Publié le 28 Octobre 2007

Quête nationale, le 1er novembre.

 Comme chaque année, la quête nationale du Souvenir Français se déroulera le 1er novembre.

 


Pour Issy-les-Moulineaux, les quêteurs se tiendront à l’entrée du cimetière. La quête, source de financement de l’association, sert principalement à l’achat de fleurs pour les tombes d’hommes et de femmes ayant donné leur vie pour la France et dont les sépultures sont parfois à l’état d’abandon.
Pour rappel, les trois missions du Souvenir Français sont :
 
Ø      Conservation de la mémoire de celles et ceux qui sont Morts pour la France.
Ø      Entretien des tombes et monuments élevés à leur mémoire.
Ø      Transmission aux générations successives des valeurs de la République par, entre autres, le maintien du souvenir de ces morts.
 
Par avance, nous vous remercions de votre générosité.
Le Souvenir Français, comité d’Issy-les-Moulineaux.

 

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Publié le 19 Octobre 2007

Bien connus des isséens, Jacqueline et Roger Foveau animent l’association Issy Loisirs Entraide, fondée en 1983, dont le but est l’organisation d’activités culturelles, sportives et sociales.

 

 

 

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Jacqueline Foveau :
 
« En 1940, j’avais huit ans. J’étais à Saint-Denis. Avec mes parents et mon frère, nous habitions près du square Pierre de Geyter (le musicien de l’Internationale), à côté de la basilique. A l’école, j’étais chez les Sœurs de la Compassion. La « Drôle de guerre », c’était pour nous un jeu mais aussi une angoisse. Il y avait tout le temps des alertes. Alors, il fallait descendre dans la cave, prendre au passage les masques à gaz que la mairie nous avait distribués. Et puis on attendait, sans vraiment savoir ce qui allait se passer. Du haut de mes huit ans, c’était pour moi une aventure. D’autant que pour avoir des informations, nous allions au cinéma. Nous étions dans l’irréalité.
 
Vient le mois de mai : les Allemands envahissent notre cher pays. Les nouvelles sont horribles. L’Armée française est partout bousculée, défaite. Mon père est très inquiet. A l’usine, on lui demande de continuer, autant que possible, à travailler comme si de rien n’était. Et les troupes du Reich arrivent dans Saint-Denis. Les soldats se placent partout en ville ; prennent position à la mairie, dans les usines. Ainsi, mon père, bien entendu sans le vouloir – et comment résister ? – travaille maintenant pour eux, car la production est directement envoyée de l’autre côté du Rhin.
 
Dans notre vie quotidienne, les bouleversements sont immédiats : tout est réquisitionné. On commence à manquer. Il faut attendre des heures pour avoir un morceau de viande, du pain. On nous distribue des tickets, mais cela ne suffit pas. Mon père échange des bons pour du tabac contre du lait, dont je me rappelle même la marque : Guigoz !
 
Et puis, à l’école, l’atmosphère change. Le temps de l’insouciance est vite passé pour faire place à une réalité pour le moins terrible. Une de mes camarades me dit comment son père a été arrêté et fusillé pour acte de résistance.
 
La rafle du Vel d’Hiv, en 1942, cela a été quelque chose d’inimaginable. Je connaissais bien l’endroit pour y être souvent allée avec mon papy. Il était un fan de vélo. A Saint-Denis comme dans Paris, nous voyons la police française et la Gestapo entrer dans les immeubles, rechercher des juifs. Un monde de fous.
 
Manquant de tout, persuadée que nous pouvons être arrêtés d’un moment à l’autre – c’est le temps du STO (Service du Travail Obligatoire) – nous décidons de partir dans le sud, en Zone libre, au Puy en Velay, où des amis ont une grande maison. Alors, nous laissons mon grand-père paternel pour veiller sur notre appartement et nous voilà, mon père, ma mère, mon frère, mes deux grands-mères, entassés dans notre voiture, sur les routes de France.
 
Peu avant la ligne de démarcation, un gars nous hèle : « Ne prenez pas cette route, elle est bouchée. Passez à droite, c’est à couvert ». Bien nous en a pris : moins d’un quart d’heure plus tard, nous entendons des avions qui foncent sur la route. Le bruit est épouvantable ; une sorte de sirène qui vous glace le sang. Des balles passent à quelques dizaines de mètres de nous. Des morts partout. Des gens que nous avions vus quelques instants plus tôt : ils étaient là. Par terre. Allongés dans des flaques de sang.
 
Nous nous installons au Puy ; quelques mois. On survit au jour le jour. Là aussi, beaucoup de gens manquent de tout. Si la vie n’est pas meilleure en Haute-Loire, autant rentrer. Nous optons pour Pontoise où nous connaissons des personnes. Avec mon frère, me voilà inscrite à une nouvelle école, au milieu d’enfants que je ne connais pas. Mon père retourne à Saint-Denis, voir ce qu’il est advenu du grand-père. Il va bien.
 
Plus d’une année a passé. Les postes de radio nous donnent des informations. L’Armée allemande va de défaite en défaite. C’est le Débarquement ; un matin d’août 1944, je vois arriver des soldats français. C’est le délire. Nous pleurons de joie. Des gens sortent avec des drapeaux. Un jeune gars s’approche de moi. Nous sympathisons. Il me demande d’être sa marraine de guerre. Comment refuser ? Mon filleul, bien que plus âgé que moi, repart deux jours plus tard pour l’Est. Il a une guerre à continuer. Et nous restons amis. Nous le sommes toujours restés. Aujourd’hui, il a 83 ans, il habite le sud de la France et se porte merveilleusement bien.
 
C’est au tour des Américains d’entrer dans Saint-Denis. D’eux, je me souviens surtout m’être gavée de chocolat et de chewing-gums. Et puis, il y a des bas nylons. Quelle révolution ! J’ai conservé ma première paire plus d’un an.
 
Après la guerre, je suis entrée comme sténodactylo à la Société Générale d’Entreprise, rue du Faubourg Saint Honoré, en face de l’Elysée (j’y ai vu Vincent Auriol). C’est là que j’ai rencontré Roger, qui faisait un stage.»
 
Roger Foveau :
 
« Je suis un gars du Nord, un Ch’ti, né en 1929, à Saint-Saulve. Ma mère était gouvernante et mon père jardinier. Nous étions logés dans la maison de la famille Billiet, grande famille du Nord – Jules Billiet a été maire de Valenciennes de 1919 à 1925.  Cette famille avait neuf enfants ; et moi, j’étais enfant unique.
 
1939 : mon père est mobilisé. Je ne le reverrai plus pendant cinq ans. Dès les premiers combats, il a été fait prisonnier. Comment voulez-vous résister quand vous êtes cavalier et qu’on vous demande de charger face à des chars ennemis ? Pris, il part en Allemagne et restera dans une ferme jusqu’en 1945.
 
Les informations sont alarmantes. Les troupes du Reich arrivent. Il faut nous sauver au plus vite. Monsieur Billiet décide de rester dans la maison familiale ; ma mère, Madame Billiet, les enfants et moi prenons les voitures. Nous partons pour Brest, où nous devons être hébergés chez des amis. Et c’est dans cette ville que j’ai vu « mon » premier soldat allemand.
 
Finalement, nous rentrons à Valenciennes puis à Paris. Mr Billiet étant Président de la Bonneterie de France, dont le siège est à Paris, nous logeons dans l’immeuble du boulevard de Strasbourg. Les Billiet occupent le second étage, quant à ma mère et moi, nous nous installons au 3ème étage. Comme tous les enfants, je vais à l’école. Mon quotidien est difficile, nous manquons un peu. Mais je n’ai pas le souvenir d’avoir été réellement privé. J’étais chanceux.
 
Pour moi, la Seconde Guerre mondiale, ce sont surtout deux moments inoubliables. L’un est affreux : ce sont les femmes tondues puis fusillées devant la mairie du 10ème arrondissement. D’ailleurs, on peut encore voir les traces des balles.
 
Le second, c’est l’arrivée du général de Gaulle à l'Hôtel de Ville. Là où il a tenu ces paroles extraordinaires : « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré, libéré par lui-même, libéré par son peuple, avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »
 
J’y étais ! Oh, bien entendu, je n’étais pas placé à côté du général. Mais dans la foule, tout proche, il y avait là un jeune gars et c’était moi !
 
Après la guerre, j’ai préparé un concours pour entrer à l’Ecole des travaux publics et j’en  suis sorti ingénieur en 1950. J’ai commencé par faire un stage dans l’Est (où je me suis occupé de l’application du plan Marshall) puis un second stage dans la fameuse Société Générale d’Entreprise (qui appartient aujourd’hui à Vinci). Et, j’ai rencontré la Jacqueline.
 
Nous nous sommes mariés, à Saint-Denis, dans la basilique, et nous avons eu trois enfants : Jean-Michel, Eric et le petit dernier, Patrick. »

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Publié le 11 Octobre 2007

Le Groupe Manouchian.

Le dimanche 29 août 2004, André Santini inaugurait, à Issy-les-Moulineaux, la place Groupe Manouchian, et prononçait un discours sur l’histoire de ces résistants. Henry Karayan, proche du Groupe Manouchian et Georges Duffau, fils de Joseph Epstein, responsable pour la Région Parisienne des Francs Tireurs et Partisans Français, prononcèrent également des discours.

 
Quelle est donc l’histoire du Groupe Manouchian ?
 
Missak Manouchian est né le 1er septembre 1906, dans le village d’Adyaman en Turquie, au sein d’une famille de paysans arméniens. Il a huit ans quand son père meurt, probablement tué par des militaires turcs. Puis sa mère disparaît à son tour, victime de maladie et de la famine qui touche la population arménienne à cette époque. Le jeune Missak est recueilli par une famille kurde puis par une institution chrétienne syrienne. Ce pays est alors sous protectorat français. L’arrivée en France, à Marseille, se déroule en 1925.
 
Missak apprend le métier de menuisier. Pour autant, il n’y accorde guère d’intérêt. Son plaisir est dans la fréquentation des bibliothèques et les cercles intellectuels arméniens. Il quitte rapidement le sud de la France pour se fixer à Paris. Il suit des cours de littérature, de philosophie et d’histoire. Dans le même temps, il fonde avec des amis deux revues littéraires : Tchank (Effort) et Machagouyt (Culture).
 
Proche des idées révolutionnaires, Missak Manouchian adhère et milite en 1934 au Parti communiste, participe aux « universités ouvrières » créées par les syndicats ouvriers (CGT) et s’enrôle dans le groupe arménien de la MOI (Main d’œuvre Immigrée). Groupe dont il prend le contrôle après la défaite française de 1940, tout en maintenant ses activités militantes, devenues illégales après l’interdiction du Parti communiste en France, faisant suite à la signature du pacte Germano-Soviétique (août 1939). Arrêté puis rapidement libéré (la police ne retient aucune charge contre lui), Missak Manouchian est versé avec son groupe, en 1943, dans la FTP-MOI, groupe de Francs-Tireurs Partisans (créé en 1941 par la direction du parti communiste français), dirigée par Boris Holban. En quelques mois, Manouchian est nommé commissaire technique des FTP-MOI. Il multiplie les actions contre l’ennemi nazi : attentats, sabotages, déraillements de train sont fréquents. Leur plus grand fait d’armes consiste en l’exécution, le 28 septembre 1943, du général SS Julius Ritter ; cet événement a un impact très important à Berlin et Heinrich Himmler donne l’ordre à son représentant en France, Karl Oberg, de réprimer les auteurs de l’acte.
 
A cette époque, le dirigeant pour la Région Parisienne des Francs-Tireurs Partisans est Joseph Epstein. Il donne rendez-vous à Missak Manouchian le 15 novembre 1943 à Evry Petit-Bourg (devenue Evry). Suivi depuis son domicile jusqu’au lieu de la rencontre (il semble que Missak Manouchian ait été vendu), les deux résistants sont arrêtés et torturés. Ils ne parleront pas. Les Brigades Spéciales des Renseignements Généraux, alliées de Berlin, finissent par démanteler l’ensemble du réseau. Après un simulacre de procès, vingt-deux membres du Groupe Manouchian, sont fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944 (Joseph Epstein est exécuté le 11 avril 1944). En vain, la propagande allemande tente de faire passer les résistants pour des criminels, au moyen d’une affiche demeurée célèbre : l’Affiche Rouge.
Le Groupe Manouchian.

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