Publié le 5 Mars 2008

 

« Les Années 1930, ça me connaît : je suis né en 30 ! Il faut imaginer Issy comme une ville sur sa colline avec en contrebas Les Moulineaux et Paris. Car il y avait deux communes, bien distinctes, séparées par une droite partant de la Porte de Versailles (la rue Renan) jusqu’au quartier de la Ferme (avenue de Verdun aujourd’hui). D’un côté, Issy, ses moulins et la colline ; de l’autre, Les Moulineaux, ses usines, la Seine et ses maraîchers. Une partie des Moulineaux était une plaine alluviale. Ernest Richard, mon arrière-grand-père maternel, a connu la grande crue de 1910, où l’eau arrivait jusqu’à la mairie actuelle ! D’ailleurs les caves du bâtiment étaient inondées et, rue Charlot, l’eau était montée à trois mètres au-dessus du sol. 

 

 

 

Il me reste des souvenirs des ces années-là. Ceux que j’ai vécu ; ceux racontés par Ernest Richard, mort en 1942, et qui lui, avait fait la Guerre de 1870-1871 à Issy. Nous sommes isséens depuis six générations ; je ne suis pas sûr que beaucoup de familles de la ville puissent en dire autant. 

Je me souviens. Je me souviens des travaux du métro, qui envahirent la ville pendant près de deux années pour faire la ligne et les stations. La ligne, d’ailleurs, allait jusqu’à La Ferme. Car il y avait une véritable ferme, et nous y allions nous ravitailler de toutes sortes de produits. Les souterrains du métro devaient même aller jusqu’à Meudon, pour garer les trains sous la colline. Mais pour cela, il fallait quitter le département de la Seine pour entrer en Seine et Oise. Et la politique s’en est mêlée… 

En tant qu’égoutier, j’ai passé ma vie dans les tunnels, les souterrains. Paris et ses sous-sols, c’est du « par cœur » pour moi. A Issy, il y en avait beaucoup aussi : adolescent, j’entrais par une ouverture, située sous le perron de la maison de Victor Hugo (en bas de la rue de la Glacière) et nous allions jouer avec des copains. L’un des souterrains partait du château des Conti, passait entre l’actuel Hôpital Suisse et le Petit Séminaire, pour ensuite sortir à l’hôpital de Vaugirard, dans Paris. 

La mairie s’est installée en 1895 dans l’ancienne maison des champs du financier Beaujon. Au cours du 19ème siècle, le bâtiment abritait un établissement d’éducation, géré par des religieuses, pour jeunes filles de l’aristocratie – le Couvent des Oiseaux. Au moment de cette installation, des travaux de démolition des murs de clôture du couvent furent entrepris et on retrouva une quantité de squelettes d’enfants aux pieds du mur nord (sous l’actuelle station d’autobus). L’affaire fit grand bruit. Des jeunes filles de bonnes familles, vous pensez… 

La ville de Paris était entourée d’enceintes de pierres et de briques rouges. En ces années-là, elles furent démolies et les matériaux servirent à construire des logements, qui sont devenus par la suite les fameux HLM de Paris en brique rouge. Des écoles également furent construites. Il y avait aussi des fossés : ils furent comblés par la terre sortie des travaux des lignes du métro. 

Issy et Les Moulineaux, c’étaient deux villes ouvrières avec des chevaux, donc des abreuvoirs (l’un d’eux se situait place de la Fontaine), des charrettes. Les chevaux étaient souvent destinés à travailler pour les briqueteries de Clamart. Pour emprunter le pont qui reliait la terre ferme à l’Ile Saint-Germain, il fallait passer par un péage. Des villes avec des commerçants, des artisans, des bottiers, des maréchaux-ferrants, des cordonniers… A la porte de Versailles, se trouvait l’Octroi (toutes les marchandises qui entraient dans Paris devaient régler une redevance). Précisément, il se trouvait dans l’actuelle rue Jeanne d’Arc. Et puis, il y avait de grandes usines : la Société anonyme des Publications Périodiques ; la Brasserie des Moulineaux (près de 120 personnes fabriquaient de la bière) ; la Française des Munitions (Etablissement Gévelot) ; la Blanchisserie de Grenelle ; la Manufacture des Tabacs… 

Il y avait aussi un tramway, qui peu à peu fut abandonné. Il allait de la Ferme jusqu’au jardin du Luxembourg. Les rails furent rapidement retirés car les vélos coinçaient leurs roues dedans. 

Je me souviens de 1936. Après les années difficiles de la Grande Crise de 1929, 1936 marquait l’amorce d’une reprise économique. Mais c’était surtout la libération des ouvriers ! Au mois d’avril, le Front Populaire remporta les élections législatives. Maurice Thorez appela à l’union des ouvriers contre les « 200 familles » (c’est du moins ce que racontaient mes parents). A la Maison du Peuple (actuel PACI), Thorez souvent venait haranguer la foule depuis le balcon. En face, il y avait une biscuiterie. Ma famille participa aux manifestations dans Les Moulineaux. La police envoya la Garde républicaine pour réprimer le mouvement. Nous qui étions de petits gosses, on pouvait facilement s’approcher des cavaliers. Des gars nous donnaient des billes qu’il fallait lancer sous les sabots des chevaux pour les faire tomber. Et gare à celui qui passait entre les mains ennemies : le cavalier se faisait égorger ! Il faut aussi dire que la Garde républicaine chargeait sabre au clair et il n’y avait pas de discussions possibles. 

Mes parents et moi habitions rue de la Glacière. Le nom vient de la présence des anciens puits à glace du château Conti. Ils étaient astucieusement faits de briques revêtues d’argile. A l’intérieur, il y faisait toujours frais. Quand il gelait, on allait chercher de la glace sur les berges de la Seine et on remplissait les puits. Le système était particulièrement ingénieux car en plaçant de la glace en janvier ou en février, on pouvait l’utiliser jusqu’en juin ! 

En semaine, nous allions à l’école Voltaire. Bien entendu, il y avait une école des garçons (à côté de l’actuel restaurant McDonald) et l’école des filles (en face – elle a été démolie en 2001-2002). Les classes pouvaient comporter jusqu’à 50 élèves ; on travaillait sur des grandes tables et quand il n’y avait plus de places, on mettait des planches pour relier les tables. Par ailleurs, de nombreux jeunes garçons fréquentaient Saint-Nicolas. A ce sujet, il me semble important de souligner que, plus tard, sous l’Occupation, des Frères de Saint-Nicolas ont caché des enfants juifs. Moi qui étais en ses murs entre 1940 et 1942, j’ai bien connu plusieurs dizaines d’enfants cachés. 

J’ajoute qu’au sein même de ma famille, j’ai eu plusieurs « frères » officieux jusqu’en 1944. 

On s’amusait quand même. Le dimanche, quand c’était la saison, on allait chaparder des raisins dans les vignes, vers les carrières. Et la grande sortie était d’aller aux Champs de Manœuvres et voir les avions. Il y avait des parades aériennes, des départs de courses, des démonstrations de dirigeables ou de montgolfières. Les pilotes étaient de vraies vedettes : Antoine de Saint-Exupéry, par exemple. Et on évoquait le souvenir des As de la Première Guerre mondiale ou des pionniers comme Santos-Dumont et Mermoz. Dans les fossés de Paris, avant qu’ils soient comblés, on allait à la pêche à la grenouille. Enfin, il y avait quatre cinémas : un à la Ferme, le deuxième à la place de l’immeuble qui a été repris par les services techniques de l’ambassade de Chine, le troisième dans la descente de la rue Jean Jaurès et le quatrième sur la place de Corentin Celton. 

Et puis sont arrivées les « années terribles » : 1940 et l’invasion des soldats SS. Et là, c’est une autre histoire.»

 

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Rédigé par Frédéric-Edmond RIGNAULT

Publié dans #Issy d'antan

Publié le 17 Février 2008

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Comme chaque année, le Comité d’Issy-les-Moulineaux participera aux commémorations de la bataille de Verdun. Celles-ci se dérouleront le samedi 23 février 2008, entre autres, au monument aux Morts pour la France du square Bonaventure Luca.

Sur ce monument figure le nom d’Adrien Patry, mort à Verdun le 13 mars 1916. 

Adrien Patry appartenait au 16ème bataillon de Chasseurs à pied, régiment d’élite, créé en 1854 à Grenoble. Il participe aussitôt à la guerre de Crimée (1854-1856) puis à l’expédition de Syrie (1860) et la campagne d’Algérie (1864-1866). Pendant la guerre de 1870, il se distingue à nouveau. 

A l’occasion de la Première Guerre mondiale, le "16", sous le commandement du Chef de bataillon Cheneble, est envoyé sur le terrain de la bataille de la Marne ; par la suite, il part pour la Belgique, pour prendre à l’ennemi une position essentielle : Ramscapelle. En 1915, c’est l’Argonne et l’attaque de l’Auberive, où le régiment est décimé. L’année suivante, le "16" est engagé dans la bataille de Verdun. C’est là qu’Adrien Patry tombe pour la France. Les combats se déroulent d’abord sur la rive droite de la Meuse, à Froideterre, Thiaumont puis sur la rive gauche dans les secteurs de Chattancourt et du Mort-Homme. Comme si cela n’était pas suffisant, le régiment est ensuite envoyé dans la Somme, pour prêter main-forte à l’Armée anglaise dans l’offensive de la Somme. 

En 1917, le 16ème BCP est affecté à Berr-au-Bac puis de nouveau à Verdun où il reçoit sa 4ème Citation à l’Ordre de l’Armée (7 citations au total ce qui lui vaut de porter – fait rarissime – la fourragère aux couleurs de la Légion d’Honneur). En 1918, le "16" est engagé dans les Ardennes, en Lorraine et en Champagne. 

Le "16" se distinguera également pendant le Seconde Guerre mondiale ; depuis, les actions se sont multipliées pour lui : Bosnie, Liban, Kosovo, Côté d’Ivoire, Guyane, Afghanistan, Centrafrique. 

La devise du 16ème BCP vient de ses Anciens de 14-18 : « 16ème Bataillon de Chasseurs à pied, 16ème bataillon d’acier ! ». 



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Publié le 12 Février 2008

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« En 1943, j’ai traversé l’Espagne comme des dizaines de milliers d’autres jeunes Français (il n’y avait que deux conditions ; d’abord, savoir marcher en montant ; cause : les Pyrénées ; la seconde : ne pas se faire piquer par les Allemands ; cause : l’Occupation). A Alger, après Gibraltar, j’ai refusé de partir aux USA pour compléter une formation de pilote et, étant arrivé, j’ai demandé l’unité para la plus proche. 

Et c’est ainsi que j’ai atterri à Staouéli, à l’ouest d’Alger, au Bataillon de Choc du cher commandant Fernand Gambiez. Mais, manque de chance, ledit Bataillon venait de terminer son stage de transformation parachutiste. Et voilà pourquoi de fil en aiguille, à la tête de la 3ème section de la 3ème compagnie (les meilleurs…), j’ai « fait » trois débarquements en petits bateaux (LCI ou LCA) : la Corse en 1943 ; l’Ile d’Elbe et la Provence en 1944. 

Quand, en 1945, après quelques blessures, j’ai rejoint mon « alma mater », l’Armée de l’Air, je n’avais toujours pas sauté en parachute. Ceci devint une obsession, un regret forcément lancinant, d’autant qu’en 1959, en Algérie, je fus officier « Air » d’une glorieuse unité para : la 10ème D.P. des généraux Gracieux puis Saint-Hillier. 

Voilà pourquoi, ayant acquis avec mes étoiles de brigadier une plus grande liberté d’action, j’ai demandé à sauter vers 1975. Compte-tenu de mes blessures aux jambes, les toubibs dirent « au fou », jusqu’à ce que, lassé, un chef-toubib finit par déclarer : « Il veut sauter ? Qu’il saute ! ». Ce que je fis. 

Je le fis naturellement avec mes camarades des Commandos de l’Air, à Nîmes (salut au capitaine Ciappa). Nous sautions à partir d’un « Broussard » et j’aimais beaucoup cela, être assis par terre, les jambes à l’air avant de se balancer. Aussi, un jour de 1977, je participai à Avignon à un rassemblement para, devant le Chef d’état-major de l’Armée de l’Air de l’époque, le général Maurice Saint-Cricq, mon ami. Seulement voilà, à l’arrivée au sol, je sentis et entendis un « crac », à droite. Disons-le tout de suite, c’était la « bi-malléolaire » (sous-entendu la fracture) et deux mois de plâtre. Et mon chef vénéré vint alors vers moi : « Je te l’avais bien dit que tu jouais au c.. ». Et comme l’a dit un autre général, jaloux : « Ces trucs-là, faut les réussir ou s’abstenir ».

 Quel dommage. C’était le 4ème saut, pas le 5ème, qui lui m’aurait permis d’avoir droit à la plaque souvenir.
C’est alors que je me suis rappelé m’être éjecté d’un Mystère IV en vrille que je ne parvenais pas à arrêter. J’étais pilote d’essais chez Monsieur Marcel Dassault, avant les « Mirages » et toute la série. C’était vingt ans avant, en 1955. J’ai dit cela à mes camarades de l’Armée de Terre : « 4 + 1 : ça fait 5 ! ». Ils ont condescendu à l’admettre. Et c’est ainsi que l’insigne de parachutiste est aujourd’hui en bonne place dans ma bibliothèque.

 

Vive les paras !

 

Général Roland Glavany

Grand Croix de la Légion d’Honneur. »




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Publié le 3 Février 2008


 

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Jacques Vignaud (en haut – 2ème à partir dr.) et ses camarades du 93ème R.I.


Novembre 2007, rue Foucher Leppeltier à Issy-les-Moulineaux. Nous rencontrons Jacques Vignaud, directeur commercial à la retraite (monde de l’édition). Sous le regard apaisant de statues de Bouddha – Madame Vignaud est d’origine thaïlandaise – Jacques Vignaud entreprend le récit de son engagement de 1944.

« Je pense souvent à ce mot de Maurice Druon : « Ce sont cent mille jeunes pouilleux qui, en se levant spontanément, ont sauvé l’honneur de la France ». J’avais à peine 18 ans en 1944 et pour moi l’engagement était évident. Mais comment faire ? En fait, tout s’est déroulé le plus naturellement possible. Un après-midi d’août 1944, alors que nous nous baignions dans un petit village de ma Vendée natale – à Pilorge – deux des plus âgés de notre bande d’adolescents nous disent qu’ils ne rentreront pas chez eux le soir. Ils nous demandent de les suivre et de prendre le maquis. C’est l’enthousiasme général. Le temps d’écrire un mot à nos parents, et avec notre sac de plage pour tout bagage, nous quittons le village, laissant le plus jeune garçon chargé de distribuer nos mots d’adieux !

 

Nous partons pour la forêt de Mervent, en Vendée. L’attente est interminable. Tout à coup, nous voyons un camion se rapprocher. Nos aînés nous demandent la plus grande discrétion. Certains ont peur : « Et si c’était un piège ? ». Le camion est proche maintenant. Il s’arrête. Une bâche se soulève. Et apparaissent des parachutistes en uniforme, casqués et solidement armés. Nous apprenons qu’ils font parties des fameux SAS britanniques. Nous sommes conquis ! Pour nous, qui ne connaissions que les uniformes de la Wehrmacht, la SS et les Gardes Mobiles de Réserve – à la solde de Vichy – l’apparition relève du merveilleux. Notre liberté commence.

 

Nous sommes transportés dans un manoir, proche de la commune de la Chapelle aux Lys. Les parachutistes nous habillent, expliquent le retrait des troupes allemandes dans les ports de l’Atlantique, forteresses puissamment armées. Il s’agit de créer des actions de sabotage et d’embuscade afin d’harceler les regroupements des unités ennemies.

 

Mes premières missions sont assez simples. A vélo, je dois reconnaître les environs et rechercher des lieux d’approvisionnement en carburant. Les repérages faits, les réquisitions peuvent commencer.
Quelques jours plus tard, une section régionale des Gardes Mobiles de Réserve obtient son ralliement à notre unité de Français Libres. La situation est cocasse : ceux pour qui nous étions encore des « terroristes » peu de temps avant, viennent nous congratuler et nous féliciter de notre engagement. Les effectifs sont tels que plusieurs groupes sont formés. En récompense de m’être vanté d’avoir déjà conduit un camion, j’obtiens le volant d’un Citroën 11 CV ! Sur la route, avec les conseils d’anciens, j’achève mon « école de conduite ».

Notre groupe se dirige vers Marans (Charente-Maritime). Là, nous intégrons le 93ème régiment d’Infanterie – le régiment des Vendéens – et prenons position. L’une des caractéristiques de l’armée est bien la discipline. Mais pour nous, qui débordons de vitalité, pas question d’attendre. Avec un de mes camarades, nous quittons notre poste et nous dirigeons dans le no man’s land. A quelques kilomètres, les forces allemandes ont placé des unités chargées de protéger le repli vers ce qui devient la « poche » de La Rochelle. Nous marchons depuis un moment, quand nous tombons sur deux soldats de la Wehrmacht. Nous les mettons en joue. Ils n’opposent aucune résistance, lèvent les bras et hurlent qu’ils sont autrichiens, qu’ils n’ont rien à voir, avec « cet Hitler ». Nous qui pensions recevoir des félicitations à notre retour, prenons une engueulade sévère de notre commandant de poste, pour avoir pris des initiatives sans ordres précis.

 

Nous sommes mutés dans l’unité du lieutenant Gayard, qui dirige la 2ème compagnie du 93ème R.I. Le chef de poste, l’adjudant Denis, nous donne l’ordre aussitôt d’attaquer des éléments avancés, proches de notre campement de la ferme dite La Prée. Nous sommes quatre, et, en nous dissimulant d’arbre en arbre, nous progressons jusqu’à ce que nous parvenions en vue des ennemis. A ce moment-là, je mets mon fusil-mitrailleur en position de tir, et le pourvoyeur prépare les chargeurs pour son alimentation. Nous sommes tous les quatre allongés sur le sol, bien dissimulés dans l’herbe, aux pieds de grands arbres. Lors de la visée, j’aperçois distinctement les uniformes de la Wehrmacht autour du poste. L’adjudant donne l’ordre : « Feu » ! Je tire et je vide en rafales plusieurs chargeurs, jusqu’à ce que nous constations que le canon du fusil mitrailleur est devenu rouge ! Dès le début de notre attaque, les Allemands se sont couchés. Mais ils se ressaisissent et nous devons nous replier sous les rafales de leurs mitrailleuses.

 

Fort de ce fait d’armes, le soldat Baugé et moi-même, obtenons une permission d’une journée que nous passons dans la petite ville de Marans. Juste le temps nécessaire pour que les Allemands attaquent notre ferme… Nos camarades ont pu s’enfuir sans pertes. Alors, avec Baugé, nous nous installons dans une nouvelle ferme, assez proche, au lieu-dit Saint-Léonard. Là, grâce aux animaux d’élevage et la gentillesse des paysans, nous pouvons voir venir.

 

Le 15 janvier 1945, par un froid sibérien, les Allemands attaquent tous nos postes. Il s’agit pour eux de se procurer du ravitaillement. Nos forces se battent avec courage. Les pertes sont nombreuses. Toutes les fermes sont prises d’assaut. Avec Baugé, nous devons, une fois de plus, reculer face à un ennemi bien plus puissant que nos mitraillettes légères. Dans notre retraite, nous croisons des compagnons d’infortune. C’est à cinq, que, pour échapper aux balles ennemies, nous décidons de traverser le canal de Marans à la Rochelle, en empruntant la passerelle d’une petite retenue d’eau. Sous les tirs intenses, nous devons descendre dans le marais. Les tirs continuent. Alors, nous brisons la glace et nous nous enfonçons dans l’eau profonde. Persuadés que le froid nous emportera, les Allemands se replient. Leur approvisionnement est bien plus important que cinq pauvres jeunes gars.

 

Nous devons nous sauver. Et vite, car en plus l’un de mes camarades a reçu une balle dans le pied. Pour cela, nous faisons deux groupes : deux vont partir avec le blessé et se rendre aux ennemis ; avec Baugé, nous décidons de poursuivre notre retraite. Nous devons traverser à nouveau un canal. La glace, qui semblait épaisse, cède en plusieurs endroits. Nous voilà trempés jusqu’aux os. Il est très clair que nous ne pouvons, sans risque grave, rester des heures dans cette situation. Nous nous dirigeons vers une maison isolée. Après avoir brisé un volet, nous accédons aux chambres du premier étage et nous empruntons des serviettes et quelques vêtements. Enfin, nous allons pouvoir dormir…

 

Mais dès notre réveil, nous entendons distinctement des voix qui semblent être toutes proches. En examinant plus attentivement, nous découvrons avec horreur qu’un poste de garde composé de plusieurs soldats allemands s’est installé dans la nuit. L’un d’eux s’approche. C’est certain : il va découvrir les vêtements boueux que nous avons laissé dans la cuisine. Nous allons être pris. De fait : les soldats pénètrent dans la maison. Nous entendons leur progression. Se battre ne servirait à rien, nos armes ont été perdues pendant la traversée du canal. Alors, levant les bras bien haut, il ne nous reste plus d’à nous rendre.

 

Les Allemands nous emmènent jusqu’à Marans ; de là, nous montons dans un train blindé en direction de La Rochelle. Comme des centaines de nos compatriotes, nous voilà prisonniers dans la caserne Renaudin. Dès l’instant où je rentre dans la cellule, ma conviction est faite : me sortir d’ici au plus vite. Certains des nôtres préfèrent ne pas bouger, la victoire finale étant proche. Ils n’ont pas torts. Pour autant, pas question de se laisser faire.

 

La caserne Renaudin est presque entièrement désaffectée ; seul notre étage – le premier – est occupé. Nous nous apercevons qu’un véritable dédale de couloirs compose le bâtiment. L’un d’eux donne sur le mur de notre cellule. Il suffirait de percer ce mur – qui semble bien avoir été ajouté – pour sortir. Nous utilisons les toilettes pour évacuer les gravats. Tout le monde s’y met : les soixante-trois prisonniers de notre grande cellule vont tour à tour nous aider – nous sommes une dizaine bien décidés à nous faire la belle – à faire disparaître les preuves de nos travaux. Du côté allemand, l’encadrement officier et sous-officier, conscient de l’infériorité du moral de ses troupes, tente de compenser cette faiblesse par des manifestations d’autoritarisme excessives et spectaculaires, pour impressionner. Nous recevons à n’importe quel moment du jour et de la nuit des visites. Parfois, ils sont imbibés de cognac et de pineau… « J’ai donné l’ordre de tirer sur les prisonniers qui tenteront de s’évader et vous serez fusillés ! ». Mais l’espoir a changé de camp.

 

La date de l’évasion est fixée au 12 février 1945. En fin d’après-midi, alors que la nuit commence à tomber, nous passons par le trou que nous avons creusé ; nous descendons en bas de l’escalier et parvenons, sans trop de soucis, jusque dans la cour. Il nous faut maintenant la franchir et parvenir de l’autre côté, vers les fameuses toilettes. Ça ne sent pas bon, mais jamais cette odeur ne nous a paru si opportune. Le mur d’enceinte s’offre à nous. Nous devons, pour l’escalader et descendre de l’autre côté, attendre que le faisceau du projecteur et que le gardien avec son chien soient loin. Au moment opportun, nous sautons à l’extérieur. Pour autant, rien n’est encore joué. Il faut maintenant traverser la ville et nous rendre à notre point de rencontre : une maison dont un gardien nous a donné la clé, cachée dans une boule de pain. Dans une rue de La Rochelle, nous croisons une patrouille allemande. La chance est avec nous. Il ne s’agit que de « pépés » débonnaires, qui n’ont certainement pas envie de se créer des problèmes. Nous nous rendons dans la maison afin d’y passer la nuit. Au petit jour, des Résistants viennent nous chercher ; nous montons sur un bateau pour être exfiltrés vers l’île d’Aix. Puis ce sera Fouras et Rochefort.

 

C’en est terminé de notre guerre. Bientôt les Allemands se rendent en masse. Notre joie est indescriptible. Pourtant. Ombres funestes. Je pense à tous nos camarades qui n’ont pas eu notre chance, qui se sont battus et ont été tués, qui se sont fait prendre, alors que la liberté s’offrait à eux. Ainsi, je pense particulièrement Paul Couzinet, Joseph Martin et Paul Rolland, qui ont été arrêtés alors qu’ils étaient au rez-de-chaussée de la caserne et que les premières évasions venaient d’être découvertes. Ils ont été lâchement abattus par la soldatesque ennemie et c’est un crime impardonnable. Nos combats sont demeurés au second plan, inconnus. Mais cela n’est ni tout à juste ni tout à fait bon. Le Devoir de Mémoire est indispensable si l’on veut que nos jeunes disposent encore aujourd’hui du patrimoine national que nous avons contribué à reconquérir. »

 

 

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Publié le 30 Janvier 2008

 

Le carré militaire du cimetière d’Issy-les-Moulineaux est particulièrement important. Non pas que tous les natifs de la ville ayant donné leur vie pour la Patrie – plus de 1.500 soldats – y soient enterrés, mais parce qu’à l’occasion de la Première Guerre mondiale, l’Institut Saint-Nicolas servit d’hôpital militaire.L’Institut Saint-Nicolas a été créé en 1827 par l’abbé Bervanger (à l’époque l’établissement a le nom d’Œuvre de Saint-Nicolas) pour « l’instruction des jeunes garçons pauvres et délaissés ». Cette instruction est à la fois primaire et professionnelle et se double d’une instruction religieuse. L’institut se développe d’abord à Paris, dans le quartier de Vaugirard, puis dans les communes d’Issy, d’Igny et Passy Buzenval, comptant jusqu’à 2.500 élèves au début du 20ème siècle. 

 

L’arrivée à Issy remonte à 1843 : Saint-Nicolas s’installe d’abord dans l’ancien « Petit logis de Vaudétard » dont elle démolit les bâtiments en 1893 pour les remplacer par d’autres, plus fonctionnels.

 Aidé dans un premier temps par le vicomte Victor de Noailles, l’abbé de Bervanger obtient le soutien de l’archevêque de Paris, le cardinal Morlot. Le 27 août 1859, un décret impérial reconnaît l’Œuvre de Saint-Nicolas de Paris d’utilité publique. De ce fait, l’établissement se développe considérablement. Cet élan est stoppé par la Première Guerre mondiale : Saint-Nicolas est transformé en hôpital militaire (il le sera à nouveau pendant le second conflit mondial). 

Pendant 1914-1918, l’hôpital temporaire Saint-Nicolas accueille de nombreux blessés venant de toutes les parties du Front. Beaucoup de soldats ne survivent pas à leurs blessures. Pendant les quatre années du conflit, ce sont 507 hommes – dont quelques femmes, principalement infirmières – qui sont enterrés dans le cimetière communal : 191 dans le caveau collectif et 316 dans le Carré militaire. Quelques tombes sont insolites : un soldat belge ; un soldat russe ; des soldat-ouvriers de l’Empire colonial… 

Chaque année, les honneurs militaires leur sont rendus par les membres de la municipalité, les anciens combattants et une délégation militaire, généralement composée d’unités parrainées par la ville d’Issy-les-Moulineaux. 

Le carré militaire est ouvert toute l’année et visible par tous et de nombreuses cérémonies s‘y déroulent : 8 mai ; 11 novembre ; Journée des Déportés ; Cessez-le-feu en Algérie ; Libération de la ville… 

 

 

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Publié le 21 Janvier 2008

Le 12 novembre 2007, le Souvenir Français a assisté à la conférence organisée par la municipalité d’Issy-les-Moulineaux sur le soldat d’Indochine. La conférence était animée par Michel Bodin, docteur d’Etat en Sorbonne, auteur de l’ouvrage de bibliophilie en deux volumes « Indochine des Français » et « Indochine : la déchirure » et par Michel Anfrol, journaliste.
De nombreuses personnalités étaient présentes, comme Madame le général Valérie André, Madame Geneviève de Galard, infirmière du camp de Diên Biên Phu, Monsieur André Santini, ainsi que les représentants des associations des Anciens combattants et des combattants de l’Indochine française.


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De gauche à droite : Michel Bodin, Michel Anfrol, Geneviève de Galard, André Santini, Valérie André.

 

Le Corps Expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) est le nom de la force des armées françaises envoyées en Indochine, initialement pour combattre les Japonais mais qui ne sera déployée qu’après l’armistice de 1945 et participera surtout à la guerre d’Indochine.
En 1954, dernière année de cette guerre, le Corps Expéditionnaire comptait 235.000 hommes, répartis entre 13.800 légionnaires et 221.200 soldats de diverses origines : Métropolitains, Nord-africains, Africains, Indochinois. Soldats souvent oubliés d’une guerre qui n’est commémorée que depuis 2005, la date retenue étant le 8 juin.
Cette date correspond au jour de l’inhumation du soldat inconnu d’Indochine à la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette, dans le Pas-de-Calais, en 1980.
La guerre d’Indochine fut très éprouvante pour les soldats, qui n’étaient pas tous volontaires, contrairement à une idée reçue : les soldats étaient considérés comme volontaires car ils s’étaient engagés volontairement pour l’Armée, et pas forcément pour aller combattre en Indochine. Il y eut rapidement une crise des effectifs et de ce fait, le temps de présence sur les lieux des opérations passa de 24 à 27 mois. Beaucoup de soldats effectuèrent d’ailleurs plusieurs séjours.
D’après les travaux de Michel Bodin, les soldats étaient majoritairement d’origine modeste, souvent sans diplômes et sans qualification, venant principalement des campagnes (les régions ayant données le plus de soldats pour l’Indochine étant le Grand Ouest, le Grand Est, le Nord et la Corse). Pour autant, fit remarquer le conférencier, le sentiment national et l’attachement au drapeau étaient très vivaces.
Dans une certaine indifférence, et l’hostilité de partis politiques, comme le Parti communiste français, 40.000 militaires du Corps Expéditionnaire perdirent la vie au cours des neuf années de la Guerre d’Indochine. 
Retrouvez les photographies de l’événement dans l’album intitulé : « 12 novembre 2007 – Soldat d’Indochine. »

 

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Rédigé par Frédéric-Edmond RIGNAULT

Publié dans #Indochine

Publié le 6 Janvier 2008

Octobre 2007, rue Foucher Leppeltier à Issy-les-Moulineaux. Nous rencontrons Jacques Vignaud, directeur commercial dans le monde de l’édition,  à la retraite. Il nous raconte l’épopée de son ami du 93ème régiment d’Infanterie, Alain de Gaillard, engagé comme lui en 1944.


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Jacques Vignaud (en bas à dr. au bout) et ses camarades du 93ème R.I.

 

« Il faut replacer cette histoire dans le contexte de l’époque. Le débarquement du 6 juin 1944 a eu lieu en Normandie et celui de Provence le 15 août. De chaque côté, les troupes alliées ont pour objectif la libération de notre territoire et, bien entendu, celle de l’Allemagne. Les troupes de la Wehrmacht se trouvant dans le Sud Ouest réalisent que, si elles ne se replient pas rapidement, elles risquent d’être prises dans une nasse. Elles deviennent par ailleurs très utiles pour attaquer le flanc droit des Alliés dans leur mouvement Normandie – Ile-de-France – Est du pays.

 

Pour ces raisons, plusieurs bataillons de parachutistes SAS anglais et français sont posés en Bretagne et dans la Maine et Loire, afin d’harceler les arrières ennemis. Vers le 20 août 1944, des sticks de huit parachutistes français SAS du 4ème RCP, du colonel Bourgouin, se battent en commandos autonomes dans les Deux-Sèvres. Parallèlement à ces actions, il y a dans la région de nombreux jeunes qui ne rêvent que d’en découdre avec l’Allemagne nazie. C’est le cas d’un groupe d’étudiants auquel appartiennent Alain de Gaillard et son frère.

Dans la région de Cerisay (Deux-Sèvres), les étudiants sont placés en contact avec le Stick du sergent-chef Héricourt. La rapide instruction permet aux nouveaux arrivants de participer à des coups de mains. Le 24 août, le groupe part pour l’Absie, dans le même département, pour combattre une colonne allemande venue en représailles à une attaque de Francs Tireurs Partisans, qui s’en sont pris à un convoi de la Croix Rouge. L’accrochage est violent. Avec son équipement léger, le Stick ne peut qu’intervenir en embuscade et selon la tactique du harcèlement. Au cours des combats, Alain de Gaillard voit son frère tomber à ses côtés, mortellement blessé. 

Le retour au camp (le Château de Lys) se fait dans une ambiance tendue. Le coup a réussit. Mais voilà : que dire, comment annoncer la terrible nouvelle aux parents ? Pour autant, le combat doit continuer. L’idéal de Liberté guide tous ces jeunes qui veulent prouver à leurs aînés ce dont ils sont capables. Le groupe reste au camp quelques jours puis les parachutistes partent. Ils sont affectés à la bataille d’Arnheim, en Hollande. De leurs côtés, les étudiants sont enrôlés dans le 93ème régiment d’Infanterie – le régiment des Vendéens – avec pour objectif la prise de la poche de La Rochelle, où des divisions allemandes se replient. 

Je pense souvent à mon ami Alain de Gaillard, son frère et tous ces adolescents, dont j’étais, qui ont pris tous les risques pour libérer la France. »

 

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Publié le 1 Janvier 2008

 

 


Toute l'équipe du Comité d'Issy-les-Moulineaux du Souvenir Français vous présente ses meilleurs voeux pour cette année 2008.

Président d'Honneur : général Roland GLAVANY.
Président : Gérard RIBLET.
Trésorier : Thierry GANDOLFO.
Secrétaire : Frédéric-Edmond RIGNAULT.

 

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Publié le 15 Décembre 2007

Bonnes fêtes !

 
Toute l'équipe du Comité d'Issy-les-Moulineaux vous souhaitent de bonnes fêtes de fin d'année. Rendez-vous en janvier 2008 avec des articles : 

    -  Témoignages d'Alain de Gaillard et de Jacques Vignaud sur leurs engagements en 1944.

    - Témoignage du Commandeur Alexander Tesich sur son engagement et sa guerre dans les Balkans entre 1941 et 1944.

    - Les villes d'Issy et des Moulineaux pendant les Années 30, par Pierre Debeaurain.

Bonnes fêtes et joyeux Noël !

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Publié le 14 Décembre 2007

4 – De Sivas à Issy : à Issy-les-Moulineaux

 

« Nous sommes arrivés rue Madame, aux Epinettes, en 1943 » reprend Marie-Antoinette. « Nous logions au numéro 7. Peu de temps après notre installation, notre fille, Arlette est née. J’allais chercher du lait en boîte à la Croix Rouge, avenue de Verdun, en face de l’annexe de l’hôpital psychiatrique. Mon lait maternel n’était pas bon. Cela était dû à une terrible peur que nous avions connue, Georges et moi, à Meudon, alors que j’étais enceinte. Nous étions chez mon beau-frère. Tout à coup, nous avons entendu une déflagration terrible. Une bombe venait de tomber dans un jardin, juste dans notre dos ». 

Georges Mouchmoulian : « La vie était difficile. Une fois que j’ai été rétabli, j’ai repris mon métier de garçon coiffeur. Je n’ai pas tenu longtemps. Je travaillais à Boulogne et pour couper les cheveux, il faut avoir les bras en l’air. Ma blessure à l’épaule me faisait mal. Je ne pouvais plus bouger le bras comme avant la guerre. Alors, j’ai arrêté. Au moment de notre installation rue Madame, nous avons ouvert un atelier – dans notre salon – de culottier. Un métier qui ne doit plus exister. Nous recevions des patrons de métiers particuliers, de militaires, la Garde républicaine par exemple, et, pendant que je découpais et je cousais à la machine, Marie-Antoinette assurait les finitions, à la main. Nous faisions de la qualité, du sur-mesure ». 

Marie-Antoinette Mouchmoulian : « Les privations ont été réelles. Il fallait faire des heures de queue pour avoir un légume, du beurre, du pain. Heureusement, dans notre quartier, il y avait encore des vergers ; et puis, Clamart était réputé pour ses petits pois ! Bien entendu, on faisait tout à pied. Une fois par semaine, nous allions au Goûter des Mères, pour bien manger et surtout nourrir correctement Arlette. Avec tout cela, nous avions en plus parfois des bombardements. Je ne saurais dire si les bombes étaient allemandes ou anglaises, en tout cas, une fois, il en est tombé une dans le cimetière, juste à côté de notre immeuble ». 

Le 26 août 1944, des soldats français entrent dans Issy-les-Moulineaux. C’est la Libération. Rapidement, ils sont suivis d’Américains et de Canadiens.



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L’arrivée des Alliés devant l’hôpital de Percy.

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Les Alliés, en août 1944, devant Percy.

 

« Et là, indique Marie-Antoinette, juché sur une jeep, un beau gars s’avance vers nous. Nous sommes placés devant l’hôpital Percy. Je l’ai déjà remarqué. Voilà près de cinq minutes qu’il tend un papier aux habitants qui se sont amassés le long du convoi militaire. Il s’approche de nous. Il regarde Arlette. Puis lève les yeux vers moi. Dans un français approximatif, il me dit : « Je suis votre neveu. Ma mère m’avait donné votre adresse quand j’ai quitté l’Amérique ». 

Cette sœur aînée que Georges Mouchmoulian avait vu disparaître alors qu’il n’était encore qu’un enfant de Sivas.

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La famille Mouchmoulian en 1944, avec le neveu des Amériques.

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