Publié le 19 Mai 2024

A la mémoire de Moïse Finkelstein de Vanves.

Roumain, juif, au service de la France.

Maurice, dit Moïse, Finkelstein nait à Bucarest en Roumanie le 1er septembre 1882, dans une famille juive. Il est le fils de Thias Finkelstein et de Sophie Trochins. Il émigre en France avec ses parents. Le jeune Maurice fait de belles études qui le voient intégrer le lycée Michelet de Vanves. Il est naturalisé en 1912.

A l’occasion de la Première Guerre mondiale, il est mobilisé au 67e régiment d’infanterie dont le lieu de regroupement est à Soissons dans l’Aisne. Mais pour des raisons de santé, il est réformé le 6 août 1914. Insistant pour être incorporé, il est finalement admis au service armé le 21 mai 1915 et est affecté au 10e régiment d’infanterie (Auxonne, Dijon), unité de la 15e division d’infanterie et du 8e corps d’armée. Son chef de corps est le colonel Le Maistre.

Le 2 août 1916, à Verdun, Moïse Finkelstein se conduit en héros. Alors que son unité se bat avec ardeur laissant sur le champ de bataille 28 tués, 106 blessés et 12 disparus, le soldat Finkelstein reçoit la citation suivante « très bon soldat, qui s’est distingué à maintes reprises et par son courage au feu et son entrain au combat. A été grièvement blessé le 2 août 1916 en se portant à l’attaque ».

Le soldat termine la guerre couvert de gloire : légion d’Honneur, médaille militaire, croix de guerre.

 

Le convoi 59.

En septembre 1943, Moïse Finkelstein est arrêté à Saint-Maurice, où il réside. Il est déporté par le convoi 59. Les éléments communiqués par Yad Vashem sont le suivants : le 2 septembre à 10h00 un train transportant 1.000 juifs part de la gare de Bobigny. Plus de la moitié des déportés sont citoyens français. Le lieutenant Wannemacher est responsable de la supervision du train. Selon l’horaire pour un convoi qui a quitté Bobigny en novembre 1943, le train prend vraisemblablement le trajet suivant (en wagons à bestiaux) : Bobigny, Noisy-le-Sec, Épernay, Châlons-sur-Marne, Révigny, Bar-le-Duc, Novéant-sur-Moselle (Neuburg), Metz, Saarbrücken, Frankfurt/Main, Dresden, Görlitz, Liegnitz (Legnica), Neisse (Nysa), Cosel, Katowice (Kattowitz), Auschwitz.

Le site Yad Vashem a répertorié le témoignage d’un survivant, un certain Librati : « En cours de route, quatre détenus tentent de s’échapper. Les fugitifs, rapidement rattrapés, sont immédiatement abattus. Comble de l’ignominie, les SS font descendre du wagon tous les détenus, les somment de se déshabiller entièrement, d’abandonner leurs bagages sur le bas-côté et de remonter nus dans le train recouverts d’une simple couverture. »

À l’arrivée au camp le 4 septembre, 232 hommes et 106 femmes sont sélectionnés pour des travaux forcés. Les hommes sont tatoués des numéros 145796 à 145027 et les femmes reçoivent les numéros 58300 à 58405. Les autres 727 déportés sont gazés dès leur arrivée au camp. En 1945, on ne dénombrait que 17 hommes et 4 femmes rescapés de ce convoi.

 

Moïse Finkelstein est assassiné le 7 septembre 1943 dans la chambre à gaz d’Auschwitz. Il avait 61 ans. Son nom est inscrit sur la plaque commémorative de la cité scolaire Michelet de Vanves, sur une plaque de la synagogue du 3e arrondissement de Paris, sur le monument aux morts de Saint-Maurice (Val de Marne) et sur la tombe familiale du cimetière de Bagneux dans les Hauts-de-Seine.

 

Sources :

 

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Publié le 12 Mai 2024

De g. à dr : André Rabartin, président de l’association des déportés et résistants ; général Jean-Claude Ichac, président d’honneur du Souvenir Français ; Frédéric Rignault, président du Souvenir Français.

De g. à dr : André Rabartin, président de l’association des déportés et résistants ; général Jean-Claude Ichac, président d’honneur du Souvenir Français ; Frédéric Rignault, président du Souvenir Français.

Issy-les-Moulineaux, ce dimanche 28 avril 2024 – Journée nationale du Souvenir des victimes et héros de la déportation. A cette occasion, voici le discours prononcé par André Santini, maire, vice-président de la Métropole du Grand Paris et ancien ministre. Le Souvenir Français tient à remercier les services de la municipalité pour lui avoir permis de diffuser ce discours et M. le maire pour son soutien.

 

« Madame la Députée,

Monsieur le Conseiller Départemental,

Chers Collègues,

Mes Colonels,

Mes Commandants,

Mon Lieutenant,

Monsieur le Président coordinateur des associations isséennes de déportés,

Mesdames et Messieurs, Chers Amis,

 

L’Histoire des Hommes est jalonnée d’épisodes charnières.

Il arrive en effet que certains évènements, lorsqu’ils surviennent, produisent de tels effets que le cours de l’Histoire change inexorablement. Alors l’humanité entre dans une nouvelle ère.

Nous pourrions citer pléthore d’exemples, et sans doute certains vous viennent-ils naturellement à l’esprit. Je m’en dispenserai cependant car cela m’éloignerait trop du terrible sujet qui nous réunit aujourd’hui.

Le point où je veux en venir, vous le sentez, c’est qu’il ne fait aucun doute, à mes yeux, que la politique de déportation et d’extermination, conduite méthodiquement par le Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale, appartient à la catégorie de ces évènements charnières.

N’en déplaise à une certaine personnalité dont il est charitable de taire le nom, les chambres à gaz n’ont pas été « un détail de l’Histoire » ; elles en ont été une bascule.

Incontestablement, et malheureusement, il y eut un avant et un après.

Au-delà de l’horreur et de la sidération que nous ressentons naturellement face à ce que furent la Solution finale et le massacre de millions d’innocents, un autre sentiment domine : l’incompréhension.

Une incompréhension qui peut s’exprimer en une question : comment cela a-t-il été possible ?

Comment, dans cette Europe brillante et civilisée que Stefan ZWEIG chérissait tant, une telle industrie de la mort a-t-elle pu être instaurée ?

A ces questions, les historiens ont apporté des réponses et continueront d’en apporter.

Pour ma part, en tant qu’élu de la République française et en tant qu’humaniste, il est de mon devoir de vous adresser quelques messages qui me semblent primordiaux.

D’abord, si tragique soit-il, nous devons impérativement entretenir la mémoire de ce passé. Car, selon les mots de Winston CHURCHILL : « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ».

Fort de cet enseignement, nous devons nous souvenir de ces victimes innocentes, ignoblement persécutées et condamnées à un sort atroce pour leur appartenance religieuse, ethnique, politique ou philosophique : Juifs, Tsiganes, Résistants, Francs-Maçons, etc.

Nous devons aussi nous souvenir, en nous fondant sur la documentation historique et sur les témoignages des rescapés tels Simone VEIL, Germaine TILLON ou Primo LEVI, de ce que fut l’horreur des camps : les matricules déshumanisants ; les tenues rayées ; les chambres à gaz ; les fours crématoires ; la faim, le froid, le silence mortels, etc.

A l’image de Robert BADINTER, disparu il y a presque trois mois, nous devons enfin battre en brèche avec constance les thèses négationnistes des « faussaires de l’Histoire ».

Ce devoir de mémoire, Issy-les-Moulineaux y est très attaché.

C’est pourquoi, notre ville apporte son concours financier aux visites d’une journée organisées à Auschwitz-Birkenau par le Mémorial de la Shoah.

Le 17 mars dernier, une délégation isséenne d’une centaine de personnes, constituée des jeunes du Conseil Communal des Jeunes, des élèves du Lycée Ionesco, et de nombreux autres Isséens, a participé à ce voyage.

C’est pourquoi la ville implique également l’ensemble de la jeunesse isséenne dans toutes les cérémonies de commémoration.

Entretenir la mémoire du passé est nécessaire, mais cela n’est pas suffisant. Nous devons aussi avoir conscience du présent.

Je veux dire en cela que nous devons toujours garder la lucidité de reconnaître que nos sociétés contemporaines, quel que soit leur degré de civilisation, peuvent aisément succomber au mal, à la violence, à la haine, à la barbarie.

A ce titre, je vous recommande la lecture du récent ouvrage de l’ancien chef d’Etat-Major des armées, le général d’armée François LECOINTRE : Entre guerres.

Il alerte sur le sentiment d’indifférence d’une partie de la société à l’endroit de nos soldats envoyés en mission au péril de leur vie. Il évoque également les horreurs auxquelles il a assisté au Rwanda, en plein génocide.

Ce témoignage, empreint d’humilité, est un précieux encouragement à regarder en face les réalités du monde et les dangers qu’elles annoncent pour l’humanité.

Pour nous préserver de ces dangers, je crois dans l’existence de plusieurs talismans : le respect et l’écoute de l’autre ; la solidarité entre tous, et notamment avec les plus faibles ; la promotion de la culture et l’ouverture aux autres civilisations.

Des valeurs que, depuis toujours, Issy-les-Moulineaux s’attache à faire siennes.

Vive la République !

Vive la France ! »

 

Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
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Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
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Publié le 1 Mai 2024

Adjudant de justice en 1914.

Marius Chevroulet est enterré dans le carré militaire du cimetière communal d’Issy-les-Moulineaux. Il est mort pour le France le 20 juin 1918 des suites de maladie dans l’un des hôpitaux militaires temporaires de la ville. Il était né le 21 mai 1866 à Mouthe dans le Doubs. Il était greffier 2e classe, détaché du ministère de la Guerre et avait le grade d’adjudant de justice.

 

Code de Justice militaire de 1857.

Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, la Justice militaire est fondée sur le code de 1857, modifié en 1875. Ce code définit l’ensemble des délits et des peines encourues que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre. La Justice militaire est indépendante de la Justice civile. Pour les militaires, avoir sa propre justice est en quelque sorte un prolongement de l’action disciplinaire.

 

Le temps de paix.

La Justice militaire est organisée selon les régions militaires. Si la justice condamne, elle permet également le recours : c’est le conseil de révision qui examine sur la forme les jugements rendus par les conseils de guerre. Le personnel permanent est peu nombreux : à chaque conseil de guerre sont attachés un commissaire du gouvernement et un rapporteur, désignés par le ministre de la Guerre parmi les officiers supérieurs et capitaines, ainsi qu’un greffier et un commis-greffier. Les juges, au nombre de sept, officiers et sous-officier, sont désignés par le général commandant la région militaire.

 

Le temps de guerre.

L’organisation ne change pas si ce n’est un conseil de guerre attaché au quartier général de chaque division, corps d’armée ou armée. Les juges ne sont plus au nombre de sept mais de cinq et l’ensemble du personnel est désigné par le chef de l’unité sur laquelle le conseil de guerre exerce sa juridiction. Un officier assure la double fonction de commissaire-rapporteur. La procédure est simplifiée puisque les accusés peuvent être traduits devant les conseils de guerre dans les 24h et sans instruction préalable.

Un excellent exemple illustre le conseil de guerre : il s’agit du film de Bertrand Tavernier Capitaine Conan, dans lequel à plusieurs reprises l’on voit des accusés face à la Justice militaire, les accusations (et les accusateurs), de même que les défenseurs.

Si dans un premier temps, en 1914 et en 1915, la Justice militaire est très sévère, elle s’assouplie à partir de 1916. Ainsi, le droit de Grâce, peu accordé, redevient la règle et l’exécution immédiate de la sentence l’exception.

 

Les fusillés de la Première Guerre mondiale.

Il faut d’abord considérer deux catégories : les soldats fusillés du fait d’une faute grave et ceux fusillés « pour l’exemple », qui in fine, n’ont pas été si nombreux, et depuis tous réhabilités. Le caractère impitoyable de la décision n’en n’étant pas moins choquant.

563 soldats (quel que soit le grade) ont été fusillés pendant la Première Guerre mondiale : 125 en 1914 (mais sur cinq mois de conflit), 237 en 1915, 110 en 1916, 74 en 1917, 12 en 1918 et 5 sur la période 1919-1921.

Robert Badinter, Garde Sceaux, ministre de la Justice, fait voter la loi 82-261 du 21 juillet 1982 qui supprime les tribunaux militaires permanents pour le temps de paix.

 

Sources :

  • Site Mémoire des Hommes du ministère des Armées.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Memorial Gen Web – Contributions de Ghislaine Loupforest.
  • Archives du comité d’Issy-les-Moulineaux du Souvenir Français.

 

Les six fusillés pour l’exemple de Vingré et le monument.

Les six fusillés pour l’exemple de Vingré et le monument.

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