Roland Gourdin, isséen, mort pour la France en Indochine.
Publié le 9 Août 2024
Roland Gourdin, isséen mort pour la France.
Roland Gourdin est né le 9 décembre 1926 à Houlgate dans le Calvados. Parachutiste – grade de sergent – il est envoyé en Indochine avec le 6e groupement colonial de commandos parachutistes.
Il est tué à l’ennemi le 30 décembre 1950, à Moncas dans le Tonkin. Il avait 24 ans. Habitant Issy-les-Moulineaux, son nom est inscrit sur le monument aux morts de la ville, et son corps repose peut-être sous le monument aux morts du cimetière communal.
En effet, Issy-les-Moulineaux est l’une des communes de notre département qui possède un monument aux morts dans le cimetière. Cela permet de transférer les restes de morts pour la France de sépultures familiales sous ce monument. Les morts pour la France ayant droit à une sépulture à perpétuité.
Le nom du sergent Roland Gourdin est également inscrit sur le mémorial départemental des morts pour la France après 1945 de Caen.
Les BPC.
Pour faire face aux besoins en hommes, et aux relèves nécessaires, des bataillons de parachutistes coloniaux (BPC) viennent compléter la demi-brigade de commandos parachutistes basée en Indochine depuis 1947. Il s’agit des bataillons avec les numéros suivants : le 1er, le 2, le 3, le 5, le 6, le 7 et le 8.
L’histoire du 6ème commence par sa création à Quimper le 16 avril 1948. Il est alors composé d’une compagnie de commandement et trois groupes de commandos et regroupe environ six-cent-cinquante hommes. Le 6ème BCCP débarque à Saigon le 28 juillet 1949, pour être envoyé dans le centre de l’Annam, région située entre le Tonkin, au nord, et la Cochinchine, au sud. Les accrochages et les embuscades sont fréquents. Comme à toutes les unités d’élite, des missions difficiles sont demandées au 6ème BCCP : raids dans la jungle, ouvertures de routes, de voies de chemin de fer ; remontées de cours d’eau. Les résultats sont là, rapides, car le Vietminh n’est pas encore cette puissante armée qu’il va devenir dans quelques mois grâce à l’aide de la toute nouvelle Chine communiste.
A la fin de l’année 1949, le bataillon est envoyé au col des Nuages, dans la cordillère annamitique. Sitôt la nouvelle année fêtée, il progresse dans l’intérieur du pays dans le cadre de l’opération Albert, puis, quinze jours plus tard soutient son premier saut opérationnel. Le 20 janvier, les groupes de commandos 1 et 2 sautent sur Binh-Anh.
En octobre de la même année, le 6ème BCCP devient le 6ème GCCP : groupement colonial de commandos parachutistes. L’unité est citée à l’ordre de l’Armée : « Brillante formation de commandos parachutistes, qui, sous les ordres du chef de bataillon Vernières, a mené sans relâche, depuis août 1949, dans tous les secteurs du Centre Vietnam, un combat rude et obstiné ». Puis, le 1er mars 1951, l’unité devient 6ème BPC. Avec une première durée d’existence assez courte puisque le bataillon est dissous au moment de son rembarquement pour la métropole en août 1951.
Mais c’est pour mieux renaître en juillet 1952, sous les ordres d’un tout jeune chef de bataillon qui va rapidement se faire connaître du grand public : Marcel Bigeard. « Nous passons deux mois exténuants à marcher dans les rizières, l’eau jusqu’à la taille, à vérifier chacun de nos pas pour ne pas tomber dans un piège viet, à fouiller les villages en craignant toujours les tireurs embusqués. Nous opérons des actions coups de poing dès que nous repérons une concentration ennemie. Mon bataillon se rode. Les plus jeunes s’habituent au feu, mes vieux briscards retrouvent leurs sensations. Je suis fier de mon unité » (Marcel Bigeard, dans ses mémoires posthumes Ma vie pour la France, Ed. du Rocher). Et le bataillon s’illustre partout où il passe : par exemple à Tu Lê en octobre 1952, où le 6ème saute sur les arrières des divisions vietminh 308 et 312, remplit sa mission et au prix d’une marche de huit jours à travers la jungle parvient à échapper à l’étau qui se referme sur lui. Cette performance des paras fait dire à la presse, et des militaires bien souvent jaloux, que le 6ème est le « bataillon Zatopek », du nom de ce coureur de fond tchèque, multi-recordman du monde. A Langson, en juillet 1953, l’unité reçoit sa quatrième citation à l’ordre de l’Armée.
En novembre 1953, le 6ème est l’une des premières unités à sauter sur Diên Biên Phù, dans le but de prendre aux bo-doïs cette ancienne base japonaise. Il récidive le 16 mars 1954 pour tenter de sauver la situation sur ce même terrain où la bataille ultime de la guerre d’Indochine fait rage. Il y gagne une nouvelle citation. Malheureusement, comme toutes les forces françaises et supplétives présentes, le 6ème BPC est anéanti par la capitulation du 7 mai 1954. Les combats cessent, mais les Français refusent de lever le drapeau blanc. Humiliation de défiler, tête baissée, devant des dizaines de milliers de bo-doïs et de prendre la direction de camp de prisonniers. Marcel Bigard (Ma vie pour la France) : « La vraie douleur, la seule chose que je ne pardonne pas aux Viets, ce sont les huit-mille morts pendant ces quatre mois de captivité. Cruauté inutile, inhumanité. Giap était un grand général, mais sa doctrine, le marxisme, était inhumaine. L’ancien capitaine vietminh m’a dit : « Nous n’avons tué aucun prisonnier ». C’est vrai, ils les ont laissé crever, alors qu’il aurait été si facile de sauver tout le monde. Une banane par jour, et on ramenait les gars vivants. Je ne pourrai jamais l’oublier ».
Plus tard, au Maroc, à Marrakech, le 1er août 1955, le reliquat du bataillon devient le 6ème RPC : régiment de parachutistes coloniaux avant de prendre l’appellation de 6ème RPIMa (régiment parachutiste d’infanterie de marine) en 1958 et d’être définitivement dissous en 1998 dans le cadre de la restructuration de l’Armée française.
Sources :
- http://paradu6.free.fr/menu.html
- www.wikipedia.org/fr
- www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
- Erwan Bergot, Bataillon Bigeard, Presses de la Cité.
- Paul Bonnecarrère, Par le sang versé, Fayard.
- Michel Bodin, Dictionnaire de la guerre d’Indochine, Economica.
- Pierre Montagnon, La guerre d’Indochine, Pygmalion.
- Jules Roy, la bataille de Dien Bien Phu, Julliard.
- Général Yves Gras, Histoire de la guerre d’Indochine, Plon.
- Général Marcel Bigeard, Ma guerre d’Indochine, Hachette.
- Général Marcel Bigeard, Ma vie pour la France, Ed. du Rocher.
- Georges Fleury, La guerre en Indochine, Perrin.
- Mémorial GenWeb : contributions de Philippe Frilley, de Jérôme Charraud et de Claude Richard.