Publié le 26 Septembre 2018

A Issy : la Résistance de père en fils.

Le dimanche 26 août, à l’occasion de la commémoration du 74e anniversaire de la Libération de Paris et de sa banlieue, Monsieur le général Ichac, président honoraire du Souvenir Français, Madame Christine Hélary-Olivier, maire-adjoint en charge des Affaires militaires et patriotiques et Monsieur André Santini, maire (de gauche à droite) ont dévoilé une plaque à la mémoire d’Henri Colin, et de son fils, Henri-Léon Colin.

 

Cette plaque avait retirée à l’occasion de travaux. Elle a donc été remise en place ce dimanche 26 août 2018, et se trouve au 21 de l’avenue du Gouverneur-général Félix Eboué à Issy.

 

La Résistance de père en fils.

 

Henri Colin nait le 3 novembre 1894 à Belfort. Il s’installe non loin de là, prend profession et se marie. Un fils, baptisé lui aussi Henri, nait de cette union, le 31 août 1921, à Mandeure dans le département du Doubs.

 

Puis, comme cela se fait toujours, Henri Colin, père, trouve du travail dans l’usine Allinquant, alors spécialisée dans les métaux, et située sur la commune d’Issy-les-Moulineaux. La famille s’installe au 21 de la rue Jean-Jacques Rousseau. En effet, celle-ci ne prendra le nom de « Gouverneur général Eboué » qu’en 1949.

 

Peu après l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, en 1939, l’usine rapatrie sa production et ses ouvriers dans la petite ville de Nay, capitale du béret et située dans le sud-est du département des Pyrénées-Atlantiques.

 

Henri Colin et son fils, maintenant installés dans le Béarn, décident d’entrer en Résistance. Ils font parties des FTPF : les Francs-Tireurs Partisans Français. Il s’agit alors de l’un des mouvements les plus importants de la Résistance française. Il a été créé dès la fin de 1941 (après la fin du Pacte Germano-Soviétique et l’envahissement de la Russie par l’Allemagne nazie) par la direction du Parti communiste français.

 

Les Colin sont arrêtés le 20 juillet 1944 dans la ferme de Joseph Labat à Lys, à environ 10 kilomètres de Nay. Les Colin, le résistant André Lafourcade et Joseph Labat sont conduits à Lourdes pour être interrogés puis à Tarbes. De là, les Allemands les placent à la prison Saint-Michel de Toulouse.

 

Cette prison est restée célèbre pour avoir malheureusement enfermé de nombreux résistants dont André Malraux. L’écrivain était alors le chef des maquis du Lot sous le nom du colonel Berger. Il réussira à s’en échapper, en juillet 1944, grâce au coup de force des frères Angel, sous les ordres de Jean-Pierre Vernant, la veille de la date prévue pour son transfert en Allemagne.

 

Tous n’auront pas cette chance. C’est le cas pour les Colin père et fils.

 

Le 17 août 1944, 50 prisonniers sont extraits de Saint-Michel, dont les Colin, pour être conduits à Buzet, plus au sud dans le département de Haute-Garonne. Le convoi s’arrête dans une ferme. Les Allemands ordonnent aux prisonniers de descendre du véhicule et de se diriger vers une grange sous un prétexte quelconque. Sans avertissement, sans autre sentiment que la haine et la barbarie, les pauvres hommes sont abattus à la mitrailleuse. Les Allemands ferment les portent de la grange, et ils y mettent le feu.

 

Les 50 corps seront sortis de cette grange. Plus tard. Certains seront méconnaissables.

 

Dans les registres, les Colin père et fils sont indiqués « morts dans la prison de Saint-Michel » quatre jours plus tard, le 21 août 1944.

 

Dans la commune de Nay, une plaque honore leur mémoire et leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts. A Issy-les-Moulineaux, là où ils habitaient, le Souvenir Français a tenu, avec la municipalité, à replacer une plaque également à leur mémoire.

 

 

 

 

Sources :

 

  • Site Mémoire des Hommes du Ministère des Armées.
  • Site Mémorial GenWeb - www.memorialgenweb.org
  • Archives du Souvenir Français d’Issy-Vanves.
  • Crédit photographique : Souvenir Français.
  • Site de Dominique Delpoux sur la prison Saint-Michel de Toulouse.
  • Encyclopédie Wikipédia.

 

Henri Colin - Père.

Henri Colin - Père.

Henri Colin - Fils.

Henri Colin - Fils.

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Publié le 8 Septembre 2018

Gaël Taburet, dernier pilote du Normandie-Niemen.

 

Formation.

 

Gaël Taburet nait le 12 novembre 1919 à Messac, dans le département de l’Ille-et-Vilaine. La France est alors encore sous le coup de la fin de la Première Guerre mondiale. Le pays entier est à reconstruire. Un point est cependant d’importance : le droit est reconnu aux peuples à « disposer d’eux-mêmes », par le Traité de Saint-Germain-en-Laye, dont le français est la langue principale. Intéressant en regard de ce qui se passe aujourd’hui ! L’Empire autrichien est démantelé : Les Tchèques peuvent s’unir aux Slovaques ; la Galicie intègre la Pologne ; les Slovènes, Serbes et Croates peuvent créer un Etat commun ; les régions de Trieste et d’Istrie, où l’on parle italien, deviennent italiennes…

 

Gaël Taburet grandit. A l’âge de 19 ans, il s’engage dans l’armée de l’Air et présente le concours d’entrée à l’école d’Istres. Il est reçu et commence sa formation de pilote. Le 13 avril 1939, il est dirigé à Ambérieu-en-Bugey, dans l’Ain, pour y être breveté. C’est là que se trouve l’école bressanne, fondée en 1909 par Mignot et Harding, à laquelle s’associe bientôt la Société Aérienne de Lyon-Bron. Le centre est connu : plusieurs écoles ont déjà déplacé leurs infrastructures pour renforcer celle d’Ambérieu. Cela a notamment été le cas de l’école de pilotage Caudron (du nom du constructeur) qui a quitté Le Crotoy dans la Somme pour venir s’y installer. L’école est prestigieuse et s’enorgueillit d’avoir formé des pilotes comme Jean Mermoz et René Fonck.

 

Après un stage de transformation à Istres en août 1939, Gaël Taburet  est affecté au G.T. I/15 (Groupe de Transport). En octobre 1941, il est affecté au G.T. III/15 et reçoit la mission de convoyer en Afrique du Nord quelques vieux Amiot 143. En avril 1942, il s’installe avec son unité sur la base d’Oujda, au Maroc. Le débarquement allié lui permet d’être reclassé dans la chasse, début 1943, à Kasba-Tadla, non loin de Béni-Mellal au Maroc.

 

A l’Escadrille Normandie-Niemen.

 

Au mois de juillet 1940, le général de Gaulle a créé les Forces Aériennes Libres. Un peu moins d’une année plus tard, en juin 1941, l’Allemagne envahit l’URSS. C’est l’Opération Barbarossa. De Gaulle y voit un espoir pour la France : aider les Soviétiques à combattre les Allemands, c’est aussi une manière de contrer quelque peu l’influence anglaise dans le cadre du rapprochement des Alliés.

 

Au même moment, en Syrie, les troupes fidèles à la France Libre battent les troupes françaises restées à la botte du régime du maréchal Pétain. De Gaulle se rend à Damas et commence un rapprochement avec des représentants russes. Puis, il confie une mission au général Petit. Les deux hommes se connaissent bien : ils étaient à Saint-Cyr ensemble. Petit se rend donc à Moscou et règle avec les Russes les modalités d’interventions d’une force armée. Le moyen le plus simple est l’organisation d’une escadrille. Après maints rebondissements, celle-ci est créée à la fin de l’année 1942. Les premiers pilotes rejoignent la base d’Ivanovo, à 250 km au nord de Moscou. L’instruction peut commencer.

 

Le 21 janvier 1944, Gaël Taburet se porte volontaire pour le « Normandie ». Nommé aspirant, il rejoint le groupe en Russie le 3 avril 1944, et est affecté à la 3e escadrille. Le 26 juin 1944, au cours de sa première mission de guerre, il obtient sa première victoire aérienne en abattant un Fw 190 dans le secteur d’Orcha. Au cours du mois d’octobre 1944, il abat trois autres appareils ennemis.

 

Le sous-lieutenant Taburet termine la guerre crédité de 5 victoires homologuées plus 1 probable.

 

 

 

Après la Seconde Guerre mondiale.

 

 

De retour en France en juin 1945, il devient tour à tour :

 

  • commandant d’escadrille au « Normandie-Niemen », à Rabat-Salé (Maroc) en 1949,
  • chef des opérations à Saigon en 1950.

 

Le capitaine Taburet reste fidèle au « Normandie-Niemen » jusqu’en 1951.

 

Le 12 juin 1951, il est nommé commandant de l’escadrille des moniteurs et de réentraînement de la base école de Meknès, au Maroc. Puis les affectations se succèdent. En mars 1954, il est affecté à la Défense aérienne du territoire (DAT) à Versailles, poste qu’il occupe jusqu’au 31 mai 1956. Le 1er juin 1956, il est nommé commandant-adjoint de la base aérienne 110 de Creil, puis commandant en chef en mars 1957. En 1958, il est affecté au 4e Bureau du 4e CATac à Lahr, en Allemagne. En octobre 1960, il part en opérations en Algérie et commande le PCA de Grande Kabylie, à Tizi-Ouzou.

 

A son retour d’Algérie, en février 1962, il est affecté au commandement en second de la base d’Orange. Le 28 février 1963, le colonel Taburet fait valoir ses droits à la retraite.

 

Rendu à la vie civile en mars 1963, Gaël Taburet devient directeur de l’action régionale à l’Institut de contrôle de gestion.

 

Commandeur de la Légion d’honneur, le colonel Taburet est également titulaire de la Croix de guerre 39-45, la Croix de guerre TOE, la Croix de la Valeur militaire, l’Ordre du Drapeau Rouge, l’Ordre de la Guerre pour le salut de la Patrie, l’Ordre de l’Etoile Rouge, la Médaille de la Victoire et la Médaille pour la prise de Königsberg.

 

Le 6 octobre 2015, Gaël Taburet est décoré de la médaille commémorative des 70 ans de la victoire dans la Grande Guerre patriotique. Cette décoration lui est remise par Son Excellence Monsieur Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France. A cette occasion une délégation du Régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niemen », basé à Mont-de-Marsan (Landes), est présente.

 

Résident cannois, Gaël Taburet, âgé de 97 ans, rend son âme à Dieu le 10 février 2017. Il était le dernier pilote survivant de « Normandie-Niemen ».

 

 

 

 

 

Sources :

 

 

 

Gaël Taburet, dernier pilote du Normandie-Niemen.

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Publié le 2 Septembre 2018

74e anniversaire de la Libération de Paris, par Fabien Lavaud.

« Monsieur le ministre, vice-président de la Métropole du Grand Paris,

Madame le maire-adjoint déléguée aux Affaires militaires et patriotiques,

Monsieur le député,

Mesdames et Messieurs les élus,

Messieurs les représentants de l’‘autorité militaire,

Messieurs les présidents des associations d’anciens combattants et patriotiques,

Messieurs les porte-drapeaux,

Mesdames, Messieurs, chers amis,

 

La commémoration de la Libération d’Issy-les-Moulineaux, de Paris et de sa banlieue fin août et début septembre 1944 à pour nous une valeur mémorielle et éducative sur la fin de cette horrible guerre, et l’action de la Résistance qui permit de libérer il y a 74 ans nos populations de l’occupation allemande et des monstruosités du nazisme.

 

Les humiliations, privations et douleurs, auxquelles se mêlèrent l’abjection antisémite et les déportations prirent fin grâce notamment aux femmes et aux hommes qui dès 1940 surent dire non à cette oppression. A la tentation du reniement et de la compromission, ils firent le choix de l’engagement. Grâce à eux, à la force qu’ils puisèrent au plus profond de leur être, éclairés par un idéal, la Libération de Paris et sa banlieue pu s’accomplir. Cette libération fut, aux côtés des armées françaises et alliées, la victoire de la Résistance et du peuple. Elle constitua une étape essentielle vers la capitulation du régime nazi. Elle mit fin au règne de Vichy, complice actif du nazisme et scella la reconnaissance du général de Gaulle et du rôle du Conseil National de la Résistance.

 

Le général de Gaulle voulait qu’une armée française soit la première à entrer dans Paris, tandis que la Résistance (avec les FFI et les FTP) voulait que la ville se libère par elle-même, et que Hitler souhaitait qu’elle soit défendue jusqu’au dernier soldat allemand, puis rasée avant son évacuation. Le 19 août, des centaines d’affiches proclament la mobilisation générale. Elle est signée du colonel Rol-Tanguy, chef des FFI pour Paris et l’Ile-de-France. Appelant le peuple parisien à la révolte avec l’appui du Conseil National de la Résistance et le Comité Parisien de la Libération. Le 22 août, il lance un appel « tous aux barricades ». Près de 600 surgissent un peu partout. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes font la chaîne pour se passer pavés, grilles, matelas, sacs de sable… Les barricades ont un impact psychologique très important : les Parisiens participent à leur propre libération. Paris renoue avec la tradition révolutionnaire de 1830, 1848 et 1870, dont les barricades avaient là aussi valeur de symbole. Les comités de Libération s’installent dans les ministères, les mairies et aux sièges des journaux. Les premiers drapeaux tricolores sont hissés depuis quatre ans d’occupation.

 

Le vendredi 25 août 1944 à 15h30, le général Philippe Leclerc de Hauteclocque reçoit à Paris, devant la gare de Montparnasse, la capitulation des troupes d’occupation de la capitale. Le document est signé par le général Dietrich Von Choltitz, commandant du 84e corps d’armée. Il est aussi contresigné par le colonel Rol-Tanguy. Une heure plus tard, le général de Gaulle arrive à la gare et se voit remettre par Leclerc l’acte de capitulation. Il se rend ensuite à l’hôtel de ville ou il est reçut par Georges Bidault, Président du Conseil National de la Résistance. Le soir, de Gaulle s’installe au Ministère de la Guerre, en tant que chef du Gouvernement Provisoire de la République Française. Le lendemain, 26 août, il descend en triomphe les Champs-Elysées, acclamé par deux millions de Parisiens. Il est suivi du général Leclerc et de ses fidèles de la première heure.

 

Sur le perron de l’hôtel de ville, devant une foule enthousiaste et joyeuse, de Gaulle prononce un discours célèbre en des termes flamboyants : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple ! ». La libération de Paris laisse un lourd bilan. Elle a causé pendant cette période 76 morts, issus de la 2e division blindée, ainsi que 901 résistants et 3.200 Allemands. Il y aura également 12.800 soldats allemands faits prisonniers.

 

Ce qui est pour la capitale le fut aussi pour Issy-les-Moulineaux, avec ses 115 isséens fusillés où morts en déportation, où sous les bombardements. Pendant la libération de notre cité, on dénombre cinq morts parmi les « Leclerc » et une dizaine de résistants. La Résistance isséenne était bien présente avec le Groupe Bienvenu sous les ordres du lieutenant-colonel Tari. Le 25 août, plus de 500 Allemands se rendent sans conditions quittant ainsi l’île Saint-Germain et le fort.

 

A cette occasion, permettez-moi de rendre hommage à trois personnes. Je tiens à saluer la mémoire de notre ami Marcel Leconte, qui fut vice-président de la FNACA. Il vient de nous quitter. Isséen depuis toujours, il avait laissé pour le Souvenir Français un témoignage sur la libération de la ville ainsi que sur le Stand de Tir où les Allemands fusillèrent près de 150 résistants. Le 4 août dernier, Arsène Tchakarian, dernier survivant du Groupe Manouchian, disparaissait. Egalement le 17 avril 2018 : Madame Raymonde Jean-Mougin nous quittait. Elle était la dernière conductrice ambulancière, surnommée les « Rochambelles ». Nous ne vous oublierons pas.

 

Demeurer fidèle à l’esprit de la Résistance, commémorant l’action de la France Libre, c’est se souvenir que sous le même drapeau frappé de la croix de Lorraine, combattirent ensemble toutes les confessions religieuses et des athées pour que triomphe la liberté, pour que demeure l’indépendance de la Patrie et que recule la barbarie. Comme avait dit Albert Camus au sujet de la Résistance et de la Libération de Paris : « Le Paris qui se bat ce soir au sujet de la Résistance veut commander demain. Non pour le pouvoir, mais pour la justice ; non pour la politique mais pour la morale, non pour la domination du pays, mais pour sa grandeur ».

 

Vive la République et vive la France ».

 

 

Fabien Lavaud,

président départemental de l’association

des Anciens Combattants Volontaires.

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