Publié le 17 Février 2008

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Comme chaque année, le Comité d’Issy-les-Moulineaux participera aux commémorations de la bataille de Verdun. Celles-ci se dérouleront le samedi 23 février 2008, entre autres, au monument aux Morts pour la France du square Bonaventure Luca.

Sur ce monument figure le nom d’Adrien Patry, mort à Verdun le 13 mars 1916. 

Adrien Patry appartenait au 16ème bataillon de Chasseurs à pied, régiment d’élite, créé en 1854 à Grenoble. Il participe aussitôt à la guerre de Crimée (1854-1856) puis à l’expédition de Syrie (1860) et la campagne d’Algérie (1864-1866). Pendant la guerre de 1870, il se distingue à nouveau. 

A l’occasion de la Première Guerre mondiale, le "16", sous le commandement du Chef de bataillon Cheneble, est envoyé sur le terrain de la bataille de la Marne ; par la suite, il part pour la Belgique, pour prendre à l’ennemi une position essentielle : Ramscapelle. En 1915, c’est l’Argonne et l’attaque de l’Auberive, où le régiment est décimé. L’année suivante, le "16" est engagé dans la bataille de Verdun. C’est là qu’Adrien Patry tombe pour la France. Les combats se déroulent d’abord sur la rive droite de la Meuse, à Froideterre, Thiaumont puis sur la rive gauche dans les secteurs de Chattancourt et du Mort-Homme. Comme si cela n’était pas suffisant, le régiment est ensuite envoyé dans la Somme, pour prêter main-forte à l’Armée anglaise dans l’offensive de la Somme. 

En 1917, le 16ème BCP est affecté à Berr-au-Bac puis de nouveau à Verdun où il reçoit sa 4ème Citation à l’Ordre de l’Armée (7 citations au total ce qui lui vaut de porter – fait rarissime – la fourragère aux couleurs de la Légion d’Honneur). En 1918, le "16" est engagé dans les Ardennes, en Lorraine et en Champagne. 

Le "16" se distinguera également pendant le Seconde Guerre mondiale ; depuis, les actions se sont multipliées pour lui : Bosnie, Liban, Kosovo, Côté d’Ivoire, Guyane, Afghanistan, Centrafrique. 

La devise du 16ème BCP vient de ses Anciens de 14-18 : « 16ème Bataillon de Chasseurs à pied, 16ème bataillon d’acier ! ». 



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Publié le 12 Février 2008

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« En 1943, j’ai traversé l’Espagne comme des dizaines de milliers d’autres jeunes Français (il n’y avait que deux conditions ; d’abord, savoir marcher en montant ; cause : les Pyrénées ; la seconde : ne pas se faire piquer par les Allemands ; cause : l’Occupation). A Alger, après Gibraltar, j’ai refusé de partir aux USA pour compléter une formation de pilote et, étant arrivé, j’ai demandé l’unité para la plus proche. 

Et c’est ainsi que j’ai atterri à Staouéli, à l’ouest d’Alger, au Bataillon de Choc du cher commandant Fernand Gambiez. Mais, manque de chance, ledit Bataillon venait de terminer son stage de transformation parachutiste. Et voilà pourquoi de fil en aiguille, à la tête de la 3ème section de la 3ème compagnie (les meilleurs…), j’ai « fait » trois débarquements en petits bateaux (LCI ou LCA) : la Corse en 1943 ; l’Ile d’Elbe et la Provence en 1944. 

Quand, en 1945, après quelques blessures, j’ai rejoint mon « alma mater », l’Armée de l’Air, je n’avais toujours pas sauté en parachute. Ceci devint une obsession, un regret forcément lancinant, d’autant qu’en 1959, en Algérie, je fus officier « Air » d’une glorieuse unité para : la 10ème D.P. des généraux Gracieux puis Saint-Hillier. 

Voilà pourquoi, ayant acquis avec mes étoiles de brigadier une plus grande liberté d’action, j’ai demandé à sauter vers 1975. Compte-tenu de mes blessures aux jambes, les toubibs dirent « au fou », jusqu’à ce que, lassé, un chef-toubib finit par déclarer : « Il veut sauter ? Qu’il saute ! ». Ce que je fis. 

Je le fis naturellement avec mes camarades des Commandos de l’Air, à Nîmes (salut au capitaine Ciappa). Nous sautions à partir d’un « Broussard » et j’aimais beaucoup cela, être assis par terre, les jambes à l’air avant de se balancer. Aussi, un jour de 1977, je participai à Avignon à un rassemblement para, devant le Chef d’état-major de l’Armée de l’Air de l’époque, le général Maurice Saint-Cricq, mon ami. Seulement voilà, à l’arrivée au sol, je sentis et entendis un « crac », à droite. Disons-le tout de suite, c’était la « bi-malléolaire » (sous-entendu la fracture) et deux mois de plâtre. Et mon chef vénéré vint alors vers moi : « Je te l’avais bien dit que tu jouais au c.. ». Et comme l’a dit un autre général, jaloux : « Ces trucs-là, faut les réussir ou s’abstenir ».

 Quel dommage. C’était le 4ème saut, pas le 5ème, qui lui m’aurait permis d’avoir droit à la plaque souvenir.
C’est alors que je me suis rappelé m’être éjecté d’un Mystère IV en vrille que je ne parvenais pas à arrêter. J’étais pilote d’essais chez Monsieur Marcel Dassault, avant les « Mirages » et toute la série. C’était vingt ans avant, en 1955. J’ai dit cela à mes camarades de l’Armée de Terre : « 4 + 1 : ça fait 5 ! ». Ils ont condescendu à l’admettre. Et c’est ainsi que l’insigne de parachutiste est aujourd’hui en bonne place dans ma bibliothèque.

 

Vive les paras !

 

Général Roland Glavany

Grand Croix de la Légion d’Honneur. »




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Publié le 3 Février 2008


 

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Jacques Vignaud (en haut – 2ème à partir dr.) et ses camarades du 93ème R.I.


Novembre 2007, rue Foucher Leppeltier à Issy-les-Moulineaux. Nous rencontrons Jacques Vignaud, directeur commercial à la retraite (monde de l’édition). Sous le regard apaisant de statues de Bouddha – Madame Vignaud est d’origine thaïlandaise – Jacques Vignaud entreprend le récit de son engagement de 1944.

« Je pense souvent à ce mot de Maurice Druon : « Ce sont cent mille jeunes pouilleux qui, en se levant spontanément, ont sauvé l’honneur de la France ». J’avais à peine 18 ans en 1944 et pour moi l’engagement était évident. Mais comment faire ? En fait, tout s’est déroulé le plus naturellement possible. Un après-midi d’août 1944, alors que nous nous baignions dans un petit village de ma Vendée natale – à Pilorge – deux des plus âgés de notre bande d’adolescents nous disent qu’ils ne rentreront pas chez eux le soir. Ils nous demandent de les suivre et de prendre le maquis. C’est l’enthousiasme général. Le temps d’écrire un mot à nos parents, et avec notre sac de plage pour tout bagage, nous quittons le village, laissant le plus jeune garçon chargé de distribuer nos mots d’adieux !

 

Nous partons pour la forêt de Mervent, en Vendée. L’attente est interminable. Tout à coup, nous voyons un camion se rapprocher. Nos aînés nous demandent la plus grande discrétion. Certains ont peur : « Et si c’était un piège ? ». Le camion est proche maintenant. Il s’arrête. Une bâche se soulève. Et apparaissent des parachutistes en uniforme, casqués et solidement armés. Nous apprenons qu’ils font parties des fameux SAS britanniques. Nous sommes conquis ! Pour nous, qui ne connaissions que les uniformes de la Wehrmacht, la SS et les Gardes Mobiles de Réserve – à la solde de Vichy – l’apparition relève du merveilleux. Notre liberté commence.

 

Nous sommes transportés dans un manoir, proche de la commune de la Chapelle aux Lys. Les parachutistes nous habillent, expliquent le retrait des troupes allemandes dans les ports de l’Atlantique, forteresses puissamment armées. Il s’agit de créer des actions de sabotage et d’embuscade afin d’harceler les regroupements des unités ennemies.

 

Mes premières missions sont assez simples. A vélo, je dois reconnaître les environs et rechercher des lieux d’approvisionnement en carburant. Les repérages faits, les réquisitions peuvent commencer.
Quelques jours plus tard, une section régionale des Gardes Mobiles de Réserve obtient son ralliement à notre unité de Français Libres. La situation est cocasse : ceux pour qui nous étions encore des « terroristes » peu de temps avant, viennent nous congratuler et nous féliciter de notre engagement. Les effectifs sont tels que plusieurs groupes sont formés. En récompense de m’être vanté d’avoir déjà conduit un camion, j’obtiens le volant d’un Citroën 11 CV ! Sur la route, avec les conseils d’anciens, j’achève mon « école de conduite ».

Notre groupe se dirige vers Marans (Charente-Maritime). Là, nous intégrons le 93ème régiment d’Infanterie – le régiment des Vendéens – et prenons position. L’une des caractéristiques de l’armée est bien la discipline. Mais pour nous, qui débordons de vitalité, pas question d’attendre. Avec un de mes camarades, nous quittons notre poste et nous dirigeons dans le no man’s land. A quelques kilomètres, les forces allemandes ont placé des unités chargées de protéger le repli vers ce qui devient la « poche » de La Rochelle. Nous marchons depuis un moment, quand nous tombons sur deux soldats de la Wehrmacht. Nous les mettons en joue. Ils n’opposent aucune résistance, lèvent les bras et hurlent qu’ils sont autrichiens, qu’ils n’ont rien à voir, avec « cet Hitler ». Nous qui pensions recevoir des félicitations à notre retour, prenons une engueulade sévère de notre commandant de poste, pour avoir pris des initiatives sans ordres précis.

 

Nous sommes mutés dans l’unité du lieutenant Gayard, qui dirige la 2ème compagnie du 93ème R.I. Le chef de poste, l’adjudant Denis, nous donne l’ordre aussitôt d’attaquer des éléments avancés, proches de notre campement de la ferme dite La Prée. Nous sommes quatre, et, en nous dissimulant d’arbre en arbre, nous progressons jusqu’à ce que nous parvenions en vue des ennemis. A ce moment-là, je mets mon fusil-mitrailleur en position de tir, et le pourvoyeur prépare les chargeurs pour son alimentation. Nous sommes tous les quatre allongés sur le sol, bien dissimulés dans l’herbe, aux pieds de grands arbres. Lors de la visée, j’aperçois distinctement les uniformes de la Wehrmacht autour du poste. L’adjudant donne l’ordre : « Feu » ! Je tire et je vide en rafales plusieurs chargeurs, jusqu’à ce que nous constations que le canon du fusil mitrailleur est devenu rouge ! Dès le début de notre attaque, les Allemands se sont couchés. Mais ils se ressaisissent et nous devons nous replier sous les rafales de leurs mitrailleuses.

 

Fort de ce fait d’armes, le soldat Baugé et moi-même, obtenons une permission d’une journée que nous passons dans la petite ville de Marans. Juste le temps nécessaire pour que les Allemands attaquent notre ferme… Nos camarades ont pu s’enfuir sans pertes. Alors, avec Baugé, nous nous installons dans une nouvelle ferme, assez proche, au lieu-dit Saint-Léonard. Là, grâce aux animaux d’élevage et la gentillesse des paysans, nous pouvons voir venir.

 

Le 15 janvier 1945, par un froid sibérien, les Allemands attaquent tous nos postes. Il s’agit pour eux de se procurer du ravitaillement. Nos forces se battent avec courage. Les pertes sont nombreuses. Toutes les fermes sont prises d’assaut. Avec Baugé, nous devons, une fois de plus, reculer face à un ennemi bien plus puissant que nos mitraillettes légères. Dans notre retraite, nous croisons des compagnons d’infortune. C’est à cinq, que, pour échapper aux balles ennemies, nous décidons de traverser le canal de Marans à la Rochelle, en empruntant la passerelle d’une petite retenue d’eau. Sous les tirs intenses, nous devons descendre dans le marais. Les tirs continuent. Alors, nous brisons la glace et nous nous enfonçons dans l’eau profonde. Persuadés que le froid nous emportera, les Allemands se replient. Leur approvisionnement est bien plus important que cinq pauvres jeunes gars.

 

Nous devons nous sauver. Et vite, car en plus l’un de mes camarades a reçu une balle dans le pied. Pour cela, nous faisons deux groupes : deux vont partir avec le blessé et se rendre aux ennemis ; avec Baugé, nous décidons de poursuivre notre retraite. Nous devons traverser à nouveau un canal. La glace, qui semblait épaisse, cède en plusieurs endroits. Nous voilà trempés jusqu’aux os. Il est très clair que nous ne pouvons, sans risque grave, rester des heures dans cette situation. Nous nous dirigeons vers une maison isolée. Après avoir brisé un volet, nous accédons aux chambres du premier étage et nous empruntons des serviettes et quelques vêtements. Enfin, nous allons pouvoir dormir…

 

Mais dès notre réveil, nous entendons distinctement des voix qui semblent être toutes proches. En examinant plus attentivement, nous découvrons avec horreur qu’un poste de garde composé de plusieurs soldats allemands s’est installé dans la nuit. L’un d’eux s’approche. C’est certain : il va découvrir les vêtements boueux que nous avons laissé dans la cuisine. Nous allons être pris. De fait : les soldats pénètrent dans la maison. Nous entendons leur progression. Se battre ne servirait à rien, nos armes ont été perdues pendant la traversée du canal. Alors, levant les bras bien haut, il ne nous reste plus d’à nous rendre.

 

Les Allemands nous emmènent jusqu’à Marans ; de là, nous montons dans un train blindé en direction de La Rochelle. Comme des centaines de nos compatriotes, nous voilà prisonniers dans la caserne Renaudin. Dès l’instant où je rentre dans la cellule, ma conviction est faite : me sortir d’ici au plus vite. Certains des nôtres préfèrent ne pas bouger, la victoire finale étant proche. Ils n’ont pas torts. Pour autant, pas question de se laisser faire.

 

La caserne Renaudin est presque entièrement désaffectée ; seul notre étage – le premier – est occupé. Nous nous apercevons qu’un véritable dédale de couloirs compose le bâtiment. L’un d’eux donne sur le mur de notre cellule. Il suffirait de percer ce mur – qui semble bien avoir été ajouté – pour sortir. Nous utilisons les toilettes pour évacuer les gravats. Tout le monde s’y met : les soixante-trois prisonniers de notre grande cellule vont tour à tour nous aider – nous sommes une dizaine bien décidés à nous faire la belle – à faire disparaître les preuves de nos travaux. Du côté allemand, l’encadrement officier et sous-officier, conscient de l’infériorité du moral de ses troupes, tente de compenser cette faiblesse par des manifestations d’autoritarisme excessives et spectaculaires, pour impressionner. Nous recevons à n’importe quel moment du jour et de la nuit des visites. Parfois, ils sont imbibés de cognac et de pineau… « J’ai donné l’ordre de tirer sur les prisonniers qui tenteront de s’évader et vous serez fusillés ! ». Mais l’espoir a changé de camp.

 

La date de l’évasion est fixée au 12 février 1945. En fin d’après-midi, alors que la nuit commence à tomber, nous passons par le trou que nous avons creusé ; nous descendons en bas de l’escalier et parvenons, sans trop de soucis, jusque dans la cour. Il nous faut maintenant la franchir et parvenir de l’autre côté, vers les fameuses toilettes. Ça ne sent pas bon, mais jamais cette odeur ne nous a paru si opportune. Le mur d’enceinte s’offre à nous. Nous devons, pour l’escalader et descendre de l’autre côté, attendre que le faisceau du projecteur et que le gardien avec son chien soient loin. Au moment opportun, nous sautons à l’extérieur. Pour autant, rien n’est encore joué. Il faut maintenant traverser la ville et nous rendre à notre point de rencontre : une maison dont un gardien nous a donné la clé, cachée dans une boule de pain. Dans une rue de La Rochelle, nous croisons une patrouille allemande. La chance est avec nous. Il ne s’agit que de « pépés » débonnaires, qui n’ont certainement pas envie de se créer des problèmes. Nous nous rendons dans la maison afin d’y passer la nuit. Au petit jour, des Résistants viennent nous chercher ; nous montons sur un bateau pour être exfiltrés vers l’île d’Aix. Puis ce sera Fouras et Rochefort.

 

C’en est terminé de notre guerre. Bientôt les Allemands se rendent en masse. Notre joie est indescriptible. Pourtant. Ombres funestes. Je pense à tous nos camarades qui n’ont pas eu notre chance, qui se sont battus et ont été tués, qui se sont fait prendre, alors que la liberté s’offrait à eux. Ainsi, je pense particulièrement Paul Couzinet, Joseph Martin et Paul Rolland, qui ont été arrêtés alors qu’ils étaient au rez-de-chaussée de la caserne et que les premières évasions venaient d’être découvertes. Ils ont été lâchement abattus par la soldatesque ennemie et c’est un crime impardonnable. Nos combats sont demeurés au second plan, inconnus. Mais cela n’est ni tout à juste ni tout à fait bon. Le Devoir de Mémoire est indispensable si l’on veut que nos jeunes disposent encore aujourd’hui du patrimoine national que nous avons contribué à reconquérir. »

 

 

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