Publié le 1 Mai 2012

 

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Chers adhérentes, chères adhérents,

 

Voici le programme pour les 7 et 8 mai 2012 :

 

·         Lundi 7 mai 2012 à 18h00 => Conférence par le Capitaine de vaisseau Guy Crissin en salle Multimédia de l’Hôtel de Ville « Rommel face à la résistance française à Bir Hakeim ».

·         Mardi 8 mai : 8h00 : Rassemblement devant le CNET et départ en car.

·         8h30 : messe à Notre Dame des Pauvres.

·         9h15 : fleurissement de la stèle du maréchal Juin.

·         9h35 : place du 8 mai ; fleurissement et lecture du discours de MR LAFFINEUR, secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants, par Roger Fleury, président  de l’UFAC.

·         9h50 : cortège jusqu’à la place du maréchal de Lattre de Tassigny.

·         10h00 : square Bonaventure Leca, dépôt de gerbes au buste du général Leclerc.

·         10h15 : monument aux morts de la ville ; discours de Jean Quillard, président des ACV, et d’André Santini, ancien ministre, député-maire de la ville.

·         10h40 : défilé du Régiment de marche du Tchad et du 2ème régiment de la Garde républicaine.

·         11h00 : vin d’honneur dans les salons de l’Hôtel de Ville.

 

Le Comité du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux organisera, comme chaque année, la quête du Bleuet de France et compte à la fois sur votre présence et votre générosité pour les Morts pour la France, leurs familles et les blessés qui sont aussi soutenus par nos associations.

 

 

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Publié le 20 Avril 2012

 

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Adjudant-chef Mohammed El Gharrafi, du 2ème REG, tué en Afghanistan le 29 décembre 2011.

 

 Après les attentats aux Etats-Unis de 2001, avec le soutien des forces de l’OTAN, les Etats-Unis renversent le régime des Talibans en Afghanistan. Ces derniers abritent alors les terroristes d’Al-Qaida et leur chef Oussama Ben Laden.

 

En 2004, la mission des forces de l’OTAN devient l’ISAF (Force Internationale d’assistance et de sécurité) et son but consiste en une aide à la mise en place d’un Etat structuré et fort dans ce pays, sous la présidence d’Hamid Karsaï. Cette mission s’accompagne, comme bien souvent, d’un volet humanitaire et de développement des infrastructures.

 

La France est active en Afghanistan depuis 2001 et compte aujourd’hui 3.400 militaires, placés dans les provinces de Kaboul – la capitale –, de la Kapisa et de Surobi. Depuis 2001, 82 militaires français ont trouvé la mort dans ce pays, et sans parler des dizaines de blessés.

 

C’est l’une des missions du Souvenir Français que de conserver la mémoire de ces militaires morts au Champ d’honneur. Diffusé par Yves Debray, membre du conseil d’administration de l’Association de Soutien à l’Armée Française, voici ce poème écrit Madame Colette Dahais, employée du Corps des Personnels civils de le Défense au Musée du Génie d’Angers.

 

 

« J’avais vingt, trente ou quarante ans

J’étais caporal, capitaine ou adjudant

Et je suis mort en Afghanistan.

 

Sur une terre hostile et lointaine

Je suis parti loin des miens

Défendre la paix, la veuve et l’orphelin

Je n’étais qu’un soldat, pas un héros

Mon engagement c’était ma foi, mon crédo.

 

Qu’ici en France tous le comprennent

Que mes parents et camarade on soutienne

Que les jeunes Afghans grandissent sereins

Que mon sacrifice ne soit pas vain.

 

Adieu maman, adieu chérie, adieu mon tout-petit

Dans la douleur et le chagrin

Pas de revanche ni de colère

C’était mon métier, j’en étais fier

Bien qu’à ma vie, il ait mis fin.

 

J’avais vingt, trente ou quarante ans

J’étais officier, sous-officier ou militaire du rang

Tombé au Champ d’honneur… là-bas en Afghanistan ».

 

 

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Publié le 8 Avril 2012

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Jacques Vignaud, au collège Henri Matisse d’Issy-les-Moulineaux. Conférence sur la Résistance.

 

Il y a quatre années, le Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux rencontrait Jacques Vignaud, qui avait alors raconté son engagement dans la Résistance à l’âge de 17 ans : « Ces adolescents qui prirent tous les risques pour sauver la France ».

Voici une suite de ce récit.

 

Anarchiste républicain.

 

« Je ne fus démobilisé qu’en janvier 1946. Après la poche de Royan – La Rochelle, je fus envoyé sur celle de Lorient. Des armées entières étaient parties pour délivrer le territoire national, et poursuivre la lutte en Allemagne. Pour notre unité, il s’agissait de participer à la gestion des zones de résistance de l’ennemi. Si à Royan, j’étais un fantassin du 93ème RI., à Lorient, on me plaça un camion Bedford tout neuf dans les mains, avec interdiction de prendre à bord des passagers.

 

Je passais donc au milieu de pauvres familles qui rentraient chez elles. Pauvres familles qui s’en revenaient d’un exode parfois de plusieurs années afin de retrouver la terre de leurs aïeux. Une fois, je n’y tins plus et je remplis mon Bedford de passagers. Bien sûr, la police militaire me prit en flagrant délit. Ainsi, après avoir connu la prison en tant que Résistant, je la connus en tant que militaire désobéissant à un ordre que je considérais comme stupide.

 

Cette insoumission était bien dans mon caractère. J’ai toujours été une sorte d’anarchiste. Républicain certes, mais récalcitrant à toute la connerie humaine ! Bref, cela me valut 8 jours d’arrêt de rigueur. Mais j’étais le seul prisonnier à Lorient qui recevait des visites d’habitants de la ville, des paniers plein d’huîtres à mon intention !

 

Déjà quelques temps plus tôt, j’avais agit de la sorte. Les Allemands étaient à la recherche de jeunes gars pour aider les entreprises françaises à construire le Mur de l’Atlantique. J’étais alors garçon de recettes sur les Fêtes foraines. Je fus embarqué de force pour travailler aux ouvrages fameux. Je ne peux pas dire que j’en faisais lourd… Un jour, alors que le chantier était la cible de bombardements « d’avions forteresses » de l’US Air Force, je descendis sous les hangars de protection. Là, un sous-marin allemand était accosté. Ils évacuaient des blessés. Je reportai ce que j’avais vu à quelques camarades le lendemain. Puis je pris l’habitude de les informer régulièrement. On pouvait compter sur mon engagement et ma fidélité à la cause qu’ils défendaient.

 

Tout naturellement, ils me demandèrent quelques mois plus tard de rejoindre le maquis. J’avais 17 ans ».

 

Reporter au Time Life.

 

« Je fus donc démobilisé en janvier 1946. On nous avait donné des papiers pour nous rendre dans des bureaux de recrutement. A Paris, nous reçûmes des enveloppes, au sein desquelles se trouvaient des propositions d’emploi. Nous étions en sortie de guerre, heureux d’être des miraculés. Et tout était possible. J’ouvris. Deux propositions s’y trouvaient : l’une pour Fortune et l’autre pour Time Life. Je rencontrai le directeur de ce journal à Paris. Il me dit : « Si tu sais conduire une jeep, alors je t’engage. Prends cet appareil photo. Prends des photos. Tout ce que tu veux. J’ai besoin que l’on voit Paris après la guerre. Débrouille-toi et bonne chance ! ».

 

J’habitais chez une personne de ma famille à Bezons. Je passais mes journées à travailler, à faire ce que j’appelais pompeusement mes reportages. On m’avait aussi confié le tri de la presse pour préparer des revues pour le correspondant du journal à Paris : Sherry Mc Gan. Enfin, je passais des courriers à un Américain en charge de l’application du Plan Marshall pour la France.

 

A partir du mois de décembre 1946, l’Assemblée nationale fonctionna à nouveau. Vincent Auriol en était le président. Je devais me rendre au Palais Bourbon afin de remettre une invitation à l’’un des ténors de la politique de l’époque, un héros de l’entourage du général de Gaulle : Maurice Schumann. J’avais 20 ans et je rencontrais un personnage important. Je dois confesser que ce n’était pas la première fois que j’étais dans cette situation.

 

Environ deux années plus tôt, alors maquisard, on m’avait demandé d’aller chez l’écrivain Georges Simenon qui s’était installé peu loin de notre campement. Là-aussi, j’étais pétrifié de peur à l’idée de rencontrer un grand homme. Je m’y rendis en voiture à cheval afin de récupérer de l’essence. Je sais tout ce qui a été dit, écrit sur Simenon pendant la Seconde Guerre mondiale : l’engagement de son frère dans la Waffen-SS de Wallonie, son antisémitisme … Etait-il un collaborateur ? Je n’en sais rien. Ce que je peux dire par contre, c’est qu’il m’accueillit – et d’autres maquisard plus tard avec moi – de manière charmante. Il nous fit des chèques pour nous permettre d’acheter des provisions et tout ce dont nous avions besoin. Il nous couvrit de nourriture, de bouteilles…

 

Ainsi, je me trouvai face à Schumann. Nous discutâmes un moment – en fait il me posa des questions et je tentai de répondre – puis me rendit mon invitation marquée de son accord. Mais plus de soixante-cinq années après, je n’ai pas oublié une seule seconde de cette visite. Je vois encore son regard. Deux petits yeux derrières des lunettes à gros foyers de myope. C’était quand même un événement».

 

Au hasard de rencontres.

 

« Au hasard d’une rencontre puis d’une amitié, un chef d’entreprise me confia un poste au sein d’une unité industrielle dans la chimie. Je devins coloriste et travaillai dans ce métier pendant près de 10 ans, alors qu’au départ je n’avais bien entendu aucune formation.

 

Dans le même temps, je me passionnai pour mon activité bénévole au sein des Auberges de Jeunesse. Je gravis tous les échelons pour atteindre le poste de secrétaire général national. C’est d’ailleurs au cours d’une réunion internationale en Suède que je découvris celle qui allait devenir mon épouse. Une jeune femme thaïlandaise qui représentait les Auberges de tout le sud-est asiatique.

 

Je repris pendant près de trois ans mon travail de journaliste et je devins l’un des correspondants de la revue Selection du Reader Digest entre 1963 à 1966. Enfin, et jusqu’en 1992, je travaillai chez Linguaphone France ou je fus le chef des ventes nationales. Tout en conservant des activités annexes, bien sûr. Au cours de ces dernières années, entre le militantisme politique, l’engagement au conservatoire d’Issy-les-Moulineaux ou dans l’administration du collège Henri Matisse, je n’ai jamais cessé en fait d’être en activité. Cela conserve !».

 

 

Entretiens réalisés en janvier 2012, à la brasserie Les Colonnes, à Issy-les-Moulineaux.

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Publié le 31 Mars 2012

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De gauche à droite : André Labour, Délégué général du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine, Frédéric Rignault, président du Comité d’Issy et Délégué général adjoint, André Santini, ancien ministre et député-maire d’Issy-les-Moulineaux.

 

 

Le dimanche 18 mars 2012 s’est déroulée dans la salle d’honneur de la Maison du Combattant, l’assemblée générale du comité d’Issy-les-Moulineaux du Souvenir Français.

 

Le président a remercié l’ensemble des personnes présentes, à commencer par Monsieur Giacomo Signoroni, élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur au cours de l’année écoulée, de même que Messieurs Villenfin et Leconte pour l’organisation. Ont été aussi remerciés, pour leur présence et leur soutien, les présidents des associations d’anciens combattants d’Issy-les-Moulineaux, ainsi que les représentants et leurs présidents de comités des Hauts-de-Seine :

 

·         Messieurs Duhaut et de Cronenbourg pour Meudon.

·         Monsieur le colonel Joël Kaigre pour Chaville.

·         Monsieur Michel (et sa délégation) pour Villeneuve-la-Garenne.

·         Monsieur Duval pour La Garenne-Colombes.

 

Après un moment de silence demandé en mémoire de Madame Lucette Richez, adhérente, et des morts pour la France (et particulièrement des soldats tués en Afghanistan), la séance de travail a été ouverte.

 

Le président a présenté le rapport moral et le rapport d’activité du comité au cours de l’exercice 2010-2011, en rappelant, entre autres, la sortie du livre « Mémoire des carrés militaires des Hauts-de-Seine » publié par le Souvenir Français (se reporter à l’article sur ce site en date du 4 janvier 2012). Ensuite, Monsieur le général Ichac a exposé le rapport financier, (écrit par notre trésorier Monsieur Gilles Guillemont) et a rappelé quelques faits historiques, notamment sur la Stand de Tir de Balard.

 

Monsieur André Labour a rappelé les valeurs de l’association et la nécessité de joindre des jeunes aux manifestations patriotiques puis, en compagnie de Monsieur André Santini, qui avait honoré cette assemblée générale de sa présence, des médailles ont été remises :

 

·         Médaille de Bronze : Madame Louise Zazerra, Madame Lucette Pontet, Madame Georgette Poussange.

·         Médaille d’Argent pour Monsieur Robert Choffé et Monsieur Thierry Gandolfo.

·         Médaille d’honneur pour Monsieur Marie-Auguste Gouzel, maire-adjoint en charge des Anciens combattants et des Affaires militaires, en remerciements de son soutien et de celui de la municipalité.

·         Médaille d’honneur pour Monsieur le général Michel Forget, en remerciements de son soutien, des articles publiés sur ce site et de toute l’aide apportée depuis de nombreuses années.

 

Après le discours de conclusion par Monsieur André Santini, le verre de l’amitié a été servi au foyer Robert Savary et les participants se sont rendus au restaurant Le Bistrot du Boucher pour le déjeuner.

 

Retrouvez toutes les photographies de cette belle journée dans l’album (à droite sur le site dans la liste des albums) intitulé : « 2012-03-18, AG Issy ».

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Publié le 20 Mars 2012

 

Peronne Monuments aux Morts

Le monument aux morts de Péronne (Somme).

 

 

Discours du Président de la République.

 

 

« Mes chers compatriotes,

 

Nous voici réunis, comme chaque année, en ce 11 Novembre, pour célébrer la mémoire des combattants de la Grande Guerre. Depuis que le dernier d'entre eux a disparu, le souvenir personnel des souffrances et des sacrifices a laissé la place à l'Histoire.

 

Mais pour que tant de souffrances et de sacrifices n'aient pas été consentis en vain, nous avons un devoir moral : faire en sorte que cette Histoire construite sur tant de destinées tragiques continue d'être une Histoire partagée, dans laquelle chacun reconnaît une part de lui-même et puise cette fierté de notre pays que nous voulons garder et que nous voulons transmettre à nos enfants.

 

J'irai tout à l'heure me recueillir sur la tombe de Charles Péguy. En 1909, il avait écrit à propos de l'Histoire dont Michelet disait « elle est une résurrection » : « il ne faut pas passer au long du cimetière, ni passer au long des monuments (...), il s'agit de remonter en nous-mêmes comme l'on remonte le cours d'un fleuve ». Oserais-je dire que pour remonter le cours de notre propre histoire, car c'est la nôtre, nous ne devons pas simplement commémorer, nous devons communier. Communier, non seulement par le geste, mais aussi par la pensée avec les vertus de devoir, de courage et de sacrifice de ceux qui se sont tant battus pour nous, mais aussi avec leur douleur, car la douleur fut immense. Les générations qui commencèrent cette guerre l'avaient regardée venir d'abord comme une fatalité, puis comme une nécessité. Toute une jeunesse qui souffrait d'une forme de désespérance et d'un manque d'idéal, avait même fini par la regarder comme une rédemption. Elle cherchait une mystique. Elle épousa celle du sacrifice.

 

Péguy avait écrit : « Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles, couchés dessus le sol à la face de Dieu (...), Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre, Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés » Cette jeunesse partit avec ses aînés le cœur presque gai vers le grand massacre. Péguy mourut aux premiers jours de la guerre, dans les premiers combats, debout sous la mitraille, d'une mort de poète, dans un geste héroïque et naïf. Quelques jours après, Alain Fournier, son ami, l'auteur du grand Meaulnes, sera foudroyé à son tour. La guerre devait être fraîche et joyeuse et ne durer que quelques semaines. Elle fut la plus atroce des guerres et elle dura quatre ans. Après le baptême du feu de ce mois d'août 1914 si sanglant, après la guerre de mouvement, effroyable saignée, l'horreur des tranchées attendait les survivants du massacre.

 

Aucun mot, sans doute ne peut rendre compte de ce que vécurent ces hommes entassés dans des boyaux de boue sanglante, à demi inondés, jonchés de cadavres, attendant la peur au ventre sous les obus l'ordre de monter à l'assaut. Le miracle fut que chacun se battit jusqu'à l'extrême limite de ses forces et nul n'avait songé qu'elle pourrait être repoussée aussi loin.

 

Tous furent des héros, même ceux qui, après avoir affronté avec un courage inouï, les plus terribles épreuves, refusèrent un jour d'avancer parce qu'ils n'en pouvaient plus. D'un côté de la ligne de front comme de l'autre, les lettres des soldats à leurs familles expriment au milieu de la douleur et de l'angoisse, les mêmes sentiments d'honneur et de devoir. Meurtrie, blessée, saignée à blanc, amputée pour longtemps de ses forces les plus vives, la France éprouva dans cette horreur le sentiment de son unité avec une intensité qu'elle n'avait jamais éprouvée auparavant. Le mot fraternité prit dans le malheur un sens qu'il n'avait jamais eu. Les familles de pensée, les origines, les classes sociales s'unirent dans la douleur et le sentiment profond d'une destinée commune.

 

« Plus jamais ça » s'écrièrent les survivants qui revinrent de l'enfer. Ils avaient fait leur devoir. Mais ils l'avaient fait d'abord pour que leurs enfants n'aient pas à leur tour à souffrir comme ils avaient souffert. Ils voulaient que cette guerre qui avait atteint le comble de l'horreur et de la souffrance à cause de la folie des hommes fût la dernière des guerres. Ils voulaient qu'en regardant en face cette horreur et cette souffrance, chaque homme se guérît de cette folie qui avait conduit l'Humanité à cette extrémité. Ils voulaient désormais que la Nation fût un partage et non plus une volonté de puissance. Ils voulaient qu'elle fût fraternelle et non plus conquérante. Ce furent ces générations sacrifiées qui mirent la guerre hors la loi. On sait ce qu'il advint. Loin de suffire à calmer la folie des hommes, le souvenir de cette horreur attisa la vengeance. Il n'y eut pas de pardon. Alors, la rancœur arma à nouveau le ressort de la tragédie.

 

Une autre horreur emporta le monde. A l'horreur de toutes les guerres, elle mêla celle du génocide. Le crime inexpiable de la Shoah fit entrevoir à toute l'Humanité la possibilité de son anéantissement. L'Humanité eut peur et cette peur nourrit une aspiration. Contrairement à ce qui s'était passé après la Grande Guerre, cette fois-ci le pardon fut au rendez-vous et l'Europe pu entreprendre enfin de se réconcilier avec elle-même après être passée deux fois au bord du suicide.

 

L'Europe est une entreprise de paix qui s'est construite sur le sang versé dans trois guerres dont deux mondiales, grâce à des hommes de bonne volonté. Ce qu'ont construit pour nous Winston Churchill, Robert Schuman, Jean Monnet, Alcide de Gaspéri, Konrad Adenauer, le général de Gaulle sont notre bien le plus précieux. Nous avons le devoir de le préserver à tout prix. Mais alors, faut-il occulter nos guerres ? Faut-il alors oublier nos soldats morts pour que nous puissions continuer d'être libres et pour que nous soyons une Nation qui continue d'écrire sa propre histoire ?

 

Pendant la Grande Guerre, tous les Français en âge de combattre furent soldats. Certains devancèrent même l'appel parce que la France les avait accueillis et qu'ils voulaient honorer la dette qu'ils pensaient avoir à son égard. Je songe à Lazare Ponticelli qui fut le dernier survivant et qui disait : « Je voulais rendre à la France ce qu'elle m'avait donné ». L'histoire est tragique parce qu'elle est humaine. La France n'a existé que parce que des hommes ont accepté de se sacrifier à sa cause et parce que cette cause les a unis jusqu'à l'ultime sacrifice. Occulter la dimension tragique de l'Histoire ce serait nous condamner à sortir de l'Histoire. On ne construit pas la Paix en renonçant à se défendre. On construit la Paix sur le courage, la fidélité et le sens de l'honneur. On construit la Paix sur la certitude que l'honneur et la dignité d'un peuple ne se marchandent pas. Où seraient l'honneur et la dignité d'un peuple qui n'honorerait pas la mémoire de ceux qui ont aimé si sincèrement et si profondément leur pays qu'ils ont risqué leur vie pour lui ? En septembre 1914, un jeune peintre de 24 ans qui allait mourir aux Eparges le 5 avril 1915 écrit à sa mère : « Auparavant, j'aimais la France d'un amour sincère, encore qu'un peu dilettante : je l'aimais en artiste, fier de vivre sur la plus belle terre, mais en somme, je l'aimais un peu à la façon dont un tableau pourrait aimer son cadre. Il a fallu cette horreur pour sortir tout ce qu'il y a de filial et de profond dans les liens qui m'unissent à mon pays...». Le jour où plus une seule femme, un seul homme sera capable d'écrire cela, il n'y aura plus de France.

 

« Honneur et Patrie », le jour où ces mots ne toucheront plus le cœur d'aucun Français, le jour où ils seront devenus incompréhensibles pour la plupart d'entre eux, il n'y aura plus de France. Le jour où les corps des soldats morts pour la France gagneront leur dernière demeure dans l'indifférence, il n'y aura plus de France.

 

Soldats de la Grande Guerre qui avez tant souffert, vous nous avez tous quittés, mais la flamme du souvenir ne s'éteindra pas. Le 11 Novembre demeurera à jamais le jour où dans toutes les villes et tous les villages de France, devant les monuments aux morts où sont gravés les noms de ceux d'entre vous qui ne sont jamais revenus, nous irons nous recueillir et vous rendre l'hommage qui vous est dû. Mais dans cette journée à laquelle la pire des guerres a donné une signification si profonde, c'est à tous les « morts pour la France », vos frères dans le sacrifice, que la Nation rendra désormais aussi hommage. Qu'il soit bien clair qu'aucune commémoration ne sera supprimée et qu'il s'agit seulement de donner plus de solennité encore au 11 Novembre alors que tous les témoins ont disparu. Il ne s'agit pas d'honorer la guerre. Il s'agit d'honorer ceux qui sont tombés en faisant leur devoir pour leur pays. Il s'agit d'honorer aussi ceux que l'on n'a jamais honorés, ceux que l'on a oubliés, ceux auxquels l'on se contente de dire une fois merci au moment des funérailles mais dont on délaisse ensuite la mémoire parce que l'on préfère oublier les guerres dans lesquelles ils sont tombés. C'est pourquoi le Gouvernement déposera dans les semaines qui viennent un projet de loi qui fera de la date anniversaire de l'Armistice de 1918 la date de commémoration de la Grande Guerre et de tous les morts pour la France, donnant ainsi sa pleine signification à l'intitulé de la loi du 24 octobre 1922 instituant la date du 11 Novembre comme jour de « commémoration de la Victoire et de la Paix ».

 

Le Gouvernement apportera aussi son soutien à la proposition de loi visant à rendre obligatoire l'inscription sur les monuments aux morts des noms des « Morts pour la France ». Je pense en particulier à tous les morts en opérations extérieures. Ceux qui sont tombés en Indochine, à Suez, en Afrique du Nord mais aussi dans les Balkans, au Moyen-Orient, au Tchad, en Côte d'Ivoire, en Afghanistan ont droit au respect et aux honneurs que la Nation réserve à ceux qui ont fait pour elle le sacrifice de leur vie. Nous le devons non seulement à leur mémoire, mais aussi à leur famille, à leurs frères d'armes et à ceux qui continuent à risquer leur vie pour servir la cause de la France. Et c'est dans le même esprit que sera entrepris à Paris la construction d'un monument dédié aux soldats morts en opérations extérieures sur lequel leurs noms seront inscrits. Depuis 10 ans, 158 soldats ont perdu la vie et près de 1500 ont été blessés dans ces opérations. En ce 11 Novembre, où pour la première fois nous rendons à tous nos morts un même hommage solennel, je voudrais que nous ayons une pensée particulière pour les 24 soldats qui depuis un an sont morts en Afghanistan. L'hommage qui s'adresse aux morts s'adresse aussi à ceux que la guerre a meurtris dans leur chair, aux blessés, aux mutilés, à ceux qui souffriront toute leur vie d'avoir fait leur devoir. Je veux leur dire aujourd'hui que la Nation ne les oublie pas et qu'elle leur exprime sa gratitude. Le soldat risque sa vie, il le sait. C'est le destin qu'il s'est choisi. Mais c'est un destin singulier, un destin tragique qui lui confère dans la cité une place hors du commun et qui exige de lui des vertus exceptionnelles de courage et d'engagement. C'est l'honneur d'un grand peuple de respecter ses soldats et d'honorer ceux qui sont morts pour le défendre.

 

Vive la République ! Vive la France ! »

 

Nicolas Sarkozy – Président de la République.

 

 

Loi n° 2012-273 du 28 février 2012.

 

La loi n°2012-273 fixe au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France.

 

L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

 

Article 1er

Le 11 novembre, jour anniversaire de l’armistice de 1918 et de commémoration annuelle de la victoire et de la Paix, il est rendu hommage à tous les morts pour la France.

Cet hommage ne se substitue pas aux autres journées de commémoration nationales.

 

Article 2

Lorsque la mention « Mort pour la France » a été portée sur son acte de décès dans les conditions prévues à l’article L. 488 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre, l’inscription du nom du défunt sur le monument aux morts de sa commune de naissance ou de dernière domiciliation ou sur une stèle placée dans l’environnement immédiat de ce monument est obligatoire.

La demande d’inscription est adressée au maire de la commune choisie par la famille ou, à défaut, par les autorités militaires, les élus nationaux, les élus locaux, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre par l’intermédiaire de ses services départementaux ou les associations d’anciens combattants et patriotiques ayant intérêt à agir.

 

Article 3

La présente loi est applicable sur l’ensemble du territoire de la République.

La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.

 

Fait à Paris, le 28 février 2012.

 

 

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Publié le 23 Février 2012

 
De la Chevrotiere - 1930
 
Henry Chavigny de la Chevrotière, dans les années 1930.
 
     

Au mois de novembre 2009, le Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux avait publié un article sur le journaliste Henry Chavigny de la Chevrotière, dont le nom orne le monument aux morts de la ville (section Extrême-Orient). Nous avions terminé cette publication par ces mots : « Une seule question subsiste : pourquoi le nom d’Henry Chavigny de la Chevrotière se trouve-t-il sur le monument aux morts de la ville d’Issy-les-Moulineaux ? »

 

A la suite de cet article, Monsieur Jean-Pierre Jaillon a pris contact avec notre Comité pour évoquer longuement son aïeul et son enfance en Indochine.

 

 

Les frères Schneider.

 

Personnages importants de la société française en Indochine, les frères Schneider occupent une place de premier plan dans le monde de l’édition à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème. François-Henri nait en 1852. Ce dernier arrive de France en 1883 alors qu’il vient d’être promu au grade d’Agent de 1ère classe, Chef d’atelier de l’Imprimerie coloniale du Protectorat à Saigon. Deux années plus tard, il développe une imprimerie indépendante, mais reprend à son compte les travaux de son premier employeur. Moins de dix ans après son arrivée, François-Henri Schneider compte près de 160 employés au sein de sa société : l’Imprimerie de l’Extrême-Orient.

 

En 1892, il fait venir son frère, Ernest-Hyppolite – né en 1843 – pour lui confier la gestion d’une fabrique de papier qu’il vient d’ouvrir à Hanoi. François-Henri s’est en effet aperçu que l’on peut tirer un excellent papier à partir de bambous et, de fait, avec son frère, organise une véritable filière : de la production, à l’impression, en passant par la vente d’articles de papeterie. Bientôt, les frères Schneider siègent à la Chambre de Commerce et au Conseil municipal d’Hanoi. A contrario d’un bon nombre d’entrepreneurs coloniaux, François-Henri Schneider semble particulièrement apprécié de ses collaborateurs et de son milieu professionnel. En 1923 – soit deux années après sa mort – des Vietnamiens lettrés édifient une statue commémorative à sa mémoire, à Daï-Ich, au Tonkin.

 

Outre les bulletins de l’Ecole française d’Extrême-Orient d’archéologie, François-Henri Schneider édite des auteurs français d’Indochine, connus en leur temps, comme Pierre-Gabriel Vallot, Gustave Dumoutier ou encore Alfred Raquez et il imprime le Journal Officiel de l’Indochine. Parallèlement, il lance la Revue indochinoise et créé L’Avenir du Tonkin, premier quotidien à paraître en vietnamien à Hanoi. Proche des milieux politiques et pro-français, François-Henri Schneider aide le journaliste et écrivain Henry Chavigny de la Chevrotière à publier ses œuvres et son journal, La Dépêche, qui deviendra le quotidien le plus lu de Cochinchine et de sa capitale, Saigon.

 

 

Remariage.

 

Alors qu’il est déjà avancé en âge, François-Henri Schneider épouse la jeune sœur d’Henry Chavigny de la Chevrotière. De cette union naissent quatre enfants, dont la mère de Jean-Pierre Jaillon, Denise Schneider.

 

Jean-Pierre Jaillon : «Je n’ai malheureusement connu ni connu mon grand-père, Monsieur Schneider, ni ma grand-mère, Henrilia Chavigny, décédée en 1914, l’unique sœur du journaliste, qui repose à La Thieu. Ma mère épousa à la fin des années 1930 Monsieur Robert Jaillon – originaire de Nancy – qui s’occupait d’une plantation de café aux Collines Rouges des hautes terres du Tonkin. Son travail l’amena à voyager dans toute la péninsule indochinoise, et avec ma mère nous le suivîmes ! La vie en Indochine à cette époque – et avec le regard d’un enfant – me paraissait paradisiaque. N’allez pas croire que nous étions englués dans une quelconque société française colonialiste refermée sur elle-même. Je passai mes journées à jouer avec de petits Annamites. Et comme d’habitude, les choses sont bien plus complexes qu’on ne veut bien l’admettre, surtout si l’on considère les événements d’Indochine avec une réflexion a posteriori. Ainsi, même dans les familles françaises, « blanches » pour être très clair, les débats faisaient rage entre les tenants d’une colonisation jusqu’au-boutiste et les partisans d’une émancipation, voire d’une liberté totale du peuple vietnamien. Et c’était sans compter les familles au sein desquelles parfois des hommes avaient épousé de jeunes femmes vietnamiennes.

 

Si je n’ai pas connu François-Henri Schneider, il n’en est pas de même d’Henry Chavigny de la Chevrotière. Je l’ai vu – une seule fois – juste avant notre départ en septembre 1946 pour l’Ile de France. Il était venu signer des papiers à la maison, et furieux de notre départ, son regard a croisé en une fraction de seconde le mien, dans une sorte d’interrogation mutuelle. Il était en tenue de cavalier, et son accoutrement était bien différent de ce que j’avais l’habitude de voir à la maison : nos domestiques, mais aussi des rescapés et prisonniers hollandais (dont je trouvais le premier caché dans un arbre), des soldats anglais, puis des Français, fraîchement débarqués et en transit pour se rendre sur le front, contre les « terroristes ».

 

En mars 1945, nous vécûmes des journées atroces au moment de l’occupation japonaise. L’envahisseur était présent depuis plusieurs années déjà, mais s’en tenait aux casernes, les ports et les aéroports où les soldats étaient somme toute assez discrets. La Gendarmerie japonaise était en face de notre maison à Saigon. D’étranges « infirmiers » venaient en « griller une » juste devant ma porte, entre deux drôles de soins qu’ils réservaient essentiellement aux Chinois d’Indochine. Il convient cependant d’ajouter qu’ils se dérangèrent quand le « comité d’assassinat » Binh Xuyen vint essayer de fracasser nos solides volets, à travers lesquels je pus observer d’ailleurs la première manifestation anti-française, ordonnée par le Vietminh. Des hordes de Vietnamiens passèrent dans la rue, avec des camions, bourrés à craquer d’ex-prisonniers du bagne de Poulo Condor. Ils hurlaient, brandissaient des armes. D’autres hommes en armes tentaient de ramener un semblant d’ordre. J’appris plus tard qu’ils avaient une mission pour le moins terrible : l’assassinat du Père Tricoire, de la cathédrale de Saigon ; épisode qui devait marquer le début de la Guerre d’Indochine ».

 

 

Le départ.

 

« Du jour au lendemain, nous vîmes de plus en plus de Japonais dans les rues. Les arrestations se multiplièrent. Quiconque cherchait à résister était abattu sur place, sans sommation, sans explication. Et nous avons découvert ce qui était pour nous insoupçonnable : globalement – encore une fois avec mon regard de jeune enfant – les Vietnamiens se comportaient bien avec les Français. Mais ce que nous pensions être une amitié certaine n’était que crainte. Du moment où les Japonais démontrèrent que nos soldats étaient facilement battables, nous vîmes dans leur attitude que cette amitié – cette crainte – avait disparu. Le temps de la « courbure d’échine », si je puis dire, était terminé. Les Japonais nous firent prisonniers pendant quelques jours.

 

Enfin, les premiers soldats français arrivèrent en provenance de métropole. Nous allions être libérés. Je me souviens parfaitement avoir été sauvé par des parachutistes. Et ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que je retrouvai certains de ces paras quelques quinze ans plus tard, alors que j’étais appelé du contingent en Algérie.

 

En 1946, ce fut le déchirement. Nous avons dû quitter l’Indochine. Nous nous sommes installés à Paris – rue de Saigon, comme un pied de nez de ma mère à sa famille restée là-bas – et j’ai terminé ma scolarité. Par la suite, j’ai fait carrière dans l’industrie pétrolière, aux achats chez Exxon-Mobil, et j’ai fondé une famille. Et je me suis installé à Coutances, dans le département de la Manche. Le climat est relativement doux et humide. Ce qui permet d’avoir une végétation luxuriante avec des palmiers et des plantes exotiques ! Et les côtes du Cotentin me rappellent celles de mon Vietnam natal…

 

Quant à mon grand-oncle, nous avons su son destin. Nous apprîmes son assassinat le 12 janvier 1951. Les restes d’Henry Chavigny de la Chevrotière furent rapatriés par la suite en France et, probablement parce qu’une personne de sa famille habitait la ville d’Issy-les-Moulineaux, son nom figure dans les Morts pour la France d’Extrême-Orient. Un fait est avéré : la très grande partie des Français qui sont morts en Indochine, qu’ils soient civils ou militaires – quand on a retrouvé les corps pour ces derniers – ne sont pas restés en Indochine ».

 

 

Le drame des sépultures françaises en Indochine.

 

Le 28 décembre 1993, le journaliste et écrivain Michel Tauriac a publié un remarquable article dans le journal Le Figaro sur la disparition des restes des Françaises et des Français inhumés en Indochine pendant la colonisation. Il est vrai que la République française, via le ministère des Affaires étrangères en collaboration avec les services de l’armée, avait procédé en 1986 et 1987, autant que possible, au rapatriement de ces enfants de l’ancien empire colonial.

 

 

 

Pour autant, dans plusieurs endroits du Vietnam, comme à Laï Thieu, à 25 km au nord de Saigon, des restes de milliers de Français ont été placés dans de petites urnes et laissées à l’abandon. Michel Tauriac : « Sont posées là, de chaque côté de ce couloir sans fenêtre ni éclairage, ces pauvres urnes d’argile au couvercle souvent entrebâillé, les unes sur une tablette de béton fixée au mur, les autres par terre. Certaines sont cassées et leur contenu, composé de cendres, d’ossements et de terre craque sous les semelles au milieu des tessons… Jetés au hasard, quelques menus bouquets de fleurs desséchées dans leur papier transparent, rappellent une cérémonie lointaine. »

 

 
Sources :
Entretiens avec Jean-Pierre Jaillon, 2010-2011.
Jacques de la Chevrotière : Les Chavigny de la Chevrotière en Nouvelle-France, à la Martinique.
Recherches dans les archives des Bulletins de l’Ecole français d’Extrême-Orient d’archéologie.
Recherches biographiques André Malraux.
Recherches sur l’histoire de la presse française en Indochine.
Extraits du journal Le Figaro du 28 décembre 1993.
Site de la ville d’Issy-les-Moulineaux : www.issy.com

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 11 Février 2012

 

LCL Emile Driant

 

La revue trimestrielle du Souvenir Français, dans son numéro n°485 du mois de janvier 2012, a publié, un article très complet sur les régiments de Zouaves qui firent partie de l'armée française pendant plus de cent trente ans.

Parmi ceux-ci, figure le 4ème régiment de Zouaves qui présente la particularité d'avoir été le « héros » d'un des romans les plus connus du Capitaine Danrit : La guerre en rase campagne. Dans ce livre d'anticipation militaire, paru en 1892, l'auteur imagine cette guerre de revanche qui, dans l'esprit de ses contemporains, devait permettre à la France de recouvrer les provinces perdues en 1871. Et de sa garnison de Tunis à la grande bataille de Neufchâteau, de la libération de Strasbourg à la prise de Berlin, le lecteur suit le régiment dans lequel il servit en capitaine, mais sous son nom réel d’Émile Driant. Né en 1855, adolescent profondément marqué par le désastre de Sedan, Driant rentre à Saint-Cyr et commence une double carrière d'officier d'active et d'auteur de romans « patriotiques » avant de devenir au début du siècle dernier député de Nancy. 

En août 1914 il reprend du service en lieutenant-colonel et obtient le commandement de la demi-brigade qui regroupe les 56ème et 59ème bataillons de Chasseurs à Pied. Il est à leur tête, les 21 et 22 février 1916, au bois des Caures, quand ses hommes et lui subissent, avec un formidable barrage d'artillerie, le premier choc de l'offensive allemande sur Verdun. Il faudra à l'ennemi quarante-huit heures et deux divisions pour venir à bout des chasseurs de Driant qui fut tué le 22, vers quatre heures de l'après-midi, alors qu'il venait de donner l'ordre de repli aux quelques dizaines de survivants de son unité. Ces deux jours gagnés permettront au Commandement français l'acheminement des renforts indispensables... et Verdun tiendra.

A quelques jours du 96ème anniversaire de leur sacrifice héroïque, il était bon de rappeler leur souvenir.

 

 

GBA (2s) Jean-Claude Ichac

Président honoraire du Comité d'Issy-les-Moulineaux

du Souvenir Français

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Publié le 11 Février 2012

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Le samedi 24 mars 2012, le Souvenir Français d'Issy-les-Moulineaux participera à la messe du souvenir pour les morts en Algérie. Celle-ci se déroulera en l'église Saint-Bruno, 14, rue de l'Egalité à Issy. A 11h00, fleurissement des tombes des Morts pour la France en Algérie.

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Publié le 21 Janvier 2012

 

J. Merchant - 4

 Air Force Academy, Colorado, 1972.

 

Officier au sein de l’USAF.

Après avoir accompli ma formation d'officier en 1964, je fus envoyé à Denver dans l’Etat du Colorado, à l'école d'intelligence de l'Air Force Academy (le « West Point » de l'armée de l'air). Durant six mois, j'appris le métier. Nous avions accès à toutes sortes d'informations classifiées, y compris des photos satellites et des U2 des bases soviétiques, qu’ils aient été à Cuba ou au Vietnam. On me forma à l'intelligence photo aérienne et pendant six mois, je suivis de très près et jour après jour ce qui se passait dans le monde. Nous avions appris beaucoup de choses, même jusqu'à préparer une attaque par bombe d'une cible ennemie. Lorsque je terminai cette formation, je fus envoyé à la Reconnaissance Technical Squadron en Californie du sud. Quant à mes camarades de formation, ils furent mutés à droite et à gauche à des postes d'Intelligence humaine ou électronique.

Ma première mission en tant qu'officier était celle de Chef du Centre d'intelligence de cible (Chief of the Target Intelligence Center), un lieu regroupant des cartes classées secrètes indiquant des lieux à bombarder, et produites par cette organisation.

J'avais, durant cette époque, un petit peu de temps libre, alors je m’inscris dans un programme de Master à l'Université de Californie à Riverside, et obtins peu de temps après mon Master en science politique/relations internationales. C'était aussi à cette époque que naquit notre deuxième fille, Stéphanie. Peu de temps après sa naissance, je reçus les ordres de partir au Vietnam, en septembre 1966. Je fus placé pendant un an à Saigon où j'étais nommé Assistant Branch Chief of Escape and Evasion. J'avais trois soldats sous mes ordres et ils étaient censés obtenir des informations sur le terrain, la géographie, etc. afin qu'on produise ensuite des carnets pour les pilotes au cas où ils seraient abattus et en fuite après s'être éjectés de leurs avions. Les carnets leur indiquaient des endroits "sûrs" et quelles routes prendre pour éviter d'être capturés ou tués par les Vietnamiens du nord, les Bodois du Viêt-Cong.

Mon autre travail consistait à éditer et publier un journal hebdomadaire de 50 pages environ de tous les événements liés aux activités aériennes et d'intelligence, à travers tout l'Asie du sud-est. Des quantités d'informations classifiées arrivaient sur mon bureau tous les jours. Je les triais, les éditais, ajoutais des photos ; puis publiait le journal et le distribuait ensuite à toutes les unités militaires américaines du monde. Le journal avait comme nom WAIS (Weekly Air Intelligence Survey), et était classifié Secret NOFORN.

Pendant mon séjour au Vietnam, mes possibilités pour voyager étaient très limitées étant donné l'information à laquelle j'avais accès. Je ne pouvais voyager que par avion (et pas par hélicoptère). En somme, j'étais plus ou mois astreint à rester à Saigon. Cependant, je fus à une seule reprise détaché de ces restrictions, et on m'envoya en Thaïlande pour y rédiger un texte classifié. Ainsi, je pus passer deux jours à Bangkok et profiter de cette ville. Ce fut merveilleux car Saigon était vraiment une ville en zone de combat avec une atmosphère de tension extrême. Après ces deux journées, on me dépêcha dans le nord de la Thaïlande sur la base de Korat où étaient stationnés les Wild Weasels (http://www.wildweasels.org/) pour y passer quelques jours. Les Wild Weasels étaient ceux qui volaient au-dessus du nord du Vietnam à la recherche des radars Fan Song qui contrôlaient les missiles SAMS (missiles terre-air). Leur travail, incroyable, consistait à s'offrir en tant que cible aux SAMS, pour ensuite bombarder le radar Fan Song dans le but de détruire l’ensemble du site. C'était une mission très périlleuse et mon rôle était de passer un peu de temps avec eux et écrire leur histoire pour le WAIS. Peu de temps après, je fus renvoyé aux Etats-Unis, et à nouveau affecté à la base de March. Je reçus la médaille de bronze pour ma mission au Vietnam.

A March, je ne repris pas mon emploi d’origine, car je fus nommé Officier de Communication pour le général de la base. C'était un travail extraordinaire, et je fus exposé à davantage d'informations et de sources classifiées. Nous étions en 1967-68 et je communiquai au général, mon supérieur, des éléments à propos de la « révolution en France et de la disparition du général de Gaulle ». Nous savions qu'il était en Allemagne avec les forces militaires. Ce fut aussi l'époque de la révolution Tchécoslovaque contre l'Union soviétique qui écrasa si brutalement le soulèvement. Ce qui était le plus intéressant pour moi fut mon accès à toutes les photos des satellites et des avions, toute l'intelligence, et tous les rapports et analyses de la CIA (Central Intelligence Agency). Mon travail consistait à transmettre l'ensemble des ces informations au général.

 

A la United Air Force Academy.

Ma mission à la March Air Force Base se termina à la fin de 1968, date à laquelle je fus sélectionné pour enseigner à l'United States Air Force Academy au Colorado. J'étais donc professeur assistant d'Histoire, et je me spécialisai dans l'Histoire européenne. Cela ne m’empêcha pas d’enseigner deux autres cours : « Histoire des révolutions" et "La Guerre froide". C'était un moment difficile car on attendait de nous non seulement un service d'enseignement complet mais la prise en charge de nombreuses autres responsabilités. En conséquence, je devins l'Officier exécutif et personnel du Département des 33 professeurs et 5 secrétaires. Mes tâches consistaient à gérer le département au quotidien et partir à la recherche de nouveaux enseignants. Je m’inscris aussi dans l'Ecole doctorale de l'Université de Denver en vue d'obtenir mon doctorat, et j'y allais donc plusieurs fois par semaine pour assister aux séminaires (à une heure de voiture de l'Air Force Academy). Ce fut difficile, mais « rentable » si je puis écrire, car je décrochai mon doctorat. Ma recherche et ma thèse portaient sur Napoléon Bonaparte : « Evolution et opérations de l'administration napoléonienne : Nice 1792-1810 ».

Suite à cela, on me proposa un poste d'enseignant à Cranwall (haut lieu de l’enseignement de la Royal Air Force en Angleterre), et un poste d'Officier des affaires militaires/politiques au quartier général du SHAPE, mais ma femme ne souhaitait ni l'un ni l'autre, alors nous nous contentâmes d'un poste à Sacramento en Californie, à la McClellan Air Force Base. Ce n'était pas très « folichon » comme mission. Sauf à une seule fois : c’était en 1973. Les Soviets menaçaient de s'immiscer au Moyen-Orient et les Etats-Unis mirent toutes les forces armées en alerte. Mon commandant, qui avait lancé plusieurs fois ses avions sur de nombreuses missions, ne connaissait pas les enjeux. Moi seul étais au courant, mais je ne pouvais communiquer ce que je savais qu'au général, même pas à mon propre commandant.

 

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McClellan Air Force Base, Sacramento, Californie.

 

 

Professeur à l’Université de Californie.

 

 

La seule chose positive qui est sortie de cette mission à McClellan Air Force Base c'est qu'elle me confirma dans mon désir de prendre ma retraite de l'armée de l'air.

 

Par la suite, je travaillai tout d'abord pendant sept ans comme fonctionnaire public pour l'Etat de Californie. Je fus ensuite sollicité par l'Université de Californie à Sacramento où on me demanda de prendre un poste de professeur. J'acceptai bien volontiers, et après vingt-et-un ans d'enseignement je pris ma retraite définitive.

 

Mes deux filles, Jennifer et Stéphanie ont bien grandi. Elles sont devenues de véritables francophiles. La plus jeune, Stéphanie, est professeur de français dans un lycée en Californie et a deux enfants, Philippe et Christian. L'aînée, Jennifer, est professeur à l'Université Paris II, avec également deux enfants, Simon et Justine. Ma deuxième femme, Sylnovie, et moi-même avons acheté un appartement à La Rochelle en 2000, et nous y allons tous les ans. Je m’y sens bien. Comme une sorte de retour à mes racines. Je peux aujourd’hui dire que je connais la signification profonde de l'expression l’amour du clocher.

 

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La Rochelle, France, 2011.

 

 

 

NDLR :

Ces articles sur Jack Merchant sont dus également à Jennifer Merchant-Weil – isséenne – que nous remercions vivement pour son aide précieuse et pour la traduction. Professeur d’anglais appliqué aux sciences politiques et administratives à la faculté de Paris Panthéon-Assas, Madame Merchant-Weil est l’épouse de François Weil, directeur de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

 

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Publié le 15 Janvier 2012

 

J. Merchant - 2

March Air Force Base, Californie, 1966.

 

 

S’engager dans l’armée.

 

Notre histoire familiale a débuté par des voyages au long cours ! Mon ancêtre français, Jean Marchand, quitta La Rochelle au 17ème siècle pour s'installer dans la « Nouvelle France » au Canada. Puis, l’un de ses descendants quitta le Canada pour s'installer à Rutland, dans le Vermont aux Etats-Unis, là où mon propre père est né et a été élevé. C’est à cette époque que notre nom est changé en « Merchant » par une institutrice de l’école primaire car selon elle « Marchand » sonne trop « étranger ». Plus tard, mon père épousa une jeune irlandaise, Mary Elizabeth Whelan originaire de County, dans le Kilkenny. Je suis né en 1934 à Troy, état de New York. Depuis mon plus tendre souvenir, j'ai toujours voulu voyager, surtout en Europe, et plus particulièrement, en France.

 

A l’âge de 15 ans, j'abandonnai le lycée. A cette époque, les Etats-Unis étaient engagés dans la guerre de Corée, et tous mes camarades et moi-même ne rêvions que d'une chose : nous enrôler dans les forces armées et partir pour nous battre. Nous avions alors tout essayé – l'armée de terre, les "Marines", les forces navales, mais les effectifs étaient déjà au complet. On nous conseilla de nous présenter dans une nouvelle branche des forces armées, les forces aériennes (USAF pour United States Air Force). Nous suivîmes le conseil immédiatement, et nous fumes pris. Je n'avais que 16 ans à l'époque, et bien entendu je mentis sur mon âge – et cela fonctionna !

 

Pendant trois mois, se déroula la formation initiale. Elle avait lieu au nord de l'Etat de New York. Après une longue série d'examens et d'évaluations, on m'indiqua que j'étais mieux fait pour « l'Administration », et on m'envoya à l'Université A&M dans l'Etat d’Oklahoma pour apprendre à devenir secrétaire. Après l'obtention de mon diplôme en 1952, j'eus la chance d'être sélectionné pour partir à Wiesbaden en Allemagne au Quartier Général de l'USAF en Europe. Je fus affecté au Centre de la messagerie et mon travail servait à surveiller la machine à télé-impression qui recevait et envoyait toutes les correspondances classifiées (secrètes) et non-classifiées de et vers toutes nos bases militaires. Mon travail consistait à déterminer quelle agence avait besoin de telle ou telle information afin d'agir en concordance avec le message transmis. En conséquence, j'avais accès à des informations "top secret", ce qui limitait mes déplacements et mes voyages en Europe. Par exemple, je n'avais pas le droit d'aller à Berlin ou dans n'importe quel pays de l'Europe de l'est. La Guerre froide prenait de l'ampleur, et il était tout le temps question d'une éventuelle invasion des troupes de l’Armée Rouge. Je me souviens que j'avais aussi comme tâche de conduire un bus rempli d'Américains qui travaillaient au Quartier général, y compris le Vice-Commandant, le général Bradley (le vainqueur de la bataille de Normandie en 1944), à travers le Rhin vers des lieux plus sûrs à Mainz. C’était une mission de première importance à réussir en cas d’alerte. Dans un but d'entraînement, je recommençai l’exercice à plusieurs reprises. Nous étions vraiment sur le qui-vive à l’idée d’une invasion communiste. Cela n'arriva jamais. Cette mission et le lieu furent réellement intéressants pour le jeune célibataire que j'étais.

 

Mais célibataire, pas pour longtemps ! C’est également à Wiesbaden que je rencontrai ma future femme. Son père était citoyen français (d'origine italienne) et le responsable du Restaurant/Club des officier de l'USAF à Wiesbaden. Avec eux, je pus voyager à Paris et à Cannes. Après quatre ans, je fus envoyé à Albany dans l'Etat de Georgie aux Etats-Unis en tant que Clerc Principal (Chief Clerk) d'une branche de combat stratégique aérien. Malheureusement, ce n'était pas l'Europe. Aussi, dès que la première opportunité se présenta, je me portai volontaire. Ainsi fus-je muté à Paris…

 

A Paris.

 

Paris en 1957 : nul besoin de porter l'uniforme. Je le remplaçai volontiers par des vêtements de ville. D’un côté, je gagnai plus d'argent et l'économie française était en pleine croissance : une vie fantastique, quoi ! Mais d'un autre côté, la révolte hongroise venait d'être brutalement réprimée par l'Union soviétique quelques mois auparavant. La Guerre froide battait son plein et les tensions étaient fortes entre les Etats-Unis et l'Union soviétique. En France, beaucoup de gens avaient peur de la CGT. Le syndicat pouvait changer radicalement la politique dans le pays. De plus, tous les jours aux actualités, on entendait parler des heurts et violences en Algérie. Nous étions, nous militaires américains, censé gardé un œil très attentif sur tous ces événements. Nos supérieurs nous rappelaient systématiquement la manière dont nous devions nous comporter afin de ne pas attirer l'attention sur nous. Cela n'empêcha pas de nombreux citoyens français de nous lancer des cris « US Go Home ! ». Je me souviens des nombreuses alertes, avec des phares puissants scrutant le ciel à la recherche d'avions hostiles prêts à lâcher des bombes à cause des événements en Algérie.

 

En 1958, le général de Gaulle arriva pour former un nouveau gouvernement car la guerre en Algérie risquait de provoquer une guerre civile sur le territoire français entre ceux qui souhaitaient l'indépendance de la colonie et les autres qui voulaient que l'Algérie demeure une partie de la France.

 

Malgré ces événements inquiétants, j'arrivai à mener une vie relativement normale. J'épousai la jeune femme française que je fréquentais en Allemagne, et notre premier enfant naquit à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. C’était une fille, que nous prénommâmes Jennifer. Je commençai également à suivre des cours du soir à l'université.

 

 

A la California Institute of Technology.

 

Après trois ans à Paris, on me proposa une mission d'enseignement à la California Institute of Technology à Pasadena pour les étudiants en ROTC (Reserve Officers Training Corps). Il s'agissait des meilleurs étudiants et futurs ingénieurs et scientifiques du pays, et notre but était de convaincre le plus grand nombre de se vouer à une carrière au sein de l'armée de l'air. Nous n'avions jamais eu beaucoup d'étudiants, par conséquent j'avais pas mal de temps libre, et mon commandant me suggéra de poursuivre mes propres études afin d’obtenir un diplôme. Mission accomplie et deux ans plus tard, j'obtins mon diplôme d’Associate of Arts (l'équivalent de l'ancien DEUG français). A l'époque, l'armée de l'air dispensait des bourses d'étude. En cas de sélection, l'on pouvait poursuivre ses études jusqu'à l'obtention d'une licence et suivre ensuite une formation de trois mois pour devenir officier. Je fus pris, et grâce à mes expériences en Allemagne et en France, mon travail dans le renseignement, je fus sélectionné pour obtenir mon diplôme en relations internationales avec comme objectif de travailler plus tard dans le domaine de l'intelligence militaire.

 

 

NDLR :

Ces articles sur Jack Merchant sont dus également à Jennifer Merchant-Weil – isséenne – que nous remercions vivement pour son aide précieuse et pour la traduction. Professeur d’anglais appliqué aux sciences politiques et administratives à la faculté de Paris Panthéon-Assas, Madame Merchant-Weil est l’épouse de François Weil, directeur de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

 

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