Publié le 2 Août 2012

68ème anniversaire de la Libération de Paris.

 

Le Comité du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux participera aux cérémonies communales destinées à célébrer l’anniversaire de la Libération de Paris, le dimanche 26 août 2012 :

 

 

– 9h20 : rassemblement sur le parc de stationnement du CNET et départ en car.

 

– 9h30 : place « Groupe Manouchian » - Dépôt de gerbes au buste éponyme.

 

– 9h45 : parc de la Résistance ZAC Sainte-Lucie – Dépôt de gerbes à la stèle commémorative.

 

– 10h05 : angle pont Jean Moulin / avenue Jean Monnet – Dépôt de gerbes au buste de Jean Moulin, premier Président du Conseil National de la Résistance.

 

– 10h25 : place du 8 mai 1945 – Dépôt de gerbes au buste du général de Gaulle, chef de la France libre.

 

– 10h40 : square Bonaventure Leca – Dépôt de gerbes au buste du général Leclerc.

 

– 10h45 : square Bonaventure Leca – Fleurissement du monument aux morts – Allocutions de Monsieur Jean Quillard, président départemental des ACV et de Monsieur André Santini, ancien ministre, député-maire.

 

– 11h15 : vin d’honneur dans le salon Elysée de l’Hôtel de Ville.

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Publié le 14 Juillet 2012

Allemands au fort d'Issy
 
Allemands au fort d’Issy.
 11 – La commune.
 
11.1 – Les Fédérés :
 
Au début du mois de mars, les soldats de Paris se désignent sous le nouveau nom de Fédération de la Garde nationale, d’où, plus tard, le nom de « Fédérés ». L’Assemblée nationale quitte Bordeaux pour s’installer à Versailles, d’où, plus tard, le nom de « Versaillais ».
 
Les Fédérés ont dans leurs unités de Belleville et de Montmartre des canons, que le nouveau chef du Gouvernement, Adolphe Thiers, cherche à récupérer. Par cette action, il entend également mater la rébellion de certains soldats qui sont ouvertement des soutiens à une révolution socialiste. Soutiens d’autant plus actif, que leur solde est impayée. Les soldats élisent alors un Comité central de la garde nationale et bientôt, le 26 mars, c’est au tour du Conseil général de la Commune de Paris d’être proclamé, après les élections municipales.
 
La Commune se fixe trois objectifs majeurs : révolutionnaire avec l’adoption du drapeau rouge et du calendrier révolutionnaire ; anticlérical avec la suppression du budget des Cultes (de nombreux édifices religieux sont saccagés) ; social avec un train de réformes. L’œuvre de la Commune va se révéler effectivement féconde en lois et en décrets : pensions aux blessés, aux veuves et aux orphelins des Gardes nationaux ; ouverture de cantines municipales ; interdiction du travail de nuit dans les boulangeries ; journée de dix heures ; mise en place de coopératives ouvrières quand les dirigeants ont quitté les ateliers qu’ils ont créé ; bureaux municipaux de placement de la main d’œuvre…
 
Des noms sont restés à jamais attachés au Conseil de la Commune, à Paris : Charles Amouroux, ouvrier chapelier élu dans le 4ème arrondissement ; Augustin Avrial, commandant du 66ème bataillon de la Garde nationale ; Jules-Henri Bergeret, ouvrier typographe et élu du 20ème arrondissement ; Alfred Billioray, artiste-peintre ; Jean-Baptiste Clément, chansonnier ; Gustave Cluseret, officier élu dans le 18ème ; Gustave Courbet, artiste-peintre, élu dans le 6ème ; Charles Delescluze, journaliste ; Emile Eudes, employé, élu du 11ème ; Léo Frankel, ouvrier bijoutier ; Benoît Malon, ouvrier teinturier ; Raoul Rigault, journaliste ; Edouard Vaillant, enseignant, élu du 8ème et Jules Vallès, journaliste, élu du 15ème arrondissement.
 
Enthousiastes face à cette nouvelle forme de gouvernement, les Parisiens sont rapidement excédés de voir les querelles de personnes pour le pouvoir prendre le dessus sur les idées novatrices du mouvement.
 
Le gouvernement d’Adolphe Thiers ne veut bien entendu pas s’en laisser compter. L’anarchie ne peut se développer dans la capitale. Négociant avec les Prussiens, Thiers monte de toutes pièces une nouvelle force qui doit bientôt entrer dans Paris.
 
11.2 – La reprise des forts :
 
Les Fédérés peuvent compter sur les soldats de la Garde nationale. Les Versaillais ont rapidement près de 100.000 hommes : 40.000 laissés en Région parisienne à « titre de force de police » par les Prussiens, qui libèrent eux-mêmes quelque 60.000 prisonniers des batailles de l’est de la France. Les troupes versaillaises sont dirigées par le maréchal Mac Mahon. Le 21 mars, le fort du Mont Valérien est repris. Puis, au début du mois d’avril, sont successivement libérées les villes de Courbevoie, de Rueil et de Meudon. Les Versaillais sont à chaque fois en surnombre et nettement mieux équipés que les Gardes nationaux.
 
11.3 – A Issy :
 
Le 25 avril 1871, le général Faron amène ses 20.000 Versaillais devant le fort et la commune d’Issy, occupés par les Communards. Ces prises sont cruciales : les enlever, c’est s’assurer le passage le plus sûr par le Point du Jour (les rives de la Seine) et le sud-ouest de la capitale. Le fort est théoriquement appuyé par ceux de Vanves, de Montrouge et de Bicêtre, tous aux mains des soldats de la Garde nationale.
 
Les Fédérés n’ont pas attendu le général Faron pour équiper le fort d’Issy en hommes d’armes et en matériels. Parmi les chefs insurgés, se trouve, comme le souligne Patrica Crété-Bétry de l’association Historim, Augustin Avrial, ouvrier-mécanicien, élu commandant du 66ème bataillon de la Garde, qui écrit la lettre suivante : « Citoyen, Excusez mon absence je suis encore au fort, et pourtant l'ordre a dû être donné de faire relevé le bataillon [le 66e] qui y est depuis 12 jours. Je ne peux concevoir cette lenteur dans les mouvements de troupe. Comptant d'après les ordres être relevé aujourd'hui, je n'ai pas fait de bons de vivre.… Sur 950 hommes que j'ai emmenés, il m'en reste 300 à peine. Depuis que je suis au fort malgré les rapports que j'ai envoyés au Comité, je n'ai jamais reçu aucune communication. Ce matin, j'ai mis le drapeau rouge au fort… ».
 
Augustin Avrial
Augustin Avrial.
 
Dans Issy-les-Moulineaux, histoire d’une commune suburbaine de Paris, Alain Becchia rappelle quelques faits : « Eudes et son état-major s’installent au séminaire. L’abbé Perdreau, curé d’Issy, raconte : « Rien de plus curieux que ce mélange de prêtres, à qui on ne disait rien, qui vaquaient tranquillement à leurs exercices de piété, au milieu de tout ce brouhaha de gens armés, de cantinières et de chevaux disséminés dans les parterres. Il faisait un temps splendide“. On déjeunait sur les pelouses et l’on cueillait des fleurs. Certains étaient venus avec leur famille. Il y avait là des gens de Belleville, de Montmartre, les frères May, les frères Caria, Louise Michel, plusieurs garibaldiens et même un Noir, ancien zouave de la Garde pontificale ».
 
Louise Michel dans La Commune, Histoire et Souvenirs parle de son passage à Issy : « Le fort est magnifique, une forteresse spectrale, mordue en haut par les Prussiens et à qui cette brèche va bien. J'y passe une bonne partie du temps avec les artilleurs… Voici les femmes avec leur drapeau rouge percé de balles qui saluent les fédérés ; elles établissent une ambulance au fort, d'où les blessés sont dirigés sur celles de Paris, mieux agencées… Moi, je m’en vais à la gare de Clamart, battue en brèche toutes les nuits par l’artillerie versaillaise. On va au fort par une petite montée entre les haies, le chemin est tout fleuri de violettes qu’écrasent les obus… ». Puis, plus loin : « Il y a eut à Clamart une escarmouche de nuit dans le cimetière, à travers les tombes éclairées tout à coup d’une lueur… Je revois tout cela comme un songe dans le pays du rêve, du rêve et de la liberté ».
 
Louise Michel
Louise Michel.
Au Séminaire arrive le 107ème bataillon de la Garde nationale au sein duquel se trouvent les terribles « Enfants Perdus », plus saccageurs et révolutionnaires que soldats : toutes les statues du Séminaire et du foyer de la Solitude sont cassées et foulées au sol.
 
Pendant 41 jours, le fort d’Issy, ainsi que les habitations de cette ville, vont subir quotidiennement les bombardements des canonniers versaillais. Près des trois-quarts des maisons isséennes vont être détruites.
 
11.4 – Combats de rues :
 
Dans les rues, la bataille a commencé. Les Versaillais prennent le pont de Billancourt, traversent le chemin de fer puis entrent dans Issy par le parc du château des Conti. Ils s’approchent du fort. Pendant ce temps, des unités s’emparent du village des Moulineaux, situé le long de la Seine.
 
Les Versaillais progressent maintenant sur les hauteurs d’Issy ; le cimetière est le théâtre de combats violents. D’ailleurs, La Cécilia et Cluseret arrivent de Paris avec des renforts. Il s’agit de 300 hommes du 137ème bataillon, appelé les « Turcos de la Commune ». Le fort subit continuellement un déluge de feu. Tous les jours, les tués se comptent par dizaines. Les cadavres sont enterrés à la hâte, dans des tranchées situées dans l’enceinte même de l’ouvrage fortifié.
 
Les 1er et 2 mai, les Versaillais, conduits par le général Lamariouse prennent enfin la totalité du château et de son parc. Du moins ce qu’il en reste : la demeure des cousins des rois de France a subit tant de bombardements, et plusieurs incendies, qu’elle n’est plus que ruines. L’église Saint-Etienne n’est pas en meilleur état. L’on dit même que le clocher sert de cibles aux artilleurs ! Par Clamart, le général Berthier fait pilonner les maisons entourant le fort d’Issy. En deux jours, on compte plus de 400 morts.
 
Le site internet Historim a publié le récit de la chute du fort d’Issy, par Prosper-Olivier Lissagaray, journaliste et soldat communard : « l'orgueilleuse redoute n'était plus un fort, à peine une position forte, un fouillis de terre et de moellons fouettés par les obus. Les casemates défoncées laissaient voir la campagne ; les poudrières se découvraient ; la moitié du bastion 3 était dans le fossé ; on pouvait monter à la brèche en voiture. Une dizaine de pièces au plus répondaient à l'averse des soixante bouches à feu versaillaises ; la fusillade des tranchées ennemies visant les embrasures, tuait presque tous les artilleurs. Le 3, les Versaillais renouvelèrent leur sommation, ils reçurent le mot de Cambronne. Le chef d'état-major laissé par Eudes avait filé. Le fort resta aux mains vaillantes de deux hommes, l'ingénieur Rist et Julien, commandant du 141e bataillon - XIe arrondissement. A eux et aux fédérés qu'ils surent retenir, revient l'honneur de cette défense extraordinaire ».
 
Le 6 mai 1871, à 19h30, Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif fait publier la déclaration suivante : « Ceux qui suivent les opérations que notre armée exécute avec un dévouement admirable, pour sauver l’ordre social, si gravement menacé par l’insurrection parisienne, ont compris qu’il s’agissait d’annuler le fort d’Issy en éteignant ses feux et en coupant ses communications, tant avec le fort de Vanves qu’avec l’enceinte. Ces opérations touchent à leur terme, malgré l’obstacle qu’elles rencontrent dans les batteries du fort de Vanves. En ce moment, nos troupes travaillent à la tranchée qui va séparer le fort d’Issy de celui de Vanves. La ligne du chemin de fer que traverse un passage voûté est la ligne qu’on dispute depuis trois jours. Cette nuit, 240 marins et deux compagnies du 17ème bataillon de chasseurs à pied, conduits par deux compagnies du 17ème, et la ligne du chemin de fer ainsi que le passage voûté sont restés en notre pouvoir. Cependant, la garnison de Vanves, cherchant en ce moment à prendre nos soldats à revers, était prête à sortir de ses positions, lorsque le colonel Vilmette s’est jeté sur elle à la tête du 2ème régiment provisoire, a enlevé les tranchées des insurgés, a pris le redan où ils se logeaient, en a tué et pris un grand nombre et a terminé ce brillant engagement par un coup de main décisif. On a tourné  aussitôt le redan contre l’ennemi et on y a pris une quantité d’armes, de munitions, de sacs, de vivres abandonnés par la garnison de Vanves, et le drapeau du 119ème bataillon insurgé. Comme on le voit, pas un jour n’est perdu. Chaque heure nous rapproche du moment où l’attaque principale terminera les anxiétés de Paris et de la France entière. Nous avons eu divers officiers distingués mis hors de combat dans ses opérations. Le colonel Laperche, le lieutenant Pavot et le jeune de Broglie ont été gravement, mais non dangereusement, blessés. On espère qu’ils seront bientôt remis ».
 
 
Federes a Issy
Fédérés à Issy.
 
Le lendemain, Eudes fait venir encore des renforts de Paris. Une nouvelle fois, c’est un massacre. Rue de l’Eglise, les maisons sont systématiquement détruites. Dans la Grande-Rue, la prise de la barricade donne lieu à des corps à corps à la baïonnette. Au Séminaire puis au Couvent des Oiseaux, les combats sont obstinés : A la fin pourtant, une des portes d’entrée cède sous les efforts des soldats que la résistance acharnée des Parisiens oblige chaque chambre l’une après l’autre, à briser les portes, à faire voler en éclats les cloisons. C’est dans le dortoir que la plus terrible mêlée a lieu. Après la prise définitive du couvent, ce dortoir présentait l’aspect le plus terrifiant. Les morts et les mourants gisaient pêle-mêle et tout le parquet était inondé de sang » (extrait de l’Avenir national en date du 20 mai 1871).
 
Le 13 mai, c’est au tour du lycée Michelet et de ses hommes de se rendre. Les Communards ont perdu…
 
 En un mois, environ 60.000 obus sont tombés sur le fort et la commune d’Issy. Le général de Rivières estime avoir perdu 300 hommes dans cette bataille, quant les Communards déplorent la mort de près d’un millier d’entre eux (hommes et femmes).
 
Cimetiere d'Issy detruit
Le cimetière d’Issy en ruines, après les combats.
 
11.4 – La Semaine sanglante :
 
Le 21 mai les troupes versaillaises entrent dans Paris. C’est un carnage… Pendant près d’une semaine, du 22 au 28 mai 1871, les 130.000 hommes des troupes versaillaises s’acharnent à combattre et à éliminer tous les Communards – environ 20.000 hommes – qui se placent devant eux. Des barricades sont érigées un peu partout dans les rues de la capitale : elles sont renversées. Les exécutions sommaires d’hommes et de femmes se multiplient. Menés par des chefs inexpérimentés, comme Bergeret et Cluseret, les Communards, sentant leurs dernières heures venues, incendient l’Hôtel de Ville, la Cour des Comptes et le château des Tuileries. Ils fusillent eux-aussi des otages. Ainsi, le 26 mai, répondant aux massacres de Communards au Panthéon, les Fédérés fusillent les otages de la rue Haxo : 36 soldats, 4 civils et 10 prêtres.
 
Le lendemain, alors que les Communards ne tiennent plus que quelques rues autour du canal de l’Ourcq, l’on se bat à l’arme blanche dans le cimetière du Père-Lachaise. 147 révolutionnaires sont fusillés devant un mur d’enceinte du cimetière, qui prendra le nom de « Mur des Fédérés ». Au global, cette Semaine sanglante fait plus de 20.000 victimes parmi les Communards – dont la grande majorité des commandants militaires – contre moins de 1.000 pour les Versaillais. Près de 38.000 parisiens sont emprisonnés et certains leaders politiques sont envoyés en Nouvelle Calédonie, comme Louise Michel ou Henri Rochefort.
 
Des Federes viennent d'etre fusilles.
Cercueils de Fédérés.
 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #1870-1871

Publié le 1 Juillet 2012

Buzenval - Mort peintre Henri Regnault

Buzenval – Mort du peintre Henri Regnault.

 

10 – Deuxième bataille de Buzenval.

 

10.1 – Buzenval, village maudit :

 

Alors que Paris subit un flot d’obus prussiens depuis le début du mois de janvier 1871, le 18, dans la galerie des Glaces du château de Louis XIV, Bismarck proclame Guillaume II empereur d’Allemagne. Le lendemain, l’Etat-major français décide d’une nouvelle sortie : encore une fois, il s’agit de prendre la redoute de Montretout, à Saint-Cloud, ainsi que le château de Buzenval puis continuer au-delà de Garches pour réinvestir la Bergerie, point fortifié prussien en direction de Versailles.

 

Trois colonnes sont prévues : à gauche – à l’est –  la colonne Vinoy qui doit prendre la redoute de Montretout et continuer sur Garches ; au centre, la colonne Carey de Bellemare, qui doit s’emparer du château de Buzenval et continuer sur la Bergerie à Garches ; à droite, la colonne Ducrot qui doit franchir le mur de Longboyau, occuper le bois de Saint-Cucufa et se retrouver ensuite les hommes de Carey de Bellemare à la Bergerie.

 

Les conditions climatiques sont désastreuses : le brouillard a rendu difficile la mise en place des troupes ; la neige empêche les soldats français d’avancer rapidement et avec leurs lourds équipements, ils s’enfoncent dans la boue. Les commandants sont imprécis : des embouteillages se créent sur les ponts au passage de la Seine.

 

De fait, seule la colonne Vinoy est en place ; la bataille s’engage de manière décousue entre 7 heures et 11 heures. Dans un premier temps, les Allemands sont surpris. Les Français avancent. Ils prennent Montretout et le château de Buzenval. Mais l’artillerie n’avançant pas dans ce terrain défavorable, la percée française ne peut être soutenue. La colonne Ducrot est en retard. Les hommes arrivent comme ils peuvent à la porte de Longboyau. Ils sont hachés sur place par les défenses prussiennes, en dépit d’actes héroïques. Le colonel de Rochebrune est tué, le lieutenant-colonel de Montbrison meurt de ses blessures. Enfin, les troupes de la colonne de Carey de Bellemare prennent les premières maisons de Garches. La moitié de la distance qui les sépare de Versailles est franchie. L’espoir est là. Mais de courte durée… La ligne de défense ennemie, bien formée au cœur du hameau de la Bergerie, stoppe net les soldats français. Le génie tente de faire exploser des murs et des maisons pour se frayer un passage : peine perdue. Les explosifs sont gelés et inutilisables.

 

Les Prussiens reçoivent des renforts. Des contre-attaques sont lancées à 15h30 et à 17 heures. Les Français semblent rester maîtres du terrain. Mais une grande confusion règne entre les différents régiments des trois colonnes. Si les Allemands reprennent Montretout cela risque d’entraîner la panique dans les rangs français. Le général Trochu décide alors – ce qui lui sera reproché quelques jours plus tard et il devra démissionner de son poste – d’abandonner toutes les positions prises et de rentrer dans Paris.

 

10.2 – A Issy :

 

Alors que la seconde bataille de Buzenval sonne la fin des espoirs français, au sud, à Issy, le fort tient toujours, en dépit des 18.000 obus qu’il vient de recevoir. Avec Vanves et Montrouge, il a réussit à demeurer aux mains des Français alors que ceux de Bagneux, Clamart, Meudon et Châtillon sont en possession des Prussiens.

 

Tous les jours, les forts français sont bombardés. Pourtant, le 21 janvier est à marquer d’une croix blanche par les canonniers d’Issy : grâce un obus dont le tir a été peut-être mieux ajusté que les autres, c’en est fait de la réserve de poudre du Moulin de Pierre. L’explosion, d’une violence inouïe, est entendue dans tout le sud de Paris.

 

Cette résistance n’est pas suffisante : le 29 janvier le gouvernement de Défense nationale indique qu’une convention d’armistice est signée avec la Prusse du chancelier Otto von Bismarck. Les troupes ennemies s’installent partout et pénètrent dans certains forts de la ceinture de Paris. Quant à celui d’Issy, il est évacué par ses 2.000 hommes de garnison.

 

Le 8 février 1871, les élections donnent la majorité aux conservateurs favorables à la cessation de la guerre. Adolphe Thiers ouvre les préliminaires de paix à Versailles. La France perd l’Alsace et la Lorraine, et doit payer 5 milliards de francs or d’indemnités. En gage, l’est de la France est entièrement occupé. Il le sera jusqu’en 1873.

 

Le 1er mars 1871, les Prussiens entrent dans Paris. L’Assemblée nationale, réfugiée à Bordeaux, confirme les accords de paix entre la France et l’Allemagne. Les députés d’Alsace et de Lorraine sont consternés : « Vos frères d’Alsace et de Lorraine séparés en ce moment de la famille commune conserveront à la France absente de leurs foyers une affection fidèle jusqu’au jour où elle viendra y reprendre sa place ».

 

 

Fort d'Issy - 1871

 

Le fort d’Issy, après les bombardements.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #1870-1871

Publié le 22 Juin 2012

Un régiment allemand au Bourget, octobre 1870.

 

7 – La première bataille du Bourget.

 

7.1 – Hommes de presse, hommes de guerre :

 

Dans Paris, c’en est fini des animaux du Jardin des Plantes : sur le boulevard Hausmann, La Boucherie anglaise propose maintenant de la « viande de fantaisie » à ses clients…

 

Le 28 octobre, au Bourget, les francs tireurs de la presse, sous les ordres du commandant Rolland, appuyés par une partie du 34ème de marche et le 14ème bataillon de la Seine, se portent au-devant des postes avancés de l’ennemi, au Bourget. Décontenancés par la soudaineté de l’attaque, les Prussiens reculent, abandonnant au passage des quantités incroyables de matériels et d’effets personnels. Les Français investissent le village et s’établissent partout où ils le peuvent. Les ordres du général de Bellemare sont clairs : « il faut tenir la position ».

 

L’ennemi ne tarde pourtant pas à réagir. L’effet de surprise passé, il installe une trentaine de canons sur les hauteurs de Pont-Iblon, à Dugny, et tire sans discontinuer sur Le Bourget et sur Drancy. Nos troupes tiennent bon. De même, dans la soirée, une attaque à la baïonnette est repoussée. Le lendemain, le bombardement recommence. Sous une pluie d’obus, les Français tiennent toujours.

 

Mais cette fois la riposte est foudroyante : les Prussiens envoient environ 15.000 hommes pour déloger les Français de Drancy et du Bourget. Dans le premier village, nos hommes sont dépassés par le nombre. En dépit du sacrifice d’un bon nombre d’entre eux – près de 1.200 hommes – ils doivent capituler. Quant à la commune même du Bourget, le Journal du Gouvernement de Défense nationale indique : « Le village du Bourget ne faisant pas partie du système général de notre défense, son occupation était d’une importance très secondaire, et les bruits qui attribuent de la gravité aux incidents qui viennent d’être exposés sont sans aucun fondement ». Mais les Parisiens n’ont pas du tout la même appréciation de la situation. Pour eux, il s’agit d’une énième et cinglante défaite.

 

Ce jour-là, Ernest Baroche, commandant le 12ème bataillon mobile de Paris, est tué au feu, au 24 de la rue de Flandre au Bourget.

 

7.2 – A Issy :

 

Au moment même de cette bataille, les forts d’Issy de Vanves multiplient les canonnades sur les positions ennemies, situés vers les moulins de Châtillon.

 

 

8 – Tentative de proclamation de la Commune.

 

8.1 – Le temps de la Commune ?

 

Le 31 octobre, Adolphe Thiers, député de Paris, homme d’Etat et de gouvernement de premier plan, est envoyé à Versailles pour discuter avec le chancelier Bismarck. Ce voyage donne lieu à une explosion de colère des Parisiens, qui acceptent de souffrir des privations, à partir du moment où les troupes françaises se montrent dignes de la confiance du peuple. Charles Delescluze, organisateur de la manifestation, reçoit cette déclaration du gouverneur Trochu : « Le gouvernement de Paris ne capitulera pas ». Le révolutionnaire socialiste Auguste Blanqui, aidé de militants, dont Raoul Rigault qui deviendra préfet de la police sous la Commune, mène des manifestations. Au moment même, et c’est l’une des causes également du soulèvement, le principe de la reddition de Metz est arrêté : le maréchal Bazaine livre 150.000 soldats à l’ennemi avec des quantités astronomiques de matériels.

 

8.2 – A Issy :

 

Les jours passent et se ressemblent sur le front d’Issy et de Vanves : alors que les Allemands continuent à fortifier leurs positions sur Montretout et sur Châtillon, les batteries de ce deux forts les forcent à se replier plusieurs fois. Le courage des hommes blottis sur ces positions françaises est remarqué de tous. Trochu visite solennellement les deux enceintes le 10 novembre.

 

Le 19 novembre, ces mêmes actions recommencent. Les forts d’Issy et de Vanves ayant été appuyés par ceux de Montrouge et de Bicêtre.

 

Alors que les éléphants du zoo de Paris sont à leur tour sacrifiés, le général en chef de la 2ème armée de Paris, Auguste Ducrot, fait la déclaration suivante : « Le Moment est venu de rompre le cercle de fer qui nous enserre depuis trop longtemps et menace de nous étouffer dans une lente et douloureuse agonie ! A vous est dévolu l’honneur de tenter cette entreprise : vous vous en montrerez dignes, j’en ai la certitude. »

 

Le 5 décembre 1870, le comte von Moltke informe le gouvernement française de la défaite de l’Armée de la Loire à Orléans. Les chances de voir des troupes françaises parvenir au secours de la population et des unités de Paris s’amenuisent fortement.

 

9 – Deuxième bataille du Bourget.

 

9.1 – Conquérir les maisons une à une ! :

 

A la tête de ses marins, par une température de -14°C, l’amiral de la Roncière lance une nouvelle attaque sur Le Bourget en date du 21 décembre. Dans un premier temps, des rues entières sont reprises à l’ennemi. Encore une fois, les combats se déroulent de maison en maison. L’église n’est pas épargnée et subit de nouveaux dégâts. Dans le but de soutenir les marins, qui sont en perdition, le général Ducrot fait avancer son artillerie et pilonne les positions ennemies. Cette canonnade offre la possibilité aux hommes de La Roncière de se refaire et retraiter, en ramenant quelques prisonniers au passage.

 

9.2 – A Issy :

 

Le 27 décembre, alors que Paris entame son 100ème jour de siège, le commandant Delclos rassemble dans le fort d’Issy des compagnies des 4ème et 5ème bataillons de la Seine et du 3ème bataillon de la Somme. Il s’agit de réaliser une sortie dans les villages du Bas-Meudon, du Val et de Fleury. Cette opération se déroule sans trop de pertes (deux tués du côté Français) et permet, comme à chaque fois, de rapporter des vivres, des outils et quelques caisses de munitions. Une opération identique se déroule au soir du 2 janvier 1871 : cette fois les Français s’en vont jusque vers Rueil et reviennent au petit matin au fort d’Issy.

 

Pour autant, alors que jusqu’à présent les canonnades françaises des forts du sud avaient permis leur relative tranquillité, un déluge de feu s’abat sur ces mêmes forts pendant les journées du 5 au 7 janvier 1871.

 

Aussi, le 10 janvier, un détachement de gardes mobiles, de marins et une compagnie de génie sortent des forts d’Issy et de Vanves et se dirigent vers le Moulin de Pierre, situé entre Issy et Clamart, afin de détruire les batteries ennemies. C’est un demi-succès, car dans l’instant suivant ces mêmes forts reçoivent une nouvelle pluie d’obus. Les 11et 12 janvier, le fort de Châtillon, aux mains de l’ennemi, augmente même sa cadence de tir contre celui d’Issy. Le lendemain, une nouvelle attaque contre le Moulin de Pierre échoue.

 

  Bivouac apres la deuxieme bataille du Bourget (Neuville)

 

Bivouac après la deuxième bataille du Bourget (Alphonse de Neuville).

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #1870-1871

Publié le 9 Juin 2012

La Guerre franco-prussienne à Issy - Partie 3.

4 – En ballon monté.

 

4.1 –Jules Favre au général Tamisier :

 

L’étau se resserre : les combats ne se déroulent pas que dans le sud. Vers Saint-Gratien et Montmorency, comme vers Bondy et Romainville, les Français contiennent les ennemis qu’aux prix de reconnaissances audacieuses. Mais les effets restent limités. Et les consignes de Bismarck et Moltke sont là-aussi respectées. Place Saint-Pierre, à Paris, un ballon est immobilisé ; son nom : Armand Barbès. A son bord montent le ministre de l’Intérieur du Gouvernement de Défense nationale, Léon Gambetta, et son fidèle allié, Eugène Spuller. Ce jour-là, deux autres ballons quittent la capitale pour relater les événements de la capitale et organiser une contre-offensive depuis la province.

 

Au même moment, un peu partout dans Paris, l’on entend des signes de révolte contre le gouvernement : « Vive la Commune ! » est l’un des slogans les plus repris. La Garde nationale rétablit promptement la situation. Jules Favre, vice-président du Gouvernement écrit à son plus haut gradé, le général Tamisier : « Mon cher général, Je vous remercie avec effusion, vous et la garde nationale, dont vous êtes le digne chef, du concours que vous venez de nous prêter. Au premier signal, vos bataillons sont accourus et, par leurs acclamations patriotiques, ont protesté contre les imprudents qui cherchent à nous diviser devant l'ennemi. Vous leur avez prouvé qu'ils n'y réussiront pas. Nous resterons unis pour combattre et pour vaincre. Nous le serons encore après, car tous nous n'avons qu'une volonté : fonder une République durable, décrétée par la nation dans sa souveraineté ».

 

 

4.2 – A Issy :

 

Dans le sud de l’actuel département des Hauts-de-Seine, l’ennemi s’est installé dans la plaine des Bruyères. Le lieutenant-colonel Rambaud, à la tête de plusieurs compagnies de gardes mobiles de la Seine, fait réaliser plusieurs reconnaissances sur les hauteurs d’Issy et dans Clamart : de la nourriture, de la farine, des armes sont récupérés et précieusement acheminés dans Paris.

 

 

5 – La deuxième bataille de Châtillon.

 

5.1 – Monsieur le comte :

 

Mais les événements semblent s’accélérer à partir du 10 octobre. Alors que les Prussiens et leurs alliés se contentaient de fortifier leurs positions, l’Etat-major français note chez eux d’importants mouvements d’unités. Une offensive générale se prépare contre Paris, cette fois c’est sûr !

 

Aussi, le gouverneur de Paris, le général Trochu, décide d’envoyer une troupe importante au contact de l’ennemi. Elle est conduite par le général Blanchard. L’objectif est clair : déloger les Prussiens du plateau de Clamart et du fort de Châtillon qui viennent d’être pris. La contre-attaque sur ces positions permettrait de mettre à l’abri tout le sud de Paris. Le général en chef décompose ses forces en trois colonnes : à droite, il positionne le 13ème de marche qui se dirigera vers Clamart ; au centre, le général Susbielle, à la tête du 14ème doit prendre Châtillon par le droite, et à gauche, commandée par le colonel Eugène Antonin de Grancey, les gardes mobiles de la Côte d’Or et ceux de l’Aube, sous la direction du comte de Dampierre. Les forts de Montrouge, d’Issy et de Vanves sont en alerte maximum : ils doivent protéger les mouvements des troupes françaises.

 

Clamart est prise sans trop de combats. Ce n’est pas le cas du plateau de Châtillon où les Prussiens ont fortement armé leurs défenses. La prise de la ville va s’avérer coûteuse en hommes… Et des combats terribles se déroulent à Fontenay-aux-Roses et à Bagneux. A la tête du 1er Bataillon des Gardes mobiles de l’Aube, Anne Marie Henri Picot, comte de Dampierre, trouve la mort au milieu de ses hommes. Aujourd’hui, près de l’entrée du cimetière de cette commune, un monument imposant rappelle son sacrifice.

 

Alors que le comte de Dampierre rend son dernier souffle, les troupes françaises progressent dans Châtillon. Les maisons sont reprises une à une, à coups de baïonnettes !

 

Le général Blanchard ordonne alors la retraite, estimant que la « mission de reconnaissance » a pleinement atteint son but. Cette estimation étant portée dans le journal du Gouvernement de Défense nationale, il convient, pour des raisons toutes compréhensibles de propagande, d’en tirer un scepticisme certain : « Cette reconnaissance offensive a obligé l’ennemi à montrer ses forces, à rappeler de nombreuses troupes de soutien, à essuyer le feu meurtrier de nos pièces de position et de notre excellente artillerie de campagne. Il a dû subir de fortes pertes, tandis que les nôtres sont peu sensibles, eu égard aux résultats obtenus. Nous estimons que nous n’avons pas eu plus de 30 hommes tués et de 80 blessés alors que l’ennemi a laissé plus de 300 morts dans Bagneux et ses pertes sont considérables à Châtillon et sur les hauteurs. Le chiffre des prisonniers connus s’élève à plus d’un centaine ». Pour autant, nos troupes n’ont pas pu reprendre Châtillon.

 

Le même jour le château de Saint-Cloud, servant alors de résidence à l’état-major prussien, est incendié par des obus tirés depuis le fort du Mont Valérien.

 

Picot, comte de Dampierre 

 

Picot, comte de Dampierre (cimetière de Bagneux).

 

 

5.2 – Canonner l’ennemi :

 

Au fort d’Issy, dont l’action vient d’être essentielle dans la Deuxième bataille de Châtillon, les canonniers français tentent par tous les moyens de stopper, du moins de ralentir, les travaux de fortifications des batteries prussiennes.

 

Dans Paris, alors que les sorties de ballons se multiplient, les bouchers ne vendent plus que 100 gr de viande par personne. Devant les étals, les queues sont immenses. Un simple morceau de pain est vendu une fortune et demande des heures d’attente !

 

 

6 – La première bataille de Buzenval.

 

Le 21 octobre, le général Ducrot décide d’une percée vers Garches et Saint-Cloud. Il s’agit de ce que l’on appelle aujourd’hui la « Première bataille de Buzenval ». Une canonnade de près d’une heure permet à nos troupes de sortir de Paris et d’avancer jusque sur les hauteurs de la Jonchère. A Issy, sur la rive gauche de la Seine, le général Vinoy fait garder la route stratégique le long de la Seine et fait canonner les positions ennemies grâce aux batteries des forts.

 

Surpris, à la fois par la fougue française et la bonne coordination des manœuvres, les Prussiens reculent. Ils songent même à retirer leur Etat-major de Versailles pour aller le placer plus loin. Néanmoins, après plusieurs heures de combats d’abord victorieux puis incertains pour les Français, les ennemis reprennent peu à peu le terrain perdu.

 

Leur vengeance est terrible. Elle s’abat sur le hameau de Buzenval : le 22 octobre, près d’une vingtaine de villageois sont traduits en conseil de guerre et trois d’entre eux sont fusillés devant les habitants « pour l’exemple d’avoir aider les Français ».

 

 

Buzenval - Octobre 1870 

 

La défense de la porte de Longboyau – Première bataille de Buzenval.

 

 

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #1870-1871

Publié le 2 Juin 2012

Fortifications de la porte de Versailles (Paris)

Fortifications de Paris en 1870 à la Porte de Versailles.

 

 

2 – Paris fortifié ; Paris protégé ?

 

2.1 – Le système de fortification :

 

Après moult tergiversations, recommandations, lois et décrets, une enceinte fortifiée autour de Paris commence à voir le jour en 1841, sous le gouvernement d’Adolphe Thiers. Longue de 33 km, elle comporte 94 bastions, 17 portes, 23 barrières et 8 passages de chemin de fer. A l’extérieur, après une fosse, une bande de 250 m de large est déclarée non constructible ; à l’intérieur, les bastions sont desservis par la rue Militaire et par une voie de chemin de fer, rapidement surnommée « Petite Ceinture ». Au passage, les villages de Montmartre, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Montrouge, Vaugirard, Auteuil, Passy et des Batignolles sont annexés.

 

L’enceinte de Paris est complétée par une série de forts judicieusement placés sur des axes principaux ou au croisement d’axes principaux. Ainsi, à Saint-Denis, grande ville industrielle, la situation du Fort de la Double-Couronne permet le contrôle de la Route nationale 1 et de la Route nationale 14 ; à Maisons-Alfort, le Fort de Charenton (le fort prend le nom de la ville qu’il doit défendre) est situé entre la route nationale 6 (route de Genève) et la route nationale 19 (route de Belfort). Ces ouvrages doivent permettre d’une part de stopper toute colonne se dirigeant sur la capitale (une colonne comporte des dizaines de milliers d’hommes, de chevaux et de voitures, donc doit prendre des axes principaux) ; d’autre part, les forts sont aussi là pour empêcher tout bombardement grâce à l’action de leur propre artillerie. Autour de la capitale les forts sont au nombre de 16 :

 

- Forts de la Briche, de la Double-Couronne, de l’Est à Saint-Denis.

- Fort d’Aubervilliers à Aubervilliers.

- Fort de Romainville aux Lilas.

- Fort de Noisy à Romainville.

- Fort de Rosny à Rosny-sous-Bois.

- Fort de Nogent à Fontenay-sous-Bois.

- Fort de Vincennes à Vincennes.

- Fort de Charenton à Maisons-Alfort.

- Fort d’Ivry à Ivry-sur-Seine.

- Fort de Bicêtre au Kremlin-Bicêtre.

- Fort de Montrouge à Arcueil.

- Fort de Vanves à Malakoff.

- Fort d’Issy à Issy.

- Forteresse du Mont Valérien à Suresnes.

 

2.2 – Le fort d’Issy :

 

Le Fort d’Issy est situé dans le sud de l’actuelle commune d’Issy-les-Moulineaux, à environ 4 km de l’ancien mur sud d’octroi de Paris.

 

Construit entre 1840 et fin 1841, il présente, comme la plupart des forts autour de la capitale, une forme en étoile, héritée des principes du maréchal Vauban sous Louis XIV. Par l’ouest depuis Saint-Denis et jusqu’à Nogent, les forts sont placés sur des hauteurs pour des raisons de surveillance et de défense. Fait de briques, de terre, avec des redoutes, le fort d’Issy a une importance capitale car il supplée le manque de fortifications entre Auteuil et Issy du fait du lit de la Seine (quartier du Point du Jour). Dans son ouvrage remarquable, Issy-les-Moulineaux, histoire d’une commune suburbaine de Paris (à compte d’auteur en 1977), Alain Becchia, professeur d’histoire géographie indique ceci : « Il est facile d’imaginer ce que cela représenta pour le bourg : des expropriations importantes touchant plusieurs carrières et de nombreuses vignes ; des travaux qui durèrent près de deux ans avec une foule d’ouvriers ; l’installation d’une garnison avec tout ce que ceci implique, bien que l’effectif en soit réduit ; une modification importante du paysage enfin, l’ouvrage couronnant la partie la plus haute du finage, affirmant en quelque sorte la présence de plus en plus envahissante de Paris, tandis que la limite communale était désormais matérialisée du côté de Vaugirard par de profonds fossés en eaux ».

 

2.3 – Troupes françaises dans Paris :

 

Plus de 200.000 hommes en armes sont dans Paris. La capitale peut compter sur des troupes aguerries comme les soldats des 34 et 35ème régiments d’infanterie de ligne, les marins canonniers sous les ordres de l’amiral La Roncière-Le Noury et les troupes spéciales du train, de la gendarmerie et des douanes. Il y a aussi les unités de la Garde nationale. Mais elle est composée d’hommes rappelés, équipés et formés hâtivement. On y rencontre des ouvriers, des commerçants, des manutentionnaires… Tous les âges, toutes les habitudes se côtoient dans une mêlée indescriptible. Certaines unités votent l’élection des officiers, d’autres se préoccupent plus de politique que du maniement des armes, pour d’autres encore l’expérience du feu est tellement limitée que personne ne veut se porter garant de la tenue de la troupe au combat !

 

2.4 – Renforcement des défenses :

 

Dès la proclamation du gouvernement d’union nationale, une action majeure est dirigée vers la défense de la capitale. Maintenant que Napoléon III est fait prisonnier, l’objectif des Prussiens est clair : qui entre dans Paris met la France à genoux. Les enceintes sont donc renforcées, les forts qui ne sont pas achevés sont abandonnés.

 

3 – Première bataille de Châtillon.

 

3.1 – L’arrivée des Prussiens :

 

Donc, alors que le siège de Metz est en cours et que les combats continuent dans le nord, l’est et bientôt sur la Loire, les premiers éléments prussiens s’établissent aux portes de Paris vers le 15 septembre. Il ne s’agit pas d’entrer immédiatement dans la capitale : Bismarck et von Moltke décident de former une sorte de ceinture à environ une dizaine de kilomètres de la capitale. Un bon siège, qui dure et qui affame les Parisiens, est la tactique retenue. D’abord peu nombreuses, les troupes allemandes sont bientôt fortes de plus de 150.000 hommes. Au fur et à mesure des victoires, donc de la libération d’unités, elles se renforcent pour arriver à la fin de l’année 1870 à plus de 200.000 hommes.

 

Les armées prussiennes arrivent sur Paris en deux colonnes : la première passe par l’actuel Val d’Oise (Ecouen) et se dirige vers Le Bourget ; la seconde fait le trajet depuis les Ardennes et passe par le sud de la région parisienne (Corbeil). Quelques semaines plus tôt, il était question de la grandeur de l’Empire français. Ses ennemis ne sont plus qu’à deux lieues, trois au plus !

 

Le général Exéa organise une reconnaissance offensive : il s’agit d’aller au contact de Bavarois signalés vers Choisy-le-Roi. Des combats ont lieu sur la route entre cette ville et Versailles. Nos troupes se contentent de contenir les ennemis… qui occupent le 18 septembre les villes de Bourg-la-Reine, Clamart et Meudon. Bientôt Versailles est prise sans combats.

 

Pour éviter que le cercle ne se referme autour de Paris, et que les forts de Clamart et de Châtillon ne tombent aux mains de l’ennemi (le fort de Châtillon, situé sur une butte, permet de bombarder tout le sud de Paris), le général Ducrot, qui a succédé à Mac-Mahon au début des combats dans l’est de la France, ordonne une sortie là-aussi en deux colonnes.

 

3.2 – Dans les bois de Clamart et de Meudon :

 

Les troupes sortent de Paris le 19 septembre : la première colonne se dirige vers Montrouge et Bagneux ; la seconde sur les bois de Clamart et de Meudon. A Bagneux, nos hommes sont bousculés par des troupes plus aguerries et plus solides. A Meudon la situation n’est guère meilleure. En-dehors de l’exploit des Zouaves à la ferme du Trivaux, partout les Français reculent. Devant la puissance du feu allemand, les généraux Ducrot et Exéa sont contraints de faire marche arrière. Ils viennent se réfugier aux pieds des forts d’Issy, de Vanves et de Montrouge.

 

De nombreux régiments rentrent dans Paris, où ils sont à peu près certains de se refaire une santé en attendant des jours meilleurs. Pour autant, des unités restent à la pointe du combat comme des compagnies du 150ème régiment de marche, au Plessis-Piquet (bientôt Plessis-Robinson).

 

A Montretout (Saint-Cloud), compte tenu de l’inachèvement des fortifications, la redoute est abandonnée à l’ennemi. Sur toutes les hauteurs dominant aussi bien le sud de la capitale que le nord, les Prussiens s’installent et placent leurs batteries. Pendant quelques jours, alors que de part et d’autre on installe les campements et les Etats-majors, des escarmouches ont lieu entre escouades : à Vanves, une compagnie d’éclaireurs tombe nez-à-nez avec un peloton de tirailleurs bavarois.

 

Au devant du fort d’Issy, en reconnaissance, 120 hommes du 4ème bataillon de la Seine ont maille à partir avec l’ennemi. Le 24 septembre, les canonniers isséens prennent pour cibles les batteries allemandes placées sur les hauteurs de Sèvres. Quatre jours plus tard, le général Blanchard fait passer ses hommes du 13ème bataillon de marche par Issy avant de se rendre au parc Fleury. Il s’agit de valider les positions ennemies installées sur la terrasse du château de Meudon.

 

Le 29 septembre, alors qu’une bataille importante se déroule entre L’Hay-les-Roses et Chevilly, Blanchard organise une nouvelle reconnaissance sur Issy et le Bas-Meudon : il convient de montrer des forces aux troupes ennemies et de les contenir sur cette partie du front, somme toute fragile : la Seine est difficile à garder et constitue l’un des points faibles de la défense de Paris.

 

 

Bavarois plateau de chatillon

 Bavarois sur le plateau de Châtillon.

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #1870-1871

Publié le 26 Mai 2012

ReichshoffenMorot1870
La charge des cuirassiers à Reischoffen.
1 – L’humiliante défaite.
 
1.1 – Une double méprise :
 
La guerre franco-prussienne est principalement liée à une double méprise : diplomatique et militaire.
 
Diplomatique : en 1815, au Congrès de Vienne, la Prusse, l’un des vainqueurs de Napoléon 1er, a pris une place prépondérante en Europe. Le roi Frédéric-Guillaume III de Hohenzollern, aidé entre autres du général Carl von Clausewitz (auteur du traité fameux De la Guerre), a transformé son royaume en favorisant une administration de premier plan et une importante industrie. Son fils, Frédéric-Guillaume IV, lui succède en 1840. Mais, atteint d’une maladie mentale, le jeune homme est secondé par son frère Guillaume 1er à partir de 1858. Frédéric-Guillaume IV meurt en 1861. Guillaume est proclamé nouveau roi de Prusse. Il sait s’entourer d’hommes remarquables, à commencer par son ministre-président Otto von Bismarck.
 
L’idée majeure du ministre-président consiste à réunir autour de la Prusse les anciens Etats du Saint-Empire germanique : au sud, la Bavière, et à l’ouest, le Hesse, le Bade et le Wurtemberg. Mais ces derniers soutiennent l’Empire autrichien plus que la Prusse. En 1866, à l’occasion de la guerre austro-prussienne, les Autrichiens sont aisément battus à Sadowa. L’industrie militaire prussienne a fait merveille… Il s’agit maintenant pour Bismarck de renforcer le nouveau conglomérat d’Etats pour en faire une nation. A l’époque, il n’est pas forcément question que d’économie, de mesures budgétaires ou de monnaie. « Rien de tel qu’une bonne guerre » selon l’expression des anciens ! Et quelle meilleure excuse qu’une épreuve contre l’ennemi héréditaire : la France.
 
En France, la monarchie traditionnelle de Louis XVIII puis de Charles X a laissé la place à un régime parlementaire et libéral avec Louis-Philippe, roi des Français. Ce n’est pas encore assez : un fort vent de liberté souffle en continu sur le pays. La Deuxième république est proclamée en 1848. Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, est élu. Trois années plus tard, en 1851, il dissout l’Assemblée nationale et met en place un régime autoritaire. Le 2 décembre 1852, il se fait plébisciter comme Empereur des Français, sous le nom de Napoléon III.
 
 En 1870, le trône d’Espagne, vacant, donne lieu à une compétition entre plusieurs princes d’Europe. Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen pose sa candidature. Il n’est pas envisageable pour la France de se trouver en quelque sorte coincée entre des Hohenzollern à l’est et au sud ! Napoléon III fait envoyer des émissaires en Prusse afin de demander le renoncement à cette candidature. Guillaume accepte. La France veut plus : il s’agit pour les Prussiens d’y renoncer pour toujours. Refus de Guillaume. A l’occasion d’un troisième déplacement de Benedetti, ambassadeur français, dans la ville allemande d’Ems, Bismarck fait publier une dépêche humiliante pour la France : non seulement son roi n’accepte pas les conditions demandées mais en plus il fait savoir qu’il n’est pas question un instant que l’ambassadeur soit reçu. L’attitude arrogante de la France est brocardée.
 
A Paris, la population descend dans les rues et demande que le camouflet soit réparé coûte que coûte. Et le mieux est encore de donner une bonne leçon aux Prussiens orgueilleux. Les parlementaires et l’entourage de l’empereur français sont également de cet avis. Le 19 juillet 1870, Napoléon III se laisse convaincre et déclare la guerre à la Prusse. A sa grande surprise, il découvre que les Etats de l’Allemagne du sud et de l’Ouest se rangent du côté ennemi, dans une sorte d’enthousiasme guerrier.
 
Méprise militaire : en France, les principes appliqués sont pratiquement tous issus des guerres napoléoniennes. Bien que Napoléon III et son gouvernement aient transformé le pays avec une industrialisation à marche forcée, l’équipement des militaires n’a que peu évolué. Même si le fusil français – Chassepot – est redoutable, les commandes de munitions dépendent d’une manufacture belge dont l’un des actionnaires n’est autre le fils de Guillaume 1er (le Kronprinz). Qui plus est, l’Empire français a confronté ses certitudes guerrières seulement à l’occasion de conflits mineurs, comme au Mexique – ou l’expédition se transforme en tragédie, notamment à Camerone – ou dans le cadre de la colonisation (en Afrique notamment).
 
Les Prussiens n’ont pas la même approche. L’Etat-major de l’armée a envoyé des observateurs sur tous les conflits du monde, à commencer par la Guerre de Sécession aux Etats-Unis. Pour l’armement, l’innovation est l’idée directrice : canons Krupp avec chargement par la culasse ; obus composés de shrapnells (les obus explosent avant d’atteindre le sol et envoient des billes d’aciers dans un rayon d’une centaine de mètres). Par ailleurs, plusieurs régiments sont équipés d’une nouvelle arme automatique et redoutablement efficace : la mitrailleuse.
 
Enfin, si la France peut mobiliser 250.000 hommes, la Prusse en mobilise trois fois plus. Et quand le soldat français a pour première qualité la marche à pied, le soldat allemand est lui transporté sur les lieux des combats grâce au chemin de fer.
 
1.2 – De défaite en défaite :
 
 Estimant être dans leur bon droit – la déclaration de guerre est française – les armées allemandes n’attendent pas et franchissent le Rhin. Napoléon III nomme son épouse, l’impératrice Eugénie, régente et s’en va à Metz, avec le jeune prince impérial – alors adolescent – prendre la tête de l’armée.
 
Le 4 août 1870, les fantassins français sont battus à Wissembourg ; le 6, la cavalerie est à son tour massacrée à Reichshoffen. Les jalousies entre les officiers généraux – Bazaine, McMahon, Frossard – n’arrangent rien. Le 12 août, Napoléon III, malade, doit laisser la direction des opérations au maréchal Bazaine. En dépit de combats acharnés de certaines compagnies, comme à Gravelotte ou à Bazeilles, toutes les unités françaises reculent. Le 18 août, Bazaine doit s’enfermer dans Metz. McMahon monte une nouvelle armée pour dégager la capitale de la Lorraine. Il échoue. Avec l’empereur, il doit se retirer sur Sedan.
 
Dès les premiers assauts, McMahon est blessé. Il est remplacé par les généraux Ducrot puis Wimpffen. Les plans de bataille se succèdent, incohérents, annihilant les sacrifices d’unités comme les Marsouins ou les chasseurs d’Afrique. Le 2 septembre, Napoléon III est fait prisonnier. Il offre à la Prusse près de 100.000 hommes et du matériel en quantité astronomique. La bataille a tué 15.000 Français et 10.000 Allemands.
 
A Paris, c’est l’affolement général : les députés républicains Léon Gambetta, Jules Ferry et Jules Favre vont voter la déchéance de l’Empire français. Le 4 septembre 1870, la Troisième république est proclamée, un gouvernement d’union nationale constitué avec pour maître mot : la défense !
 
Le 29 octobre, c’est au tour du maréchal Bazaine de se rendre : il ouvre les portes de la ville de Metz. Près de 180.000 soldats sont fait prisonniers. C’en est fait de la plus puissante des armées françaises.
 
Sur la Loire, des unités qui s’étaient repliées, sous le commandement du général de La Motte-Rouge, doivent à nouveau reculer, à Artenay devant des Bavarois qui eux protègent leur dispositif au sud de Paris. Gambetta demande la réorganisation de cette « Armée de la Loire » en deux nouvelle unités. Mais elles sont elles-aussi défaites : la première, commandée par Aurelle de Paladine est battue vers Orléans et la seconde – de Chanzy – au Mans.
 
Dans le Nord, après la bataille de l’Hallue, Faidherbe remporte une nouvelle victoire française, à Bapaume, au cours des journées des 2 et 3 janvier 1871. Il contient l’avancée prussienne. Mais le répit n’est que de courte durée car, dès le 19 janvier, ses troupes sont massacrées par les Prussiens à Saint-Quentin. Paris ne sera pas libéré par des troupes venant du nord.
 
 A l’est, les combats sont tout aussi terribles : le général Bourbaki remporte une victoire le 8 janvier 1871 à Villersexel. Mais là encore, cela ne suffit pas :il n’arrive pas à libérer Denfert-Rochereau qui s’est enfermé dans la ville de Belfort (mais qui ne rendra la place qu’après l’armistice et sur ordre exprès du gouvernement de la République). Pire, elle est par la suite battue devant Montbéliard. Bourbaki ordonne alors la retraite vers la Suisse : en accord avec ce pays, près 80.000 soldats français seront internés dans ce pays, ayant été au préalable désarmés au moment du passage de la frontière.
 
Mais, depuis le 11 septembre 1870, les Prussiens sont sur la Marne, à 50 kilomètres de Paris.
 
 
 Bazeille
 
 Les Dernières cartouches (combats de Bazeille) d’Alphonse de Neuville.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #1870-1871

Publié le 24 Mai 2012

Napoleon III et Bismarck

Entrevue entre Napoléon III et Bismark à Donchéry, le 2 septembre 1870 (copyright SHD).

 

Le Comité du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux est heureux de présenter au cours des prochaines semaines, une série de six articles sur la Guerre franco-prussienne et ses implications sur ce qu’étaient à l’époque les villages des Moulineaux et d’Issy.

 

Nous tenons à remercier l’ensemble des personnes qui nous ont aidé dans ses recherches, et à commencer par M. Thierry Gandolfo, conservateur du cimetière d’Issy-les-Moulineaux et Madame et Monsieur Bétry, de la revue Historia et de l’association Historim, pour leur aide précieuse et leurs encouragements.

 

Pour illustrer ces articles, retrouvez les photographies dans l’album intitulé « 013- Guerre franco-prussienne ». Enfin, voici une liste de sources qui nous ont permis d’écrire les articles à venir.

 

Sources :

 

Site de la ville d’Issy-les-Moulineaux : www.issy.com

Encyclopédie en ligne : www.wikipedia.fr et www.larousse.fr

Site sur les fortifications du général Adolphe Séré de Rivière : www.fortiffsere.org

Site de l’association sur l’Histoire et la Recherche d’Issy-les-Moulineaux : www.historim.fr

Travaux du Conseil communal des Aînés.

Xavière Gauthier, La Vierge rouge, Editions de Paris.

Pierre Milza, L’Année terrible, Perrin.

Karl Marx, La guerre civile en France (1871).

Louise Michel, La Commune : Histoire et Souvenirs (1898).

Alain Becchia, Issy-les-Moulineaux, histoire d’une commune suburbaine de Paris, auto-édition.

Philippe Séguin, Louis-Napoléon le Grand, Grasset.

Général Yves Gras, Castelnau ou l’art de commander, Denoël.

Pierre Miquel, La Troisième république, Fayard.

Recherches sur l’historique des dépêches télégraphiques du Gouvernement Thiers.

Extraits du Journal officiel de la République.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #1870-1871

Publié le 22 Mai 2012

 

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Le vendredi 8 juin 2012, la Nation rendra hommage aux « Morts pour la France en Indochine ». Le rendez-vous est fixé à 18h00 place des Combattants d’Indochine et de Corée à Issy.

 

Le lundi 18 juin 2012, commémoration de l’Appel du général de Gaulle ; le rendez-vous est fixé place du 8 mai à Issy à 18h00.

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Publié le 11 Mai 2012

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Mesdames et Messieurs,

Chers Amis,

 

En inaugurant, hier à l’Hôtel-de-Ville, l’exposition « Bir Hakeim, symbole d’une France renaissante », nous célébrions le 70e anniversaire de cette brillante victoire qui fut l’un des symboles du tournant dans la seconde guerre mondiale.

 

En 1942, le vent tournait enfin en faveur des Alliés. Cette bataille représente aussi le premier grand succès militaire de l’armée française libre face aux troupes italo-allemandes. Plus tard viendront la bataille de Stalingrad, celle du Monte Cassino, les débarquements de Normandie et de Provence, la libération de Paris, puis la capitulation allemande, le 8 mai 1945, que nous commémorons aujourd’hui.

 

Mais cette victoire eut un prix. Le prix du sang des combattants, des résistants et des déportés, le prix des larmes des veuves et des orphelins, le prix de la faim pour des populations entières. Et pour tous, le prix de l’attente que cette guerre cesse enfin. Une attente bien longue, depuis mai 1940 et l’invasion de notre territoire par les chars allemands. Il ne leur a fallu que quelques semaines pour atteindre Paris.

 

Et à Issy-les-Moulineaux comme dans toute la zone occupée, le bruit des bottes allemandes s’est fait entendre. Tous les habitants de notre ville ont pu témoigner des quatre années d’Occupation qui vont suivre, des difficultés du quotidien jusqu’aux pires atrocités. Se nourrir est devenu le souci de chaque jour. Tout le monde y est confronté. On doit attendre son tour devant la Mairie pour obtenir des tickets de rationnement, puis faire la queue devant la boutique de la rue Diderot ou l’épicerie Legrand sur l’avenue de Verdun, afin d’obtenir son quota de pain, de beurre ou de fromage… Chaque élément prend une importance considérable. Une seule véritable ferme subsiste encore à Issy. Evidemment, son bétail ne suffit pas pour alimenter la population isséenne. Alors on apprend à faire du pâté sans viande. On s’efforce d’apprécier le rutabaga du maraîcher Cambuzat qui cultive ses terres près du Séminaire St-Sulpice. Et l’hiver glacial de 1942, le plus froid depuis 50 ans, viendra exacerber les difficultés du quotidien.

 

Les hostilités ne sont pas restées une réalité lointaine pour la ville et ses habitants. Tous ont été témoins des bombardements dont la ville a été la cible. L’objectif est presque systématiquement l'usine Renault de l'île Seguin, mais également le camp militaire de l'île St-Germain ainsi que les usines des bords de Seine, passées sous contrôle allemand.

 

Mais bien souvent, les bombes tombent loin du point d'impact, et font des victimes que l’on dirait aujourd’hui « collatérales ». En mars 1942, une bombe britannique atterri rue Jean-Pierre Timbaud et fait près de 350 morts en détruisant une vingtaine d’immeubles. Le théâtre municipal de l’avenue Victor CRESSON, devenu aujourd’hui Palais des arts et des congrès, est sévèrement endommagé. Pour les habitants de la ville, il faut calfeutrer les fenêtres, installer partout des ampoules de couleur bleue… Surtout ne pas se faire remarquer, respecter le couvre-feu, et descendre aux abris à chaque alerte. La peur des rafles se ressent à chaque coin de rue. A Issy, les descentes de police sont fréquentes pour traquer les suspects, les opposants ou les juifs… Souvenons-nous de Victor Cresson, le Maire d’Issy-les-Moulineaux entré en Résistance dès 1940, qui mourut d’épuisement en déportation, après 4 années d’emprisonnement.

 

La France a payé un lourd tribut au combat. Parmi ses soldats, André Fougerat, ce jeune marin est mort à l’âge de 22 ans le 3 juillet 1940 lors de la tragédie de Mers-El-Kébir. Il est enterré ici-même, au carré militaire du cimetière d’Issy aux côtés de 1.500 autres soldats.

 

Tout près de nous, le sang de la torture a coulé, le Stand de Tir de Balard ayant été reconverti par les Allemands en lugubre salle de supplice et d’exécution. Ce n’est qu’à la Libération qu’on a découvert les effroyables crimes qui avaient été perpétrés dans cette pièce. Mais notre ville fut aussi le lieu de la résistance et d’actes d’héroïsme, depuis la résistance passive des réfractaires au STO jusqu’aux cellules clandestines armées. Au fil des années, deux groupes importants se mettent en place : le Mouvement de Libération Nationale ayant son siège clandestin à la Mairie grâce au concours de plusieurs employés municipaux, et le groupe FTP-Bosredon qui se réunit à l’intérieur de l’hôpital Corentin Celton.

 

Leur action ne nous paraît peut-être pas très spectaculaire mais elle est loin d’être inutile : collecte de renseignements, émissions radio vers l’Angleterre, détournement de camions… L’issue est tragique à plusieurs reprises : deux jeunes garçons mitraillés sur le pont de Billancourt pour avoir plaisanté le poste de garde allemand ; Sylvain Guillaume abattu alors qu’il tentait de faire exploser un transformateur à Malakoff…

 

Puis vient le débarquement de Normandie. Les évènements s’enchaînent et, dès lors, on peut espérer une victoire prochaine. A l’annonce de l’approche des troupes alliées, animés par la ferveur les habitants barrent les rues avec des sacs de sable pour empêcher le départ des Allemands, alors retranchés dans certaines parties de la ville, notamment sur l’île Seguin. Une démarche un peu trop précipitée puisque les barricades ont du finalement être enlevées à la hâte pour pouvoir laisser passer les troupes alliées !

 

En août 44, ce sont en effet les chars de la 2e DB du général Leclerc qui libèrent notre ville en passant par la rue Ernest Renan, ce dont peuvent encore témoigner des Isséens qui ont vécu cet extraordinaire moment. Quatre ans plus tard, la Ville la rebaptisera rue du Général Leclerc.

 

Cette glorieuse 2e DB est aujourd’hui représentée par deux sections du Régiment de Marche du Tchad, dont nous sommes fiers d’être la ville marraine. Nous avons aujourd’hui une pensée toute particulière pour leurs camarades qui sont actuellement en opération extérieure au Liban.

 

La deuxième unité filleule de notre ville, représentée aujourd’hui, est le 2e Régiment d’Infanterie de la Garde Républicaine. Ce régiment assure la protection et la sécurité des institutions et palais nationaux, et des missions d’honneur pour les hautes instances de l'Etat. Par ses missions, il symbolise le prestige de notre pays. C’est aujourd’hui notre honneur de les accueillir.

 

La victoire du 8 mai 1945 a ouvert une nouvelle page de notre civilisation. Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui s’est bâti sur les ruines de Berlin, dans le souvenir ineffaçable des camps de la mort, grâce aux enseignements du procès de Nuremberg, par l’héroïsme et le courage exemplaire de millions de combattants, sur les valeurs communes qui ont forgé l’idéal et l’esprit de notre 5e République, et sur l’espoir d’une Europe fraternelle. Forts de ces enseignements et héritiers de ces valeurs, chacun d’entre nous porte une responsabilité dans la poursuite de la construction de ce nouveau monde solidaire.

 

Nous le devons pour nos générations futures. Nous le devons pour nos anciens combattants à qui je tiens à exprimer, au nom de tous les Isséens, notre reconnaissance éternelle.

 

André SANTINI

Ancien Ministre

Député-Maire d’Issy-les-Moulineaux

 

 

 

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