La lettre de Cadis.

Publié le 7 Mai 2015

Cadis Sosnowski.
Cadis Sosnowski.

Cadis Sosnowski nait à Paris en 1926. A 17 ans, étudiant, membre de l’Union de la Jeunesse Juive, il est arrêté près de son domicile rue Blaise dans le 20e arrondissement, par la police française. Voilà plusieurs mois qu’il est suivi par les nazis et leurs collaborateurs. Une dénonciation d’un voisin a aidé les policiers dans leur quête macabre.

En dépit de son jeune âge, Cadis est déjà connu de la Gestapo : il a participé à plusieurs attentats et s’est engagé dans un groupe de Francs-Tireurs Partisans (communistes) de la ville d’Issy-les-Moulineaux. Le 18 mars 1943, il est présent lors de l’attaque de véhicules allemands près de l’Ecole militaire.

Le 26 mai 1943, il est fusillé au Stand de Tir (se reporter aux articles publiés sur ce site en 2008).

Voici, grâce à Adam Rayski, la dernière lettre de Cadis :

« Je vous écris cette lettre avant de mourir. J’ai été jugé et condamné à mort le 18 mai et maintenant je viens de recevoir la visite d’un officier m’apprenant que le recours en grâce que j’avais sollicité a été rejeté. Il est 12 heures et je dois être fusillé à 4 heures. Ces quatre heures je les passerai à penser à vous.

Maintenant, c’est à toi, ma chère Maman, que je vais écrire.

Je ne sais pas où tu es, mais j’espère que cette lettre te parviendra quand même. Je vais te demander d’avoir beaucoup de courage et de ne rien faire, tu m’entends, pour attenter à ta vie. Pense que tu as un autre fils, mon petit frère que je ne reverrai plus. […]

Maintenant, c’est à mon petit Papa que j’écris, à mon petit Papa chéri qui est parti depuis si longtemps et qui, j’en suis sûr, va bientôt revenir. Papa, toi que j’aime tant, c’est ton fils qui t’écrit, ton fils Cadis qui a eu 17 ans loin de toi et loin de Maman chérie […].

Je joins à cette lettre une mèche de mes cheveux. J’espère qu’on la laissera.

Votre fils et frère qui pensera à vous jusqu’à la fin. »

Dans son ouvrage, Au Stand de Tir, Adam Rayski ajoute : « Son père n’est pas revenu de déportation. Sa mère (Ginette), résistante (MOI), ainsi que son petit frère Isidore (Zizi), ont survécu à l’Occupation. Ce dernier a donné à son fils le nom de Cadis ».

PS : Abraham Rajgrodski, appelé Adam Rayski, est né le 14 août 1913 à Bialystok en Pologne et mort le 11 mars 2008. Il était résistant, historien, journaliste et fut cofondateur du CRIF (Conseil représentatif des juifs de France) et militant des droits de l’homme.

Sources :

- Site Internet : www.memorial-genweb.com.

- Site internet de la ville d’Issy-les-Moulineaux.

- Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le Sang de l’Etranger – Les Immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1989.

- Simon Cukier et David Diamant, Juifs révolutionnaires, Editions Messidor.

- Adam Rayski, Au Stand de Tir, Editions de la Ville de Paris.