Publié le 27 Juin 2015
L’Empire romain.
A son apogée en 117 après Jésus-Christ, sous le règne de l’empereur Trajan, l’Empire romain couvre une superficie de 5 millions de km² et représente une population de 88 millions d’habitants (Paris à l’époque est une petite bourgade d’environ 5.000 habitants).
L’Empire s’étend de l’actuelle Angleterre (mur d’Hadrien) à l’ouest, l’Allemagne au nord, la mer Capsienne et le golfe persique à l’est et l’Afrique du Nord au sud. Parmi ses villes majeures, l’on compte les actuelles Londres, Paris, Aix-la-Chapelle, Vienne, Budapest, Rome, Istanbul, mais aussi Alger, Tunis, Alexandrie, Jérusalem, Bagdad ou Bassora.
Oui mais voilà, garder de telles frontières contre des mouvements de population s’avère vite illusoire. Au nord et à l’est, des peuples, comme les Goths, eux-mêmes poursuivis par des populations plus à l’est encore comme les Huns, tentent de percer la frontière fameuse. Ce que l’on va par la suite appeler « les invasions barbares ». En 285, l’empereur Dioclétien instaure le système de tétrarchie : à lui la partie orientale et à Maximien, un compagnon d’armes, la partie occidentale.
Dioclétien est né en Dalmatie (actuelle Croatie). D’origine modeste, il gravit un à un tous les échelons de la hiérarchie militaire romaine et devient commandant de la cavalerie de l’empereur Carus. A la mort de ce dernier, il est proclamé « Auguste » par les troupes et décide donc d’instaurer la tétrarchie : il ne s’agit pas encore de mettre en place deux empires mais d’installer des divisions administratives afin de gérer militairement au mieux les percées des peuples barbares. Maximien est en quelque sorte un coempereur. Chacun ayant un système de délégation de pouvoir, et des adjoints nommés « Césars ». Des décisions sont propres à chacune des deux parties de l’empire, d’autres sont communes.
Placé à Nicomédie (Izmit dans l’actuelle Turquie), Dioclétien suit les affaires d’Asie et d’Egypte ; il est appuyé par Galère (Sirmium – actuelle Serbie) qui gère l’Illyrie (Croatie – Bosnie) et les régions du Danube. Maximien est installé à Milan : il gère l’Italie, l’Afrique et l’Hispanie (Espagne) ; il est aidé par Constance Chlore, basé à Trèves (Allemagne) et est en charge de la Bretagne (Angleterre) et de la Gaule (France).
Le partage de 395.
Le système de tétrarchie parvient à trouver son équilibre pendant près d’un siècle. Mais sous le règne de Constantin (qui donnera son nom à sa ville, Constantinople) puis de Théodose le Grand, devant une situation intenable, l’Empire romain est définitivement partagé en une partie orientale et une partie occidentale.
Le fils cadet de Théodose, Honorius établit sa capitale à Ravenne, en Italie, tandis que l’aîné, Arcadius, installe son nouveau pouvoir à Constantinople. A sa mort, son fils Théodose II monte sur le trône et devient à son tour Empereur romain d’Orient (dynastie des Théodosiens). Cent trente ans plus tard, l’empereur Justinien 1er fait publier le Corpus Juris Civilis ou Code Justinien, compilation de textes de droit civil, mais prenant en compte l’ensemble des obligations et coutumes chrétiennes, nouvelle religion de l’empire. Pour assoir son pouvoir et celui de la nouvelle religion, il fait construire la plus grande basilique de tous les temps dans sa capitale Constantinople, la basilique Sainte-Sophie. Au même moment, l’empire continue à lutter contre les envahisseurs barbares, repoussant les Goths et s’emparant, au milieu du 6e siècle de l’Italie, perdue peu de temps auparavant avec la chute de l’Empire romain d’Occident.
En 620, Héraclius remporte contre les Perses une victoire incertaine (victoire « à la Pyrrhus ») mais qui permet la diffusion à la fois du code Justinien, de la langue grecque et du christianisme. Par la suite, et pendant trois siècles, les Romains d’Orient vont sa battre pour conserver leurs possessions dans les Balkans. Mais une autre affaire se présente mal pour les Romains : leurs greniers à blé que sont l’Egypte et la Syrie sont bientôt envahis et pris par musulmans de la dynastie des Omeyyades, en provenance de la péninsule arabique.
En 1071, à la bataille de Manzikert, battus par les Turcs Seldjoukides, l’Empire romain d’Orient perd une grande partie de l’Anatolie. Les Seldjoukides, provenant des steppes de l’Asie centrale (Kazakstan, Turkménistan, Ouzbékistan) s’étant d’abord installés en Iran (Perse) dès le début du 11e siècle. Contenir un territoire aussi vaste que celui de l’Empire romain d’Orient s’avère une nouvelle fois affaire délicate : en 1186, dans les Balkans, les Bulgares et les Valaques se libèrent de la tutelle romaine et recréent l’Empire bulgare. Entre 1097 et l’an 1200, les croisades de l’occident ajoutent de la confusion, même si initialement le but consistant à venir en aide aux populations chrétiennes est tout à fait louable. Malheureusement, ces buts vont être dévoyés et peu à peu les intérêts économiques et/ou politiques de certains vont l’emporter. Ainsi, en 1204, lors de la Quatrième Croisade, plutôt que d’aller reprendre Jérusalem, les occidentaux s’emparent de Constantinople, de ses richesses et établissent l’Empire latin de Constantinople. Les familles grecques restées indépendantes se taillent des fiefs dans ce qu’il reste de l’Empire romain d’Orient. Ainsi naissent l’Empire de Nicée (Iznik), celui de Trébizonde (sur la mer Noire) et despotat d’Epire (côte occidentale de l’actuelle Grèce, Croatie).
Mais cet éclatement favorise de plus en plus les attaques des Ottomans, qui ont profité du délitement de la puissance des Seldjoukides. En 1453, le sultan Mehmed II entre avec ses troupes dans une Constantinople qui n’en peut plus de mourir à petits feux…
Le christianisme : de la clandestinité à la religion d’Etat.
La proclamation de Constantin 1er, Empereur des Romains (d’Occident et d’Orient) en 306 marque la fin d’une période terrible pour les Chrétiens qui jusque-là étaient persécutés. Le nouveau dirigeant de l’Empire aide l’Eglise à prendre son essor en établissant la liberté de culte, par l’édit de Milan en 313.
Bien entendu, la conversion de la société est loin d’être immédiate et les coutumes romaines se mélangent à la nouvelle religion. Dans son ouvrage Histoire de la destruction du paganisme en Occident, Arthur Beugnot indique : « Presque imperceptiblement, les coutumes païennes s'introduisirent dans l'Église ; la conversion nominale de l'empereur au début du IVe siècle causa de grandes réjouissances : le monde, couvert d'un manteau de justice, entra dans le christianisme de Rome. Alors, l'œuvre de la corruption fit de rapides progrès. Le paganisme paraissait vaincu, tandis qu'il était réellement vainqueur : son esprit dirigeait à présent l'Église romaine. Des populations entières qui, malgré leur abjuration, étaient païennes par leurs mœurs, goûts, préjugés et ignorance, passèrent sous les étendards chrétiens avec leur bagage de croyances insensées et de pratiques superstitieuses. Le christianisme à Rome adopta et intégra une grande partie du système de l'ancien culte impérial ainsi que ses fêtes qui prirent toutes des couleurs plus ou moins chrétiennes. »
Ainsi, lorsque l’Empire romain d’Orient est créé, la religion chrétienne est bien en place. De plus, ses sujets voient l’Empereur comme un « messager » du Christ. Alors que l’Empire romain d’Occident est aux prises avec les invasions barbares, se développe en Orient un christianisme, prenant en compte bon nombre de réalités locales. Constantinople devient le cœur de la chrétienté. Son patriarche nomme les évêques (métropolites) et archevêques pour l’Asie mineure, les Balkans, la partie orientale de l’Afrique du Nord, les territoires du Levant et même l’Ukraine et la Russie !
En 1054, l’Eglise romaine décide de quitter la Pentarchie, l’organisation de l’église chrétienne sous les Romains (d’Occident et d’Orient) avec les cinq patriarcats : Jérusalem, Antioche, Rome, Alexandrie et Constantinople. L’affaire restera dans l’Histoire comme celle du « Grand Schisme ». Bientôt, il conviendra de parler des Chrétiens d’Occident et des Chrétiens d’Orient, puis peu à peu d’Eglise catholique et d’Eglise orthodoxe, ou plutôt d’Eglises orthodoxes.
Née de la culture grecque, divisée en églises territoriales, les Eglises orthodoxes se réclament de la Théologie des sept premiers conciles du christianisme et qui professe descendre directement des premières communautés chrétiennes fondées par les apôtres de Jésus : Eglise orthodoxe grecque, Eglises orthodoxes des Balkans (Bulgare, Roumaine, Macédonienne, Serbe…), Eglise syriaque (Syrie), Eglise copte (Egypte – apôtre Marc), Eglise apostolique arménienne,…
Mais si elles sont indépendantes sur le plan de l'organisation et de la discipline, par contre elles sont intimement liées entre elles sur le plan dogmatique. Chacune d’elles est autocéphale, c’est-à-dire dirigée par son propre synode habilité à choisir son primat. Elles partagent toutes une foi commune, des principes communs de politique et d’organisation religieuse ainsi qu’une tradition liturgique commune. Outre les langues employées lors du culte, seules des traditions mineures diffèrent en fonction des pays. Les évêques, primats à la tête de ces Églises autonomes peuvent être appelés patriarches ou archevêques. Ces primats président les synodes épiscopaux qui, dans chaque Église, constituent l’autorité canonique, doctrinale et administrative la plus élevée.