Edmond Barthe de Sandfort, le médecin qui découvrit l’Ambrine.

Publié le 4 Mai 2025

Le docteur applique de l'ambrine sur une brûlure de la cuisse et des fesses.

Le docteur applique de l'ambrine sur une brûlure de la cuisse et des fesses.

De la Chine à Issy-les-Moulineaux, le parcours d’Edmond Barthe de Sandfort entremêle rigueur scientifique et humanisme. Médecin passionné, il est à l’origine de l’Ambrine, un remède innovant qui apporta un réel soulagement aux grands brûlés durant la première guerre mondiale.

Né le 20 mai 1853, Edmond effectue ses études à l’école de Santé navale de Toulon, puis participe en tant que médecin de la Marine à plusieurs missions à l’étranger, notamment en Chine et en Macédoine. Celles-ci forgent son expérience de terrain et affûtent son sens de l’innovation.

En 1885, Edmond est réformé pour des raisons de santé. Il devient alors médecin aux thermes de Dax et se spécialise dans le traitement des affections rhumatismales. Il mène d’importants travaux sur les vertus thérapeutiques de la boue et publie plusieurs ouvrages, dont un Guide du médecin et du malade, destiné à vulgariser les bienfaits des soins thermaux. Il développe également un traitement inspiré des méthodes d’Ambroise Paré : un mélange de paraffine et de gommes fondues. Ce remède, qu’il baptise Ambrine - à cause de son aspect jaune et translucide faisant penser à l’ambre - est initialement destiné au traitement des rhumatismes.

Au début du XXe siècle, lors d'un voyage au Yunnan (Chine), Edmond découvre par hasard l’efficacité de l’Ambrine sur les brûlures graves. Il l’applique sur des plaies brûlées et constate une réduction significative de la douleur ainsi qu’une cicatrisation rapide. Bien que son efficacité soit rapidement observable, le monde médical se montre d’abord sceptique lorsqu’il revient à Paris en 1904. Edmond persiste et perfectionne sa formule pendant plusieurs années, convaincu de son potentiel thérapeutique.

En 1914, alors âgé de plus de 60 ans, Edmond demande à reprendre du service. En 1916, il est affecté à l’hôpital militaire provisoire Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux, où il prend la tête du service des grands brûlés. L’Ambrine y est utilisée de manière systématique, avec des résultats jugés spectaculaires et le traitement fait rapidement école.

Le 28 septembre 1916, Le Figaro indique dans un article qui lui est consacré : « le sous-secrétaire d'État du service de santé a envoyé aux médecins-chefs des hôpitaux d'évacuation l'ordre de diriger désormais sur Issy-les-Moulineaux tous les brûlés qui leur seront amenés du front. » Et quelques semaines plus tard, en novembre 1916, le président Raymond Poincaré se rend en personne à l’établissement de soins pour élever Edmond Barthe de Sandfort au rang de chevalier de la Légion d'honneur.

Également impressionné par l'efficacité de l'Ambrine, le philanthrope Henri de Rothschild décide de se former auprès de son inventeur afin de comprendre et de valider scientifiquement cette méthode. Il contribue ensuite à sa diffusion en finançant sa production à grande échelle et en publiant en 1918 un ouvrage de référence intitulé Le Traitement des brûlures par la méthode cirique (pansement à l’ambrine), destiné aux médecins des armées.

En octobre 1917, Edmond quitte Issy-les-Moulineaux pour diffuser sa méthode en Italie. La date et le lieu précis de son décès sont inconnus mais son héritage demeure. Edmond Barthe de Sandfort incarne une médecine tournée vers l’innovation et la compassion. En créant l’Ambrine, il a ouvert la voie à une nouvelle approche du soin des blessés de guerre. Une démarche pionnière où la science se met au service de l’humain.

 

Jean-David BOUSSEMAER,

Souvenir Français Issy-les-Moulineaux.

 

Sources : 

Marie-Aude Bonniel, « Les merveilles du traitement du Dr Barthe de Sandfort sur les brûlés (1916) », Le Figaro, 20 octobre 2014

https://www.lefigaro.fr/histoire/centenaire-14-18/2014/10/20/26002-20141020ARTFIG00063-les-merveilles-du-traitement-du-dr-barthe-de-sandfort-sur-les-brules-1916.php

Rothschild (Henri de), Le Traitement des brûlures par la méthode cirique (pansement à l'ambrine). Conférences faites à MM. les médecins-majors des formations sanitaires des armées (mission du G. Q. G.), O. Doin et fils, Paris, 1918. Extrait sur : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1428142v

https://numerabilis.u-paris.fr/ressources/pdf/sfhm/hsm/HSMx1974x008x004/HSMx1974x008x004x0795.pdf

https://imagesdefense.gouv.fr/fr/issy-les-moulineaux-hopital-saint-nicolas-salle-d-ambrine-vaporisation-d-une-brulure-du-dos-traitement-du-docteur-barthe-de-sandfort-legende-d-origine-1.html

Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Première Guerre mondiale

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