Publié le 26 Juillet 2025
Né le 14 février 1916 à Toul (Meurthe-et-Moselle), Marcel Maurice Bigeard travaille comme employé à la Société générale lorsque, en 1939, il est mobilisé dans l'infanterie et se porte volontaire pour les corps francs. Fait prisonnier par les Allemands au moment de l'armistice, en juin 1940, il parvient à s'évader lors de sa troisième tentative, en novembre 1941, et gagne le Sénégal, puis le Maroc et, enfin, l'Algérie où il suit un entraînement pour des missions de sabotage en France. Il est parachuté en août 1944 en Ariège, où il dirige un maquis de la Résistance.
À la fin de la guerre, il reste dans l'armée et part en 1945 pour l'Indochine française, à la tête de la 6e compagnie du 23e régiment d’infanterie coloniale et commence à se faire connaître. De cette époque date son indicatif « Bruno ». En 1948, volontaire pour un deuxième séjour, il prend le commandement du 3e bataillon colonial de commandos parachutistes puis celui du bataillon de marche indochinois.
En 1951, Marcel Bigeard est affecté à Vannes à la demi-brigade coloniale du colonel Gilles et se voit confier le 6e bataillon de parachutistes coloniaux. Il a le grade de chef de bataillon en janvier 1952. De nouveau en Indochine, il se distingue à l’occasion de l’opération Castor : la prise de la cuvette de Diên-Biên-Phù.
Largué sur les mêmes lieux en mars 1954, il combat jusqu'à la chute du camp retranché le 7 mai 1954, et est fait prisonnier par le Vietminh avec dix mille autres soldats français. Bigeard enrage de voir les conditions de détentions des soldats français : « 70% des soldats ne sont pas revenus. Affamés, battus ; il aurait suffit d’une banane par jour, et tout le monde rentrait. C’est impardonnable ». Après quatre mois de captivité, il rentre en France, et reprend ensuite du service chez les parachutistes en Algérie, où il arrive en octobre 1955. Il participe à la bataille d'Alger (1957), pour laquelle l'armée française sera par la suite accusée d'avoir utilisé la torture, pratique que Bigeard justifiera, en 2000, comme étant « un mal nécessaire ».
De juillet 1960 à janvier 1963, le colonel Bigeard prend le commandement du 6e RIAOM à Bouar, en République centrafricaine. Après un passage à l'Ecole supérieure de guerre de juin 1963 à juin 1964, il prend le commandement de la 25e brigade parachutiste à Pau, le 31 août 1964, puis celui de la 20e brigade parachutiste à Toulouse. Il est promu général de brigade le 1er août 1967.
Après une entrevue avec le général de Gaulle, Bigeard est nommé au poste de commandant supérieur des forces terrestres au Sénégal et rejoint Dakar le 7 février 1968. En juillet 1970, Bigeard retrouve Paris et est affecté pendant dix mois à l'état-major du CEMAT (chef d’état-major de l’armée de Terre). Après avoir commandé les forces françaises dans l'océan Indien de 1971 à 1973, il est promu général de corps d'armée (déc. 1973) et finit sa carrière comme commandant de la IVe région militaire à Bordeaux. Entre-temps, Bigeard occupe le poste de secrétaire d'État à la Défense en 1975-1976, année où il prend sa retraite militaire. Élu député (apparenté U.D.F.) dans son département natal, il siège à l'Assemblée nationale de 1978 à 1988.
Marcel Bigeard était grand-croix de la Légion d'honneur, croix de guerre, membre du Distinguished Service Order britannique ainsi que commandeur de la Legion of Merit américaine. Il avait raconté, avec sa verve légendaire, sa carrière, ses batailles, sa vision du monde dans une quinzaine d'ouvrages. Il est mort le 18 juin 2010 à Toul.
Vétéran de trois guerres, Marcel Bigeard, dit « Bruno », était le dernier soldat de second classe à être devenu général de corps d’armée et l'un des officiers les plus décorés de France.
Son analyse de la situation en Indochine.
Bigeard a beaucoup déploré l'incompétence de ses supérieurs dans ce conflit qu'il ne juge perdu que dans les derniers jours de Dien Bien Phu. Dans Ma Vie pour la France, il compara la guerre conventionnelle menée au fait de vouloir tuer une mouche insaisissable avec un pilon. Grâce à une certaine confiance acquise, il put mener des opérations de natures nouvelles avec de nombreux succès. En s'imprégnant de la mentalité de l'ennemi et en imitant ses méthodes, Bigeard a livré une véritable « contre-guérilla » par des actions coup de poing à l'aube suivie d'un repli rapide, de sorte qu'une certaine insécurité permanente s'installait chez l'ennemi. Ses opérations étaient toujours précédées au préalable par un renseignement actif fruit de la collaboration et du dialogue avec les populations locales.
C'est pour les mêmes motifs que des régiments entiers mal dirigés et insuffisamment entraînés ont subi une surmortalité au cours de la guerre. Bigeard put former lui-même des troupes par de lourds programmes d'entraînement et d'apprentissage en France. Ceux-ci se sont par la suite imposés sur le terrain en tant qu'unités d'élite aux taux de réussite très élevés, sollicités pour les coups durs. C'est avec nombre de ces derniers qu'il commande des assauts désespérés lors de la bataille de Diên-Biên-Phù.
Il conserve une amertume sur une situation devenue catastrophique par la faute d'un état-major incompétent et de décisions de politiques très distantes du terrain. C'est ainsi que, d'après lui, les douze mille hommes de la cuvette sont abandonnés à leur sort au vu de la situation dérangeante du fiasco. À court de vivres et de munitions et après de lourdes pertes, ils sont abandonnés et oubliés.
Sources :
- Site du Ministère des Armées : www.cheminsdememoire.gouv.fr
- Encyclopédie Wikipédia (crédit photographique).
- Encyclopédie Larousse.
- Marcel Bigeard, Ma vie pour la France, Ed. du Rocher, 2010 (posthume).
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