Paul Voulet nait à Paris – cinquième arrondissement – le 10 août 1866. La France du Second empire vient d’ordonner la rapatriement de ses soldats de la désastreuse aventure mexicaine.
Fils de médecin, Paul Voulet fait ses classes en Indochine, comme soldat au 4e régiment d’infanterie de marine. Régiment appelé l’un des « Quatre vieux » car les 4 premiers régiments d’infanterie de marine, qui remontent au régiment Royal – La Marine, étaient établis chacun dans un port (ils accompagnaient, sur des bateaux, les conquêtes coloniales) : le 1 à Cherbourg ; le 2 à Brest ; le 3 à Rochefort et le 4 à Toulon.
A l’issue de cette campagne en Asie, Voulet est nommé sergent puis passe sous-lieutenant à sa sortie de l’Ecole militaire d’infanterie. En 1893, affecté en Afrique occidentale, il participe activement à l’établissement du protectorat français en pays Mossi. Les Mossis sont un peuple établi au centre de l’actuel Burkina Faso, et au nord du Ghana, du Togo et du Bénin.
En 1898, le ministre des colonies, André Lebon, tient à féliciter Voulet pour ses victoires et lui confie, alors qu’il n’est que capitaine, la responsabilité de parvenir au lac Tchad pour assurer à la France le contrôle du cœur de l’Afrique. L’expédition est montée. Voulet se voit adjoindre le capitaine Julien Chanoine.
Mais l’expédition va s’avérer être un cauchemar : d’atroces massacres sont commis du fait des méthodes brutales de Voulet. Les soldats français ayant rencontré une résistance dans certains villages, placés sous l’autorité d’une reine locale, Sarraounia, se mettent à massacrer hommes, femmes et enfants. Les villages sont entièrement détruits.
La République, ayant pris connaissance de ses agissements, envoie le lieutenant-colonel Klobb reprendre la direction de la mission. Le capitaine Voulet refuse de céder aux ordres de Paris : « Vous vous êtes certainement rendu compte de l'infamie que vous avez commise à mon égard en venant ainsi, poussé par une ambition effrénée, me voler le fruit de mes efforts. »
Et l’impensable se produit : le capitaine Voulet, voyant arriver la colonne Klobb, fait tirer sur elle. Le lieutenant-colonel est tué sur le coup. Des soldats de Voulet se rebellent : ils sont passés par les armes. Voulet et Chanoine décident alors de rester en Afrique et de s’octroyer un royaume. Avec quelques hommes, les deux officiers s’enfuient. Ils ne vont pas très loin et sont tués à leur tour par leurs propres tirailleurs mutinés.
En 1923, un jeune administrateur colonial, Robert Delavignette, fait ouvrir les tombes des capitaines Voulet et Chanoine et les trouve vides !
Paul Voulet était titulaire des décorations suivantes : chevalier de la Légion d’honneur : médaille commémorative de l’expédition du Tonkin ; médaille coloniale.
Sources :