Publié le 25 Août 2017

Debout sur une jeep, Jules Gaucher s’adresse à ses légionnaires de la « 13 ».

Debout sur une jeep, Jules Gaucher s’adresse à ses légionnaires de la « 13 ».

Biographie.

 

Jules Gaucher nait à Bourges le 13 septembre 1905. I intègre la promotion « Maréchal Gallieni » à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr et sort diplômé en 1929. Nommé sous-lieutenant, il est affecté au 23e régiment de tirailleurs algériens.

 

Deux années plus tard, il sert à la Légion étrangère, tout en restant en Afrique du nord, au sein du 1er régiment étranger, puis au 3e régiment étranger d’infanterie. Il participe à la pacification du Haut-Atlas au Maroc. En 1938, promu capitaine, il est nommé au 1er bataillon du 5e régiment étranger d’infanterie au Tonkin, dans le nord du Vietnam.

 

C’est là qu’il combat les Japonais en 1940, puis les Thaïlandais l’année suivante. A la tête du bataillon, le 9 mars 1945, il est en première ligne au moment du « coup de force » des Japonais. Evitant de peu la capture, et son exécution, il réussit à passer la frontière chinoise le 1er mai 1945 avec le reste de son unité lors de la retraite de la « colonne Alessandri » (du nom de son général). Il prend ensuite la tête du bataillon de marche composé des survivants du régiment et la ramènera en 1946 au Tonkin après avoir parcouru plus de 3.000 kilomètres à pied.

 

Promu chef de bataillon la même année, il rejoint le dépôt commun des régiments étrangers (DCRE) à Sidi-Bel-Abbès en Algérie puis la 13e demi-brigade de la Légion étrangère (DBLE).

 

En 1949, il est désigné pour l’Extrême-Orient afin de prendre le commandement du 3e bataillon de la 13e DBLE. Le 9 avril 1950, il est rapatrié sanitaire. En octobre 1951, il est promu au grade de lieutenant-colonel et une année plus tard il revient en Indochine. De retour à la « 13 », il prend les fonctions de commandant en second, puis celles de chef de corps le 1er septembre 1953. Sous son commandement, ses unités s’illustrent au cours d’opérations dans le delta du Fleuve Rouge et lors de la bataille d’Hoa-Binh.

 

A Dien Bien Phu, en mars 1954, il est désigné commandant du Groupe mobile n°9, qui comprend trois bataillons d’infanterie, une batterie d’artillerie. Le colonel de Castries, qui commande le camp retranché, lui donne l’ordre d’assurer la résistance de cinq centres : les collines Béatrice, Claudine, Dominique, Eliane et Huguette. Le PC du lieutenant-colonel Gaucher se trouve alors assez proche de celui du colonel de Castries.

 

Ce 13 mars 1954.

 

Giacomo Signoroni, ancien de la « 13 » et présent à Dien Bien Phu ce fameux 13 mars 1954, a confié des archives au Souvenir Français d’Issy-Vanves. Parmi celles-ci se trouve une copie du témoignage du légionnaire Mariano Hernandez.

 

« Le camp retranché de Dien Bien Phu subissait vers 17h30 un pilonnage massif, au même moment où la position avancée Béatrice tenue par le 3/3/13e connaissait le même sort, avec un objectif différent. Nous étions obligés de rester dans nos abris du fait de l’intensité de ce pilonnage. De temps en temps, une légère accalmie se faisait sentir dans la cuvette, où nous pouvions sortir de nos tranchées. C’est à ce moment là, que l’on pouvait juger de l’importance du feu qu’essuyait la position Béatrice.

 

Notre colonel Gaucher, avec plusieurs officiers, dirigeait les opérations depuis son PC de l’attaque de Béatrice, qui se trouvait proche de mon emplacement de combat. Il devait être dans les environs de 18h30, lorsqu’eu lieu de nouveau une série d’explosions à proximité du PC et des emplacements du 1/13e DBLE.

 

C’est à ce moment-là, que nous vîmes apparaître quelques gars de chez nous hurlant comme des aliénés, que le PC de notre colonel avait été touché par un obus d’artillerie, et ils criaient qu’il n’y avait aucun survivant. Pendant que l’un d’eux partait à l’antenne Grauwin chercher des médecins et des infirmiers, le sergent Dubois avec quelques hommes de ma section, dont moi-même, se rendit tout de suite sur le lieu du blockhaus qui tenait lieu de PC. Nous avons donné un coup de main à l’équipe de pionniers de notre unité que dirigeait l’adjudant Signoroni. Le spectacle était horrible à voir. Une jeep se trouvait déjà sur les lieux, ils évacuèrent le colonel qui était encore vivant, mais déchiqueté de toute part et dont le visage avait l’aspect cadavérique. Il y avait parmi eux un ou deux officiers morts et plusieurs blessés, dont mon chef de bataillon Brinon. Ils furent transportés sur l’antenne du GM9.

 

Nous apprîmes un peu plus tard le décès de notre colonel. A la suite de cette triste nouvelle, les commandants de compagnie, sous-officiers, légionnaires, savions que sans « Pouss-Pouss » (nous l’appelions familièrement ainsi) les choses ne seraient plus les mêmes. Notre moral fut très fortement atteint, et je vis que mon capitaine Chounet, fut lui-même très fortement éprouvé. Je ne me doutais pas encore que le lendemain une nouvelle épreuve m’attendait, ainsi qu’à plusieurs de mes camarades. Etant donné qu’après mon retour de sonnette, dans les environs de 4h à 6h du matin, je commençais à faire du café des boîtes pacifiques, lorsque je m’aperçus qu’il y avait un peu trop de mouvement dans les alentours. Quand notre sergent de section nous appela pour le rassemblement du matin, et que la compagnie fut au complet, le sergent de semaine présenta la compagnie au capitaine Chounet, commandant la 2/4/13e. Une fois les formalités terminées, le chef de compagnie nous annonça qu’il lui fallait des volontaires pour aller chercher sur Béatrice, les morts et les blessés restés sur place, après le combat et l’anéantissement de la position, qui venait de se terminer quelques heures auparavant. Il pria donc les volontaires de s’avancer d’un pas, afin qu’ils se fassent connaître. Les gars de la 2e compagnie se proposèrent tous, à l’exception de quelques réticents. A ce moment-là, le capitaine appela le sous-officier de section, afin qu’il procéda à un tri parmi les hommes. Nous étions une dizaine de légionnaires de la 2/1/13e.

 

Peu avant l’heure de la mission, le capitaine Chounet nous prévint que notre seul équipement se composerait d’une tenue de combat, casque léger et d’une petite pelle de campagne. Un sous-officier de la compagnie nous amena à la hauteur de l’antenne du commandant Grauwin, là où se trouvaient les véhicules qui devaient nous emmener par la RP 41 sur Béatrice. L’effectif de cette mission se composait d’un officier médecin, du 1/13e DBLE, du Père Trinquant, notre aumônier de la 13e, de deux brancardiers avec l’adjudant Signoroni, chef des pionniers du 1/13e. Nous étions donc au total une quinzaine  et nous appartenions tous au 1/13e. Aucun sous-officier ou légionnaires d’autres unités ne firent partie de cette mission, comme certains voudraient bien laisser croire.

 

En tête de file se trouvait le capitaine-médecin Le Damany, dans un véhicule 4 :4 ou une jeep. Mes camarades et moi étions dans un GMC avec quelques filets et nos pelles. Le père devait se trouver dans une ambulance avec le chauffeur. A 10h du matin, le convoi démarra dans la direction de Béatrice. Lorsque nous fûmes sur les lieux, un officier Viet donna ses instructions au chef de convoi. Une fois que nous étions descendus des véhicules, ceux-ci opérèrent un demi-tour afin de se tenir prêt pour repartir. Au pied des pitons se trouvait une petite chapelle du 3e bataillon apparemment intacte, et de tout côté, on pouvait voir des impacts d’obus, de grenades qui jonchaient le sol, qu’accompagnait un silence de mort. Lorsque nous commençâmes à escalader les pitons par des escaliers de terre, renforcés de planches, on apercevait au loin sur les pitons, des sentinelles viets, l’arme au poing, qui nous faisaient des signes, nous désignant ainsi l’emplacement des morts et des blessés.

 

Le spectacle qui s’offrit à nos yeux était insoutenable. Dans les tranchées pleines de boue, on voyait nos camarades à moitié ensevelis, complètement déchiquetés. Nous nous sommes dispersés en petits groupes, dans les trois pitons, à la recherche des survivants. Il y en avait malheureusement que très peu, car ils étaient au nombre de deux ou trois. Nous les avons déposés dans les camions. A ma connaissance, nous n’avions ramené qu’un seul mort, et j’ai su par la suite qu’il s’agissait du seul sous-officier retrouvé mort, du 3e bataillon. Le reste des hommes qui se trouvait dans les tranchées complètement déchiquetés, et étant donné que le temps nous était compté, puisque l’on avait 1h30 pour cette trêve, nous avons reçu l’ordre de les laisser sur place, car ils étaient intransportables.

 

Au moment où nous regagnâmes nos véhicules, nous aperçûmes une petite colonne de blessés, rescapés de la veille, que les sentinelles viets escortaient afin que nous les emmenions. Vers 11h30, nous reprîmes le chemin du retour et 600 m avant d’arriver à la hauteur de l’antenne, où nous devions les déposer, nous subîmes par l’artillerie viet plusieurs impacts, dont quelques éclats blessèrent un légionnaire mais sans gravité. Ce fait ne fut d’ailleurs jamais rapporté, ni écrit dans aucun livre à ma connaissance. Je ne savais pas que 16 jours plus tard, mon sort serait identique à ce qu’avait connu mes camarades. Puisque le 30 mars 1954, me trouvant sur Eliane 2, nous subîmes le même pilonnage que souffrit Béatrice. Je fus blessé à la tête et aux jambes, et enseveli dans mon poste de combat par l’impact d’un obus d’artillerie. Dégagé par mes camarades, et dans le coma, je fus laissé dans un boyau. Les circonstances et l’acharnement de l’attaque ennemie n’ont pas permis à mes camarades de m’évacuer vers les arrières. Je fus enlevé par les Viets et amené dans les lignes arrières ennemies. Quelque temps je fus interné dans le camp n°42. »

 

 

Sources.

 

  • Archives personnelles de Giacomo Signoroni, commandeur de la Légion d’honneur.
  • Georges Fleury, La Guerre en Indochine, Perrin, 2000.
  • Recherches dans les archives des Bulletins de l’Ecole français d’Extrême-Orient d’archéologie.
  • Extraits du journal Le Figaro du 28 décembre 1993.
  • Encyclopédie en ligne Wikipédia.
  • Encyclopédie en ligne Larousse.
  • Jacques Chancel, La nuit attendra, Flammarion.
  • Archives du journal Paris Match : www.parismatch.com .
  • Site Internet du Souvenir Français d’Asie et de Chine : www.souvenir-francais-asie.com
  • Site Internet des « Soldats de France ».
  • Site Internet « Legio Patria Nostra » (crédit photo).

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 23 Août 2017

La Garde républicaine.

Présentation.

 

La Garde républicaine, commandée par un général de division, comprend deux régiments d’infanterie, un régiment de cavalerie, un état-major et des formations musicales (orchestre et chœur de l’armée française).

 

Le 1er régiment d’infanterie, implanté principalement à Nanterre, s’articule en trois compagnies de sécurité et d’honneur (CSH), une compagnie de sécurité de la présidence de la République (CSPR), un escadron motocycliste et la musique de la Garde républicaine.

 

Le 2e régiment d’infanterie, dont l’état-major est situé à la caserne Kellermann (Paris), se compose de quatre compagnies de sécurité et d’honneur (CSH), de la compagnie de sécurité de l'hôtel Matignon (CSHM) et de la compagnie de sécurité des palais nationaux (CSPN).

 

Le régiment de cavalerie s’articule en trois escadrons de marche, un escadron hors rang ainsi qu’un centre d’instruction. L’escadron hors rang comprend, notamment, une fanfare de cavalerie, un service vétérinaire et des maréchaux-ferrants.

 

Enfin, l’état-major dispose d’un bureau des opérations et de l’emploi, d’un bureau des ressources humaines et des services logistiques qui comprennent, en particulier, des ateliers de tradition (sellerie, armurerie et costumes d’époque).

 

Missions.

 

Elles sont au nombre de quatre :

 

1 - Assurer le protocole militaire de l'État :

Le protocole militaire est fortement ancré dans la tradition nationale et il revient à la Garde républicaine de l'assurer lorsque le Président de la République ou des chefs d'État étrangers y sont associés.

Il prend la forme de services à pied et d'escortes d'honneur à cheval ou à moto, notamment sur l’esplanade des Invalides et sur les Champs-Elysées.

La musique de la Garde et la fanfare de cavalerie sont spécialement chargées de rehausser l’éclat des cérémonies officielles.

La Garde rend également les honneurs aux présidents des deux assemblées parlementaires à l'ouverture de chaque séance.

 

2 - Assurer la sécurité des palais nationaux :

La Garde républicaine participe au fonctionnement régulier des institutions en assurant la sécurité des hauts lieux gouvernementaux et en contribuant sous réquisition permanente à celle des assemblées parlementaires. Le 1er régiment d'infanterie se consacre à la sécurité de l'Élysée (contrôle des entrées, rondes périmétriques) tandis que le 2e régiment d'infanterie assume les mêmes charges à Matignon, au Quai d'Orsay, à l’hôtel Beauvau, à l'hôtel de Brienne ainsi qu'au Palais Bourbon, au palais du Luxembourg et au Conseil constitutionnel.

Particularité parisienne, la Garde contribue aussi à la sécurité du Palais de justice.

 

Il n'est pas exceptionnel que des gardes républicains soient dépêchés temporairement dans des ambassades françaises à l'étranger lorsque la situation locale exige que leur sécurité soit renforcée.

Ces missions mobilisent quotidiennement 900 gendarmes qui bénéficient d'une formation adaptée au tir et à la maîtrise des individus. Parmi eux, les tireurs d’élite, qualifiés annuellement par le GIGN, sont dotés de fusils de précision pour s'opposer à d'éventuels tireurs embusqués.

 

3 - Contribuer à la sécurité publique générale :

Force polyvalente, la Garde républicaine met quotidiennement ses compétences techniques particulières au service de la sécurité publique générale.

Les sept pelotons d'intervention de l'infanterie sont fréquemment sollicités par les unités territoriales d'Ile-de-France et par des offices centraux, en cas d'interpellation à risque ou d’escorte de détenus. Leur haut degré d'entraînement les rend aptes à remplir des missions éprouvantes comme la lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane.

Les motocyclistes de la Garde assurent de nombreuses escortes de convois sensibles et sécurisent les épreuves cyclistes majeures, au premier rang desquelles figure le Tour de France depuis 1953.

 

Les trois pelotons de surveillance et d'intervention à cheval développent de nouveaux savoir-faire en police montée. Une quarantaine de cavaliers sont employables par la préfecture de Police de Paris, dans le cadre de patrouilles urbaines ou d'appui des forces mobiles autour des stades. Plus largement, ils constituent une réserve d'intervention à disposition des autorités de sécurité publique sur l'ensemble du territoire dans les contextes et sur les terrains où la composante équestre apporte une plus-value : recherche de personne en milieu forestier, surveillance de zones difficiles d'accès, sécurité de grands rassemblements ou de secteurs touristiques.

 

4 - Contribuer au rayonnement international de la France :

Parce qu'elle incarne un prestige certain, la Garde républicaine constitue un vecteur de rayonnement à la disposition des plus hautes autorités de l'Etat. A cet effet, elle abrite dans ses rangs deux formations musicales de très haut niveau et capable d'interpréter les œuvres majeures du répertoire classique : l'Orchestre symphonique et le Chœur de l'Armée française.

D'autre part, ses compétences équestres intéressent de nombreux pays étrangers et sont à l'origine d'accords bilatéraux pour la formation de cavaliers ou la création d'unités complètes.

La ville d’Issy-les-Moulineaux est la ville marraine depuis l’an 2000 du 2e régiment d’infanterie de la Garde républicaine.

 

 

Sources :

 

Site de la Garde républicaine : www.gendarmerie.interieur.gouv.fr

Photo : copyright Wikipedia

 

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Publié le 5 Août 2017

Le cimetière de Soupir, au pied du Chemin des Dames.

Le cimetière de Soupir, au pied du Chemin des Dames.

Contexte.

 

Printemps 1917. Une nouvelle fois, le grand commandement militaire français décide de faire la différence, une « bonne fois pour toutes », et de renvoyer les Allemands à Berlin. En dépit de plusieurs échecs depuis 1914, la décision est prise. Et puis, Verdun a montré l’année précédente, que la victoire était possible…

 

Le 16 avril 1917, l’armée française lance donc une grande offensive en Picardie, sur le Chemin des Dames, qui doit son nom au fait que cette route était régulièrement, deux siècles plus tôt, empruntée par Victoire et Adélaïde, filles de Louis XV.

 

Mais l’échec de l’offensive est consommé en 24 heures malgré l’engagement des premiers chars d’assaut français. On n’avance que de 500 mètres au lieu des 10 kilomètres prévus, et ce au prix de pertes énormes : 30.000 morts en dix jours. Le général Nivelle, qui a remplacé Joseph Joffre à la tête des armées françaises le 12 décembre 1916, en est tenu pour responsable. Lors de la conférence interalliée de Chantilly, le 16 novembre 1916, il assurait à tout un chacun que cette offensive serait l’occasion de la « rupture » décisive tant attendue. « Je renoncerai si la rupture n’est pas obtenue en quarante-huit heures » promettait Nivelle. Mais le lieu choisi, non loin de l’endroit où s’était déroulée la bataille de la Somme de l’année précédente, n’est pas propice à la progression des troupes, avec ses trous d’obus et ses chemins défoncés. De plus, les Allemands ont abandonné leur première ligne et construit un nouveau réseau enterré à l’arrière : la ligne Hindenburg.

 

Le ressentiment et le désespoir des poilus – qui bientôt se transformera en mutineries au sein de nombreux régiments – s’expriment dans la Chanson de Craonne.

 

La chanson.

 

Cette chanson anonyme a certainement plusieurs auteurs. Elle est apprise par cœur et se diffuse oralement de manière clandestine. Antimilitariste, le chant est bien entendu interdit par l’armée. Une légende veut que le commandement militaire ait promis une récompense d’un million de francs or et la démobilisation à quiconque dénoncerait l’auteur !

 

Chantée sur plusieurs fronts (Notre Dame de Lorette, Verdun), sa première version publiée parait le 24 juin 1917. Elle est notamment retrouvée dans les carnets du soldat François Court. Elle y est suivie de la mention « chanson créée le 10 avril 1917 sur le plateau de Craonne ».

 

Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé

On va reprendre les tranchées,

Notre place est si utile

Que sans nous on prend la pile

Mais c'est bien fini, on en a assez

Personne ne veut plus marcher

Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot

On dit adieu aux civ'lots

Même sans tambours, même sans trompettes

On s'en va là-haut en baissant la tête

- Refrain :

Adieu la vie, adieu l'amour,

Adieu toutes les femmes

C'est bien fini, c'est pour toujours

De cette guerre infâme

C'est à Craonne sur le plateau

Qu'on doit laisser sa peau

Car nous sommes tous condamnés

Nous sommes les sacrifiés

 

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance

Pourtant on a l'espérance

Que ce soir viendra la r'lève

Que nous attendons sans trêve

Soudain dans la nuit et dans le silence

On voit quelqu'un qui s'avance

C'est un officier de chasseurs à pied

Qui vient pour nous remplacer

Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe

Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

- Refrain

C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards

Tous ces gros qui font la foire

Si pour eux la vie est rose

Pour nous c'est pas la même chose

Au lieu d'se cacher tous ces embusqués

F'raient mieux d'monter aux tranchées

Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien

Nous autres les pauv' purotins

Tous les camarades sont enterrés là

Pour défendr' les biens de ces messieurs là

- Refrain :

Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront

Car c'est pour eux qu'on crève

Mais c'est fini, car les trouffions

Vont tous se mettre en grève

Ce s'ra votre tour, messieurs les gros

De monter sur le plateau

Car si vous voulez faire la guerre

Payez-la de votre peau

 

Philippe Pétain.

 

Le général Nivelle est limogé. Il est remplacé par le général Philippe Pétain, vainqueur de Verdun. Il s’applique en premier lieu à redresser le moral des troupes. Il fait sanctionner avec modération les faits d’indiscipline collective, limitant à quelques dizaines – sur des milliers – le nombre d’exécutions (de fait, bien moindre que le nombre de fusillés de 1915).

 

En 1918, le général Pétain est resté le plus populaire des officiers généraux de l’armée française. La Chanson de Craonne aussi... Depuis 1918, elle a été reprise des centaines de fois.

 

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédies Larousse, Britannica, Wikipédia.
  • Thierry Bouzard, Histoire du chant militaire français, de la monarchie à nos jours, Editions Grancher, 2005.
  • Jean-Claude Klein, Florilège de la chanson française, Ed. Bordas, 1989.
  • Guy Marival, La Mémoire de l’Aisne, 2001, et Enquête sur une chanson mythique, 2014.
  • Pierre Miquel, le Chemin des Dames, Perrin, 1997.
  • René-Gustave Nobécourt, Les Fantassins du Chemin des dames, Robert Laffont, 1965.
  • Nicolas Offenstadt, le Chemin des Dames, Paris, Stock, 2004.
  • Site www.herodote.net

 

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