Publié le 20 Avril 2012

 

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Adjudant-chef Mohammed El Gharrafi, du 2ème REG, tué en Afghanistan le 29 décembre 2011.

 

 Après les attentats aux Etats-Unis de 2001, avec le soutien des forces de l’OTAN, les Etats-Unis renversent le régime des Talibans en Afghanistan. Ces derniers abritent alors les terroristes d’Al-Qaida et leur chef Oussama Ben Laden.

 

En 2004, la mission des forces de l’OTAN devient l’ISAF (Force Internationale d’assistance et de sécurité) et son but consiste en une aide à la mise en place d’un Etat structuré et fort dans ce pays, sous la présidence d’Hamid Karsaï. Cette mission s’accompagne, comme bien souvent, d’un volet humanitaire et de développement des infrastructures.

 

La France est active en Afghanistan depuis 2001 et compte aujourd’hui 3.400 militaires, placés dans les provinces de Kaboul – la capitale –, de la Kapisa et de Surobi. Depuis 2001, 82 militaires français ont trouvé la mort dans ce pays, et sans parler des dizaines de blessés.

 

C’est l’une des missions du Souvenir Français que de conserver la mémoire de ces militaires morts au Champ d’honneur. Diffusé par Yves Debray, membre du conseil d’administration de l’Association de Soutien à l’Armée Française, voici ce poème écrit Madame Colette Dahais, employée du Corps des Personnels civils de le Défense au Musée du Génie d’Angers.

 

 

« J’avais vingt, trente ou quarante ans

J’étais caporal, capitaine ou adjudant

Et je suis mort en Afghanistan.

 

Sur une terre hostile et lointaine

Je suis parti loin des miens

Défendre la paix, la veuve et l’orphelin

Je n’étais qu’un soldat, pas un héros

Mon engagement c’était ma foi, mon crédo.

 

Qu’ici en France tous le comprennent

Que mes parents et camarade on soutienne

Que les jeunes Afghans grandissent sereins

Que mon sacrifice ne soit pas vain.

 

Adieu maman, adieu chérie, adieu mon tout-petit

Dans la douleur et le chagrin

Pas de revanche ni de colère

C’était mon métier, j’en étais fier

Bien qu’à ma vie, il ait mis fin.

 

J’avais vingt, trente ou quarante ans

J’étais officier, sous-officier ou militaire du rang

Tombé au Champ d’honneur… là-bas en Afghanistan ».

 

 

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Publié le 8 Avril 2012

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Jacques Vignaud, au collège Henri Matisse d’Issy-les-Moulineaux. Conférence sur la Résistance.

 

Il y a quatre années, le Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux rencontrait Jacques Vignaud, qui avait alors raconté son engagement dans la Résistance à l’âge de 17 ans : « Ces adolescents qui prirent tous les risques pour sauver la France ».

Voici une suite de ce récit.

 

Anarchiste républicain.

 

« Je ne fus démobilisé qu’en janvier 1946. Après la poche de Royan – La Rochelle, je fus envoyé sur celle de Lorient. Des armées entières étaient parties pour délivrer le territoire national, et poursuivre la lutte en Allemagne. Pour notre unité, il s’agissait de participer à la gestion des zones de résistance de l’ennemi. Si à Royan, j’étais un fantassin du 93ème RI., à Lorient, on me plaça un camion Bedford tout neuf dans les mains, avec interdiction de prendre à bord des passagers.

 

Je passais donc au milieu de pauvres familles qui rentraient chez elles. Pauvres familles qui s’en revenaient d’un exode parfois de plusieurs années afin de retrouver la terre de leurs aïeux. Une fois, je n’y tins plus et je remplis mon Bedford de passagers. Bien sûr, la police militaire me prit en flagrant délit. Ainsi, après avoir connu la prison en tant que Résistant, je la connus en tant que militaire désobéissant à un ordre que je considérais comme stupide.

 

Cette insoumission était bien dans mon caractère. J’ai toujours été une sorte d’anarchiste. Républicain certes, mais récalcitrant à toute la connerie humaine ! Bref, cela me valut 8 jours d’arrêt de rigueur. Mais j’étais le seul prisonnier à Lorient qui recevait des visites d’habitants de la ville, des paniers plein d’huîtres à mon intention !

 

Déjà quelques temps plus tôt, j’avais agit de la sorte. Les Allemands étaient à la recherche de jeunes gars pour aider les entreprises françaises à construire le Mur de l’Atlantique. J’étais alors garçon de recettes sur les Fêtes foraines. Je fus embarqué de force pour travailler aux ouvrages fameux. Je ne peux pas dire que j’en faisais lourd… Un jour, alors que le chantier était la cible de bombardements « d’avions forteresses » de l’US Air Force, je descendis sous les hangars de protection. Là, un sous-marin allemand était accosté. Ils évacuaient des blessés. Je reportai ce que j’avais vu à quelques camarades le lendemain. Puis je pris l’habitude de les informer régulièrement. On pouvait compter sur mon engagement et ma fidélité à la cause qu’ils défendaient.

 

Tout naturellement, ils me demandèrent quelques mois plus tard de rejoindre le maquis. J’avais 17 ans ».

 

Reporter au Time Life.

 

« Je fus donc démobilisé en janvier 1946. On nous avait donné des papiers pour nous rendre dans des bureaux de recrutement. A Paris, nous reçûmes des enveloppes, au sein desquelles se trouvaient des propositions d’emploi. Nous étions en sortie de guerre, heureux d’être des miraculés. Et tout était possible. J’ouvris. Deux propositions s’y trouvaient : l’une pour Fortune et l’autre pour Time Life. Je rencontrai le directeur de ce journal à Paris. Il me dit : « Si tu sais conduire une jeep, alors je t’engage. Prends cet appareil photo. Prends des photos. Tout ce que tu veux. J’ai besoin que l’on voit Paris après la guerre. Débrouille-toi et bonne chance ! ».

 

J’habitais chez une personne de ma famille à Bezons. Je passais mes journées à travailler, à faire ce que j’appelais pompeusement mes reportages. On m’avait aussi confié le tri de la presse pour préparer des revues pour le correspondant du journal à Paris : Sherry Mc Gan. Enfin, je passais des courriers à un Américain en charge de l’application du Plan Marshall pour la France.

 

A partir du mois de décembre 1946, l’Assemblée nationale fonctionna à nouveau. Vincent Auriol en était le président. Je devais me rendre au Palais Bourbon afin de remettre une invitation à l’’un des ténors de la politique de l’époque, un héros de l’entourage du général de Gaulle : Maurice Schumann. J’avais 20 ans et je rencontrais un personnage important. Je dois confesser que ce n’était pas la première fois que j’étais dans cette situation.

 

Environ deux années plus tôt, alors maquisard, on m’avait demandé d’aller chez l’écrivain Georges Simenon qui s’était installé peu loin de notre campement. Là-aussi, j’étais pétrifié de peur à l’idée de rencontrer un grand homme. Je m’y rendis en voiture à cheval afin de récupérer de l’essence. Je sais tout ce qui a été dit, écrit sur Simenon pendant la Seconde Guerre mondiale : l’engagement de son frère dans la Waffen-SS de Wallonie, son antisémitisme … Etait-il un collaborateur ? Je n’en sais rien. Ce que je peux dire par contre, c’est qu’il m’accueillit – et d’autres maquisard plus tard avec moi – de manière charmante. Il nous fit des chèques pour nous permettre d’acheter des provisions et tout ce dont nous avions besoin. Il nous couvrit de nourriture, de bouteilles…

 

Ainsi, je me trouvai face à Schumann. Nous discutâmes un moment – en fait il me posa des questions et je tentai de répondre – puis me rendit mon invitation marquée de son accord. Mais plus de soixante-cinq années après, je n’ai pas oublié une seule seconde de cette visite. Je vois encore son regard. Deux petits yeux derrières des lunettes à gros foyers de myope. C’était quand même un événement».

 

Au hasard de rencontres.

 

« Au hasard d’une rencontre puis d’une amitié, un chef d’entreprise me confia un poste au sein d’une unité industrielle dans la chimie. Je devins coloriste et travaillai dans ce métier pendant près de 10 ans, alors qu’au départ je n’avais bien entendu aucune formation.

 

Dans le même temps, je me passionnai pour mon activité bénévole au sein des Auberges de Jeunesse. Je gravis tous les échelons pour atteindre le poste de secrétaire général national. C’est d’ailleurs au cours d’une réunion internationale en Suède que je découvris celle qui allait devenir mon épouse. Une jeune femme thaïlandaise qui représentait les Auberges de tout le sud-est asiatique.

 

Je repris pendant près de trois ans mon travail de journaliste et je devins l’un des correspondants de la revue Selection du Reader Digest entre 1963 à 1966. Enfin, et jusqu’en 1992, je travaillai chez Linguaphone France ou je fus le chef des ventes nationales. Tout en conservant des activités annexes, bien sûr. Au cours de ces dernières années, entre le militantisme politique, l’engagement au conservatoire d’Issy-les-Moulineaux ou dans l’administration du collège Henri Matisse, je n’ai jamais cessé en fait d’être en activité. Cela conserve !».

 

 

Entretiens réalisés en janvier 2012, à la brasserie Les Colonnes, à Issy-les-Moulineaux.

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