Publié le 26 Mars 2017

Le carré militaire français de Kobé, au Japon.

La nécropole de Shuhogahara à Kobé est gérée par les services du consulat général de France à Osaka-Kobé. Elle abrite, depuis 1868, les dépouilles de 40 membres du corps expéditionnaire de 1864.

 

A partir du milieu du XIXème siècle, le Japon, à la suite de la Chine, doit accepter d'ouvrir sa mer intérieure afin de nouer des relations commerciales avec les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la Prusse, les Pays-Bas, le Portugal et la France.

 

Ces nouveaux venus sur le marché japonais inquiètent la population, renforçant le parti nationaliste face au régime du shôgunat.

 

Les actes d'hostilité se manifestent dès le mois de septembre 1862 avec l'assassinat du négociant britannique Richardson. Le 25 juin 1863, les batteries côtières de Shôshû font feu sur le "Pembroke", bâtiment américain, alors qu'il franchit le détroit de Shimonoseki. Le 7 juillet, l'aviso "Kien-chan", de la marine française, subit les mêmes attaques.

 

Le 20 juillet 1863, l'Amiral Jaurès, à la tête du "Tancrède" et du "Sémiramis" bombarde les batteries du détroit de Shimonoseki, débarque un régiment de 250 hommes, et fait incendier deux villages. Le 15 août, l'Amiral Kuper fait bombarder Kogashima par la Royal Navy en représailles de l'assassinat de Richardson.

 

La mer intérieure japonaise reste interdite cependant aux occidentaux. Des négociations s'ouvrent au mois d'août à Paris et le 20, le Japon s'engage à ouvrir le détroit de Shimonoseki. Le Shogun se récuse cependant cinq jours plus tard. Le Shogun décrète le 30 septembre l'expulsion des étrangers et la fermeture du détroit de Yokohama.

 

Les occidentaux lancent alors une expédition composée de neuf bâtiments britanniques, quatre navires néerlandais, trois français - le "Tancrède", le "Sémiramis" et la frégate "Dupleix", et un américain. La flotte se concentre le 4 septembre en face d'Hiroshima et se lance à l'attaque des forts du détroit de Shimonoseki les 5, 6 et 7 septembre 1864. Le 8, le Shogun se soumet et, le 22 octobre, les détroits japonais sont définitivement ouverts. Treize hommes seront tués lors de cet engagement.

 

En 1868, une nécropole de 80 m2 est réalisée au lieu de Futatabi, sur le territoire de Kobé. Elle se compose d'un carré où reposent 29 marins et officiers de Marine décédés pendant ces années de lutte, et d'un monument commémoratif élevé à la mémoire des victimes du massacre de Sakai et des onze marins blessés ou tués à bord du "Dupleix".

 

Le site est entretenu par le Consulat général de France à Osaka-Kobé, grâce à la dotation budgétaire annuelle octroyée par le ministère de la défense.

 

 

 

Sources.

 

  • Souvenir Français – Délégation de Chine / Asie.
  • Site web de cette délégation : www.souvenir-francais-asie.com
  • Encyclopédies Larousse, Hachette, Wikipédia.
  • Site Internet “Chemins de la Mémoire” du Ministère de la Défense.

 

 

Le carré militaire français de Kobé, au Japon.

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Publié le 14 Mars 2017

Les soldats américains débarquent en France.

Les soldats américains débarquent en France.

1917 aux Etats-Unis.

Le président Woodrow Wilson, ancien gouverneur de l’Etat du New Jersey, non loin de celui de New-York, a été élu pour un premier mandat le 5 novembre 1912. Il est réélu – de justesse – quatre années plus tard en 1916 sur le slogan suivant : « Nous ne sommes pas en guerre, grâce à moi ». En dépit de relations particulièrement détériorées avec le Reich allemand, les Etats-Unis cherchent à être fidèles à une politique qu’ils suivent depuis près d’un siècle : l’isolationnisme. En effet, en 1823, le président américain Monroe a présenté sa conception de la politique étrangère : que les Etats-Unis n’interviennent pas dans les affaires de l’Europe comme les puissances européennes ne doivent pas intervenir dans celles des Amériques.

 

Tout au long du siècle écoulé, les Etats-Unis ont eu pour but premier de se constituer un vaste territoire géographique et économique. Ils ont dû par la suite affronter une guerre civile – la Guerre de Sécession – particulièrement meurtrière et destructrice.

 

Aussi, n’est-il pas question d’interférer dans ce conflit mondial, mais principalement européen. En janvier 1917, le président Wilson propose qu’il soit mis fin à la guerre en plaidant pour une paix sans vainqueurs. Wilson sait ce que les Etats-Unis doivent à la France pendant la Guerre d’indépendance ; il sait aussi que les Allemands cherchent par tous les moyens à les entraîner dans la guerre (torpillage du Lusitania, ce paquebot anglais où vont périr plus d’un millier de personnes dont près de 200 Américains).

 

Peu à peu, la bonne conscience américaine de neutralité se lézarde. La population n’est pas insensible à des appels d’écrivains, comme Blaise Cendrars, ou de personnalités ayant pour mot d’ordre : « Quand l’Amérique a eu besoin de la France, celle-ci est intervenue. Aujourd’hui, la France a besoin de l’Amérique ! ». Cette même Amérique qui se passionne pour les exploits de jeunes compatriotes qui combattent dans l’aviation française, sous les couleurs de l’Escadrille Lafayette. D’autres jeunes américains – c’est moins connu – s’engagent dans la Légion étrangère (tel le poète Alan Seeger), seule arme pouvant les accueillir, puisque les Etats-Unis ne sont pas en guerre.

 

L’escalade est là : en février 1917, les Etats-Unis rompent leurs relations diplomatiques avec l’Empire allemand. Depuis l’affaire du Lusitania en décembre 1915 et après la décision de l’Allemagne de couler tous les bateaux voguant sur l’Atlantique, la situation n’est plus tenable. L’opinion américaine est prête pour la guerre.

 

En avril, Wilson fait un discours au congrès pour demander une déclaration de guerre à l’Allemagne ; demande acceptée le 6 de ce même mois. Le lendemain, le Panama et Cuba déclarent la guerre à l’Allemagne. La Bolivie, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica, le Pérou, l’Uruguay, la république dominicaine et l’Equateur rompent leurs relations diplomatiques avec cette même Allemagne. Cela traduit bien d’ailleurs le rôle des Etats-Unis dans sa zone d’influence.

 

L’arrivée des troupes américaines en France.

Le 3 mai, le corps expéditionnaire est constitué. Les hommes se rassemblent dans les ports d’embarquement, dont Norfolk dans l’Etat de Virginie. Les premiers soldats débarquent à Boulogne-sur-Mer le 13 juin 1917. A leur tête se trouve le général John Pershing. Il est accompagné d’un lieutenant qui deviendra célèbre quelques années plus tard : Patton !

 

Extrait du Journal l’Illustration : « Avec leurs uniformes de drap olive, leurs feutres à larges bords, leurs ceintures à pochettes multiples, cette allure de jeunes cow-boys de l’Ouest américain, ils apportaient une note de pittoresque inédit dans nos décors de guerre ».

 

Pershing multiplie les rencontres officielles durant les semaines qui suivent. Le 28 juin, il assiste, à Saint-Nazaire à l’arrivée de la 1ère division d’infanterie US. Le 4 juillet, jour de fête nationale américaine, il se recueille sur la tombe du marquis de La Fayette au cimetière de Picpus à Paris. C’est à cette occasion que le colonel Stanton lance la phrase devenue célèbre : « La Fayette, nous voilà ! » qui déchaîne l’enthousiasme de la foule massée aux abords du cimetière.

 

Le 21 août, il inspecte les troupes avec le général Pétain. Les consignes du président Wilson sont très claires. L’armée américaine doit restée indépendante. Elle est formée par l’armée française, mais en aucun cas, ses troupes ne doivent être « amalgamées » aux unités françaises.

 

Le déploiement des troupes et les engagements.

Pour amener en moins de 18 mois plus de deux millions de soldats, des tonnes de matériels, de munitions, d’armes, de ravitaillement de toutes sortes, les Américains vont créer en France des camps, des ports et des gares. C’est là qu’arrivent, le 26 juin 1917, les premiers bâtiments d’un convoi parti de New York qui amène 14.750 hommes. Le 9 août, une deuxième base américaine est créée à Bassens, en Gironde, puis en septembre, des travaux d’aménagement commencent à Pontanézen, près de Brest, pour la construction d’une véritable ville qui va accueillir 70.000 militaires américains en transit avant de monter au front. A Bassens, les Américains créent un port artificiel capable de recevoir et de décharger vingt navires à la fois.

 

Bientôt, ils relient chacun de leurs ports et de leurs camps par des voies de chemin de fer qui vont jusqu’à l’Ile-sur-Tille (Côte d’Or) en passant par Bourges et par Tours. A Gièvres (Loir-et-Cher), une immense gare régulatrice est installée. Elle comprend deux gares de triage, avec 145 hectares de stockage, un dépôt pétrolier, une usine frigorifique, un arsenal pour les munitions, un atelier de 200 locomotives… En novembre 1918, le personnel américain du chemin de fer s’élève à plus de 30.400 agents pour un parc de 14.000 wagons et de 1.380 locomotives.

 

Le rythme des débarquements de troupes s’accélère et de 78.000 « Sammies » (les soldats de « l’Oncle Sam ») présents au début du mois de novembre, le corps expéditionnaire américain compte près de 150.000 hommes sur le sol de France au 31 décembre. Un an plus tard, ils seront deux millions.

 

L’année 1917 voit ainsi la mise en place de la machine de guerre des Etats-Unis qui, pour la première fois, interviennent dans un conflit à l’échelle mondiale et s’imposent comme une grande puissance.

 

Les combats.

En novembre 1917 a lieu le premier engagement des troupes américaines. Il se déroule dans la région de Lunéville. En avril, les Américains combattent près de Saint-Mihiel, au sud-est de Verdun. Le 28 mai 1918, un régiment de la 1ère DIUS est engagé dans la bataille de Cantigny (région de Montdidier). Au prix de lourdes pertes, il tient le village de Cantigny conquis sur la 18e armée allemande. C’est une première consécration de la valeur des troupes américaines.

 

En juin suivant, les troupes combattent victorieusement à Château-Thierry puis au Bois-Belleau. Les pertes sont élevées parmi les 2e et 3e DIUS. Mais elles tiennent !

 

A l’automne 1918, les Américains sont de l’offensive Meuse-Argonne. Le général Pétain confie aux troupes du général Pershing la réduction du saillant de Saint-Mihiel. Le 14 septembre 1918, les Américains sont à Fresnes-en-Woëvre : les Eparges ne sont plus aux mains des Allemands qui perdent en moins de deux jours tout le terrain conquis en septembre 1914 ainsi que 13.200 prisonniers et 460 canons. Quelques semaines plus tard, sous les coups de butoir des armées française et américaine, les Allemands sont repoussés au nord du département de la Meuse.

 

Le maréchal Foch prépare une nouvelle offensive. Elle doit conduire l’armée française vers le sud de l’Allemagne. Quant aux DIUS, elles doivent prendre Metz et la Lorraine. Mais ce plan ne se déroulera jamais. Le 11 novembre, l’armistice est signé.

 

L’aide américaine.

L’aide américaine n’a pas été que militaire. D’abord, des millions de colis sont envoyés depuis les Etats-Unis pour les soldats des DIUS, mais pas uniquement : ces colis s’adressent à tous les soldats et aux populations civiles. Par ailleurs, des dons affluent à l’ambassade de France à Washington. Des vêtements, des aliments, des pansements, du tabac, des cadeaux de Noël sont offerts pour les enfants. Des nombreuses associations se mobilisent dans ce sens.

 

Des volontaires des services médicaux, médecins et personnels spécialisés se regroupent au sein de l’Ambulance américaine de Paris qui s’organise très rapidement autour de l’Hôpital américain de Neuilly. De son côté, l’American Volunteer Motor Ambulance, créé par Richard Norton, un ancien d’Harvard, transporte des milliers de blessés. Cette initiative est bientôt rejointe par l’Ambulance Field Service et par l’American Red Cross. De nombreux ambulanciers sont des hommes célèbres, à commencer par Ernest Hemingway.

 

L’aide américaine est aussi visible dans les hôpitaux où les dernières avancées de la recherche outre-Atlantique sont déployées et testées.

 

Un bilan.

Au cours de son engagement dans la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis ont perdu 117.000 hommes, répartis ainsi : 53.400 tués au combat et 63.115 morts accidentelles ou de maladies (la grippe espagnole ayant fait des ravages). Ils ont eu 206.000 blessés.

 

Puis, pendant les années 1920, le War Departement réalise en France de vastes cimetières et d’impressionnants mémoriaux. L’entretien, la garde et la pérennité des nécropoles et des monuments fédéraux sont confiés à l’American Battle Monument Commission, créée en 1923 et dont le premier président est le général Pershing. A proximité des lieux mêmes des combats ou des lieux de leur installation, les Américains érigent des monuments imposants, notamment la Colonne commémorative de Montfaucon et le Mémorial de Montsec dans la Meuse et la Colonne de Fismes dans la Marne. Beaucoup d’entre eux sont endommagés durant la Seconde Guerre mondiale et reconstruits par la suite. Sur le territoire français, six nécropoles recueillent les corps de 30.066 Américains dont 1.586 inconnus : Aisne-Marne à Belleau et Oise-Aisne à Fère-en-Tardenois (Aisne), Meuse-Argonne à Romagne-sous-Montfaucon (Meuse), Saint-Mihiel à Thiaucourt (Meurthe-et-Moselle), Somme à Bony (Somme). Les 1.541 Américains décédés à l’hôpital de Neuilly reposent dans la nécropole de Suresnes.

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
  •  André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.
  • Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
  • - Pierre Miquel : Le gâchis des généraux, Plon 2001 ; Les Poilus, Plon, 2000 ; Je fais la guerre, Clemenceau, Taillandier, 2002.
  • Yves-Henri Nouailhat, France et Etats-Unis, août 1914-avril 1917, La Sorbonne, 1979.
  • Jacques Pernet, l’Armée américaine en France, Alan Sutton, 2007.
  • Collectif, La Fayette nous voilà, Editions Italiques, 2008.
  • Nadine Bonnefoi, Les Chemins de la Mémoire, n°168, Janvier 2007.
  • Site du Centenaire : www.centenaire.org

 

 

 

Au cimetière de Picpus, le 4 juillet 1917.

Au cimetière de Picpus, le 4 juillet 1917.

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Publié le 12 Mars 2017

L'Empire colonial français.

L’Empire colonial français était l’ensemble des colonies, protectorats, territoires sous mandat et territoires sous tutelle gouvernés ou administrés par la France. Commencé au 16e siècle, il a connu une évolution très contrastée selon les époques, aussi bien par son étendue que par sa population ou sa richesse. Les possessions coloniales ont connu différents statuts et modes d’exploitation, des colonies antillaises esclavagistes du 17e siècle et du 18e siècle à l’Algérie française, partie intégrante de la France à certaines périodes, en passant par les protectorats de Tunisie et du Maroc et les territoires sous mandat de Syrie et du Liban.

On distingue généralement deux périodes concernant les empires coloniaux français, le pivot étant la période couvrant la Révolution et l’époque napoléonienne au cours de laquelle la France perdit les derniers restes de sa première aventure coloniale.

Le premier espace colonial, constitué à partir du 16e siècle comprend des territoires nord-américains, quelques îles des Antilles, les Mascareignes et des établissements en Inde et en Afrique. Le 1er empire colonial s’étendait sur 8.013.624 km². La Guerre de Sept Ans, qui mit un frein aux ambitions coloniales de la France, se solda par la perte de la majorité des territoires nord-américains et en Inde à l’exception de quelques comptoirs (Yanaon, Pondichéry, Mahé, Karikal, Chandernagor). Il survit malgré tout et connaît une certaine prospérité grâce aux exportations antillaises (Saint-Domingue, Martinique, Guadeloupe) de café et surtout de sucre entre 1763 et la fin des années 1780. Il s’effondre brutalement dans la décennie suivante avant de disparaître presque entièrement durant l’époque napoléonienne.

Le second empire colonial, constitué à partir des années 1830, se compose principalement de régions d’Afrique acquises à partir des anciens comptoirs, mais aussi d’Asie (Indochine) et d’Océanie (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Nouvelles-Hébrides). Ce second empire colonial fut au cours de la seconde moitié du 19e siècle et au 20e siècle le deuxième plus vaste du monde, derrière l’Empire colonial britannique. Présent sur tous les continents, il s’étendait, à son apogée, de 1919 à 1939, sur 12.347.000 km². En incluant la France métropolitaine, les terres sous souveraineté française atteignaient ainsi la superficie de près de 13 millions de km², soit près d’1/10 de la surface de la Terre, abritant une population de 110 millions d’habitants à la veille de la Seconde guerre mondiale, soit 5 % de la population mondiale de l’époque.

Aujourd’hui, les restes de ce large empire colonial constituent la France d’outre-mer (ou DOM-TOM), une douzaine de territoires insulaires dans l’Atlantique, les Antilles, l’océan Indien, le Pacifique Sud, au large de l’Antarctique, ainsi que la Guyane sur la côte nord de l’Amérique du Sud, pour une superficie émergée totale de 119.394 km², soit à peine 1% de la superficie de l’empire colonial à son apogée entre les deux guerres mondiales. D’une faible superficie émergée, ces DOM-TOM permettent toutefois à la France de revendiquer la 2e plus grande zone économique exclusive (ZEE) au monde, couvrant 11.035.000 km² d’océans, juste derrière celle des Etats-Unis.

Ainsi, au cours du 20ème siècle, la France va perdre peu à peu la majeure partie de ses colonies. Dans des accords signés entre parties, comme la loi-cadre Defferre qui ouvre la porte à l’indépendance des pays d’Afrique sous domination française, mais aussi dans des conflits comme l’Indochine (1945-1954) et l’Algérie (1954-1962). Des centaines de milliers de jeunes français ont connu ces guerres de décolonisation. Ils ont aujourd’hui environ 75 ans pour les plus jeunes.

 

Photographies :

 

Les photographies ci-dessous présentent des cartes et des images de l’Empire colonial français.

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédies Larousse, Universalis, Wikipédia.
  • Ministère des forces armées ; Ministre de la France d'outre-mer, Tropiques: revue des troupes coloniales, Paris, mensuel.
  • L'Armée d'Afrique, Alger, Éditions Aumeran, mensuel.
  • Ferdinand Burot; Maximilien Albert Henri André Legrand, Les troupes coloniales, Paris, Baillière, 1897-98.
  • Les Troupes de marine 1622-1984, Paris: Charles-Lavauzelle, 1991.
  • Robert Hure, L'Armée d'Afrique: 1830-1962, Paris: Charles-Lavauzelle, 1977.

 

L'Empire colonial français.
L'Empire colonial français.
L'Empire colonial français.
L'Empire colonial français.
L'Empire colonial français.
L'Empire colonial français.
L'Empire colonial français.
L'Empire colonial français.
L'Empire colonial français.
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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #La Coloniale

Publié le 9 Mars 2017

A Pozières (Somme) en août 1916.

A Pozières (Somme) en août 1916.

Le contexte.

Le front occidental est stabilisé depuis décembre 1914, à la suite de la course à la mer. Les combats de 1915 d’Artois et de Champagne n’ont rien donné. Le général Joffre est inquiet des pertes subies, du manque d’unité de vue et de la dispersion des efforts militaires chez les Alliés. Une belle attaque commune : voilà ce qu’il faudrait à la fois pour renforcer la coopération entre Français et Britanniques et pour percer les lignes allemandes.

 

Les conférences de Chantilly.

Décembre 1915 : au sein de l’armée britannique le général en chef John French est remplacé par Douglas Haig. Les 6 et 7 décembre 1915, à Chantilly, Joffre explique ses plans aux Anglais, mais aussi aux Italiens : il s’agit d’attaquer aux beaux jours, donc au printemps ou en été 1916, les Empires Centraux : aux Français et aux Anglais de préparer une offensive contre l’Allemagne, aux Italiens d’en préparer une contre les Austro-hongrois.

 

En 1916, l’armée britannique en France manque d’expérience, sa partie professionnelle, six divisions, ayant été décimée en 1914-1915. La plus grande partie de ses effectifs est composée de volontaires des forces territoriales et de la nouvelle armée de Kitchener. Les officiers ont été promus rapidement et manquent à la fois de formation et d’expérience. Haig collabore volontiers avec Joffre, mais il souligne l’indépendance du corps expéditionnaire anglais, le commandement n’est donc pas unifié. Que l’on se figure une armée du Commonwealth. Il y a là des divisions anglaises, et aussi Nord-irlandaises, néo-zélandaises, australiennes, indiennes, sud-africaines et canadiennes.

 

Le général Joffre monte donc cette offensive avec l’armée française comme acteur principal au sud de la Somme, qui doit être appuyée par le corps expéditionnaire britannique, moins aguerri, entre la Somme et Arras. Il nomme Foch commandant du Groupe d’Armées Nord, responsable de l’opération. Une autre conférence à Chantilly le 14 février 1916 fixe le début de l’offensive au 1er juillet 1916.

 

Mais un imprévu arrive : en février les Allemands lancent leur attaque sur Verdun. Joffre décide de dégager le front de la Somme pour alimenter le secteur de la Meuse. De fait, les Britanniques se retrouvent devenir l’élément principal de l’attaque de juillet 1916. Seules quelques divisions françaises vont les appuyer.

 

Le front.

Les Allemands sont positionnés sur presque toutes les hauteurs du front. Ils occupent la ligne de crête qui sépare les bassins versants de la Somme et de l’Escaut. Ils sont ainsi organisés leurs lignes : une forte première position, avec des tranchées de première ligne, d’appui et de réserve, ainsi qu’un labyrinthe d’abris profonds comportant d’ailleurs tout le confort moderne. Une deuxième est placée en ligne intermédiaire, dont le but est de protéger les batteries de campagne. Enfin, une troisième ligne, qui est pratiquement aussi forte que la première.

 

Du côté des Alliés, l’armée britannique est positionnée au nord du fleuve, quant à l’armée française, elle se tient de part et d’autre de la Somme en faisant sa jonction avec les Anglais sur la rive gauche. L’arrière sert de gigantesque entrepôt d’approvisionnement, avec Amiens pour centre : des chemins de fer sont construits ; des aérodromes sont aménagés ; des centres de ravitaillement ; des hôpitaux militaires… De nombreux ressortissants des colonies britanniques et françaises travaillent à la mise en œuvre de cet arrière. Des organisations chrétiennes, humanistes et/ou gouvernementales font également l’apologie de ce combat contre le Mal et, moyennant espérance de gains et de bon travail, font venir des milliers de Chinois.

 

Chez les Alliés, les Français sont commandés par Foch, avec la VIe armée du général Fayolle et la Xe armée du général Micheler. Du côté britannique, Haig a sous sa responsabilité la IIIe armée du général Allenby, la IVe du général Rawlinson et l’armée de réserve du général Cough.

 

Quant aux Allemands, ils sont sous la direction du général Fritz von Below.

 

24 juin 1916 – Préparation d’artillerie.

Grâce à la maîtrise du ciel, les Alliés peuvent détruire une partie des dirigeables allemands chargés d’annoncer les mouvements de troupes. En effet, les Britanniques disposent de 185 appareils (principalement des Sopwitchs), les Français de plus de 115 (des Caudron et des Farman bimoteurs, des Spad 7), alors que les Allemands ne peuvent aligner que 129 avions.

 

La préparation d’artillerie, initialement prévue pour cinq jours, débute le 24 juin par des tirs de réglage et de destruction. Elle s’intensifie à partir du 26 par un bombardement général et continu des lignes allemandes. En une semaine, l’artillerie britannique tire 1.732.873 coups. Les tranchées allemandes sont presque totalement détruites, mais les abris souterrains sont intacts. Le 28, l’offensive est reportée de 48h à cause du mauvais temps. Il tombe les premiers jours une moyenne de cinq obus pour chaque soldat allemand.

 

L’échec du 1er juillet.

Le 1er juillet au matin, à partir de 6h25, commence le bombardement final des Alliés. Les tirs d’artillerie atteignent une cadence de 3.500 coups par minute, produisant un bruit si intense qu’il est perçu jusqu’en Angleterre.

 

A 7h30, au coup de sifflet, l’infanterie britannique franchit les parapets baïonnette au canon et part à l’assaut des tranchées adverses. Les hommes sont lourdement chargés avec plus de 30 kg d’équipement. Ordre a été donné aux hommes de ne pas courir. En fait, l’état-major anglais craint que les hommes ne perdent le contact en courant et en se dispersant. Persuadé que les défenses allemandes ont été anéanties par les tirs d’artillerie, il exige que les hommes avancent au pas.

 

Les Allemands les accueillent avec des tirs de mitrailleuses qui les fauchent en masse. Les officiers sont facilement repérables et sont particulièrement visés. On estime à 30.000 le nombre de victimes (tués et blessés) dans les six premières minutes de la bataille. Les Allemands sont stupéfaits de voir les soldats britanniques venir au pas… A midi, l’état-major britannique annule l’ordre de marcher au pas, et retient les vagues d’assaut suivantes. De toute façon, les rares Anglais à parvenir aux tranchées allemandes ne peuvent résister à une contre-attaque. De leur côté, les Français atteignent leurs objectifs et peuvent progresser.

 

Au soir du premier jour des combats, le carnage est immense : 20.000 soldats du Commonwealth sont morts ; 36.000 sont blessés et hors de combat ; plus de 2.000 sont portés disparus. Des régiments entiers, comme celui de Terre-Neuve, sont anéantis à plus de 90 %.

 

Chez les Allemands, les pertes sont estimées à 6.000 hommes.

 

Evolution de la bataille.

Après l’échec du 1er juillet, le commandement britannique souhaite arrêter l’attaque. Le général Joffre refuse. Par contre, le principe d’une offensive d’ampleur est rejeté au profit d’attaques secondaires. Ainsi, le 4 juillet, les Anglais prennent La Boisselle, puis le bois de Mametz. Pozières tombe le 23, pris par la 1ère division australienne. A partir du 14 juillet, les combats se concentrent sur le bois de Delville, pris puis perdu par les Sud-Africains. Puis, pendant une semaine, c’est au tour du village de Guillemont de subir les attaques, en vain, des Anglais.

 

Les Français, quant à eux, continuent leur progression. Ils se rendent maître du plateau de Flaucourt. Ils ont avancé de près dix kilomètres. Près de 1.200 soldats allemands sont faits prisonniers. C’est le plus beau succès depuis la bataille de la Marne deux ans plus tôt. Mais les troupes du IIe Reich se ressaisissent : trente divisions sont retirées du secteur de Verdun (ce qui pour partie scelle l’échec sur la Meuse) et envoyées sur la Somme.

 

En septembre, les Alliés décident de reprendre l’offensive sur l’ensemble du front de la Somme. Mais là encore, le 3, les attaques britanniques échouent sur Guillemont, Ginchy et Thiepval. Même si chez les Français, de nouvelles positions sont prises (Vermandovillers, Deniécourt, Chilly), la progression est trop juste pour pouvoir tenir.

 

Apparition des chars.

Le 15 septembre apparaissent les premiers chars d’assaut britanniques. Ce sont des « tanks » Mark I, qui mesurent 8 mètres de long, pèsent 30 tonnes et disposent d’une autonomie de 20 km. Ils avancent à la vitesse de 6 km/h et sont équipés de 5 mitrailleuses. Leur utilisation, à l’avant de l’infanterie, permet au 22e Régiment royal canadien de prendre Courcelette, à la 15e division écossaise de prendre Martinpuich, tandis que la 47e London division s’empare du bois des Fourcaux. De même, à Flers, les Britanniques battent les Allemands et font 4.000 prisonniers.

 

Les chars sont bien entendu intégrés dans la grande offensive des 25 et 26 septembre. Les Alliés entrent dans Combles, évacué par les Allemands et prennent Thiepval. Mais ses efforts ne font que stabiliser le front. Les forces s’essoufflent et ne peuvent poursuivre.

 

Pourtant, les Alliés « remettent cela » : le 5 novembre, les Français attaquent Sailly-Saillisel mais ne peuvent prendre le bois de Saint-Pierre-Vaast. Quelques jours plus tard, Beaumont-Hamel est pris par les Britanniques. Mais ils n’avancent plus guère. L’automne est là, avec la pluie, la boue et le froid. Les chars n’avancent plus et deviennent de très belles cibles pour les obus ennemis. Le général Haig décide de stopper toutes les offensives britanniques. Il est imité quelques jours plus tard par le général Foch, qui renonce à une offensive majeure du le Xe armée. C’en est fini de la bataille de la Somme. Près de 70.000 soldats allemands sont prisonniers, mais les Britanniques ont eu 260.000 tués et les Français 63.000, chiffres auxquels il convient d’ajouter les blessés deux fois plus nombreux. Joffre, furieux de cet échec, décide de limoger Foch et de l’envoyer en mission à l’état-major puis en Italie. Il devra attendre 1918 pour faire son retour à la tête d’une armée française puis à celle de toutes les armées alliées.

 

Quant aux Anglais, pour toujours, le 1er juillet reste comme la journée la plus meurtrière de toute son histoire militaire.

 

Le coquelicot.

Dans les pays du Commonwealth, le coquelicot est associé au souvenir des combattants tombés pendant la Première Guerre mondiale. Cette allégorie du coquelicot découle d’un poème datant du printemps 1915, écrit par le lieutenant-colonel John Mc Crae, un médecin du Corps de santé royal canadien qui fut témoin de la terrible seconde bataille d’Ypres. Il s’intitule In Flanders Fields. En fait, les coquelicots fleurissaient sur les bords des tranchées et sur les routes des soldats et leur couleur rouge était un symbole pour le bain de sang de la guerre. Une Française, Madame Guérin, proposa au maréchal britannique Douglas Haig que les femmes et les enfants des régions dévastées de France produisent des coquelicots afin de recueillir des fonds pour venir en aide aux « gueules cassées ». En novembre 1921, les premiers coquelicots furent distribués. La tradition se poursuit depuis.

 

Il est à noter la similitude de cette histoire avec celle du Bleuet de France.

 

 

Sources :

 

  • Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande guerre, Bayard, 2004.
  • John Buchan, La bataille de la Somme, Thomas Nelson & Sons, 1920.
  • Marjolaine Boutet et Philippe Nivet, La bataille de la Somme, Taillandier, 2016.
  • Général Georges Girard, La bataille de la Somme en 1916, Plon, 1937.
  • Alain Denizot, La bataille de la Somme, Perrin, 2002.
  • Mémoires du maréchal Joffre et du maréchal Foch.
  • John Keegan, La Première Guerre mondiale, Perrin, 2003.

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