Publié le 11 Février 2018

Officiers de spahis marocains.

Officiers de spahis marocains.

Le 1er régiment de spahis marocains.

Le 1er régiment de spahis marocains (1er RSM) était une unité appartenant à l’Armée d’Afrique, qui dépendait de l’armée française. Ce régiment s’illustre particulièrement au cours de la Première Guerre mondiale, au sein de l’Armée française d’Orient, en Macédoine, en Albanie et en Serbie, où il obtient cinq citations à l’ordre de l’Armée, deux ordres serbes, un ordre roumain et un ordre marocain ainsi que la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire. Il participe à l’une des dernières charges de la cavalerie française pour la prise de la capitale de Macédoine, Uskub en 1918.

Le 1er RSM intervient également pendant la campagne du Levant (1920-1927), au Liban et Syrie, où il reçoit la fourragère aux couleurs du ruban de Croix de guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs.

Le 1er RSM est le régiment le plus décoré de l’armée française. Son étendard est le seul des emblèmes des unités de cavalerie à être décoré de la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire.

 

De la conférence d’Algésiras à l’indépendance.

En 1906, la Conférence d’Algésiras place le Maroc sous contrôle international et accorde à la France des droits spéciaux. Ces droits sont néanmoins contestés par l’Allemagne de Guillaume II, qui convoite l’Empire chérifien et se heurte aux appétits français : ce sont les affaires marocaines de la crise de Tanger et du coup d’Agadir en 1905 puis en 1911 : à Tanger le Kaiser vient prononcer un discours orienté contre la France, tandis qu’à Agadir la marine impériale allemande est sur le point de débarquer des troupes, ce qui provoque l’émoi dans toute l’Europe.

A la suite du traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l’organisation du Protectorat française dans l’Empire chérifien, le Nord et le Rio de Oro sont attribués à l’Espagne, tandis que les régions centrales avec leurs villes principales et la côte atlantique où se situent les grands ports reviennent à la France.

Dans le système de protectorat, le sultan et le makhzen traditionnel sont maintenus, mais le pouvoir appartient en réalité au résident général et au haut-commissaire, qui représentent respectivement la puissance de tutelle française à Rabat et espagnole à Tétouan. La ville de Tanger constitue une zone internationale gouvernée par une commission où siègent les Etats-Unis et les pays européens possédant des intérêts dans l’Empire chérifien. Ce système est contesté par le mouvement national marocain à partir des années 1930, et surtout à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale. Par ailleurs, l’ensemble du territoire marocain n’est soumis aux puissances coloniales qu’à l’issue d’une longue guerre de conquête, dite « pacification du Maroc », qui s’échelonne de 1907 à 1934. De 1921 à 1926 ; la guerre du Rif, menée par Abdelkrim El Khattabi contre l’Espagne et la France connaît un retentissement international.

En 1943, après le débarquement des forces américaines en Afrique du Nord, Casablanca abrite une grande conférence alliée qui décide d’obtenir la reddition inconditionnelle de l’Axe Rome-Berlin-Tokyo et d’ouvrir de nouveaux fronts en Europe occidentale pour soulager l’Union soviétique de la pression militaire nazie.

Mais dans la même temps, les nationalistes marocains reprennent de l’audace et fondent le parti de l'Istiqlal (indépendance en arabe) ; l’affaiblissement de la France avec l’occupation allemande donne des espoirs de liberté. En 1943, le président américain Franklin D. Roosevelt fait même la promesse d’une complète indépendance au sultan Mohammed V, une fois le conflit terminé. La France s’entête encore après la Seconde Guerre Mondiale : les révoltes à Tanger, Fès ou Rabat contre le protectorat ne sont pas comprises.

En 1950, Paris pousse le pacha de Marrakech, Thami El Glaoui à se révolter contre le sultan pour le renverser et mettre à sa place le chérif Mohammed ben Arafa, un vieillard. Mohammed V résiste à la transformation du Maroc en simple colonie, fait« la grève des sceaux » en 1951, et demande en novembre 1952, lors de son discours du Trône, l’émancipation immédiate de son pays. El Glaoui, toujours soutenu par la France et avec l’aide d’une vingtaine de caïds, signe une pétition de dénonciation agitant la possibilité d’une guerre civile.

Prenant prétexte des révoltes, le gouvernement français dépose le sultan en août 1953 et l'exile en Corse avec sa famille. Paris met sur le trône Mohammed ben Arafa, mais en agissant ainsi ne fait que laisser grandir dans les esprits marocains le prestige du sultan déchu.

Les attentats contre la présence française se multiplient : attentats contre ben Arafa, déraillement d'un train, bombe au Marché Central de Casablanca... Les répressions et les arrestations menées par l’armée française sont de plus en plus nombreuses.

Le Maroc accède officiellement à l’indépendance le 2 mars 1956, après les sursauts d’une lutte de plus en plus rude entre les autorités coloniales et le mouvement national. Pour autant, les régiments de l’armée française ne quitte pas immédiatement le sol marocain. Cela se fera, unité par unité, et en accord avec le roi Mohamed V.

 

André Lemoine.

André Lemoine est né dans le département du Nord, à Aulnoy, en 1933. Il fait son service militaire. Isséen au moment de son incorporation, il est versé au 1er régiment de spahis marocains. 2e classe puis spahis de 1ère classe, il passe ensuite brigadier puis brigadier-chef. Quinze jours après l’annonce de l’indépendance du Maroc, André Lemoine meurt, accidentellement, à l’occasion d’une opération du maintien de l’ordre. Il est déclaré « Mort pour la France ». Il fait partie de ces Français morts dans le cadre des « combats du Maroc ».

 

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Archives du Souvenir Français des Hauts-de-Seine.
  • Photographie issue du site www.spahis.fr

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Algérie

Publié le 3 Février 2018

8 mai 2009 : Robert Choffé, à droite, vient de recevoir la médaille militaire. A gauche, Christian Poujols, président de la 46e Section de l’UNC.

8 mai 2009 : Robert Choffé, à droite, vient de recevoir la médaille militaire. A gauche, Christian Poujols, président de la 46e Section de l’UNC.

Isséen depuis toujours, Robert Choffé est un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale.

Il a y quelques années, Robert Choffé nous déclarait : « Pour moi, l’engagement était naturel. De métier, j’étais mouleur – fondeur. En 1944, je rentre dans les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur). On nous faisait coucher dans le sous-sol de l’école Paul Bert. En septembre 1944, nous sommes regroupés au Petit Séminaire d’Issy, et nous devenons des Francs Tireurs Partisans (FTP). Je signe, comme tous mes camarades, un engagement pour la « durée de la guerre ». Je suis alors affecté à l’Etat-major et je deviens orienteur au 32e régiment d’artillerie divisionnaire. Mon nouveau métier consiste à participer au déminage de zones et ensuite à calculer nos positions – nous faisons ce que nous appelons un cheminement calculé – dans le but de mettre en place des tripodes pour donner des coordonnées – longitudes et des latitudes – qui permettront à l’artillerie de maximiser ses tirs. De plus, je donnais des coups de main aux observateurs ; ces missions consistaient à s’infiltrer, de préférence la nuit, dans les lignes ennemies. C’est dans ce contexte, que nous avons débarqué sur l’île d’Oléron, dans le cadre de l’Opération Jupiter ».

Les îles de Ré et d’Oléron, comme toute la côte, sont rapidement occupées par les Allemands, dès 1940. La Wehrmacht bâtit ce qui deviendra le Mur de l’Atlantique : 1.000 blockhaus, 1.300 pièces d’artillerie, des mines partout, sur les plages, les chemins, les prairies environnantes et un rideau de barbelés réputé infranchissable. En 1944, alors que l’avance alliée est réelle, au-delà de la Normandie, Hitler donne l’ordre aux secteurs fortifiés de la côte de résister. Ainsi, et jusqu’à la fin de la guerre, subsisteront des poches de résistance allemande à Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire et tout le secteur de La Rochelle (englobant les îles et Royan). La Résistance française n’est pas inactive et fournit des renseignements qui seront capitaux aux troupes de l’Opération Jupiter d’avril 1945.

 

Robert Choffé : « Avant le débarquement, les artilleurs ont pilonné les fortifications allemandes des îles, grâce aux renseignements que mes camarades et moi donnions. D’ailleurs, nous avions vu juste parce, entre les canons et les ouvrages ennemis, il y avait plusieurs kilomètres, et nous avons mis dans le mille ! J’étais d’ailleurs meilleur pour cela que pour le combat : dans la barge qui nous emmenait sur Oléron, il y avait tellement de vagues que mon fusil est passé par-dessus bord ! ».

 

A la fin, en mai 1945, après des combats parfois d’une grande intensité, les négociateurs de l’Opération Jupiter, dont le capitaine de frégate Meyer, obtiennent la reddition des îles, comme de toute la « poche de Royan ».

 

Robert Choffé : « Avant même la fin de l’opération, en avril 1945, j’ai fait quelques temps de classe à Saint-Loup sur Thouré puis, au sein de la 1ère Armée, Rhin et Danube – chère à de Lattre de Tassigny – je suis envoyé en Allemagne pour participer au déminage et à la destruction des bunkers de la ligne Siegfried. Plus d’une fois nos gars ont laissé leur vie dans des champs de mines. Je me souviens en particulier de mon lieutenant, Bonnet, qui est mort alors qu’il transportait des explosifs et des bouteilles d’oxygène dans sa chenillette. Le feu a pris dans le moteur et l’explosion a été terrible. »

 

Le 24 avril 1945, le général d’armée de Lattre de Tassigny fait paraître l’Ordre du Jour n°8 : « En un mois de campagne vous avez traversé la Lauter, forcé la ligne Siegfried et pris pied sur la terre allemande ; puis, franchissant le Rhin de vive force, élargissant avec ténacité les têtes de pont de Spire et de Germersheim, vous avez écrasé la résistance d’un ennemie désespérément accroché à son sol et conquis d’une traite deux capitales, Karlsruhe et Stuttgart, le Pays de Bade et Wurtemberg ; enfin, débouchant sur le Danube, le traversant aussitôt, vous avez voulu, renouvelant la victoire de la Grande Armée, que flottent nos couleurs sur Ulm.

 

Combattants de la Première Armée Française, fidèles à l’appel de notre chef, le général de Gaulle, vous avez retrouvé la tradition de la Grandeur française, celle des soldats de Turenne, des Volontaires de la Révolution et des Grognards de Napoléon. »

 

Le 6 mai 1945, le brigadier Choffé, du 32e régiment d’artillerie de la 10e division d’infanterie de la Première Armée est cité à l’ordre du régiment : « Brigadier à l’équipe d’orientation du groupe, a participé au déminage de plusieurs positions de batterie avec un sang-froid et une compétence remarquable. A toujours été volontaire pour les missions les plus périlleuses en particulier à la pointe de Vallières et dans l’île d’Oléron. La présente citation donne droit au port de la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze ».

 

Puis le 9 mai 1945, le général de Lattre de Tassigny fait publier l’Ordre du Jour n°9 : « Le jour de la Victoire est arrivé.

A Berlin, j’ai la fierté de signer au nom de la France, en votre nom, l’acte solennel de capitulation de l’Allemagne.

 

Dignes de la confiance de notre chef suprême, le général de Gaulle, Libérateur de notre pays, vous avez par vos efforts, votre ferveur, votre héroïsme, rendu à la Patrie son rang et sa grandeur.

 

Fraternellement unis aux soldats de la Résistance, côte à côte avec nos camarades alliés, vous avez taillé en pièces l’ennemi partout où vous l’avez rencontré.

 

Vos drapeaux flottent au cœur de l’Allemagne.

 

Vos Victoires marquent les étapes de la Résurrection française. De toute mon âme, je vous dis ma gratitude. Vous avez droit à la fierté de vous-mêmes comme à celle de vos exploits.

 

Gardons pieusement la mémoire de nos Morts. Généreux compagnons tombés au Champ d’Honneur, ils ont rejoint dans le sacrifice et la gloire, pour la Rédemption de la France, nos fusillés et nos martyrs.

 

Célébrons votre Victoire : Victoire de Mai, Victoire radieuse de printemps qui redonne à la France la Jeunesse, la Force et l’Espoir. SOLDATS VAINQUEURS, vos enfants apprendront la nouvelle épopée que vous doit la Patrie ».

 

Robert Choffé : « Après, j’ai fait l’Ecole des Sous-officiers, en Allemagne, jusqu’en septembre 1945. J’ai même participé sur les Champs Elysées au premier défilé de la Victoire. Puis, pour un certain nombre de raisons personnelles, et parce que j’avais déjà vu pas mal d’horreurs, j’ai quitté l’armée, je suis redevenu un civil et je suis entré chez Renault à Boulogne-Billancourt. Et j’ai oublié ce que j’avais fait ; je n’ai, par contre, j’avais effacé de ma mémoire les images des camarades, leur courage, et parfois leur vie sacrifiée ».

 

Robert Choffé est chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur, Croix de Guerre 1939-45, titulaire de la médaille militaire, médaillé des combattants volontaires.

 

 

 

Sources :

 

  • Entretiens Robert Choffé, de 2008 à 2018.
  • Documents Archives personnelles de Robert Choffé.
  • Photographie Copyright Souvenir Français Issy-Vanves.

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