Publié le 23 Janvier 2025
À l’aube de sa 103e année, Madame le général Valérie André, première femme à devenir officier général en France, s’est éteinte ce mardi 21 janvier 2025. Retour sur la vie de cette pionnière, dont l’audace a façonné l’histoire de notre armée.
Après une enfance à rêver tout haut de devenir aviatrice, le médecin général inspecteur Valérie André décide au sortir de ses études d’allier ses deux passions : la médecine et l’aviation. Ses premières heures de vol se feront dès son adolescence mais seront interrompues par la Seconde Guerre mondiale. Originaire de Strasbourg, elle décide de quitter ses parents pour rejoindre la France libre, en Mayenne, afin d’y terminer ses études. Dès l’obtention de son diplôme de médecine en 1947, elle s’engage sur conseil de son maître de thèse comme médecin militaire.
Au sein du corps expéditionnaire, elle part pour la guerre d’Indochine en tant que médecin-capitaine. Dans un premier temps affectée à l’hôpital de My Tho en 1949, elle sera par la suite assistante en neurochirurgie à Saïgon. C’est à ce moment qu’elle fera ses premiers sauts militaires en parachute afin de venir en aide aux blessés des zones les plus isolées.
« Il n’y a pas de mission périlleuse, il y a seulement des missions qu’il faut accomplir à tout prix, car il en va de la vie humaine. » Général Valérie André
Sur le front indochinois, Valérie André prend conscience du potentiel des hélicoptères pour les évacuations de blessés sur les terrains les plus sommaires. Après un retour en France où elle se forme au pilotage, elle entame ses premières missions aux commandes de son Hiller 360 puis sur Sikorsky H-34. Grâce à son idée visionnaire, elle permettra l’évacuation d’environ 165 blessés dans des conditions souvent extrêmement dégradées.
De retour en France, elle poursuit une brillante carrière d’officier au Service de santé des armées.
C’est à Issy-les-Moulineaux qu’elle épouse en 1963, le colonel Alexis Santini, héros de guerre lui aussi, qui reçut la Croix de Guerre 1939-1945 avec palme et citation à l’ordre de l’Armée. Elle formait un couple remarquable avec l'oncle d’André Santini, un couple de « compagnons d’armes » selon ses propres termes. Le couple demeura fidèle à Issy-les-Moulineaux, où ils vécurent jusqu’à la fin de leurs jours.
Valérie André occupera le poste de médecin-chef de la base aérienne 107 de Vélizy-Villacoublay et sera nommée conseillère du Commandement du transport aérien militaire notamment. Une carrière qui force le respect et qui la conduit à la consécration, en avril 1976, lorsqu’elle devient la première femme promue au grade de général. Le général Valérie André intègre le service de santé de la 4e puis de la 2e région aérienne en tant que directrice. Sa carrière militaire se terminera pour elle au rang de général de division.
Son deuxième combat.
Devenue une référence dans le monde des femmes militaires, Valérie André fait sa transition vers le monde civil en prenant la tête de la Commission d'étude prospective de la femme militaire. Loin des champs de bataille, elle gardera la même hargne pour mener un autre combat si cher à ses yeux, celui d’une meilleure intégration des femmes dans les armées. Un sujet sur lequel elle sera, encore une fois, une pionnière.
Pour sa carrière exceptionnelle au sein de l’armée de l’Air et du Service de Santé, le général Valérie André sera décorée à de multiples reprises. En 1987, elle est la première femme élevée à la dignité de la grand-croix de l’ordre national du Mérite. En 1999, le président de la République Jacques Chirac l’élève à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur, une première également. À titre honorifique, elle s’est vue recevoir son brevet de pilote d’hélicoptère militaire numéro 001 le 2 septembre 2010 lors d’une cérémonie spéciale sur la BA 107, en présence du général d’armée aérienne Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’Air (2009-2012).
Sources :
- Ministère des Armées.
- Site internet de la ville d’Issy-les-Moulineaux.