Le Bachaga Boualam.
Publié le 24 Septembre 2011
Sous la présidence de Jacques Chirac, le décret du 31 mars 2003 est promulgué ; il a pour titre : « Journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives ». Voici le texte de son article 1 : « Il est institué une Journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives en reconnaissance des sacrifices qu’ils ont consentis du fait de leur engagement au service de la France lors de la guerre d’Algérie. Cette journée est fixée au 25 septembre ».
Le 25 septembre 2011, la journée départementale d’hommage aux Harkis se déroulera une nouvelle fois à Issy-les-Moulineaux. Elle commencera par un dépôt de gerbes à la place Bachaga Boualam ; place inaugurée par M. André Santini en 1987.
Saïd Benaisse Boualam naît le 2 octobre 1906 à Souk Ahras, en Algérie, dans ce qui était alors le Constantinois. Enfant de troupe à Saint-Hippolyte-du-Fort puis à Montreuil-sur-Mer, entre 1919 et 1924, il gravit les grades de l’armée française et est nommé capitaine au 1er régiment de tirailleurs algériens. Il s’illustre pendant la Seconde Guerre mondiale, et est cité à deux reprises. Plus tard, il obtient les galons de colonel et reçoit le grade de commandeur de la Légion d’honneur, à titre militaire.
En 1956, alors bachaga (que l’on peut traduire par « haut dignitaire » ou chef de tribus), il devient chef de la harka de sa région. Une note de l’Etat-major de l’armée française définit une harka comme une formation militaire supplétive (le supplétif étant celui qui « complète » les effectifs d’une armée).
En 1958, lors de la Première législature de la Cinquième République, le Bachaga Boualam est élu député d’Orléansville (El-Asnam aujourd’hui), alors que l’Algérie est en guerre depuis 1954 (on parle d’événements à l’époque – selon les traités internationaux, la France ne pouvant se faire la guerre à elle-même). Le Bachaga Boualam est le symbole même de l’Algérie française, du moins de la bonne entente des musulmans avec les Pied Noirs et les Français de métropole. L’année suivante, il échappe de peu à un attentat. En juin 1960, il devient président du mouvement politique « Front de l’Algérie Française » (FAF), mouvement bien entendu anti-indépendantiste. Très rapidement, ce mouvement obtient près de 400.000 adhérents pour monter ensuite à un million. Trop dangereux pour les autorités, qui décident dès le mois de décembre suivant de le dissoudre.
Au cours de la guerre d’Algérie, le Bachage Boualam perdra dix-sept membres de sa famille. Il sera un emblème du drame des harkis, trouvant refuge en mai 1962 en Camargue. Vingt ans plus tard, le 8 février 1982, il rend son âme à Dieu, dans la petite commune de Mas-Thibert, près d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône.
Parmi ses décorations, il convient de citer la Légion d’honneur, la Croix de Guerre 1939-1945, la Croix de la Valeur militaire et la Croix du Combattant.
Par la suite, de nombreuses villes baptiseront une rue ou une place du nom du Bachaga Boualam : Aix-en-Provence, Arles, Cannes, Caen, Béziers, Nice, Nîmes, Perpignan, Sartrouville, Sète, Toulouse et bien entendu Issy-les-Moulineaux.
Sources :
- Bachaga Boualam " Les Harkis au service de la France" ; Editions France Empire, 1962.
- Nicolas d'Andoque "Guerre et Paix en Algérie. L'épopée silencieuse des SAS" ; Edité par SPL Société de Production Littéraire 10 rue du Regard 75006 Paris.
- Mohand Hamoumou " Et ils sont devenus Harkis " ; Editions Fayard 1991.
- Abd El Aziz Méliani "La France honteuse. Le drame des Harkis" ; Editions Perrin.
- Site internet de l’Assemblée Nationale : www.assemblee-nationale.fr
- Encyclopédie en ligne : www.wikipedia.fr
- Association Jeunes Pieds Noirs : http://jeunepiednoir.pagesperso-orange.fr