Honoré d'Estienne d'Orves.
Publié le 13 Avril 2015
Biographie.
Honoré d’Estienne-d’Orves naît à Verrières-le-Buisson, fief de sa famille maternelle, les Vilmorin (il était le cousin germain de Louise de Vilmorin). Sa famille paternelle (son père porte le titre de noblesse de comte), de vieille souche provençale est royaliste légitimiste ; il descend du général vendéen Charles d'Autichamp, et à la maison le drapeau blanc est, comme chez les Hauteclocque d’ailleurs, de rigueur.
Il entre, en 1910, au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, puis rejoint Louis-le-Grand en 1919 pour préparer le concours d'entrée à l'École polytechnique, où il entre en 1921. Parallèlement, il participe au groupement confessionnel catholique des Équipes sociales de Robert Garric. Lycéen proche de l'Action française, il abandonne la politique en entrant à Polytechnique.
Sorti de cette école en 1923, Honoré d'Estienne d'Orves s'engage dans la marine, élève officier à l'École navale. Il participe à la campagne d'application à bord du croiseur école Jeanne d'Arc. En 1929, il épouse Éliane de Lorgeril, descendante de Louis de Lorgeril, maire de Rennes, avec qui il aura cinq enfants.
Pendant quelques mois, il va habiter avec sa famille dans une rue de la ville d’Issy-les-Moulineaux, rue qui porte aujourd’hui son nom et qui assure une jonction entre la rue du gouverneur général Eboué et le boulevard Gallieni.
Lieutenant de vaisseau à partir de 1930, il est affecté en décembre 1939 à bord du croiseur lourd Duquesne, en tant qu'officier d'ordonnance de l'amiral Godfroy, commandant la Force X. Cette escadre se trouvant internée à Alexandrie au moment de l'armistice du 17 juin 1940, d'Estienne d'Orves ne se satisfait pas de l'inaction à laquelle il est contraint.
Au nom de la France Libre.
Ne pouvant se faire à l’idée que sa patrie vaincue accepte la défaite, Honoré d’Estienne d’Orves constitue un groupe de marins et d’officiers, prend le nom de « Chateauvieux » (du nom de l’une de ses aïeules) et entre en contact avec les autorités de la France Libre.
Il quitte Aden avec son groupe et après un interminable voyage de deux mois autour de l’Afrique, rejoint le général de Gaulle à Londres le 27 septembre 1940. Sur place, il rencontre l’amiral Muselier mais ne trouve pas d’emploi convenant à l’activité dont il déborde. Promu capitaine de corvette le 1er octobre 1940, le poste de chef du 2e Bureau de l’Etat-major des Forces navales françaises libres (FNFL) lui est offert ; il l’accepte et remplace le commandant Passy à la tête du Service de Renseignement de la France Libre en attendant mieux ; mais il ne tarde pas à solliciter la faveur de passer en France pour y organiser un réseau de renseignements.
Ayant convaincu le général de Gaulle, d’abord réticent, de monter une liaison avec la France et de développer et coordonner le réseau embryonnaire qui a pour nom de code Nemrod et qui a vu le jour à l’initiative de Jan Doornik et Maurice Barlier dès septembre 1940, il est affecté dans ce but à l’amirauté britannique à partir du 15 septembre 1940.
Il embarque, à Newlyn, le 21 décembre 1940, sous le pseudonyme de « Jean-Pierre Girard », avec un radiotélégraphiste, Georges Marty, sur un bateau de pêche, la Marie-Louise, à destination de Plogoff. Installé chez les Clément, à Chantenay-sur-Loire, près de Nantes. Parfaitement aidé dans ses déplacements par Maurice Barlier, il rayonne à travers toute la Bretagne et ne tarde pas à mettre sur pied l’organisation précise du réseau. Il transmet en outre des renseignements capitaux sur les défenses côtières allemandes, les sous-marins, les aérodromes et les dépôts d’essence de la région nantaise.
La trahison de Marty.
Du 6 au 9 janvier, il se rend à Paris pour organiser un second réseau. Il rencontre Jan Doornik et de nombreuses personnalités. De retour à Nantes, le 20 janvier, il se réinstalle chez les Clément. Ceux-ci ont mis leur maison à son entière disposition, et lui font part de leur inquiétude au sujet du comportement suspect de Marty. Honoré d’Estienne d’Orves décide alors de renvoyer son radio à l’occasion du prochain voyage à Londres. Mais il est déjà trop tard. Le 22, les Allemands envahissent la demeure. Après avoir résisté, d’Estienne d’Orves, le visage en sang, est menotté et conduit avec ses compagnons à Angers. La trahison de Marty permet également aux Allemands d’arrêter Barlier, Doornik et l’ensemble du réseau, au total 26 personnes. Le 24 janvier, les inculpés sont dirigés sur Berlin puis brusquement ramenés à Paris, à la prison du Cherche-Midi.
Le procès commence le 13 mai. Honoré d’Estienne d’Orves et ses compagnons sont tous condamnés à mort puis transférés à Fresnes.
Fusillé au Mont Valérien.
Au même moment, alors que l’Allemagne nazie et l’URSS avaient conclu un pacte de non-agression, la première décide d’envahir la seconde. Au métro Barbès, le 21 août 1941, un résistant communiste, Pierre Georges – le futur colonel Fabien – abat l’aspirant d’intendance Moser. Le lendemain, les Allemands promulguent une ordonnance transformant les prisonniers français en otages. Cent otages seront alors fusillés. Le 29 août, dans la clairière du Mont Valérien, Honoré d’Estienne d’Orves, Maurice Barlier, Jan Doornik, sont passés par les armes.
D’Estienne d’Orves a laissé un journal où il exalte sa foi patriotique et sa ferveur religieuse, ainsi que des lettres émouvantes à sa famille.
Ses enfants seront récupérés par des camarades de l'X, dont Jean Freysselinard, gendre du président Albert Lebrun, installé à Vizille (Isère).
Décorations.
- Chevalier de la Légion d'honneur
- Compagnon de la Libération - décret du 30 octobre 1944, à titre posthume
- Officier du Ouissam alaouite du Royaume du Maroc
- Officier de l'ordre « Pour la couronne » de Roumanie
- Officier du Mérite militaire bulgare
- Chevalier de l'Épi d'Or de Chine
Sources :
Ce texte a été pour partie repris depuis le site de l’Ordre de la Libération ; les autres sources étant les suivantes :
- Encyclopédie Wikipédia.
- Encyclopédie Larousse.
- Etienne de Montéty, Honoré d’Estienne d’Orves : un héros français, Perrin, 2001.
- Pierre de Bénouville, La Vie exemplaire d’Estienne d’Orves, Ed. de Crémille, 1970.
- Georges Caitucoli, Dictionnaire de la France Libre, Robert Laffont, 2010.