74e anniversaire de la Libération de Paris, par Fabien Lavaud.
Publié le 2 Septembre 2018
« Monsieur le ministre, vice-président de la Métropole du Grand Paris,
Madame le maire-adjoint déléguée aux Affaires militaires et patriotiques,
Monsieur le député,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les représentants de l’‘autorité militaire,
Messieurs les présidents des associations d’anciens combattants et patriotiques,
Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
La commémoration de la Libération d’Issy-les-Moulineaux, de Paris et de sa banlieue fin août et début septembre 1944 à pour nous une valeur mémorielle et éducative sur la fin de cette horrible guerre, et l’action de la Résistance qui permit de libérer il y a 74 ans nos populations de l’occupation allemande et des monstruosités du nazisme.
Les humiliations, privations et douleurs, auxquelles se mêlèrent l’abjection antisémite et les déportations prirent fin grâce notamment aux femmes et aux hommes qui dès 1940 surent dire non à cette oppression. A la tentation du reniement et de la compromission, ils firent le choix de l’engagement. Grâce à eux, à la force qu’ils puisèrent au plus profond de leur être, éclairés par un idéal, la Libération de Paris et sa banlieue pu s’accomplir. Cette libération fut, aux côtés des armées françaises et alliées, la victoire de la Résistance et du peuple. Elle constitua une étape essentielle vers la capitulation du régime nazi. Elle mit fin au règne de Vichy, complice actif du nazisme et scella la reconnaissance du général de Gaulle et du rôle du Conseil National de la Résistance.
Le général de Gaulle voulait qu’une armée française soit la première à entrer dans Paris, tandis que la Résistance (avec les FFI et les FTP) voulait que la ville se libère par elle-même, et que Hitler souhaitait qu’elle soit défendue jusqu’au dernier soldat allemand, puis rasée avant son évacuation. Le 19 août, des centaines d’affiches proclament la mobilisation générale. Elle est signée du colonel Rol-Tanguy, chef des FFI pour Paris et l’Ile-de-France. Appelant le peuple parisien à la révolte avec l’appui du Conseil National de la Résistance et le Comité Parisien de la Libération. Le 22 août, il lance un appel « tous aux barricades ». Près de 600 surgissent un peu partout. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes font la chaîne pour se passer pavés, grilles, matelas, sacs de sable… Les barricades ont un impact psychologique très important : les Parisiens participent à leur propre libération. Paris renoue avec la tradition révolutionnaire de 1830, 1848 et 1870, dont les barricades avaient là aussi valeur de symbole. Les comités de Libération s’installent dans les ministères, les mairies et aux sièges des journaux. Les premiers drapeaux tricolores sont hissés depuis quatre ans d’occupation.
Le vendredi 25 août 1944 à 15h30, le général Philippe Leclerc de Hauteclocque reçoit à Paris, devant la gare de Montparnasse, la capitulation des troupes d’occupation de la capitale. Le document est signé par le général Dietrich Von Choltitz, commandant du 84e corps d’armée. Il est aussi contresigné par le colonel Rol-Tanguy. Une heure plus tard, le général de Gaulle arrive à la gare et se voit remettre par Leclerc l’acte de capitulation. Il se rend ensuite à l’hôtel de ville ou il est reçut par Georges Bidault, Président du Conseil National de la Résistance. Le soir, de Gaulle s’installe au Ministère de la Guerre, en tant que chef du Gouvernement Provisoire de la République Française. Le lendemain, 26 août, il descend en triomphe les Champs-Elysées, acclamé par deux millions de Parisiens. Il est suivi du général Leclerc et de ses fidèles de la première heure.
Sur le perron de l’hôtel de ville, devant une foule enthousiaste et joyeuse, de Gaulle prononce un discours célèbre en des termes flamboyants : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple ! ». La libération de Paris laisse un lourd bilan. Elle a causé pendant cette période 76 morts, issus de la 2e division blindée, ainsi que 901 résistants et 3.200 Allemands. Il y aura également 12.800 soldats allemands faits prisonniers.
Ce qui est pour la capitale le fut aussi pour Issy-les-Moulineaux, avec ses 115 isséens fusillés où morts en déportation, où sous les bombardements. Pendant la libération de notre cité, on dénombre cinq morts parmi les « Leclerc » et une dizaine de résistants. La Résistance isséenne était bien présente avec le Groupe Bienvenu sous les ordres du lieutenant-colonel Tari. Le 25 août, plus de 500 Allemands se rendent sans conditions quittant ainsi l’île Saint-Germain et le fort.
A cette occasion, permettez-moi de rendre hommage à trois personnes. Je tiens à saluer la mémoire de notre ami Marcel Leconte, qui fut vice-président de la FNACA. Il vient de nous quitter. Isséen depuis toujours, il avait laissé pour le Souvenir Français un témoignage sur la libération de la ville ainsi que sur le Stand de Tir où les Allemands fusillèrent près de 150 résistants. Le 4 août dernier, Arsène Tchakarian, dernier survivant du Groupe Manouchian, disparaissait. Egalement le 17 avril 2018 : Madame Raymonde Jean-Mougin nous quittait. Elle était la dernière conductrice ambulancière, surnommée les « Rochambelles ». Nous ne vous oublierons pas.
Demeurer fidèle à l’esprit de la Résistance, commémorant l’action de la France Libre, c’est se souvenir que sous le même drapeau frappé de la croix de Lorraine, combattirent ensemble toutes les confessions religieuses et des athées pour que triomphe la liberté, pour que demeure l’indépendance de la Patrie et que recule la barbarie. Comme avait dit Albert Camus au sujet de la Résistance et de la Libération de Paris : « Le Paris qui se bat ce soir au sujet de la Résistance veut commander demain. Non pour le pouvoir, mais pour la justice ; non pour la politique mais pour la morale, non pour la domination du pays, mais pour sa grandeur ».
Vive la République et vive la France ».
Fabien Lavaud,
président départemental de l’association
des Anciens Combattants Volontaires.