Le Groupe Manouchian.
Publié le 11 Octobre 2007
Le dimanche 29 août 2004, André Santini inaugurait, à Issy-les-Moulineaux, la place Groupe Manouchian, et prononçait un discours sur l’histoire de ces résistants. Henry Karayan, proche du Groupe Manouchian et Georges Duffau, fils de Joseph Epstein, responsable pour la Région Parisienne des Francs Tireurs et Partisans Français, prononcèrent également des discours.
Quelle est donc l’histoire du Groupe Manouchian ?
Missak Manouchian est né le 1er septembre 1906, dans le village d’Adyaman en Turquie, au sein d’une famille de paysans arméniens. Il a huit ans quand son père meurt, probablement tué par des militaires turcs. Puis sa mère disparaît à son tour, victime de maladie et de la famine qui touche la population arménienne à cette époque. Le jeune Missak est recueilli par une famille kurde puis par une institution chrétienne syrienne. Ce pays est alors sous protectorat français. L’arrivée en France, à Marseille, se déroule en 1925.
Missak apprend le métier de menuisier. Pour autant, il n’y accorde guère d’intérêt. Son plaisir est dans la fréquentation des bibliothèques et les cercles intellectuels arméniens. Il quitte rapidement le sud de la France pour se fixer à Paris. Il suit des cours de littérature, de philosophie et d’histoire. Dans le même temps, il fonde avec des amis deux revues littéraires : Tchank (Effort) et Machagouyt (Culture).
Proche des idées révolutionnaires, Missak Manouchian adhère et milite en 1934 au Parti communiste, participe aux « universités ouvrières » créées par les syndicats ouvriers (CGT) et s’enrôle dans le groupe arménien de la MOI (Main d’œuvre Immigrée). Groupe dont il prend le contrôle après la défaite française de 1940, tout en maintenant ses activités militantes, devenues illégales après l’interdiction du Parti communiste en France, faisant suite à la signature du pacte Germano-Soviétique (août 1939). Arrêté puis rapidement libéré (la police ne retient aucune charge contre lui), Missak Manouchian est versé avec son groupe, en 1943, dans la FTP-MOI, groupe de Francs-Tireurs Partisans (créé en 1941 par la direction du parti communiste français), dirigée par Boris Holban. En quelques mois, Manouchian est nommé commissaire technique des FTP-MOI. Il multiplie les actions contre l’ennemi nazi : attentats, sabotages, déraillements de train sont fréquents. Leur plus grand fait d’armes consiste en l’exécution, le 28 septembre 1943, du général SS Julius Ritter ; cet événement a un impact très important à Berlin et Heinrich Himmler donne l’ordre à son représentant en France, Karl Oberg, de réprimer les auteurs de l’acte.
A cette époque, le dirigeant pour la Région Parisienne des Francs-Tireurs Partisans est Joseph Epstein. Il donne rendez-vous à Missak Manouchian le 15 novembre 1943 à Evry Petit-Bourg (devenue Evry). Suivi depuis son domicile jusqu’au lieu de la rencontre (il semble que Missak Manouchian ait été vendu), les deux résistants sont arrêtés et torturés. Ils ne parleront pas. Les Brigades Spéciales des Renseignements Généraux, alliées de Berlin, finissent par démanteler l’ensemble du réseau. Après un simulacre de procès, vingt-deux membres du Groupe Manouchian, sont fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944 (Joseph Epstein est exécuté le 11 avril 1944). En vain, la propagande allemande tente de faire passer les résistants pour des criminels, au moyen d’une affiche demeurée célèbre : l’Affiche Rouge.