Publié le 29 Novembre 2015

La chapelle de That-Khé est sauvée !

Le 27 août 2014, nous relayions sur ce site l’appel pour sauver la chapelle de That-Khé de la ruine. Souvenez-vous, cette chapelle avait abrité de nombreux soldats français du CEFEO durant la terrible bataille de la RC4.

Aujourd’hui, comme vous pouvez le constater sur cette photographie, la chapelle a été restaurée et est sauvée. Grâce à de nombreuses associations, dont l’ANAPI, le Souvenir Français d’Asie, et surtout l’action énergique de Bernard Tissier et de Thierry Servot-Viguier.

Une plaque figure à l’entrée de cette chapelle :

« Nous tenons à remercier sincèrement les organisations, les associations, de leur soutien pour la restauration de la chapelle de That Khé, notamment :

  • La congrégation d’évangélisation des puples ;
  • L’évêque de Lang-Son et Cao-Bang ;
  • Vietnam-Espérance, l’ANAPI et leurs amis ;
  • Les mécénats nationaux et internationaux ».

Bravo à Bernard Tissier, Thierry Servot-Viguier et Amédée Thévenet d’avoir œuvré pour répondre à l’attente de tous les anciens d'Indochine.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 29 Novembre 2015

Commémorations en Macédoine.

A la suite de notre article sur les cimetières militaires français en République de Macédoine, son Excellence Monsieur Blagoj Zasov, ambassadeur, Délégué général du Souvenir Français en Macédoine, nous a fait parvenir des photographies, dont celle ci-dessus, et nous a écrit quelques lignes : « Vous savez que la Macédoine est l’un des pays où sont enterrés des soldats français tombés pendant la Première guerre mondiale. De ce fait, chaque année, les Macédoniens participent massivement aux commémorations du 11 novembre organisées de l’Ambassade de France à Skopje. »

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Publié le 25 Novembre 2015

Yvette Farnoux (Copyright Le Monde).
Yvette Farnoux (Copyright Le Monde).

Yvette Farnoux n’est plus. Décédée le 7 novembre 2015 à Vanves, ville qu’elle habitait avec son époux Abel depuis longtemps. Résistante et déportée française, survivante du camp d’Auschwitz, Yvette Farnoux faisait partie des quelques françaises devenues Grand’Croix de la Légion d’honneur comme Germain Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jacqueline de Romilly et Madame le général Valérie André.

Un hommage lui a été rendu aux Invalides en présence d’un grand nombre de représentants d’associations d’anciens combattants et patriotiques, parmi lesquels le Contrôleur général des armées Serge Barcellini, président général du Souvenir Français. Des représentants des hautes autorités de l’Etat étaient également présents. A cette occasion le président de la République, a indiqué : « Cette combattante de la liberté est devenue après la guerre une militante de la mémoire qui n’a jamais cessé d’œuvrer pour la transmission de l’esprit de Résistance aux jeunes générations ». Puis, Manuel Valls, Premier ministre, a ajouté : « Nous saluons ce jour ses combats, son courage, ses souffrances. Elle aura été un grande héroïne de la nation ».

Yvette Farnoux, née Baumann, voit le jour en Alsace, le 10 septembre 1919, au sein d’une famille juive. Ses parents s’installent sur Paris dans le 16e arrondissement. Etudiante au lycée Molière de Paris, la jeune Yvette s’oriente très tôt vers le service aux autres et décide de travailler pour le Secours national. Arrive la Seconde Guerre mondiale : elle s’engage dans la Résistance dès 1941 – elle n’a pas alors 22 ans – et devient une collaboratrice de Berty Albrecht.

Berty Albrecht est alors l’une des figures des mouvements clandestins. Ancienne surintendante aux usines Fulmen de Clichy et de Vierzon, elle participe aux premiers mouvements de la Résistance, en compagnie de Pierre Fresnay (qui fonde le Mouvement de Libération Nationale), Pierre de Froment et Robert Guédon. Mais arrêtée en 1942, Berty Albrecht réussit à s’évader et entre en clandestinité. Arrêtée de nouveau en 1943, transférée à la prison de Fresnes, elle est retrouvée pendue dans sa cellule le jour même. Un suicide pour ne pas parler sous la torture. Les Mouvements Unis de la Résistance (MNR) se tournent alors vers Yvette Baumann et lui demande de prendre la responsabilité nationale de ses services sociaux. Profitant de ce poste, elle monte des actions visant à l’évasion des résistants.

Mais en janvier 1944, alors qu’elle est enceinte de huit mois d’un premier mari qui disparaîtra dans les camps de concentration, Yvette est arrêtée pour fait de résistance. Elle tente de se suicider en se tailladant les poignets, est transférée vers l’hôpital de Blois, accouche d’un enfant mort-né, puis cherche à s’évader. Reprise, elle est déportée vers Auschwitz-Birkenau puis Ravensbrück. Les nazis lui tatouent le numéro 80583 sur le bras. Tatouage qu’elle ne fera jamais effacer.

Le camp est libéré par les Soviétiques le 30 avril 1945. Yvette rencontre Abel Farnoux, évadé du camp de Buchenwald après 22 mois de captivité. Il a été intégré à l’armée américaine et est chargé du rapatriement des déportés. Ils se marient l’année suivante et auront trois enfants.

Après la guerre, Abel fait carrière aux Postes et Télécommunications. Il travaille aux liaisons téléphoniques entre l’Afrique et l’Europe et n’a de cesse de promouvoir la technologie française en matière d’électronique et d’une toute nouvelle activité, l’informatique. Viennent ensuite l’aventure de la télévision en couleur – Abel Farnoux est à l’origine du procédé de télévision Vidéocolor – et l’aventure politique : en 1991 il est nommé conseiller spécial de Madame le Premier ministre Edith Cresson. Quant à Yvette, assistante sociale, elle créé des associations de défense de la mémoire et œuvre pour les anciens déportés. Entre autres, elle fonde l’association Mémoire des déportés et des résistants d’Europe.

En 2009 au magasine Le Déporté, elle déclare : « Malgré les interrogations disons… musclés, ma seule gloire, ainsi que celle de mon mari, c’est qu’après mon arrestation, personne n’a été capturé ». Puis d’ajouter : « Avoir eu des enfants fut une grande revanche. Mais quand ils ont grandi, j’ai toujours eu peur pour eux. Peur que ça recommence… En fait, depuis la Libération, j’ai cette peur-là ».

Bertold Brecht, in La Résistible Ascension d’Arturo Ui, a écrit ceci :

« Vous apprenez à voir, plutôt que de rester

Les yeux ronds. Agissez au lieu de bavarder.

Voilà ce qui aurait pour un peu dominé le monde !

Les peuples en ont eu raison, mais il ne faut

Pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt.

Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. »

Source :

  • Blog de Bernard Gauducheau, maire de Vanves.
  • Journal Le Parisien.
  • Journal Le Monde.
  • Journal Le Figaro.

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Publié le 15 Novembre 2015

Deuil national.

Décret du 14 novembre portant déclaration de deuil national :

« Le Président de la république,

Sur le rapport du Premier ministre,

Décrète :

Article 1 : les 15 novembre, 16 novembre et 17 novembre sont déclarés jours de deuil national en hommage aux victimes des attentats commis à Paris le 13 novembre 2015.

Article : 2 : le Premier ministre est chargé de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la république française ».

Circulaire du 14 novembre 2015 relative aux jours de deuil national en hommage aux victimes des attentats commis à Paris le 13 novembre 2015.

« J'ai l'honneur de vous faire connaître que, conformément à un décret de ce jour du Président de la République, les dimanche 15 novembre, lundi 16 novembre et mardi 17 novembre 2015 seront jours de deuil national afin de rendre hommage aux victimes des attentats commis à Paris le 13 novembre 2015.

L'ensemble de nos concitoyens doit pouvoir se joindre à cet hommage. Les employeurs ont été invités à permettre à leurs salariés d'y participer.

Selon des modalités qu'il vous appartiendra de fixer, vous veillerez donc à organiser lundi 16 novembre prochain, à 12 heures, un moment de recueillement permettant aux agents des services publics relevant de votre autorité ou placés sous votre tutelle de s'associer à cet hommage.

Enfin, les drapeaux seront mis en berne sur les bâtiments et édifices publics dès aujourd'hui et jusqu'au mardi 17 novembre inclus.

Manuel Valls ».

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Publié le 11 Novembre 2015

La lettre.

« Bien chers parents,

La lettre que je vous écris est une lettre d’adieu et lorsqu’elle vous parviendra, je serai probablement tombé sous les balles de l’ennemi. Mais qu’importe, ne pleurez pas, ma mort sera bien peu de chose si elle peut contribuer à la victoire de mon pays. Mon seul regret aura été de mourir sans avoir pu jouir du beau spectacle de son triomphe.

Vous achèterez une petite couronne ou un rameau de laurier que vous mettrez sur la tombe de mon frère et vous lui direz un dernier adieu pour moi.

Embrassez-bien mes sœurs, frères et beaux-frères s’ils reviennent sains et saufs. Dites-leur que si ma vie a été courte, mon rôle aura été suffisamment rempli, car j’aurai disparu au champ d’honneur sous les plis du drapeau, en faisant mon devoir de Français.

Chers parents, j’écris cette lettre avant de partir au feu, demain, nous arriverons sur le champ de bataille. Et, avant d’y aller, j’ai voulu vous faire mes adieux ; pour le moment, je suis en parfaite santé et désire qu’il en soit de même pour vous tous.

Je vous embrasse bien tous.

Marcellin. »

Extrait de la revue du Souvenir Français – Octobre 2015 – Lettre écrite par Marcellin Porteix, tombé au champ d’honneur à Lankhof (Belgique), le 24 décembre 1914.

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Publié le 11 Novembre 2015

Le Souvenir Français d'Issy vous dit merci.

Pour le Souvenir Français, le mois de novembre est toujours chargé, surtout sur sa première quinzaine. Cette année n’a pas dérogé à la règle. Avec une différence d’importance : nous avons organisé notre quête annuelle du jeudi 29 octobre au 1er novembre. Et les Isséens et Isséennes et toutes celles et ceux qui se sont rendus au cimetière communal en ces jours ont été particulièrement généreux. Nous n’avions jamais auparavant connu une telle réussite. Le beau temps y est peut-être pour quelque chose, mais rien n’oblige pour autant à « mettre la main dans le porte-monnaie ». Nous avons récolté 515 Euros. Cette somme ira pour partie au siège de notre organisation pour être employée à des actions de réhabilitation de monuments et de tombes de Morts pour le France en état de décrépitude avancée et pour partie pour notre cimetière où, en accord avec la municipalité, nous pourrons refaire à nouveau des plaques pour les victimes civiles des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

Ensuite, le mardi 10 novembre au soir se sont déroulées les Flammes de l’Espoir, qui consistent à déposer des bougies sur le Monument aux Morts de la Ville. En présence des unités militaires filleules de la ville, et des représentants de nombreuses associations d’anciens combattants et autres comme les Pupilles de la Nation ou la Légion d’Honneur, plus de 50 bougies ont été déposées.

Nous tenons à remercier la municipalité d’Issy-les-Moulineaux et en particulier Michel Raineri, de même que tous les participants pour leur générosité et leur implication. Un salut spécial et nos plus vifs remerciements à nos quêteurs et à la gentillesse et au dévouement du personnel du cimetière communal.

Un autre salut amical à notre ami Jacques Landois qui a organisé avec la municipalité de Vanves la première manifestation du Souvenir Français sur sa commune.

CDT (RC) Frederic RIGNAULT

Président du Comité – Délégué Adjoint pour les Hauts-de-Seine

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Publié le 27 Octobre 2015

Commémorations de novembre.

Mois de novembre chargé pour le Souvenir Français !

  • Le samedi 31 octobre et dimanche 1er novembre, quête du Souvenir Français à la sortie des églises d’Issy-les-Moulineaux (paroisses St-Etienne et Notre Dame des Pauvres) et à l’entrée du cimetière. L’argent récolté servant à l’entretien des tombes de celles et ceux qui sont morts pour la France. Merci par avance.
  • Le mardi 10 novembre à 18h15 au Monument aux Morts de la ville, opération « Flammes de la Mémoire » ; notre comité organise chaque année le dépôt de bougies sur le monument aux morts. Vous êtes invités à venir nombreux !
  • Le mercredi 11 novembre : commémoration de l’armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale.

Nous comptons sur vous et vous remercions par avance de votre générosité.

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Publié le 14 Octobre 2015

Un Comité à Vanves !

Le Comité est heureux d'annoncer la naissance d'une Section à Vanves ! Cette section est présidée par Monsieur Jacques Landois, qui fut longtemps maire-adjoint de cette commune, chargé des Anciens combattants.

Premier travail : être présent aux cérémonies de la commémoration de l'armistice de la Première Guerre mondiale pour un dépôt de gerbe au nom du Souvenir Français.

Et que longue vie à cette Section !

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Publié le 7 Octobre 2015

Exode de Pieds-Noirs en 1962 (Copyright : site Histoire en Questions).
Exode de Pieds-Noirs en 1962 (Copyright : site Histoire en Questions).

Il n’est pas rare dans les carrés militaires de voir des tombes de soldats, ou des civils, morts en Algérie, mais après les Accords d’Evian du 19 mars 1962. Une date est d’ailleurs marquée à jamais du sceau noir de la mort. Il s’agit du 5 juillet 1962…Comment en est-on arrivé là ?

De la révolte de Sétif aux guerres civiles.

A la suite du 8 mai 1945, date de la capitulation de l’Allemagne nazie, plusieurs émeutes éclatent parmi la population algérienne musulmane. A Sétif et dans le Constantinois, près d’une centaine d’Européens sont assassinés. Les causes sont complexes et multiples : revendications cultuelles, culturelles, reconnaissance d’une égalité de traitement entre la population musulmane algérienne et la population d’origine européenne. Un formidable vent de liberté vient de souffler sur le monde entier : les peuples n’ont entendu que cela dans les mois qui précèdent le printemps 1945. « Retrouver la liberté ». Le contexte de l’époque tient également en deux termes : anti-impérialisme et anti-colonialisme. « Quand un peuple veut sa liberté, rien ne peut l’arrêter » a écrit le général Bigeard dans ses mémoires posthumes (« Ma vie pour la France », Ed. du Rocher).

Les émeutes algériennes sont très durement réprimées par l’Armée française. Le général Duval, qui commande les unités de notre pays indique: « Je vous ai donné la paix pour dix ans, si la France ne fait rien, tout recommencera en pire de façon irrémédiable ». Et c’est la période où notre nation perd l’Indochine, vaincue par une armée faite, au départ, de paysans équipés d’armes d’un autre âge : la puissance colonisatrice n’est pas invincible. C’est l’une des raisons qui poussent, en novembre 1954, des hommes du FLN (Front de libération nationale) à œuvrer au même moment un peu partout en Algérie des attaques contre des représentations françaises : postes de gendarmerie, bâtiments publics, entrepôts… De nombreux Français sont pris pour cibles. Dans les Aurès, un couple d’instituteurs, les Monnerot, est abattu.

En métropole, la réaction ne se fait pas attendre. A la tribune de l’Assemblée nationale, Pierre Mendès-France, président du Conseil déclare : « A la volonté criminelle de quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse ». Des militaires supplémentaires arrivent de nombreuses casernes. Il s’agit de mater ce que l’on appelle les « événements ». On ne peut alors parler de guerre. D’abord, l’Algérie est alors un pays français, composé trois départements (l’Oranais, l’Algérois, le Constantinois) et de territoires du Sahara. Et on ne peut, selon les traités internationaux de l’époque ne faire une guerre que contre un pays souverain. De plus, en 1954, ce n’est qu’un début d’hostilités.

Quelques mois plus tard, le FLN, qui s’est renforcé, créé l’ALN (Armée de libération nationale) et organise toute une série de massacres dans le Constantinois… auxquels répondent les Français par autant de ripostes. Pour rassurer les habitants de souche européenne, le gouvernement fait appel aux militaires du contingent. Des supplétifs « indigènes » – selon la terminologie de l’époque – comme les harkis et les moghaznis viennent compléter les unités françaises. La situation s’envenime… Bientôt, le conflit se transforme en une guerre civile au sein des deux communautés : aux prix de nombreuses exécutions et éliminations, le FLN prend le dessus sur le Mouvement national algérien (MNA) ; en métropole comme en Algérie, des Français se tirent dessus : le Parti communiste français appelle à l’arrêt des combats et favorise l’action des pacifistes. Certains vont plus loin et deviennent des « porteurs de valises » (armes, argent) pour le FLN. De l’autre côté de l’échiquier politique, un groupuscule passe aux armes et créé l’OAS en 1961 (Organisation de l’armée secrète) dont les victimes sont tout aussi bien algériennes que des Français qui soutiennent la demande d’indépendance de l’Algérie.

« Une victoire française sur le terrain ».

Pourtant en 1959, grâce au plan du général Challe, la victoire est proche. L’idée maîtresse consistant à traiter de manière successive des surfaces importantes avec des moyens considérables, dans le but de réduire à néant les bandes de fellaghas. Le plan comporte de nombreuses opérations : les zones refuges d’Oranie, la couronne d’Alger, le passage du Hodna, le Grande et la Petite Kabylie, le nord Constantinois. Enfin, de septembre 1960 à avril 1961, se déroule l’importante tâche dans les Aurès. Et à toutes ces opérations s’ajoutent des missions dans l’Atlas saharien. En encerclant les zones, en bloquant toutes les issues possibles, l’Armée française provoque des dégâts majeurs – jusqu’à 50 % dans l’Oranie – au sein de l’ALN.

Comme l’indique le général Glavany dans une interview accordée au Souvenir Français : « Nous n’avions plus alors en face de nous de grande « katibas » organisées et pouvions, à juste titre, considérer que nous étions vainqueurs sur le terrain. Mais le terrorisme urbain persistait et, sur le terrain même, des petites bandes fluides nous condamnaient à attaquer, à attaquer sans cesse et à tuer. Totalement intégré à cette division parachutiste dont j’étais solidaire, je restais néanmoins un aviateur et gardais ma liberté d’esprit et de jugement. Si je n’étais pas lassé des combats – car l’allégresse des combats, cela existe – je voyais avec consternation ce beau pays peu à peu crucifié tandis que l’amertume des officiers montait tout autour de moi devant une politique qu’ils ne comprenaient point. »

De fait, en avril 1961, quatre généraux (Challe, Jouhaud, Salan et Zeller) fomentent un putsch et s’emparent du pouvoir à Alger dans le but de préserver l’Algérie à la France, donc d’aller contre la politique voulue par le général de Gaulle, alors président de la République. Plusieurs régiments de la Légion et de parachutistes suivent, mais l’aventure ne dure que quelques jours… Moins d’un an plus tard, le 19 mars 1962, les accords d’Evian sont conclus : ils donnent naissance à la République algérienne démocratique et populaire, dont l’avènement doit être proclamé le 5 juillet 1962.

Commencent alors l’exode massif des Pieds-Noirs (familles françaises installées, parfois depuis 1830, en Algérie), les massacres d’Européens et encore plus des musulmans qui ont aidé les Français, tels les Harkis.

Oran – 5 juillet 1962.

Le 1er juillet 1962, la population algérienne, par référendum, vote à une écrasante majorité l’indépendance de son pays. La France reconnait l’Algérie comme Etat indépendant deux jours plus tard. Et la déclaration d’investiture du GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne) est officielle le 5 juillet.

En apprenant cette nouvelle, les populations descendent dans les rues. C’est une explosion de joie. A Oran, la population européenne est encore importante. Même sous la contrainte (« la valise ou le cercueil »), des dizaines de milliers de Français ne peuvent boucler leurs affaires en quelques semaines. Dans un article paru le 28 février 2002 dans le Nouvel Observateur, l’historien Benjamin Stora indique : « Vers 11h du matin, des milliers de manifestants venant des quartiers musulmans envahissent la ville européenne. Les premiers coups de feu éclatent et jettent une population prise de panique dans toutes les directions. (…) Dans les rues soudain vides commence une chasse aux Européens ».

Normalement, les accords d’Evain prévoient la protection des Européens et des Harkis. Mais à Oran, le responsable des troupes françaises, le général Katz, n’intervient pas. Bien sûr, les avis divergent : est-il au courant de ce qui se déroule à quelques mètres de lui ? Exécute-t-il strictement les ordres qui lui ont été donnés (le Journal des Opérations du secteur d’Oran indique que les troupes sont consignées dans les casernes) ? Et Alain Peyrefitte, dans « C’était de Gaulle » (Ed. Fayard), rappellent les mots du général : « La France ne doit plus avoir aucune responsabilité dans le maintien de l’ordre après l’autodétermination. Elle aura le devoir d’assister les autorités algériennes ; mais ce sera de l’assistance technique. Si les gens s’entre-massacrent, ce sera l’affaire des nouvelles autorités ».

Les troupes françaises finissent par sortir en début d’après-midi. Trop tardivement. Au cours de cette journée, à Oran, comme dans toute l’Algérie, des milliers d’Européens sont passés par les armes et ils sont encore plus nombreux ceux que les familles ne reverront jamais.

Sources :

  • Ville de Meudon : www.ville-meudon.fr
  • Entretiens avec le général Roland Glavany, 2008-2010.
  • Joseph Katz, L’honneur d’un général : Oran, 1962, L’Harmattan, 1993.
  • Georges-Marc Benamou, Un mensonge français : retours sur la guerre d’Algérie, Robert Laffont, 2003.
  • Benjamin Stora, Histoire de la guerre d’Algérie (1954-1962), La Découverte & Syros, 2004.
  • Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Fayard, 1994.
  • Pierre Montagnon, Histoire de l’Algérie : des origines à nos jours, Pygmalion, 1998.
  • Georges Fleury, Comment l’Algérie devint française, Perrin, 2004.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Algérie

Publié le 19 Septembre 2015

L’exploration du Mékong et l’étude de sa navigabilité ont été un défi majeur pour tous les officiers de marine et scientifiques français qui ont sillonné le fleuve pendant près de 50 ans, depuis la première mission de reconnaissance dirigée par Doudart de Lagrée (1866-1868) jusqu’aux ultimes tentatives de franchissement des rapides du haut-Laos dans les premières années du XXème siècle.

L’histoire de cette exploration a été marquée, en particulier dans sa partie laotienne, par une succession d’exploits humains et de prouesses techniques inimaginables, mais aussi d’accidents dramatiques. En effet, malgré les compétences et le courage des hommes engagés dans ces missions à risque, les dangers du Mékong ont fait de nombreuses victimes. Si certaines personnalités disparues tragiquement sont toujours présentes dans nos mémoires grâce aux articles, monuments funéraires ou plaques commémoratives qui leur ont été consacrés et qui existent toujours (Général de Beylié, Docteur Rouffiandis, Henri Mouhot, Capitaine Quilichini), d’autres n’ont pas eu cette chance posthume et restent totalement oubliés, bien que leurs exploits n’en soient pas moins dignes.

C’est le cas du commandant Diacre dont j’ai retrouvé par hasard la trace il y a quelques années grâce à une ancienne carte de la région des chutes de Khone, publiée dans le volume Indochine du Sud de la série des Guides Madrolle, que je m’étais procurée dans le cadre des recherches que je mène sur l’histoire de l’exploration du Mékong.

Sur cette carte, un détail à peine visible avait attiré mon attention : un petit symbole cruciforme était représenté sur la berge sud-ouest de l’île de Sadam (Don Sadam), accompagné de la mention « Mont. Diacre ». Comme l’abréviation le laissait supposer, il devait certainement s’agir d’un monument, mais j’étais curieux de savoir pourquoi il était situé à cet endroit, quelle était sa fonction précise et que signifiait le mot « Diacre ». J’ai d’abord imaginé que c’était un édifice utilisé par un diacre local pour célébrer sur place des offices religieux. Mais cela semblait bien peu probable car le lieu n’a jamais été beaucoup peuplé et encore moins par des chrétiens. Puis, la majuscule à « Diacre » m’a mis sur la piste d’un nom de famille. Après des recherches dans les dossiers personnels des officiers de marine ayant servi au Laos et grâce au fichier des anciens élèves de l’Ecole navale, j’ai enfin trouvé l’explication à cette annotation mystérieuse : il s’agissait d’un monument funéraire érigé à la mémoire du capitaine de frégate Jules Diacre, chevalier de la Légion d’Honneur, disparu tragiquement le 6 août 1903 à l’âge de 39 ans lors du naufrage de sa pirogue dans le Hou Sadam, une des nombreuses passes parmi les rapides de Khone.

Une victime de plus qui vient se rajouter à la longue liste des marins morts accidentellement dans le Mékong dans l’accomplissement de leur devoir !

En présentant cette courte biographie, je suis heureux de faire revivre le souvenir de ce brillant officier de marine tombé malheureusement dans l’oubli depuis longtemps. Jules, Louis, Marie, Joseph Diacre est né le 10 mars 1864 à Chevilly (Loiret) où son père était instituteur. Il manifeste très tôt des goûts prononcés pour la marine et entre à l’Ecole navale en 1880. Dès sa sortie de l’école d’application en 1883, l’aspirant Diacre est envoyé au sein du corps expéditionnaire de Chine, à l’escadre d’Extrême-Orient commandée par l’amiral Courbet.

Il est embarqué à bord du Bayard puis rejoint l’équipage du cuirassé La Triomphante, sous les ordres du lieutenant de vaisseau Pierre Dehorter. Il participe à la guerre franco-chinoise (août 1884 – avril 1885) en particulier aux combats de Fou-Tchéou (23 août 1884) et de la rivière Min (26-29 août 1884), à l’attaque de Formose et à la prise de Keelung (1er octobre 1884). Le 8 octobre 1884 il est grièvement blessé au bras lors de la bataille de Tamsui où il se distingue par son courage en protégeant, malgré sa blessure et le feu nourri des Chinois en supériorité numérique, la retraite de ses camarades et du commandant Dehorter, mortellement touché. Ce dernier décèdera le 16 octobre, après huit jours d’agonie à bord de La Triomphante durant la traversée de Keelung à Saïgon.

Il est décoré pour cet acte de bravoure à l’âge de vingt ans, avant d’être promu enseigne de vaisseau le 10 décembre 1884. Il conservera de la grave blessure contractée à Tamsui (son bras droit a été traversé par une balle) une certaine faiblesse au niveau du membre qui le fera souffrir toute sa vie et lui sera probablement fatale lors de l’accident du Mékong.

En 1886 Diacre est affecté à la division navale de l’Océan Indien à bord du croiseur Limier qui participe à la campagne de Madagascar. Le 25 août 1889, il est promu lieutenant de vaisseau et part rejoindre à nouveau l’escadre de Chine, à bord de La Triomphante. De retour en France, il suit la formation de torpilleur à l’Ecole des torpilles dont il ressort officier breveté en 1896, commandant le Torpilleur 97 de la Défense Mobile de la Corse. Le 11 juillet 1896, il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur. En 1898 il est attaché au ministère de la Marine à Paris, à la 4ème section de l’Etat-major général.

Le 6 juin 1899 il quitte la France pour prendre le commandement de l’aviso La Caravane, un transport de munitions de 3ème classe faisant partie de l’escadre d’Extrême-Orient. Dans la nuit du 22 au 23 octobre 1900, lors d’une mission de routine le long des côtes du Japon, le bâtiment est percuté accidentellement par un vapeur japonais qui le traverse de part en part, alors qu’il navigue sur la mer intérieure entre Kobé et Takou. La Caravane coule en moins de sept minutes, faisant deux victimes parmi l’équipage, un officier et un quartier-maître. Le bilan aurait pu être plus élevé sans la conduite exemplaire et la bravoure des officiers et la discipline de l’équipage. En vertu des règlements de la marine française qui exigent que le commandant de tout bâtiment de guerre disparu soit traduit devant un conseil de guerre qui juge sa conduite, Diacre comparaît en 1901 devant le 1er conseil de guerre maritime de Toulon présidé par le capitaine de vaisseau Compristo. Mais le réquisitoire du commissaire du Gouvernement est entièrement à l’éloge du commandant de La Caravane et le conseil rend un jugement acquittant, à l’unanimité, le lieutenant de vaisseau. Son président va même jusqu’à le féliciter pour le sang-froid et le courage dont il a fait preuve avec son équipage dans les terribles circonstances qu’il a traversées et le propose au tableau d’avancement pour le grade de capitaine de frégate.

Après son acquittement, il est envoyé en Angleterre pour négocier, en remplacement du transport perdu, l’achat d’un navire affecté au Service du littoral, auquel il donne le nom de Loiret et dont on lui confie le commandement. Promu au grade de capitaine de frégate le 1er avril 1902, il est envoyé à Saïgon comme second à bord du cuirassé Redoutable qui appartient à la division de réserve de l’escadre d’Extrême-Orient commandée par le capitaine Charles Duroch. Durant son séjour en Indochine, il se passionne pour la navigation sur le Mékong et les améliorations qui peuvent être apportées au service des transports, en particulier sur le bief laotien du fleuve. Ayant appris qu’une des passes au milieu des rapides de Khone, le Hou Sadam, était fréquemment traversée par les pirogues de commerçants indigènes ou de colons, il élabore le projet de la parcourir d’amont en aval pour en faire la reconnaissance.

Après avoir obtenu l’autorisation du chef de la division navale de réserve, il s’embarque le 6 août 1903 à l’entrée nord du chenal à bord d’une pirogue spécialement aménagée, en compagnie du lieutenant de vaisseau Georges Eugène Simon, directeur des Messageries fluviales de Cochinchine et pionnier de l’exploration des chutes de Khone, de Monsieur Demay, commis de l’Agence des Messageries, et de quatre bateliers. A un tournant du fleuve, l’embarcation chavire à cause des lames très fortes et tout l’équipage se retrouve à l’eau. Un moment les hommes arrivent à se maintenir à la surface, accrochés à la pirogue emportée par un courant impétueux. Mais bientôt, par suite d’une manœuvre des bateliers essayant de redresser le bateau, tout le monde se retrouve plongé sous l’eau. Le commandant Diacre, sans doute gêné par sa vieille blessure de guerre, n’arrive pas à remonter à la surface et est englouti par le tourbillon des eaux, en même temps qu’un des piroguiers. Non sans peine, le capitaine Simon et M. Demay rejoignent la berge où ils retrouvent les trois bateliers rescapés du naufrage. Durant deux jours Monsieur Simon entreprend d’intenses recherches le long des berges pour tenter de retrouver l’infortuné officier. En vain ; malgré tous les efforts possibles, le corps du commandant Diacre ne sera jamais retrouvé.

Faute de pouvoir le porter en terre dans une sépulture décente, un petit monument sera élevé à proximité du lieu du naufrage, le long de l’île de Sadam, afin de rappeler la mémoire de ce courageux officier de marine victime de l’amour de son métier et de son désir d’en étendre la connaissance et l’expérience.

A cet endroit peu fréquenté, le monument au commandant Diacre va tomber dans l’oubli et faute d’entretien, il se détériore rapidement, victime des crues successives du fleuve à la saison des hautes eaux. De passage dans la région de Khone en mars 2012, je me suis rendu en pirogue à moteur jusqu’au village de Ban Sadam sur l’île du même nom afin d’obtenir quelques renseignements sur le sujet. Les habitants m’ont conduit auprès d’un vieux Laotien qui se souvenait de l’édifice à la mémoire d’un farang. Il a bien voulu me conduire le long de la berge du Mékong sur le terrain d’un jeune propriétaire local. Nous avons traversé plusieurs de ses champs et à un endroit précis, au beau milieu de cultures potagères, le vieil homme s’est arrêté et m’a désigné de la main le lieu où se trouvait le monument à l’époque. J’ai pu vérifier que l’emplacement correspondait précisément à celui indiqué sur ma vieille carte Madrolle ! Par contre, je n’ai retrouvé aucun reste du monument…

Jean-Michel STROBINO

Sources :

Cet article est extrait du site Internet du Souvenir Français de Chine et d’Asie, dirigé par Monsieur Claude R. Jaeck.

Adresse Internet : www.souvenir-francais-asie.com

Le commandant Diacre.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #La Coloniale