Publié le 13 Août 2019
Une ascendance prestigieuse.
Henry Isaac nait le 7 mai 1883 à Basse-Terre en Guadeloupe. Ses parents sont Pierre Isaac et sa mère Jeanne Gagneur. Henry voit le jour au sein d’une famille très réputée dans l’île.
Pierre Isaac (1845 à Pointe-à-Pitre et 1899 à Vanves) est un administrateur et homme politique français. Directeur de l’Intérieur en Guadeloupe de 1879 à 1884, il est l’un des principaux artisans de l’organisation de l’enseignement primaire et secondaire publics dans l’île. Sénateur radical de Guadeloupe de 1885 à 1899, son implication et sa grande compétence, principalement dirigées vers les questions coloniales, lui valent d’être secrétaire du Sénat de 1892 à 1895. Il est considéré à Pointe-à-Pitre, selon le site même de la ville, comme « une des plus grandes figures de couleur qu’aient produites les Antilles françaises ».
Un héros.
Henry Isaac entreprend des études de droits, qu’il réussit brillamment et devient magistrat colonial en Extrême-Orient. Réformé du service militaire actif, se trouvant en congés au moment de la déclaration de guerre en 1914, il s’engage et est blessé en Champagne en 1915. Promu sous-lieutenant, il est versé dans un régiment de zouaves. Blessé une seconde fois dans la Somme, il entre alors dans l’aviation, en dépit du refus de sa mère. Au début du mois de juin 1917, son avion est abattu par les Allemands. Henry Isaac chute avec son appareil. Gravement blessé, il est transporté à l’hôpital temporaire 25 de Châteauroux dans l’Indre. C’est là qu’il décède le 10 juin 1917. Son corps est rapatrié sur Vanves et il est enterré dans la sépulture familiale.
Il était titulaire des décorations suivantes : chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre. Il avait été également cité à l’ordre du régiment.
Cérémonie à Vanves.
Le Souvenir Français a retrouvé les discours prononcés à l’occasion de la cérémonie des obsèques d’Henry Isaac, en l’église Saint-Rémy de Vanves, le 23 juin 1917. Et ils furent nombreux : le discours de M. Lencou-Barême, président de la Cour d’appel de l’Indochine; celui de M. Vollard, procureur de la République de l’Inde ; celui de M. le docteur Vitalien, Président du « Foyer Colonial » et ami de la famille ; celui de M. Emile Berthier, adjoint au maire de Vanves, qui était alors M. Aristide Duru. Auparavant, M. R. Boisneuf, député de la Guadeloupe, avait prononcé l’éloge funèbre du lieutenant Isaac.
Nous avons choisi de reproduire ici celui de M. Vollard puis celui de M. Berthier.
M. Vollard : « Dans les moments terribles que nous vivons, nous en sommes venus à opposer l’indifférence au spectacle, même des ruines, même des dévastations, par quoi notre pays et l’humanité entière se trouvent dépouillés de trésors d’un prix inestimable, des monuments de l’intelligence, de l’activité de générations multiples, du travail accumulé des siècles. Seule, la disparition de ceux qui nous sont chers sera capable, toujours, de nous émouvoir.
En vain, nous disons que le genre humain leur paiera le tribut d’une gratitude qui ne s’éteindra pas ; en vain savons-nous que leur souvenir, nimbé de gloire, sera célébré dans la mémoire des hommes ; que, participant d’une vie immatérielle et universelle, et comme réchauffés par l’élan, par le don des cœurs unanimes, ils vivront une vie plus intense que l’homme dans les travaux de la paix, qui se débat au milieu de l’obscurité d’un horizon borné, et, encore, pris dans les entraves de son être périssable ; vainement aussi, nous sentons que l’éternité est le partage des nobles ouvriers de la plus noble des causes : nous ne pouvons nous résoudre à voir disparaître, sans nous apitoyer, un bon entre les meilleurs.
J’ai connu Isaac, dans l’Inde. Il ne m’a pas été donné de l’y rencontrer souvent en raison de l’éloignement des circonscriptions judiciaires, mais il était de ceux qu’on pénétrait, qu’on aimait tout de suite. La franchise, beaucoup de bonne humeur, un esprit vif, pétillant : le charme opérait dès le premier contact. Il vous livrait son âme toute nue et il commandait la confiance et la sympathie. C’est le même entrain, c’est la même vivacité d’esprit, que je retrouvais, après quelque trois années de périls et de lutte, au cours de la visite qu’il eut l’amabilité de me faire, durant son dernier passage à Paris.
Isaac a porté très haut le drapeau de la Magistrature : il a été un exemple. Dans les situations les plus difficiles, il discernait son devoir du premier coup et il l’accomplissait jusqu’au bout, d’un courage tranquille, avec autant d’intelligence et d’impartialité que de fermeté.
Au moment de la déclaration de guerre, Isaac se trouvait en congé en France. Il contracta aussitôt un engagement, fut, dans la guerre, le modèle des soldats, et conquit les plus hautes et les plus flatteuses distinctions.
Isaac ne comptait que des amis. C’est dire quels regrets il laisse. J’aurais manqué à un devoir qu’il m’est doux de remplir, dans la plus attristante circonstance, si je n’avais essayé de dire, en y réunissant très imparfaitement, les sentiments qu’éveillera, chez ceux qui l’on connu, la disparition, à la suite d’une cruelle catastrophe, d’un noble cœur, du plus intègre des juges, du meilleur des amis ».
M. Berthier :
« Au nom de la Municipalité,
Au nom du Conseil municipal,
Au nom de la population toute entière,
J’adresse un dernier adieu au sous-lieutenant pilote Henry Isaac, et un hommage ému à sa mémoire.
La famille Isaac, originaire de la Guadeloupe, est venue se fixer à Vanves, il y a de longues années déjà, alors que celui qui repose ici et tous ses frères et sœurs n’étaient encore que des enfants ; nous avons conservé le souvenir de leur regretté père, Monsieur Isaac, sénateur de la Guadeloupe.
Le sous-lieutenant Isaac et ses frères firent leurs études au Lycée Michelet de Vanves, et tous surent se créer une situation enviable par leur travail.
Celui qui va reposer de son dernier sommeil dans ce cimetière était un magistrat colonial du plus bel avenir, la guerre l’enleva à ses fonctions pour l’envoyer défendre la mère-patrie. Il accomplit son devoir comme un héros, s’est particulièrement distingué par sa bravoure, obtint la Croix de guerre, et celle de la Légion d’Honneur. Déjà précédemment blessé, il fit une chute d’avion à Châteauroux et est mort pour la France à l’hôpital de cette ville le 20 juin 1917, âgé de 34 ans, après tant d’autres vaillants officiers et soldats, et après tant d’autres vaillants aviateurs, qui versent leur sang avec tant de courage et d’abnégation pour la défense sacrée de la Patrie.
Qu’il repose en paix, son sacrifice n’aura pas été inutile puisque la civilisation vaincra la barbarie et que le sang de nos héros, qui coule avec tant d’abondance arrose la moisson qui germe pour un avenir de paix, de justice, et de fraternité des peuples.
Que Madame Veuve Isaac, sa mère, que ses frères, ses sœurs, sa fiancée, toute sa famille reçoivent l’assurance de la très grande part que nous prenons à leur douleur et acceptent nos respectueuses condoléances.
Que ce témoignage de sympathie apporte un adoucissement à leur profond chagrin.
Adieu, sous-lieutenant Isaac, adieu.
Sources :
- Site Memorial GenWeb – Fiche individuelle du lieutenant Isaac.
- Site de la ville de Pointe-à-Pitre : www.ville-pointeapitre.fr
- Site de la ville de Vanves – www.vanves.fr
- Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
- André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.
- Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
- Discours retrouvés sur le site www.issuu.com