Publié le 7 Août 2020

Les coloniaux : Pierre Savorgnan de Brazza.

L’explorateur.

Né le 26 janvier 1852 et élevé à Rome, sous le nom de Pietro Savorgnan di Brazza, le futur explorateur est le fils du comte Ascanio Savorgnan di Brazza, un noble d’Udine, issu d’une famille patricienne de la République de Venise. Le jeune Pietro a douze frères et sœurs.

Avec l’aide d’amis de son père, Pietro vient à Paris et suit les cours du collège Sainte-Geneviève. Puis il réussit le concours d’entrée à l’Ecole navale de Brest. Il en sort enseigne de vaisseau et embarque sur la Jeanne d’Arc pour l’Algérie. Là-bas, il est horrifié par la violence de la répression de la révolte kabyle par les troupes françaises. Alors que la Guerre franco-prussienne vient d’être déclarée, il demande son affectation dans une unité de combat. Tout en ayant obtenu sa naturalisation française, il est envoyé sur le cuirassé La Revanche, en mer du Nord.

Avec l’avénement de la IIIe République, il est nommé sur un navire qui fait régulièrement escale au large du Gabon. En 1874, il rentre en métropole, passe son diplôme de capitaine au long cours afin de demeurer dans la Marine nationale et demande des subsides au Gouvernement (Jules Ferry et Léon Gambetta) afin de pouvoir explorer le fleuve Ogooué. A deux reprises, Brazza remonte le fleuve et prouve qu’il est différent du fleuve Congo.

 

Fondation de la future Brazzaville.

 

Jules Ferry est conquis par ce jeune capitaine plein d’allant, et qui se trouve au cœur des préoccupations du ministre de l’Instruction publique : la course à l’Empire colonial ; l’expansion économique ; la restauration du prestige national. Aussi, autorise-t-il Brazza à mener une nouvelle expédition. Il s’agit aussi de contrer les visées coloniales belges sur le continent africain (le roi des Belges veut avoir tout le centre de l’Afrique pour son pays).

Parti le 27 décembre 1879, Brazza atteint le fleuve Congo en 1880. Il propose à Illoy 1er, chef des Téké de Mbé, de placer « son pays » sous la protection de la France. Ce chef, poussé par des intérêts commerciaux et par la possibilité d’affaiblir ses rivaux, signe le traité, permettant aussi un établissement français à Nkuna sur le Congo, endroit appelé plus tard Brazzaville. En tentant de rallier l’océan depuis Franceville, Brazza tombe par hasard sur le but premier de ses recherches : les sources de l’Oggoué.

De retour en France, Brazza popularise ses découvertes grâce à de nombreuses réunions publiques et aux compte-rendus qui en sont faits par les journaux. En 1883, de nouveaux crédits sont votés pour une troisième expédition. Un livre, qui va alors connaître un large succès, illustre cette expédition.

En novembre 1885, Brazza est nommé commissaire général du Congo français. Des journalistes font état de salaires décents et de conditions humaines qui contrastent avec le régime personnel du roi des Belges Léopold II, sur l’autre rive du Congo. Mais son succès lui procure aussi des inimitiés et il est soumis à une intense campagne de dénigrement.

 

Naissance d’une légende.

Le 12 août 1895, Pierre de Brazza épouse Thérèse Pineton de Chambrun, descendante de La Fayette. Le couple aura quatre enfants : Jacques (1899-1903), Antoine (1900-1947), Charles (1901-1962) et Marthe (1903-1949).

Deux années plus tard, il s’oppose à la decision du ministre des Colonies, André Lebon, de soumettre les territoires qu’il a gagnés à la France au régime des concessions, déjà en vigueur au Congo belge, et qui livrerait les populations à la cupidité de certaines sociétés, chargées de mettre en « valeur » le territoire. En avril 1898, Brazza est écarté de la Marine nationale, pour des raisons de « dégagement des cadres ». Il est alors placé en retraite. Le commandant Marchand, héros d’expéditions sur le territoire africain, devenu français, décrit la colonie du Congo français géré par Brazza comme un « marécage puant ». Brazza s’oppose publiquement à l’expédition Marchand, qui se déroulera quand même et se terminera par l’épisode connu de Fachoda. Les aurorités françaises suggèrent fortement à Pierre de Brazza de se retirer à Alger.

Quelques années plus tard, en 1905, le Gouvernement de la République fait néanmoins appel de nouveau à lui pour inspecter les conditions de vie dans les colonies, conditions qui se sont détériorées depuis son départ. Brazza dénonce ce qu’il voit. A peine a-t-il terminé ses tournées d’inspection, qu’il est atteint de fortes fièvres. On suppose un empoisonnement. Le bateau qui devait le ramener à Alger doit faire escale à Dakar. Le 14 septembre 1905, veillé par sa femme et le capitaine Mangin, il décède à six heures du soir. La photo de Jacques, son enfant de cinq ans, disparu deux années auparavant, a été placée à sa demande sur sa table de nuit.

Le Gouvernement français est à la recherche de héros. Il réclame son corps pour organiser une entrée au Panthéon. Mais la famille s’y oppose. Pierre de Brazza est inhumé au Père-Lachaise à Paris avant d’être déplacé, trois ans plus tard, à Alger, là ou vit toujours sa famille. Mais voyant la fin de l’Algérie française, Charles Savorgnan de Brazza alerte la métropole sur la conservation des effets, meubles, papiers, souvenirs de son père. En vain… Charles est d’ailleurs assassiné par les fellaghas en novembre 1962.

Depuis, le corps de Pierre de Brazza a de nouveau été déplacé pour se retrouver aujourd’hui sous un mausolée à Brazzaville. La cérémonie s’est déroulée en 2006, en présence des autorités congolaises et françaises.

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Larousse.
  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Marthe de Brazza, P. Savorgnan de Brazza, Paris, Editions « Je sers », 1943
  • Maria de Crisenoy, "Le Héros du Congo" Pierre Savorgnan de Brazza, Paris, Editions SPES, 1944. Préface de Thérèse Savorgnan de Brazza.
  • Général de Chambrun, Brazza, 1930.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

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