Publié le 18 Mai 2025

Soldats du 360e régiment d'infanterie.

Soldats du 360e régiment d'infanterie.

Daniel Laheyne du comité de Chaville du Souvenir Français a attiré notre attention sur l’histoire du caporal isséen Louis Vasse, sauvagement assassiné le 4 juin 1915 par le prisonnier allemand Johann Boos. Nous l’en remercions.

Voici cette histoire.

 

Louis Vasse nait à Issy-les-Moulineaux le 21 janvier 1888. Jardinier de profession, il est domicilié au 35, rue Ernest Renan à Issy. Il est le fils de Louis Emile Vasse, né vers 1861, et d’Honorine Savier, née vers 1866, maraîchers aux Moulineaux. Louis Vasse a épousé le 4 mars 1893 à Issy Germaine Vitureau, dont les parents sont également maraîchers.

Au début de la Première Guerre mondiale, Louis Vasse est caporal à la 21e compagnie du 360e régiment d’infanterie, unité constituée avec les bataillons de réserve du 160e RI, dont le casernement est à Toul. Classe 1908, Louis Vasse porte le matricule 02.637 et le numéro 3.968 au recrutement de la Seine, 3e bureau.

En 1914, le 360e RI participe à la bataille de la Trouée des Charmes puis celle du Grand Couronné non loin de Nancy ; de septembre à octobre, il est pris dans ce qui est appelé la « course à la mer » puis il se stabilise près de Notre-Dame de Lorette dans le sud du Pas-de-Calais.

En mai-juin 1915, le 360e participe, avec d’autres régiments, à la conquête du plateau de Lorette et le village d’Ablain. La 19e compagnie du 360 avance sur près des 400 mètres et s’empare d’une longue tranchée et de ses occupants, faisant 450 prisonniers allemands. La défense d’Ablain est complètement désorganisée et la chute totale du village s’ensuit quelques heures plus tard. Ce glorieux fait d'armes vaut au 360 la citation suivante à l'ordre de l'Armée, citation qui comporte l’attribution de la Croix de guerre à son drapeau : « le général commandant la 10e Armée cite à l'ordre de l'Armée le 360e R. I., sous les ordres du lieutenant-colonel Piazza : « Les 27 et 28 mai, a, sous l'habile et énergique impulsion de son chef, enlevé plusieurs tranchées, le cimetière et le village organisé, avec un allant, une fougue, une énergie au-dessus de tout éloge, faisant 400 prisonniers. S'est maintenu sur les positions conquises, malgré un bombardement d'une extrême violence et une contre-attaque de l'ennemi ».

 

Le Journal de marché du 141e régiment d’infanterie (qui a participé à cette bataille) indique ceci :

« Corvée de 50 hommes, comme la journée du 4.

« Par ordre de la Division, le Bataillon quitte le cantonnement du château de la Haie pour se rendre à Gauchin-Légal, sauf la 33e Compagnie qui continuera à séjourner au château de la Haie sous le commandement du capitaine Bousquet. Elle se composera de 250 hommes comprenant les hommes les plus âgés et les moins aptes. Cette compagnie assurera le service du génie et fournira le poste de police de la Haie.

Le prisonnier Boos Johann faisant partie du groupe des 19 arrivés au château de la Haie dans la nuit du 4 a été accusé par le soldat Doyen, du 360e, comme ayant assassiné le caporal Vasse, dans la tranchée où ils s’étaient rendus et faits prisonniers. Sur cette dénonciation, et après enquête, il a été condamné à être fusillé.

L’exécution a eu lieu dans les dépendances du château de la Haie. Le peloton d’exécution, composé de 12 hommes du 141e et commandé par le capitaine Bousquet, de la 33e Compagnie, a eu lieu immédiatement. »

 

Par la suite, le caporal Louis Vasse est cité à deux reprises :

Cité à l’ordre de la 70e Division n° 66 du 10 juillet 1915 dans les termes suivants : « S’est présenté comme volontaire pour l’attaque d’une maison isolée et d’une tranchée ennemie. A été tué dans l’accomplissement de sa mission. Croix de guerre avec étoile de bronze. »

Par arrêté du Ministre de la Guerre en date du 3 juin 1921 (J.O. — Cahier spécial —24 mai 1922, p. 2.101), inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants : « VASSE (René-Louis), matricule 02.637, caporal : brave caporal, s’est présenté comme volontaire pour l’attaque d’une maison isolée et d’une tranchée ennemie, devant Ablain-Saint-Nazaire. A été tué dans l’accomplissement de sa mission, le 4 juin 1915. A été cité. »

 

Sources :

  • Site Mémoire des Hommes du ministère des Armées : https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/
  • Site Chtimiste : parcours des régiments et unités françaises pendant la Première Guerre mondiale.
  • Archives du comité d’Issy-les-Moulineaux du Souvenir Français.
  • Site Mémorial Gen Web – Fiche individuelle de Louis Vasse. Contributions de Claude Richard, Jérôme Charraud et Gérard Peugnet.
  • Issy-les-Moulineaux, registre des actes de décès de la ville – Année 1915, Vol. II, acte N°463.

 

Acte de décès de Louis Vasse.

Acte de décès de Louis Vasse.

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Publié le 4 Mai 2025

Le docteur applique de l'ambrine sur une brûlure de la cuisse et des fesses.

Le docteur applique de l'ambrine sur une brûlure de la cuisse et des fesses.

De la Chine à Issy-les-Moulineaux, le parcours d’Edmond Barthe de Sandfort entremêle rigueur scientifique et humanisme. Médecin passionné, il est à l’origine de l’Ambrine, un remède innovant qui apporta un réel soulagement aux grands brûlés durant la première guerre mondiale.

Né le 20 mai 1853, Edmond effectue ses études à l’école de Santé navale de Toulon, puis participe en tant que médecin de la Marine à plusieurs missions à l’étranger, notamment en Chine et en Macédoine. Celles-ci forgent son expérience de terrain et affûtent son sens de l’innovation.

En 1885, Edmond est réformé pour des raisons de santé. Il devient alors médecin aux thermes de Dax et se spécialise dans le traitement des affections rhumatismales. Il mène d’importants travaux sur les vertus thérapeutiques de la boue et publie plusieurs ouvrages, dont un Guide du médecin et du malade, destiné à vulgariser les bienfaits des soins thermaux. Il développe également un traitement inspiré des méthodes d’Ambroise Paré : un mélange de paraffine et de gommes fondues. Ce remède, qu’il baptise Ambrine - à cause de son aspect jaune et translucide faisant penser à l’ambre - est initialement destiné au traitement des rhumatismes.

Au début du XXe siècle, lors d'un voyage au Yunnan (Chine), Edmond découvre par hasard l’efficacité de l’Ambrine sur les brûlures graves. Il l’applique sur des plaies brûlées et constate une réduction significative de la douleur ainsi qu’une cicatrisation rapide. Bien que son efficacité soit rapidement observable, le monde médical se montre d’abord sceptique lorsqu’il revient à Paris en 1904. Edmond persiste et perfectionne sa formule pendant plusieurs années, convaincu de son potentiel thérapeutique.

En 1914, alors âgé de plus de 60 ans, Edmond demande à reprendre du service. En 1916, il est affecté à l’hôpital militaire provisoire Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux, où il prend la tête du service des grands brûlés. L’Ambrine y est utilisée de manière systématique, avec des résultats jugés spectaculaires et le traitement fait rapidement école.

Le 28 septembre 1916, Le Figaro indique dans un article qui lui est consacré : « le sous-secrétaire d'État du service de santé a envoyé aux médecins-chefs des hôpitaux d'évacuation l'ordre de diriger désormais sur Issy-les-Moulineaux tous les brûlés qui leur seront amenés du front. » Et quelques semaines plus tard, en novembre 1916, le président Raymond Poincaré se rend en personne à l’établissement de soins pour élever Edmond Barthe de Sandfort au rang de chevalier de la Légion d'honneur.

Également impressionné par l'efficacité de l'Ambrine, le philanthrope Henri de Rothschild décide de se former auprès de son inventeur afin de comprendre et de valider scientifiquement cette méthode. Il contribue ensuite à sa diffusion en finançant sa production à grande échelle et en publiant en 1918 un ouvrage de référence intitulé Le Traitement des brûlures par la méthode cirique (pansement à l’ambrine), destiné aux médecins des armées.

En octobre 1917, Edmond quitte Issy-les-Moulineaux pour diffuser sa méthode en Italie. La date et le lieu précis de son décès sont inconnus mais son héritage demeure. Edmond Barthe de Sandfort incarne une médecine tournée vers l’innovation et la compassion. En créant l’Ambrine, il a ouvert la voie à une nouvelle approche du soin des blessés de guerre. Une démarche pionnière où la science se met au service de l’humain.

 

Jean-David BOUSSEMAER,

Souvenir Français Issy-les-Moulineaux.

 

Sources : 

Marie-Aude Bonniel, « Les merveilles du traitement du Dr Barthe de Sandfort sur les brûlés (1916) », Le Figaro, 20 octobre 2014

https://www.lefigaro.fr/histoire/centenaire-14-18/2014/10/20/26002-20141020ARTFIG00063-les-merveilles-du-traitement-du-dr-barthe-de-sandfort-sur-les-brules-1916.php

Rothschild (Henri de), Le Traitement des brûlures par la méthode cirique (pansement à l'ambrine). Conférences faites à MM. les médecins-majors des formations sanitaires des armées (mission du G. Q. G.), O. Doin et fils, Paris, 1918. Extrait sur : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1428142v

https://numerabilis.u-paris.fr/ressources/pdf/sfhm/hsm/HSMx1974x008x004/HSMx1974x008x004x0795.pdf

https://imagesdefense.gouv.fr/fr/issy-les-moulineaux-hopital-saint-nicolas-salle-d-ambrine-vaporisation-d-une-brulure-du-dos-traitement-du-docteur-barthe-de-sandfort-legende-d-origine-1.html

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