Publié le 30 Mars 2020
Nous apprenons ce jour une nouvelle bien triste : Christian Poujols n’est plus. Il a succombé au Covid-19.
Marseillais, fils – très fier – d’un héros de Verdun, ancien du 35e RAP (régiment d’artillerie parachutiste), Christian est versé dans la 10e division parachutiste pour son arrivée en Algérie. Il en gardera de nombreux souvenirs dont plusieurs ont fait l’objet d’articles sur ce site.
Très intégré au milieu des anciens combattants, il avait été de nombreuses années président de section à l’UNP (Union Nationale des Parachutistes), puis président de la 46e Section de l’UNC (Union Nationale des Combattants) à Issy-les-Moulineaux. Il était aussi vice-président départemental de l’UNC. Mais comme tous les boulimiques, Christian ne s’était pas arrêté à cela. Là encore, depuis de nombreuses années, il était un pilier de notre comité du Souvenir Français. Il avait d’ailleurs reçu il y a plus de dix ans la médaille d’Honneur de notre association.
Mais Christian était aussi, et surtout, un ami qui m’avait demandé d’être son secrétaire à l’UNC, par amitié et parce qu’il fallait soutenir la section. Une telle demande ne se refuse pas. C’est un honneur. Je garderai de Christian ces souvenirs de dimanches matins à la Maison du Combattant d’Issy, les réunions de travail pour l’UNC, ses commentaires sur l’armée, sur l’Algérie d’avec la France puis sans elle, ses souvenirs de Marseille, ses histoires des Pyrénées. Son patriotisme chevillé au corps, son respect pour nos alliés. Je l’avais emmené l’année dernière au Memorial Day américain au Monument de l’Escadrille Lafayette à Marnes-la-Coquette. Il en avait été enchanté.
Alors à son épouse, qui a déjà connu la douleur de perdre il y a quelques années un enfant, à son fils, je dis en mon nom et au nom du Comité toute ma compassion et mon amitié.
Ce printemps qui commence n’est que chagrin.
Frederic Rignault – LCL Ad honores auprès du GMP
Président du Souvenir Français – Comité d’Issy-Vanves
Délégué général adjoint 92
Secrétaire de la 46e Section de l’UNC
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Voici le discours de Christian, prononcé le 11 novembre 2013, à Issy.
« Monsieur le Maire,
Monsieur le Maire-Adjoint délégué aux Anciens Combattants et aux Affaires militaires,
Messieurs les présidents d’Associations d’Anciens Combattants et les Anciens Combattants,
Mesdames Messieurs les représentants des Autorités civiles et militaires,
Mesdames Messieurs les élus,
Mesdames Messieurs,
Nous voici rassemblés cette année encore devant le monument aux Morts de notre ville pour commémorer le 11 Novembre 1918 où, à la 11ème heure du 11ème jour du 11ème mois, le clairon a sonné la fin d’une longue guerre de 52 mois.
Un peu plus de quatre années pendant lesquelles les soldats ont vécu dans les tranchées ; ils ont connu sans discontinuer le froid, la pluie, la neige et, aussi, la chaleur. Il nous arrive de nous plaindre de la chaleur ou du froid ; dans ces moments-là, pensons à nos Poilus et à ce qu’ils ont dû endurer. En plus de la mitraille, en plus des obus, en plus des assauts donnés et reçus.
Il y avait des moments pendant lesquels Français et Allemands se retrouvaient entre les tranchées pour porter secours et ramener les blessés dans leurs tranchées respectives ; ils échangeaient un signe, un salut, se montraient les photos de leurs enfants puis rejoignaient leurs postes.
Et la guerre reprenait. Que ressentaient-ils en voyant fixé sur eux le regard de l’homme dans le ventre duquel ils enfonçaient leur baïonnette et avec lequel ils avaient, peu de temps auparavant, échangé un signe, des photos ?
La Marne, la Somme, l’Yser, Verdun où, le premier jour, nos soldats ont encaissé 936.000 obus ; ils ont riposté, tiré quelques 120.000 obus par jour. On estime que 37 millions de projectiles ont été tirés de part et d’autre à Verdun !
L’année prochaine, nous commémorerons le 100ème anniversaire du début de cette guerre qui a changé la façon de vivre des français : les maris, les fils étaient au front et les femmes ont dû les remplacer. Elles ont travaillé la terre, elles ont travaillé en usine pour fabriquer les munitions dont leurs hommes avaient besoin ; elles ont appris à conduire les tramways. La guerre finie, beaucoup d’entre elles ont continué ce travail qu’elles avaient découvert parce que l’homme n’était pas revenu. Parce que cette guerre a fait 1.500.000 morts et trois fois plus de blessés dans les rangs de l’Armée française.
« La Der des Der », pensaient nos Poilus. Hélas ! L’esprit de revanche amena les Allemands à refaire la guerre en 1939 avec Hitler à leur tête. Cette deuxième guerre mondiale qui fut suivie de bien d’autres, Indochine, Corée, Afrique du Nord. Le monde ne s’est pas encore assagi et de nombreux conflits surgissent ; la menace nucléaire reparait.
Que, tout au long de cette année 2014 où sera commémorée la Grande Guerre, les dirigeants du monde soient interpellés par ces batailles, ces nombreux lieux de mémoire, ces morts, ces blessés et qu’il leur soit donné un peu de raison ; de nombreuses raisons d’apaiser les tensions et que nos enfants et petits enfants ne connaissent jamais ce que nos aînés ont vécu, ce que vous les Anciens Combattants ici présents avez connu.
Mon Père qui se levait lorsqu’il entendait La Marseillaise jouée à la radio après le discours de tel ou tel Ministre ou Président, les badauds qui se découvraient lorsque passait devant eux le drapeau du régiment ou lorsqu’ils entendaient l’hymne national ou la sonnerie aux Morts sont un monde révolu paraît-il ; autres temps autres mœurs nous dit-on.
Eh bien, malgré cela, Vive la France. »