Publié le 8 Juillet 2014
(Montage photos – Copyright : Jean de Saint-Victor de Saint-Blancard)
Un voyage cela peut commencer par la lecture d’un roman britannique « Le treizième conte » publié en 2006 de Diane Setterfield dont voici un extrait : « La surface de mon esprit était parfaitement calme. Mais sous la surface une houle montait des profondeurs, un courant sous-marin qui agitait les eaux. Pendant des années une épave avait reposé dans les grands fonds. Un vaisseau chargé d’une cargaison d’ossements. Mais maintenant, il bougeait. Je l’avais dérangé, j’avais provoqué une turbulence qui faisait monter des nuages de sable du fond de la mer. Les grains tourbillonnaient follement dans l’eau sombre et troublées. »
Lectrices, lecteurs savez-vous qu’après une « fortune de mer », une nouvelle vie peut commencer pour une épave ? Plus ou moins rapidement selon les conditions du milieu marin, une faune, une flore vont apparaître, se densifier sur le site du naufrage. Crustacés qui prennent le dessus sur la pollution, abondance du zooplancton, lentement les coraux, la flore, sont observés. Les poissons peuvent croître à l’abri de prédateurs en trouvant des lieux propices au brassage de flux et de reflux pour des pontes.
Un nouveau cycle, un nouveau spot de plongée dont la réputation reste dépendante de notre émotion par rapport à l’histoire parfois tragique du naufrage et au développement observé de la nouvelle vie… Belle victoire sur la mort...
Au-delà des charmes du berceau pharaonique de notre civilisation nos regards se fixeront sur les ocres du désert qui se mélangent près des côtes aux bleus de la mer rouge. Que l’Egypte est belle avec des milliers de secrets, de trésors, magnifique cadeau offert aux regards de celles et ceux qui aiment photographier sur terre comme sous l’eau.
Oui la mer rouge continue de nous attirer comme un aimant.
J’ai décidé de vous faire tremper vos palmes et votre imaginaire avec un partage de mes images sur deux épaves célèbres en mer rouge dans le golfe de Gubal en Egypte à quelques heures de navigation d’Hurghada mais proches l’une de l’autre.
Allez n’ayez pas peur de plonger sur une première épave : « Le Thistlegorm ». Un cargo anglais battant pavillon de sa très gracieuse Majesté de 128 mètres de long et de 17,5 mètres de large chargé de matériel militaire destiné aux troupes britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale qui remontait la mer rouge. Hélas dans la nuit du 6 octobre 1941 il se trouvait en position d’attente d’une autorisation d’emprunter le canal de Suez. Il fut bombardé au mouillage par des avions allemands Heinkel 111. Deux bombes atteignirent la quatrième cale causant son explosion et le navire anglais sombra en moins de trente minutes entraînant dans la mort neuf membres de l’équipage. En 1956, l’équipe Cousteau naviguant sur la Calypso parvint à retrouver l’épave et à remonter la cloche du « Thistlegorm» en laissant en l’état sa cargaison militaire. Caisses de munitions, obus, fusils, bottes, motos BSA, jeeps, camions, équipements radio, wagons, locomotive…
Un inventaire à la Prévert de matériel militaire qui semble impossible à dresser…
Depuis 1993 l’épave redécouverte est devenue un spot de plongée incontournable réservé aux plongeurs(ses) confirmé(e)s « autonomes » dans l’espace lointain attentifs aux conditions de plongée qui peuvent être rendues délicates par de forts courants… Il appartient aux nombreux visiteurs de cet étrange musée sous-marin de regarder sans toucher ( !) des objets engloutis à jamais en visitant prudemment les deux niveaux de cales et le pont sans se tromper de mouillage pour remonter et effectuer les paliers de décompression.
« La Rosalie Moler »
La même nuit les aviateurs allemands aperçurent un autre cargo anglais au mouillage. Les bombardiers Heinkel 111 revinrent dans le chenal au nord de l’île de Tawilla à l’ouest de la Grande Gubal et purent couler la « Rosalie Moler » cargo de 108 mètres de long, construit en 1910 à Glasgow chargé de 4680 tonnes du meilleur charbon visant à ravitailler la marine royale britannique. La « Rosalie Moler » devait rejoindre Alexandrie mais le cargo a été bombardé au mouillage exactement comme le « Thistlegorm ». La grande dame est accessible en plongée pours être visitée entre 35 mètres (pont) et 50 mètres (quille).
Les poissons sont abondants autour des superstructures bien conservées.
Compte tenu de la profondeur, de la visibilité qui peut être réduite, de courants violents…les plongeurs(ses) expérimenté(e)s doivent rester très attentifs aux conditions météo. Les épaves nourrissent l’inspiration des photographes, elles alimentent plus d’un rêve d’un(e) plongeur(se) qui mène à la réalité. Merci à mon épouse Marie de m’avoir à nouveau accompagné sous l’eau en mai 2014 pour explorer ces deux très belles épaves en mer rouge.
Jean de Saint-Victor de Saint-Blancard
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Pour organiser votre voyage « sur-mesure » : Atlantides Plongée
Sur place : Centre de plongée Alyses Plongée à Hurghada en Egypte.
A lire à bord au lever ou avant une plongée de nuit…
Sonnet de Charles Baudelaire – « Les Epaves » (1866) - « Le Coucher de soleil romantique » (Extrait) :
Que le soleil est beau quand tout frais il se livre.
Comme une explosion nous lançant son bonjour !
Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu’un rêve !