Publié le 22 Janvier 2022

Maurice Romagon.

Maurice Romagon.

Maurice Romagon nait le 27 juillet 1886 sur la commune des Riceys, dans le département de l’Aube. Il est le fils de Pierre Romagon et de Julie Déon.

Jeune, il apprend les métiers du bois afin de travailler dans l’entreprise paternelle. Mais Pierre décède en 1906. Maurice reprend l’entreprise. Scieur de bois, il a été Compagnon du Tour de France. L’expérience de chef d’entreprise est de courte durée car l’année suivante, il est incorporé au 6e bataillon d’artillerie à pied afin d’y faire son service militaire. Après ses deux années, il passe dans la réserve active (le 1er octobre 1909). Ayant repris son métier, il est néanmoins mobilisé au déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, et intègre le 82e régiment d’artillerie lourde.

Maurice Romagon est surveillé de près. Membre du Parti Socialiste Ouvrier, il a été en première ligne pour la défense des vignerons champenois en 1910. Dix ans plus, il devient membre du Parti Communiste Français et est envoyé comme représentant de l’Aube au congrès de Tours. Ses idées lui font perdre son métier (l’entreprise familiale a disparu et il a été embauché par différentes scieries) et Maurice devient délégué au congrès fédéral du Parti communiste de l’Aube en 1923. En 1925 puis en 1929, il est candidat aux élections municipales de Saint-Julien-les-Villas (Aube, arrondissement de Troyes) et se spécialise dans les questions coopératives.

En 1937, Maurice Romagon est le candidat du parti aux élections cantonales. Il remporte finalement l’élection et devient conseiller d’arrondissement de l’Aube, élu au 3e canton de Troyes. En septembre 1939, alors que le Pacte germano-soviétique vient d’être signé, le Parti Communiste Français est interdit. Maurice Romagon milite contre cette décision. Il est arrêté et condamné. Il réussit à s’évader de la prison de Dijon en juin 1940. En juillet, avec sa fille Cécile, il reçoit l’ordre de Jacques Duclos, dirigeant du parti, de ramasser les armes abandonnées, d’aider à l’évasion des prisonniers de guerre, et de participer à la rédaction et la distribution de tracts contre l’ennemi nazi et le régime de Vichy.

En octobre 1940, il est de nouveau arrêté et emprisonné à Troyes, en même temps que son épouse, Edwige, née Jourdheuille. Ils sont condamnés à trois années de prison et incarcérés à la prison de Clairvaux. Le 7 mars 1942, Maurice Romagon demande à prendre la place d’un jeune de 17 ans, condamné à être fusillé. Ainsi meurt celui qui fut élu de la République. Des obsèques officielles sont célébrées le 1er mai 1945 à Troyes, et Maurice Romagon est déclaré Mort pour la France quelques mois plus tard.

Maurice et Edwige ont quatre enfants, qui tous suivent l’exemple des parents. Ils entrent en résistance. Les deux fils passent au maquis, mais sont arrêtés et envoyés au camp de Compiègne en janvier 1943. De là, ils sont transférés au camp de Ravensbrück puis à Buchenwald et Dora en 1945. Ils sont de la « Grande marche » qui voit les déportés effectuer des centaines de kilomètres à pied pour passer d’un camp à l’autre, au fur et à mesure de l’avancée des Alliés. Si Pierre est finalement libéré et rapatrié en 1945, Raymond meurt à Ellrich. Il faisait partie d’un Kommando de travail sur des chantiers de creusement de galeries souterraines. Raymond qui avait pris au maquis FTP (Francs-Tireurs et Partisans – communiste) le nom de Tronchet.

Une rue Maurice Romagon garde son souvenir à Troyes, et les noms de Maurice et de Raymond sont inscrits sur le monument aux morts de la ville d’Issy-les-Moulineaux.

 

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy-Vanves.
  • Site de la ville d’Issy-les-Moulineaux.
  • Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse. Les jeunes dans la Résistance, Ed. Sociales, 1969.
  • Albert Ouzoulias, Les Fils de la nuit, Grasset, 1975.
  • Site Mémorial GenWeb – Fiches individuelles avec les annotations de Jean-Pierre Buot, Michel Schoettel, Stéphane Protois et Patrick Ridey.

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