Publié le 26 Octobre 2008

Dans quelques jours, nous fêterons le 90ème anniversaire de l'armistice de Rethondes, mettant fin à la plus invraisemblable guerre de tous les temps : la Première Guerre mondiale. Retrouvez, dans l'album intitulé "Première Guerre mondiale" des photographies d'époque, les portraits de généraux et d'hommes politiques exemplaires, de batailles, d'ambulanciers, de médecins, d'hommes de Devoir...
 

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Publié le 24 Octobre 2008



Le samedi 11 octobre 2008, à Bois-Colombes, s'est déroulée l'assemblée départementale annuelle de l'ensemble des comités des Hauts-de-Seine. Monsieur Xavier Révillon, maire, Vice-président du Conseil général, a accueilli Monsieur le général Gérard Delbauffe, Président national du Souvenir Français, Monsieur André Labour, Délégué Général pour les Hauts-de-Seine, ainsi que l'ensemble des participants, dans la salle des mariages de la mairie.

L'organisation était assurée par le Comité local, sous l'impulsion de Madame Micheline Lenable, et a parfaitement oeuvré pour la réussite de la journée. Il est à noter que 23 portes-drapeaux étaient présents.

Des médailles ont été accordées par la Délégation, après approbation du Conseil d'Administration national, à plusieurs adhérents, pour les "services qu'ils ont rendu à l'Association et qui se sont fait remarquer par l'activité et le dévouement qu'ils ont déployés pour en accroître le rayonnement". Et le Comité d'Issy-les-Moulineaux a été à l'honneur pour cette année avec trois médaillés : 

- Monsieur Robert Choffé, du Comité d'Issy-les-Moulineaux.
Monsieur Thierry Gandolfo, Trésorier du Comité d'Issy-les-Moulineaux.
Monsieur Frédéric Rignault, Secrétaire du Comité d'Issy-les-Moulineaux.

La journée s'est poursuivie par une cérémonie avec dépôts de gerbes au cimetière, en présence, notamment, de Monsieur le maire de Bois-Colombes, de Monsieur Pierre Bousquet de Florian, Préfet des Hauts-de-Seine, de Monsieur le général Gérard Delbauffe et Monsieur André Labour. Retrouvez toutes les photographies de l'événement, dans l'album intitulé "2008-10-11, Bois Colombes".

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Publié le 19 Octobre 2008


 

Nous avons le plaisir de vous présenter la nouvelle version de notre site internet. Nous l'avons voulue plus claire, plus aérée, avec un choix de couleurs pastel.

De plus, nous avons ajouté une rubrique (sur la gauche de l'écran) : "Mémoire des hommes". Vous cliquez sur le lien et vous êtes sur le site "Mémoire des hommes" du ministère de la Défense. En entrant dans la rubrique "Recherche", vous pourrez découvrir les conditions de disparition de vos aieux à l'occasion des derniers conflits que la France ait connus.

Par ailleurs, comme chaque année, le Souvenir Français sera très actif au mois de novembre :

- Quête nationale : les 31 octobre et 1er novembre, nos quêteurs seront aux portes du cimetière communal pour récolter des fonds en vue de fleurir des tombes délaissées de nos Morts pour la France.

- Flammes de la Mémoire : le 10 novembre à 18h20, le Souvenir Français organise l'opération "Flammes de la Mémoire" avec le dépôt d'une bougie sur le monument aux morts, square Bonaventure Leca. Venez nombreux.

- Commémoration de l'armistice de 1918 : le 11 novembre, pour la célébration du 90ème anniversaire de l'armistice, le Souvenir Français participera à l'ensemble des cérémonies, dont le déroulement sera affiché sur les panneaux municipaux.


 

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Publié le 12 Octobre 2008



Michael Savelieff.


Au fond du carré militaire du cimetière d’Issy-les-Moulineaux, non loin d’un Alsacien-lorrain, d’une infirmière belge et d’un tirailleur sénégalais, gisent les restes de Michael Savelieff, soldat russe, décédé le 7 janvier 1919. Il fait partie de ces Morts pour la France, non natifs ou non répertoriés sur la commune, car décédés des suites de leurs blessures dans l’Institut Saint-Nicolas, alors réquisitionné et transformé comme hôpital militaire provisoire.


Les Alliés manquent d'hommes.

En août 1914, au déclenchement de la Première Guerre mondiale, les données démographiques sont simples : la France, avec une population de 39 millions de personnes, aligne une armée de 800.000 hommes. Ce qui est une proportion considérable, car les anciennes classes ont toutes été rappelées et la durée du service militaire a été portée à trois ans. Il s’agit d’engager un maximum de soldats dans une guerre rapide. « Aux vendanges, nous serons rentrés » entend-on un peu partout. Mais, de son côté, l’Allemagne, avec une population de 67 millions, n’a mobilisé que les jeunes classes, soient plus de 1.000.000 hommes. Cela représente environ vingt divisions de plus que l’Armée française. Qui plus est, le Reich a la capacité à mobiliser encore autant d’hommes en faisant appel aux réservistes.

Le premier allié de la France est l’Armée anglaise. En 1914, le Corps expéditionnaire britannique n’est que de 70.000 hommes (ses effectifs augmenteront avec les années) ; par contre, l’Empire peut compter sur ses colonies (Indes, Nigéria, Kenya) et ses dominions : Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Terre-Neuve. L’est et le nord de la France se trouvent être les champs de bataille principaux ; toutes ces armées vont donc se croiser et s’affronter sur ces terres.

Les premiers combats sont parmi les plus violents. A la fin de l’année 1914, les armées belges, anglaises et françaises ont déjà perdu plus d’un million d’hommes, principalement des Français. Une bataille comme celle de la Marne, qui se déroule du 6 au 9 septembre 1914, représente plus de 80.000 morts dans les rangs français. Il n’est pas rare qu’une attaque, locale, se solde par 5.000 tués…

De leur côté, les Allemands n’ont perdu que 675.000 hommes.

Le recrutement d’effectifs supplémentaires est donc vital si les Alliés veulent vaincre le Reich. L’Armée britannique se renforce et tente, en 1915, avec l’Expédition des Dardanelles, d’ouvrir un nouveau front. L’Armée française fait appel à ses colonies. Des milliers d’hommes arrivent d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, d’Afrique Equatoriale Française et d’Afrique Occidentale Française.

L'appel à l'Armée russe.

Pour battre les Empires Centraux (Reich allemand et Empire Austro-hongrois), les Alliés comptent également sur l’immense Armée russe. Celle-ci est aux prises sur le front Est avec l’ensemble des armées ennemies. L’Armée russe est forte de plus de 5 millions d’hommes (armées d’active et réservistes). Les capacités semblent infinies. Mais cette armée cache de lourdes lacunes : pour une grande partie, elle est composée de paysans sans formation militaire, mal armés et mal équipés.

La France décide donc d’approcher son allié et de lui demander une aide par l’envoi de troupes. Dans le courant du mois de décembre 1915, le généralissime Joffre, commandant en chef de l’Armée française, fait envoyer une délégation de parlementaires auprès du tsar Nicolas II. Celle-ci est menée par Paul Doumer, sénateur et futur président de la République. La France souhaite obtenir 40.000 hommes par mois pour combler les pertes d’effectifs. En échange, elle s’engage à livrer de grandes quantités d’armes et plus de 450.000 fusils. Finalement, Nicolas II accepte la transaction mais se sont seulement 45.000 soldats russes qui sont envoyés pour appuyer les forces alliées : deux brigades sont envoyées en France (elles voyagent depuis l’extrême est de la Russie – Vladivostok – et débarquent à Marseille en passant par le canal de Suez) ; deux autres brigades sont envoyées sur le front des Balkans pour aider les corps expéditionnaires britanniques et français.

Après le défilé d’arrivée à Marseille et une formation militaire avec la fourniture d’équipements (dont un casque français sur lequel a été ajouté un aigle bicéphale), les soldats sont envoyés en Champagne et se battent courageusement dans les secteurs de Suippes et d’Aubérive. Au début de l’année 1917, les deux brigades attaquent et remportent le Fort de la Pompelle, près de Reims, puis, en avril, elles participent à l’offensive – et l’échec cuisant – du Chemin des Dames, déclenchée par le général Nivelle, nouveau chef de l’Armée française. Dans cette boucherie, les brigades russes perdent près de 5.000 soldats, sur les 19.000 engagés.

Les conséquences de la Révolution bolchévique.

Entre-temps, en février 1917, la Révolution bolchévique a été déclenchée par Lénine à Saint-Pétersbourg. Dilemme des ex-soldats du tsar : doivent-ils rejoindre la mère patrie et cesser les combats ou doivent-ils rester fidèles à Nicolas II et continuer la lutte aux côtés des Français (les négociations de paix entre les Empires Centraux et la Russie sont engagées en décembre 1917) ? Pour éviter une contamination des troupes françaises, il est décidé de partager les deux brigades : la 1ère, plutôt « rouge » est envoyée dans un camp militaire, la Courtine; la 2ème, plutôt loyaliste, est dirigée sur Felletin, également dans le département de la Creuse. Placer les deux divisions dans des camps proches est une erreur.

A La Courtine, les Russes pro-Lénine créent des comités bolchéviques et exigent le retour immédiat en Russie. Ils essaient également de rallier les Russes loyalistes. Le camp est transformé en une faction autogérée. L’Ukrainien Globa prend la tête du mouvement. Les soldats russes profitent également de leur isolement pour fraterniser avec les populations locales et coopèrent aux travaux des champs. Effrayé à l’idée que les idées bolchéviques ne contaminent la population, l’Etat-major de l’Armée française envoie plus de 3.000 hommes pour mater la rébellion. Les populations civiles sont évacuées le 12 septembre 1917 à la périphérie du camp, et le surlendemain, La Courtine est pilonnée à coups de canon. Rapidement matés, au prix de 150 morts, les soldats russes se rendent. Globa est arrêté.

Des Russes s'installent en France, et dans nos colonies.

L’épilogue de cette aventure consiste en l'engagement de près de 400 officiers et sous-officiers tsaristes dans l’Armée française. 11.000 hommes sont intégrés aux compagnies de travail (chemins de fer ; logistique ; armement…). Pour 5.000 autres Russes, réfractaires, c’est la direction de l’Algérie et le placement dans les fermes ou, souvent, ils remplacent les fellahs envoyés au front. En 1920, certains soldats russes sont autorisés à rentrer en Russie bolchévique. D’autres s’installent en France, et d’autres encore restent en Algérie.

Les tombes des soldats russes se trouvent principalement dans le cimetière militaire de Saint-Hilaire-le-Grand ; il y en a également à Cerny et Pontavert. Il y a plusieurs Savelieff dans le cimetière militaire de Saint-Hilaire-le-Grand. L’une de ces tombes ne porte que le nom de famille. Michel Savelieff et l’inconnu ne ferait-il qu’un ?

 

Défilé des soldats russes dans les rues de Marseille, en 1916.

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Publié le 3 Octobre 2008

 

Départ pour la chasse à dos d’éléphants ; région de Buon (Ban) Me Thuot (vers 1930).

 

 

Juin 2008. A la terrasse du café Le Comptoir d’Issy, nous rencontrons Louis Fortunat.

 

L'engagement. Le colonel Fabien.

« Je suis Lorrain. C’est dire si dans ma famille les invasions allemandes, on connaît ! Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, mes deux frères, au front, se retrouvèrent rapidement prisonniers. Etant âgé de 16 ans en 1940, je n’avais pas été incorporé. Mais, dans l’insouciance de ma jeunesse, et je dois bien avouer que j’étais un peu « tête brulée », je ne pouvais m’empêcher de montrer mon hostilité à l’envahisseur. Ce qui donnait souvent des soucis à ma pauvre mère. Ainsi, le jour du 11 novembre 1942, je refusai de saluer un drapeau du IIIème Reich et expliquai mes convictions à l’officier allemand qui me toisait. Je fus immédiatement conduit au poste de police et, de là, emmené dans une mine de fer de Lorraine où on m’intima l’ordre de ne pas me faire remarquer. Deux ans, deux longues années, je restai enfermé à creuser et pousser des wagonnets. En 1944, je réussis à me sauver et rejoindre les bois pour tomber sur des maquisards. Ils m’aidèrent et bientôt, je fus incorporé dans une unité dirigée par le colonel Fabien ».

Le colonel Fabien est un personnage fort connu de la Second Guerre mondiale. Pierre Georges, alias Fredo, alias le colonel Fabien, est né en 1919. Militant communiste, il est de tous les combats idéaux et militaires entre les deux Guerres mondiales, s’engageant par exemple dans la Guerre d’Espagne en 1936 pour défendre les Républicains. En 1939, du fait qu’il est un dirigeant du Parti communiste français et après le Pacte Germano-soviétique, Pierre Georges est arrêté. Il s’évade d’un train, à l’occasion d’un transfert. En Juin 1941, l’Allemagne nazie attaque l’Union soviétique. C’est pour Pierre Georges le moment de rejoindre la Résistance. En août 1941, il abat un officier allemand sur le quai de la station de métro Barbès. C’est le premier fait d’armes contre un haut gradé de la Wehrmacht. Arrêté en novembre 1942, Pierre Georges s’évade de nouveau au printemps 1943 et, forme une unité de FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) qui participe à la Libération de Paris, puis de la France. Son unité est alors placée sous le commandement du colonel Salan (qui lui-même s’illustrera en Indochine puis en Algérie).

Louis Fortunat : « C’est en Lorraine que je l’ai rencontré. Il était à la tête de la Brigade de Paris, avec le colonel Salan. Pour s’engager, il fallait être majeur, ou pas loin, et signer. C’était aussi simple que cela. Alors, fidèle à moi-même, je suis allé embrasser ma famille et me voilà parti pour faire la guerre. On était en août 1944. A la fin du mois de décembre 1944, j’appris la mort du colonel Fabien. Il avait été tué, ainsi que tout son état-major, par une mine qu’il tentait de désamorcer. Ensuite, nous poursuivîmes en Allemagne. Belle revanche pour un Lorrain ! Et puis, mes supérieurs me parlèrent de l’Indochine. Comme je m’étais engagé « pour la durée de la guerre », j’acceptai. En juin 1945, à Strasbourg, je fus incorporé aux hommes du général Leclerc. Le 12 octobre 1945, à Marseille, à bord d’un navire britannique, L’Orante, nous embarquâmes pour Saigon ».

Le départ pour l'Indochine.

Depuis 1940, l’Indochine est restée dans le giron du gouvernement de Vichy. Le Japon, Empire du Soleil Levant, laisse faire, puis change d’avis et réalise un coup de force le 9 mars 1945 : les Japonais envahissent les villes du Tonkin, d’Annam et de Cochinchine, se rendant maîtres rapidement des maigres garnisons françaises. De nombreux européens sont arrêtés, enfermés, massacrés. Et ce, sous les yeux des Vietnamiens, qui comprennent à cet instant que la France est loin d’être invincible. Le 11 mars 1945, l’empereur Bao-Daï, que tous disent à la botte de la République, proclame l’abolition du protectorat et annonce que le Vietnam prend en main son destin. De même, le prince Norodom Sihanouk, le lendemain, prononce l’indépendance du Cambodge.

En juin 1945, le général de Gaulle charge le général Leclerc d’organiser un corps expéditionnaire dont le but est de faire la guerre, avec les Alliés, à l’ennemi japonais. Intervenir devient urgent car à la conférence de Potsdam, Staline, Churchill et Truman (qui a succédé à Roosevelt, mort en avril 1945) se partagent les pays libérés / à libérer. Pour le Vietnam, ils décident qu’au nord du 16ème parallèle, ce sera une administration chinoise et qu’au sud, elle sera anglaise.

La France ne peut laisser faire. Leclerc fait nommer Jean Sainteny, commissaire de la République en Indochine. Alors que les troupes chinoises pénètrent au Tonkin, que des soldats anglais arrivent au sud, Jean Sainteny tente de faire entendre la voix de la France. Le 23 septembre, une opération surprise, avec des militaires français réarmés, et sans que les Anglais interviennent, permet de reprendre Saigon aux Japonais et leurs supplétifs.

Le 5 octobre, le général Leclerc entre dans la ville. Il est suivi quelques jours plus tard par le groupement Massu de la 2ème Division Blindée et la 9ème Division coloniale. Le général Salan s’installe à Hanoï, en tant que Délégué militaire du Haut-commissaire.

Louis Fortunat : « Nous arrivâmes à Saigon. Quel spectacle ! Moi, petit gars de la France profonde, je voyais des centaines de soldats japonais, immobiles, plantés au garde-à-vous, leurs armes à terre. Ils se rendaient avec dignité et grandeur. On n’entendait pas un mot. Il y avait quelque chose d’invraisemblable là-dedans. Et puis, les opérations commencèrent. Je fus nommé brancardier au sein de l’équipe chirurgicale. Les coloniaux et la 2ème DB progressèrent par l’intérieur du pays quand nous passions par le fleuve. Les premiers accrochages se déroulèrent à Cai-Nin ».

Ban Me Thuot.

Dès son débarquement, le groupement Massu ordonne l’opération Moussac qui permet la libération de plusieurs villes du delta du Mékong : Bentre, Cantho, Vinh Lang, Travinh. Le groupement est appuyé par le bataillon SAS Ponchardier. Le 25 novembre 1945, la ville de Ban Me Thuot est enlevée aux insurgés. Il y a là des éléments du Vietminh, des vietnamiens manipulés par les Japonais, et surtout des Caodaïstes, secte religieuse, forte de 1,5 millions d’adeptes, et alliée du Japon depuis le début de la Seconde Guerre mondiale.

Louis Fortunat : « Ban Me Thuot, ce fut terrible. D’abord, on me confia une jeep. Mais je ne savais pas conduire. Un colonel qui s’occupait, entre autres, des chauffeurs, me fit piloter l’engin sur un terrain de football. Et quelques heures plus tard, je domptais ma monture dans les rues du village voisin. Mon rôle consistait à aller chercher les blessés. Je notais les blessures sur un petit carton, que j’attachais au treillis, et je repartais vers l’antenne chirurgicale. Là, le médecin-lieutenant Valon faisait un boulot extra. Il arrivait à soigner des dizaines de blessés en même temps. Et il y avait aussi beaucoup de malades : la dysenterie, les fièvres amibiennes, par exemple, faisaient des ravages. Et moi ? Je ne le fus jamais ! Je passais mon temps à manger des fruits. J’ai dû engloutir des tonnes d’orange. C’est peut-être cela qui m’a sauvé. Le fait d’être en jeep me permettait de voyager partout. Depuis Saigon jusqu’à Hué et le col des Nuages, j’en fis des kilomètres au volant de ma voiture. Ainsi, je me souviens avoir traversé, en pleine nuit, la vallée des empereurs annamites. C’était un spectacle fabuleux de deviner leurs tombeaux. Les statues des souverains, de leurs gardes, des chevaux, se dessinaient sur un horizon d’étoiles et de clair de lune.

En décembre 1946, l’antenne chirurgicale fut placée à Tourane. Je rencontrai le commandant Eugène Guilbaud. Un vrai chef, qui savait se faire obéir ! Grâce à des renseignements obtenus auprès des Chinois, nous apprîmes – je ne le sus qu’après évidemment – qu’une offensive générale Vietminh se préparait. A la tête du 3ème régiment d’Infanterie coloniale, Guilbaud fit merveille et réussit non seulement à couper l’élan des communistes mais en plus à mener la contre-offensive. Il y avait des blessés partout. Je n’arrêtais pas. Une nuit, un officier vint me réveiller. Il fallait faire une autopsie sur un cadavre car le gradé était persuadé avoir à faire à un début d’épidémie. Je protestais, n’étant pas toubib. Me voilà en train de scier le crâne du pauvre gars. Je tentai de me rappeler ce que j’avais vu faire au bloc. Bien entendu, je ne fus pas capable de réaliser le diagnostic.

Une autre fois, il fallait que je surveille un blessé particulier. C’était un légionnaire, originaire de Suède. Un gaillard immense, qui devait approcher les deux mètres et pesait plus de 100 kg. Avec cette corpulence, il passait son temps à faire peur aux Vietnamiens. Je le gardai quelques jours. Je crois qu’il finit par migrer en Australie. »

En ce mois de décembre 1946, l’insurrection communiste est générale en Indochine. Depuis les bombardements sur Haiphong le mois précédent, par l’amiral Thierry d’Argenlieu, les colons français sont systématiquement attaqués. L’ordre finit pas être rétabli, mais au prix de lourdes pertes. « J’ai le souvenir d’avoir vu six légionnaires découpés à la machette. C’était horrible », reprend Louis Fortunat.

Le retour.

« En juin 1947, je repris le bateau pour la Mère patrie. Et pas tout seul ! Je ramenais avec moi ma fiancée. Une infirmière d’Issy-les-Moulineaux, rencontrée dans un hôpital de campagne. Bientôt elle deviendrait Madame Fortunat. Après cette guerre, je fis mille métiers, principalement dans la mécanique de précision. Je faisais aussi beaucoup de sport, comme du football. Je jouais en amateur au Stade Français. Je chantais également. Cela devint presque un second métier. Je pris des cours et m’améliorai. Le dimanche, il m’arrivait de chanter dans des hôtels particuliers, dans des galas où j’accompagnais des vedettes du moment comme Marie-Josée Neuville. Plus d’une fois, je doublai mon salaire ! On peut dire que j’en connus des vedettes du show business comme Eddie Constantine, Philippe Clay et puis Ludmila Tcherina. Quelle belle femme… ».

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Rédigé par Frédéric-Edmond RIGNAULT

Publié dans #Indochine