors environ 165 chars moyens M4 Sherman, 36 chasseurs de chars M10 Wolverine, 64 automitrailleuses, 664 half-tracks et scout cars. Pratiquement tous les équipements sont américains ou d’origine américaine. Selon les historiens, la division compte environ 15.000 hommes répartis ainsi : 7.000 des unités de l’armée d’Afrique, dont 1.300 soldats maghrébins, 4.000 Forces Françaises Libres, vétérans du Tchad pour la plupart, et environ 2.500 évadés par l’Espagne.

Avant de monter dans sa jeep, Leclerc est interpelé par de Gaulle : « Vous avez de la chance ! »

Le 24 août, en deux colonnes, la division s'élance vers Paris. Par la vallée de Chevreuse, Jouy-en-Josas, Clamart, Massy, Wissous, Fresnes, le groupement Billotte fraye leur chemin à coups de canon. Les Allemands, solidement armés, se battent bien ; mais le soir, vers 20 heures, à la Croix-de-Berny, Leclerc sent qu'une occasion se présente : il saisit le capitaine Dronne au passage et il le lance, avec trois chars et trois sections sur half-tracks, vers le cœur de Paris. L'audace est payante : à 21 heures 22, Dronne arrive place de l'Hôtel de Ville, les cloches de la capitale sonnent à toute volée ; les Parisiens frémissent. Le lendemain 25, c'est le coup de grâce : la 2e DB entre dans la ville, s'empare du gouverneur allemand et réduit au silence l’ennemi. Les groupes de résistance, qui se battaient depuis près de huit jours à un contre dix, soupirent et fêtent ces soldats français providentiels que Paris attendait depuis quatre ans sans trop y croire.

Après dix jours consacrés à remettre en état les quatre mille véhicules, à recompléter les rangs, à prendre un repos et une détente bien mérités aussi, le 8 septembre la 2e DB reprend la route. Elle va participer à la libération de l’Alsace, Colmar et Strasbourg et terminera sa guerre au Berchtesgaden, demeure d’Adolf Hitler à la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche.

 

Jean Salis.

Comme Paul Casta, Jean Salis est Corse. Cela a son importance ! Il nait à Ocana en Corse du Sud le 4 septembre 1921. Soldat du 2e bataillon et de la 5e compagnie du régiment de marche du Tchad, il est tué à l’ennemi sur la commune de Sèvres lors des combats de l’avenue Bellevue.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Issy-les-Moulineaux et celui de la 2e division blindée, à la Porte d’Orléans dans le 14e arrondissement de Paris. Jean Salis avait 23 ans.

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Et Leclerc prit Strasbourg, Les Dernières Nouvelles, 1970.
  • Erwan Bergot, La 2e DB, Paris, Presses de la Cité, 1980.
  • Général Philippe Duplay, La 2e DB de Doula à Berchtesgaden, Revue L’Espoir, n°107, 1996.
  • Biographie de Paul Casta par l’Amicale d’Antibes-Vence-Cannes de la 2e DB avec le concours de la Fondation de la France Libre.
  • Site MemorialGenWeb, contributions de Claude Richard, Jérôme Charraud.
Cimetière d’Issy-les-Moulineaux. De gauche à droite, les sépultures des soldats Mohamed Ben Abdeslem, Jean Salis et Paul Casta.

Cimetière d’Issy-les-Moulineaux. De gauche à droite, les sépultures des soldats Mohamed Ben Abdeslem, Jean Salis et Paul Casta.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Seconde Guerre mondiale

Publié le 11 Février 2024

Issy-les-Moulineaux - 8 mai 2008 - de g. à dr. au premier plan : général Roland Glavany, Denis Larghero, alors conseiller départemental et  Robert Seaumaire.

Issy-les-Moulineaux - 8 mai 2008 - de g. à dr. au premier plan : général Roland Glavany, Denis Larghero, alors conseiller départemental et Robert Seaumaire.

Officier de la Légion d’honneur, titulaire de la croix de Guerre 1939-45, engagé dans plusieurs associations de la ville d’Issy-les-Moulineaux, Robert Seaumaire s’est éteint le 26 décembre à l’hôpital Suisse d’Issy à l’âge de 97 ans.

 

La Seconde Guerre mondiale.

Adolescent au moment de la Seconde Guerre mondiale, Robert Seaumaire indique, dans un ouvrage d’archives familiales, avoir été motivé par patriotisme mais « pas forcément indulgent pour les responsables en charge » pour résister face à l’Allemagne nazie.

En 1940, il vit l’exode alors qu’il est enfant de troupe d’abord aux Andelys puis à Béziers (l’école ayant été déplacée en Zone libre). Il rejoint ensuite le camp de Thol dans l’Ain puis Audinac-les-Bains dans l’Ariège. Ayant terminé ses études, il tente alors de se rendre dans un maquis espagnol au moment du débarquement en Normandie. Echec… Il rentre chez ses parents. La libération de la Normandie lui permet de retourner sur la région parisienne et Boulogne-Billancourt. Il s’engage dans les FFI, connait le feu, et suit la 2e DB – en bus de la RATP réquisitionné – pour être versé dans le Régiment de Marche du Tchad (RMT) sous le commandement du général Leclerc.

Premier engagement en Meurthe-et-Moselle puis il va connaître la libération de l’Alsace : « C’est la ruée vers Strasbourg, suivie de la très dure campagne d’Alsace ». Il goutte aux joies d’une permission de deux semaines après ces combats, et entre, toujours avec la 2e DB, en Allemagne pour prendre le nid d’Aigle d’Hitler à Berchtesgaden. La guerre est finie ! En vue d’être démobilisé, Robert retrouve les siens à Nogent.

 

En Indochine.

Mais de démobilisation, il n’y aura pas. Volontaire pour l’Indochine, Robert Seaumaire suit le colonel Massu. Il indique : « Nos premières embuscades sanglantes sont tendues par des Caodaïstes [religion qui fait des millions d’adeptes dans le Vietnam d’alors, et dont une partie des membres va prendre le maquis contre les Français et les communistes d’Ho-Chi-Minh] et de fait, nous étrennons la décolonisation. Nous la poursuivrons au Tonkin. Départ vers cette région en un convoi naval impressionnant qui nous fait traverser toute la Cochinchine. Par la suite, nous entrons dans Hanoi avec Leclerc en dépit de l’opposition du Viet Minh. Lors d’un coup de main, je gagne mes galons de caporal. L’attitude de l’amiral d’Argenlieu, qui fait tirer au canon sur Haiphong, provoque le départ de Leclerc. Ensuite, volontaire pour prolonger mon séjour, je rejoins la garnison de Langson. Dégagement des axes sur la RC 4. Visite de la baie d’Along. Le GM2 du RICM nous accueille et nous confie le sous-secteur de rizières adossé au golfe du Tonkin. »

Et Robert Seaumaire d’ajouter : « Beaucoup d’opérations, fatigue générale, furoncles, ascaris, paludisme sont au rendez-vous. Retour vers la France sur la bateau Pasteur et visite de Singapour. Famille inquiète ».

 

De Müllheim à l’Algérie, en passant par Coëtquidan.

Robert Seaumaire est muté en Allemagne et rejoint le RCCC (régiment colonial de chasseurs de chars) à Ravensburg puis Müllheim où sa connaissance de l’allemand lui vaut d’atterrir à l’approvisionnement du régiment. Ses chefs de corps s’intéressent à lui et l’envoie à l’Ecole de Strasbourg – « Je redevenais un potache ! » – pour ensuite intégrer Coëtquidan et devenir officier après une année de dur labeur.

Devenu sous-lieutenant, ayant choisi les troupes de marine, et intégrant l’école de Saint-Maixent, Robert Seaumaire reconnait « avoir eu la chance d’avoir le plus aride des instructeur : le capitaine Robin, 15 citations sur sa croix de guerre ». Le jeune officier épouse Suzanne et est nommé au 1er régiment d’infanterie coloniale à Versailles puis Dreux. Il a la joie de voir la naissance de sa fille Chantal avant de s’être muté en Afrique noire, au cœur de la Guinée équatoriale.

Il y effectue un rôle de bâtisseur avec des tournées dans la brousse pour améliorer des infrastructures, réalise des travaux du génie, tandis que son épouse travaille comme institutrice. Sa seconde fille – Françoise – voit le jour mais Suzanne, atteinte de paludisme, entraîne le rapatriement à Dakar. La famille est mise au repos en métropole, Robert est nommé en Algérie : « présentation de la situation que je découvre et sur la peur qui m’étreint de retrouver une situation à l’Indochinoise que je m’efforcerai de contrebattre avec mon cœur ».

Après un stage d’officier « d’action psy » à Arzew, près d’Oran, Robert Seaumaire rejoint le 75e RIMa dans le Constantinois où pendant 33 mois il va alterner des actions de psychologie auprès des populations et le commandement d’unités de combat. En 1960, il quitte l’Algérie : « Mes derniers commentaires sur la situation en Algérie sont de l’amertume face à cette situation ».

 

En Côte d’Ivoire.

Après une longue permission en métropole, Robert Seaumaire repart, cette fois-ci avec sa famille, pour la Côte d’Ivoire, à Bouaké.

Le vote de la loi-cadre de 1956 ayant permettant à chaque pays de l’Union française de devenir indépendant confère à l’officier Seaumaire de nouvelles missions : redonner des contingents aux armées nationales, en démobiliser d’autres, remettre aux autorités ivoiriennes le camp de Bouaké. Il devient même gérant d’une coopérative puis est responsable de 225.000 livrets matricules des bureaux de recrutement de Haute-Volta (devenu Burkina Faso) et de Côte d’Ivoire.

 

Retour à la vie civile.

Quelques années plus tard, Robert Seaumaire est de retour en métropole et est affecté au régiment de marche du Tchad à Pontoise ; s’ensuivent plusieurs autres affectations à Saint-Germain-en-Laye puis Sissonne.

Enfin, retraité à Issy-les-Moulineaux, Robert Seaumaire est de ceux qui créent l’ASTI (Association de Solidarité avec Tous les Immigrés), devient président des anciens combattants, est élu conseiller municipal en charge de la voirie, président du comité Raoul Follereau et gère également une association en charge de la distribution de livre scolaire auprès de pays africains : « J’ai ainsi redonné du sens à ma vie : je suis utile ».

André Santini : « Robert Seaumaire aura consacré toute sa vie au service de la France et de ses valeurs. Nous perdons là une figure incontournable et respectée du monde combattant de la ville et, j’ajouterai pour ma part, un ami fidèle ».

 

 

Sources :

  • Journal municipal Point d’appui du mois de Février 2024.
  • Documents d’archives famille Seaumaire, remis par le colonel Gilles Pernet, que le Souvenir Français remercie.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Crédit photographique : archives du journal Jeune Afrique.
Robert Seaumaire et le colonel Gilles Pernet.

Robert Seaumaire et le colonel Gilles Pernet.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Portraits - Epopées - Associations

Publié le 31 Janvier 2024

Le Fezzan de l'adjudant Saubadine.

Philippe Saubadine a vécu avec sa famille à Ouargla en Algérie dans les années 1950. Sa mère était receveuse de La Poste et son père était adjudant au sein de la Compagnie saharienne portée des Oasis. En lisant les articles de ce site sur la Coloniale et les compagnies méharistes, M. Saubadine nous a donné l’autorisation de reproduire une partie de ses souvenirs et des aventures de son père (disparu en 2015), justement au temps de ces compagnies. Il a également rassemblé ses souvenirs dans un livre intitulé Il m’a été donné d’aller à Corinthe, publié aux Editions Vérone et publié de nombreux documents sur un site de Blogspot épisode 1 : exorde (rlpps.blogspot.com) 

Voici, avec son autorisation, des extraits de l’épisode relatif aux campagnes sahariennes.

 

Des sud-ouest de la métropole au désert du Sahara.

Jean Saubadine est engagé volontaire à l’âge de 19 ans, dans le corps franc Pommiès. Ce groupe de combattants est fondé en novembre 1942 par André Pommiès et opère partout dans le sud-ouest de la France. Relevant du BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’actions – créé par le général de Gaulle en 1940), cette unité participe à la libération du territoire national, entre autres à la bataille d’Autun le 9 septembre 1944, puis à la libération des Vosges et de l’Alsace. A la fin de la guerre, le corps franc compte plus de 9.000 hommes dans ses rangs.

Ayant intégré le 49e régiment d’infanterie, Jean Saubadine est de tous les combats. Mais après la prise de Stuttgart et la victoire des Alliés en mai 1945, il est muté à Strasbourg dans des bureaux, ce qui ne lui convient pas vraiment. Aussi, lorsqu’il lui est proposé d’intégrer les Compagnies méharistes au Sahara algérien, il répond de suite par l’affirmative et débarque à Ouargla en 1948.

 

Les Compagnies méharistes.

Philippe Saubadine : « Ces compagnies sont remaniées en 1947. Les véhicules militaires tout terrain remplacent les dromadaires. Leur rayon d’action est immense : il couvre le grand erg oriental : plateau du Tinhert (In Amenas), région du Tidikelt (In Salah) -, l'Immidir (Arak), le Hoggar (Tamanrasset) et le Tassili des Ajjers (Djanet). Avec une distance est-ouest de 600 km et une distance nord-sud de 200 km, la superficie est de 120 000 km2.

En dépit de cette transformation, mon père et son peloton mènent, de 1946 à 1959, de longues traversées uniquement à dos de méhari. Les missions peuvent durer de trois à six mois, six pour les zones les plus éloignées ou difficiles d'accès. Il s'agit d'opérations de surveillance et de protection, de repérage, de poursuite et de démantèlement de partis rezzous, ainsi que de relevés topographiques et de migration de populations. Nous ne savons jamais où mon père se trouve, les facteurs de surprise et de désinformation étant primordiaux dans ce type de mission.

La reconnaissance se fait à un rythme aléatoire de kilomètres parcourus. Il faut tenir compte des tempêtes de sable dont la durée semble respecter la théorie du 3-6-9 (elle s'arrête au bout de trois jours, sinon de six, enfin de neuf) ; des points d'eau et de la potabilité à moins que le puits n'ait été volontairement empoisonné ; des renseignements fournis par les caravaniers.

Ces actions dérangent fortement les bandes armées dont la principale activité consiste à piller les fermes isolées, les campements nomades et les caravanes, prolongeant en cela les ancestrales razzias arabo-musulmanes envers les populations noires destinées à être soumises à l'esclavage. D'où une hostilité contre les français sciemment entretenue par la rébellion.

Un peloton de méharistes est composé de soixante-dix indigènes commandés par un officier ou un sous-officier français. Lors des bivouacs, mon père s'en remet à son ordonnance Kâadadah, un Châamba. Au début de la colonisation de l'Algérie, les Châamba représentaient la tribu la plus importante du Sahara répartie sur les territoires de Ghardaïa, El Goléa, Ouargla. Ils luttèrent farouchement contre l'armée de Bugeaud, à la fois par réflexe guerrier et parce que l'ingérence des Français menaçait leur prolifique commerce d'esclaves. C'est Laperrine qui parviendra à les intégrer dans les unités sahariennes. L'apport de leur connaissance parfaite du désert et de l'art du déplacement, ainsi que leur haine des Touareg, en feront des combattants de premier ordre. Il faudra néanmoins plusieurs années pour qu'ils se plient à la discipline et cessent de rentrer dans leur tribu chaque fois qu'ils estimaient avoir gagné suffisamment de solde. »

 

Le Fezzan.

Ph S : « Cette région, qui compose avec la Cyrénaïque et la Tripolitaine le territoire libyen, est soustraite à l'Empire italien par les Français en 1942. Depuis Brazzaville, De Gaulle enjoint Leclerc, alors commandant les troupes de l'Afrique française libre, de faire la jonction avec la 8e armée britannique qui avance en Cyrénaïque pour contrer l'offensive de Rommel contre le canal de Suez. Mais, toujours méfiant envers nos alliés, De Gaulle lui intime l'ordre de les écarter de toute velléité d'appropriation du Fezzan : "Le Fezzan doit être la part de la France dans la bataille d'Afrique. C'est le lien géographique entre le sud-tunisien et le Tchad."

La colonne Leclerc enlève Sebha, la capitale régionale, puis Mourzouk. L'accord signé au mois de janvier 1942 attribue l'administration du Fezzan à la France tandis que l'administration anglaise est établie sur la Tripolitaine et la Cyrénaïque.

L’adjudant passe son temps, entre novembre 1949 et octobre 1950 à ratisser la région entre Sebbah et Mourzouk. Il est tellement pris par les missions qu’il est obligé de reporter son mariage de plusieurs mois ! »

 

Région de Tidikelt.

Ph S : « Après avoir couvert quelques temps la région du Tassili n’Ajjer, l’adjudant Saubadine est chargé de se rendre dans celle de Tidikelt. Au cœur du Sahara, c'est la région la plus chaude du pays. Elle est dominée par le haut plateau du Tademaït où les nombreux oueds s'étendent à ses pieds, alimentés par une providentielle nappe phréatique.

A In-Salah, on entre dans la wilaya de Tamanrasset. La température y est caniculaire pendant pratiquement dix mois de l'année, les deux mois d'hiver pouvant passer sans aucune pluie. Et la distance parcourue à dos de dromadaire depuis Ouargla est d'environ mille quatre cents kilomètres.

La colonne méhariste rejoint la route impériale numéro 3 et franchit les gorges d'Arak pour se diriger vers In Amguel. Cette piste relie Alger au pays touareg par In-Salah et Tamanrasset. Puis c'est la traversée du Hoggar en contournant le massif du Tahat pour fondre sur l'oasis d'Abalessa. Fondre n'est pas le mot exact sachant qu'un méhari peut parcourir 40 km par jour en allure modérée et 60 en allure forcée. Les 80 km sont tranquillement couverts en deux journées avec un bivouac intermédiaire.

Sur cette période, de 1948 à 1959, les expéditions ne sont pas linéaires et les allées-venues depuis Ouargla empruntent des pistes variées en fonction des missions et des engagements ou poursuites sur le terrain. »

 

Tamanrasset.

Ph S : « Le peloton Saubadine se rend également à Tamanrasset.

Lieu chargé d'histoire, Tamanrasset a été la demeure religieuse et méditative du Père de Foucauld. Sa rencontre en Algérie (il servait dans le 4e Chasseur d'Afrique) avec Laperrine a profondément modifié sa façon de se comporter et a constitué le prologue à son engagement spirituel. Il sera reconnu comme le grand spécialiste de la culture et de la langue touarègues.

Il vit sur le territoire de ce peuple, lui l'ascète qui est proche de la notion de pénitence – tetubt – que lui reconnaissent les touareg. En 1905, le père de Foucauld construit sur le plateau de l'Assekrem la "Frégate", bâtiment en pierre qui abrite la sacristie et l'église à surfaces égales.

Quelque onze ans plus tard, il sent que l'environnement peut basculer dans l'hostilité, notamment à cause de raids senoussistes contre les non musulmans. Il fait bâtir son bordj civil et s'y installe en juin 1916. Il y sera assassiné six mois plus tard alors qu'il avait été fait prisonnier par ces bandes fanatiques qu'il redoutait.

Le peloton descendra ensuite sur In Guezzam, un fortin situé à la frontière avec le Niger.

Cependant, la Compagnie saharienne portée des Oasis intervient également dans la région de Biskra, au pied des Aurès, où sévissent les sections armées de l'ALN. Avec sa troupe, mon père débusque l'ennemi à Zeribet Ahmed, Darmoune et Zerinet El Oued, et met la main sur des caches d'armes. Cela lui vaut une citation à l'ordre de la division. »

 

Mission à Soukiès.

Ph S : « Au plus fort de la guerre d’Algérie, les combattants de l'Armée de Libération nationale (ALN) établissent des bases arrière en Tunisie d'où ils mènent des actions agressives de plus en plus fréquentes. Nos soldats ne peuvent pas les poursuivre au-delà de la frontière car, même s'il existe des accords de coopération militaire entre la France et la Tunisie, cette dernière exerce une solidarité maghrébine que son indépendance nouvellement acquise ne peut refuser aux frères algériens.

A l'instar de la ligne Pédron côté marocain, André Morice, alors ministre de la défense du gouvernement Bourgès-Maunoury, décide de construire un barrage électrifié afin de protéger les voies de circulation (route et voie ferrée) de Bône à Souk-Ahras ; barrage qui sera dénommé ligne Morice.

Printemps 1958, le peloton Royer prend ses quartiers à Négrine, le peloton Rozot à Ferkane et le peloton Saubadine à Soukiès. Soukiès est aux avant-postes et les fellaghas multiplient les infiltrations et les mouvements de fournitures d'armes. Les affrontements sont rudes et sanglants. La bataille des frontières étant la plus grande qui ait mis aux prises l'armée française et l'ALN. In fine, l'efficacité de la ligne sera maximum et l'ALN va alors subir de lourdes pertes en vies humaines, en prisonniers et en armement ».

 

 

 

Sources :

  • Site internet : https://rlpps.blogspot.com/2018/03/episode-4-les-campagnes-sahariennes-de.html et https://rlpps.blogspot.com/ 
  • Philippe Saubadine, Il m’a été donné d’aller à Corinthe, Editions Vérone.
  • Crédit photograhiques : Philippe Saubadine – archives familiales.
  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Capitaine Pierre Montagnon : La guerre d'Algérie : genèse et engrenage d'une tragédie. (Edition française), 2004 ; 2005. Les Parachutistes de la Légion (1948-1962) ; 2006. Légionnaires d'hier et d'aujourd'hui.
Le Fezzan de l'adjudant Saubadine.
Le Fezzan de l'adjudant Saubadine.
Le Fezzan de l'adjudant Saubadine.
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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #La Coloniale

Publié le 14 Janvier 2024

Geneviève de Galard.

C’était en 2008. La première conférence à laquelle j’assistais en tant que président du Souvenir Français à Issy-les-Moulineaux. André Santini avait organisé la venue de sa tante, le général Valérie André, Geneviève de Galard et son époux, à l’occasion d’une conférence intitulée Le soldat de l’Indochine, par Michel Bodin, historien.

L’occasion de saluer et de discuter avec l’Ange de Dien Bien Phù !

Geneviève de Galard Terraube est née le 13 avril 1925 à Paris. En 1939, la famille quitte la capitale pour se réfugier à Toulouse, non loin du fief familial situé dans le nord du département du Gers, dans le petit village de Terraube. En 1950, Geneviève obtient le diplôme d’infirmière, tout en suivant des handicapés dans un hôpital, dans le cadre d’activités associatives. Deux années plus tard, elle réussit le concours de convoyeuse au sein de l’Armée de l’Air et IPSA (Infirmière Pilote Secouristes de l’Air).

A sa demande, Geneviève de Galard est engagée en Indochine. Elle a 28 ans et se retrouve au cœur de la guerre contre le Vietminh. Elle est basée à Hanoï. A partir du mois de janvier 1954, elle participe aux évacuations de la bataille de Dien Bien Phù. Le 28 mars, son avion est endommagé après un atterrissage en catastrophe sur la piste du champ de bataille. Le lendemain, alors que l’appareil a dû être abandonné pour la nuit, celui-ci est détruit par l’artillerie ennemie. Alors, Geneviève de Galard se porte volontaire pour servir comme infirmière dans l’hôpital de campagne dirigé par le médecin-commandant Paul Grauwin. La jeune femme improvise un uniforme à base de bleus de travail camouflés et fait de son mieux pour aider le médecin, soigner, consoler les blessés et les mourants. Elle fait l’unanimité auprès des soldats, et aujourd’hui encore, les survivants parlent de leur infirmière avec un grand respect.

Le 29 avril 1954, le général de Castries remet les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Geneviève de Galard : « A suscité l’admiration de tous par son courage tranquille et son dévouement souriant. D’une compétence professionnelle hors pair et d’un moral à toute épreuve, elle fut une auxiliaire précieuse pour les chirurgiens et contribua à sauver de nombreuses vies humaines. Restera pour les combattants de Dien Bien Phu, la plus pure incarnation des vertus héroïques de l’infirmière française. ». Le lendemain, la Légion étrangère en fait une légionnaire de 1ère classe honoraire.

Le Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient cesse les combats le 7 mai 1954. Geneviève de Galard est prisonnière des soldats communistes, comme tous les combattants français. Les supplétifs vietnamiens de l’armée française sont fusillés pour la plupart. Le 24 mai suivant, Geneviève est libérée, alors qu’elle souhaite continuer son travail auprès des blessés.

Accueillie comme une héroïne à l’aéroport d’Orly, elle fait la une des journaux puis est invitée aux Etats-Unis où elle est reçue par le président américain Eisenhower. Elle rentre en France, épouse le capitaine Jean de Heaulme – ils auront trois enfants – et reprend son travail d’infirmière, auprès des grands blessés des Invalides.

Un temps engagée en politique – elle est élue dans le 17e arrondissement de Paris – elle consacre une part importante de sa vie au devoir de mémoire et aux associations d’anciens d’Indochine.

Le 13 avril prochain, Geneviève de Galard aura 99 ans. Elle est Grand-croix de la Légion d’honneur, Grande officière de l’Ordre national du Mérite, croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs, médaillée de l’Aéronautique, médaille d’honneur de la Croix-Rouge française et est titulaire de la Médaille américaine de la Liberté.

 

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Regard sur l’Indochine, Gallimard, 2015.
  • Mémorial Indochine, Ministère de la Défense, 2014.
  • UNC Infos n°104.
  • Médecin-commandant Grauwin, J’étais médecin à Dien Bien Phù, France-Empire, 1954.
  • Geneviève de Galard et Béatrice Bazil, Une femme à Dien Bien Phù, Editions Les Arènes, 2003.

 

PS : les photographies ci-après représentent André Santini en discussion avec les « protagonistes » de la conférence, Geneviève de Galard bien entourée, général Valérie André.

Geneviève de Galard.
Geneviève de Galard.
Geneviève de Galard.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 29 Décembre 2023

Tableau représentant la « donation » de Constantin 1er au pape Sylvestre.

Tableau représentant la « donation » de Constantin 1er au pape Sylvestre.

Mais qui fête-on le 31 décembre ? Un chat illustre ? Héros de dessins animés américains ? Non !

Sylvestre 1er est né à Rome (date inconnue) et mort dans cette même ville le 31 décembre 335. Il devient pape sous le nom de Sylvestre 1er en 314 et va, pendant les 22 années de son règne, s’attacher à convaincre l’empereur Constantin 1er – empereur majeur de l’Empire romain qui régna de 310 à 337 – de transformer sa capitale, Rome, et ses territoires en places chrétiennes.

Pour illustrer ces faits, dès le Ve siècle, des écrits présentés sous le titre des Actes de Silvestre sont diffusés largement dans un double but théologique et politique. L’évêque de Rome est alors présenté comme le baptiseur de l’empereur. La scène est peinte à moult reprises et sert de base pour forger la Donation de Constantin : primauté de l’Eglise de Rome sur celles d’Orient ; don des églises du Latran, de Saint-Pierre et de Saint-Paul-hors-les-Murs ; don de biens dans diverses provinces de l’Empire ; don du palais du Latran ; don des insignes impériaux ; dont de Rome et de l’Italie. Cette « donation » se conclut par une déclaration de retrait de l'Empereur vers l'Orient, laissant ainsi l'Occident au pouvoir (potestas) du Pape.

Il va sans dire que ces faits sont très vite reprochés et que les Etats de la papauté ne verront le jour qu’en 754 et qu’il n’en reste que le Vatican. Mais est institué de fait un pouvoir temporel au pape, devenant un souverain comme les autres, en plus d’un pouvoir spirituel sur l’ensemble de l’Occident.

Sylvestre 1er est célébré le 31 décembre dans l’Eglise catholique romaine et le 2 janvier dans l’Eglise orthodoxe.

 

Bonne Saint-Sylvestre et tous nos meilleurs vœux pour 2024 !

 

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Élisabeth Paoli, « Silvestre Ier », dans Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la Papauté, Fayard, .

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Administration