Publié le 19 Septembre 2009

 

Juin 1888.

 

 

 

 

Le 15 juin 1888, Guillaume II, fils aîné de Frédéric III, roi de Prusse et récent empereur d’Allemagne, accède au trône. Il promet de donner une vision et une ambition à la mesure politique, géographique et démographique de ce tout nouveau pays.

 

Trois jours plus tard, dans une France qui ne rêve que de revanche, à la suite de la déroute de 1870-1871, dans une France désorientée par le mouvement boulangiste, à Ivry, ville ouvrière de la banlieue sud-est de Paris, naît Georges Alexandre Boivin.

 

Sa famille ne peut imaginer un seul instant que la politique du premier va entraîner la mort du second…

 

 

Les combats de Carency.

 

Dès les débuts de la Première Guerre mondiale, après être entrées en Alsace-Lorraine, les armées françaises subissent plusieurs défaites et se voient prises en tenailles : au nord, les forces allemandes n’ont que faire de la neutralité belge et s’engouffrent dans ce territoire. L’Armée belge, héroïque, ne peut résister longtemps. Au sud, les troupes du Reich progressent et tentent d’enfermer les Français en pilonnant la région de Nancy. Nos armées tiennent bon, sous l’impulsion du général Curières de Castelnau, qui rapporte de la bataille le surnom de « Sauveur de Nancy ».

 

Le 6 septembre, le général félicite ses régiments dans la note suivante : « d’avoir su conserver en face d’attaques violentes, une attitude continuellement offensive, qui a déterminé l’échec complet de l’ennemi. Leurs efforts n’ont pas seulement pour résultats de retenir en face d’elles des forces considérables, ils ont contribué pour une large part à faciliter la tâche des unités voisines et à rendre plus efficace leurs actions".

 

Le centre du dispositif national, subissant de plein fouet les coups de butoir des armées allemandes, doit reculer jusqu’aux portes de la Région parisienne, sur la rivière de la Marne, qui mais reste le lieu ultime de retraite : « Tu ne passeras pas ». Du 6 au 12 septembre, par un sursaut incroyable de courage, entraînée par l’épisode des « Taxis de la Marne », l’Armée française se reprend et tient le terrain, mètre par mètre, au prix de dizaines de milliers de morts. Le front, de la Suisse à cette région de la Champagne est consolidé. S’engage alors ce qui est resté dans les manuels d’histoire sous le nom de « Course à la mer ».

 

Chacun des belligérants tente de se déborder par l’ouest. Cette conquête est ponctuée, quotidiennement, d’engagements et de batailles : bataille de l’Aisne, bataille de Saint-Mihiel, bataille de Picardie, bataille de l’Artois et enfin, bataille des Flandres (Ypres), qui se déroule dans le courant du mois de novembre 1914. Finalement, le front se fige, de la Suisse à la Mer du Nord. 300.000 soldats français sont morts pour la Patrie, qui compte également plus de 600.000 blessés.

 

En octobre 1914, lors de la bataille d’Artois, le petit village de Carency, proche de la ville de Lens, tombe aux mains des Allemands. Carency revêt une grande importance pour la stratégie française : il forme une sorte de saillant allemand et coupe la ligne de liaison primordiale entre Arras, Lens et Béthune. Il convient donc de reprendre le village coûte que coûte…

 

Le 269ème Régiment d’Infanterie.

 

Au déclenchement de la guerre, le 269ème Régiment d’Infanterie opère sa mobilisation à Domgermain, près de Toul, dans le département de la Meurthe-et-Moselle. Le chef de corps est le lieutenant-colonel Grange, son adjoint le capitaine Rousseau. Ses soldats sont pour un grand nombre des réservistes originaires de la région ainsi que de Paris. Georges Boivin est l’un d’eux. Il habite Issy-les-Moulineaux et porte le matricule 2560 du 2ème bureau de recrutement du département de la Seine.

 

Au début du mois d’août 1914, le régiment, en compagnie du 226ème R.I. (Régiment d’Infanterie) progresse en Lorraine, en direction de Nancy. Quelques jours plus tard, pris au cœur de la bataille qui se déroule autour du Grand Couronné, le 269ème doit se replier.

 

Après la bataille de la Marne, le régiment participe à la « Course à la mer ». Il s’embarque à Nancy, sous les ordres de son nouveau commandant, le lieutenant-colonel Regnier-Vigouroux (le colonel Grange dirige la 139ème B.I.). Se plaçant à la disposition du général Plantey, commandant la place militaire de Douai, le régiment combat sur le flanc droit des armées françaises. Mais à Hénin-Beaumont, débordé par les attaques ennemies, il doit se replier et se dirige sur Rouvroy où il consolide sa ligne de défense. Celle-ci englobe les villes de Méricourt et d’Acheville. Nouveaux combats au début du mois d’octobre, toujours dans le même secteur, sur la colline de Vimy.

 

Le 9 octobre, après quelques jours de repos, le 269ème est transporté en camions à Barlin et Aix-Noulette. Dans ses mouvements, il est associé au régiment britannique Royal Kent. Ces unités se rapprochent de Carency où une nouvelle ligne défensive est implantée : creusement de tranchées, de boyaux, souterrains ; pose de barbelés, de pieux, de mines. Le 18 décembre 1914, une offensive générale est déclenchée sur le secteur.

 

 

Le 18 décembre 1914.

 

Extrait du Journal de marche du 269ème R.I., le 18 décembre 1914 : « La préparation d’artillerie a lieu de 9h à 9h45. Mais nos obus atteignent surtout Carency, sans détruire les tranchées intermédiaires. Les fractions du 226ème, à la droite du Bataillon Béjeard ne peuvent déboucher et tombent sous le feu des mitrailleuses. Au Bataillon Béjeard, trois sections de la 17ème Compagnie et une section de la 18ème pénètrent dans la tranchée et s’y maintiennent pendant deux heures. Mais privées de toute communication avec l’arrière, elles sont l’objet d’une contre-attaque à coups de pétards et de fusils par l’intérieur du boyau et elles sont massacrées ou faites prisonnières (Lieutenants Zeller, Liévin, Raguin).

 

 

 

Le sous-lieutenant Boivin a été tué dès le début en partant à l’assaut avec une section de la 18ème qui a été décimée par une mitrailleuse. Dans Carency, le lieutenant Dunoyer, de la 23ème Compagnie, s’empare de deux petites maisons dans la direction de la Brasserie. Pertes du 18 au 21 : sous-lieutenant Boivin tué ; sous-lieutenants Zeller, Raguin ; lieutenant Liévin disparus. Tués : 9 ; blessés : 27 ; disparus : 61.

 

Le 22 décembre. Une nouvelle attaque sur Carency a été prévue ce jour-là. Dans le secteur de la 139ème Brigade. Elle doit être dirigée par le lieutenant-colonel Wurster du 226ème, disposant du 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins, de la 3ème Compagnie du 226ème et de 2 sections du Génie. Objectif : tranchées allemandes en face des tranchées du 226ème et cimetière de Carency. L’attaque sera flanquée à gauche : par une attaque d’une Compagnie du 27ème Bataillon et d’une Compagnie du 226ème sur la sortie sud de Carency. Et par une attaque d’une Compagnie du 269ème attaquant le long de la voie ferrée.

 

Le brouillard fait remettre l’opération au lendemain. »

 

 

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Publié le 10 Septembre 2009

Naître à Ploudalmézeau.

 

Ploudalmézeau est un village de la côte nord du département du Finistère. Face à l’île Carn, baignée par la mer d’Iroise, entourée d’abers – discrets estuaires ouverts grâce à de petites rivières – la commune est fière de son histoire multimillénaire, de ses marins, de ses légendes. C’est qu’ici, comme dans toute la Bretagne, on ne plaisante pas avec le Rocher du Serpent, le Seigneur aux oreilles de cheval ou encore le Roc’h An Diaoul – Rocher du Diable. Le pays est beau, magique, attachant. La Compagnie des Indes Orientales est proche ; l’épopée des corsaires encore dans les mémoires. Au-delà de cette mer, souvent déchaînée, tout n’est que paysages lointains, aventures incroyables, conquêtes à mener, territoires à découvrir.

 

C’est en ces lieux que Jean-Louis Eozenou naît, au cœur de l’été 1921, le 26 juillet exactement. Peut-être rêve-t-il, lui aussi, d’Orient et d’aventures ? Quoi qu’il en soit, il s’engage dans un bureau de recrutement du département de la Seine dans la « Coloniale » et débarque en Indochine en 1946.

 

Les troupes coloniales.

 

 

Au commencement, c’est-à-dire sous le cardinal Richelieu, il y a les « Compagnies ordinaires de la mer » : des troupes, dépendantes du Ministère de la Marine, chargées de protéger les navires, de combattre lors des abordages. Puis, des missions d’occupation et de « pacification » leur sont confiées dans des territoires qui deviennent des colonies. De « Marine », ces compagnies se transforment peut à peu en unités terrestres.

 

A la fin du XIXème siècle, plusieurs régiments sont créés. Rapidement un distinguo est fait entre les Troupes d’Afrique (tirailleurs sénégalais, algériens, marocains, zouaves, chasseurs d’Afrique…) et les autres troupes coloniales (tirailleurs annamites, malgaches…). Mais les bases sont les mêmes : les soldats sont recrutés localement (forcés dans certaines régions) et les effectifs sont complétés par de jeunes gens de la Métropole. Cette constitution permet une vraie intégration au cœur des pays concernés, ne serait-ce que pour des questions de langues, de connaissance du terrain et des coutumes. Les officiers sont généralement européens ; il n’en pas de même des sous-officiers : les archives et documents abondent et montrent souvent des brigadiers, caporaux, sergents (…) issus des populations locales.

 

En 1900 ces troupes, qui forment une armée au même titre que l’Armée de Terre ou la Marine, passent sous l’autorité du Ministère de la Guerre. Alors, ces soldats, qui se faisaient appelés « Marsouins » ou encore « Bigors » deviennent la Troupe coloniale, donc des « coloniaux ». De nouvelles unités sont conçues tels les Goum ou les Spahis marocains, ou encore des régiments mixtes (qui portent bien leur nom) pour les territoires colonisés. Il devient évident que pour des troubles extérieurs à la nation, ces troupes sont envoyées en priorité. C’est ainsi le cas des Zouaves dans le cadre de la révolte des Boxers en Chine, en 1901.

 

Bien entendu, pendant la Première puis la Seconde Guerre mondiale, les troupes coloniales sont employées, souvent en première ligne. Pour autant, il ne faut pas imaginer que cela fut systématiquement le cas. Beaucoup d’exagérations ayant été proférées… De même, des régiments coloniaux contribuent à la reconquête du territoire national, principalement avec le général Leclerc (Régiment de Marche du Tchad, 1er et 3ème Régiment d’artillerie coloniale). Selon la formule consacrée, les soldats s’engagent pour la « durée de la guerre » et suivent Leclerc en Indochine en 1945, dans le cadre du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) dont les effectifs sont d’environ 115.000 hommes entre 1946 et 1949, avec plus de 30 % d’homme d’origine indochinoise.

 

 

Les troupes coloniales en Indochine.

 

En Indochine, sont engagés les régiments suivants :

 

– Régiments ou bataillons d’infanterie coloniale : 1er, 2ème, 5ème, 6ème, 9ème, 11ème, 16ème, 21ème, 22ème, 23ème, 43ème.
– Le Régiment d’infanterie coloniale du Maroc.
– Le Régiment de marche du Tchad.
– Bataillons de tirailleurs sénégalais : 13ème, 24ème, 26ème, 27ème, 28ème, 29ème, 30ème, 31ème, 32ème, 104ème.
– Bataillons de marche d’Afrique occidentale française : 1er et 3ème.
– Le 2ème Bataillon de marche d’Afrique centrale française.
– Bataillons de marche d’Extrême-Orient : 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème, 6ème, 7ème.
– le Bataillon de marche indochinois.
– Les 1er et 4ème Régiment de tirailleurs tonkinois.
– Le Bataillon annamite.
– Le Bataillon des forces côtières du Tonkin.
– Les 1er et 2ème Bataillons muongs.
– Les 1er, 2ème, 3ème Bataillons thaïs.
– Bataillons de chasseurs laotiens : 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème, 6ème, 7ème.
– Le Régiment mixte du Cambodge.
– Bataillons coloniaux de commandos parachutistes : 1er, 2ème, 3ème, 5ème, 6ème, 7ème, 10ème.
– Bataillons de parachutistes coloniaux : 1er, 2ème, 3ème, 5ème, 6ème, 7ème, 8ème, 9ème.
– Les 4ème, 10ème et 41ème Régiments d’artillerie coloniale.
– Le Régiment d’artillerie coloniale du Maroc.
– Le Groupement d’artillerie coloniale de l’Afrique occidentale française.
– Le Groupement d’artillerie coloniale de montagne du Levant.
– Le Régiment blindé colonial d’Extrime-Orient.
– Les 61ème, 71ème, et 72ème Bataillons de Génie coloniaux.
– Les 71ème et 72ème Compagnies coloniales de transmissions.
– Des compagnies coloniales de réparation automobile, de réparation du matériel, d’ouvriers du service du matériel.
– Le Groupement de commandos mixtes aéroportés.

 

 

Le Régiment mixte du Cambodge.

 

A son arrivée en Indochine, Jean-Louis Eozenou signe son engagement au sein du Régiment de marche du Cambodge, nouvellement créé. Appelé en 1947, Régiment mixte du Cambodge, cette unité est chargée du maintien de l’ordre dans une partie du pays, face aux événements qui secouent la Cochinchine voisine.

 

Jean-Louis Eozenou côtoie deux grandes figures militaires françaises, compagnons de la Libération et grands officiers de la Légion d’Honneur : Aimé Teisseire, qui en 1946, alors qu’il est commandant de compagnie, reçoit trois citations et est promu officier de la Légion d’Honneur pour services exceptionnels et, en 1947, Raymond Appert, qui est désigné commandant du régiment.


 

 

 

Les combats au Cambdoge entre 1946 et 1953.

 

 

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le pays, colonie française, est occupé par les Japonais, qui y encouragent le nationalisme, mais laisse le Gouvernement de Vichy, collaborateur, gérer l’administration centrale. Le Gouverneur général de l’Indochine, l’amiral Jean Decoux, décide de placer à la tête du Cambodge Norodom Sihanouk, prince âgé de 19 ans, dont il pense que la jeunesse en fera un allié sûr et docile.

 

En mars 1945, les Japonais réalisent un coup de force en Indochine et enferment – ou exécutent – responsables politiques et militaires français. Norodom Sihanouk en profite pour proclamer l’indépendance de son pays, appuyé en cela par l’armée du Soleil levant. Mais l’espoir de liberté se transforme rapidement en confusion quand les Cambodgiens réclament le départ des Japonais. S’y ajoute le mouvement communiste qui embrase toute la péninsule. Le général Leclerc, à la tête du CEFEO, rétabli l’ordre en prenant la capitale cambodgienne, Phnom-Penh, à la fin de l’année 1945. Norodom Sihanouk manœuvre intelligemment en se plaçant au cœur de l’échiquier politique et indiquant qu’il est à la fois le meilleur allié de la France et celui qui peut régler les conflits internes aux différentes factions cambodgiennes.

 

En 1947, la France créé, copiant le modèle du Commonwealth, l’Union française, nouveau nom de son empire colonial. Le Laos, le Cambodge, la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin y adhèrent. 1949 apparaît comme un tournant : la France est de plus en plus prise par la guerre au Tonkin. En Chine, le pays vient de basculer sous la coupe de Mao Zedong. Le Vietminh se voit subitement, et de manière considérable, aidé par ces nouveaux alliés. De ce fait, les partisans communistes peuvent fomenter des mouvements insurrectionnels aussi bien au Laos qu’en Cochinchine ou au Cambodge. Et ils installent dans ces pays des bases arrières qui permettent l’approvisionnement des troupes massées dans le nord, c’est-à-dire au Tonkin. C’est au cours de l’un de ces accrochages que Jean-Louis Eozenou perd la vie, tué par balle, le 8 juin 1949, à Phu My Kandol.

 

De son côté, Norodom Sihanouk continue sa politique habile : en octobre 1953, le Cambodge est proclamé Etat indépendant.  Quant aux Troupes coloniales, après l’indépendance de l’ensemble des territoires de l’Indochine, et des autres colonies, elles reprennent le nom originel de Troupes de Marine et deviennent une arme de l’Armée de Terre.


Norodom Sihanouk
(1922 - 2012)

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 3 Septembre 2009

Le 3 septembre 1939, à 15h, la France se déclare en guerre contre l’Allemagne. Trois heures plus tôt, la Grande-Bretagne, dans le cadre de son alliance avec notre pays, a fait de même. Deux jours auparavant, sans déclaration de guerre, et après tant et tant de provocations et de coups de force, les chars de l’Allemagne nazie sont entrés en Pologne. Ainsi commence le Second conflit mondial qui s’achèvera cinq ans plus tard, par l’armistice du 8 mai 1945 et la capitulation japonaise quatre mois plus tard. Entre temps, 50 millions de personnes auront perdu la vie et l’inimaginable se sera produit : la shoah.

 

Retrouvez les personnages et les lieux de la Seconde Guerre mondiale dans l’album éponyme.



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Publié le 15 Août 2009




Le comité du Souvenir Français d'Issy-les-Moulineaux participera à la commémoration du 65ème anniversaire de la libération de la ville. Sont prévues les haltes suivantes :

- 9h30 : dépôt de gerbes place du Groupe Manouchian.
- 9h45 : parc de la Résistance Sainte-Lucie ; discours de M. Alain Jegou, président de la FNDIRP ; dépôt de gerbes.
- 10h05 : dépôt de gerbes devant le buste de Jean Moulin, pont Jean Moulin / avenue Jean Monnet.
- 10h25 : place du général de Gaulle ; dépôt de gerbes.
- 10h40 : square Bonaventure Leca ; fleurissement de la stèle du général Leclerc.
- 10h45 : monument aux morts de la ville ; discours de Jean Quillard, président des ACV ; discours d'André Santini, Député-maire.

Venez nombreux !

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Publié le 14 Août 2009

 

 

 

 

(Drapeau de la République du Vercors)

 

Le colonel Richard Marillier a été résistant, membre de la section Chabal au maquis du Vercors, capitaine au 44ème R.I. puis chef de commando (V48 puis L133) pendant la guerre d’Algérie. Richard Marillier a été très présent dans le monde du cyclisme : Directeur Technique National du cyclisme français de 1970 à 1981, Directeur Adjoint Délégué du Tour de France de 1981 à 1990 (à ce titre, il venait chaque année présenter le parcours de l’épreuve et les équipes participantes au PACI d’Issy-les-Moulineaux), Président de la Ligue du Cyclisme Professionnel et membre du Comité Directeur de l’Union Cycliste Internationale de 1989 à 1992. Le colonel Richard Marillier est commandeur de la Légion d’honneur.

 

Août 2009, nous avons rendez-vous chez le colonel aux Assarts, hameau de la petite commune de Vitry-Lâché dans le Nivernais.

 

***

 

Souvenir Français (SF) : mon colonel, il est une histoire qui se sait peu, c’est la présence en 1944, au sein du maquis du Vercors d’une section américaine.

 

Richard Marillier (RM) : il ne s’agissait pas d’une section mais d’un groupe : « Operational Group », comme ils disaient. C’était une troupe tout à fait spéciale, peu nombreuse. Ils étaient environ une centaine et étaient articulés en détachements de 14 hommes, plus un chef. Pour celui qui nous intéresse, il s’agit de la mission Justine, commandée par le lieutenant Hoppers, assisté du lieutenant Chester-Mayer. Ce groupe disposait d’un interprète qui s’appelait Delmar Carvert, ancien légionnaire du 1er REC (Régiment Etranger de Cavalerie), mais il y avait également deux GI’s ayant la double nationalité canadienne et américaine et qui parlaient parfaitement le français : le premier s’appelait John Picard et le second, Paul Laflamme. Il avait un coupe-coupe, et il me répondait avec son accent québécois : « C’est pour couper les branches ». Je me souviens également d'Howard Flake. Lui, il ne parlait pas un mot de Français. Par contre, il n'arrêtait pas de nous "bassiner" avec St Louis Blues qu'il chantonnait sans arrêt !  Ce groupe a été parachuté dans la nuit du 28 au 29 juin 1944, sur le terrain de parachutage baptisé « Taille Crayon » – cela ne s’invente pas – de Vassieux-en-Vercors.

 

A l’époque, ce qui nous a le plus surpris, c’est que nous ne les avons pas entendus arriver, alors qu’ils étaient déjà dans la cour de notre ferme. C’était la première fois qu’on voyait des gars avec des chaussures en caoutchouc (rangers) et non pas avec des chaussures à clous ou des bottes. Il y avait une autre chose qui nous surprenait : leur équipement ! Avec notamment, le drapeau américain sur le quart supérieur de la manche et leur armement : ils avaient en effet – et ils étaient les seuls de l’Armée américaine à le posséder – un fusil Marlin qui avait la particularité de tirer soit au coup par coup soit par rafale.

 

SF : quelle était leur mission ?

 

RM : ils étaient venus pour plusieurs raisons. La première était d’abord de nous aider à nous familiariser avec l’armement américain. N’oublions pas, que les rares parachutages en armes étaient essentiellement composés d’engins anglais. C’est ainsi que nous avons découvert cet espèce de tuyau de poêle baptisé « bazooka » et dont on se demandait bien à quoi il pouvait servir. La deuxième mission consistait à nous aider à perfectionner notre valeur combattante en effectuant avec eux des exercices de toutes sortes : des embuscades, des marches d’approche… La troisième mission, tout aussi importante, résidait pour eux dans l’établissement d’un contact radio avec Londres et Alger et transmettre les renseignements sur les activités de l’Armée allemande et notamment sur les avions de la base de Chabeuil.

 

SF : ces missions ont-elles été réalisées ?

 

RM : oui. Mais dans certains cas, cela n’a servit à rien. Par exemple, le lieutenant Hoppers n’a jamais réussi à faire bombarder le terrain d’aviation de Chabeuil en dépit de ses réclamations. Mais la mission la plus spectaculaire du commando américain a probablement été l’embuscade du col de La Croix-Haute, où grâce à leur action, notamment basée sur l’emploi du bazooka, le convoi allemand a été mis en très sérieuse difficulté.

 

SF : après les missions, quand et comment sont-ils partis ?

 

RM : ils ont d’abord participé aux combats de Vassieux, les 21, 22 et 23 juillet 1944. Ils n’ont pas perdu d’hommes. Ensuite, ils ont fait comme les autres : ils se sont évanouis dans la nature et ils sont restés 15 jours sans ravitaillement. Ils ont réussi à sortir du Vercors et à rejoindre les maquis de Chartreuse, à l’exception du lieutenant Chester-Mayer, qui avait eu la malencontreuse idée de faire une crise d’appendicite et qui a du être opéré d’urgence par le docteur Fisher, qui était l’un des médecins du maquis. Etant à l’hôpital au moment de l’invasion allemande, il s’est retrouvé blessé dans la grotte de la Luire, qui comme on le sait a été découverte par les Allemands, lesquels ont achevé tous les blessés. Le lieutenant Chester-Mayer étant en uniforme américain, a été épargné, considéré comme prisonnier de guerre et expédier dans un camp.

 

SF : que sont-ils devenus après ?

 

RM : ils sont restés quelques temps au repos à Grenoble. Cela m’a permis de passer une soirée mémorable avec trois d’entre eux. Ensuite, ils ont été réexpédiés à Naples d’où ils étaient partis en vue de préparer une nouvelle mission. Ils ont été parachutés sur la frontière de Chine – je n’ai jamais su pourquoi – à l’exception de Delmar Carvert, renversé par une voiture anglaise, qui naturellement roulait à gauche. Il s’est retrouvé à l’hôpital avec une fracture de la cheville.

 

SF : les avez-vous revus ?

 

RM : oui, bien sûr. Ainsi, le 8 mai 2005, j’ai eu l’honneur de remettre la légion d’Honneur à Delmar Carvert à l’occasion d’une cérémonie à Vassieux-en-Vercors. Ce jour-là, les autorités ont parachuté 14 types habillés en GI’s dans les tenues identiques à celles de 1944, depuis un DC3, là aussi de l’époque, et qui plus est avec des parachutes identiques à ceux de 1944 !

 

SF : le Souvenir Français vous remercie mon colonel.

 

RM : c’est naturel de vous aider. C’est moi qui vous remercie de ce que vous faites pour le Devoir de mémoire.




 

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Publié le 5 Août 2009

 

Le général de Gaulle à Alger – Juin 1958.

 

 

Les débuts de la guerre d’Algérie.

 

Dans notre histoire contemporaine, le mois de mai 1958 revêt une importance particulière. Cela fait près de trois ans et demi que la France doit faire face à ce que l’on appelle à l’époque les « événements d’Algérie » et qui se traduisent par des « opérations de maintien de l’ordre ». Nous avons heureusement l’honnêteté aujourd’hui de parler de guerre.

 

En novembre 1954, il en est tout autre. A la tribune de l’Assemblée nationale, le président du Conseil, Pierre Mendès-France déclare : « À la volonté criminelle de quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse. Qu'on n'attende de nous aucun ménagement à l'égard de la sédition, aucun compromis avec elle. On ne transige pas lorsqu'il s'agit de défendre la paix intérieure de la Nation et l'intégrité de la République. Les départements d'Algérie font partie de la République, ils sont français depuis longtemps. Jamais la France, jamais aucun parlement, jamais aucun gouvernement ne cédera sur ce principe fondamental. L'Algérie, c'est la France et non un pays étranger que nous protégeons. »

 

En 1955, l’état d’urgence est décrété et les premiers contingents de militaires appelés sont envoyés en Algérie. Les massacres, de part et d’autre, bien souvent dans des proportions sans aucune commune mesure, sont fréquents.

 

En 1956, les combats – les escarmouches, guérilla ou encore coups de force – se déroulent maintenant partout aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Il ne s’agit pas d’emplois de forces conséquentes à proprement parler mais d’accrochages allant de quelques individus à plusieurs centaines. Il s’agit également d’attentats. La guerre d’Algérie n’est pas la situation d’une armée en ligne contre une autre. Pour la métropole, l’appel au contingent est systématique et les débarquements de soldats se multiplient. Le pouvoir confie le commandement militaire à un général chevronné, ayant fait ses preuves aussi bien à la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’en Indochine : Raoul Salan.

 

1957 est marquée par la reprise en mains des villes. Se déroule, entre autres, la bataille d’Alger à partir du mois de janvier, sous les ordres du général Salan. Elle se solde par une victoire complète de l’Armée française, au prix, parfois, et comme dans tous les conflits, d’atrocités certaines. Mais, d’un point de vue diplomatique et politique, la France est montrée du doigt et perd peu à peu pied face à une population musulmane qui n’est pas acquise à sa cause. Il convient d’ajouter une opinion mondiale qui condamne cette guerre qui aux yeux d'un bon nombre d’observateurs n’est devenue qu’une « guerre de décolonisation » ou une émancipation du peuple algérien.

 

 

L’aspirant-médecin Jean Marcel N’Guyen-Thanh-Giung

 

Jean Marcel N’Guyen-Thanh-Giung est né à Saigon le 20 septembre 1930. Habitant Issy-les-Moulineaux, il est rattaché de ce fait au Bureau militaire du département de la Seine. Médecin-aspirant de la 102ème Section d’Infirmiers militaires basée à Oran, de la 12ème Division d’Infanterie, il est tué à l’occasion d’une embuscade, le 11 mai 1958 en Algérie.

 

 

Mai 1958.

 

Au début du mois de mai 1958, l’histoire s’accélère. Le gouvernement de Félix Gaillard vient de chuter. Pendant quelques semaines, c’est l’incertitude, alors que les combats ont repris. Le 10 mai 1958, Alain de Sérigny, directeur du journal l’Echo d’Alger, lance un appel au général de Gaulle. Le même jour, le ministre-résident Robert Lacoste quitte l’Algérie. Le plus haut représentant de la métropole vient de disparaître.

 

Le lendemain, des soldats français sont attaqués et massacrés. Pierre Pflimlin est pressenti pour former le nouveau gouvernement, alors que chacun sait sa volonté de négocier une sortie de crise en Algérie. A Alger, les « Pieds-Noirs » – près d’un million de métropolitains installés souvent depuis plusieurs générations – manifestent. Le général Massu qui s’est vu remettre par Félix Gaillard les pleins pouvoirs, civils et militaires, demande aux députés de surseoir à l’élection de Pierre Pflimlin, et fait parvenir à Paris un télégramme : « Exigeons création à Paris d’un gouvernement de salut public, seul capable de conserver l’Algérie partie intégrante de la métropole ».

 

Les députés refusent cette intrusion militaire dans le pouvoir législatif et exécutif et votent pour Pflimlin. Le lendemain, le même général Massu recommence et publie une conjuration au général de Gaulle : « Le comité de salut public supplie le général de Gaulle de bien vouloir rompre le silence en vue de la constitution d'un gouvernement de salut public qui seul peut sauver l'Algérie de l'abandon».

 

Le 15 mai 1958, le général Raoul Salan, toujours commandant de l'armée en Algérie, prononce, sur proposition du gaulliste Léon Delbecque, qui se trouve à ses côtés : «Vive la France, vive l'Algérie française, vive le général de Gaulle !». C’est un triomphe. Alors, depuis se retraite de Colombey-les-Deux-Eglises, Charles de Gaulle fait savoir qu’il est prêt à « assumer les pouvoirs de la République ». Le président de la République René Coty demande à l’Armée française en Algérie d’obéir à la République, de ne pas écouter Massu et Salan, et de rentrer dans le rang. Il n’est pas entendu.

 

Puis, le 27 mai, alors que la Corse a déjà décidé de former un Comité de Salut Public et de soutenir les insurgés d’Alger, le général de Gaulle fait indiquer : « J’ai entamé hier le processus régulier nécessaire à l’établissement d’un gouvernement républicain. » L’opposition – Pierre Mendès-France, François Mitterrand, Jacques Duclos, Edouard Daladier – crie au scandale et au coup d’Etat.

 

Le 1er juin, René Coty fait publier le communiqué suivant : il fait appel au «plus illustre des Français... Celui qui, aux heures les plus sombres de notre histoire, fut notre chef pour la reconquête de la liberté et qui, ayant réalisé autour de lui l'unanimité nationale, refusa la dictature pour établir la République».

 

Charles de Gaulle forme immédiatement un gouvernement d’union nationale, où figurent des représentants de partis politiques aussi bien de gauche que de droite, avec pour mission de régler les affaires en Algérie et de mettre au point une nouvelle constitution. Il fait à Alger le premier voyage de sa présidence du Conseil et prononce le désormais fameux : « Je vous ai compris ! ».

 

La constitution de la Vème République est approuvée par référendum (79,2 % pour le « oui ») le 28 septembre 1958 et le 21 décembre de la même année, le général de Gaulle est élu, par un cortège électoral, premier président de la toute nouvelle république.

 

Trois ans et demi plus tard, l’Algérie est indépendante.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Algérie

Publié le 26 Juillet 2009


 



Roger Fleury, ancien combattant, président de la FNACA d'Issy-les-Moulineaux.

 


Créée en pleine guerre d'Algérie, le 21 septembre 1958, la FNACA, Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie, est l'association spécifique des anciens combattants en Afrique du Nord. Comme le stipule l'article 2 de ses statuts, elle est indépendante à l'égard des pouvoirs publics et de tout parti politique.

 


Elle regroupe à ce jour 371.121 adhérents rassemblés dans 3.560 comités locaux ou cantonaux. Peuvent adhérer tous ceux ayant pris part à la guerre d'Algérie, aux combats du Maroc et de Tunisie, leurs veuves, ascendants et orphelins ainsi que les pupilles de la Nation.

 

Ses Buts :

 

  • - Défendre les droits matériels et moraux de tous ceux ayant pris part à la guerre d'Algérie et aux combats du Maroc et de Tunisie (1952-1962).
  • - Agir en faveur de la Paix en commémorant la date du 19 mars 1962, cessez-le-feu ayant mis fin officiellement à la guerre d'Algérie. 

L'action prépondérante de la FNACA a déjà permis :

 

  • - L'obtention de la reconnaissance de la qualité de combattant et l'attribution de la carte du combattant aux anciens d'Afrique du Nord (9 décembre 1974) ainsi que la reconnaissance officielle de la Guerre d'Algérie (18 octobre 1999).

 

Actuellement, la FNACA demande au gouvernement de reconnaître officiellement le 19 mars 1962 comme Journée Nationale du Souvenir et du Recueillement, non fériée, non chômée, dédiée à la mémoire des 30 000 soldats français tombés en Afrique du Nord et à celle de toutes les victimes civiles.

  

 

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Publié le 26 Juillet 2009


A gauche : Michel Villenfin, porte-drapeau et trésorier ; à droite : Christian Poujols, président de l’UNC à Issy-les-Moulineaux.


 

L’Union Nationale des Combattants (UNC) est la plus ancienne des associations d’anciens combattants.

 

En 1917, le Père Brottier, aumônier militaire (cinq citations militaires dont une à l’ordre de l’Armée) convainc le président du Conseil Georges Clemenceau de la nécessité de fonder une association de combattants afin que ces derniers, blessés, convalescents, en permission ou encore de retour dans leurs foyers, puissent être selon la formule consacrée « unis comme au front ». Un journal est créé : « La Nouvelle France ».

 

Le Père Brottier, qui plus tard – en 1923 – sera le fondateur des Apprentis Orphelins d’Auteuil – reçoit l’appui du général Durand, héros de la défense du Grand Couronné de Nancy au début de la Grande guerre. Parmi les réalisations de l’association, il convient de citer :

 

  • - Création de la Fédération Interalliée des Anciens Combattants en 1920.
  • - La proposition de la retraite mutualiste, officiellement créée par la loi du 4 avril 1923.
  • - Fondation de la Caisse Autonome de Retraite des Anciens Combattants en 1924.

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’UNC est placée en sommeil. Après la Libération, l’association reprend son activité. Les guerres de décolonisation lui apportent de nouveaux combats et de nouvelles missions, comme la reconnaissance des soldats français « Morts pour la France » au-delà de la date des Accords d’Evian en 1962 pour la Guerre d’Algérie (des combats se sont poursuivis jusqu’en 1964 en Algérie et en Afrique du Nord).

 

En 1997, l’UNC est devenue un Fédération qui intègre les  « Soldats de France » et par un protocole d'accord de 2007 les veuves de guerre (AEVOG).

 

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Publié le 18 Juillet 2009



Il y a du changement dans le comité du Souvenir Français d'Issy-les-Moulineaux. Après plus de six années de présidence, Gérard RIBLET passe la main. Nous tenons à le remercier pour son dévouement et sa disponibilité.


Voici le nouveau bureau :

 

- Président d'honneur : général Roland GLAVANY.


- Présidents honoraires :

  - Général Jean-Claude ICHAC.

  - Gérard RIBLET.

- Président : Frédéric RIGNAULT.


- Trésorier : Gilles GUILLEMONT.


- Secrétaire : Thierry GANDOLFO.


- Porte-drapeau : Marcel LECONTE.

La nouvelle adresse est : 10, avenue Bourgain - 92130 Issy-les-Moulineaux - Tél. : 01 45 29 04 71
Adresse email : sfdg92@neuf.fr

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Publié le 12 Juillet 2009


 

Les infirmières, qui furent également baptisées « anges blancs », ont beaucoup apporté pendant le premier conflit mondial. Au nombre de 200.000 dans les troupes alliées, des milliers d’entre-elles se sont sacrifiées pour sauver des soldats. Ainsi au cœur du carré militaire d’Issy-les-Moulineaux, demeure une femme au milieu de centaines d’hommes… Il s’agit de Marguerite Montet, infirmière militaire, morte pour la France, le 22 septembre 1918.

 

Les Sections d’infirmiers militaires.

 

Les Sections d’infirmiers militaires sont dirigées par des médecins, qui peuvent avoir des galons différents selon leur âge, leurs années de services (…). Ils ont le titre de médecin attaché devant leur grade.

 

Les Sections d’infirmiers militaires sont des entités du Service de Santé des Armées et sont des éléments organiques de corps d’armée, au même titre que l’état-major, les sections du train des équipages, les secrétaires, le recrutement, les commis et ouvriers militaires d’administration ou encore les légions de gendarmerie. Les Sections d’infirmiers comportent bien entendu des infirmiers, et aussi des brancardiers, des chauffeurs, des médecins, des aides-soignants, des auxiliaires. Des infirmières également.


Il y a des années de cela, pour la revue « Je sais tout », le journaliste Paul Fuchs interrogea Charlotte Maître, infirmière militaire pendant la Grande guerre : « Il y a deux sortes d'infirmières : les unes dépendent d'associations libres et donnent gracieusement leur concours à l'État ; les autres, dont je suis, sont réellement incorporées dans l'armée et sont des soldats, en tout et pour tout. Assimilées aux officiers subalternes, nous touchons les mêmes rations qu'eux, nous voyageons avec les mêmes feuilles de route. Nous n'avons sur eux qu'un avantage, une indemnité d'habillement de cent francs par an ».

 

La Croix-Rouge.

 

La Croix-Rouge française, créée en 1864, se matérialise via plusieurs entités : la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM) et le Comité des Dames de la SSBM. Des scissions interviennent qui donnent naissances à deux autres œuvres : l’Association des Dames de France (ADF) et l’Union des Femmes de France (UFF).

 

Dès les premiers jours du conflit, la SSBM se rend sur les champs de batailles. A l’arrière, l’ADF et l’UFF œuvrent à l’organisation d’hôpitaux militaires provisoires et/ou auxiliaires. En 1918, on dénombre près de 1.400 hôpitaux. De nombreuses écoles, lycées, des châteaux (Chenonceau par exemple), sur tout le territoire national, sont transformés en unités de soins et de repos, en sanatorium ou encore en centres de tris pour l’envoi de colis aux soldats.

 

Ce sont près de 68.000 femmes qui s’engagent au sein de la Croix-Rouge française pour défendre la France et son armée.

 

Les religieuses.

 

Au même titre qu’il existe au sein de l’armée un service des aumôneries militaires, de très nombreuses religieuses se portent volontaires pour aider et soigner les blessés. Sœur Gabrielle à Clermont-en-Argonne, sœur Julie à Gerbéviller, sœur Cléophas de l’hôpital de Rochefort-en-Yvelines, sœur Thérèse, qui accompagne le corps expéditionnaire français dans les Dardanelles en 1915, les Sœurs franciscaines Missionnaires de Marie qui œuvrent à Paris, sont restées parmi les plus célèbres.

 

Il faut également mentionner les sœurs des ordres religieux originaires des pays alliés et qui interviennent sur le front.

 

Les religieuses reçoivent des décorations, comme la Médaille de la Reconnaissance française ou la Médaille des Epidémies (et de nombreuses décorations étrangères). Elles sont aussi citées à l’Ordre du corps d’armées ou de l’armée, comme Victoire Perrin, de l’ordre des Sœurs Hospitalières de Saint-Charles de Nancy : « Supérieure à l’hôpital de Blâmont, est restée à la tête de la maison pendant toute l’occupation allemande. D’une charité et d’un dévouement sans bornes, a donné ses soins, en pleine bataille des 14 et 22 août 1914, aux blessés français. Par la suite, au cours de la campagne, a caché à plusieurs reprises des patrouilles égarées dans les lignes allemandes et les a aidées à regagner nos lignes, sans souci des représailles ennemies auxquelles elle s’exposait.»

Les Armées alliées.

Il convient de distinguer les services de santé des armées présentent sur le sol français pendant la Première Guerre mondiale des associations caritatives et des dons de personnalités étrangères à l'Armée française.

Comme pour le Service de Santé de l'Armée française, des hôpitaux militaires de campagne et des centres de convalescence sont constitués sur réquisition de l'Administration par les armées belges, américaines, anglaises et troupes du Commonwealth (Canada, Inde, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Irlande du Nord...). C'est l'explication, par exemple, de la présence de nombreuses tombes belges dans le petit village d'Avon-les-Roches en Touraine.

Les interventions des YMCA (Young Men's Christian Association) anglaises et américaines, des oeuvres caritatives canadiennes, sud-africaines, ou encore australiennes, des dons de familles telles que les Rockefeller ou les Gould, sont primordiaux pour suppléer ou aider les infirmières militaires.

 

Quand les Etats-Unis lèvent un corps expéditionnaire pour aider son alliée la France, en 1917, il y a déjà presque trois ans que l'association américaine American Ambulance Field Service fournit des véhicules modernes pour le front occidental. Et au moment où ce même corps expéditionnaire quitte le port de New-York, il est accompagné de bataillons entiers d'infirmières.

Autre exemple : les ladies de la Société londonienne se dévouent corps et âmes pour créer et administrer des antennes en Belgique et dans le nord de la France, payant elles-mêmes les matériels et les médecins.

 

Le dévouement au soldat, de quelque origine qu'il soit.


Les services de santé agissent d'abord et principalement pour leurs armées. Mais il ne faut pas oublier que la Convention de 1906 pour l'amélioration du sort des blessés et malades dans les armées en campagne, signée à Genève, est généralement respectée et est associée à un esprit "chevaleresque" encore présent dans les conflits.

De fait, il n'est pas rare que les infirmières soient désignées pour s'occuper de blessés ennemis récupérés sur le champ de bataille.

C'est le cas d'Elisabeth Ridell Henderson, infirmière écossaise, qui raconte, bien des années plus tard, une demande particulière de sa supérieure : "Dans la matinée, un jeune scout est venu dans l'aile en saluant brièvement. Avec une étincelle espiègle dans les yeux, il m'a dit : "Ma soeur, la directrice veut vous voir dans son bureau immédiatement". Il savait très bien qu'un tel message a le don de mettre une personne à l'envers ! Voici ce que la directrice avait à me dire : "Ma soeur, il faut que vous prépariez vos bagages immédiatement : je vous envoie à une école dont nous avons pris possession afin de préparer les lieux pour que nous puissions recevoir 300 blessés allemands ce soir même". Je suis restée clouée sur place, puis j'ai répondu, désespérée : "Madame, ne pourriez-vous pas envoyer quelqu'un d'autre qui n'ait pas les mêmes sentiments que moi ? Le frère dont je suis le plus proche est porté disparu, le frère de mon fiancé a été tué en ramenant des prisonniers qui s'étaient rendus, et le fiancé d'une de mes soeurs, grièvement blessé, est à l'hôpital de Cambridge, à Aldershot, depuis près d'un an. Je ne pourrai pas toucher aux Allemands !" ai-je lancé fougueusement. La directrice a répondu doucement : "C'est un ordre !".

 

Pourquoi s'engagent-elles ?

Les infirmières s'engagent par devoir, par sentiment patriotique, par fidélité à un amour parti au feu, en souvenir d'un frère, d'un mari, d'un aïeul tombé au champ d'honneur. Les infirmières proviennent de toutes les classes sociales, de tous les milieux : de l'aristocrate à la paysanne, de l'ouvrière à la femme au foyer. Il n'est que de citer Elisabeth, reine de Belgique, Madeleine Jacquemaire, fille aînée du Président Georges Clemenceau, Louise de Bettignies, surnommée la "Jeanne d'Arc du Nord", qui, prisonnière des Allemands, refuse de fabriquer des pièces d'armement pour les ennemis de son pays, et finit par mourir de privations et de maladie dans les geôles du IIème Reich.

Ou encore Edith Cavell, infirmière anglaise, qui organise en 1915 l'évasion de nombreux blessés alliés de la zone d'occupation allemande. Pour ce fait de résistance, elle est arrêtée et exécutée le 12 octobre 1915. "J'ai pensé que c'était mon devoir de faire cela pour mon pays. Je suis anglaise et j'ai agi en patriote".

Léonie Bonnet dans son journal de la Grande Guerre écrit : "C'est dans le travail et la prière, qu'un très grand chagrin dont personne ne peut soupçonner l'existence, peut trouver un certain apaisement. Aujourd'hui plus qu'hier, et demain davantage, je penserai à ces deux mots : "Travail ; prière". (placé en exergue du livre Aimer et travailler, Léonie Bonnet, d'Alexandre Lafond et Céline Piot, Ed. Nérac).

 

Monuments et stèles.


A Pierrefonds, dans le département de l'Oise, le 20 août 1918, un bombardement aérien tue l'infirmière Elisabeth Jalaguier. Depuis, un monument a été érigé en sa mémoire et pour toutes les infirmières tombées au combat : "In memoriam. Gloire aux infirmières militaires de France. Ce monument est érigé dans le parc ou fut tuée Elisabeth Jalaguier".

 

Dans de nombreux édifices religieux se trouvent des stèles à la mémoire du sacrifice de ces femmes merveilleuses, comme par exemple à Paris, sur l'un des piliers de la nef de l'église Saint-Louis de Invalides. A Reims, a été inauguré en 1924, un monument pour les infirmières de la Première Guerre mondiale. A Berck-sur-Mer, le monument représente un Poilu sur un brancard. En dessous figurent ces mots : "Aux infirmières françaises, les combattants reconnaissants".

"Il fallait quand même consoler, distraire, encourager ceux qui, dans les trente lits de la salle, gisaient et souffraient pour la Patrie ; il fallait rire et sourire durant douze heures par jour, mais le soir, dans le dortoir sans feu, bien lasse, si lasse qu'elle avait à peine touché à sa ration, la jeune infirmière tirait alors les rideaux de son alcôve et sanglotait en appelant "sa maman" qui la gâtait si fort et la soignait si bien, elle, la pauvre gosse à peine sortie elle-même de l'enfance" (Louise C., infirmière belge, citée par Hubert Depester dans son ouvrage Nos héros et nos martyrs de la Grande Guerre - Ed. Tamines).

 

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