seconde guerre mondiale

Publié le 8 Mai 2019

Chasseur Jouhet.

Le 501e RCC.

 

Le 16 avril 1917, sous les ordres du chef d’escadron Bossut, 132 chars Schneider attaquent à Berry-au-Bac. A partir de ce premier groupement de chars, le 501e régiment d’artillerie d’assaut est créé le 20 mai 1918. Plus tard appelé RCC (régiment de chars de combat), le 501e est la première unité formée selon la nouvelle organisation des troupes blindées en 1918.

 

L’année suivante il est engagé outre-mer au sein de l’armée d’Orient en Crimée, où il contient la révolution bolchévique jusqu’au mois de mai. Encore une année plus tard, de retour en France, le 501e s’installe à Tours.

 

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, le régiment est dissocié et forme quatre bataillons de chars : les 1er et 2e BCC, respectivement issus des 1er et 2e bataillons du 501 et comprenant chacun 45 chars Renault R35 et les 30e et 31e BCC formés à partir de réservistes et équipés de 63 chars FT, provenant de stocks de réserve.

 

A partir de la 342e compagnie autonome de retour de Narvik, dont une quinzaine de volontaires rejoignent la France libre, va être donné naissance à la 1ère compagnie autonome de chars de la France libre. Elle participe à la campagne du Gabon puis aux combats de Syrie. Elle sert ensuite dans les rangs de la VIII armée Britannique qui opérait à partir de l’Egypte. Elle est alors équipée de chars de combats anglais de type Crusader. Cette compagnie appartient alors à la « colonne volante » avec le 1er spahis et participe à la grande bataille d’El Alamein.

 

Deux autres compagnies créées en 1940 et en 1941 fusionnent avec celle-ci pour reconstituer le régiment à Sabratha en Tripolitaine.

 

Après avoir rejoint l’Angleterre avec la 2e DB du général Leclerc, le 501e débarque en Normandie le 3 août. Il entreprend alors une marche victorieuse jalonnée par la libération de la Normandie, de la banlieue parisienne, puis la ville de Paris, la ville de Strasbourg et finit la campagne en pénétrant le 5 mai 1945 dans Berchtesgaden, où il s’empare du Berghof, demeure préférée d’Adolf Hitler.

 

En 10 mois de campagne, le régiment a infligé aux troupes ennemies les pertes suivantes : 78 chars, 90 canons, 150 véhicules et fait plus de 6.000 prisonniers, dont le général von Choltitz, qui commandait les troupes allemandes à Paris. Philippe Leclerc de Hauteclocque dira : « Jamais le 501e ne m’a déçu » !

 

Léon Jouhet.

 

Léon Jouhet nait le 19 mars 1909 à Bellenaves dans le département de l’Allier. Chasseur à la 2e compagnie du 1er peloton et de la 1ère section du 501e régiment de chars de combat, il est 1er pilote du char Champaubert, qui est un Sherman M4 (américain). Il s’agit du troisième char à entrer dans Paris le 24 août 1944, en provenance de Vanves.

 

Léon Jouhet trouve la mort le 2 octobre 1944, à l’âge de 35 ans, tué par les nazis, dans les Vosges, à Anglemont. Il était le frère de Louis Jouhet, dit « Judex » qui était responsable inter-régional FTP (Franc-Tireur Partisan).

 

Médaille militaire – Croix de guerre. Le nom de Léon Jouhet est inscrit sur la plaque commémorative de l’église Saint-Rémy de Vanves.

 

 

 

Sources :

 

  • Site du Ministère des Armées : Mémoire des Hommes – Fiches individuelles.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Memorial GenWeb – Fiche individuelles.

 

Le général Leclerc et des soldats du 501e RCC.

Le général Leclerc et des soldats du 501e RCC.

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Publié le 26 Septembre 2018

A Issy : la Résistance de père en fils.

Le dimanche 26 août, à l’occasion de la commémoration du 74e anniversaire de la Libération de Paris et de sa banlieue, Monsieur le général Ichac, président honoraire du Souvenir Français, Madame Christine Hélary-Olivier, maire-adjoint en charge des Affaires militaires et patriotiques et Monsieur André Santini, maire (de gauche à droite) ont dévoilé une plaque à la mémoire d’Henri Colin, et de son fils, Henri-Léon Colin.

 

Cette plaque avait retirée à l’occasion de travaux. Elle a donc été remise en place ce dimanche 26 août 2018, et se trouve au 21 de l’avenue du Gouverneur-général Félix Eboué à Issy.

 

La Résistance de père en fils.

 

Henri Colin nait le 3 novembre 1894 à Belfort. Il s’installe non loin de là, prend profession et se marie. Un fils, baptisé lui aussi Henri, nait de cette union, le 31 août 1921, à Mandeure dans le département du Doubs.

 

Puis, comme cela se fait toujours, Henri Colin, père, trouve du travail dans l’usine Allinquant, alors spécialisée dans les métaux, et située sur la commune d’Issy-les-Moulineaux. La famille s’installe au 21 de la rue Jean-Jacques Rousseau. En effet, celle-ci ne prendra le nom de « Gouverneur général Eboué » qu’en 1949.

 

Peu après l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, en 1939, l’usine rapatrie sa production et ses ouvriers dans la petite ville de Nay, capitale du béret et située dans le sud-est du département des Pyrénées-Atlantiques.

 

Henri Colin et son fils, maintenant installés dans le Béarn, décident d’entrer en Résistance. Ils font parties des FTPF : les Francs-Tireurs Partisans Français. Il s’agit alors de l’un des mouvements les plus importants de la Résistance française. Il a été créé dès la fin de 1941 (après la fin du Pacte Germano-Soviétique et l’envahissement de la Russie par l’Allemagne nazie) par la direction du Parti communiste français.

 

Les Colin sont arrêtés le 20 juillet 1944 dans la ferme de Joseph Labat à Lys, à environ 10 kilomètres de Nay. Les Colin, le résistant André Lafourcade et Joseph Labat sont conduits à Lourdes pour être interrogés puis à Tarbes. De là, les Allemands les placent à la prison Saint-Michel de Toulouse.

 

Cette prison est restée célèbre pour avoir malheureusement enfermé de nombreux résistants dont André Malraux. L’écrivain était alors le chef des maquis du Lot sous le nom du colonel Berger. Il réussira à s’en échapper, en juillet 1944, grâce au coup de force des frères Angel, sous les ordres de Jean-Pierre Vernant, la veille de la date prévue pour son transfert en Allemagne.

 

Tous n’auront pas cette chance. C’est le cas pour les Colin père et fils.

 

Le 17 août 1944, 50 prisonniers sont extraits de Saint-Michel, dont les Colin, pour être conduits à Buzet, plus au sud dans le département de Haute-Garonne. Le convoi s’arrête dans une ferme. Les Allemands ordonnent aux prisonniers de descendre du véhicule et de se diriger vers une grange sous un prétexte quelconque. Sans avertissement, sans autre sentiment que la haine et la barbarie, les pauvres hommes sont abattus à la mitrailleuse. Les Allemands ferment les portent de la grange, et ils y mettent le feu.

 

Les 50 corps seront sortis de cette grange. Plus tard. Certains seront méconnaissables.

 

Dans les registres, les Colin père et fils sont indiqués « morts dans la prison de Saint-Michel » quatre jours plus tard, le 21 août 1944.

 

Dans la commune de Nay, une plaque honore leur mémoire et leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts. A Issy-les-Moulineaux, là où ils habitaient, le Souvenir Français a tenu, avec la municipalité, à replacer une plaque également à leur mémoire.

 

 

 

 

Sources :

 

  • Site Mémoire des Hommes du Ministère des Armées.
  • Site Mémorial GenWeb - www.memorialgenweb.org
  • Archives du Souvenir Français d’Issy-Vanves.
  • Crédit photographique : Souvenir Français.
  • Site de Dominique Delpoux sur la prison Saint-Michel de Toulouse.
  • Encyclopédie Wikipédia.

 

Henri Colin - Père.

Henri Colin - Père.

Henri Colin - Fils.

Henri Colin - Fils.

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Publié le 8 Septembre 2018

Gaël Taburet, dernier pilote du Normandie-Niemen.

 

Formation.

 

Gaël Taburet nait le 12 novembre 1919 à Messac, dans le département de l’Ille-et-Vilaine. La France est alors encore sous le coup de la fin de la Première Guerre mondiale. Le pays entier est à reconstruire. Un point est cependant d’importance : le droit est reconnu aux peuples à « disposer d’eux-mêmes », par le Traité de Saint-Germain-en-Laye, dont le français est la langue principale. Intéressant en regard de ce qui se passe aujourd’hui ! L’Empire autrichien est démantelé : Les Tchèques peuvent s’unir aux Slovaques ; la Galicie intègre la Pologne ; les Slovènes, Serbes et Croates peuvent créer un Etat commun ; les régions de Trieste et d’Istrie, où l’on parle italien, deviennent italiennes…

 

Gaël Taburet grandit. A l’âge de 19 ans, il s’engage dans l’armée de l’Air et présente le concours d’entrée à l’école d’Istres. Il est reçu et commence sa formation de pilote. Le 13 avril 1939, il est dirigé à Ambérieu-en-Bugey, dans l’Ain, pour y être breveté. C’est là que se trouve l’école bressanne, fondée en 1909 par Mignot et Harding, à laquelle s’associe bientôt la Société Aérienne de Lyon-Bron. Le centre est connu : plusieurs écoles ont déjà déplacé leurs infrastructures pour renforcer celle d’Ambérieu. Cela a notamment été le cas de l’école de pilotage Caudron (du nom du constructeur) qui a quitté Le Crotoy dans la Somme pour venir s’y installer. L’école est prestigieuse et s’enorgueillit d’avoir formé des pilotes comme Jean Mermoz et René Fonck.

 

Après un stage de transformation à Istres en août 1939, Gaël Taburet  est affecté au G.T. I/15 (Groupe de Transport). En octobre 1941, il est affecté au G.T. III/15 et reçoit la mission de convoyer en Afrique du Nord quelques vieux Amiot 143. En avril 1942, il s’installe avec son unité sur la base d’Oujda, au Maroc. Le débarquement allié lui permet d’être reclassé dans la chasse, début 1943, à Kasba-Tadla, non loin de Béni-Mellal au Maroc.

 

A l’Escadrille Normandie-Niemen.

 

Au mois de juillet 1940, le général de Gaulle a créé les Forces Aériennes Libres. Un peu moins d’une année plus tard, en juin 1941, l’Allemagne envahit l’URSS. C’est l’Opération Barbarossa. De Gaulle y voit un espoir pour la France : aider les Soviétiques à combattre les Allemands, c’est aussi une manière de contrer quelque peu l’influence anglaise dans le cadre du rapprochement des Alliés.

 

Au même moment, en Syrie, les troupes fidèles à la France Libre battent les troupes françaises restées à la botte du régime du maréchal Pétain. De Gaulle se rend à Damas et commence un rapprochement avec des représentants russes. Puis, il confie une mission au général Petit. Les deux hommes se connaissent bien : ils étaient à Saint-Cyr ensemble. Petit se rend donc à Moscou et règle avec les Russes les modalités d’interventions d’une force armée. Le moyen le plus simple est l’organisation d’une escadrille. Après maints rebondissements, celle-ci est créée à la fin de l’année 1942. Les premiers pilotes rejoignent la base d’Ivanovo, à 250 km au nord de Moscou. L’instruction peut commencer.

 

Le 21 janvier 1944, Gaël Taburet se porte volontaire pour le « Normandie ». Nommé aspirant, il rejoint le groupe en Russie le 3 avril 1944, et est affecté à la 3e escadrille. Le 26 juin 1944, au cours de sa première mission de guerre, il obtient sa première victoire aérienne en abattant un Fw 190 dans le secteur d’Orcha. Au cours du mois d’octobre 1944, il abat trois autres appareils ennemis.

 

Le sous-lieutenant Taburet termine la guerre crédité de 5 victoires homologuées plus 1 probable.

 

 

 

Après la Seconde Guerre mondiale.

 

 

De retour en France en juin 1945, il devient tour à tour :

 

  • commandant d’escadrille au « Normandie-Niemen », à Rabat-Salé (Maroc) en 1949,
  • chef des opérations à Saigon en 1950.

 

Le capitaine Taburet reste fidèle au « Normandie-Niemen » jusqu’en 1951.

 

Le 12 juin 1951, il est nommé commandant de l’escadrille des moniteurs et de réentraînement de la base école de Meknès, au Maroc. Puis les affectations se succèdent. En mars 1954, il est affecté à la Défense aérienne du territoire (DAT) à Versailles, poste qu’il occupe jusqu’au 31 mai 1956. Le 1er juin 1956, il est nommé commandant-adjoint de la base aérienne 110 de Creil, puis commandant en chef en mars 1957. En 1958, il est affecté au 4e Bureau du 4e CATac à Lahr, en Allemagne. En octobre 1960, il part en opérations en Algérie et commande le PCA de Grande Kabylie, à Tizi-Ouzou.

 

A son retour d’Algérie, en février 1962, il est affecté au commandement en second de la base d’Orange. Le 28 février 1963, le colonel Taburet fait valoir ses droits à la retraite.

 

Rendu à la vie civile en mars 1963, Gaël Taburet devient directeur de l’action régionale à l’Institut de contrôle de gestion.

 

Commandeur de la Légion d’honneur, le colonel Taburet est également titulaire de la Croix de guerre 39-45, la Croix de guerre TOE, la Croix de la Valeur militaire, l’Ordre du Drapeau Rouge, l’Ordre de la Guerre pour le salut de la Patrie, l’Ordre de l’Etoile Rouge, la Médaille de la Victoire et la Médaille pour la prise de Königsberg.

 

Le 6 octobre 2015, Gaël Taburet est décoré de la médaille commémorative des 70 ans de la victoire dans la Grande Guerre patriotique. Cette décoration lui est remise par Son Excellence Monsieur Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France. A cette occasion une délégation du Régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niemen », basé à Mont-de-Marsan (Landes), est présente.

 

Résident cannois, Gaël Taburet, âgé de 97 ans, rend son âme à Dieu le 10 février 2017. Il était le dernier pilote survivant de « Normandie-Niemen ».

 

 

 

 

 

Sources :

 

 

 

Gaël Taburet, dernier pilote du Normandie-Niemen.

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Publié le 24 Juin 2018

A la mémoire du colonel Paul Schimpff, de Vanves.

Du Premier au Second conflit mondial.

 

Paul Adolphe Schimpff nait le 7 avril 1892 à Conflins-en-Jarnisy, commune du canton de Jarny, dans la moitié nord du département de Meurthe-et-Moselle, à environ 70 kilomètres de Nancy, mais à seulement 25 kilomètres à l’ouest de Metz.

 

Voilà dix-neuf ans que la région est sous le contrôle de l’Empire allemand. Son père est Alsacien, mais n’a pas hésité un seul instant : entre la république française et l’Empire allemand, la famille restera française !

 

Incorporé en 1912, Paul Schimpff intègre en 1913 l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr (Promotion « De Montmirail »). Dès ses premiers jours de combat, en 1914, il est grièvement blessé. Ses supérieurs notent : « Sorti de l'école de Saint-Cyr depuis 15 jours, a conduit sa section à la baïonnette sur l'ennemi et a ainsi déterminé la reddition de 200 ennemis – A été grièvement blessé au cours de cette action ». Il reçoit pour cette action une citation. Au cours de la Première Guerre mondiale, il sera blessé une nouvelle fois et recevra une nouvelle citation. Il termine sa guerre comme engagé volontaire au sein du 1er bataillon de chasseurs à pied, alors en action sur le front de Champagne.

 

Militaire d’active, il est envoyé en poste au Maroc, puis est affecté en Rhénanie et dans la Ruhr occupée. En 1925, il est nommé au grade de chef de bataillon. Il quitte l’armée l’année suivante, pour entreprendre une carrière civile, principalement comme responsable financier de la Ligne de Défense contre les Chemins de Fer. En parallèle, Paul Schimpff continue activement à défendre les intérêts de ses anciens chasseurs. Par ailleurs, il est élu président d’une société de tir.

 

Depuis 1938, une mobilisation partielle est décrétée en France. Paul Schimpff est intégré au 69e bataillon de chasseurs à pied. En avril 1940, il fait partie de l’expédition à Narvik, en Norvège, où il participe à la victoire des alliés, qui sont alors français, anglais, norvégiens et polonais.

 

De retour en France, Paul Schimpff combat dans la Somme. La Wehrmacht le fait prisonnier. Il est libéré quelques mois plus tard, en janvier 1941, pour raisons de santé, du fait de son invalidité contractée lors de sa blessure de 1914.

 

La résistance.

 

Dès lors, il prend contact avec la Résistance française. En août 1942, il entre dans le mouvement Ceux de la Libération, sur les conseils de Raymond Jovignot, chasseur comme lui. Ce mouvement est l’un des huit grands réseaux qui va intégrer le Conseil National de la Résistance, dirigé par Jean Moulin. Le représentant de Ceux de la Libération est Roger Coquoin, qui sera tué en 1943. Paul Schimpf est alors chef du service Actions. Il prend le nom du colonel Lecor et enchaîne les missions.

 

Toute la région militaire de Paris est placée sous sa responsabilité. A la demande de Shimpff, Raymond Jovignot va étudier la possibilité de mettre au point des lance-flammes dont la fabrication devait être assuré par les Etablissements Philippe et Pain (Montrouge, dans les Hauts-de-Seine) et par les Etablissements Jovignot. Ce projet ne verra pas le jour. Paul Schimpff demande également à Henri Pergaud, son adjoint, de lui fournir les plans des réseaux ferrés avec les emplacements des tranchées et des signaux d’arrêt. Ils mettent alors au point un plan pour bloquer les transports militaires allemands.

Paul Schimpff dispose d’un bureau chez Kohn, administrateur de biens, au n°11 de l’avenue de l’Opéra, à Paris, où il réunit son Etat Major. Mais c’est là qu’il est arrêté le 28 avril 1943 par la Gestapo. Il parvient à s’évader de l’hôtel Cayré le soir même de son arrestation puis il envoie un rapport à Roger Coquoin, qui conduit le mouvement Ceux de la Libération depuis l’arrestation de Maurice Ripoche, dans lequel il explique la trahison dont il aurait été victime de la part de son secrétaire, agent passé à l’ennemi. De fait, l’arrestation de Schimpff entraîne un important coup de filet parmi les chefs des sections militaires de Paris.

En cavale, Paul Schimpff est finalement arrêté alors qu’il s’apprête à franchir la frontière espagnole le 20 septembre 1943. Transféré à Fresnes, il est déporté à Buchenwald en janvier 1944. A l’approche des Alliés, les SS commencent à vider le camp: ce seront les « marches de la mort » dont Paul Schimpff sera l’une des victimes: parti vers le 7 avril 1945 il parcourt à pied environ 350 km, jusqu’en Haute Bavière où une colonne de chars US le libère très affaibli le 23 avril 1945. Son compagnon de captivité est le colonel Doucet, chef historique du Ceux de la Libération.

De retour en France, le colonel Schimpff est accueilli le 2 mai 1945 au Val de Grâce où il décède d’épuisement et de fièvre typhoïde le 17 mai, non sans avoir eu le temps d’écrire au Ministre de la Guerre pour défendre les intérêts des familles de ses officiers morts en déportation.

 

Le colonel Schimpff était Officier de la Légion d'Honneur - Croix de Guerre 14-18 avec 4 citations et Croix de Guerre 39-40 avec 2 citations. Il était aussi titulaire de la Croix de Combattant Volontaire et de la Croix des Services Volontaires avec une Citation à l'Ordre du Corps d'Armée.

 

Le nom de Paul Schimpff figure sur le monument aux morts de Vanves.

 

La couverture.

 

La Résistance a parfois des conséquences inattendues. Dans son ouvrage Un juif improbable, le professeur et géopolitologue Monsieur Dominique Moïsi indique de Paul Schimpff, alors membre de la société d’administration de biens Kohn, a été de ceux qui ont « récupéré » puis liquidé grâce au Gouvernement de Vichy les avoirs de la société de son père, précipitant la faillite de celui-ci.

 

En fait, Paul Schimpff se servait de cette société pour cacher ses actions clandestines !

 

 

 

 

Sources

 

  • Encyclopédie Larousse, Wikipédia et Universalis.
  • Archives INA.
  • Site Internet du Ministère des Armées : Mémoire des Hommes.
  • Site Internet www.memorialgenweb.org
  • Site Internet www.memoresist.org
  • Extraits du livre de M. Dominique Moïsi, Un juif improbable, Flammarion, 2011.
  • Archives municipales.
  • Histoire de la France et des Français, d’André Castelot et d’Alain Decaux.
  • Le colonel Paul Schimpff, ce héros, par Jean-Marie Schimpff.

 

 

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Publié le 1 Mai 2018

Hélène et Victor Basch.

Biographie.

Victor Basch nait en Hongrie en 1863, au sein d’une famille juive. Il est le fils de Raphaël Basch et de Fanny Weissweiler. Une dizaine d’année plus tard, la famille s’installe à Paris. Le jeune Victor fait de brillantes études au lycée Condorcet, puis entre à la Sorbonne où il étudie l’Allemand et la philosophie. Il se marie le 7 novembre 1885, au temple de Pest (en face de la ville de Buda, en Hongrie) avec Ilona Fürth, qui deviendra Hélène Basch. Nommé professeur l’année suivante, les Basch – qui viennent d’obtenir la nationalité française – s’installent d’abord en Bretagne à Rennes où Victor vient de recevoir son affectation.

Ils vont vivre une  vingtaine d’années à Rennes, de 1887 à 1906. Victor Basch est professeur de philosophie. Le couple prend fait et cause pour le capitaine Dreyfus, l'affaire qui déchire la France. En 1898, Victor Basch participe à la fondation de la Ligue des droits de l'homme, avec Lucien Herr et Ludovic Trarieux. La Ligue a alors pour but de sensibiliser l'opinion publique à l'injustice faite à Dreyfus. Victor Basch en deviendra le quatrième président national, en 1926.

En première ligne lors de la révision du procès à Rennes, en 1899, les Basch reçoivent les partisans de Dreyfus chez eux, au Gros-Malon, militent, organisent... Reconnu sur les quais, place Pasteur, Victor Basch est pris à parti par un groupe d'anti-dreyfusards qui essayent de le jeter dans la Vilaine.

Le couple s'installe à Paris en 1913. Intellectuel engagé, socialiste anticonformiste, Victor Basch s'inquiète très tôt de la montée du nazisme en Allemagne. Il apporte son soutien aux Républicains espagnols, milite contre l'extrême-droite et joue un rôle moteur dans la création du Front populaire.

Inquiétés dès les débuts de l'occupation (son logement est pillé, Victor Basch perd ainsi nombre d'écrits entreposés dans l'appartement), ils fuient en zone libre, en 1940, et s'installent dans le quartier de Saint-Clair à Caluire-et-Cuire, exactement au 116, Grande-rue-Saint-Clair. Investi dans la défense des droits de l'Homme et dans la franc-maçonnerie, Victor Basch est recherché par Vichy.

En janvier 1944, la milice de Lyon, dirigée par Paul Touvier, repère Victor Basch à Caluire-et-Cuire. Le 10 janvier 1944, accompagné d'une dizaine de miliciens (en particulier Lécussan, le chef régional de la milice) et du Lieutenant Moritz de la Gestapo, il participe lui-même à l'arrestation de Victor Basch et de son épouse Hélène, âgée de 79 ans, qui refuse de le laisser. Lécussan racontera par la suite : « Moritz jugea Victor Basch trop âgé pour pouvoir l'arrêter, et nous décidâmes de l'exécuter » ; Lécussan, accompagné d'autres miliciens et de Moritz, conduira alors le couple à Neyron dans l'Ain où Victor et Hélène Basch seront abattus de plusieurs coups de feu, le soir même.

Lécussan reconnaîtra avoir abattu lui-même Victor Basch ; Gonnet se chargeant d'assassiner Hélène Basch de deux balles de pistolet. Sur le corps de Victor Basch, sera retrouvé un écriteau laissé par les miliciens sur lequel était inscrit : « Terreur contre terreur. Le juif paie toujours. Ce juif paye de sa vie l'assassinat d'un National. À bas De Gaulle-Giraud. Vive la France. » — Comité National Anti-Terroriste, région lyonnaise.

Victor et Hélène Basch sont inhumés à la Nécropole nationale de la Doua, à Villeurbanne.

 

Hommages posthumes.

Son nom a été donné à de nombreuses rues et écoles de France : En effet, il existe une place Victor-Basch à Lyon 7e, une rue Victor-Basch à Décines (69), à Villeurbanne (69) à Arcueil, à Montrouge, à Vanves, à Vincennes, à Thiais, à Charenton-le-Pont, à Noisy-le-Grand, à Sotteville-lès-Rouen, à Sainte-Geneviève-des-Bois, à Massy, à Saint-Étienne, à Jeumont, à Bourg-en-Bresse, à Taverny, à Rennes, à Dinan, à Vandœuvre-lès-Nancy, à Vannes, à Roanne, à Riom, au Blanc-Mesnil (93), à Saint-Cyr-l'École (78), à Cenon (33), à Hyères ainsi qu'à Saint-Dizier (52), à Nogent-sur-Marne (94), à Cavaillon (84), à Saint-Yzan-de-Soudiac (33), en Arles (13) et à Saint-Quentin (02).

A Vanves, l’avenue Victor et Hélène Basch est perpendiculaire à la rue René Coche et s’arrête à la rue Ernest Laval.

À Caluire-et-Cuire, dans le quartier Saint-Clair, où il fut arrêté avant son assassinat, une école porte son nom. Un mémorial, le mémorial Hélène-et-Victor-Basch est érigé à Neyron, à l'endroit où Victor Basch fut assassiné par la milice ; de plus, La place de la mairie de Neyron se nomme place Victor-Basch. Enfin, à proximité du mémorial, passe le viaduc Hélène-et-Victor-Basch de l'A46.

À Rennes où Victor Basch a été professeur de philosophie, de 1887 à 1906, un lycée a été baptisé lycée Victor-et-Hélène-Basch. De plus, deux amphithéâtres, un de l'Université Rennes 2 situé sur le campus de Villejean et un de l'université Rennes 1 sur le campus de Beaulieu portent son nom.

En 2010, le STIF décide de donner son nom à une station de la Ligne 2 du tramway d'Île-de-France située dans la commune de Colombes. Le 16 avril 2014 à l'initiative de la LDH (Ligue des Droits de l'Homme), une plaque commémorative a été inaugurée en l'honneur de Victor et Hélène Basch à Montrouge, à l'angle de la rue Victor-Basch et de la rue Carvès. Cette plaque rappelle que Victor Basch présida les Assises de la paix et de la liberté, au stade Buffalo à Montrouge, le 14 juillet 1935, événement fondateur du Front populaire.

 

Œuvres littéraires.

 

  • La Poétique de Schiller.
  • La Vie intelectuelle à l’étranger.
  • L’Aube : proses de guerre, Paris, Librairie Félix Alcan, 1918.
  • Les Origines de l’individualisme moderne.
  • Le Maître problème de l’esthétique, 1921.
  • Etudes d’esthétique dramatique, Librairie française.
  • Essai d’esthétique de Kant, 1936.

 

 

Sources :

  • Archives du Journal Ouest France.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Internet du Musée de la Résistance.
  • Françoise Basch, Victor Basch ou La passion de la justice : de l’affaire Dreyfus au crime de la Milice, Plon, 1994.

 

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Publié le 3 Février 2018

8 mai 2009 : Robert Choffé, à droite, vient de recevoir la médaille militaire. A gauche, Christian Poujols, président de la 46e Section de l’UNC.

8 mai 2009 : Robert Choffé, à droite, vient de recevoir la médaille militaire. A gauche, Christian Poujols, président de la 46e Section de l’UNC.

Isséen depuis toujours, Robert Choffé est un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale.

Il a y quelques années, Robert Choffé nous déclarait : « Pour moi, l’engagement était naturel. De métier, j’étais mouleur – fondeur. En 1944, je rentre dans les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur). On nous faisait coucher dans le sous-sol de l’école Paul Bert. En septembre 1944, nous sommes regroupés au Petit Séminaire d’Issy, et nous devenons des Francs Tireurs Partisans (FTP). Je signe, comme tous mes camarades, un engagement pour la « durée de la guerre ». Je suis alors affecté à l’Etat-major et je deviens orienteur au 32e régiment d’artillerie divisionnaire. Mon nouveau métier consiste à participer au déminage de zones et ensuite à calculer nos positions – nous faisons ce que nous appelons un cheminement calculé – dans le but de mettre en place des tripodes pour donner des coordonnées – longitudes et des latitudes – qui permettront à l’artillerie de maximiser ses tirs. De plus, je donnais des coups de main aux observateurs ; ces missions consistaient à s’infiltrer, de préférence la nuit, dans les lignes ennemies. C’est dans ce contexte, que nous avons débarqué sur l’île d’Oléron, dans le cadre de l’Opération Jupiter ».

Les îles de Ré et d’Oléron, comme toute la côte, sont rapidement occupées par les Allemands, dès 1940. La Wehrmacht bâtit ce qui deviendra le Mur de l’Atlantique : 1.000 blockhaus, 1.300 pièces d’artillerie, des mines partout, sur les plages, les chemins, les prairies environnantes et un rideau de barbelés réputé infranchissable. En 1944, alors que l’avance alliée est réelle, au-delà de la Normandie, Hitler donne l’ordre aux secteurs fortifiés de la côte de résister. Ainsi, et jusqu’à la fin de la guerre, subsisteront des poches de résistance allemande à Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire et tout le secteur de La Rochelle (englobant les îles et Royan). La Résistance française n’est pas inactive et fournit des renseignements qui seront capitaux aux troupes de l’Opération Jupiter d’avril 1945.

 

Robert Choffé : « Avant le débarquement, les artilleurs ont pilonné les fortifications allemandes des îles, grâce aux renseignements que mes camarades et moi donnions. D’ailleurs, nous avions vu juste parce, entre les canons et les ouvrages ennemis, il y avait plusieurs kilomètres, et nous avons mis dans le mille ! J’étais d’ailleurs meilleur pour cela que pour le combat : dans la barge qui nous emmenait sur Oléron, il y avait tellement de vagues que mon fusil est passé par-dessus bord ! ».

 

A la fin, en mai 1945, après des combats parfois d’une grande intensité, les négociateurs de l’Opération Jupiter, dont le capitaine de frégate Meyer, obtiennent la reddition des îles, comme de toute la « poche de Royan ».

 

Robert Choffé : « Avant même la fin de l’opération, en avril 1945, j’ai fait quelques temps de classe à Saint-Loup sur Thouré puis, au sein de la 1ère Armée, Rhin et Danube – chère à de Lattre de Tassigny – je suis envoyé en Allemagne pour participer au déminage et à la destruction des bunkers de la ligne Siegfried. Plus d’une fois nos gars ont laissé leur vie dans des champs de mines. Je me souviens en particulier de mon lieutenant, Bonnet, qui est mort alors qu’il transportait des explosifs et des bouteilles d’oxygène dans sa chenillette. Le feu a pris dans le moteur et l’explosion a été terrible. »

 

Le 24 avril 1945, le général d’armée de Lattre de Tassigny fait paraître l’Ordre du Jour n°8 : « En un mois de campagne vous avez traversé la Lauter, forcé la ligne Siegfried et pris pied sur la terre allemande ; puis, franchissant le Rhin de vive force, élargissant avec ténacité les têtes de pont de Spire et de Germersheim, vous avez écrasé la résistance d’un ennemie désespérément accroché à son sol et conquis d’une traite deux capitales, Karlsruhe et Stuttgart, le Pays de Bade et Wurtemberg ; enfin, débouchant sur le Danube, le traversant aussitôt, vous avez voulu, renouvelant la victoire de la Grande Armée, que flottent nos couleurs sur Ulm.

 

Combattants de la Première Armée Française, fidèles à l’appel de notre chef, le général de Gaulle, vous avez retrouvé la tradition de la Grandeur française, celle des soldats de Turenne, des Volontaires de la Révolution et des Grognards de Napoléon. »

 

Le 6 mai 1945, le brigadier Choffé, du 32e régiment d’artillerie de la 10e division d’infanterie de la Première Armée est cité à l’ordre du régiment : « Brigadier à l’équipe d’orientation du groupe, a participé au déminage de plusieurs positions de batterie avec un sang-froid et une compétence remarquable. A toujours été volontaire pour les missions les plus périlleuses en particulier à la pointe de Vallières et dans l’île d’Oléron. La présente citation donne droit au port de la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze ».

 

Puis le 9 mai 1945, le général de Lattre de Tassigny fait publier l’Ordre du Jour n°9 : « Le jour de la Victoire est arrivé.

A Berlin, j’ai la fierté de signer au nom de la France, en votre nom, l’acte solennel de capitulation de l’Allemagne.

 

Dignes de la confiance de notre chef suprême, le général de Gaulle, Libérateur de notre pays, vous avez par vos efforts, votre ferveur, votre héroïsme, rendu à la Patrie son rang et sa grandeur.

 

Fraternellement unis aux soldats de la Résistance, côte à côte avec nos camarades alliés, vous avez taillé en pièces l’ennemi partout où vous l’avez rencontré.

 

Vos drapeaux flottent au cœur de l’Allemagne.

 

Vos Victoires marquent les étapes de la Résurrection française. De toute mon âme, je vous dis ma gratitude. Vous avez droit à la fierté de vous-mêmes comme à celle de vos exploits.

 

Gardons pieusement la mémoire de nos Morts. Généreux compagnons tombés au Champ d’Honneur, ils ont rejoint dans le sacrifice et la gloire, pour la Rédemption de la France, nos fusillés et nos martyrs.

 

Célébrons votre Victoire : Victoire de Mai, Victoire radieuse de printemps qui redonne à la France la Jeunesse, la Force et l’Espoir. SOLDATS VAINQUEURS, vos enfants apprendront la nouvelle épopée que vous doit la Patrie ».

 

Robert Choffé : « Après, j’ai fait l’Ecole des Sous-officiers, en Allemagne, jusqu’en septembre 1945. J’ai même participé sur les Champs Elysées au premier défilé de la Victoire. Puis, pour un certain nombre de raisons personnelles, et parce que j’avais déjà vu pas mal d’horreurs, j’ai quitté l’armée, je suis redevenu un civil et je suis entré chez Renault à Boulogne-Billancourt. Et j’ai oublié ce que j’avais fait ; je n’ai, par contre, j’avais effacé de ma mémoire les images des camarades, leur courage, et parfois leur vie sacrifiée ».

 

Robert Choffé est chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur, Croix de Guerre 1939-45, titulaire de la médaille militaire, médaillé des combattants volontaires.

 

 

 

Sources :

 

  • Entretiens Robert Choffé, de 2008 à 2018.
  • Documents Archives personnelles de Robert Choffé.
  • Photographie Copyright Souvenir Français Issy-Vanves.

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Publié le 19 Novembre 2017

La discrète.

C’est par le plus grand des hasards – et grâce au Daily Telegraph ! – que l’on apprend le décès, à l’âge de 97 ans, de Jeannette Guyot (épouse Gaucher), survenu le 10 avril 2016.

Née le 26 février 1919 à Chalon-sur-Saône, Jeannette Guyot ne tarde pas à rejoindre les rangs de la Résistance alors que la moitié de la France est occupée par l’armée allemande.

Jusqu’en août 1941, Jeannette Guyot est ainsi membre du réseau Amarante, dirigé par Félix Svagrowsky et rattaché au BCRA (Bureau central de renseignements et d’action) de la France Libre. Grâce à un laissez-passer allemand (Ausweis), elle s’occupe alors de faire passer des agents en zone sud, administrée par le régime de Vichy.

Par la suite, Jeannette Guyot rencontre le colonel Rémy (Gilbert Renault), le chef du réseau Confrérie Notre-Dame, basé à Paris. Elle devient alors agent de liaison et, à ce titre, est chargée de transmettre des renseignements en zone sud, tout en continuant ses activités de passeur.

Seulement, en février 1942, elle finit par être arrêtée et emprisonnée pendant trois mois à Châlons-sur-Saône, puis à Autun. Malgré la dureté des interrogatoires, elle restera muette. Ne pouvant retenir aucune charge contre elle, les Allemands la remettent en liberté, après lui avoir toutefois retiré son Ausweis. Mais cela ne l’empêche nullement de reprendre ses activités au sein du réseau du colonel Rémy.

Mais ce dernier va connaître une déconvenue quelques mois plus tard, avec la trahison d’un certain Pierre Cartaud. Et Jeannette Guyot par se réfugier à Lyon. Là, elle rencontre Jacques Robert, qui est en train de créer le réseau Phratrie, qui, également rattaché au BCRA, aura pour mission de collecter du renseignement, se livrer à des actions de sabotage et à aider les aviateurs alliés abattus à regagner le Royaume-Uni.

Cependant, avec l’invasion de la zone sud par les troupes allemandes, en novembre 1942, l’étau de la Gestapo se resserre autour de Jeannette Guyot. Décision est donc prise de l’exfiltrer en Angleterre. Ce qui sera fait dans la nuit du 13 mai 1943, grâce à un avion Lysander de la Royal Air Force.

Arrivée à Londres, Jeannette Guyot retrouve le colonel Rémy et prend le pseudonyme de « Jeannette Gauthier ». Toujours affectée au BCRA, elle se voit confier des tâches administratives qui ne lui conviennent guère.

Après avoir fait des pieds et des mains pour retrouver le terrain, elle est affectée à l’école de Praewood House, près de St-Albans (à 40 km de Londres), où 120 volontaires doivent être formés aux techniques du renseignement militaire par des instructeurs l’Intelligence Service (IS) de l’Office of Stratégique Service (OSS), en vue du plan Sussex, dont l’enjeu était alors de collecter le maximum d’informations possibles sur l’ordre de bataille allemand afin de préparer le débarquement allié en Normandie.

Le 8 février 1944, Jeannette Guyot, promue lieutenant, est parachutée près de Loches avec le commandant Marcel Saubestre, le capitaine Georges Lassale et le radio Pierre Binet, dans le cadre de l’opération Calanque. Leur mission est alors de trouver des caches sûres pour les agents Sussex. Une tâche rendue compliquée par la Gestapo et ses moyens de détection des émissions radio.

À Paris, le lieutenant Guyot cache l’opérateur radio de son équipe au « Café de l’Electricité », située à Montmartre, à deux pas d’un bureau de la… Gestapo. « Je savais quel genre de travail elle venait faire et quand elle m’a demandé si j’étais prête à l’aider, j’ai répondu oui, sans la moindre hésitation », expliquera à la BBC, la propriétaire du bistro, qui sera rebaptisé « Café des Sussex » à la fin de la guerre.

Malgré les risques, Jeannette Guyot accomplit ainsi sa mission et envoie donc régulièrement des renseignements de la plus haute importance à Londres.

Après la libération de Paris, le 25 août 1944, sa mission prend fin. Et Jeannette Guyot retrouve un emploi de bureau à la nouvelle Direction générale des études et recherches (DGER). Malheureusement, elle apprend la déportation en Allemagne de ses parents. Son père n’en reviendra pas.

En juin 1945, Jeannette Guyot quitte le monde du renseignement et épouse Marcel Gauchet, un agent Sussex. Et, depuis, elle n’a apparemment jamais évoqué publiquement son action au sein de la France Libre… alors qu’elle était titulaire de la Légion d’Honneur, de la Croix de Guerre avec palmes, de British George Medal et qu’elle fut l’une des rares femmes à avoir reçu la Distinguished Service Cross américaine au titre de la Seconde Guerre Mondiale pour son « héroïsme extraordinaire lors d’opérations militaires. »

 

Ainsi, en France, une héroïne s'est éteinte dans le plus grand silence. 

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Internet Opex 360.
  • Site Internet de l’hebdomadaire Le Point.

 

 

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Publié le 24 Septembre 2017

Il y a 70 ans, disparaissait le général Leclerc.

Issy-les-Moulineaux et Vanves ne font pas exception. Comme un bon nombre de communes de la Région parisienne, ces deux cités ont des rues, places ou avenues qui portent le nom du célèbre général Leclerc, libérateur de Paris et d’une partie de la France. Il est vrai que ce nom est l’un des 10 premiers donnés en France.

Le 28 novembre prochain, cela fera 70 ans que le général disparaissait dans le sable algérien, lors du crash de l’avion à bord duquel il avait pris place. L’occasion de revenir sur un parcours glorieux, unique.

* * *

Philippe de Hauteclocque nait en Picardie, au château de Belloy, à Belloy-Saint-Léonard, le 22 novembre 1902. Adolescent pendant la Première Guerre mondiale, il voit les misères et aussi les joies de la Victoire de 1918. A l’âge de vingt ans, il décide de consacrer sa vie à son pays en choisissant la carrière des armes. Il faut dire que sa famille est de noblesse chevaleresque et que l’on sait ce que signifie être militaire.

Il entre à Saint-Cyr en 1922 et y reste deux années. En 1931, lors d’un exercice – il est alors instructeur de cavalerie – il se brise une jambe en tombant avec son cheval. Il devra marcher le reste de sa vie avec une canne. Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, avec le grade de capitaine, il subit le déferlement des chars d’assaut allemands, les fameux « Panzers ». Deux fois prisonnier, il s’évade les deux fois, alors que les armées du Reich occupent la France. Après l’Armistice, il rejoint le général de Gaulle à Londres en prenant « Leclerc » comme nom de guerre. Ce nom étant l’un des plus répandus dans sa Picardie natale. En 1945, il obtiendra que « Leclerc » soit ajouté à son patronyme afin que dans l’avenir lui et ses descendants s’appellent « Leclerc de Hauteclocque ».

Dès août 1940, le colonel Leclerc (il s’est attribué ce grade pour pouvoir discuter d’égal à égal avec des représentants militaires français gouverneurs en Afrique – grade confirmé par de Gaulle) rallie à la « France Libre » les colonies d’Afrique Equatoriale Française, lui donnant ainsi un territoire et une force militaire. Recevant le commandement du Tchad en décembre, il porte aussitôt ses efforts vers la Libye italienne.

Le 1er mars 1941, avec 400 hommes montés sur 60 véhicules et après une chevauchée de plus de 1500 kilomètres dans le désert, Leclerc s'empare de l'oasis de Koufra, symbole de la puissance italienne en Afrique. Le lendemain il fait jurer à ses compagnons "de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg". C'est le Serment de Koufra. Le général de Gaulle le fait Compagnon de la Libération et le nomme général.

L'année 1942, tournant de la guerre où les forces de l'axe Rome-Berlin commencent à essuyer des revers, est employée par le général Leclerc à reconnaître et conquérir le Fezzan, la partie occidentale de la Lybie. Après le débarquement allié au Maroc et en Algérie, la "Colonne Leclerc" fait jonction en janvier 1943 à Tripoli avec les forces britanniques emmenées par le général Montgomery.

Participant à l'éviction des Allemands et des Italiens de Tunisie, la colonne devenue la "Force L" puis la 2e Division Française Libre arrive à Tunis le 8 mai 1943. Au cours de toutes ces campagnes, Leclerc vit auprès de ses hommes couchant comme eux à même le sol, s'inquiétant à chaque instant de leur moral et de leur ravitaillement. Sa foi en la victoire finale, son sens du terrain et de la manœuvre, son omniprésence, l'ont fait adopter d'emblée par ses hommes qui lui apportent adhésion et dévouement sans faille.

Quand il reçoit, à l'été 1943, la mission de transformer la 2e Division Française Libre en 2e Division Blindée, le général Leclerc regroupe, à Témara sur la côte atlantique du Maroc, au fur et à mesure de leur arrivée, tous les éléments qui lui sont affectés : le noyau des Français Libres qui sont avec lui depuis près de trois ans, des unités déjà constituées de l'armée d'Afrique du Nord, des engagés et des appelés locaux, des Corses récemment libérés et les jeunes français évadés de France en passant par les Pyrénées et les geôles espagnoles. Il surmonte tous les problèmes, en particulier psychologiques, de la mise sur pied de cette grande unité en faisant apparaître, une fois de plus, son sens de l'humain et sa faculté innée de rassembler vers un but commun, des hommes d'origines et d'opinions très diverses. Le général Leclerc veut faire partager cette idée qui l'obsède : l'union de tous les Français est gage de succès.

Débarquée en Normandie en août 1944 en venant d'Angleterre, la 2e Division Blindée va participer, au sein de la Ill° Armée U.S. du général Patton, à la libération du territoire national. Elle est tellement marquée par la personnalité de son chef que très vite, elle est, pour les populations et les journalistes, la "Division Leclerc", voire même l'"Armée Leclerc".

Les étapes de la 2e D.B. se succèdent dans une charge fantastique. Alençon est libérée le 12 août et l'entrée de vive force dans Paris le 25 août, au milieu de la foule en liesse des Parisiens et des forces françaises de l'intérieur, les F.F.I., qui participent aux combats, permet au général de Gaulle de se faire acclamer en descendant les Champs Elysées.

Repartant vers l'Est, les hommes de Leclerc libèrent Vittel, anéantissent une Panzer brigade à Dompaire les 12 et 13 septembre et libèrent Baccarat le 31 octobre. Ils traversent les Vosges, âprement défendues et le 23 novembre 1944, Strasbourg est libérée.

Ils ont tenu le "Serment de Koufra".

Après de durs combats dans le Sud de l'Alsace, pendant plus de deux mois d'un hiver particulièrement rigoureux, la 2e D.B. participe, au sein de la 1ère Armée Française, à la libération de Colmar le 6 février 1945. Il n'y a plus d'Allemands en armes sur le sol français, à l'exception des poches de l'Atlantique où des éléments de la 2e D.B. vont libérer Royan en avril 1945.

Impatient d'entrer en Allemagne, le général Leclerc réussit à engager sa division en Bavière et s'empare de Berchtesgaden, le haut-lieu des nazis, trois jours avant la capitulation allemande.

En 1945, Leclerc, nommé général de corps d'armée est élevé à la plus haute dignité de la Légion d'Honneur (Grand Croix), reçoit le commandement du Corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient, le C.E.F.E.O., dans les rangs duquel se sont engagés plusieurs milliers d'hommes de la 2e D.B. pour suivre leur général.

Dirigé vers l'Indochine, où près de 40 000 français subissent les avanies et les exactions des Japonais occupant le territoire, le Corps Expéditionnaire va en quelques mois restaurer la présence française. Auparavant le 2 septembre 1945, le général Leclerc avait signé au nom de la France, la capitulation japonaise, en baie de Tokyo, à côté du général américain Mac Arthur.

D'octobre 1945 à juillet 1946, Leclerc faisant montre d'un sens politique en avance sur son temps, préconise une solution pacifique au conflit franco-vietnamien. Malheureusement incompris, il est rappelé en France.

Et c'est en Afrique du Nord, pendant plus d'un an que le général Leclerc va mettre une fois de plus ses talents au service de la France en tant qu'inspecteur des Forces Armées. Qu'il s'adresse à des militaires, par exemple, en fin de manoeuvres, ou bien à des populations qui le reçoivent avec les chefs locaux à leur tête, il ne manque jamais l'occasion de répéter inlassablement sa confiance en la France revenue au niveau des grandes nations, sa confiance dans cette armée française qui reprend la place qu'elle n'aurait jamais dû perdre. Et partout il insuffle autour de lui cette foi en l'avenir qui ne l'a jamais quitté, en incitant chacun à faire consciencieusement ce qu'il doit à la place qu'il occupe.

Et le 28 novembre 1947, au cours du vol aérien qui l'amenait d'Oran à Colomb Béchar pour une inspection, son avion pris dans un vent de sable, s'écrase au sol et prend feu. Il n'y a pas de survivant. Le général Leclerc trouve la mort sur cette terre d'Afrique qui avait connu ses premières armes et qu'il avait traversée du Sud au Nord sur le chemin de la Victoire.

Dans sa biographie de 1997, le colonel Maurice Courdesses ajoute : « Il y a donc exactement cinquante ans que disparaissait le général Leclerc, le patriote convaincu, le chrétien pratiquant, le rassembleur charismatique, le soldat intrépide, le chef audacieux, le tacticien hors-pair, le fin politique ».

Cinq ans après sa disparition, le Parlement vote à l'unanimité la loi qui élève à la dignité de Maréchal de France le général d'armée Philippe Leclerc de Hauteclocque.

Le général de Gaulle lui a rendu hommage à plusieurs reprises, en particulier en ces termes : "L'épopée de Leclerc, c'est, pour toujours, une des plus belles pages de notre histoire".

 

Sources :

 

  • Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean Moulin, Mairie de Paris).
  • Colonel Maurice Courdesses, Nov. 1997.
  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Encyclopédie Britannica.
  • Mémorial de Dormans.
  • Musée de Caen.
  • Général Jean Compagnon, Leclerc, Maréchal de France, Flammarion, 1994.
  • Général Vézinet, Le général Leclerc, 1997, France Empire.
  • François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole, Dictionnaire de la France Libre, Collection Bouquins, 2010.

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Publié le 17 Avril 2017

Paul Casta, de la 2e DB, mort pour la France.

Histoire de la 2e DB.

12 juillet 1940. Le capitaine de cavalerie Philippe de Hauteclocque, 38 ans, déjà deux fois évadé des mains allemandes, portant encore les traces d'une blessure à la tête reçue au combat, passe en Espagne. Son patriotisme, son honneur, la conception qu'il a de son métier font devoir à ce père de six jeunes enfants de rejoindre celui qui, de Londres, a lancé l'appel à poursuivre la lutte. Devant lui, c'est l'inconnu, l'aventure : il n'a jamais rencontré de Gaulle. Un mois plus tard, le 25 août, par une nuit d'encre, sous des trombes d'eau, devenu colonel Leclerc, il arrive en pirogue, avec une poignée d'hommes, à Douala, au Cameroun, en Afrique. Trempé mais vibrant de volonté, parlant au nom du général de Gaulle, il subjugue les Français qu'il rencontre, au premier rang desquels le capitaine Dio qui l'appuie de sa troupe et le ne quittera plus.

Après quelques semaines au cours desquelles l'Afrique française libre s'organise, réunissant le Gabon au Congo, à l'Oubangui, au Tchad et au Cameroun, Leclerc reçoit du général de Gaulle une nouvelle mission : prendre la tête des moyens militaires disponibles au Tchad et faire rentrer, avec eux, l'armée française dans la guerre. Alors commence l'épopée. Arrivé à Fort-Lamy le 2 décembre 1940, Leclerc parle dès le 3 d'aller attaquer Koufra, redoutable forteresse italienne perdue dans les sables, à quelque 2 000 kilomètres !

Au Tchad aussi les visages s'éclairent, mais les spécialistes hochent quand même la tête lorsque, le 25 janvier, les premiers éléments d'une colonne s'éloignent vers le nord-est, vers Koufra qui hante Leclerc. En tout, le Colonel n'emmène que deux cent cinquante hommes sur cent mauvais camions et il ne dispose que d'un canon.

Les débuts sont de fait fort difficiles : le climat, le terrain, l'absence de pistes, l'ennemi bien équipé offrent de gros obstacles. Malgré l'échec sanglant, le 30 janvier, de la patrouille britannique qui précédait la colonne, Leclerc maintient ses ordres : le 7 février, avec un élément léger, il va lui-même « tâter » la forteresse ; les 18 et 19, il livre à la Compagnie saharienne mobile italienne qui bat l'estrade sous les remparts, un combat décisif et, aussitôt, il met le siège devant la citadelle. Dix jours plus tard, le 1er mars 1941, contre toute attente et contre toute logique, grâce à la fougue, à l'imagination et au talent des hommes et du chef, la garnison ennemie capitule.

C'est le premier succès des armes de la France depuis l'été 1940. Sans attendre, le colonel Leclerc engage l'avenir : Ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs flotteront à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg. C'est le serment de Koufra, serment que tous ceux qui, désormais, se joindront à Leclerc se sentiront tenus d'accomplir.

Un an s'écoule ensuite, consacré à préparer l'opération qui permettra d'aller rejoindre les Britanniques au bord de la Méditerranée, au bout de 2 200 kilomètres de désert, vers le nord cette fois. Avant de donner le départ, il se décide à porter les étoiles de général que de Gaulle lui a données six mois plus tôt. Après des revers face au « Renard du Désert » (Rommel) à la tête de l’Africa Korps, la situation s’améliore du côté britannique. A l’automne 1942, il apparaît que la grande opération vers la mer va devenir possible. Entre-temps, les moyens se sont un peu étoffés : des hommes sont arrivés, venus du monde entier, anxieux de se joindre à ce jeune chef qui sait se battre et gagner ; des armements aussi, fournis par la France libre. Et c'est avec trois mille hommes cette fois, montés sur trois cent cinquante véhicules, non blindés certes mais corrects, appuyés de seize avions, que la colonne Leclerc s'élance vers le nord, peu avant Noël, au départ du Tibesti. Tous les postes italiens du Fezzan tombent les uns après les autres : Umm et Araneb le 4 janvier 1943, Gatroun et Brack le 6, Mourzouk le 8, Sebha (le chef-lieu) le 12, Midza le 22 ; le 24, nos avant-gardes rencontrent, dans Tripoli, celles de la VIIIe Armée de Montgomery : la mer est atteinte, cette Méditerranée qui borde aussi la France !

Commence alors la poursuite de l'ennemi qui reflue vers la Tunisie. Rapidement recomplétée en hommes, véhicules et équipements de toutes sortes, la colonne Leclerc devient la force L. Elle flanc-garde à l'ouest les gros de la VIIIe Armée, s'illustre en arrêtant le 10 mars, à Ksar Rhilane, une contre-attaque de Panzers, entre la première à Gabès le 29 mars et, le 20 mai, elle participe au défilé de la victoire dans Tunis libéré. Dès lors, il apparaît que la prochaine étape sera le continent, peut-être la France, ce que tout le monde espère. Mais, pour atteindre ce rêve, il va falloir que la maigre colonne sortie du désert se multiplie, s'équipe, s'instruise en vue des combats de tout autre dimension qu'elle espère. Cet amalgame, cette transformation, c'est au Maroc d'abord, près de Rabat, dans la forêt de Temara, puis, à partir de Pâques 1944, en Angleterre, dans de nombreux villages du Yorkshire, qu'ils s'accomplissent, vite, efficacement, au prix d'un travail acharné, sans pour autant que ni l'âme ni la foi qui avaient permis les succès antérieurs soient le moins du monde altérés.

Autour des vétérans d'origines déjà fort diverses - marsouins du Tchad, spahis d'Egypte, compagnies de chars reconstituées en Angleterre - se réunissent ainsi des régiments entiers d'Afrique du Nord demeurés jusque-là l'arme au pied, une unité de fusiliers-marins et une nuée de volontaires venus, seuls ou groupés, de tous les points du monde avec l'intense désir de se battre : jeunes gens et cadres de métropole, réchappés des prisons espagnoles ; corps-francs d'Afrique ; jeunes femmes arrivant des Etats-Unis avec leurs ambulances ; anciens guérilleros républicains espagnols, etc. Si beaucoup de choses peuvent les séparer, ils ont en commun d'être volontaires, d'aimer profondément la France, d'être jeunes et d'avoir de fiers caractères !

Vient le jour du débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944. La 2e DB est alors en Yorkshire, piaffant d'impatience, mais sûre que, bientôt, elle débarquera en France avec, bien sûr, Strasbourg comme point de mire. Mise à la disposition de la IIIe Armée américaine du général George S. Patton — quel plus fantastique entraîneur peut-elle espérer ? —, la 2e DB franchit la Manche dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1944. Débarquant à Utah Beach, au pied du Cotentin, elle est bien vite lancée, par la toute fraîche percée d'Avranches, dans le vaste mouvement qui permet de couper la retraite aux forces allemandes de Bretagne et de venir frapper sur le flanc sud de celles qui tentent de quitter la Normandie pour gagner la basse Seine. Les premiers combats de chars se livrent dans l'enthousiasme sous un ciel éclatant et la Division, poussant vers Argentan qui est son objectif, détruit dans les journées qui suivent, autour et dans la forêt d'Ecouves, ce qui reste de la grande unité ennemie. Ce brillant succès contribue à la libération de tout l'ouest de la France, il est pour tous la preuve que l'outil durement trempé au Maroc et en Angleterre est valable.

Malgré les hésitations, les réticences, les craintes du haut-commandement allié, Leclerc arrache l'ordre et, le 23 au matin, la 2e DB quitte Argentan en direction de la capitale. Le soir même, à Rambouillet, dans un brouhaha de veille de fête, Leclerc signe l'ordre d'opérations pour le lendemain : Mission : 1° s'emparer de Paris... De Gaulle, qui l'a rejoint, lui dit simplement : « Vous avez de la chance ! »

Le 24 août, en deux colonnes, la Division s'élance vers Paris. Par la vallée de Chevreuse, Jouy-en-Josas, Clamart, Massy, Wissous, Fresnes, le groupement Billotte fraye leur chemin à coups de canon. Les Allemands, solidement armés, se battent bien ; mais le soir, vers 20 heures, à la Croix-de-Berny, Leclerc sent qu'une occasion se présente : il saisit le capitaine Dronne au passage et il le lance, avec trois chars et trois sections sur half-tracks, vers le cœur de Paris. L'audace est payante : à 21 heures 22, Dronne arrive place de l'Hôtel de Ville, les cloches de la capitale sonnent à toute volée ; les Parisiens frémissent. Le lendemain 25, c'est le coup de grâce : la 2e DB entre dans la ville, s'empare du gouverneur allemand et réduit au silence tous les centres de résistance. Près d'une centaine des nôtres, souvent des Parisiens d'ailleurs, trouvent la mort dans ces opérations toujours sanglantes ; mais, dans les rues, quelle joie, quel soulagement ! Les groupes de résistance, qui se battaient depuis près de huit jours à un contre dix, soupirent et fêtent ces soldats français providentiels que Paris attendait depuis quatre ans sans trop y croire.

Après dix jours consacrés à remettre en état les quatre mille véhicules, à recompléter les rangs, à prendre un repos et une détente bien mérités aussi, le 8 septembre la Division reprend la route. Pas un homme ne manque au départ : qu'on y songe en pensant à ceux, nombreux, qui, absents depuis deux, trois ou quatre ans, auraient pu estimer pouvoir céder leur place à d'autres... La direction est l'est, bien sûr. La 2e DB retrouve sa place dans le dispositif américain avec le XVe Corps et, dès la Marne franchie, elle aborde l'ennemi, Il faut se battre, sévèrement, à Andelot, puis, entre Meuse et Moselle, à Contrexéville, Vittel, et surtout Dompaire où les sous-groupements Minjonnet et Massu rencontrent une Panzerbrigade toute fraîche, équipée de chars neufs, lancée en contre-attaque. En même temps, plus au nord, le mouvement en avant s'est poursuivi et, dans la matinée du 15, le sous-groupement La Horie franchit la Moselle à Châtel. Nos éléments y subissent une nouvelle contre-attaque, la déjouent de nouveau, s'avancent jusqu'à la Mortagne de Doncières à Moyen, passent la Meurthe de vive force le 22 dans la région de Flin et, finalement, s'arrêtent, sur ordre, dans la forêt de Mondon, au sud de Lunéville. Un répit est nécessaire pour que les Forces alliées se regroupent avant d'aborder les Vosges, pour que les ravitaillements suivent, pour qu'hommes et véhicules se reconstituent après une chevauchée de quinze jours riche en péripéties.

Pendant tout le mois d'octobre, donc, la 2e DB s'immobilise. Si elle cesse d'avancer, elle ne cesse pas de se battre contre un ennemi qui reste actif et qui harcèle nos postes.

Minutieusement montée, mettant en œuvre six sous-groupements dont chaque temps est réglé, l'attaque de Baccarat menée de main de maître réussit au moindre prix : elle sera plus tard comparée à un menuet du Grand Siècle. Puis, derrière le gros du XVe Corps américain qui se heurte à la ligne de défense que les Allemands ont pu réaliser au pied des Vosges, les escadrons de reconnaissance du 1er Régiment de marche des spahis marocains guettent la première percée : elle se produit les 15 et 16 novembre. Leclerc y engouffre aussitôt ses moyens et, dès lors, la course commence. Au nord, le groupement Dio vise Saverne en franchissant les Vosges, soit par le col de Saverne, soit par la Petite-Pierre. Au sud, le groupement de Langlade, profitant de la chute de Badonviller obtenue le 17 par le sous-groupement du lieutenant-colonel de La Horie — qui y trouve la mort —, passe la crête du Dabo ; le groupement V, du colonel de Guillebon le suivra et, en plaine, tout le monde convergera vers Strasbourg.

Trois ans et huit mois après Koufra, le serment est ainsi tenu. Retrouvant son vieux compagnon sous les dorures du Kaiserpalast encore soumis aux tirs de l'artillerie allemande, Leclerc peut lui dire : « Hein, mon vieux Dio ! On y est, cette fois ! Maintenant, on peut tous crever ! ».

La guerre pourtant n'est pas finie et l'Alsace, pendant plus de deux mois, va demeurer le champ d'action et le souci de la 2e DB. L’ennemi organise ce qui devient la « poche de Colmar ». L'hiver 1944-1945 est particulièrement rude, nos hommes, nos blindés peinent souvent dans la boue, dans la neige. Entre Noël et le 1er janvier, la contre-offensive allemande des Ardennes oblige le commandement allié à envoyer la 2e DB au nord des Vosges. Aussi est-ce avec beaucoup de rage que les nôtres, unissant leurs efforts à ceux des unités françaises venant du sud, portent leurs coups aux dernières résistances allemandes qui cernent encore Colmar. De sévères combats se livrent, sous un climat cruel, sur un terrain particulièrement difficile : ils culminent à Grussenheim où, le 28 janvier, s'illustre une fois de plus le 501e Régiment de chars de combat, où tombe aussi le lieutenant-colonel Putz, figure de proue du Régiment de marche du Tchad dont il commandait le 3e Bataillon.

Ces opérations achevées, Colmar libéré, le sol national n'était pourtant pas encore totalement débarrassé de toute présence ennemie. Des garnisons allemandes subsistaient sur nos côtes atlantiques, notamment à La Rochelle et à Royan. Pour les anéantir, le général de Gaulle choisit la 2e DB et, du 15 au 17 avril 1945, donnant la main aux vaillantes unités des Forces françaises de l'Intérieur qui ont tenu ce front depuis l'été 1944, nos chars et notre artillerie se donnent à fond près de l'estuaire de la Gironde.

Il n'est alors que temps de repartir vers l'est pour être présent aux dernières opérations de la guerre en Europe. Les premières colonnes, parties le 23 avril de Royan, franchissent le Danube le 29. Ainsi allons-nous pouvoir jouer notre rôle aux côtés des Alliés ; ainsi, le 4 mai au soir, est-ce l'avant-garde du Groupement V qui pénètre la première dans Berchtesgaden, qui met en fuite les derniers défenseurs de la demeure favorite du Führer, le Berghof. A ce moment, les derniers éléments de la 2e DB n'ont pas encore quitté la France, mais d'un bout à l'autre de la colonne, quelle fierté !

 

Paul Casta.

Paul Casta nait le 23 avril 1926 à Urbalacone, dans le département de Corse-du-Sud. Engagé volontaire le 10 septembre 1943 à Djidelli (secteur de Constantine), il rejoint le 2e RMT (Régiment de Marche du Tchad) et sa 5e compagnie. Le régiment dépend du sous-groupement du lieutenant-colonel Jacques Massu (Groupement Tactique Langlade). Après le transfert de la division en Angleterre, il débarque en France le 4 août 1944.

Il prend une part active aux combats qui se déroulent en Normandie. Nommé soldat de 1ère classe le 16 août, Paul Casta est cité à l’ordre de la Division le 20 août. Quatre jours plus tard, il combat au Pont de Sèvres. Il est de ceux qui ont reçu l’ordre d’une manœuvre de diversion ayant pour axe : Dampierre, Chevreux, Toussus-le-Noble, Jouy-en-Josas, bois de Meudon et Pont de Sèvres.

Au cours des combats du Pont du Sèvres, dans la nuit du 24 au 25 août 1944, alors que l’ennemi pénètre les positions de la section, Paul Casta est mortellement atteint. Il s’était lancé dans une contre-attaque à la grenade. Son décès est constaté à l’hôpital des Petits Ménages (Corentin Celton) à Issy. Il est inhumé dans un carré militaire du cimetière communal avec les honneurs militaires.

A titre posthume, Paul Casta sera cité à l’ordre de la Division, recevra la Médaille militaire et son nom sera inscrit au Livre d’Or de la 2e Division Blindée.

Cimetière d’Issy-les-Moulineaux. De gauche à droite, les sépultures des soldats Mohamed Ben Abdeslem, Jean Salis et Paul Casta.

Cimetière d’Issy-les-Moulineaux. De gauche à droite, les sépultures des soldats Mohamed Ben Abdeslem, Jean Salis et Paul Casta.

Sources :

  • Texte du général Philippe Duplay, La 2e DB de Doula à Berchtesgaden, Revue L’Espoir, n°107, 1996.
  • Biographie de Paul Casta par l’Amicale d’Antibes-Vence-Cannes de la 2e DB avec le concours de la Fondation de la France Libre.
  • Site du Ministère de la Défense pour la photographie de l’arrivée de la 2e DB dans Paris.

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Publié le 18 Février 2017

N'oubliez pas Bir-Hakeim.

André Salvat s’est éteint cette semaine. Il avait 96 ans. Il a été enterré à Perpignan, ville où il s’était retiré il y a quelques dizaines d’années. Il était l’un des 13 derniers Compagnons de la Libération. Et il était l’unique survivant de la bataille de Bir-Hakeim.

Il y a quelques années, j’avais rencontré Pierre Messmer. Il m’avait dit, me fixant de ses yeux d’un bleu acier : « Tout de même à Bir-Hakeim, on avait été sacrément gonflé ! ».

 

Enfance.

André Salvat est né le 16 mai 1920 à Prades, dans les Pyrénées-Orientales. Son père, grand mutilé de la Première Guerre mondiale, et sa mère, tiennent un petit commerce d’épicerie à Perpignan. Enfant de troupe dans une Ecole militaire préparatoire, André Salvat s’engage naturellement dans l’armée, en mai 1938, dès sa sortie de l’Ecole.

En juillet 1939, il est affecté au 24e régiment d’infanterie coloniale (RIC) à Tripoli, au Liban, alors sous mandat français.

 

La Seconde Guerre mondiale.

Le 27 juin 1940, dès que le général Mittelhauser dépose les armes en Syrie – aussi sous mandat français – André Salvat refuse l’armistice et passe en Palestine avec le capitaine Folliot, à l’aide de faux ordres de mission.

Rassemblée au camp de Moascar en Egypte, la Compagnie Folliot, équipée et armée par les Anglais, est rejointe par les 350 hommes du 3e bataillon du 24e RIC, emmenés par le capitaine Lorotte, en provenance de Chypre. Ils forment ensemble le 1er bataillon d’infanterie de Marine (1er BIM) dont la Compagnie Folliot devient la 1e Compagnie.

Cette compagnie participe à la première campagne de Libye contre les Italiens et est la toute première unité Free French (Français Libres) à reprendre le combat en septembre 1940. André Salvat, affecté à la Compagnie Folliot en qualité de sergent, participe aux batailles de cette campagne : Sidi-Barrani, Sollum, Bardia, Tobrouk, Benghazi, El Agueila. Au cours de celle-ci, sa section, sous les ordres du lieutenant Barberot, fera plusieurs centaines de prisonniers. Après la prise de Bardia, André Salvat sera décoré parmi les premiers, de la Croix de la Libération.

Il prend part ensuite, toujours avec le 1er BIM, à la campagne de Syrie en juin 1941, avant de suivre les cours d’élève aspirant à Damas, en septembre 1941. Nommé aspirant, André Salvat est affecté au bataillon du Pacifique (BP 1) dès sa sortie du camp Colonna d’Ornano.

En 1942, il prend part, comme chef de section, à la seconde campagne de Libye et à la bataille de Bir-Hakeim. Toujours volontaire pour des missions dangereuses, il est blessé par des éclats de balles au  cours de la sortie de vive force de la position le 11 juin 1942.

 

Bir-Hakeim : un exploit.

Rappelons-nous ce qu’était Bir-Hakeim. Il s’agissait du nom d’un point d’eau désaffecté au milieu du désert de Libye, au sud de Tobrouk. La bataille proprement dire se déroula du 26 mai au 11 juin 1942, durant ce que les historiens appelèrent la « guerre du désert ».

Face à la Première brigade française libre (future 1e division française libre) du général Marie-Pierre Koenig – forte de 3.700 hommes – il y avait des Italiens et surtout les 37.000 hommes du « Renard du désert » : Erwin Rommel !

Les Français et alliés s’étaient retranchés dans ce point d’eau. La 1e brigade française libre était alors divisée en deux groupements : le premier dirigé par le lieutenant-colonel Amilakvari (qui allait trouver la mort à El-Alamein quelques semaines plus tard) et le second par le lieutenant-colonel de Roux.

Au sein de ces deux groupements, il y avait des soldats français mais aussi des volontaires des colonies françaises d’Afrique du Nord, des Calédoniens, des Polynésiens, des républicains espagnols – des professionnels de la guérilla – et des soldats d’autres nations encore. Quant aux armes, il y avait aussi bien des artilleurs, des coloniaux, des légionnaires (dont Jean Simon – futur général – et Pierre Messmer – futur Premier ministre de la France), en fait tous celles et ceux qui s’étaient portés volontaires. « Celles » car quelques infirmières étaient présentes, et elles ne furent pas les moins courageuses, telle cette infirmière – amie proche du général Koenig – qui conduisit la jeep à toute vitesse qui allait traverser les lignes allemandes, emmenant à son bord le général !

Pendant seize jours, les forces françaises tinrent le coup face aux hordes allemandes. Rommel, qui avait commencé par envoyer les Italiens (la Libye était colonie italienne) puis par négliger cette résistance, finit par être piqué au vif de voir ses chars (il en perdit ainsi près de 70 !) détruits par des Français, habillés et équipés comme des gueux, mais d’un courage inimaginable.

Rommel fit manœuvrer l’Afrika Korps en direction de Bir-Hakeim, afin de réduire en poussière ces soldats qui avaient osé les défier. La résistance était alors vaine. Une sortie fut décidée. Des dizaines de Français se sacrifièrent lors de celle-ci. Au total, la brigade française libre perdit 140 hommes et eut 229 blessés et 841 prisonniers. Mais les Allemands perdirent plus de 3.300 soldats. Et surtout, l’affaire de Bir-Hakeim permit aux troupes Anglaises d’avoir tout le temps de se préparer à recevoir les Allemands à El Alamein. La victoire britannique fut totale et ainsi commença le repli des armées du Reich, repli qui allait se concrétiser avec la défaite de Stalingrad quelques mois plus tard.

Bir-Hakeim fut la première contribution militaire d’importance des Forces Française Libres. Elle fut pour beaucoup dans la reconnaissance politique par les Alliés du Comité national de la France Combattante.

Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle relata ainsi sa réaction lorsqu’il apprit l’exploit de Koenig et de sa brigade : « Je remercie le messager, le congédie, ferme la porte. Je suis seul. Oh ! cœur battant d’émotion, sanglots d’orgueil, larmes de joie ! »

 

La Libération de la France.

Promu sous-lieutenant fin juin 1942, André Salvat est ensuite affecté au bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique (BIMP) tout juste créé par la fusion du BP 1 et du 1er BIM, durement éprouvés à Bir-Hakeim. Il combat ensuite à El Alamein en octobre 1942.

Promu lieutenant en décembre 1943, il combat en Italie et se distingue dans les combats autour de Girofani, les 11 et 12 mai 1944, en menant ses hommes à l’assaut. Il est blessé une seconde fois par balle, le 16 mai à San Giorgio, mais refuse de se faire évacuer avant d’avoir totalement rempli sa mission. Il est cité à l’ordre de l’Armée.

Le 17 août 1944, il débarque en Provence et se fait de nouveau remarquer par sa bravoure. Il s’empare, dans la nuit du 21 au 22 août, de la cote 156 à Hyères et résiste avec sa section à six contre-attaques ennemies. Il est encore une fois blessé par balle lors des combats pour la prise de Toulon, le 25 août 1944.

Evacué vers l’Italie, il retrouve son unité deux mois plus tard dans les Vosges, participe à la campagne d’Alsace et termine la guerre dans le massif de l’Authion, dans le sud des Alpes, en avril 1945.

 

En Indo puis en Algérie.

Après la fin des hostilités, il poursuit sa carrière militaire. En 1945, il est instructeur à Coëtquidan avant de servir pendant plusieurs années au Maroc, au Sénégal et au Congo Brazzaville. En octobre 1953 le capitaine Salvat débarque à Saigon et prend part aux opérations en Indochine. Deux fois cité, il est blessé une quatrième fois en juin 1954 en Centre Vietnam ; fait prisonnier, il reste interné trois mois.

Il est ensuite aide de camp du général Delange, adjoint au commandant de la 10e région militaire en Algérie, avant de prendre, en 1957, le commandement du 2e bataillon du 9e RIC en Kabylie pendant un an.

Après un séjour outremer, il sert en Allemagne, de 1962 à 1966, à Baden-Baden puis à Berlin. Affecté ensuite commandant en second au 1er RIMa à Grandville jusqu’en 1967 avant d’être désigné comme attaché de défense à Kinshasa (Zaïre) jusqu’en 1971. Il est détaché à Toulon jusqu’en 1973 comme officier de liaison de l’armée de terre (OLAT) auprès de l’amiral commandant en chef en Méditerranée.

En avril 1973, le colonel André Salvat fait valoir ses droits à la retraite et se retire à Perpignan. Il est décédé le 9 février 2017 et est enterré avec les honneurs militaires. Il n’a jamais voulu parler de Bir-Hakeim.

 

Décorations.

 

  • Grand Officier de la Légion d'Honneur
  • Compagnon de la Libération - décret du 7 mars 1941
  • Croix de Guerre 39/45 (3 citations)
  • Croix de Guerre des TOE (2 citations)
  • Croix de la Valeur Militaire (1 citation)
  • Médaille Coloniale avec agrafes "Libye 42", "Bir-Hakeim", "E-O"
  • Médaille Commémorative du Levant
  • Médaille Commémorative de la Campagne d'Italie
  • Médaille Commémorative de la Campagne d'Indochine
  • Médaille Commémorative des Opérations de Sécurité et du Maintien de l'Ordre en AFN
  • Croix de la Vaillance Vietnamienne
  • Croix Militaire de 1ère classe (Zaïre)

 

Alors, la prochaine fois que vous prenez le métro à Paris, et que vous passez à la station Bir-Hakeim, pensez à André Salvat, à tous ses compagnons qui sont morts pour la France, loin, très loin, au fond du désert libyen.

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Site Internet des Compagnons de la Libération.
  • France Inter – Chronique de patrick Cohen.
  • Journal Le Monde.
  • Journal La Croix.
N'oubliez pas Bir-Hakeim.

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