seconde guerre mondiale

Publié le 16 Avril 2022

Le visage de Wladimir Rygaloff.

Le Comité du Souvenir Français d’Issy-Vanves entretient depuis des années la sépulture de Wladimir Rygaloff à Issy. Et ce à la demande de Mademoiselle Marie-Thérèse Borg, proche de Wladimir, et en accord avec Thierry Gandolfo, alors conservateur du cimetière, ainsi que la municipalité.

Nous connaissions une partie de l’histoire du jeune homme, racontée par Mlle Borg. Grâce au remarquable site : https://www.memorialgenweb.org/ nous avons maintenant la photographie de Wladimir et nous en savons un peu plus.

D’abord, il était le fils de Nicolas Rygaloff et d’Olga Livoff. Il habitait au 2, rue Claude Matrat (à la même adresse que le général Roland Glavany qui fut longtemps notre président d’honneur). Ensuite, à l’occasion de recherches au Service Historique de la Défense à Vincennes, son nom figure bien dans la liste des résistants des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Enfin, Wladimir Rygaloff fut arrêté avec trois de ses camarades lors d’une mission de transport d’armes et il fut fusillé rue Jean Mermoz à Versailles le 24 août 1944. Le lendemain, la ville de Paris était libérée de l’occupant nazi.

Enfin, par cette photographie nous rendons aussi hommage à Marie-Thérèse Borg, disparue à la fin de l’année 2018.

Merci à Daniel Fouquerel, Jérôme Charraud et Claude Richard pour leur travail éminent et leurs contributions au site « Mémorial Gen Web ».

 

Sources :

 

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Publié le 22 Janvier 2022

Maurice Romagon.

Maurice Romagon.

Maurice Romagon nait le 27 juillet 1886 sur la commune des Riceys, dans le département de l’Aube. Il est le fils de Pierre Romagon et de Julie Déon.

Jeune, il apprend les métiers du bois afin de travailler dans l’entreprise paternelle. Mais Pierre décède en 1906. Maurice reprend l’entreprise. Scieur de bois, il a été Compagnon du Tour de France. L’expérience de chef d’entreprise est de courte durée car l’année suivante, il est incorporé au 6e bataillon d’artillerie à pied afin d’y faire son service militaire. Après ses deux années, il passe dans la réserve active (le 1er octobre 1909). Ayant repris son métier, il est néanmoins mobilisé au déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, et intègre le 82e régiment d’artillerie lourde.

Maurice Romagon est surveillé de près. Membre du Parti Socialiste Ouvrier, il a été en première ligne pour la défense des vignerons champenois en 1910. Dix ans plus, il devient membre du Parti Communiste Français et est envoyé comme représentant de l’Aube au congrès de Tours. Ses idées lui font perdre son métier (l’entreprise familiale a disparu et il a été embauché par différentes scieries) et Maurice devient délégué au congrès fédéral du Parti communiste de l’Aube en 1923. En 1925 puis en 1929, il est candidat aux élections municipales de Saint-Julien-les-Villas (Aube, arrondissement de Troyes) et se spécialise dans les questions coopératives.

En 1937, Maurice Romagon est le candidat du parti aux élections cantonales. Il remporte finalement l’élection et devient conseiller d’arrondissement de l’Aube, élu au 3e canton de Troyes. En septembre 1939, alors que le Pacte germano-soviétique vient d’être signé, le Parti Communiste Français est interdit. Maurice Romagon milite contre cette décision. Il est arrêté et condamné. Il réussit à s’évader de la prison de Dijon en juin 1940. En juillet, avec sa fille Cécile, il reçoit l’ordre de Jacques Duclos, dirigeant du parti, de ramasser les armes abandonnées, d’aider à l’évasion des prisonniers de guerre, et de participer à la rédaction et la distribution de tracts contre l’ennemi nazi et le régime de Vichy.

En octobre 1940, il est de nouveau arrêté et emprisonné à Troyes, en même temps que son épouse, Edwige, née Jourdheuille. Ils sont condamnés à trois années de prison et incarcérés à la prison de Clairvaux. Le 7 mars 1942, Maurice Romagon demande à prendre la place d’un jeune de 17 ans, condamné à être fusillé. Ainsi meurt celui qui fut élu de la République. Des obsèques officielles sont célébrées le 1er mai 1945 à Troyes, et Maurice Romagon est déclaré Mort pour la France quelques mois plus tard.

Maurice et Edwige ont quatre enfants, qui tous suivent l’exemple des parents. Ils entrent en résistance. Les deux fils passent au maquis, mais sont arrêtés et envoyés au camp de Compiègne en janvier 1943. De là, ils sont transférés au camp de Ravensbrück puis à Buchenwald et Dora en 1945. Ils sont de la « Grande marche » qui voit les déportés effectuer des centaines de kilomètres à pied pour passer d’un camp à l’autre, au fur et à mesure de l’avancée des Alliés. Si Pierre est finalement libéré et rapatrié en 1945, Raymond meurt à Ellrich. Il faisait partie d’un Kommando de travail sur des chantiers de creusement de galeries souterraines. Raymond qui avait pris au maquis FTP (Francs-Tireurs et Partisans – communiste) le nom de Tronchet.

Une rue Maurice Romagon garde son souvenir à Troyes, et les noms de Maurice et de Raymond sont inscrits sur le monument aux morts de la ville d’Issy-les-Moulineaux.

 

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy-Vanves.
  • Site de la ville d’Issy-les-Moulineaux.
  • Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse. Les jeunes dans la Résistance, Ed. Sociales, 1969.
  • Albert Ouzoulias, Les Fils de la nuit, Grasset, 1975.
  • Site Mémorial GenWeb – Fiches individuelles avec les annotations de Jean-Pierre Buot, Michel Schoettel, Stéphane Protois et Patrick Ridey.

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Publié le 11 Juillet 2021

Simone Michel-Lévy.

Biographie.

Simone Michel-Lévy est née le 19 janvier 1906 à Chaussin (Jura). Son père était plâtrier.

Après le brevet élémentaire, elle déménage avec ses parents à Chauny dans l'Aisne où elle entre à seize ans et demi dans l'administration des PTT.

En 1939, elle est contrôleur-rédacteur au département "Commutation" de la Direction des Recherches et du Contrôle technique, rue du général Bertrand à Paris.

Dès l'Armistice, elle s'élève contre la capitulation de la France et entre dans la Résistance en décembre 1940.

En 1941, elle participe avec Maurice Horvais, à la création du réseau "Action PTT", sous la direction d'Ernest Pruvost, collègue rencontré lorsqu'elle était en poste à Chauny. Le réseau a pour but, en profitant des possibilités professionnelles des PTT, d'étendre sur toute la France une ramification de cellules de renseignements et de transmissions.

Dans un premier temps, Simone Michel-Lévy met toute son énergie à développer un système de "boîte aux lettres" pour les communications clandestines.

Ses missions d'adjoint, responsable du secteur "radio", la conduisent à se déplacer fréquemment pour organiser l'"hébergement" de postes émetteurs, notamment dans le Sud-ouest, en Bretagne, et en Normandie. A Caen, elle assure ainsi, fin janvier 1942, sous le pseudonyme de Madame Flaubert, la première liaison avec le groupe local de la résistance PTT d'Henri Le Veillé, à qui elle amène, début mars, deux opérateurs radio équipés de leur poste.

A l'automne 1942, le réseau "Action PTT", qui s'est développé, prend contact avec la "Confrérie Notre-Dame" (CND) du colonel Rémy et l'"Organisation civile et militaire" (OCM) du colonel Touny. Pour la CND, Simone Michel-Lévy met en place, Gare de Lyon, une centrale permettant le transport du courrier clandestin et de postes émetteurs, par voitures postales et sacs plombés, en s'appuyant sur les "ambulants" des PTT dirigés par Edmond Debeaumarché. Un dépôt identique existe à la Gare Montparnasse pour les expéditions vers l'ouest.

Elle réalise ainsi, sous les pseudonymes de "Françoise" et de "Madame Royale", un excellent système d'acheminement du courrier à travers la France, qui marche à la perfection, soit par voie maritime, c'est-à-dire jusqu'aux chalutiers, soit par voie aérienne, et cela dans les deux sens.

Dès les premières heures du Service du Travail obligatoire (STO) en 1943, elle établit plus de cent cartes professionnelles des PTT à des jeunes réfractaires. En janvier 1943, Simone Michel-Lévy devient agent P1 (régulier) puis agent P2 (permanent). Elle mène donc une véritable double-vie, extrêmement harassante et anxiogène. Son chef de service Gaston Letellier, qui ferme les yeux sur ses absences et ses retards, indique qu'à cette époque : « Après des nuits de veille, des voyages épuisants, au retour de missions périlleuses de parachutage, on revoit Simone à sa table de travail, les traits tirés, mais souriante. Rien ne pouvait entamer son ardeur et la véritable flamme qui l'animait ».

La trahison de "Tilden", chef-opérateur radio de la CND, qui est à l'origine du démantèlement de la CND, met fin brutalement à son action. Au soir du 5 novembre 1943, Emma est appelée d'urgence par ce dernier dans un café proche de son bureau, le "François Coppée", boulevard du Montparnasse. C'est un piège. Elle est immédiatement arrêtée et conduite 101 avenue Henri Martin, dans les locaux de Georges Delfanne, alias Masuy, auxiliaire français de la Gestapo. Abominablement torturée par Masuy, Simone Michel-Lévy ne parle pas et est livrée à la Gestapo de la rue des Saussaies.

Internée à Fresnes puis au camp de Royallieu (Compiègne), Simone Michel-Lévy quitte la gare de Compiègne le 31 janvier 1944 dans le convoi des "27 000". Elle arrive le 3 février au camp de Ravensbrück où, pendant la quarantaine, elle aide une camarade musicienne à organiser une magnifique chorale qui fait un moment oublier leurs peines aux prisonnières.

En avril 1944, elle est envoyée en Tchécoslovaquie, au kommando de Holleischen, dépendant du camp de Flossenbürg, pour travailler dans une usine d'armement qui fabrique des munitions anti-aériennes. Elle y continue son action de résistante en sabotant.

Affectée à l'atelier 131 A de l'usine, elle est chargée de faire passer sous une énorme presse des chariots de cartouches remplies de poudre. Avec deux autres déportées, Hélène Lignier et Noémie Suchet, elle ralentit la chaîne, la désorganise, ce qui se solde parfois, pour la production du Grand Reich, par un manque de 10 000 cartouches. Elles font fonctionner la presse à vide, ce qui l'endommage et constitue, pour elles-mêmes, un danger immédiat malgré la protection d'une tour en maçonnerie. C'est ainsi que finalement la presse saute et qu'un rapport de sabotage visant les trois femmes est rédigé et envoyé à Berlin via Flossenbürg.

La réponse d'Himmler revient plusieurs mois après, dans le courant d'avril 1945, alors que tonnent déjà alentour les canons américains. Entre-temps, elles ont été condamnées à la bastonnade, sentence de 25 coups de bâtons exécutée en présence du commandant du camp et devant leurs camarades déportées.

Le 10 avril 1945, Simone Michel-Lévy, Hélène Lignier et Noémie Suchet doivent partir immédiatement pour le camp de Flossenbürg, où elles sont pendues par les Allemands, le 13 avril, 10 jours seulement avant la libération du camp.

 

Décorations.

  • Chevalier de la Légion d'Honneur.
  • Compagnon de la Libération - décret du 26 septembre 1945.
  • Croix de Guerre 39/45 avec palme.
  • Médaille de la Résistance.
  • Croix du Combattant Volontaire de la Résistance.
  • Médaille des Blessés.
  • Médaille commémorative de la Guerre 39/45 avec barrette "Engagé volontaire".
  • Médaille de la Déportation et de l'Internement pour faits de Résistance

 

Inauguration à Issy-les-Moulineaux.

Le 3 juin 2021 à 15h, en présence de Jean Michel-Lévy, descendant de Simone Michel-Lévy, dAndré Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux, de Stéphane Richard, Président-Directeur Général d’Orange et du général Christian Baptiste, Délégué National de l’Ordre de la Libération, a été inaugurée la rue Simone Michel-Lévy dans le quartier Val de Seine d’Issy-les-Moulineaux. Une plaque commémorative sur les nouveaux bâtiments de Bridge, le siège social d’Orange, construit à l’emplacement des anciens locaux des P.T.T. dans lesquels se trouvait la DRCT, a par ailleurs été apposée.

 

Sources :

  • Site de la ville d’Issy-les-Moulineaux.
  • Site de l’Ordre de la Libération.
  • Crédit photographique : Nicolas Fagot – Studio 9.

 

Simone Michel-Lévy.

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Publié le 23 Mai 2021

A la mémoire d’Honoré Commeurec, de Vanves.

Honoré François Commeurec nait à Rennes le 12 décembre 1878, fils de François Commeurec et de Marie Lavigne. Veuf de Julie Delalande, Honoré Commeurec épouse en secondes noces Marie-Louise Boucherie.

Frère de la loge "La Parfaite Union" à l'Orient de Rennes, il est directeur fondateur des Imprimeries Réunies, président de la fédération des coopératives de production de l'Ouest. De 1908 à 1935, conseiller municipal de Rennes, Honoré est aussi militant syndicaliste, dirigeant de la chambre syndicale des ouvriers du livre, puis dirigeant local du parti Socialiste clandestin. Il participe à l'impression de journaux libres, aide à la filière d'évasion d'aviateurs alliés pour le réseau Bordeaux-Loupiac. Il lutte contre le S.T.O. De fait, toutes ces activités font qu’il est d’abord repéré par la Gestapo puis arrêté le 8 février 1944 à Rennes. Il est interné à la prison Jacques Cartier à Rennes avant d’être transféré le 29 juin au Fronstalag 122 de Royallieu-Compiègne, dans l’Oise.

Le 28 juillet 1944, alors que la bataille de Normandie bat son plein, Honoré Commeurec est déporté par convoi à destination de Neuengamme. Les nazis lui tatouent le matricule 40160 sur le bras.

Le 13 février 1945, Honoré Commeurec meurt d’épuisement à Sandbostel dont le stalag X B était transformé pour recevoir les déportés en Allemagne du nord victimes d'épidémies. Il avait 66 ans. L’acte de décès est dressé le 20 septembre 1946 par le ministère des Anciens combattants. Son corps est par la suite ré-inhumé au cimetière du Nord à Rennes.

Une rue lui rend hommage à Saint-Jacques-de-la-Lande, en Ille-et-Vilaine, ainsi qu’une place à Rennes.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Vanves. Passant souviens-t’ en la prochaine que tu passeras devant !

 

 

Sources :

  • Site de la ville de Vanves.
  • Site Mémorial GenWeb : fiche de la ville de Vanves et fiches individuelles.

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Publié le 14 Février 2021

Gabriel Crié et Gaston Guittet.

Gabriel Crié et Gaston Guittet.

Gabriel Crié nait le 11 août 1910 à Rambouillet dans les Yvelines. Il est le fils d’Henri Crié et de Gabrielle Fauconberg. Quant à Gaston Guittet, il nait le 2 juin 1919 à Paris. Si le premier habite Vanves, le second est domicilié à Malakoff. Le premier est métallurgiste ; le second gardien de la paix.

 

Voici le récit de leur acte de résistance : militant de l’Union syndicale CGT des travailleurs de la métallurgie de la région parisienne, Gabriel Crié travaille à la Compagnie des Compteurs à Montrouge. Résistant communiste, il patrouille le 21 août 1944 dans les rues de Vanves avec Gaston Guittet. Le capot de leur camionnette est orné d’un drapeau tricolore. Ils aperçoivent un homme blessé. Ce dernier raconte le combat qui a opposé les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) aux SS (Schutzstaffel de l’allemand « escadron de protection »).

 

Les résistants chargent le blessé à bord de la camionnette pour le conduire chez un médecin, le docteur Gillet, avenue Marcel Martinie. A l’actuel carrefour de l’Insurrection (ce carrefour prendra ce nom à la suite des événements d’août 1944), les hommes sont pris pour cible par un groupe de SS postés dans un blindé ; ces derniers étant chargés d’assurer la protection des soldats allemands en fuite. L’échange de tirs est disproportionné et la camionnette s’écrase contre un arbre. Les deux résistants sont tués. Quant au troisième homme, Emile Beauchamps, il a survécu à ses blessures.

 

Gabriel Crié et Gaston Guittet sont tous les deux enterrés au cimetière de Malakoff.

 

 

Sources :

 

  • Site de la ville de Vanves.
  • Site Mémorial GenWeb : fiche de la ville de Vanves et fiches individuelles.
  • Crédits photographiques : Laetitia Filippi et Claude Richard.

 

 

Au carrefour de l'Insurrection de Vanves.

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Publié le 14 Avril 2020

Albert Frédéric Culot de Vanves et le Réseau Alliance.

« L’Arche de Noé ».

 

Le réseau s’implante d’abord en Zone libre, dès novembre 1940. Il se développe ensuite en Zone occupée à partir de 1942. D’abord appelé Navarre, le réseau Alliance est surnommé « Arche de Noé » par les Allemands, car les membres ne se connaissent que sous le nom d’animaux (Aigle, Hermine, Tigre…).

 

Pour des raisons politiques, financières et militaires, le fondateur du réseau Georges Loustaunau-Lacau préfère rapprocher le réseau de l’Intelligence Service britannique plutôt que de la France Libre.

 

Après l’arrestation de Loustaunau-Lacau, Marie-Madeleine Fourcade, qui s’appelle à l’époque Marie-Madeleine Méric – « Hérisson » - devient le chef du réseau et le restera jusqu’à la fin de la guerre. Alliance recrute dans tous les milieux sociaux et partout en France. L’un de ses principes consistant à mettre l’accent sur les fonctionnaires qui peuvent assez facilement obtenir des informations et en faciliter le transport.

 

Le réseau accueille les différentes vagues d'officiers de l'armée d'Armistice ralliés à la Résistance lors de l'invasion de la zone libre par les armées allemandes en . Par exemple son sous-réseau Druides est constitué en 1943 par l’encadrement des Compagnons de France (organisation de jeunesse créée par l'État Français).

 

Le S.R. Alliance se charge notamment du renseignement sur les sous-marins pour la bataille de l’Atlantique, du départ du général Giraud vers l'Algérie en et devient l’un des éléments de la résistance giraudiste. Mais le matériel et les fonds restent en provenance des Services Secrets anglais. Il transmet les informations sur l'emplacement des rampes de nouvelle armes construites par l'Allemagne et transfère une carte de la côte atlantique de 17 mètres précisant toutes les forces allemandes ce qui contribue au succès du grand débarquement. Mais en 1943, la pénétration d'un agent du poste Abwehr (service de renseignement de l’état-major allemand) de Dijon, Jean-Paul Lien (qui après la victoire sera arrêté et exécuté) provoque l'effondrement d'une grande partie du réseau, alors que « Hérisson » est à Londres. Début 1944, il ne reste plus que 80 agents actifs.

 

Dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, 107 membres du réseau « Alliance », emprisonnés au camp de Schirmeck, sont massacrés (exécutés pour la plupart d'une balle de Lüger dans la nuque) au camp de concentration du Struthof en Alsace et leurs corps incinérés dans le four crématoire du camp.

 

D'autres membres du réseau subissent le même sort dans les prisons allemandes le long du Rhin. Ainsi, le , soit quelques heures après la libération de Strasbourg par la 2e Division blindée de Leclerc, neuf membres d’Alliance, détenus à la prison de Kehl, sont fusillés par la Gestapo sur la rive allemande du Rhin et leurs corps jetés dans le fleuve. Trois autres sont tués à Fribourg-en-Brisgau dont le colonel Kauffmann et Pradelle, son lieutenant.

 

Au printemps 1944, le réseau avait rejoint le BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action) du colonel Passy ; unité de la France Libre.

 

Albert Frédéric Culot.

 

Albert Frédéric Culot nait à Vanves le 28 octobre 1896. Il est le fils de Victor Culot et d’Irma de Landry. Très jeune, il entre à la SNCF où la direction lui confie un emploi de cordonnier.

 

Agent du secteur « Grand Hôtel » (Centre de la France), il fait partie de l’état-major du réseau. Il œuvre auprès d’Edouard Kauffmann, lieutenant-colonel dans l’armée de l’Air. Culot est arrêté le 17 avril 1944, et est déporté, comme ses camarades, sous protocole Nacht und Nebel (« Nuit et Brouillard » en français – en application de ce décret, il est possible de transférer en Allemagne toutes les personnes représentant « un danger pour la sécurité de l’armée allemande » – saboteurs, résistants, opposants…– et à terme, de les faire disparaître dans un secret absolu).

 

Le 1er mai 1944, Albert Frédéric Culot est déporté dans le département du Bas-Rhin à Shirmeck, puis transférer au camp de concentration de Natzwiller-Struthof et exécuté comme beaucoup d’autres résistants dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944.

 

Son nom apparait sur la plaque mémorielle du camp de concentration du Struthof ; sur le Mémorial de l’Alliance à Paris et à Vanves. Le mémorial parisien est dédié aux 432 membres d'un Service de Renseignements Militaires, morts pour la France sous l'occupation allemande entre 1940 et 1945, grâce au travail remarquable de Marie-Madeleine Fourcade (et de son équipe), fondatrice après-guerre de l'Association Amicale "Alliance" pour aider les anciens membres de son réseau et les familles des disparus. L'Association a pu retracer le destin de chacun d'eux et même pour 105 des fusillés en Allemagne, retrouver leur corps et les identifier.

 

 

 

Sources :

 

  • Site du Ministère des Armées : Mémoire des Hommes – Fiches individuelles.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Memorial GenWeb – Fiche individuelles.
  • Site sur le Réseau Alliance : www.reseaualliance.org

 

Le crématoire du camp de concentration de Natzwiller-Struthof.

Le crématoire du camp de concentration de Natzwiller-Struthof.

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Publié le 31 Juillet 2019

« Le 31 juillet 1944, il y a 75 ans, Saint-Ex partait retrouver le Petit Prince », par le GBA (2S) Jean-Claude Ichac, ancien de la 33e Escadre de reconnaissance.

Antoine de Saint-Exupéry !

 

Pour les uns ce nom évoque le romancier, auteur de « Vol de nuit », « Terre des hommes » ou « Citadelle ». Pour d'autres c'est le souvenir du pilote de l'Aéropostale, compagnon de Mermoz, de Guillaumet, acheminant de la France à l'Amérique du sud, au milieu des années vingt, un précieux sac de correspondance avec une idée fixe : « Le courrier d'abord ! ». Pour les poètes, c'est l'auteur de l'inoubliable « Petit prince » et pour les férus d'aventures le pilote malheureux des grands raids aériens de l'entre-deux-guerres, vers l’Extrême-Orient avec un « crash » dans le désert égyptien ou entre les États-Unis et l'Amérique du sud avec un atterrissage forcé en catastrophe au Guatemala !

 

Mais pour ceux de l'Armée de l'air, St-Ex, c'est toute une carrière en trois époques :

 

1921 – 1923.

 

Alors mécanicien « avion » en 1921, sur la base de Strasbourg pendant son service militaire, il passe d'abord, à ses frais, son brevet de pilote civil, puis obtient au Maroc son brevet de pilote militaire. C'est ensuite Avord comme EOR (Elève-officier de réserve), avant Versailles, Villacoublay et enfin Le Bourget où, alors qu'il est sous-lieutenant, il est démobilisé, en juin 1923, après un grave accident à l’atterrissage, le premier d'une longue série qui émaillera la carrière de celui que ses camarades avaient surnommé « Pique la lune », allusion à son caractère rêveur !

 

1939 – 1940.

 

Arrive 1939 et la « drôle de guerre ». St-Ex est mobilisé, avec le grade de capitaine de réserve, d'abord comme instructeur sur la base de Toulouse-Francazal, puis au groupe de reconnaissance II/33 doté de bimoteurs d'assaut et de reconnaissance Bloch-174 et stationné près de Saint-Dizier. Le 10 mai 1940, c'est l'offensive allemande. Le 23 mai il effectue une mission de reconnaissance sur Arras, que les colonnes de blindés allemandes sont en train d'investir. Son appareil est touché à plusieurs reprises par la « flak » ennemie mais il parvient à le ramener sur le terrain de Nangis, équipage indemne. Cette action lui vaudra la croix de guerre avec palme et citation à l'ordre de l'Armée de l'air (1). Son unité se replie ensuite jusqu'à Perpignan où il est démobilisé à l'armistice. Après un bref passage en Afrique du Nord, il gagne les États-Unis où il va promouvoir l'idée de leur entrée en guerre contre l'Allemagne.

 

1943 – 1944.

 

Au printemps 1943 il rejoint l'Afrique du Nord et parvient malgré son âge, 43 ans, à se faire réaffecter en unité combattante, dans son ancien groupe de reconnaissance, le II/33. En effet ce dernier est maintenant doté de la version spécialisée reconnaissance-photo d'un chasseur américain, le « Lightning » P-38 « deux-queues » et les normes de l'US Army Air Force ont fixé pour ses pilotes l'âge limite de 30 ans ! Mais il est accepté sur l'insistance des autorités françaises. Cependant il maîtrise mal cette lourde machine et, après quelques incidents (dont, à l'instruction en Tunisie, la collision, au roulage, de l'aile de son appareil avec un arbre!) et vu ses ennuis de santé dues à ses blessures passées, il quitte son unité pour passer l'hiver à Alger. Il est alors commandant de réserve, mais les américains ne veulent plus le voir voler ! Au printemps 1944, alors que Saint-Exupéry tente de faire jouer tous ses contacts pour reprendre à nouveau le combat, la situation évolue : le débarquement en Provence est en préparation et les besoins en renseignement sont énormes. Alors un pilote de reconnaissance chevronné de plus en unité n'est pas à dédaigner. Il reprend donc sa place au II/33, à « La Hache » (2). Très vite l'unité se rapproche des futures plages du débarquement en Provence, avec un déploiement d'abord dans le sud de l'Italie, puis en Sardaigne, enfin, le 17 juillet, en Corse, première portion de la France métropolitaine libérée dès l'automne de 1943 (3), avec l'installation du groupe sur le terrain de Bastia-Borgo. C'est de là, le 31 juillet 1944, il y a juste 75 ans, que le commandant Saint-Exupéry, aux commandes du Lightning n°223, décolle pour une mission de reconnaissance à haute altitude le long de la vallée du Rhône, avec retour par Annecy et le long des Alpes. Mais il ne reviendra pas.

 

Pendant près d'un demi-siècle, aucun indice sérieux ne permit de lever le voile sur la disparition de Saint-Exupéry. Et puis, en septembre 1998, un pêcheur marseillais remonta dans ses filets un objet métallique qui, après nettoyage et expertises, se révéla être sans conteste la gourmette en argent du pilote disparu, cadeau que lui avait offert à New-York, en 1942, sa femme Consuelo. Dès lors la zone de recherche se précisait mais il fallut attendre le début des années 2000 pour que l'épave d'un P-38 soit enfin localisée au large de l’îlot de Riou, au sud de Marseille, et que des éléments de l'avion, remontés en septembre 2003, ne soient formellement identifiés par leur numéro de série. Ils sont exposés depuis au Musée de l'Aéronautique et de l'Espace du Bourget dans un espace dédié à cet aviateur mythique. Mais quelles furent les circonstances de sa disparition, panne mécanique, défaillance du pilote ou attaque d'un chasseur ennemi ? Le mystère reste entier.

 

Au sein de l'Armée de l'air, les traditions de « La Hache », et donc le souvenir du Petit Prince, furent reprises par l'Escadron de reconnaissance I/33, dissous en 2010 quand ses Mirage F-1 furent retirés du service, mais recréé comme unité de reconnaissance équipée de drones « Reaper » et opérant en particulier, au Sahel, dans le cadre de l'opération « Barkhane ».

 

 

 

Général de brigade aérienne Jean-Claude Ichac

Président honoraire du comité d'Issy-les-Moulineaux du Souvenir Français.

 

 

 

NOTES :

 

(1) Saint-Exupéry racontera cette mission dans son livre « Pilote de guerre », publié à New-York en 1942 sous le titre « Flight to Arras ».

(2) L'unité est l'héritière d'une escadrille de la Première Guerre mondiale, la SAL 33, commandée par le capitaine André Bordage qui avait choisi une hache rouge comme insigne, car c'était «  la hache d'A. Bordage » !

(3) Notre regretté Président d'honneur, le GCA Roland Glavany, ancien du Bataillon de Choc, nous avait raconté cette épopée dans ses souvenirs parus sur ce site.

 

 

LEGENDE DES ILLUSTRATIONS :

 

(SE1) Antoine de Saint-Exupéry aux commandes de son P-38.

(SE2) Le Bloch-174 en mission de reconnaissance sur Arras.

(SE3) Un Lightning « recco » du GR II/33 aux cocardes tricolores.

(SE4) Mirage F-1 CR du I/33 avec insignes « La Hache » et « Le Petit Prince » lors de la dissolution de l'escadron en 2010.

 

Crédits photographiques : les clichés sont à diffusion réservée.

 

« Le 31 juillet 1944, il y a 75 ans, Saint-Ex partait retrouver le Petit Prince », par le GBA (2S) Jean-Claude Ichac, ancien de la 33e Escadre de reconnaissance.
« Le 31 juillet 1944, il y a 75 ans, Saint-Ex partait retrouver le Petit Prince », par le GBA (2S) Jean-Claude Ichac, ancien de la 33e Escadre de reconnaissance.
« Le 31 juillet 1944, il y a 75 ans, Saint-Ex partait retrouver le Petit Prince », par le GBA (2S) Jean-Claude Ichac, ancien de la 33e Escadre de reconnaissance.
« Le 31 juillet 1944, il y a 75 ans, Saint-Ex partait retrouver le Petit Prince », par le GBA (2S) Jean-Claude Ichac, ancien de la 33e Escadre de reconnaissance.

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Publié le 14 Juillet 2019

Mourir à Faya-Largeau.

Faya-Largeau est une oasis en plein cœur du désert du Djourab, au pied des monts du massif du Tibesti, au Tchad. Originellement appelée Faya, la ville fut renommée Largeau lors de la colonisation française, d’après le nom du colonel Etienne Largeau, officier français qui joua un grand rôle dans la conquête du pays en s’emparant de la ville en 1913. Quand le Tchad recouvra l’indépendance, la ville prit le nom de Faya-Largeau.

Cette même année, Jean Vuillaume naît à Nomeny dans le département de la Meurthe-et-Moselle. Quelques années plus tard, il quitte sa Lorraine et s’installe sur la commune de Vanves. Il s’est engagé. Officier d’active, il fait l’école de Saint-Maixent et intègre le Promotion de l’Education Nationale (1930-1933). Il est titulaire du brevet d’observateur en avion. Au moment de l’armistice de 1940, alors lieutenant de gendarmerie, il rejoint Londres. De là, il est envoyé en Afrique Equatoriale Française et intègre le Régiment de Tirailleurs Sénégalais du Tchad (RTST).

Cette unité a été créée au Tchad en 1910. Après la défaite de 1940, le régiment se rallie majoritairement aux Français Libres du général de Gaulle. Plusieurs compagnies font partie de l’expédition contre l’oasis de Koufra en Lybie, qui est la première victoire des Forces Françaises Libres. Plus tard, les cadres européens du RTST vont bâtir le RMT : Régiment de Marche du Tchad, unité glorieuse de l’épopée du général Leclerc en Afrique puis en Europe.

 

De Koufra au Fezzan.

Le 2 décembre 1940, le général Leclerc, promu commandant militaire du Tchad, est chargé de préparer l'opération contre le Fezzan et, pour commencer, contre l'oasis fortifiée de Koufra (Sud-Est de la Libye, près de la frontière égyptienne). À Fort-Lamy, capitale du Tchad, il retrouve ses compagnons du Cameroun : Jean Colonna d’Ornano, Jacques Massu, Jacques de Guillebon et prend également le commandement du fameux RTST. Il va y ajouter d’autres unités venant principalement du Congo et du Gabon. En tout 6.000 hommes dont 500 européens. En quelques jours, il réunit les moyens de transport (une centaine de camionnettes, équipées de mitrailleuses et de mortiers de 81 mm) et les effectifs (350 hommes) nécessaires au raid sur Koufra. Comme Fort-Lamy est à 1.200 km de la frontière italienne (et à plus de 1.500 km de Koufra), il s'installe à Faya-Largeau, au nord du Tchad. Après trois mois de préparatifs et de reconnaissances terrestres et aériennes, la colonne Leclerc s'empare de Koufra le 1er mars 1941.

Revenu à Fort-Lamy, Leclerc se consacre, dans les mois qui suivent, à sa prochaine mission : le Fezzan. À partir du 15 février 1942, quatre patrouilles de dix voitures, appuyées par onze avions du groupe "Bretagne", vont porter à un ennemi distant de plus 600 km des coups sévères et inattendus. Le général Vézinet, qui y participa, racontera : "Des petites colonnes motorisées partaient du Tchad en se camouflant, arrivaient par surprise au pied d'un poste italien, s'en emparaient et brûlaient le poste, libéraient les combattants indigènes et faisaient prisonniers les Italiens" Les Français s'emparent ainsi de plusieurs postes importants.

C’est au cours de ces escarmouches que Jean Vuillaume trouve la mort. Exactement le 2 mars 1942, dans une attaque contre le poste italien de Zuila en Lybie. Chevalier de la Légion d’Honneur et Croix de Guerre 1939-1945 avec palme, il est en outre cité : "Officier fanatique qui pousse à l'extrême la bravoure et le goût du combat. Parvenu audacieusement à proximité d'un poste fortifié, a ouvert le feu à bout portant sur l'ennemi, lui causant des pertes. Ayant réussi à décrocher sa patrouille, a été grièvement blessé en allant chercher le corps d'un de ses indigènes. Est mort des suites de ses blessures ».

 

Jean Vuillaume laisse une épouse, jeune institutrice, installée à Châtelaillon dans le département des Charentes Maritimes, ainsi qu’une fille, âgée de 15 ans. L’officier est déclaré Mort pour la France. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la ville de Nomeny en Lorraine, à Montigny-lès-Metz et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Rémy de Vanves.

 

Quant à la guerre en Afrique du Nord, on connait la suite : la conquête du Fezzan, la libération de la Tunisie, l’alliance avec les Anglais de Montgomery, puis la chevauchée héroïque en France depuis la Normandie avec les Américains.

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Larousse.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Memorial GenWeb.
  • Site Overblog avec l’article sur la conquête du Fezzan par les troupes du général Leclerc.
  • Général Vézinet, Le général Leclerc, Editions France-Empire (1997).

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Publié le 27 Juin 2019

Soldats français au Mont Cassin (Monte Cassino).

Soldats français au Mont Cassin (Monte Cassino).

Le prix du sang.

 

« Sur le sol d’Italie, de novembre 1943 à juillet 1944, le corps expéditionnaire français armé sur la terre d’Afrique a marqué du sang de 7.000 des siens la route victorieuse qui l’a conduit de Naples à Sienne avant son élan pour la libération de la France. Passant, songe que ta liberté a été payée de leur sang ! »

 

Telles sont les deux dédicaces que l’on peut lire au cimetière français de Venafro en Italie. Dans son ouvrage Vaincre sans gloire (Ed. Les Belles Lettres), l’historienne Julie Le Gac explique comment le corps expéditionnaire français (CEF) sombra dans l’oubli très rapidement : « Le souvenir de son chef, Alphonse Juin, seul général de la Seconde Guerre mondiale à avoir été consacré maréchal de son vivant, est éclipsé par celui des libérateurs de la France, Leclerc et de Lattre. La bataille de Monte Cassino, point d’orgue d’affrontements âpres et meurtriers en Italie, résonne désormais de manière fort lointaine dans la mémoire collective. Le terme même de « corps expéditionnaire » obscurcit, par sa technicité, l’humanité de l’histoire des combats d’Italie ».

 

Indigènes.

 

Le CEF a été constitué en novembre 1943, en Afrique du Nord, à partir d’unités de l’armée d’Afrique ayant participé à la campagne de Tunisie, renforcées, au fil du temps, par une mobilisation de 176.000 Européens et 223.000 « indigènes » provenant d’Algérie, du Maroc et de Tunisie. Tous ne partiront pas en Italie car nombre d’entre eux sont encore en formation quand le CEF est retiré du front en juillet 1944 pour participer au débarquement de Provence, le mois suivant, auquel participeront de nouvelles recrues.

 

A son apogée en mai 1944, le CEF comptait 120.000 hommes sur les 600.000 soldats alliés présents en Italie. Si la majorité des officiers (souvent métropolitains) et au moins deux tiers des sous-officiers étaient européens, le CEF était composé à 60 % de maghrébins. Ces derniers formaient jusqu’à 88 % de la troupe dans l’infanterie (tirailleurs ou goumiers) tandis que les Européens servaient dans les armes dites « techniques » (cavalerie blindée, artillerie et génie) et quelques-uns dans des régiments de tirailleurs, comme des spécialistes antichars, transmetteurs, etc…

 

Les unités principales étaient, par ordre d’entrée sur le théâtre, la 2e division d’infanterie marocaine, la 3e division d’infanterie algérienne, la 4e division marocaine de montagne et la 1ère division français libre. Les 1er, 3e et 4e groupes de tabors marocains (bataillons de soldats appartenant à des goums marocains – unités d’infanterie légère – sous encadrement français) ont joué également un grand rôle. Trois mille femmes ont servi dans les transmissions, le service de santé, etc…

 

Le CEF s’est illustré tout au long de la campagne : en décembre 1943 dans la conquête du Pantano et de la Mainarde, puis dans celle du Belvédère en janvier 1944. Au printemps, il a participé à la rupture de la ligne Gustave avant d’entrer dans Rome avec les Américains, puis de remonter vers Sienne. Sur 6.287 tombes actuellement dans les cimetières militaires français en Italie, 4.272 sont des sépultures musulmanes. Plus de 11% des officiers français engagés en Italie y ont trouvé la mort. Le nombre de blessés du CEF, maghrébins et européens, s’élèvera à plus de 25.500.

 

Le CEF a été commandé du début à la fin par le général Juin. « Il était aimé par nous car c’était un des nôtres, s’est souvenu Henri Orsoni, un rapatrié d’Algérie. Son père était gendarme à Constantine donc c’était un pied-noir comme nous. Et il était simple, abordable. Oui, c’était quelqu’un de valeur ».

 

Souvent décrit comme le plus sportif français du 20e siècle, le champion d’athlétisme Alain Mimoun a combattu dans les rangs du CEF. Né Ali Mimoun Ould Kacha dans une famille pauvre d’agriculteurs algériens, il était caporal au 83e bataillon de génie de la 3e DIA, quand il a été grièvement blessé en janvier 1944, évitant de justesse l’amputation de sa jambe.

 

La légende Alain Mimoun.

 

Athlète reconnu régionalement, Alain Mimoun signe un contrat avec le Racing Club de France après le rétablissement de ses blessures et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dès 1947, le jeune homme domine les courses de fond en France : il est sacré champion sur 5.000 et 10.000 mètres. A l’international, son principal adversaire – qui deviendra aussi son ami – est le Tchécoslovaque Emile Zatopek. Ainsi en 1948, Mimoun doit se contenter des médailles d’argent aux Jeux olympiques de Londres, sur 10.000 derrière Zatopek. Il en sera de même quatre ans plus tard aux jeux d’Helsinki. En 1956, Alain Mimoun prend sa revanche et remporte le marathon des Jeux de Melbourne. Ce jour-là il porte le dossard n°13.

 

En plus de vingt années de compétitions, Alain Mimoun va remporter 32 titres de champions de France, 4 médailles olympiques, 2 aux championnats d’Europe, 6 au Cross des Nations. En 1963, après les Accords d’Evian, il demande sa « reconnaissance de nationalité française ». En 2002, à Argenteuil en Région parisienne, il assiste à l’inauguration du 50e stade portant son nom.

 

Admis à l’hôpital militaire Bégin à Saint-Mandé, il y meurt dans la soirée du 27 juin 2013. Un hommage national lui est rendu en présence du Président de la République, le 8 juillet dans la cour d’honneur des Invalides. Un bâtiment de l’hôpital militaire porte maintenant son nom « Halle Caporal Alain Mimoun ».

 

La ville d’Issy-les-Moulineaux peut s’enorgueillir d’avoir donné le nom d’Alain Mimoun à l’un de ses complexes sportifs, situé rue Rabelais, dans le quartier des Epinettes.

 

 

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Extrait de TIM (Terre Info Magazine) n°250 Décembre 2013 (texte Bernard EDINGER).
  • Crédit photographie – Site « lechoduchampdebataille.blogspot.com »
  • Crédit photographique – Journal Libération.

 

Monte Cassino, le CEF et Alain Mimoun.

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