La Guerre franco-prussienne à Issy - Partie 5.
Publié le 1 Juillet 2012
Buzenval – Mort du peintre Henri Regnault.
10 – Deuxième bataille de Buzenval.
10.1 – Buzenval, village maudit :
Alors que Paris subit un flot d’obus prussiens depuis le début du mois de janvier 1871, le 18, dans la galerie des Glaces du château de Louis XIV, Bismarck proclame Guillaume II empereur d’Allemagne. Le lendemain, l’Etat-major français décide d’une nouvelle sortie : encore une fois, il s’agit de prendre la redoute de Montretout, à Saint-Cloud, ainsi que le château de Buzenval puis continuer au-delà de Garches pour réinvestir la Bergerie, point fortifié prussien en direction de Versailles.
Trois colonnes sont prévues : à gauche – à l’est – la colonne Vinoy qui doit prendre la redoute de Montretout et continuer sur Garches ; au centre, la colonne Carey de Bellemare, qui doit s’emparer du château de Buzenval et continuer sur la Bergerie à Garches ; à droite, la colonne Ducrot qui doit franchir le mur de Longboyau, occuper le bois de Saint-Cucufa et se retrouver ensuite les hommes de Carey de Bellemare à la Bergerie.
Les conditions climatiques sont désastreuses : le brouillard a rendu difficile la mise en place des troupes ; la neige empêche les soldats français d’avancer rapidement et avec leurs lourds équipements, ils s’enfoncent dans la boue. Les commandants sont imprécis : des embouteillages se créent sur les ponts au passage de la Seine.
De fait, seule la colonne Vinoy est en place ; la bataille s’engage de manière décousue entre 7 heures et 11 heures. Dans un premier temps, les Allemands sont surpris. Les Français avancent. Ils prennent Montretout et le château de Buzenval. Mais l’artillerie n’avançant pas dans ce terrain défavorable, la percée française ne peut être soutenue. La colonne Ducrot est en retard. Les hommes arrivent comme ils peuvent à la porte de Longboyau. Ils sont hachés sur place par les défenses prussiennes, en dépit d’actes héroïques. Le colonel de Rochebrune est tué, le lieutenant-colonel de Montbrison meurt de ses blessures. Enfin, les troupes de la colonne de Carey de Bellemare prennent les premières maisons de Garches. La moitié de la distance qui les sépare de Versailles est franchie. L’espoir est là. Mais de courte durée… La ligne de défense ennemie, bien formée au cœur du hameau de la Bergerie, stoppe net les soldats français. Le génie tente de faire exploser des murs et des maisons pour se frayer un passage : peine perdue. Les explosifs sont gelés et inutilisables.
Les Prussiens reçoivent des renforts. Des contre-attaques sont lancées à 15h30 et à 17 heures. Les Français semblent rester maîtres du terrain. Mais une grande confusion règne entre les différents régiments des trois colonnes. Si les Allemands reprennent Montretout cela risque d’entraîner la panique dans les rangs français. Le général Trochu décide alors – ce qui lui sera reproché quelques jours plus tard et il devra démissionner de son poste – d’abandonner toutes les positions prises et de rentrer dans Paris.
10.2 – A Issy :
Alors que la seconde bataille de Buzenval sonne la fin des espoirs français, au sud, à Issy, le fort tient toujours, en dépit des 18.000 obus qu’il vient de recevoir. Avec Vanves et Montrouge, il a réussit à demeurer aux mains des Français alors que ceux de Bagneux, Clamart, Meudon et Châtillon sont en possession des Prussiens.
Tous les jours, les forts français sont bombardés. Pourtant, le 21 janvier est à marquer d’une croix blanche par les canonniers d’Issy : grâce un obus dont le tir a été peut-être mieux ajusté que les autres, c’en est fait de la réserve de poudre du Moulin de Pierre. L’explosion, d’une violence inouïe, est entendue dans tout le sud de Paris.
Cette résistance n’est pas suffisante : le 29 janvier le gouvernement de Défense nationale indique qu’une convention d’armistice est signée avec la Prusse du chancelier Otto von Bismarck. Les troupes ennemies s’installent partout et pénètrent dans certains forts de la ceinture de Paris. Quant à celui d’Issy, il est évacué par ses 2.000 hommes de garnison.
Le 8 février 1871, les élections donnent la majorité aux conservateurs favorables à la cessation de la guerre. Adolphe Thiers ouvre les préliminaires de paix à Versailles. La France perd l’Alsace et la Lorraine, et doit payer 5 milliards de francs or d’indemnités. En gage, l’est de la France est entièrement occupé. Il le sera jusqu’en 1873.
Le 1er mars 1871, les Prussiens entrent dans Paris. L’Assemblée nationale, réfugiée à Bordeaux, confirme les accords de paix entre la France et l’Allemagne. Les députés d’Alsace et de Lorraine sont consternés : « Vos frères d’Alsace et de Lorraine séparés en ce moment de la famille commune conserveront à la France absente de leurs foyers une affection fidèle jusqu’au jour où elle viendra y reprendre sa place ».
Le fort d’Issy, après les bombardements.