Publié le 25 Juin 2023

Les colonels de Castries et Piroth (assis).

Les colonels de Castries et Piroth (assis).

Dans l’article précédent, il est questions de plusieurs colonels morts pour la France en Indochine. Le cas le plus connu est certainement celui du colonel Piroth.

Charles Piroth nait à Champlitte dans le département de la Haute-Saône le 14 août 1906. Il est le fils d’un brasseur et de Marie Mathilde Bogli. Vingt-ans plus tard, sur ses terres natales, il épouse Odette Maillot.

Officier artilleur, Charles Piroth participe à la campagne d’Italie au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il est alors chef d’escadron au sein du 63e régiment d’artillerie d’Afrique. Il s’illustre à plusieurs reprises et reçoit une citation à l’ordre de l’Armée, par le général Giraud, le 19 mars 1944 : « Excellent commandant de groupe, plein d’allant et de cran. Toujours prêt à porter son Groupe en avant. Assure personnellement dans les circonstances délicates la liaison avec l’infanterie. Blessé au cours des opérations du BELVEDERE, le 25 janvier 1944, a refusé d’être évacué ».

En 1946, au cours de son premier séjour en Indochine, Charles Piroth est grièvement blessé lors d’une embuscade tendue par le Vietminh. Il est alors opéré sur place et le médecin-militaire doit l’amputer du bras gauche sans anesthésie.

En 1953, il est de l’opération Castor : l’armée française envoie des milliers d’hommes, et des tonnes d’équipements, dans la cuvette de Dien Bien Phù. Fort de son expérience, Charles Piroth est nommé responsable de l’artillerie par le colonel Christian de Castries. Piroth prend un engagement, qui aujourd’hui parait insensé, mais qui ne l’est peut-être pas à l’époque : « Jamais le Vietminh n’arrivera à donner du canon sur le camp retranché de Dien Bien Phù ».

Mais dès les premiers jours du mois de mars 1954, il constate que l’artillerie française s’avère incapable de faire un tir de riposte aux coups de l’artillerie vietnamienne, répartie le long des pentes est de la cuvette et parfaitement camouflée. « Nos canons avaient été montés pièce par pièce, reconstitués, puis placés dans des petites grottes. On les sortait pour tirer et aussitôt on les rentrait dans leurs emplacements. Nous appelions cela les « gueules du crapaud », indiquera plus tard un officier Viet.

Bientôt les collines fortifiées Béatrice et Gabrielle tombent sous le déluge du feu ennemi.

Piroth rejette alors complètement la faute sur lui. Le 15 mars 1954, il se rend au bunker de l'état-major et présente ses excuses à ses supérieurs puis retourne dans son abri. Là il dégoupille une grenade sur sa poitrine. De Castries gardera sa mort secrète pendant cinq jours. Il le fait enterrer dans son abri par le médecin-capitaine Le Damany et les aumôniers Heinrich et Trinquand puis fait murer la porte d'entrée.

 

Charles Piroth sera, plus tard, déclaré Mort pour la France. Il était commandeur de la Légion d’honneur, croix de guerre 1939-1945, palme de bronze, avec deux citations à l’ordre de l’Armée, croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs.

 

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Réseau Twitter.
  • Regard sur l’Indochine, Gallimard, 2015.
  • Mémorial Indochine, Ministère de la Défense, 2014.
  • Archives de l’Ecole de Guerre.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 25 Juin 2023

Ils sont morts pour la France en Indochine.

59.734 militaires, de tous grades, sont Morts pour la France durant les 8 années de la guerre d’Indochine.

Voici le détail :

Pour l’armée de Terre :

  • 3 généraux et 8 colonels tués.
  • 18 lieutenants-colonels tués et 1 disparu/non rentré de captivité/mort de maladie.
  • 69 commandants tués et 5 disparus/…
  • 341 capitaines tués et 60 disparus/…
  • 1.140 lieutenants tués et 134 disparus/…
  • 17.810 gradés et soldats légionnaires, Nord-Africains, Africains tués disparus ou non rentrés de captivité.
  • 26.923 gradés et soldats autochtones tués ou non rentrés de captivité.
  • Soit un total de 57.958 pour l’armée de Terre.

Pour la Marine nationale :

  • 27 officiers tués et 53 officiers disparus ou non rentrés de captivité.
  • 39 officier mariniers tués et 157 disparus…
  • 235 matelots tués et 615 disparus…
  • Soit un total pour la Marine nationale de 1.126 tués et disparus.

Pour l’armée de l’Air :

  • 1 général tué.
  • 60 officiers tués et 85 disparus/non rentrés de captivité.
  • 160 sous-officiers tués et 243 disparus/…
  • 49 militaires du rang tués et 52 disparus…
  • Soit un total de 650 tués ou disparus pour l’armée de l’Air.

 

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Regard sur l’Indochine, Gallimard, 2015.
  • Mémorial Indochine, Ministère de la Défense, 2014.
  • UNC Infos n°104.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 7 Juin 2023

Un GI français à Omaha Beach.

Dans le cadre de l’ouvrage Les Relais de la Mémoire (Atlante Editions), j’avais rencontré en 2013 Bernard Dargols. Il m’avait raconté son épopée incroyable.

 

Jeune étudiant parisien, Bernard Dargols effectuait un stage à New-York lorsque la guerre éclata en 1939. Sa famille, restée en France, était menacée par les lois antisémites de Vichy. Bernard Dargols décida de s’engager dans l’armée américaine, convaincu qu’il y serait plus utile pour combattre les forces d’occupation. Devenu GI de la Military Intelligence Service après un long entraînement militaire, il débarquait en juin 1944 sur la plage d’Omaha la sanglante, et servit au sein des renseignements militaires.

 

En mars 2012, il s’était confié à sa petite-fille, Caroline Jolivet, qui a sorti le livre Un GI français à Omaha Beach.

Voici un extrait : « J’appréhendais ma rencontre avec les Français, car les bombardements alliés, pour repousser l’ennemi et faciliter notre débarquement, avaient sévèrement touché la Normandie, détruit des villages et fait de nombreuses victimes. Malgré les dégâts causés considérables, ma rencontre avec les Français reste inoubliable. C’était un moment très fort. Quand nous approchions des civils, c’était d’abord l’étonnement, puis souvent des larmes de joie. Les gens ne savaient pas très bien si j’étais américain ou français : ma jeep s’appelait « La Bastille », je portais l’uniforme américain avec le brassard MII et l’emblème de l’Indian Head, mais je parlais parfaitement français, avec un accent parisien. C’est eux qui m’interrogeaient ! La plupart du temps, les Normands s’arrêtaient devant la jeep et nous entouraient jusqu’à ce que quelqu’un s’approche, nous entraîne dans une maison en nous disant : « Tenez, entrez boire un coup, messieurs ! ».

Bernard Dargols, dont le nom a été donné au chemin qui relie le cimetière américain de Colleville à la place d’Omaha Beach, est décédé en 2019, à l’âge de 99 ans.

 

 

Sources :

 

  • Archives du Comité d’Issy du Souvenir Français.
  • Un GI français à Omaha Beach, Editions Ouest France, 14 €.

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