Publié le 25 Avril 2020

Les coloniaux : le commandant Lamy.

Amédée Lamy nait à Mougins le 7 février 1858, dans l’actuel département des Alpes-Maritimes. A l’époque, le comté de Nice, voisin, est encore et pour deux ans propriété de la Maison de Savoie. Victor Emmanuel, duc de Savoie, sera bientôt roi d’Italie, entre autres grâce à l’action de l’empereur Napoléon III. Et Nice redeviendra française.

 

Le père d’Amédée est Joseph (1818-1891), lieutenant de vaisseau et sa mère, Elisabeth Giraud, est issue d’une vieille famille notable provençale. A l’âge de 10 ans, Amédée entre au Prytanée militaire de La Flèche, dans la Sarthe. Elève brillant, il intègre, en 1878, l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, 63e promotion nommée des « Zoulous ». Cela tombe bien le jeune officier veut partir pour l’aventure coloniale.

 

Il est nommé sous-lieutenant au 1er régiment de tirailleurs algériens en 1880, et dès son arrivée participe à la colonisation française de la Tunisie. Quatre années plus, il est envoyé au Tonkin où il reste jusqu’en 1886. Il s’y trouve au moment même où la République française est en guerre contre la dynastie chinoise Qing pour la mainmise sur le fleuve rouge et toute la province du Yunnan. Cet épisode étant à inscrire dans un contexte plus large de la lente mise sous tutelle de la Chine par les puissances européennes. Et la victoire française permet la reconnaissance de son protectorat sur l’Annam et le Tonkin. Avec la Cochinchine et le Cambodge déjà acquis, le jeune officier assiste ainsi à la naissance de l’Indochine.

 

Revenu en Algérie en 1887, il est nommé officier d’ordonnance du général commandant la division d’Alger. En 1893, il participe à la mission Le Chatelier, qui est chargée de l’étude d’un projet de voie ferroviaire entre la côte et Brazzaville, ainsi que des études botaniques, géologiques et géographiques. L’explorateur Alfred Le Chatelier présente à Lamy le géographe Fernand Foureau. Ensemble ils montent une expédition qui va prendre le nom de Mission Foureau-Lamy. Son but : rallier Alger au lac Tchad.

 

Au cours de cette mission, le commandant Lamy et son adjoint Foureau rejoignent la mission du capitaine Joalland et du lieutenant Meynier et la mission de l’officier de marine Emile Gentil. Le 22 avril 1900, à Kousséri, dans le nord de l’actuel Cameroun, à quelques kilomètres de la frontière avec le Tchad, les colonnes doivent affronter un Soudanais, seigneur de la guerre : Rabaj al-Zubeir ibn Fadl Allah. A la tête de 10.000 soldats, Rabah, qui est aussi trafiquant d’esclaves, fait régner un ordre qui ne plait guère aux colons français. Lamy, fort de l’appui des hommes de Joalland et de Gentil, peut compter sur 700 hommes. Rabah est attaqué de trois côtés. Il doit reculer mais se trouve acculé au fleuve Chari qui fait l’actuelle frontière entre les deux pays. Rabah organise alors une contre-attaque désespérée mais qui fait des dégâts dans les rangs français : 28 morts et 75 blessés quand on comptabilise plus de 1.500 tués du côté soudanais. Rapidement dépassé par les Français, les hommes de Rabah tentent de s’échapper par le fleuve : ils font des cibles immanquables pour les tirailleurs algériens et sénégalais !

 

Malheureusement, à la tête de ses hommes, le commandant Lamy est mortellement atteint d’une balle. Ses soldats poursuivent Rabah qui tente de s’échapper. Le seigneur est rattrapé, reconnu par un tirailleur qui autrefois a été dans le même régiment français que lui et le tue d’une balle. Apprenant qu’il y a une récompense pour qui ramènera la tête de Rabah, le tirailleur retourne sur le champ de bataille, décapite son ennemi et rapporte le trophée…

 

Un mois plus tard, Emile Gentil transforme en partie la ville la plus importante sur le lac Tchad en une forteresse française. Il lui donne le nom de Fort-Lamy en souvenir de son camarade. Fort-Lamy sera le nom de la capitale du Tchad jusqu’en novembre 1973.

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Site sur l’Histoire : www.herodote.net
  • Marcel Souzy, Les coloniaux français illustres, B. Arnaud, 1941.
  • Robert Maestri, Commandant Lamy, un officier français aux colonies, Maisonneuve et Larose, 2000.

 

Trajet de la mission Foureau-Lamy de 1899-1900.

Trajet de la mission Foureau-Lamy de 1899-1900.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #La Coloniale

Publié le 14 Avril 2020

Albert Frédéric Culot de Vanves et le Réseau Alliance.

« L’Arche de Noé ».

 

Le réseau s’implante d’abord en Zone libre, dès novembre 1940. Il se développe ensuite en Zone occupée à partir de 1942. D’abord appelé Navarre, le réseau Alliance est surnommé « Arche de Noé » par les Allemands, car les membres ne se connaissent que sous le nom d’animaux (Aigle, Hermine, Tigre…).

 

Pour des raisons politiques, financières et militaires, le fondateur du réseau Georges Loustaunau-Lacau préfère rapprocher le réseau de l’Intelligence Service britannique plutôt que de la France Libre.

 

Après l’arrestation de Loustaunau-Lacau, Marie-Madeleine Fourcade, qui s’appelle à l’époque Marie-Madeleine Méric – « Hérisson » - devient le chef du réseau et le restera jusqu’à la fin de la guerre. Alliance recrute dans tous les milieux sociaux et partout en France. L’un de ses principes consistant à mettre l’accent sur les fonctionnaires qui peuvent assez facilement obtenir des informations et en faciliter le transport.

 

Le réseau accueille les différentes vagues d'officiers de l'armée d'Armistice ralliés à la Résistance lors de l'invasion de la zone libre par les armées allemandes en . Par exemple son sous-réseau Druides est constitué en 1943 par l’encadrement des Compagnons de France (organisation de jeunesse créée par l'État Français).

 

Le S.R. Alliance se charge notamment du renseignement sur les sous-marins pour la bataille de l’Atlantique, du départ du général Giraud vers l'Algérie en et devient l’un des éléments de la résistance giraudiste. Mais le matériel et les fonds restent en provenance des Services Secrets anglais. Il transmet les informations sur l'emplacement des rampes de nouvelle armes construites par l'Allemagne et transfère une carte de la côte atlantique de 17 mètres précisant toutes les forces allemandes ce qui contribue au succès du grand débarquement. Mais en 1943, la pénétration d'un agent du poste Abwehr (service de renseignement de l’état-major allemand) de Dijon, Jean-Paul Lien (qui après la victoire sera arrêté et exécuté) provoque l'effondrement d'une grande partie du réseau, alors que « Hérisson » est à Londres. Début 1944, il ne reste plus que 80 agents actifs.

 

Dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, 107 membres du réseau « Alliance », emprisonnés au camp de Schirmeck, sont massacrés (exécutés pour la plupart d'une balle de Lüger dans la nuque) au camp de concentration du Struthof en Alsace et leurs corps incinérés dans le four crématoire du camp.

 

D'autres membres du réseau subissent le même sort dans les prisons allemandes le long du Rhin. Ainsi, le , soit quelques heures après la libération de Strasbourg par la 2e Division blindée de Leclerc, neuf membres d’Alliance, détenus à la prison de Kehl, sont fusillés par la Gestapo sur la rive allemande du Rhin et leurs corps jetés dans le fleuve. Trois autres sont tués à Fribourg-en-Brisgau dont le colonel Kauffmann et Pradelle, son lieutenant.

 

Au printemps 1944, le réseau avait rejoint le BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action) du colonel Passy ; unité de la France Libre.

 

Albert Frédéric Culot.

 

Albert Frédéric Culot nait à Vanves le 28 octobre 1896. Il est le fils de Victor Culot et d’Irma de Landry. Très jeune, il entre à la SNCF où la direction lui confie un emploi de cordonnier.

 

Agent du secteur « Grand Hôtel » (Centre de la France), il fait partie de l’état-major du réseau. Il œuvre auprès d’Edouard Kauffmann, lieutenant-colonel dans l’armée de l’Air. Culot est arrêté le 17 avril 1944, et est déporté, comme ses camarades, sous protocole Nacht und Nebel (« Nuit et Brouillard » en français – en application de ce décret, il est possible de transférer en Allemagne toutes les personnes représentant « un danger pour la sécurité de l’armée allemande » – saboteurs, résistants, opposants…– et à terme, de les faire disparaître dans un secret absolu).

 

Le 1er mai 1944, Albert Frédéric Culot est déporté dans le département du Bas-Rhin à Shirmeck, puis transférer au camp de concentration de Natzwiller-Struthof et exécuté comme beaucoup d’autres résistants dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944.

 

Son nom apparait sur la plaque mémorielle du camp de concentration du Struthof ; sur le Mémorial de l’Alliance à Paris et à Vanves. Le mémorial parisien est dédié aux 432 membres d'un Service de Renseignements Militaires, morts pour la France sous l'occupation allemande entre 1940 et 1945, grâce au travail remarquable de Marie-Madeleine Fourcade (et de son équipe), fondatrice après-guerre de l'Association Amicale "Alliance" pour aider les anciens membres de son réseau et les familles des disparus. L'Association a pu retracer le destin de chacun d'eux et même pour 105 des fusillés en Allemagne, retrouver leur corps et les identifier.

 

 

 

Sources :

 

  • Site du Ministère des Armées : Mémoire des Hommes – Fiches individuelles.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Memorial GenWeb – Fiche individuelles.
  • Site sur le Réseau Alliance : www.reseaualliance.org

 

Le crématoire du camp de concentration de Natzwiller-Struthof.

Le crématoire du camp de concentration de Natzwiller-Struthof.

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