Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Publié le 12 Mai 2024
De g. à dr : André Rabartin, président de l’association des déportés et résistants ; général Jean-Claude Ichac, président d’honneur du Souvenir Français ; Frédéric Rignault, président du Souvenir Français.
Issy-les-Moulineaux, ce dimanche 28 avril 2024 – Journée nationale du Souvenir des victimes et héros de la déportation. A cette occasion, voici le discours prononcé par André Santini, maire, vice-président de la Métropole du Grand Paris et ancien ministre. Le Souvenir Français tient à remercier les services de la municipalité pour lui avoir permis de diffuser ce discours et M. le maire pour son soutien.
« Madame la Députée,
Monsieur le Conseiller Départemental,
Chers Collègues,
Mes Colonels,
Mes Commandants,
Mon Lieutenant,
Monsieur le Président coordinateur des associations isséennes de déportés,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
L’Histoire des Hommes est jalonnée d’épisodes charnières.
Il arrive en effet que certains évènements, lorsqu’ils surviennent, produisent de tels effets que le cours de l’Histoire change inexorablement. Alors l’humanité entre dans une nouvelle ère.
Nous pourrions citer pléthore d’exemples, et sans doute certains vous viennent-ils naturellement à l’esprit. Je m’en dispenserai cependant car cela m’éloignerait trop du terrible sujet qui nous réunit aujourd’hui.
Le point où je veux en venir, vous le sentez, c’est qu’il ne fait aucun doute, à mes yeux, que la politique de déportation et d’extermination, conduite méthodiquement par le Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale, appartient à la catégorie de ces évènements charnières.
N’en déplaise à une certaine personnalité dont il est charitable de taire le nom, les chambres à gaz n’ont pas été « un détail de l’Histoire » ; elles en ont été une bascule.
Incontestablement, et malheureusement, il y eut un avant et un après.
Au-delà de l’horreur et de la sidération que nous ressentons naturellement face à ce que furent la Solution finale et le massacre de millions d’innocents, un autre sentiment domine : l’incompréhension.
Une incompréhension qui peut s’exprimer en une question : comment cela a-t-il été possible ?
Comment, dans cette Europe brillante et civilisée que Stefan ZWEIG chérissait tant, une telle industrie de la mort a-t-elle pu être instaurée ?
A ces questions, les historiens ont apporté des réponses et continueront d’en apporter.
Pour ma part, en tant qu’élu de la République française et en tant qu’humaniste, il est de mon devoir de vous adresser quelques messages qui me semblent primordiaux.
D’abord, si tragique soit-il, nous devons impérativement entretenir la mémoire de ce passé. Car, selon les mots de Winston CHURCHILL : « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ».
Fort de cet enseignement, nous devons nous souvenir de ces victimes innocentes, ignoblement persécutées et condamnées à un sort atroce pour leur appartenance religieuse, ethnique, politique ou philosophique : Juifs, Tsiganes, Résistants, Francs-Maçons, etc.
Nous devons aussi nous souvenir, en nous fondant sur la documentation historique et sur les témoignages des rescapés tels Simone VEIL, Germaine TILLON ou Primo LEVI, de ce que fut l’horreur des camps : les matricules déshumanisants ; les tenues rayées ; les chambres à gaz ; les fours crématoires ; la faim, le froid, le silence mortels, etc.
A l’image de Robert BADINTER, disparu il y a presque trois mois, nous devons enfin battre en brèche avec constance les thèses négationnistes des « faussaires de l’Histoire ».
Ce devoir de mémoire, Issy-les-Moulineaux y est très attaché.
C’est pourquoi, notre ville apporte son concours financier aux visites d’une journée organisées à Auschwitz-Birkenau par le Mémorial de la Shoah.
Le 17 mars dernier, une délégation isséenne d’une centaine de personnes, constituée des jeunes du Conseil Communal des Jeunes, des élèves du Lycée Ionesco, et de nombreux autres Isséens, a participé à ce voyage.
C’est pourquoi la ville implique également l’ensemble de la jeunesse isséenne dans toutes les cérémonies de commémoration.
Entretenir la mémoire du passé est nécessaire, mais cela n’est pas suffisant. Nous devons aussi avoir conscience du présent.
Je veux dire en cela que nous devons toujours garder la lucidité de reconnaître que nos sociétés contemporaines, quel que soit leur degré de civilisation, peuvent aisément succomber au mal, à la violence, à la haine, à la barbarie.
A ce titre, je vous recommande la lecture du récent ouvrage de l’ancien chef d’Etat-Major des armées, le général d’armée François LECOINTRE : Entre guerres.
Il alerte sur le sentiment d’indifférence d’une partie de la société à l’endroit de nos soldats envoyés en mission au péril de leur vie. Il évoque également les horreurs auxquelles il a assisté au Rwanda, en plein génocide.
Ce témoignage, empreint d’humilité, est un précieux encouragement à regarder en face les réalités du monde et les dangers qu’elles annoncent pour l’humanité.
Pour nous préserver de ces dangers, je crois dans l’existence de plusieurs talismans : le respect et l’écoute de l’autre ; la solidarité entre tous, et notamment avec les plus faibles ; la promotion de la culture et l’ouverture aux autres civilisations.
Des valeurs que, depuis toujours, Issy-les-Moulineaux s’attache à faire siennes.
Vive la République !
Vive la France ! »