Chrétiens et musulmans en Orient : 3/3 - Période contemporaine.

Publié le 26 Juillet 2015

L'Arménie en l'an 1000.

L'Arménie en l'an 1000.

Une brève histoire de l’Arménie.

 

Peuplée dès l’ère paléolithique, l’Arménie est l’un des berceaux de la révolution néolithique. Autour du lac de Van, un Etat se forme dès le 9e siècle avant JC, réunissant les diverses tribus du plateau arménien. Elles ont l’Empire assyrien pour ennemi principal. C’est alors que sont mentionnés les Arméniens : leur origine reste obscure, mais on a longtemps admis que ces Indo-européens se seraient mélangés aux populations originelles de cette région, les Ourartéens (ou Urartéens). Par la, l’Arménie est dominée par les troupes d’Alexandre. Mais un très grand souverain, Tigrane II, réussit à unifier tous les Arméniens et lancent ses armées à la conquête de l’Anatolie. Alors, l’Arménie domine tout le Moyen-Orient, de la Transcaucasie à la Palestine. Cet expansion va être vite contrariée par l’Empire romain : Pompée va réduire l’Arménie au rôle de vassal. Etat qui va être pendant des années – mais l’Histoire se répétera bien souvent – l’un des champs de bataille préférés d’empires ennemis des Romains contre les envahisseurs de l’Est.

 

En 301, l’Arménie est le premier Etat à adopter officiellement le christianisme.

 

Puis l’Arménie tombe aux mains des envahisseurs musulmans. Libérés par les armées croisées, l’Arménie devient leur allié et retrouve quelques temps, entre 1180 et 1375, un territoire digne de son histoire. Ainsi, sous le règne de Léon II le Magnifique (1187-1219), la Petite Arménie (créée sur les territoires de Cilicie) est érigée en royaume feudataire du Saint-Empire romain germanique et reçoit une organisation analogue à celle des Etats latins d’Orient. Mais le royaume meurt en 1375 sous les attaques des Mamelucks. Le dernier roi arménien de Cilicie, léon VI de Lusignan meurt à Paris en 1393. Il est enterré à la basilique royale de Saint-Denis.

 

Pendant près de cinq siècles, l’Arménie devient l’enjeu de conflits entre les Ottomans et leurs ennemis. Les Arméniens ne sont reconnus que comme minorité religieuse.

 

Dans l'Empire ottoman, ils constituent, depuis 1461, l'Ermeni Millet (nation arménienne), sous la responsabilité du patriarcat de Constantinople, qui exerce des charges à la fois spirituelles et temporelles. Parmi les Arméniens de Constantinople se forme une petite oligarchie de financiers et de grands négociants, proche du pouvoir ; mais la majeure partie de la nation, les paysans et petits artisans des provinces de l'Est sont soumis, sur leurs terres, à l'arbitraire des gouverneurs et des grands propriétaires fonciers, ainsi qu'aux brigandages des tribus nomades kurdes.

 

L'oppression s'accentue au 19e siècle, avec la décadence de l'Empire et une évolution démographique défavorable aux chrétiens (installation de tribus kurdes et de réfugiés musulmans de Russie et des Balkans en Anatolie). Exactions fiscales, expropriations, pillages, viols, massacres provoquent de nombreux exodes. Après avoir attendu en vain l'aide de la papauté et des princes européens, les Arméniens reportent leurs espoirs de libération sur la Russie orthodoxe, qui s'étend au Caucase, aux dépens des Empires ottoman et persan.

 

Les provinces orientales de l’Arménie passent sous domination russes, après plusieurs traités dont ceux de Gulistan (1813) et d’Andrinople en 1829. Là, les Arméniens sont protégés – ils sont chrétiens orthodoxes comme les Russes. Ce n’est pas le cas des Arméniens occidentaux qui sont pourchassés et exterminés par les Ottomans en 1915.

 

Les Accords Sykes - Picot.

Les Accords Sykes - Picot.

Les accords, »Sykes-Picot ».

1915 : la guerre fait rage dans toute l’Europe et le Moyen-Orient. Les diplomates sont à la manœuvre avec une approche aussi vieille que le monde : et quand viendra la fin de la guerre que ferons-nous des territoires conquis ?

 

Le 16 mai 1916, faisant suite à un long travail préparatoire de plusieurs mois entre paul Cambon, ambassadeur de la République française à Londres et Sir Edward Grey, secrétaire d’Etat au Foreign Office, l’accord Sykes-Picot est conclu entre la France et le Royaume-Uni à Downing Street entre Sir Mark Sykes et François-Georges Picot. Cet accord prévoit à terme un découpage du Moyen-Orient, c’est-à-dire l’espace compris entre la mer Noire, la mer Méditerranée, la mer Rouge, l’océan Indien et la mer Caspienne, alors partie intégrante de l’Empire ottoman. La Russie tsariste et l’Italie approuvent.

 

En dépit des promesses d’indépendance faites aux Arabes, le Moyen-Orient est découpé en 5 zones :

 

  1. Zone bleue française : administration directe du Liban et de la Cilicie.
  2. Zone arabe A : zone d’influence française, comportant le nord de la Syrie et la province de Mossoul.
  3. Zone rouge britannique : administration directe du Koweït et de la Mésopotamie (Irak).
  4. Zone arabe B : zone d’influence britannique ; sud de la Syrie, plus Jordanie et la future Palestine mandataire.
  5. Zone brune : administration internationale pour Saint-Jean-D’acre, Haïfa et Jérusalem.

 

Mais les bolchéviks russes, au pouvoir en 1918, montrent ces accords au pouvoir ottoman qui les transmet au chérif Hussein de La Mecque. Les occidentaux doivent finalement faire machine arrière sur un certain nombre de points et finalement, en 1920, tout le monde se et d’accord à Sèvres, près de Paris.

 

Une république arménienne est proclamée, de même qu’un territoire kurde, la Syrie et le Liban passent sous administration française, tandis que la Jordanie, l’Irak, le Koweït. L’Empire ottoman, bientôt république turque, est réduite à quelques territoires sur la côte occidentale du Bosphore et l’Anatolie ouest et centrale.

 

Quelques années plus tard, la République arménienne est annexée par l’URSS, le territoire kurde n’a jamais été créé et la Turquie a récupéré tous les territoires pris par les Grecs.

 

 

Soldats de la Légion d'Orient.

Soldats de la Légion d'Orient.

La Légion d’Orient.

Un accord franco-arménien de 1916 établit la Légion arménienne : celle-ci consiste à monter une troupe de volontaires arméniens, associée à la Légion étrangère, pour combattre l’Empire ottoman.

 

Commandée par des officiers français, celle-ci est stationnée à Chypre et se compose de volontaires arméniens et syriens. Commandée par le commandant d’infanterie Louis Romieu, la légion est déployée en Palestine, où effectivement elle combat contre les troupes du Reich allemand et de l’Empire ottoman. Après ces victoires, la légion est envoyée dans le sud de l’Anatolie, autour des villes d’Adana et de Mersin.

 

Comme six siècles plus tôt, il est à nouveau question de créer un territoire arménien en Cilicie. Espoir de courte durée : en 1920, la France reconnait l’autorité turque sur cette région et dissous la Légion arménienne…

 

Chrétiens et musulmans en Orient : 3/3 - Période contemporaine.

Et depuis…

 

Et depuis, que d’événements… Les guerres sont moins meurtrières mais toujours aussi nombreuses. L’événement le plus important est la création de l’Etat d’Israël en 1948, qui a donné lieu à trois guerres (1948, 1967 et 1973). Les occidentaux sont partis. Certains pays arabes ont tenté de s’associer (Syrie, Irak, Egypte), en vain. L’invasion irakienne au Koweït a déclenché la Guerre du Golfe en 1990, suivie par l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003. La Palestine attend son Etat. Les « printemps » arabes ont bouleversé la donne politique dans plusieurs Etats (Tunisie, Libye, Egypte, Syrie). Et des groupes terroristes en ont profité pour se développer (Al Qaeda, Daech). L’Orient est toujours aussi compliqué. Une chose ne change pas : régulièrement, dans certains pays de cette zone géographique, des chrétiens, pourtant bien souvent présents sur ces territoires depuis des siècles et des siècles, sont pourchassés et éliminés parce que chrétiens.

 

 

 

 

Sources :

 

  • Merci à l’association des combattants arméniens, ANACRA, et son président du Comité d’Issy-les-Moulineaux, Monsieur Jacques TCHIRBACHIAN.
  • Archives de l’Anacra.
  • Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
  •  André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.
  • Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
  • Les troupes coloniales dans la Grande Guerre – L’Armée d’Afrique, par Léon Rodier.
  • L’Armée d’Afrique, Historama, n° 10, 1970.
  • Histoire de l’Armée française en Afrique, par Anthony Clayton, Ed. Albin Michel, 1994.
  • L’Armée d’Afrique, 1830-1962, par Robert Huré, 1830-1962, ED. Lavauzelle, 1977.
  • Henry Laurens, « Comment l’Empire ottoman fut dépecé », dans le Monde Diplomatique, Avril 2003.
  • Ecrits du lieutenant-colonel L’Hopitalier.
  • Annie Mahé et Jean-Pierre Mahé, L’Arménie à l’épreuve des siècles, Gallimard, 2005.
  • Gérard Chaliand et Yves Ternon, 1915, le génocide des Arméniens, Complexe, 2002.
  • Louis Bréhier, Vie et Mort de l’Empire Byzantin, Albin Michel, 2006.
  • Jean-Claude Cheynet, Le Monde byzantin, Armand Collin, 2001.
  • Richard Hovannisian, Armenia on the Road to Independence, 1967.
  • Arthur Beugnot, Histoire de la destruction du paganisme en Occident.

 

Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Portraits - Epopées - Associations

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