Issy-les-Moulineaux, 1910 : la crue centennale.
Publié le 19 Septembre 2010
« La Crue centennale ».
En janvier 1910, la Seine connait sa crue la plus importante et ce avec une grande rapidité : il lui faut une dizaine de jours pour atteindre son maximum (8,62 mètre au pont d’Austerlitz). Plus de 20.000 immeubles sont évacués. Pratiquement tous les quartiers le long de la Seine sont touchés.
Il est difficile d’imaginer ce que fut cette inondation, appelée « centennale », tant aujourd’hui, le fleuve est encadré et endigué. Une seule image : au pont de l’Alma, le zouave bien connu a de l’eau jusqu’aux épaules !
Mais dans ce désastre, l’on oublie généralement d’évoquer les villes de banlieues : Issy-les-Moulineaux, Gennevilliers, Epinay, Saint-Denis et l’Ile qui porte le même nom (…).
Les causes peuvent être résumées selon trois facteurs :
- - pluviométrie anormale et très abondante.
- - neige et gel particulièrement importants.
- - débordement de plusieurs rivières : entre autres l’Yonne et le Loing.
Le Petit Journal.
Voici deux extraits du Petit Journal du dimanche 13 février 1910 :
« Il a fallu beaucoup de courage aux malheureux inondés pour supporter les privations, les tristesses dont ils furent victimes pendant que l'eau ravageait leurs maisons qu'ils avaient dû fuir. Mais ne leur en faudra-t-il pas plus encore pour rentrer au logis dévasté par le fléau et réparer les ruines que l'inondation y a accumulées ?
Dans quel état épouvantable la retrouvent-ils, la chère maison !... Les portes brisées, les fenêtres enfoncées, les parquets disloqués, les plafonds fendus. Des murs, l'humidité suintera pendant de longues semaines encore... Et le mobilier ?...Quel désastre ! Les meubles, la literie, tout est perdu. C'est un affreux spectacle de ruine et de désolation ; et l'on comprend, en y songeant, que leur premier sentiment devant ce tableau lamentable soit un sentiment d'horreur et de découragement. »
L’âme de Paris : « Un sentiment que Paris n'aura guère manifesté dans l'occurrence, c'est l'a peur. L'eau débondait sur les quais; dans les rues, envahissait les maisons, le sol s'effondrait : le Parisien vaquait à ses affaires comme de coutume et ne s'affolait pas.
Au contraire, il allait au danger. On lui avait dit qu'il y avait péril à s'approcher des parapets ! N'importe ! Le Parisien voulait voir. La curiosité est chez lui plus forte que la prudence... Songez donc !... On ne reverrait probablement plus jamais ça. Il y avait plus d'un siècle que pareille inondation n'avait ravagé la capitale. Et l'on eût voulu que le Parisien, si curieux de sa nature, restât chez lui. Allons donc !... Il a couru les quais, la banlieue, il a voulu voir, il a vu. A certains jours, il y eut cinq cent mille personnes qui se pressèrent tout le long de la Seine, s'arrêtant sur les ponts où la circulation était permise, contemplant le fleuve en furie... Tout cela, sans désordre, sans bousculade, sans un cri... Et ce fut un beau spectacle que celui de ce peuple s'imposant ainsi spontanément la discipline qui convenait. »
(merci à Mme Batard-Lalis pour les clichés).