Publié le 16 Avril 2025

Roland Gourdin, isséen, mort pour la France en Indochine – La suite.

C’est le miracle d’Internet !

En août 2024, nous avons publié un article sur Roland Gourdin, isséen, sergent au sein du prestigieux 6e BCCP du commandant Bigeard, et sur sa mort : https://www.souvenirfrancais-issy.com/2024/08/roland-gourdin-isseen-mort-pour-la-france-en-indochine.html

Nous indiquions à l’époque, sans en savoir plus : « Il est tué à l’ennemi le 30 décembre 1950, à Moncas dans le Tonkin. Il avait 24 ans. »

 

Patrick Blain, que nous remercions vivement, est féru d’histoire. Il nous a contacté pour nous indiquer les détails de la disparition du sergent Gourdin, et nous indiquer que nous avions commis une erreur. Patrick Blain est l’auteur d’un ouvrage intitulé : 6e BCCP et que l’on peut trouver à la FNAP : Livre de Patrick BLAIN – 6 BCCP – 6e Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes- 6 – FNAP – Fédération Nationale des Associations Parachutistes

Pour vous procurez l’ouvrage, vous pouvez contacter : premier6@orange.fr

Voici le récit de la mort de Roland Gourdin.

 

Quand le parachute ne s’ouvrait pas.

Michel Guillemin du GC1 : « Réveil 03h15. Ça y est ! Opération parachutée en vue ce 30 décembre. En moins de deux, il faut ficeler le barda. Perception d'une journée de vivres.

Rassemblement et nous attendons. À 07h15, nous embarquons dans les GMC et départ au terrain de Back-Maï. Nouvelle attente. Nous percevons les pépins. Je suis du vingtième appareil en cinquième position. Essayage et vérification puis nous nous équipons pour de bon. À 10h30, embarquement et, un quart d'heure plus tard, nous décollons enfin.

Ordre de vol : six Dakota décollent les premiers. Quinze minutes après : quinze junkers dont celui où je suis, puis quinze minutes plus tard : trois Dakota et pour terminer, une heure après : cinq Junkers pour parachutage de vivres et matériel d'allégement.

  • Nous allons à Moncay et nous en avons pour une heure vingt-cinq environ, nous renseigne le largueur.

Tant bien que mal, nous nous installons.

  • Debout ! Accrochez ! Go !

Nous sommes à deux cent cinquante mètres du sol. Pour moi, tout se passe bien et l'atterrissage n'est pas trop dur. Le terrain de Moncay est gardé par des partisans aux doux noms de « Becs d'ombrelles ». Au regroupement du GC, j'apprends que le sergent GOURDIN du 4e stick s'est tué, son parachute ne s'est pas ouvert comme il fallait. Il y a de nombreuses jambes cassées, des entorses (vingt-six sont hors de combat) ; une vraie hécatombe.

Nous nous mettons en route pour aller à la citadelle, installations rudimentaires dans les bâtiments. Puis nous rendons les honneurs au sergent GOURDIN avant de l'enterrer ; je suis porteur ».

Les funérailles du sergent Gourdin.

Les funérailles du sergent Gourdin.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 13 Avril 2025

A la mémoire d’Eliane Jeannin-Garreau.

Dans l’ombre de l’histoire officielle, certaines figures méritent d’être mises en lumière. C’est le cas d’Éliane Jeannin-Garreau, résistante discrète mais déterminée, dont le parcours témoigne d’un courage rare.

Née Alice Gabrielle Jeannin en 1911, Éliane refuse très tôt la résignation face à l’Occupation allemande. Convaincue que chaque citoyen peut agir, elle rejoint très tôt la Résistance et intègre, en 1941, l’Organisation civile et militaire des Jeunes (OCMJ), fondée par Charles Verny. Ce réseau – qui recrute alors des jeunes gens issus de tous milieux sociaux – joue un rôle essentiel dans la coordination d’actions de renseignement, de sabotage et de diffusion de tracts. 

En 1942, Éliane transforme son appartement d’Issy-les-Moulineaux en plaque tournante de la lutte clandestine. « J’étais à la fois boîte-aux-lettres, agent de liaison, fabricant de faux papiers, rédactrice de presse clandestine. Mon logis servait d’asile pour les fugitifs ; de pied-à-terre pour les parachutés de Londres ; de poste central pour les membres du réseau et de réserve de tracts et journaux clandestins. » (Ombre parmi les ombres)

En 1943, la Gestapo finit par remonter sa trace. Elle est arrêtée le 31 août à Issy, interrogée pendant 25 heures au Palais d’Orsay, incarcérée à Fresnes, où elle est tenue au secret pendant un mois et demi, puis transférée au camp de triage de Royallieu (près de Compiègne), avant d’être déportée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück.

L’année suivante, Éliane est transférée au Kommando de Holleischen, un camp annexe du camp de concentration de Flossenbürg, situé à Holýšov (actuellement en République tchèque). Affectée aux usines d’armement Skoda, elle participe, malgré les risques encourus, au sabotage de composants électroniques destinés à l’effort de guerre nazi, poursuivant ainsi son combat pour la liberté.

Libérée en mai 1945 à la suite de l’évacuation du camp par la Croix-Rouge suédoise, Éliane retourne à Issy-les-Moulineaux. Épuisée physiquement, mais toujours debout, elle reprend une vie discrète.

Éliane participe à l’ADIR (Association des Déportés, Internés et Résistants d'Issy-les-Moulineaux), une association locale fondée après la Seconde Guerre mondiale, destinée à regrouper et honorer la mémoire des habitants de la commune ayant participé à la Résistance, ayant été internés ou déportés durant la guerre.

En 1992, l’Académie française lui décerne la médaille d’argent du Prix d’Histoire générale pour son ouvrage autobiographique Ombre parmi les ombres, dans lequel elle livre un témoignage fort et poignant sur son expérience et celle de ses compagnons d’infortune.

En 1994, Eliane publie Les Cris de la Mémoire, un recueil de 42 dessins au fusain, préfacé par Geneviève de Gaulle Anthonioz qui – comme elle – fit partie du convoi des 27000 : « Chacun de tes dessins, Éliane, nous enfonce un peu plus dans cette expérience de la vie concentrationnaire. Ce que la parole n’arrive pas à exprimer, quelques traits le suggèrent. »

Éliane Jeannin-Garreau s’est éteinte en 1999 dans sa ville d’Issy-les-Moulineaux. Officier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre avec palme et de la médaille de la Résistance, elle demeure aujourd’hui une figure exemplaire, celle d’une femme ordinaire devenue, par son courage et son abnégation, une résistante, fidèle jusqu’au bout à ses idéaux de liberté, de justice et d’humanité.

 

Jean-David Boussemaer,

Membre du Souvenir Français, comité d’Issy-les-Moulineaux.

 

Sources : 

 

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