Publié le 27 Août 2016

Les Américains sur une plage de Saint-Raphaël.

Les Américains sur une plage de Saint-Raphaël.

La Conférence de Téhéran.

 

En novembre 1943, à la conférence de Téhéran, Staline, Roosevelt et Churchill se mettent d’accord sur un vaste plan visant à ouvrir un second front face à l’Allemagne nazie. En effet, même si la Wehrmacht a été stoppée à Stalingrad, un an plus tôt, le reconquête soviétique s’annonce longue et, de leur côté, après avoir débarqué en Sicile, la progression des Américains (aidés entre autres du Corps Expéditionnaire Français en Italie) s’avère tout aussi lente.

 

L’opération Overlord comporte le débarquement de Normandie, plusieurs contre-feux (çà et là des indices sont laissés pour faire croire à un débarquement dans le Pas-de-Calais, en Sardaigne (…). Un second débarquement est décidé. Ce sont les Etats-Unis qui emportent la décision : il se fera en Provence. Churchill, l’Anglais, étant plus favorable à une solution en Italie afin de prendre le Reich par le sud, c’est-à-dire par la Bavière, impose d’appeler l’opération Dragoon (dragon mais aussi contraindre) au lieu d’Anvil (enclume).

 

Le débarquement, géré par les Américains, se fera entre Toulon et Saint-Raphaël. Le « Jour J » est fixé au 15 août 1944.

 

Les unités engagées.

 

La 7e armée américaine, que commande le général Patch, va constituer le corps expéditionnaire. Elle est composée du 6e corps d'armée (général Truscott) et d'une division aéroportée (général Frederick). Elle comprend également l'armée B placée sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, officier déjà auréolé d'une légende de fonceur et d'homme de panache. Pour la suite des événements, de Lattre a aussi un avantage : il a conscience du rôle que peuvent jouer les maquisards.

 

Un compromis a précisé la situation des troupes françaises : le général Patch les commandera lors de la première phase de l'opération, le général de Lattre en assumera le commandement tactique dès leur engagement. L'armée B regroupe cinq divisions d'infanterie, deux divisions blindées (la le et la 5e), deux groupements de tabors et plusieurs éléments de réserve non endivisionnés. S'y retrouvent les combattants du corps expéditionnaire qui s'est couvert de gloire en Italie et des soldats fraîchement embarqués en Afrique du Nord : Français de souche, soldats musulmans d'Algérie, de Tunisie, du Maroc, troupes venues d'Afrique Occidentale française, d'Afrique Equatoriale française, etc. 600 bateaux de transport, 1 270 péniches, vont faire débarquer cette force terrestre sous la protection de 250 navires de guerre (dont 14 français) constituant la "Naval Western Task Force" de l'amiral américain Hewitt, appuyée par les avions de la "Mediterranean Allied Air Force" (2 000 appareils) du général américain Eaker.

Du côté allemand, les 8 divisions de la XIXe armée, commandée par le général Wiese dont le Q.G. est à Avignon, sont en état d'alerte depuis la deuxième semaine d'août. Ayant réuni au large de la Corse des navires venus en dix convois, pour des raisons stratégiques, de ports aussi éloignés les uns des autres qu'Oran, Naples ou Tarente, la flotte alliée s'est d'abord dirigée vers Gênes pour tromper l'adversaire. Mais, le 14 au soir, elle met le cap sur la côte provençale.

Ce même soir, les Forces Françaises de l'Intérieur reçoivent de Londres trois messages dont le dernier, "le chef est affamé", signifie le lancement des opérations.

 

Le débarquement.

Le 15 août, peu après minuit, la "lst Special Service Force" (colonel Walker) neutralise les batteries des îles d'Hyères, tandis que les commandos d'Afrique (colonel Bouvet) atteignent la côte près du cap Nègre dont ils vont s'emparer. Le groupe naval d'assaut (commandant Seriot), arrivé à la pointe de l'Esquillon, se heurte aux champs de mines du Trayas. Vers 4 heures du matin, 400 avions larguent au-dessus de la vallée de l'Argens plus de 5.000 parachutistes alliés, tandis que des renforts et du matériel arrivent par planeurs (10.000 parachutistes au total seront à pied d'œuvre à la fin de la journée).

Avec l'aide des résistants locaux, ils vont verrouiller les voies d'accès aux zones de débarquement. A l'aube, un terrible bombardement aérien et naval s'abat sur la côte, écrasant les positions allemandes tenues par la 242e division du général Basler. A 8 heures du matin, les vagues d'assaut américaines des 3e DIUS (général O'Daniel), 36e DIUS (général Dahlquist) et 45e DIUS (général Eagles) s'élancent des péniches de débarquement pour prendre pied, entre Cavalaire et Saint-Raphaël, sur les plages aux noms de code respectifs d'Alpha, de Camel et de Delta.

La stratégie a été fixée : les troupes américaines avanceront par la haute Provence vers l'Isère et la vallée du Rhône. Les Français prendront les ports de Toulon et de Marseille.

Le 17 août, en effet, Hitler a donné l'ordre à la XIXe armée allemande de remonter vers le nord : seules les divisions stationnées dans les deux grands ports devront résister à tout prix. La 11e Panzer division, partie le 13 août de la région de Toulouse pour initialement se porter au devant des troupes débarquées, sera harcelée par les maquisards de l'Hérault et du Gard, attaquée par l'aviation américaine, et, durement éprouvée, remontera vers le nord sans avoir accompli sa mission.

Le 18 août, la zone occupée par les Alliés atteint 30 km de profondeur. La veille, 130 B26 ont à nouveau bombardé les défenses côtières. La 3e DIUS entre dans Cuers, Castellane... Les Américains poursuivront désormais leur route vers la Durance. Une partie de la "1st Spécial Service Force", aux côtés des FFI, refoulera d'autres unités allemandes vers les Alpes en libérant les villes de la Côte d'Azur. De Lattre veut aller vite : il faut déborder l'ennemi sans lui laisser le temps d'assurer ses positions. Mais la logistique doit aussi être prise en compte : sur les côtes, les navires débitent lentement hommes et matériels. Il décide que le rassemblement se fera en avant, les unités étant envoyées vers la zone des combats au fur et à mesure de leur arrivée.

A Toulon, la garnison allemande s'est renforcée de la 242e division, repliée dans le port : au total, près de 25.000 hommes sous le commandement de l'amiral Ruhfus, commandant de la Kriegsmarine en Provence. Du côté allié, de Lattre ne dispose alors que d'environ 16.000 hommes. Le 19 août, le 3e RTA (colonel de Linarès) est aux abords de la ville. La 9e DIC est progressivement engagée sur un axe Pierrefeu-Toulon, appuyée par des éléments de la 1re DB (général du Vigier). Ce même jour, après avoir pris d'assaut la batterie de Maurannes, les commandos d'Afrique s'emparent du Coudon ; les jours suivants, c'est au tour du bataillon de choc (colonel Gambiez) d'enlever le Faron, ces deux forts dominant la rade de Toulon. Les 22 et 23 août, la 9e DIC et la lre DFL combattent dans la ville : "Marsouins", Algériens, Sénégalais, Français Libres, rivalisent de courage pour progresser.

De Lattre a prévu l'attaque sur Marseille dès la prise de Toulon, espérée aux alentours des 22-23 août. Mais les combats se poursuivant dans cette dernière ville, il faut brusquer les événements. Le général de Monsabert décide de surprendre l'ennemi. Le 21 août, l'insurrection a éclaté dans Marseille : les FFI affrontent les troupes allemandes. Le 22 août, le 7e RTA est au Plan de L'Aigle, tandis que le GTM du colonel Le Blanc ferme la route d'Aix. Aubagne, Géménos, ont été le cadre de violents accrochages. Les Tabors du général Guillaume encerclent Marseille. Le 23, le 7e RTA et les résistants lancent les combats dans la ville insurgée. Une tentative de pourparlers avec le commandement allemand n'aboutit pas. Le 25 août, 3e et 7e RTA, CCI, FFI, avancent vers Notre-Dame de la Garde.

Les pertes sont sévères, mais les points d'appuis ennemis tombent peu à peu. Le 27 août, le 1er Tabor marocain s'empare du fort Saint-Nicolas. Le 28, le général de Monsabert reçoit du général Schaeffer, commandant la 244e division allemande, l'acte de capitulation. Ce même jour, à Toulon, l'amiral Ruhfus se rend au commandant de la 9e DIC. La capture des deux grands ports s'est faite avec un mois d'avance sur les prévisions. Marseille et Toulon vont jouer, jusqu'à la victoire, un rôle précieux pour le ravitaillement des armées alliées : plus de 900.000 hommes, 4 millions de tonnes de matériel, y transiteront.

Parallèlement, dans l'arrière-pays, les forces de la Résistance ont pris l'offensive : par des sabotages, des actions de guérilla, les maquisards harcèlent la retraite ennemie. Les Français vont pouvoir rejoindre les Américains et entamer la poursuite de la XIXe armée allemande : dès le 15 août, des éléments de la lère DB ont atteint Avignon.

Le 28 août, de Lattre envoie un télégramme au général de Gaulle : "... aujourd'hui J+13, dans le secteur de mon armée, il ne reste plus un Allemand autre que mort ou captif". La Provence est libérée.

Entre le 5 et le 25 septembre, la deuxième vague de l'armée française aux ordres du général Béthouart (2e DIM, 5e DB, etc.) débarque à son tour et va rejoindre les unités de la première vague. Dans les Alpes-Maritimes, Américains et Résistants poursuivront les combats durant l'automne. Après de durs affrontements dans le massif de l'Authion, la lre DFL réduira les dernières poches ennemies (Saorge, Fontan...) en avril 1945.

De ces événements, il ne reste souvent que la mémoire, matérialisée par les plaques et les monuments qui, de Villecroze à Cogolin, d'Allauch au Thoron, rappellent aux yeux de tous les actions d'éclat ou les fusillades, les victimes civiles et militaires.

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Larousse.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site internet des Chemins de la Mémoire du ministère de la Défense.
  • Georges Caïtucoli, La France au Combat, Ed. Perrin.
  • François Bédarida, Churchill, Ed. Fayard.
  • Jean-Loup Gassend, Le débarquement de Provence, Ed. Heimdal.
  • Paul Gaujac, Le débarquement de Provence, Ed. Histoire et Collections.
  • Philippe Lamarque et Pierre Miquel, Le débarquement en Provence, Ed. Le Cherche Midi.

 

Le général de Lattre et le général de Larminat, entourés d'officiers alliés de l'état-major.

Le général de Lattre et le général de Larminat, entourés d'officiers alliés de l'état-major.

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Publié le 21 Août 2016

Escadrilles de tradition du 1/3 Navarre (en 1962/1966) 1ère escadrille, SPA 95 « Le martinet », 2ème escadrille, SPA 153 « Le gypaète portant le sceau égyptien ».

Escadrilles de tradition du 1/3 Navarre (en 1962/1966) 1ère escadrille, SPA 95 « Le martinet », 2ème escadrille, SPA 153 « Le gypaète portant le sceau égyptien ».

En août 2011, j'écrivais dans ces colonnes, en évoquant les pilotes et équipages morts en Service Aérien Commandé : « … Alors je souhaite que leur souvenir trouve également sa place dans les pensées de tous ceux qui honorent aujourd’hui, à juste raison, les « morts au Champ d'Honneur ».

 

Je n'étais pas le seul à penser à ces camarades disparus dans le simple exercice de préparation à leur mission de guerre, bien que, comme l'écrivait le général Michel Forget dans un récent article du n°503, de la revue du Souvenir Français: « Les batailles aériennes ne laissent pas de traces au sol... ». Et si, comme il l'évoque, on peut trouver « ici et là une stèle évoquant le sacrifice d'un pilote ou d'un équipage au combat », il est encore plus rare d'en trouver rappelant « le sacrifice d'un équipage ou d'un pilote, tué lors d'une mission d'entraînement en pleine période de paix ».

 

Mais cette omission dans le devoir de mémoire de l'armée de l'air (et des unités de l'aviation de l'armée de terre dont elle est l'héritière) va enfin être corrigée. Sous l'impulsion de quelques anciens têtus, avec l’appui de plusieurs chefs d'état-major successifs, une « Association du Mémorial des Aviateurs » vient de voir le jour. Son but, en liaison étroite avec le Musée de l'air et de l'espace du Bourget, est d'une part de mettre en place, sur l'esplanade du musée, un monument à la mémoire des aviateurs morts en service, et d'autre part d'installer, dans l'enceinte même du musée, une borne mémorielle permettant l'accès à une base de données rassemblant à terme plusieurs dizaines de milliers de noms, avec le maximum de renseignements sur chacun d'eux.

 

Vaste programme, qui demande de faire appel à la participation de tous ceux qui, soit par tradition familiale, soit au cours de leur carrière professionnelle, civile ou militaire, auraient eu connaissance de l'un de ces « morts en SAC » dont enfin la mémoire va sortir de l'oubli.

 

L’Association du Mémorial des Aviateurs est présidée par le général de corps aérien (2S) Yvon Goutx – Adresse : 5, rue Christophe Colomb, 75008 Paris - memorialdesaviateurs@gmail.com - Cotisation annuelle 10€.

 

 

 

Enfin, je voudrais également revenir sur les noms des pilotes cités dans cet article de 2011. Il s’agissait de Jacques Albert, Guy Flament, Francis Barthe, Robert Varnet, Jean-Pierre Petit et Jacques Henry.

 

  • LLT (ORSA) Jacques Albert, CP, 1/3 Navarre, 1ère escadrille, dit « Le gros sac ». Ce surnom n'avait rien à voir avec sa corpulence mais était une allusion transparente à sa fonction de KS (caissier de la « caisse noire » de l'escadron), fonction qu'il assumait avec une efficacité digne d'éloges ! Excellent tireur il était revenu de la Coupe AIRCENT de juin 1963 avec le surnom de « Top gun », ayant obtenu la première place à l'épreuve de « straffing ». Il meurt le 31 décembre 1964 lors d'une collision en vol avec le F-100D du SGC Guy Flament, au-dessus du mont Mezenc.

 

  • SGC Guy Flament, SCP, 1/3 Navarre, 2ème escadrille, dit « Le p'tit boudin », surnom d'origine inconnue. Il meurt lors de cette collision avec l’avion piloté par Jacques Albert.

 

  • CNE Francis Barthe (EA 55) à l'époque au 1/3 Navarre, 2ème escadrille, dit « le beau gosse » ou « l'ancien », célibataire, excellent skieur (il avait terminé 1er au championnat de l'armée de l'air) et danseur émérite ! Il meurt le 30 juin 1968 sur un Stampe SV-4 du CEV de Cazaux, en se « crashant » dans la forêt de Gujan-Mestras.

 

  • CNE Robert Varnet (ORSA), CP, 1/3 Navarre, 2ème escadrille, dit « le clou ». Ce surnom avait une double origine, d'une part la maigreur de l’intéressé, d'autre part son incroyable aptitude à toutes les formes du bricolage. Il était par ailleurs pilote de planeur et responsable à Lahr de la section vol à voile. Il meurt le 12 février 1968 sur Mirage IIIE. A l’atterrissage son appareil touche le sol avant l'entrée de la piste de Nancy-Ochey, rebondit, s'écrase et prend feu.

 

  • LTT Jean-Pierre Petit (EA60), PI, 1/3 Navarre, 2ème escadrille ; se tue le 6 mars 1967 sur Mirage IIIE en percutant un rideau d'arbres en approche du terrain de Dijon-Longvic.

 

  • CNE Jacques Henry (EA 55), CP, à l'époque au 2/3 Champagne, dit « le p'tit chef », surnom d'origine inconnue, peut-être lié au fait que, après une collision en vol, il s'était éjecté et était tombé dans un couvent de religieuses. C'était un 24 décembre ! Lorsqu’il était disponible il leur rendait visite à cette date anniversaire pour partager leur chocolat. Il meurt le 23 novembre 1966. Affecté à la 8e escadre de Cazaux, son Mystère 4A s'écrase sur la dune du Pilat, sans son pilote dont le corps est retrouvé plusieurs années plus tard dans la forêt landaise.

 

 

 

Général de brigade aérienne (2s) Jean-Claude ICHAC

Président honoraire du comité d'Issy-les-Moulineaux du Souvenir Français

 

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Publié le 9 Août 2016

Les écrivains d'Indochine - 3 - Les militaires.

3 – Les militaires.

 

Francis Garnier.

Né à Saint-Etienne en 1839, Francis Garnier meurt à Hanoi en 1873, lors d’une attaque des Pavillons noirs. On retrouve son corps avec la tête tranchée, émasculé et le cœur arraché…

 

Officier de marine, il devient célèbre pour avoir passé l’essentiel de sa vie à explorer le Mékong. Sa carrière d’officier et sa fin héroïque en ont fait une figure de premier plan de l’histoire de la Marine française. Sa participation à la mission d'exploration du Mékong, sous le commandement du capitaine de frégate Ernest Doudart de Lagrée, accompagné, notamment, de l'anthropologue Lucien Joubert, médecin de la Marine de 2e classe, du botaniste Clovis Thorel, médecin de la Marine de 3e classe du photographe Emile Gsell, du dessinateur Louis Delaporte, enseigne de vaisseau et de Louis de Carné (fils) du Ministère des Affaires étrangères, le rend illustre. L'expédition part de Saigon en juin 1866, sous le haut patronage du vice-amiral Pierre-Paul de La Grandière et entreprend de remonter le Mékong. Commandant en second, Garnier est chargé notamment des travaux d'hydrographie, de météorologie ainsi que du tracé de la carte du voyage. À la mort de Doudart de Lagrée, dans le Yunnan, il prend la direction de la mission, gagne la vallée du Yang Tsé Kiang qu'il descend jusqu'à Shanghai. Il rallie Saigon deux années après en être parti, en juin 1868. Il rejoint aussitôt la France où il est affecté au Dépôt des cartes et plans de la Marine. Il y achève la rédaction de son rapport de mission. En 1871, il partage avec David Livingstone la Médaille d'Honneur de la Société de géographie dont il était membre depuis son retour.

 

Pierre Loti.

Né en 1850 à Rochefort, Pierre Loti s’engage et devient officier de marine. Ecrivain ou militaire ? Impossible de séparer l’un de l’autre. Il effectue trois séjours dans les eaux asiatiques. Du premier était né l’Affaire de 1883 dont sera extrait plus tard Un vieux missionnaire d’Annam (paru séparément dans les Annales du 14 novembre 1897). Loti repassera en Indochine, sur la route de la Chine et du Japon, en 1885 et en 1900-1902, son dernier retour lui valant une excursion à Angkor en novembre 1901.

 

Une grande partie de son œuvre est d’inspiration autobiographique. Il s’est nourri de ses voyages pour écrire ses romans, par exemple à Tahiti, pour le Mariage de Loti (1882), au Sénégal pour le Roman d’un spahi (1881) ou au Japon pour Madame Chrysanthème (1887). Il a gardé toute sa vie une attirance très forte pour la Turquie, où le fascinait la place de la sensualité : il l’illustre notamment dans Aziyadé (1879) et sa suite Fantôme d’Orient (1892).

 

Membre de l’Académie française, il est enterré sur l’ile d’Oléron (1923) à Saint-Pierre d’Oléron dans le jardin de la maison de son enfance après des funérailles nationales. Sa maison à Rochefort est devenue un musée.

 

Pierre Sergent.

Le capitaine Pierre Sergent (1926 1992) fut un soldat français et un chef de l'Organisation armée secrète (OAS).

 

Il commence sa carrière militaire dans le maquis à l'âge de 17 ans, puis suit une carrière d'officier dans la Légion étrangère après un passage à Saint-Cyr-Coëtquidan. A sa sortie de l'ESM en 1949, il est affecté au 1er régiment étranger, à Saïda (Algérie). Lieutenant, il combat au 1er bataillon étranger de parachutistes durant la guerre d'Indochine (1951-1953), où il est grièvement blessé, puis comme capitaine pendant la guerre d'Algérie au sein du 1er régiment étranger de parachutistes (1958-1961), après avoir été affecté au 1er régiment étranger d’infanterie en 1956.

 

Après l'échec du putsch d'Alger en avril 1961, il passe à l'OAS dont il devint le chef pour la métropole (OAS-métro). Pendant sept ans, il échappe aux recherches policières tandis qu'il est condamné à mort par contumace deux fois. Il est finalement amnistié après les évènements de mai 1968. Proche des milieux solidaristes, en particulier du Mouvement jeune révolution et de Jean-Pierre Stirbois, il est élu en 1986 député des Pyrénées-Orientales sous l'étiquette du Front national, après un passage au Centre national des indépendants et paysans.

 

Pierre Sergent est l'auteur de nombreux livres sur la Légion étrangère et sur la guerre d'Algérie : Ma peau au bout de mes idées, La table ronde, 1967 ; La bataille, La table ronde, 1968 ; Je ne regrette rien, Fayard, 1972 ; Le malentendu algérien, Fayard, 1974 ; Lettre aux officiers, Fayard, 1975 ; Les maréchaux de la Légion : l'odyssée du 5e étranger, Fayard, 1977 ; La Légion saute sur Kolwezi, Presses de la cité, 1978 ; Camerone, Fayard, 1980.

 

Erwan Bergot.

Né à Bordeaux en 1930, de parents bretons, Erwan Bergot fait de brillantes études chez les Jésuites avant d'obtenir une licence en faculté de lettres.

 

Son tempérament d'homme d'action le pousse cependant vers le monde militaire et en 1951, après son service militaire, il part pour l'Indochine. Il a le coup de foudre pour ce lieu.

 

Aux côtés de soldats annamites qu'il trouve courageux et fraternels, il vit une année entière dans une plantation analogue à celle décrite dans le Courrier de Saigon. Puis, les hasards des affectations l'envoient dans le Nord. Le Tonkin rude et froid, le Laos indolent et paisibles servent de cadre aux grandes opérations auxquelles il participe, de 1952 à 1954, en compagnie, toujours, de parachutistes indochinois. Avec eux et une poignée de légionnaires, il partage le sort des combattants de Diên Biên Phù à quoi, bientôt, vient s'ajouter la terrible épreuve des camps de «rééducation» du Viêt-Minh.

 

En 1955, il est rappelé pour servir en Algérie. Activé en 1957, il servira d'abord au 47e bataillon d'infanterie, puis après un bref passage d'un an en France au deuxième bataillon étranger de parachutiste. Il est grièvement blessé à l'œil droit lors d'un accrochage dans le Constantinois en 1961. Il quitte définitivement le combat armé pour se tourner vers l'écriture et le journalisme.

 

En 1962, il devient le premier rédacteur en chef du magazine de l'armée de Terre, et écrit son premier roman en 1964 " Deuxième classe à Dien-Bien-Phù "qui remporte un succès immédiat.

 

Erwan Bergot quitte l'armée en 1965 pour se consacrer à l'écriture. Il écrira une cinquantaine d'ouvrages consacrés à ses frères d'armes. Ecrivain récompensé par de nombreux prix littéraires dont le prix de l'Académie Française et le prix Claude Farrère, commandeur de la légion d'honneur à titre militaire honoré par dix titres de guerre (trois blessures et sept citations) Erwan Bergot aura excellé comme soldat et comme romancier.

 

Erwan Bergot meurt en 1993. Parmi ses ouvrages les plus célèbres, on peut citer : Sud Lointain ; Les 170 jours de Diên Biên Phù ; 2e classe à Diên Biên Phù ; Bataillon Bigeard ; Sentiers de guerre ; Bigeard ; L’héritage…

 

Jean Pouget.

Né en 1920 et mort en septembre 2007, Jean Pouget entre à l’Ecole de Saint-Cyr dont il sort pendant l’Occupation. Il rejoint le maquis du lieutenant Morel (colonel Tom) en Haute-Savoie en décembre 1942 puis celui de Corrèze en 1944. Entré dans la 1ère armée française, il franchit le Rhin à la tête d’un peloton blindé de reconnaissance et est grièvement blessé quelques jours avant l’armistice. Il est envoyé en Indochine en tant qu’aide de cap du général Henri Navarre. A sa demande, il est parachuté à Diên Biên Phù alors que la bataille parait déjà perdue. Il y est fait prisonnier et racontera ses souvenirs de captivité dans Le Manifeste du Camp n°1. Après la guerre d’Indochine, il est envoyé en Algérie où il prend le commandement du 228e bataillon d’infanterie, « …ce bataillon qui ne valait rien… » pour en faire au bout de quelques mois une unité d’élite, ainsi que du 584e bataillon du train à Bordj-El-Agha. Il participe au mouvement du 13 mai 1958.

 

A l’issue de sa courte carrière militaire, il devient grand reporter au Figaro et écrivain. Il fut le modèle et l’inspirateur de Jean Lartéguy pour son ouvrage Les Centurions. Nous lui devons Le Manifeste du Camp n°1, l’Histoire des prisonniers français internés dans les camps du Viet Minh, Nous étions à Diên Biên Phù et Bataillon RAS, la fameuse histoire des bons à rien transformés en soldats…

 

Général Marcel Bigeard.

Impossible de résumer en quelques lignes le général Marcel Bigeard. Depuis le soldat engagé en 1939 jusqu’au général d’armée, en passant par l’écrivain… Marcel Bigeard est né en 1916 et mort le 18 juin 2010, jour anniversaire de l’Appel du général de Gaulle. Soldat de 2e classe, il s’illustre dans la Résistance au cours de la 2e Guerre mondiale. Il part ensuite pour l’Indochine où, à la tête du 6e BPC il participe et remporte de nombreuses batailles. Il échoue néanmoins à Dien Bien Phu et fait partie des 3.000 survivants sur 10.000 militaires prisonniers du Vietminh. En Algérie, il remporte la bataille d’Alger et fait des miracles avec des bataillons de rappelés qu’il transforme en soldats d’élite. Il est ensuite nommé en république centrafricaine et à Madagascar puis à l’état-major de l’armée de terre. Il quitte le service armé en 1975 et devient secrétaire d’Etat attaché au ministre de la Défense, Yvon Bourges. En 1978, il se fait élire député de Meurthe-et-Moselle. A partir de 1975, il écrit de nombreux ouvrages relatant ses souvenirs et ses mémoires de guerre, de même que des livres politiques sur son engagement et ses convictions. Grand’Croix de la Légion d’honneur, entre autres, il aura été l’un des militaires français les plus décorés. Sa sépulture se trouve au mémorial des guerres d’Indochine, à Fréjus.

 

Pierre Schoendoerffer.

Né en 1928 et mort en 2012, Pierre Schœndœrffer est un scénariste, réalisateur et romancier français. Lauréat de l'Académie française, primé par un Oscar et un César, il est membre de l'Institut (Académie des beaux-arts). Après quelques mois sur un chalutier à voile, Pierre Schoendoerffer s'engage dans le Service Cinématographique des Armées en 1952, en tant que caméraman. Fait prisonnier à Diên Biên Phu, il devient reporter-photographe de guerre après sa libération, et travaille pour plusieurs magazines américains. Marqué par ses expériences de combats, il se lance dans le cinéma de guerre et réalise 'La Passe du diable' en Afghanistan, puis 'Than le pêcheur' au Vietnam. Dès lors, Pierre Schoendoerffer partage sa vie entre les reportages et le cinéma. Il réalise deux adaptations des romans de Pierre Loti : 'Ramuntcho' et 'Pêcheurs d'Islande'. En 1963, il tourne 'La 317e section' - adaptation de son propre ouvrage sur le conflit vietnamien - puis 'Objectif 500 millions' et le documentaire 'La Section Anderson' en 1965, sur la guerre d'Indochine, qui remporte l'Oscar dans sa catégorie. En 1977, Pierre Schoendoerffer adapte 'Le Crabe tambour' - un autre de ses romans - interprété par Jean Rochefort et Jacques Dufilho. Les deux acteurs remporteront respectivement le César du meilleur acteur et du meilleur second rôle masculin. En 1982, le réalisateur tourne 'L' Honneur d'un capitaine'. Pierre Schoendoerffer s'accorde ensuite une pause d'une dizaine d'années, et revient avec une autobiographie, 'Dien Bien Phu', basée sur son expérience au Vietnam. En 2004, il adapte à nouveau un de ses romans, 'Là-haut', et choisit Jacques Dufilho pour interpréter son propre rôle.

 

Enfin, il est indispensable d’évoquer tous les militaires marqués à jamais par leur passage en Indochine, qui ont écrit et décrit ce qu’ils y ont vécu : Louis Stein, capitaine Dominique Bonelli, colonel Pierre Charton, commandant Jean Cornuault…

 

 

 

Sources :

  • Georges Fleury, La Guerre en Indochine, Perrin, 2000.
  • Recherches dans les archives des Bulletins de l’Ecole français d’Extrême-Orient d’archéologie.
  • Recherches biographiques André Malraux.
  • Recherches sur l’histoire de la presse française en Indochine.
  • Extraits du journal Le Figaro du 28 décembre 1993.
  • Encyclopédie en ligne Wikipédia.
  • Encyclopédie en ligne Larousse.
  • Site Internet : « papiers-de-chine.over-blog.com »
  • Jacques Chancel, La nuit attendra, Flammarion.
  • Articles de l’écrivain Pierre Loti, in Le Figaro.
  • Louis Malleret, l’Exotisme indochinois dans la littérature française depuis 1860, Larose, 1934.
  • Eugène Pujarniscle, De la littérature coloniale, Firmin-Didot, 1931.
  • Victor Segalen, Essai sur l’exotisme, Le Livre de Poche, 1986.
  • Site Internet sur la littérature : www.babelio.com
  • Archives du journal Paris Match : www.parismatch.com .
  • Site Internet du Souvenir Français d’Asie et de Chine : www.souvenir-francais-asie.com
  • Site Internet de l’Académie française.
  • Site Internet du journal Le Monde.
  • Site Internet « Les Lettres du Mékong ».

 

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 9 Août 2016

Le journaliste Lucien Bodard et le général de Lattre de Tassigny.

Le journaliste Lucien Bodard et le général de Lattre de Tassigny.

2 – Les journalistes.

 

Albert Londres.

Albert Londres : né en 1884 à Vichy et mort en mai 1932 dans l’océan Indien dans l’incendie du bateau Georges Philippar. Journaliste, écrivain, il dit à l’occasion d’une conférence : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire tort, il est de porter la plume dans la plaie ».

Correspondant de guerre pendant la Première Guerre mondiale, Albert Londres voyage par la suite dans de nombreuses contrées. En 1922, il se rend en Asie et raconte, dans le journal illustré Excelsior, ce qu’il voit en Chine et au Japon, ainsi qu’en Indochine.

 

Henry Chavigny de la Chevrotière.

Né le 11 septembre 1883 à Saigon, il meurt assassiné par le Vietminh 12 janvier 1951. Journaliste puis rédacteur en chef à L’Impartial, alors journal le plus lu en Cochinchine, il défend une conception coloniale « éclairée » de la présence française en Indochine. Il s’oppose violemment à André Malraux, en 1923, alors que ce dernier organise un pillage des temples d’Angkor. Anticommuniste, alors que Malraux leur est favorable, Henry Chavigny quitte L’Impartial et fonde La Dépêche, qui sera là encore un très grand succès auprès des Français d’Indochine. Il meurt assassiné et reçoit à titre posthume la Légion d’honneur et la Croix des Théâtres des Opérations Extérieures.

 

André Malraux.

Difficile de cataloguer André Malraux, né en 1901 à Paris et mort à Créteil en 1976 : journaliste, écrivain, Résistant, homme politique, communiste, gaulliste, ministre de la Culture, concepteur des Maisons de la Culture… Concernant l’Indochine, les aventures d’André Malraux commencent en 1923 quand il décide, avec son épouse Clara, de rapporter en France des morceaux de temples volés à Angkor. Pris, condamné pour cela, il effectue une année de prison au Cambodge. En 1925, de retour en Indochine, il fonde le journal L’Indochine, qui dénonce la politique colonialiste de la France. En dépit d’un succès réel, le journal ne dure pas longtemps. André Malraux quitte de nouveau l’Asie… pour y revenir dans les années 1930 où il visite, entre autres, le Japon. Il a publié de nombreux ouvrages dont l’ouvrage Les Conquérants, qui raconte l’engagement communiste chinois.

 

Paul Bonnecarrère.

Né en 1925 et mort en 1977, Paul Bonnecarrère est un écrivain et journaliste français. Engagé volontaire au 1er régiment de chasseurs parachutistes en 1944. Après guerre, il devient correspondant de guerre en Indochine, à Suez et en Algérie. Au cours de ces campagnes, il vit au sein des troupes de choc et lie de solides amitiés qui l’amèneront à écrire deux ouvrages sur la Légion étrangère : Par le sang versé, Fayard, 1969 et La guerre cruelle, Fayard 1972. Le premier recevra le prix Eve Delacroix en 1969 et fera de lui l’un des grands de la littérature militaire.

 

René Vital.

Né en 1924 et mort en 1993. A sa mort, son journal Paris Match publiait ceci : « Originaire de Pau, René Vital aurait souhaité devenir acteur, mais il s’est retrouvé régisseur au théâtre des Mathurins à Paris. Il était l’mai de l’acteur Michel Auclair, qui l’a introduit à Match en 1952. La technique n’était pas son fort, mais son charme et son humour étaient ravageurs. Cet acteur-né ne pensait qu’à faire rire son entourage. S’il n’a pas exercé le métier de comédien sur les planches, il l’a bien exercé dans la vie. Tout reportage qu’il rapportait était à ses yeux, obligatoirement exceptionnel. Il aimait par-dessus tout la boxe et le rugby. Envoyé en Indochine, il a assisté à la libération des combattants de Diên Biên Phù. Il était également présent à la fusillade de la rue d’Isly à Alger. Mais le reportage qui l’a le plus meurtri est la catastrophe du barrage de Fréjus, en décembre 1959. Il ne pouvait supporter la douleur des parents qui nettoyaient le visage de leurs enfants. Il a quitté Match l’année suivante ».

 

Lucien Bodard.

Né en janvier 1914 à Chongqing dans le Sichuan (Chine), il meurt en mars 1998 à Paris. Fils de diplomate, diplômé en Sciences politiques, Lucien Bodard commence sa carrière de journaliste en 1944 au sein du gouvernement provisoire pour lequel il travaille (section presse – informations). En 1948, il devient grand reporter pour France-Soir et est envoyé en Indochine en tant que correspondant de guerre. De cette histoire, il va sortir une œuvre monumentale, et qui reste une référence, La Guerre d’Indochine, publiée en cinq volumes publiés de 1963 à 1967. Ses livres décrivent aussi les événements politiques et historiques relatifs à la Chine : La Chine et la Douceur (1957) ; La Chine du cauchemar (1961) ; Mao (1970) ; les Grandes Murailles (1987) ; le Chien de Mao (1998).

 

Max Clos.

Grand reporter au Figaro pendant la guerre d’Indochine, Max Clos est né en 1925 et mort en 2002. Grand reporter au Figaro au début de la guerre d’Indochine, il passe ensuite à l’Associated Press puis au journal Le Monde. Il est expulsé du Vietnam sud en 1955, par le gouvernement de Ngo Dinh Diem.

 

Jean Lartéguy.

De son vrai nom Jean-Pierre Lucien Osty, né en septembre 1920 et mort en février 2011 à l’Hôtel de Invalides. Volontaire en octobre 1939, il s’évade de France en mars 1942 en passant par l’Espagne. Formé à l’école militaire de Cherchell, en Algérie, il rejoint l’armée française de la Libération, comme officier dans les commandos d’Afrique. Il sert sept ans comme officier d’active avant de rejoindre la réserve. Blessé en Corée, plusieurs fois décoré (Légion d’honneur, Croix de Guerre 29-45, Croix TOE), Jean Lartéguy a été témoin comme correspondant de guerre – Paris Match – de nombreux événements du 20e siècle : révolution d’Azerbaïdjan, guerre de Palestine, guerre de Corée, Indochine, Algérie, guerre du Viet Nam. Il reçoit le prix Albert Londres en 1955. L’un des ses ouvrages le plus connu est certainement Les Centurions, paru en 1960 aux éditions Presse de la Cité.

 

Brigitte Friang.

Née en janvier 1924 et décédée en mars 2011 à Apt.

A l’âge de 19 ans, elle entre dans un réseau militaire d’action lié au BCRA de Londres, chargé d’organiser des parachutages dans la région Ouest. En 1994, elle participe à la tentative d’évasion du résistant Pierre Brossolette, mais capturée, et après avoir été torturée, elle est déportée à Ravensbrück. A son retour de déportation, elle participe à partir de 1946 à la création du RPF pour ramener Charles de Gaulle au pouvoir. En 1951, elle devient correspondante de guerre et part pour l’Indochine. Elle y accompagne les commandos de parachutistes en opération (elle obtient son brevet de saut militaire), et se rend notamment dans le camp retranché de Diên Biên Phù, mais ne peut y rester en raison de son identité de femme. Elle raconte son expérience dans les Fleurs du Ciel (1955). Par la suite, elle couvre l’expédition de Suez et la guerre du Viet Nam. Elle travaille alors pour la télévision française (ORTF) dont elle est licenciée l’été 1968 pour avoir pris position en faveur d’une autonomie du journalisme dans le service public.

 

Jacques Chancel.

Né en juillet 1928 et mort en décembre 2014 à Paris, Jacques Chancel a connu mille vies, mille épreuves. Formé à l’Ecole des transmissions de Montargis, il est envoyé en Indochine où il est affecté comme correspondant à la radio de Saigon. A la demande des autorités militaires, il change son vrai nom Crampes en Chancel. Neveu d’un inspecteur général des Forêts en Indochine, ce dernier le confie à William Bazé, président de l’Association des orphelins eurasiens, qui possède des singes domestiques et des éléphants et fréquente l’empereur Bao Daï. Jacques Chancel devient, à 19 ans, correspondant de guerre pour Radio France Asie. A Saigon, à l’Hôtel Continental, il rencontre Lucien Bodard, Max Clos, Jean Lartéguy, fréquente les fumeries d’opium et Pierre Schoendoerffer. Il parcourt également les pays d’Asie pour le compte de Paris Match. En 1952, alors qu’il se trouve avec des officiers dans une jeep, celle-ci saute sur une mine. Il tombe dans le coma et perd la vue pendant sept mois. Il écrit dans La Nuit attendra : « J’ai toujours été handicapé par cette mémoire, j’avais comme une honte et je ne pouvais pas en parler, c’est pour cela que j’ai attendu si longtemps pour le faire ».

Par la suite, il animera une émission de radio sur France Inter, Radioscopie, et Le Grand Echiquier sur la télévision publique ; émissions ancrées dans la mémoire collective des Français.

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 8 Août 2016

Les écrivains d'Indochine - 1 - Les romanciers.

Alain Quella-Villéger, dans Indochine, un rêve d’Asie, publié par Omnibus en 2010, a recueilli de nombreux textes écrits par des écrivains français établis ou ayant séjourné en Indochine. Dans sa préface, il a écrit ceci : « L’Indochine est un mythe. Au-delà des nostalgies coloniales de certains et des images pour cartes postales façon sampans et baie d’Along des autres, l’Indochine tient une place particulière dans les rêves d’Asie des Occidentaux, français en l’occurrence – une place tardivement prise, à la différence de l’Orient arabe, de la Chine, voire du Japon – mais la place d’une perle, au premier rang de l’Empire. Or, une abondante littérature de fiction accompagna cette histoire franco-indochinoise, à la fois miroir, porte-voix et envers du décor. L’histoire de cette mise en valeur de ce « nouveau monde » asiatique entraîna dans son sillage une riche escorte littéraire, une mythologie même, toute épopée ayant ses héros et ses héros de papier ».

 

Il ne convient pas dans ces articles de rapporter in-extenso les auteurs français ayant « fait » la littérature indochinoise. Il s’agit d’en présenter quelques-uns, parmi les plus connus. Œuvre simpliste de vulgarisation, mais bien nécessaire… L’idée du Souvenir français d’Issy consiste à présenter des auteurs en les classant selon les critères suivants : les romanciers, les journalistes, les militaires. L’idée originale n’est pas de nous mais du Souvenir Français de Chine et d’Asie – avec lequel notre Comité est jumelé – grâce à une présentation minutieuse de Monsieur Michel Nivelle, sous la direction de notre ami, Délégué général du Souvenir Français pour l’Asie et la Chine : Monsieur  Claude R. Jaeck.

 

 

1 – Les romanciers.

 

Henri Mouhot.

Alexandre Henri Mouhot (Montbéliard, 1826 – Luang-Prabang, 1861) est un naturaliste, explorateur et écrivain français de l'Asie du Sud-Est. On lui doit notamment d'avoir fait découvrir à l'Europe les vestiges de l'architecture khmère.

Né le 25 mai 1826 en Franche-Comté dans une famille protestante, Alexandre Mouhot étudie au collège Cuvier de sa ville natale, Montbéliard, puis à l'âge de 18 ans, il part enseigner le français à l'école militaire de Saint-Pétersbourg. Poussé par le goût du voyage et de l'art naissant de la photographie (le daguerréotype), il visite l'Italie et l'Allemagne, puis l'Angleterre, où il épouse Anna Park, une descendante (vraisemblablement la petite-fille) de l'explorateur Mungo Park, avant de s'établir en 1856 dans l'île de Jersey.

 

Durant cette période il affine ses connaissances en Sciences naturelles et tout spécialement en ornithologie et en conchyliologie. Après la lecture d'ouvrages sur les expéditions, notamment The Kingdom and People of Siam: with a narrative of a mission to that country in 1855 de Sir John Bowring (1857), il décide de partir à la découverte du Siam, du Cambodge et du Laos. De Londres, il embarque sur un navire de commerce, à voiles, pour Bangkok le 27 avril 1858 avec son chien Tine-Tine. Le voyage dure quatre mois. Il devient alors l'ami des rois du Cambodge Ang Duong, qui régna jusqu'en 1860, puis Norodom ; et durant l'hiver 1859-60, il explore et fait redécouvrir aux yeux des Occidentaux, le site d'Angkor, ancienne capitale de l'empire khmer.

 

À l'été 1860, Henri Mouhot repart de Bangkok vers le Laos, jusqu'à Luang Prabang où il meurt de la fièvre jaune le 10 novembre 1861.

 

Albert de Pouvourville.

Né à Nancy en 1861, Albert Puyou de Pouvourville est l’un des figures majeures de la littérature indochinoise. Son Annam sanglant (1897) est l’un des chefs d’œuvre de l’asiatisme littéraire. Son œuvre ne connut pourtant jamais l’audience que méritent les qualités de son écriture. Esprit curieux, volontiers fier et tête brûlée, il entame une carrière militaire (Ecole de Saint-Cyr, 1880), démissionne (1887), s’engage la même année comme simple soldat dans la Légion étrangère, ce qui le conduit au Tonkin (1887). Rapatrié pour raisons de santé, il repart en Indochine dans la province de Son-Tay, mais doit à nouveau rentrer en métropole, victime d’anémie. Il fait sans doute un troisième séjour au Tonkin, avant de démissionner à nouveau. Il se lance dans des études taoïstes et fréquente les milieux occultistes, fume l’opium, critique la politique coloniale, entretient une correspondance abondante avec Pierre Louÿs, Claude Farrère, Pierre Mille. En 1890, il publie De l’autre côté du mur, puis le Maître des sentences (1909) et Rimes d’Asie (1912). « Dans le jardin des gloires françaises, la fleur tonkinoise plantée par nos soins plus amoureux qu’habiles, se sera flétrie, au vent utilitaire de l’économie politique ». Il meurt en 1939.

 

Georges Groslier.

Georges Groslier nait en 1887 au Cambodge. Tôt, ses parents lui font découvrir le site archéologique d’Angkor. L’éblouissement que lui procure cette découverte des joyaux de la culture et de l’art khmer détermine alors le cours de son existence. Il rentre en France où il multiplie les publications et les conférences destinées à faire connaître la culture khmère. Ces activités lui valent de se voir confier en 1913 et 1914 une mission au Cambodge par le ministère de l’Instruction publique et la Société asiatique. En 1917, il est mobilisé, et appelé par le Gouverneur général, Albert Sarraut, qui lui confie la mission de revitaliser les traditions artistiques des peuples indochinois.

 

Sur les fondations de l’Ecole des Arts décoratifs ouverte en 1912, au sein de la Manufacture royale du Palais elle-même créée par le roi Sisowath en 1907, il organise l’Ecole des arts cambodgiens, véritable lieu de transmission du savoir-faire des anciens « maîtres » vers les apprentis artisans du pays. La réussite de cette école qui développe sa propre coopérative de production d’artisanat khmer contribue à la notoriété de Georges Groslier désormais connu comme le rénovateur des arts cambodgiens. Devenu Directeur des Arts cambodgiens puis Inspecteur général des Arts en Indochine, il est le créateur, l’organisation et le premier conservateur du Musée Albert Sarraut à Phnom Penh (aujourd’hui Musée national du Cambodge), modèle d’architecture khmère traditionnelle. Retraité à partir de 1942, il se maintient au Cambodge et s’engage dans la résistance contre l’occupant japonais en tant qu’opérateur radio. Il est capturé, emprisonné et meurt sous la torture à 58 ans.

 

Il a laissé une quantité impressionnante d’articles, d’études et d’analyse sur les arts asiatiques, de même que de nombreux romans dont C’est une idylle, au Mercure de France, en 1929.

 

Georges-André Cuel.

Voilà un romancier et cinéaste, né en 1889 et mort en 1946, dont l’œuvre est restée dans la mémoire des spécialistes mais dont la vie demeure assez mystérieuse. Pour ainsi dire, on ne la connait pas… On lui doit de nombreux romans : Barocco en 1924, El Guemouna, le marchand de sable en 1930, Tamara, L’homme fragile… et de nombreux films autant comme auteur que dialoguiste : La femme perdue, Tamara la complaisante, Roi de Camargue, Pas de coup dur pour Johnny…

 

Jean Marquet.

Jean Marquet est un écrivain français né en 1883 et mort en 1954 à Nice. Il a travaillé et habité de nombreuses années en Indochine française, a appris les dialectes locaux à son arrivée, et s’est réellement intégré par imprégnation ce qui lui a permis de produire une œuvre riche sur la vie et les mœurs locales. La grande particularité de son œuvre est que le romancier ne se met pas à la place de l’Européen étranger mais à celle du paysan indochinois. Il a écrit de nombreuses œuvres pédagogiques et historiques.

 

Claude Farrère.

Claude Farrère (1876-1957), de son vrai nom Frédéric-Charles Bargone, est un essayiste, historien, romancier, officier de marine. Fils d’un colonel d’infanterie coloniale, il entre en 1894 à l’École navale. Affecté à l’artillerie d’assaut pendant la Première Guerre mondiale, il est capitaine quand est signée la paix ; il démissionne en 1919 pour se consacrer à sa seconde passion : les lettres.

Il avait publié, dès avant la guerre, plusieurs romans (Fumée d’opium, L’Homme qui assassina, Mlle Dax, jeune fille, La Bataille, Les Petites Alliées, Thomas l’Agnelet) dont l’un, Les Civilisés, lui avait obtenu le prix Goncourt en 1905. Durant l’entre-deux-guerres, il poursuit cette œuvre, puisant à la double source du réalisme et de ses souvenirs d’officier de marine en Extrême-Orient. On lui doit également une Histoire de la Marine française (1934). N’étant pas démuni de bravoure, il s’illustre le 6 mai 1932 en s’interposant entre le président Doumer et son assassin, ce qui lui vaut deux balles dans le bras. En 1933, il s’engage au sein du Comité français pour la protection des intellectuels juifs persécutés. Après deux échecs, il est élu à l’Académie française le 28 mars 1935, par 15 voix au second tour, au fauteuil de Louis Barthou, arrachant son fauteuil à Paul Claudel.

 

Claude Farrère a été président de l’Association des écrivains combattants. Il a donné son nom à une distinction littéraire délivrée par cette association, le prix Claude-Farrère, créé en 1959 pour "un roman d'imagination et n'ayant obtenu antérieurement aucun grand prix littéraire".

 

Albert Garenne.

Né à Moulins-Engilbert dans la Nièvre en 1873 et mort en 1958, Albert Garenne a vécut plusieurs vies… Après avoir vécu ses 8 premières années à Moulins-Engilbert, ses parents s'établissent à Autun en 1880. Il s'enrôle à l'âge de 18 ans dans l'infanterie coloniale et reçoit sa formation militaire à Saint-Maixent l'Ecole, dans les Deux-Sèvres. De là, il est envoyé à Madagascar comme sous-lieutenant de marine où il s'illustre par de brillantes prestations dans un contexte malgache troublé, ce qui lui vaut de porter très jeune le grade de Chevalier de la Légion d'Honneur et de recevoir du général Gallieni une importante concession à Fort Dauphin. Après la dévastation de cette concession lors d'une révolte, il reprend du service dans l'armée où il participe à plusieurs expéditions en Afrique et en Indochine. Il participe à la Première guerre mondiale et en ressort avec le grade de colonel. En 1918, il est nommé commandant supérieur des troupes du Pacifique et du bataillon de Nouvelle-Calédonie avec mission de mâter l'insurrection Canaque. A Nouméa, en 1919, il écrit déjà deux poèmes : Révoltes et Deux petits sonnet d'hier mais doute de lui-même comme écrivain suite à un échec à l'Académie Française avec la parution de La Forêt Tragique en 1918.

 

Retraité, le colonel Garenne s'adonne à la littérature en s'inspirant de ses expériences malgaches, africaine, calédonienne et indochinoise. Il écrit des poèmes, Cris, Chansons et Le vieux Claude suivi de L'Urne de cristal. Outre La Forêt Tragique, roman finalement couronné par l'Académie Française, il publie La Captive Nue (1925), A Nouméa, ou l'amour qui mène au bagne et Idylle Canaque, passions et drames coloniaux (1933), Le Refuge ou la haine d'un Sorcier jaune (1936, réédité en 1953), ouvrage également couronné par l'Académie Française, toutes œuvres fortement teintées d'une observation très fine des sociétés exotiques de l'époque, celles qu'il a côtoyées et, bien-sûr, de la pensée coloniale prévalant à l'époque au début du 20ème siècle.

 

René Jouglet.

René Jouglet est un écrivain français né en 1884 et mort à Montrouge en 1961. Au début des années 1930, il effectue de nombreux voyages en Asie, qui vont construire son œuvre littéraire, au sein de laquelle il convient de citer : Les Roses de la Vie en 1912 ; Frères en 1927 ; Voyage à la république des piles, en 1928 ; Dans le soleil des jonques en 1935 ; Soleil levant en 1936 ; Les Paysans en 1951 et 52 ; le Mal du Siècle en 1960.

 

Jean D’esme.

Né à Shanghai en 1894, Jean d’Esménard, petit-neveu de poète et fils d’un fonctionnaire des douanes d’Indochine originaire de la Réunion, fait ses études à Paris et entre en 1914 à la section indochinoise de l’Ecole coloniale. Mais la guerre 14-18 puis le mariage l’orientent plutôt vers le journalisme et les voyages. Il devient Jean d’Esme et fait une brillante carrière dans de grands journaux parisiens : Je sais tout ; le Matin ; L’Intransigeant.

 

Dans une œuvre marquée par l’épopée coloniale, par des biographies de grands coloniaux ou militaires, par le reportage aussi, ses voyages en Afrique lui inspirent des romans : le Soleil d’Ethiopie ; L’Homme des sables ; Au Dragon d’Annam ; les Dieux rouges… Jean d’Esme rend son âme à Dieu en 1966.

 

Alfred Droin.

Né à Troyes en 1878, d’une famille de boulangers, il entre à 18 ans dans l’infanterie de marine, et met son lyrisme au service de la gloire tricolore : Amours divines et terrestres (1901). Son séjour indochinois de huit années auprès du gouverneur Klobukowski, qui lui permet de visiter le Cambodge, le Siam, le Tonkin, donne naissance à la Jonque victorieuse puis à Rimes tonkinoises. Plus tard, il publie la Tête de Thi-Ba puis Thi-Ba, fille d’Annam. Il meurt en 1967.

 

Marguerite Duras.

Née à : Gia Dinh (Saigon) en Indochine française, le 4 avril 1914 et décédée à Paris, le 3 mars 1996. Marguerite Duras (Marguerite Donnadieu) reste en Indochine jusqu'à l'âge de dix-huit ans. Après des études de mathématiques, sciences politiques, et une licence de droit, elle est secrétaire au Ministère des Colonies, de 1935 à 1941. Pendant la guerre, elle entre dans la Résistance. En 1945, elle s'inscrit au Parti communiste dont elle est exclue dix ans plus tard. Elle publie son premier roman, Les Impudents, en 1943. C'est le début d'une œuvre de fiction importante avec des romans comme : Un Barrage contre le Pacifique, Le Marin de Gibraltar, Moderato cantabile, Le Ravissement de Lol V. Stein, Le Vice-Consul, L'Amante anglaise. Le roman "L'Amant" obtient le Prix Goncourt en 1984 et apporte la célébrité à Marguerite Duras. Jean-Jacques Annaud en fait un film, quelque temps plus tard. Elle publie ensuite un témoignage, La Douleur, puis Les Yeux bleus, cheveux noirs, Emily L., La Vie matérielle, La Pluie d'été. Après avoir été scénariste et dialoguiste pour le cinéma (Hiroshima, mon amour), Marguerite Duras va réaliser ses propres films (Nathalie Granger, Le Camion). Elle se consacre aussi au théâtre, notamment avec les pièces : Les Viaducs de la Seine-et-Oise, Des Journées entières dans les arbres, Le Square, La Musica, L'Amante anglaise (Prix Ibsen 1970).

 

Jean Hougron.

Né de parents bretons (en 1923), fils de cheminot, il suit dans son enfance les mutations de son père : Cherbourg, Paray-le-Monial, et Dreux où il arrive en 1936 et où il enseignera plus tard l’anglais et les sciences. Il fait un stage d’un an dans une maison d’import-export à Marseille qui l’envoie en Indochine en juin 1947. Là-bas, il se fait chauffeur de camion et parcourt le Laos, le Cambodge, la Chine du sud et la Thaïlande. Tour à tour planteur de tabac, ramasseur de benjoin ou de corne molle de cerf, marchand de bière, il en profite également pour apprendre le laotien et le chinois. En 1949, il rentre à Saigon, et devient journaliste à Radio France-Asie, jusqu’en 1951, date de son retour en France. Parmi ses ouvrages, on peut citer : la Nuit indochinoise, Tu récolteras la tempête, Je reviendrai à Kandara et Mort en fraude, adapté au cinéma en 1957. Jean Hougron meurt en 2001 à Paris.

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

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