Publié le 26 Septembre 2018

A Issy : la Résistance de père en fils.

Le dimanche 26 août, à l’occasion de la commémoration du 74e anniversaire de la Libération de Paris et de sa banlieue, Monsieur le général Ichac, président honoraire du Souvenir Français, Madame Christine Hélary-Olivier, maire-adjoint en charge des Affaires militaires et patriotiques et Monsieur André Santini, maire (de gauche à droite) ont dévoilé une plaque à la mémoire d’Henri Colin, et de son fils, Henri-Léon Colin.

 

Cette plaque avait retirée à l’occasion de travaux. Elle a donc été remise en place ce dimanche 26 août 2018, et se trouve au 21 de l’avenue du Gouverneur-général Félix Eboué à Issy.

 

La Résistance de père en fils.

 

Henri Colin nait le 3 novembre 1894 à Belfort. Il s’installe non loin de là, prend profession et se marie. Un fils, baptisé lui aussi Henri, nait de cette union, le 31 août 1921, à Mandeure dans le département du Doubs.

 

Puis, comme cela se fait toujours, Henri Colin, père, trouve du travail dans l’usine Allinquant, alors spécialisée dans les métaux, et située sur la commune d’Issy-les-Moulineaux. La famille s’installe au 21 de la rue Jean-Jacques Rousseau. En effet, celle-ci ne prendra le nom de « Gouverneur général Eboué » qu’en 1949.

 

Peu après l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, en 1939, l’usine rapatrie sa production et ses ouvriers dans la petite ville de Nay, capitale du béret et située dans le sud-est du département des Pyrénées-Atlantiques.

 

Henri Colin et son fils, maintenant installés dans le Béarn, décident d’entrer en Résistance. Ils font parties des FTPF : les Francs-Tireurs Partisans Français. Il s’agit alors de l’un des mouvements les plus importants de la Résistance française. Il a été créé dès la fin de 1941 (après la fin du Pacte Germano-Soviétique et l’envahissement de la Russie par l’Allemagne nazie) par la direction du Parti communiste français.

 

Les Colin sont arrêtés le 20 juillet 1944 dans la ferme de Joseph Labat à Lys, à environ 10 kilomètres de Nay. Les Colin, le résistant André Lafourcade et Joseph Labat sont conduits à Lourdes pour être interrogés puis à Tarbes. De là, les Allemands les placent à la prison Saint-Michel de Toulouse.

 

Cette prison est restée célèbre pour avoir malheureusement enfermé de nombreux résistants dont André Malraux. L’écrivain était alors le chef des maquis du Lot sous le nom du colonel Berger. Il réussira à s’en échapper, en juillet 1944, grâce au coup de force des frères Angel, sous les ordres de Jean-Pierre Vernant, la veille de la date prévue pour son transfert en Allemagne.

 

Tous n’auront pas cette chance. C’est le cas pour les Colin père et fils.

 

Le 17 août 1944, 50 prisonniers sont extraits de Saint-Michel, dont les Colin, pour être conduits à Buzet, plus au sud dans le département de Haute-Garonne. Le convoi s’arrête dans une ferme. Les Allemands ordonnent aux prisonniers de descendre du véhicule et de se diriger vers une grange sous un prétexte quelconque. Sans avertissement, sans autre sentiment que la haine et la barbarie, les pauvres hommes sont abattus à la mitrailleuse. Les Allemands ferment les portent de la grange, et ils y mettent le feu.

 

Les 50 corps seront sortis de cette grange. Plus tard. Certains seront méconnaissables.

 

Dans les registres, les Colin père et fils sont indiqués « morts dans la prison de Saint-Michel » quatre jours plus tard, le 21 août 1944.

 

Dans la commune de Nay, une plaque honore leur mémoire et leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts. A Issy-les-Moulineaux, là où ils habitaient, le Souvenir Français a tenu, avec la municipalité, à replacer une plaque également à leur mémoire.

 

 

 

 

Sources :

 

  • Site Mémoire des Hommes du Ministère des Armées.
  • Site Mémorial GenWeb - www.memorialgenweb.org
  • Archives du Souvenir Français d’Issy-Vanves.
  • Crédit photographique : Souvenir Français.
  • Site de Dominique Delpoux sur la prison Saint-Michel de Toulouse.
  • Encyclopédie Wikipédia.

 

Henri Colin - Père.

Henri Colin - Père.

Henri Colin - Fils.

Henri Colin - Fils.

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Publié le 8 Septembre 2018

Gaël Taburet, dernier pilote du Normandie-Niemen.

 

Formation.

 

Gaël Taburet nait le 12 novembre 1919 à Messac, dans le département de l’Ille-et-Vilaine. La France est alors encore sous le coup de la fin de la Première Guerre mondiale. Le pays entier est à reconstruire. Un point est cependant d’importance : le droit est reconnu aux peuples à « disposer d’eux-mêmes », par le Traité de Saint-Germain-en-Laye, dont le français est la langue principale. Intéressant en regard de ce qui se passe aujourd’hui ! L’Empire autrichien est démantelé : Les Tchèques peuvent s’unir aux Slovaques ; la Galicie intègre la Pologne ; les Slovènes, Serbes et Croates peuvent créer un Etat commun ; les régions de Trieste et d’Istrie, où l’on parle italien, deviennent italiennes…

 

Gaël Taburet grandit. A l’âge de 19 ans, il s’engage dans l’armée de l’Air et présente le concours d’entrée à l’école d’Istres. Il est reçu et commence sa formation de pilote. Le 13 avril 1939, il est dirigé à Ambérieu-en-Bugey, dans l’Ain, pour y être breveté. C’est là que se trouve l’école bressanne, fondée en 1909 par Mignot et Harding, à laquelle s’associe bientôt la Société Aérienne de Lyon-Bron. Le centre est connu : plusieurs écoles ont déjà déplacé leurs infrastructures pour renforcer celle d’Ambérieu. Cela a notamment été le cas de l’école de pilotage Caudron (du nom du constructeur) qui a quitté Le Crotoy dans la Somme pour venir s’y installer. L’école est prestigieuse et s’enorgueillit d’avoir formé des pilotes comme Jean Mermoz et René Fonck.

 

Après un stage de transformation à Istres en août 1939, Gaël Taburet  est affecté au G.T. I/15 (Groupe de Transport). En octobre 1941, il est affecté au G.T. III/15 et reçoit la mission de convoyer en Afrique du Nord quelques vieux Amiot 143. En avril 1942, il s’installe avec son unité sur la base d’Oujda, au Maroc. Le débarquement allié lui permet d’être reclassé dans la chasse, début 1943, à Kasba-Tadla, non loin de Béni-Mellal au Maroc.

 

A l’Escadrille Normandie-Niemen.

 

Au mois de juillet 1940, le général de Gaulle a créé les Forces Aériennes Libres. Un peu moins d’une année plus tard, en juin 1941, l’Allemagne envahit l’URSS. C’est l’Opération Barbarossa. De Gaulle y voit un espoir pour la France : aider les Soviétiques à combattre les Allemands, c’est aussi une manière de contrer quelque peu l’influence anglaise dans le cadre du rapprochement des Alliés.

 

Au même moment, en Syrie, les troupes fidèles à la France Libre battent les troupes françaises restées à la botte du régime du maréchal Pétain. De Gaulle se rend à Damas et commence un rapprochement avec des représentants russes. Puis, il confie une mission au général Petit. Les deux hommes se connaissent bien : ils étaient à Saint-Cyr ensemble. Petit se rend donc à Moscou et règle avec les Russes les modalités d’interventions d’une force armée. Le moyen le plus simple est l’organisation d’une escadrille. Après maints rebondissements, celle-ci est créée à la fin de l’année 1942. Les premiers pilotes rejoignent la base d’Ivanovo, à 250 km au nord de Moscou. L’instruction peut commencer.

 

Le 21 janvier 1944, Gaël Taburet se porte volontaire pour le « Normandie ». Nommé aspirant, il rejoint le groupe en Russie le 3 avril 1944, et est affecté à la 3e escadrille. Le 26 juin 1944, au cours de sa première mission de guerre, il obtient sa première victoire aérienne en abattant un Fw 190 dans le secteur d’Orcha. Au cours du mois d’octobre 1944, il abat trois autres appareils ennemis.

 

Le sous-lieutenant Taburet termine la guerre crédité de 5 victoires homologuées plus 1 probable.

 

 

 

Après la Seconde Guerre mondiale.

 

 

De retour en France en juin 1945, il devient tour à tour :

 

  • commandant d’escadrille au « Normandie-Niemen », à Rabat-Salé (Maroc) en 1949,
  • chef des opérations à Saigon en 1950.

 

Le capitaine Taburet reste fidèle au « Normandie-Niemen » jusqu’en 1951.

 

Le 12 juin 1951, il est nommé commandant de l’escadrille des moniteurs et de réentraînement de la base école de Meknès, au Maroc. Puis les affectations se succèdent. En mars 1954, il est affecté à la Défense aérienne du territoire (DAT) à Versailles, poste qu’il occupe jusqu’au 31 mai 1956. Le 1er juin 1956, il est nommé commandant-adjoint de la base aérienne 110 de Creil, puis commandant en chef en mars 1957. En 1958, il est affecté au 4e Bureau du 4e CATac à Lahr, en Allemagne. En octobre 1960, il part en opérations en Algérie et commande le PCA de Grande Kabylie, à Tizi-Ouzou.

 

A son retour d’Algérie, en février 1962, il est affecté au commandement en second de la base d’Orange. Le 28 février 1963, le colonel Taburet fait valoir ses droits à la retraite.

 

Rendu à la vie civile en mars 1963, Gaël Taburet devient directeur de l’action régionale à l’Institut de contrôle de gestion.

 

Commandeur de la Légion d’honneur, le colonel Taburet est également titulaire de la Croix de guerre 39-45, la Croix de guerre TOE, la Croix de la Valeur militaire, l’Ordre du Drapeau Rouge, l’Ordre de la Guerre pour le salut de la Patrie, l’Ordre de l’Etoile Rouge, la Médaille de la Victoire et la Médaille pour la prise de Königsberg.

 

Le 6 octobre 2015, Gaël Taburet est décoré de la médaille commémorative des 70 ans de la victoire dans la Grande Guerre patriotique. Cette décoration lui est remise par Son Excellence Monsieur Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France. A cette occasion une délégation du Régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niemen », basé à Mont-de-Marsan (Landes), est présente.

 

Résident cannois, Gaël Taburet, âgé de 97 ans, rend son âme à Dieu le 10 février 2017. Il était le dernier pilote survivant de « Normandie-Niemen ».

 

 

 

 

 

Sources :

 

 

 

Gaël Taburet, dernier pilote du Normandie-Niemen.

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Publié le 2 Septembre 2018

74e anniversaire de la Libération de Paris, par Fabien Lavaud.

« Monsieur le ministre, vice-président de la Métropole du Grand Paris,

Madame le maire-adjoint déléguée aux Affaires militaires et patriotiques,

Monsieur le député,

Mesdames et Messieurs les élus,

Messieurs les représentants de l’‘autorité militaire,

Messieurs les présidents des associations d’anciens combattants et patriotiques,

Messieurs les porte-drapeaux,

Mesdames, Messieurs, chers amis,

 

La commémoration de la Libération d’Issy-les-Moulineaux, de Paris et de sa banlieue fin août et début septembre 1944 à pour nous une valeur mémorielle et éducative sur la fin de cette horrible guerre, et l’action de la Résistance qui permit de libérer il y a 74 ans nos populations de l’occupation allemande et des monstruosités du nazisme.

 

Les humiliations, privations et douleurs, auxquelles se mêlèrent l’abjection antisémite et les déportations prirent fin grâce notamment aux femmes et aux hommes qui dès 1940 surent dire non à cette oppression. A la tentation du reniement et de la compromission, ils firent le choix de l’engagement. Grâce à eux, à la force qu’ils puisèrent au plus profond de leur être, éclairés par un idéal, la Libération de Paris et sa banlieue pu s’accomplir. Cette libération fut, aux côtés des armées françaises et alliées, la victoire de la Résistance et du peuple. Elle constitua une étape essentielle vers la capitulation du régime nazi. Elle mit fin au règne de Vichy, complice actif du nazisme et scella la reconnaissance du général de Gaulle et du rôle du Conseil National de la Résistance.

 

Le général de Gaulle voulait qu’une armée française soit la première à entrer dans Paris, tandis que la Résistance (avec les FFI et les FTP) voulait que la ville se libère par elle-même, et que Hitler souhaitait qu’elle soit défendue jusqu’au dernier soldat allemand, puis rasée avant son évacuation. Le 19 août, des centaines d’affiches proclament la mobilisation générale. Elle est signée du colonel Rol-Tanguy, chef des FFI pour Paris et l’Ile-de-France. Appelant le peuple parisien à la révolte avec l’appui du Conseil National de la Résistance et le Comité Parisien de la Libération. Le 22 août, il lance un appel « tous aux barricades ». Près de 600 surgissent un peu partout. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes font la chaîne pour se passer pavés, grilles, matelas, sacs de sable… Les barricades ont un impact psychologique très important : les Parisiens participent à leur propre libération. Paris renoue avec la tradition révolutionnaire de 1830, 1848 et 1870, dont les barricades avaient là aussi valeur de symbole. Les comités de Libération s’installent dans les ministères, les mairies et aux sièges des journaux. Les premiers drapeaux tricolores sont hissés depuis quatre ans d’occupation.

 

Le vendredi 25 août 1944 à 15h30, le général Philippe Leclerc de Hauteclocque reçoit à Paris, devant la gare de Montparnasse, la capitulation des troupes d’occupation de la capitale. Le document est signé par le général Dietrich Von Choltitz, commandant du 84e corps d’armée. Il est aussi contresigné par le colonel Rol-Tanguy. Une heure plus tard, le général de Gaulle arrive à la gare et se voit remettre par Leclerc l’acte de capitulation. Il se rend ensuite à l’hôtel de ville ou il est reçut par Georges Bidault, Président du Conseil National de la Résistance. Le soir, de Gaulle s’installe au Ministère de la Guerre, en tant que chef du Gouvernement Provisoire de la République Française. Le lendemain, 26 août, il descend en triomphe les Champs-Elysées, acclamé par deux millions de Parisiens. Il est suivi du général Leclerc et de ses fidèles de la première heure.

 

Sur le perron de l’hôtel de ville, devant une foule enthousiaste et joyeuse, de Gaulle prononce un discours célèbre en des termes flamboyants : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple ! ». La libération de Paris laisse un lourd bilan. Elle a causé pendant cette période 76 morts, issus de la 2e division blindée, ainsi que 901 résistants et 3.200 Allemands. Il y aura également 12.800 soldats allemands faits prisonniers.

 

Ce qui est pour la capitale le fut aussi pour Issy-les-Moulineaux, avec ses 115 isséens fusillés où morts en déportation, où sous les bombardements. Pendant la libération de notre cité, on dénombre cinq morts parmi les « Leclerc » et une dizaine de résistants. La Résistance isséenne était bien présente avec le Groupe Bienvenu sous les ordres du lieutenant-colonel Tari. Le 25 août, plus de 500 Allemands se rendent sans conditions quittant ainsi l’île Saint-Germain et le fort.

 

A cette occasion, permettez-moi de rendre hommage à trois personnes. Je tiens à saluer la mémoire de notre ami Marcel Leconte, qui fut vice-président de la FNACA. Il vient de nous quitter. Isséen depuis toujours, il avait laissé pour le Souvenir Français un témoignage sur la libération de la ville ainsi que sur le Stand de Tir où les Allemands fusillèrent près de 150 résistants. Le 4 août dernier, Arsène Tchakarian, dernier survivant du Groupe Manouchian, disparaissait. Egalement le 17 avril 2018 : Madame Raymonde Jean-Mougin nous quittait. Elle était la dernière conductrice ambulancière, surnommée les « Rochambelles ». Nous ne vous oublierons pas.

 

Demeurer fidèle à l’esprit de la Résistance, commémorant l’action de la France Libre, c’est se souvenir que sous le même drapeau frappé de la croix de Lorraine, combattirent ensemble toutes les confessions religieuses et des athées pour que triomphe la liberté, pour que demeure l’indépendance de la Patrie et que recule la barbarie. Comme avait dit Albert Camus au sujet de la Résistance et de la Libération de Paris : « Le Paris qui se bat ce soir au sujet de la Résistance veut commander demain. Non pour le pouvoir, mais pour la justice ; non pour la politique mais pour la morale, non pour la domination du pays, mais pour sa grandeur ».

 

Vive la République et vive la France ».

 

 

Fabien Lavaud,

président départemental de l’association

des Anciens Combattants Volontaires.

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Publié le 24 Août 2018

Juin 2008 : au nom des anciens combattants d’Issy-les-Moulineaux, Marcel Leconte s’apprête à déposer une gerbe devant la tombe du Soldat Inconnu.

Juin 2008 : au nom des anciens combattants d’Issy-les-Moulineaux, Marcel Leconte s’apprête à déposer une gerbe devant la tombe du Soldat Inconnu.

Au début de ce mois d’août, nous avons appris la douloureuse nouvelle de la disparition de notre ami Marcel, membre depuis des années de notre Comité du Souvenir Français, ainsi que vice-président du Comité local de la FNACA.

 

Marcel avait rejoint le Souvenir Français en 2007 et nous avait, depuis lors, constamment aidé que ce soit pour porter le drapeau à maintes occasions comme pour gérer le pot de l’amitié à l’occasion des assemblées générales.

 

Marcel Leconte, isséen depuis toujours, nous avait raconté son enfance dans notre commune et rappelé ce que furent à la fois la Libération de la ville en août 1944 comme la découverte du Stand de Tir, où les Allemands avaient fusillé près de 150 résistants. Il était un ancien d’Algérie. Soldat, entre autres, du 584e bataillon du train, il nous avait également confié ses aventures en tant que chauffeur de son commandant de compagnie : Jean Pouget, l’ancien de Dien Bien Phu et journaliste/écrivain célèbre dans le monde combattant.

 

Ses souvenirs sont présents sur ce site à la date du mois d’octobre 2009.

 

A sa famille, à ses amis, le Comité du Souvenir Français d’Issy-Vanves présente ses très sincères condoléances.

 

 

Sources :

 

  • Crédits photographies : archives du Souvenir Français d’Issy-Vanves.
Marcel Leconte en Algérie (à dr. Sur la photo, il porte le fusil à l’épaule).

Marcel Leconte en Algérie (à dr. Sur la photo, il porte le fusil à l’épaule).

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Publié le 19 Août 2018

Issy-les-Moulineaux – 21 Février 2010 – Inauguration de la place Missak Manouchian. André Santini est entouré d’Arsène Tchakarian (à gauche) et d’Henry Karayan (à droite).

Issy-les-Moulineaux – 21 Février 2010 – Inauguration de la place Missak Manouchian. André Santini est entouré d’Arsène Tchakarian (à gauche) et d’Henry Karayan (à droite).

Le 21 février 2010, André Santini inaugurait le buste de Missak Manouchian sur la place qui porte désormais son nom. Deux personnalités étaient présentes : Henry Karayan (disparu en 2011) et Arsène Tchakarian, qui vient de mourir le 4 août dernier. Il était le dernier survivant du fameux « Groupe Manouchian ».

 

Un enfance dans l’Empire ottoman.

 

Arsène Tchakarian nait le 21 décembre 1916 à Sabandja dans l’Empire Ottoman, dans la région de Bursa (nord-ouest de la Turquie actuelle). Persécutée – le génocide arménien a commencé l’année précédente – la famille fuit le territoire et se réfugie d’abord en Bulgarie. En 1928, avec des papiers obtenus de longue lutte, elle peut gagner la France par le port de Marseille. Nous sommes en 1930, et le jeune adolescent Arsène voit son père rejoindre les mines de Decazeville tandis que lui-même monte sur Paris afin d’y apprendre le métier de tailleur.

 

Six ans plus tard, à l’occasion des manifestations durant le Front Populaire, Arsène Tchakarian fait la rencontre de Missak Manouchian, un poète arménien et militant communiste. Rencontre qui va bouleverser sa vie.

 

La Résistance.

 

En 1937, il a alors 21 ans, Arsène Tchakarian fait son service militaire au 182e régiment d’artillerie lourde à Vincennes. Appelé en 1939, il participe à la « drôle de guerre » puis combat dans les Ardennes et la Meuse en mai 1940. Il est démobilisé à Nîmes le 5 août suivant.

 

Il s’en retourne sur Paris et reprend contact avec Missak Manouchian. Les premiers actes de résistance commencent par des distributions de tracts. Mais ce n’est pas simple de faire face à l’ennemi nazi quand celui-ci s’est allié au grand frère communiste. La résistance commence réellement en juin 1941 avec la rupture du pacte germano-soviétique. L’action du groupe de Missak et de la MOI (Main d’œuvre Immigrée) prend alors de l’ampleur et se radicalise. Le premier coup d’éclat date du 17 mars 1943 : Arsène Tchakarian, Missak Manouchian et Marcel Rayman attaquent une formation de feldgendarmes à Levallois-Perret.

 

Sous le nom de « Charles », Tchakarian et ses compagnons sont les auteurs d’actes de résistance de plus en plus nombreux contre les nazis. Ils organisent des sabotages et commettent des attentats. Le groupe Manouchian abat la général SS Julius Ritter le 28 septembre 1943. Il s’agissait d’un responsable du Service du Travail Obligatoire (STO). Ce sont près d’une quinzaine d’actions qui vont être menées au cours de cette année.

 

Après l'arrestation de Missak Manouchian et de seize à vingt-trois autres membres (selon les sources) de son groupe en mi-novembre 1943 qui sont jugés et exécutés, Tchakarian est caché à Paris grâce à Léon Navar, commissaire de police de Montrouge, et de la police résistante de la préfecture de Paris. En mai 1944, en raison de son expérience militaire et de ses actes en tant que résistant, il est exfiltré vers Bordeaux pour aider à la préparation du bombardement du camp d'aviation de Mérignac par les Alliés. Après coup, il est appelé à Paris début juin 1944. Il rejoint début août le maquis de Lorris, participe aux combats du Sud de la Loire puis à la libération de Paris. Il est alors nommé lieutenant et commande une vingtaine de résistants.

 

Après la Seconde Guerre mondiale.

 

A partir de 1950, il devient historien, membre de la Commission des Fusillés du Mont-Valérien et chargé de recherches auprès du Ministère de la Défense. Il reste apatride qu'en 1958, année où il est naturalisé français. Il reprend par la suite son activité de tailleur.

 

En 1996, Arsène Tchakarian devient président du Mouvement des Arméniens de France pour le Progrès (MAFP), association qui rassemblait alors les anciens membres de la Commission Nationale Arménienne qui avait été supprimée par le PCF peu avant la chute de l’URSS. Il meurt le 4 août 2018 à l’hôpital  Paul Brousse à Villejuif. Il est inhumé le 14 août 2018 au cimetière parisien d’Ivry près du « carré des fusillés » où reposent ses camarades du groupe Manouchian.

 

Décorations.

 

  • Commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.
  • Palmes académiques.
  • Croix du Combattant Volontaire 1939-1945.

 

Publications.

 

  • Les Francs-tireurs de l'affiche rouge, Paris, Les Ed. Sociales, 1986.
  • Les Fusillés du Mont-Valérien, Nanterre, Comité national du souvenir des fusillés du Mont Valérien, 1991.
  • Les Commandos de l'Affiche Rouge, en collaboration avec Hélène Kosséian-Bairamian, Ed. du Rocher, 2012.

 

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Archives photographiques du Souvenir Français d’Issy-Vanves.
  • Notices biographiques d’Arsène Tchakarian sur les sites des journaux Le Parisien, Le Figaro et le journal du conseil général du Val-de-Marne.

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Publié le 14 Août 2018

Nos glorieux anciens.

Gloire aux Anciens.

 

Il en a toujours été ainsi : les anciens sont présentés, souvent à juste raison, comme ayant accomplis de belles choses, de belles actions. C’est encore plus vrai lorsque ces mêmes anciens sont des militaires. Même quand ils n’ont pas gagné les batailles auxquelles ils participaient, ils « en avaient été » et rien que cela justifiait le respect.

 

Les exemples peuvent être multipliés : sous Napoléon 1er, on présentait ceux des premières batailles de la Révolution ou de la Guerre d’indépendance des Etats-Unis comme des héros ; pendant la Première Guerre mondiale, des cérémonies étaient organisées en hommage aux rescapés de Reichshoffen ou du siège de Paris.

 

Bien souvent en Algérie, chez les militaires plus que chez les civils, on parlait des « Indochinois » avec déférence. Eux avaient connu de véritables combats…

 

On sollicite leur avis, on les entend, à défaut parfois de les écouter, et ils disent « de mon temps, cela ne se passait pas comme ça ! ».

 

Il y a aussi des exceptions, des confiances qui tournent mal. Là, il est question d’un maréchal en juin 1940…

 

Ils étaient à Waterloo.

 

Il y a quelques années de cela, le magazine Paris Match a présenté des photographies mises au jour par l’Université Brown de Providence à Rhode Island aux Etats-Unis. Il s’agissait de clichés de soldats ayant combattu dans l’armée de l’Empereur Napoléon 1er à Waterloo.

 

Si on ne connaît pas l’identité du photographe qui a effectué la séance photo, on sait que l'avant-dernière propriétaire des clichés était la collectionneuse Anne S.K Brown (1906-1985), qui les a ensuite confiés à l’Université.

 

Bien que les informations, annotées au dos des clichés, soient parcellaires, on peut deviner à peu près leur âge. Les survivants de la Grande Armée, âgés de 20 à 30 ans pendant la bataille, avaient pris l’habitude de se retrouver sur la place Vendôme chaque 5 mai, la date anniversaire de la mort de Napoléon Bonaparte. En uniforme d'époque et équipés de leurs armes, ils rendaient hommage à la mémoire de l’Empereur. Sur les clichés, on peut remarquer qu’ils portaient tous la médaille de Sainte Hélène, décernée par Napoléon III en août 1857, qui récompensait les soldats ayant combattu sous les couleurs tricolores, de 1792 à 1815. C’est pourquoi on suppose que ces fiers grognards ont été photographiés lors de la commémoration du 5 mai 1858.

 

Quatre décennies après la bataille, les hommes ont du faire retoucher leur uniforme d’époque pour se glisser à nouveau dedans, car ils n’arboraient pas la même silhouette qu’à leur 20 ans. Avec une émotion perceptible, ils affrontaient l’appareil photo de l’artiste dans des postures militaires, laissant apparaître certaines balafres sur leurs visages fatigués.

 

Dans les clichés ci-dessous, on pourra distinguer :

 

  • L’administrateur, M. Delignon, s’occupait de l’approvisionnement des troupes en nourriture, vêtements et munitions. Il tient son couvre-chef dans la main droite.
  • Le chasseur M. Loria, appartenait au 24e régiment de chasseurs à cheval. Il a perdu son œil droit à la bataille.
  • Le chasseur alpin, M. Schmidt, appartenait aux régiments de montagne qui gagnèrent la bataille du Mont St-Bernard en 1794 dans les Alpes (beau rideau non ?).
  • Le dragon, M. Mauban, était un brigadier du 8e régiment de dragons. Il porte un casque orné d’une crinière.
  • Le grenadier, M. Burg, était un soldat d’élite du 24e régiment de la Garde impériale (il ne sait pas faire autre chose que d’être au garde-à-vous).
  • Le hussard, M. Fabry, était un intendant au 1er régiment de hussards. Il porte un couvre-chef d’origine turque, appelé colback (il présente son sabre).
  • Le hussard, M. Moret, était également un cavalier. Il possède une sabretache qui sert également de porte-documents (assis).
  • Le lancier, M. Dreuze, porte deux pistolets, un mousqueton (manquant sur la photographie) et une lance (manquante sur la photographie).
  • Le lancier, M. Verlinde, combattait dans l’unité de cavaliers légers créée par Napoléon 1er. Il porte un schapska, un casque avec pan (sabre à l’épaule).
  • Le mameluck, M. Doucel, fait partie de la cavalerie de l’Empereur. Il porte une chemise et un yalek, gilet sans manches.
  • L’officier du génie, M. Lefebvre, porte un shako à plumet orné de l’Aigle impérial.

 

Saurez-vous les retrouver ?

 

 

 

 

Sources :

 

  • Site Internet du magazine Paris Match.
  • Encyclopédies Wikipédia, Larousse et Britannica.
  • Alain Pigeard, Dictionnaire des batailles de Napoléon, Tallandier.
Nos glorieux anciens.
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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Issy d'antan

Publié le 9 Août 2018

La FNCPG-CATM.

Pour retracer l'historique de la Fédération Nationale des Combattants Prisonniers de Guerre et Combattants d'Algérie, Tunisie, Maroc, il convient de remonter bien avant la Charte du 8 Août 1945 et même avant la Libération du Territoire National.

 

Les Centres d'entraide, ouverts aux prisonniers de guerre et à leurs familles, furent les premières pierres de l'édifice d'où devait naître la FNPG (Fédération Nationale des Prisonniers de Guerre). Les premiers rapatriés, complètement désorientés, y retrouvèrent un esprit de générosité qui les réconforta et les évadés y reçurent aide et assistance. Parallèlement et sous l'impulsion de quelques camarades, et plus spécialement d'évadés, naquit le Mouvement National des Prisonniers de Guerre et Déportés (MNPGD), mouvement clandestin où les Prisonniers de Guerre apportèrent une contribution importante à la Résistance française.

 

C'est de la fusion des Centres d'entraide et de la MNPGD que naît, le 5 avril 1945, la FNPG (Fédération Nationale des Prisonniers de Guerre). Reconnue d'utilité publique par le décret du 1er avril 1948, la Fédération des Prisonniers de Guerre comptait à l'époque plus d'un million d'adhérents ; elle n'a, depuis, cessé d'œuvrer, tant sur le plan de la défense des droits que sur le plan civique et social de ceux qui furent absents 5 ans.

 

A partir de 1963, les Combattants d'Algérie, Tunisie, Maroc, rejoignent les Combattants Prisonniers de Guerre au sein de la Fédération devenue « Fédération Nationale des Combattants Prisonniers de Guerre et Combattants d'Algérie, Tunisie, Maroc ».

 

Puis, ce sera en 1975, les Veuves des camarades PG et CATM décédés, ainsi que les Anciens Combattants et Victimes de guerre de tous les conflits (Corée, Indochine, Guerre du Golfe, Forpronu, militaires des Opérations Extérieures (OPEX).

 

La Fédération Nationale des Combattants Prisonniers de Guerre et Combattants d'Algérie, Tunisie, Maroc fédère près de 145.000 adhérents au 31 décembre 2012 et plus globalement l'ensemble des ressortissants de l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre représentant 93 associations départementales en France, en Outre-Mer, en Belgique et à Jersey.

 

A Issy-les-Moulineaux, la FNCPG CATM a été présente pendant de nombreuses années. Disparue depuis trois ans, son dernier président a été Monsieur Michel Rossignol, qui a beaucoup œuvré pour sa commune, entre autres au conseil municipal, comme au sein des associations d’anciens combattants et patriotiques comme le Souvenir Français.

 

 

Sources :

 

  • FNCPG CATM Section de Rouffignac.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site national de FNCPG CATM : www.fncpg-catm.org

 

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Publié le 1 Août 2018

La communauté jésuite de Vanves, rue Raymond Marcheron.

La communauté jésuite de Vanves, rue Raymond Marcheron.

Les Jésuites.

La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola, saint François-Xavier et les premiers compagnons en 1539, et approuvée l’année suivante par le pape Paul III. Dissoute en 1773, elle est rétablie en 1814 par le pape Pie VII. Au début du 21e siècle, elle constitue numériquement, avec environ 17.300 membres, l’ordre religieux masculin pleinement intégré le plus important au sein de l’Eglise catholique, où elle n’est devancée que par l’ensemble divisé des branches franciscaines.

Comme les autres ordres religieux, les jésuites professent les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, mais prononcent également un quatrième vœu qui leur est propre, celui de l’obéissance spéciale au Pape, en ce qui concerne les missions « selon ce qui est contenu dans les Lettres apostoliques et les Constitutions ». Les jésuites ne recherchent pas les honneurs. Leur histoire compte ainsi peu d’évêques ou cardinaux et le pape François, élu en mars 2013, est le premier pape jésuite.

L’écrivain Jean Lacouture voit en eux les « pionniers d'une aventure humaine au sein d'un monde pris en charge dans sa totalité », hommes d'action et d'initiative, et « découvreurs de mondes, d'êtres, de civilisations différents ».

 

A Vanves.

Les Pères jésuites arrivent sur le site de la rue Raymond Marcheron à Vanves en 1922 avec à l’installation à l’époque de l’Action Populaire (aujourd’hui CERAS), œuvre qui cherchait à promouvoir l’engagement social des chrétiens dans la société. En 1931, ils acquièrent une propriété contigüe et construisent un nouveau bâtiment confié au cabinet d’architecte des frères Perret. En 2012, ils réorganisent le site pour construire la Maison Soins et Repos (EHPAD).

A Vanves sont rassemblées depuis 1989 les archives des 4 anciennes provinces des jésuites français : La Province de France, plus tard appelée par commodité Province de Paris, créée en 1819, la Province de Lyon, constituée en 1836, la Province de Toulouse, à partir de 1852 et enfin la Province de Champagne depuis 1863. L’unification en une seule province, en 1976, a entraîné ce rassemblement des 4 dépôts d’archives et la constitution d’un cinquième fonds : la Province de France unifiée (archives de 1976 à aujourd’hui). Cet ensemble représente près de 3 km de documents.

Les fonds conservés concernent de nombreux domaines :

  • Gouvernement de la Compagnie (Lettres des généraux, des provinciaux, consultes, congrégations générales et provinciales).
  • Administration (admissions, vœux, etc.).
  • Histoire (jansénisme, suppression de la Compagnie, jésuites en Russie Blanche, rétablissement en 1814, Commune de Paris, guerre 1914-1918, Action Française, deuxième guerre mondiale, Résistance, guerre d’Algérie, etc.).
  • Formation.
  • Maisons et établissements.
  • Missions.
  • Dossiers personnels.
  • Œuvres et activités.

A Vanves, se trouve également une stèle rappelant le sacrifice des jésuites pendant la Première Guerre mondiale.

 

Ils furent 165 à donner leur vie pour la France.

Les archives de la Province de France de la communauté de France montrent que 855 jésuites ont été mobilisés au cours du premier conflit mondial. 165 d’entre eux sont morts pour la France, ce qui fait quand même environ 20% d’entre eux. Sur ces 165, il y avait 50 prêtres, 97 scolastiques (novices) et 18 frères coadjuteurs.

Géographiquement, au titre des provinces telles qu’entendues par l’organisation, 52 venaient de la Province de Lyon, 46 de celle de paris, 29 de Toulouse et 35 de la Province de Champagne. 3 MPLF (Morts Pour la France) sont issus de provinces étrangères : 1 de Castille, 1 de Rome et 1 de Belgique.

Les jésuites furent-ils de bons soldats, de bons aumôniers ? Si l’on s’en tient aux décorations et actes héroïques, retenons ces chiffres : sur 165 jésuites Morts Pour la France, 39 reçurent la Légion d’honneur ; 150 la Croix de guerre 14-18 et 115 la Médaille militaire. 90 % des décorés reçurent au moins deux récompenses.

Enfin, il est à noter que l’ancienne noblesse fournit de nombreux enfants aux jésuites. Il n’est de citer parmi ces 165 MPLF les noms de : Charles Aubin de la Messuziere, Louis Colas de Brouville de Malmusse, Bernard Courlet de Vrégille, François de Billeheust d’Argenton, Jean de Blic, Joseph de Boissieu, Louis de Gironde, Marie-François de Daran, Marie-Amédée de Jourdan…

Selon Elisabeth de Montmarin qui a réalisé des recherches sur le sujet l’expulsion des congrégations en 1880 et en 1903, de même que l’interdiction d’enseigner en France en 1904 (donc de fait la fermeture de nombreuses écoles) expliquent la forte implantation de ces religieux en Belgique, Angleterre, Hollande, Espagne, Suisse, Italie… pays voisins de la France où ils firent pour certains d’entre eux leur noviciat. A la suite des événements indiqués ci-avant, ils partirent dans ces pays où ils furent ordonnés prêtres et purent ouvrir des écoles. D’autres partirent comme missionnaires.

Arriva la guerre. Tous les religieux en âge d’être mobilisés rentrèrent en France pour rejoindre leurs unités.

 

Des héros.

Voici des informations sur une infime partie des jésuites morts pour la France entre 1914 et 1918.

Henri AUFFROY

  • Il nait le 1er mai 1873 à Reims. Fils de Jules et de Victoire Leterme. Jésuite, prêtre de la Province de Champagne, il entre au noviciat d’Amiens en 1899. Il est par la suite professeur au collège de Saint-Jean-Berchmans à Florennes en Belgique puis professeur de droit canon à Enghien (Belgique). Docteur en droit en 1899 avec une thèse ayant pour titre Evolution du testament en France des origines au 13e siècle. En 1916, l’Académie française lui décerne le prix Thérouanne (prix d’histoire et de sociologie).
  • Le 8 août 1914, le révérend père Auffroy vient à Sault-les-Rethel dans le département des Ardennes pour remplacer le curé mobilisé. Le 29 août, alors que la population fuit devant l’invasion allemande, il est pris comme otage par les Allemands et abattu à bout portant. Médaille militaire. Croix de guerre.

 

Frédéric BOUVIER

  • Il nait le 5 décembre 1871 à Vienne dans l’Isère, fils de Benoît et Nathalie Jacquet, il a pour frère l’abbé Claude Bouvier, mort à Vienne en Autriche le 4 novembre 1914. Jésuite au sein de la Province de Paris, il fréquente plusieurs maisons de jésuites à Lons le Saunier, puis Beyrouth, Cantorbéry (Angleterre), Hastings, Vienne en Autriche et enfin retour à Hastings en 1908.
  • Incorporé aumônier militaire et brancardier au 86e RI, il est cité à l’ordre du Régiment puis de l’Armée. Citation n°487 du 23/03/1916 à l’ordre du Régiment : « Au front depuis 17 mois, où il est venu comme volontaire, très actif, ne connaissant pas le danger et ignorant la fatigue. Dans la journée du 9 mars, a pansé et relevé de nombreux blessés sous un bombardement très violent ». A l’ordre de l’Armée, le 25/10/1916 : « Brancardier aumônier volontaire. Exemple parfait de l’abnégation et du dévouement, toujours prêt pour les missions les plus périlleuses. Tué glorieusement le 17 septembre 1916, en partant à l’assaut avec le deuxième élément ». Médaille militaire. Croix de guerre.

 

Alexandre CONSTANT

  • Né le jour de Noël 1878 à Savenay en Loire-Atlantique. Prêtre jésuite de la Province de Toulouse, il est missionnaire à Maduré (Indes françaises) en 1898, puis professeur au collège d’Hernani en Espagne.
  • Au 5e SIM (Service de Santé), Aumônier militaire volontaire, interprète anglais, brancardier, il est mobilisé le 8 août 1914. Il part en campagne avec le Train sanitaire n°9 et, de ce fait, est déclaré déserteur (par erreur). Il accompagne alors un convoi de blessés anglais, comme interprète, affecté au Royal Génie. Il est cité à l’ordre de l’Armée le 22 décembre 1916 : « S’est fait constamment remarquer par son activité et son courage. Le 24 octobre 1916, s’est porté courageusement en première ligne pour encourager les chasseurs qui partaient à l’assaut, a exercé son ministère auprès des blessés des bataillons de chasseurs et y a été tué. A été cité ». Chevalier de la Légion d’honneur. Croix de guerre.

 

Eugène JACQUART

  • Né le 5 mai 1887 à Ennetières-en-Weppes dans le département du Nord. Jésuite de la Province de Champagne, ancien professeur à l’école Saint-Joseph de Lille, il entre en noviciat le 12 janvier 1912.
  • Il est mobilisé le 1er août 1914 au 29e régiment d’artillerie de Laon avec le grade de maréchal des logis, il est nommé sous-lieutenant au 1er régiment d’artillerie à pied le 23 février 1915. Par la suite, il est rattaché au 15e régiment d’artillerie de campagne. Il est blessé le 6 septembre 1916 à Maurepas dans la Somme. Cité à l’ordre du Corps d’armée le 28 septembre 1918 (n°6) : « Au front depuis le début de la campagne, a toujours fait preuve au feu d’un courage et d’un mépris absolu du danger. Officier d’une haute valeur morale, blessés par de multiples éclats d’obus, le 5 septembre, au cours d’une reconnaissance, a supporté ses souffrances avec un calme héroïque ». Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Médaille militaire. Croix de guerre.

 

René LE TOURNEUX DE LA PERRAUDIERE

  • Né le 3 avril 1892 à Versailles, fils de René Marie et de Pauline Deschassayns de Richemont, frère d’Henri, MPLF le 8 juin 1915 à Souchez (62). Il effectue son noviciat jésuite à Canterbury entre 1912 et 1914, licencié en histoire et en droit, étudiant à la faculté des lettres d’Institut catholique de Paris. Son père est officier d’infanterie de marine.
  • Incorporé en août 1914 au 135e RI à Angers, il est nommé caporal le même mois, puis sergent en janvier 1915. Il passe au 409e RI, en mars 1915, avec lequel il part au front. Blessé, il est évacué en juillet 1915. Il arrive à Verdun en février 1916. Sergent au 409e RI, il est cité à l’ordre de l’Armée : « Blessé une première fois, est revenu au feu, a pris le commandement de sa section avec grand courage. A été blessé une deuxième fois. Est enfin tombé glorieusement à la tête de sa troupe, à laquelle il avait su communiquer son énergie et son abnégation ». Médaille militaire (à titre posthume). Croix de guerre avec étoile de vermeil.

 

Jean POISSON

  • Né le 8 juillet 1895 à Rion-des-Landes (40), ayant trois frères MPLF : Marie-Antoine le 9/05/1915 à Neuville-Saint-Vaast (62) ; Joseph (lui aussi jésuite), le 23/05/1916 à Douaumont ; Jean-Charles le 18/08/1918 en Tunisie. Il étudie au collège jésuite en Belgique avant la guerre.
  • Incorporé le 15 décembre 1914 à la 18e SIC (Section d’Infirmiers Coloniaux), puis il intègre la SIC de la 10e division d’infanterie coloniale. Il est cité à l’ordre de la Division le 31 octobre 1916 : « Brancardier de grand cœur, apportant le dévouement jusqu’aux dernières limites, toujours volontaire pour les missions périlleuses. A été tué à son poste le 23 octobre 1916. A été cité ». Médaille militaire.

 

Marcel THELIER

  • Né le 4 novembre 1878 à Paris, il est jésuite de la Province de Paris, ordonné prêtre en 1912. Professeur de sciences au collège de Jersey, en Angleterre, il obtient une licence-ès-sciences à la faculté des Sciences de l’Institut catholique de Paris en 1905.
  • Sergent-brancardier au 22e régiment d’infanterie territoriale, il rejoint la 22e SIM. Cité à l’ordre du Régiment en octobre 1914 : « Sous-officier d’une rare noblesse de caractère. Au combat de Puisieux, le 29 septembre 1914, sous un grêle d’obus avant que sa section ne fût engagée, a exhorté au courage les hommes de sa demi-section en leur administrant les secours de la religion. A été tué quelques instants après par un obus qui blessait son lieutenant et tuait un de ses soldats ». MM : « Sous-officier d’un dévouement et d’une énergie dignes d’éloges, très estimé de ses chefs et de ses hommes. A en toutes circonstances montré l’exemple du devoir et fait preuve du plus grand mépris du danger. Tombé glorieusement au champ d’honneur le 29 septembre 1914 à Miraumont. A été cité ». Médaille militaire. Croix de guerre.

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Site Memorial GenWeb – www.memorialgenweb.org
  • Site institutionnel www.jesuites.com
  • Présentation de la communauté Pedro Arrupe de Vanves sur le site www.jesuites.com
  • Jésuites morts pour la France, Ed. Alfred Mame et Fils, Tours, 1921.
  • Travaux et relevés de madame Elisabeth de Montmarin.
  • Jean Lacouture, Jésuites, Seuil, 1991.
Portraits photographiques d’Henri Auffroy (en habits de prêtre), de Frederic Bouvier (casqué), d’Alexandre Constant (béret), d’Eugène Jacquart (képi), René Le Tourneux de la Perraudière (en habits de prêtre), de Jean Poisson (casqué), Marcel Thelier (habits de prêtre).
Portraits photographiques d’Henri Auffroy (en habits de prêtre), de Frederic Bouvier (casqué), d’Alexandre Constant (béret), d’Eugène Jacquart (képi), René Le Tourneux de la Perraudière (en habits de prêtre), de Jean Poisson (casqué), Marcel Thelier (habits de prêtre).
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Portraits photographiques d’Henri Auffroy (en habits de prêtre), de Frederic Bouvier (casqué), d’Alexandre Constant (béret), d’Eugène Jacquart (képi), René Le Tourneux de la Perraudière (en habits de prêtre), de Jean Poisson (casqué), Marcel Thelier (habits de prêtre).
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Portraits photographiques d’Henri Auffroy (en habits de prêtre), de Frederic Bouvier (casqué), d’Alexandre Constant (béret), d’Eugène Jacquart (képi), René Le Tourneux de la Perraudière (en habits de prêtre), de Jean Poisson (casqué), Marcel Thelier (habits de prêtre).

Portraits photographiques d’Henri Auffroy (en habits de prêtre), de Frederic Bouvier (casqué), d’Alexandre Constant (béret), d’Eugène Jacquart (képi), René Le Tourneux de la Perraudière (en habits de prêtre), de Jean Poisson (casqué), Marcel Thelier (habits de prêtre).

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Publié le 30 Juillet 2018

Enterrement de soldats français en Roumanie.

Enterrement de soldats français en Roumanie.

La Roumanie pendant la Première Guerre mondiale.

 

Après être restée neutre pendant près de deux ans, la Roumanie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie et à l’Allemagne à la fin de l’été 1916. Mal préparé à un conflit de cette échelle, le pays, dans un premier temps, est forcé de reculer face à la poussée ennemie et d’accepter l’occupation allemande sur une partie de son territoire tandis que le gouvernement, la famille royale et l’état major général se replient à Iaşi dans le Nord-est du pays. La France décide alors d’envoyer, dans la partie restée libre, une mission d’assistance militaire commandée par le général Berthelot, qui a pour mission d’aider à la réorganisation et à la formation de l’armée roumaine. Cette assistance s’accompagne de livraisons d’armes et de munitions de nature à donner à cette armée rénovée les moyens d’affronter ses adversaires.

 

Les victoires roumaines survenues au cours de l’été 1917, lors des batailles héroïques sur la ligne du Siret (dont celles de Mărăşti et Mărăşeşti) vont durablement marquer la conscience nationale. Toutefois, le gouvernement roumain doit signer l’Armistice de Focşani (9 décembre 1917) car la chute du régime tsariste intervenue à l’automne a entrainé un isolement territorial de la Roumanie vis-à-vis de ses alliés, coupant les lignes logistiques indispensables à sa survie. Le général Berthelot et sa mission sont contraints de quitter le territoire roumain quelques mois plus tard.

 

Toutefois à la suite de l’effondrement du front bulgare, qui conduit à la capitulation de la Bulgarie, Berthelot est rappelé sur ce qu’on appelait alors le « front d’Orient », pour prendre la tête de l’armée du Danube qui doit libérer la Roumanie en passant par le sud. Dans le même temps une seconde mobilisation est déclenchée par les autorités roumaines peu avant l’armistice de Rethondes qui met fin à la Première Guerre mondiale. Cet armistice ne signifie pas pour autant le retour immédiat des troupes françaises en métropole. Les militaires français vont rester sur le territoire roumain et ses marges jusqu’à la signature des traités de paix et la consécration de la Grande Roumanie, en 1919.

Vue aérienne du cimetière de Bellu.

Vue aérienne du cimetière de Bellu.

Le carré militaire du Cimetière Bellu de Bucarest.

 

Ce cimetière, qui se trouve au sud de la ville, a été créé en 1858. Il fait partie des plus importants ensembles funéraires de Bucarest et il est souvent comparé au cimetière du Père Lachaise car de nombreux personnages célèbres y sont enterrés et l’agencement comme la décoration des tombes donnent au lieu un caractère pittoresque et romantique.

 

Le carré militaire français a été installé à cet endroit dans l’entre-deux guerres dans une parcelle d’honneur située dans une partie du cimetière réservée aux militaires. On accède d’ailleurs au carré militaire français par une allée qui traverse, sur une vingtaine de mètres, des caveaux familiaux où sont inhumés des militaires roumains connus ou moins connus. On trouve, dans le carré français, 136 tombes individuelles de soldats tués au cours de la Première Guerre mondiale. Le carré en lui-même se divise en trois parties, deux carrés de croix latines et un carré musulman. Les tombes musulmanes sont reconnaissables à leur stèle spécifique orientée en direction de la Mecque et portant une inscription du Coran ainsi que le croissant et l’étoile. Les tombes des soldats chrétiens sont surmontées de croix métalliques dites du « souvenir français » dont le modèle fut créé au cours des années 1920. Fabriquées en fonte, elles sont en forme d’épée plantée dans le sol. Elles sont ornées d’une palme qui fait référence au sacrifice des militaires enterrés et d’une réplique de la croix de guerre qui fut une médaille décernée au cours de la Grande Guerre aux soldats dont le comportement avait été exceptionnel ou héroïque au combat.

 

L’ensemble est complété par un monument de pierre, haut de 4,5 m, au sommet duquel est installé un coq de bronze. Sur sa face avant le monument comporte une décoration en bronze qui rappelle un trophée à l’antique sur lequel on peut voir un casque Adrian de l’armée française et une branche de laurier. Chaque année, à l’occasion du 11 novembre, l’Ambassade de France organise dans le carré français de Bellu une cérémonie d’hommage aux morts pour la France de toutes les guerres. La communauté française et les autorités roumaines y participent en grand nombre. Il est touchant de constater que les tombes des soldats français font aussi l’objet d’un hommage régulier de la part d’anonymes. Il n’est pas rare en effet de voir tout au long de l’année des fleurs ou des bougies déposées sur les tombes.

 

Le carré militaire du cimetière "Eternitatea" d’Alexandria.

 

Le carré militaire français est situé dans le cimetière "Eternitatea », lui-même situé à l’entrée nord-est de la ville d’Alexandria, au bord de la route qui relie la ville à Bucarest. Les tombes de soldats français sont regroupées dans une parcelle où sont aussi inhumés des soldats allemands, bulgares, roumains et turcs. Il y a aussi la tombe d’un soldat américain. Les travaux de fondation du cimetière militaire ont débuté en 1921. Le cimetière à trouvé sa forme actuelle huit ans plus tard, en 1929, à la suite de travaux de restructuration.

 

On trouve, dans le cimetière d’Alexandria, les corps de soldats des 4e et 8e régiment d’infanterie coloniale qui ont fait partie de l’armée du Danube. Les soldats de ces régiments ont trouvé la mort au cours du mois de décembre 1918 très certainement des suites de maladies ou de blessures infligées lors des affrontements. En effet, après l’effondrement du front bulgare au cours du mois de septembre 1918 et l’armistice signé par la Bulgarie le 30 septembre, les effectifs de l’Armée d’Orient et de l’Armée du Danube (créée le 28 octobre), ont franchi le Danube le 10 novembre sans que de grandes résistances soient rencontrées, avec pour objectif de libérer Bucarest.

 

Cependant, on trouve également dans ce cimetière de nombreux soldats morts au printemps et à l’été 1918. C’est-à-dire avant l’offensive de novembre. Leur présence est certainement liée à l’existence d’un camp allemand de prisonniers dans la région d’Alexandria dès 1917. C’est par exemple le cas des soldats du 41e régiment d’infanterie coloniale et du 4e régiment de zouaves dont les tombes indiquent qu’ils sont morts au printemps et à l’été 1918. Leurs régiments se battaient en décembre 1918 sur le front de l’Ouest.

 

Le carré français de la parcelle militaire de Timisoara.

Les tombes des soldats français et roumains morts pendant de la Grande Guerre dans la région du Banat sont regroupées dans une partie du cimetière civil de Timişoara. Inaugurés au cours de l’année 1934 à la suite du regroupement des tombes situées dans plusieurs communes de la région, les carrés français et roumains présentent une certaine symétrie de forme. La parcelle militaire est composée de deux rangées de tombes (24 au total).

 

Ces soldats français sont morts dans la région du Banat (dont Timişoara est la principale ville) dans le cadre d’une mission d’interposition confiée à l’armée du Danube entre novembre 1918 et août 1919, avant que le sort du Banat ne soit définitivement réglé par les traités de paix. La plupart des hommes enterrés à Timişoara sont morts de maladie. Cependant un des officiers inhumés dans ce carré (Tupin, Gabriel, Ferdinand, René) est mort des suites de ses blessures de guerre. Le 24 mars 1919, il a été blessé durant des heurts entre les troupes françaises et un contingent hongrois de Bolchéviques qui traversait en train le Banat en direction de Budapest. Deux jours plus tard, cet officier a été inhumé avec un de ses hommes tombé à ses cotés, avec les honneurs militaires et en présence de la population locale.

 

Carré militaire français de Slobozia.

 

Le carré militaire français de Slobozia se trouve dans le cimetière militaire international situé au centre-ville. Bien qu’il ait été inauguré en 1922, les aménagements du cimetière se sont poursuivis jusqu’en 1932. Il figure aujourd’hui, comme les autres cimetières militaires, sur la liste des monuments historiques de Roumanie. Ce cimetière regroupe les corps de soldats tombés pendant la Première Guerre mondiale dans cette région : 215 Français (dont 214 musulmans), 18 Allemands, 142 Indiens, 1493 Turcs, 10 Britanniques et 77 Roumains.

 

La présence de soldats français est essentiellement due à l’existence d’un camp allemand de prisonniers dans cette région au cours des années 1917 et 1918. Les soldats qui y étaient internés étaient majoritairement employés dans les travaux pour lesquels les Roumains mobilisés manquaient. Souvent mal nourris et vivant dans des conditions d’hygiène déplorables, dans une région où les hivers sont rudes alors qu’ils venaient du nord de l’Afrique, ces soldats sont dans leur majorité, morts de maladie.

 

Le soldat Mohammed Gheraïnia dispose d’un monument particulier au cœur du carré français. Originaire d’une famille de notables algériens, il a apporté une assistance médicale à de très nombreuses personnes, prisonnières ou non. Il jouissait par conséquent d’un très grand prestige auprès de ces compagnons de captivité et vraisemblablement aussi auprès de la population locale. Lors d’une sortie du camp, dans des conditions qui restent encore peu claires (soit pour fuir, soit pour apporter des soins à un habitant), il a été considéré comme évadé et il a été fusillé ou abattu en tentant de fuir. Un second monument rappelant sa mort est situé, en ville, à l’endroit même où il est tombé.

 

 

Le caveau militaire français de Iași.

 

Le caveau militaire français de Iaşi se trouve dans le cimetière civil « Eternitatea » de la ville, lui-même situé dans la rue Eternitate. Créé au cours de l’année 1920, le caveau est partagé en deux par un couloir. De part et d’autre de ce dernier se trouvent 48 niches maçonnées, sur l’intégralité desquelles il n’existe que 10 plaques nominatives. Au dessus du caveau se dresse un monument en forme d’obélisque réalisé par Salvador Scutari et orné d’une plaque de marbre portant l’épitaphe suivante : « Aux Français morts en Roumanie en 1916-1918 ».

 

 

 

Le carré militaire français de Contanța.

 

Constanța est la plus grande ville portuaire de la côte roumaine sur la mer Noire. Elle héberge dans le cimetière central de la ville, une parcelle militaire roumano-française. Cette parcelle regroupe en réalité des soldats roumains, français, allemands et turcs tombés pendant la guerre de Crimée (1854-1856) et la Première Guerre mondiale. Le carré militaire français se trouve dans la partie occidentale de cette parcelle. Il est organisé en deux carrés de 19 tombes chacun, qui accueillent les corps de soldats tombés pendant la Première Guerre mondiale (28 croix latines, 9 stèles musulmanes et une stèle asiatique). L’allée centrale conduit à trois monuments : un monument roumain qui rappelle un naufrage intervenu en 1906, un monument du Souvenir Français en mémoire des soldats français initialement enterrés à Constanţa mais dont les corps ont été ensuite rapatriés en France et un monument central qui rend hommage aux soldats morts pendant la Guerre de Crimée et dont les ossements se trouvent dans une crypte située au milieu du cimetière.

 

Carré militaire français de Galați.

 

Le carré militaire français de Galaţi est situé dans le cimetière "Eternitatea", lui-même situé sur le boulevard George Cosbuc. Ce dernier regroupe aussi des tombes et des ossuaires où sont enterrés des soldats roumains, allemands et soviétiques morts au cours des deux guerres mondiales.

 

Le carré français qui est, lui, uniquement consacré à la Première Guerre mondiale, a été aménagé au cours des années 1920. Les premiers travaux de mise en forme des tertres et d’installation des croix du type « Souvenir Français » ont débuté au cours de l’année 1921. On y trouve 51 tombes individuelles de soldat français alignées sur trois rangées. Le tout forme un carré de tombe entouré par une clôture faite de piliers et de chaînes. L’ensemble est complété par un monument rendant hommage aux soldats français inhumés dans ce même carré.

 

Au cours de la Grande Guerre et dès le mois de décembre 1916, une mission médicale française s’est installée dans la ville de Galaţi. Cette mission a accueilli jusqu’à 50.000 blessés à la suite de l’évacuation de Bucarest. Un des membres de cette mission médicale, le médecin-major Germain, a très vite succombé au paludisme (sa tombe se trouve encore dans le carré militaire français). Mais la très grande majorité des soldats français inhumés dans ce carré sont morts après l’Armistice de 1918. Ces soldats français ont trouvé la mort au cours des années 1919 et 1920 le plus souvent à la suite d’accidents ou de maladie. Les troupes françaises on en effet eu l’ordre d’occuper la Bessarabie afin d’empêcher la Russie de s’attribuer ce territoire avant la fin des négociations des traités de Paix.

 

Aujourd’hui, le carré militaire français est entretenu par la fondation IKON qui joue également un rôle très important dans l’organisation des cérémonies du 11 novembre. Ces cérémonies permettent de transmettre aux jeunes générations le souvenir de ce conflit et de conserver la mémoire de l’implication française en Roumanie. L’engagement de la fondation IKON a également permis de préserver les croix du type « Souvenir Français » qui portent toujours aujourd’hui la couleur « bleu horizon » qui recouvrait ces croix au moment de leur installation.

 

 

 

Sources :

 

  • Site Internet : www.cheminsdememoire.gouv.fr dépendant du Ministère de la Défense.
  • Ambassade de France en Roumanie - 13-15 rue Biserica Amzei, 010392 Bucarest - Secteur 1
  • Site internet de l’ambassade de France en Roumanie : https://ro.ambafrance.org/
  • Photographies : Ministère des Affaires étrangères.
  • Délégué général du Souvenir Français en Roumanie : Serge Sorinel RAMEAU - 9, rue Giuseppe Verdi - BUCAREST Secteur 2 20257 - Mail : serge.rameau@gmail.com

 

Vue du carré militaire français de Galați après les cérémonies de 2011. A gauche du monument on peut voir deux stèles musulmanes et au premier plan la célèbre croix du souvenir français

Vue du carré militaire français de Galați après les cérémonies de 2011. A gauche du monument on peut voir deux stèles musulmanes et au premier plan la célèbre croix du souvenir français

Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.
Les cimetières militaires français en Roumanie.

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Publié le 25 Juillet 2018

"C'est nous les Africains, qui revenons de loin...".

Lieutenant Yezid.

 

Mohamed Ben Ali Yezid nait à Maatka en Algérie, vers 1878. Engagé volontaire pour quatre ans à Tizi-Ouzou le 12 novembre 1901, il est d’abord soldat puis caporal dix ans plus tard et enfin sergent en 1913. S’ensuivront les grades de sergent-chef puis d’adjudant. Il est affecté au 1er régiment de tirailleurs algériens (RTA) d’Alger.

 

Les indigènes de l’Algérie – ainsi appelés à l’époque – sont admis à contracter des engagements de quatre ans. Les spahis doivent justifier de la possession d’un cheval. Avant la signature de l’acte, l’engagé volontaire doit prêter serment sur le Coran et promettre de servir avec fidélité la France.

 

De 1907 à 1908, le soldat Yezid participe aux opérations militaires dans la région de Casablanca au Maroc. Il est blessé par balle à la jambe lors du combat de l’oued Dalia le 16 mai 1908. Puis, jusqu’en 1911, il séjourne dans les régions sahariennes avant de rejoindre de nouveau le Maroc occidental en guerre. Le 15 août 1914, il passe au 5e régiment de tirailleurs algériens, un régiment de marche créé avec les bataillons de tirailleurs algériens déployés au Maroc. Le 13 novembre 1914, il est blessé pour la deuxième fois au combat d’El Harri au Maroc.

 

Fin 1915, il rejoint le front de France, au sein de la 48e division. Celle-ci étant composée à l’époque des unités suivantes : 170e et 174e régiments d’infanterie; 78e régiment d’infanterie territoriale ; le régiment de marche de tirailleurs marocains ; le 2e régiment mixte de zouaves et tirailleurs ; deux groupes de 75 du 5e régiment d’artillerie de campagne ; le 8e groupe de 155c du 118e régiment d’artillerie lourde. Engagé dans la Somme puis dans le secteur de Verdun, il est blessé au visage par un éclat d’obus devant Douaumont le 4 mai 1916. Le 21 juin de la même année, il est cité à l’ordre de la division : « Officier indigène admirable et d’un dévouement touchant. Déjà blessé deux fois au Maroc. Blessé au visage au cours de travaux particulièrement périlleux effectués par sa section en pleine bataille lors des offensives heureuses de mai sous Verdun ».

 

Rentré en Algérie au dépôt du 5e RTA, il est chargé de l’instruction des recrues. Puis, en mars 1918, il embarque à destination du front d’Orient où il demeure jusqu’en septembre 1920. Il est vrai qu’à l’époque la Russie est déchirée entre « Russes blancs » (favorables au tsar) et « Russes rouges » (bolchéviques) et que Clemenceau a un temps pensé pouvoir maintenir des troupes sur place en attendant le moment favorable d’une expédition dans le sud de la Russie contre ces mêmes bolchéviques. Cela ne se fera pas.

 

Comme un certain nombre de tirailleurs algériens, Mohamed Yezid est affecté ensuite au Levant, où le Liban est devenu protectorat français. Pendant cette campagne, il est promu lieutenant et cité à deux reprises : d’abord à l’ordre du corps d’armée le 23 mars 1921 : « Yezid Mohamed, sous-lieutenant, chef de section, plein de sang-froid. Exemple de courage, s’est brillamment porté à l’attaque de la cote 1043 à la tête de sa section » ; puis à l’ordre de la division le 12 avril 1921 : « Quoique déjà âgé, fait preuve pendant quatre mois de colonne, d’un entrain, d’une endurance extraordinaire, donnant à tous les hommes en maintes occasions, l’exemple du courage et du sang-froid… ».

 

Rentré en Algérie en novembre 1921, il est affecté sur sa demande aux troupes du Maroc en 1927 et sert au 13e puis au 5e régiment de tirailleurs algériens. Il s’illustre au combat, malgré son âge (49 ans). En 1930, il quitte le Maroc pour instruire de jeunes engagés et des insoumis en Algérie. Atteint par la limite d’âge de son grade le 31 décembre 1935, il se retire à Blida et est rayé des cadres en octobre 1940.

 

Le lieutenant Yezid est promu officier de la Légion d’honneur en 1935. Il était déjà titulaire des décorations suivantes : médaille militaire, médaille du Maroc, médaille coloniale (Maroc), croix de guerre 14-18, croix de guerre TOE. Il a alors trente-trois ans de services dont seize passés à faire la guerre. Il décède à Blida en Algérie en 1951.

 

L’Armée d’Afrique en 14-18.

 

En 1914, environ 30.000 Algériens, Marocains et Tunisiens servent dans l’armée française. Leur recrutement s’effectue grâce au volontariat et dans une moindre mesure par la conscription. Elle s’accompagne, progressivement, de l’octroi d’avantages offerts aux soldats et à leur famille (primes d’engagement, soldes identiques, pensions et indemnités). Au total, environ 173.000 Algériens musulmans sont incorporés dans l’armée française pendant la guerre et près de 125.000 d’entre eux servent en France. Ces hommes sont en majorité incorporés dans les unités du 19e corps d’armée (Alger et Tunis) qui forment, avec les troupes du corps expéditionnaire stationnées au Maroc la fameuse « Armée d’Afrique ». La dénomination, qui n’est plus officielle depuis 1870, a été conservée par tradition. Les soldats européens servent dans les régiments de zouaves (infanterie) et de chasseurs d’Afrique (cavalerie).

 

Le Chant de Africains.

 

Le Chant des Africains est un chant militaire composé dès 1941 par le capitaine de l'armée française Félix Boyer (1887-1980), à partir des paroles d'une marche de 1915 de la Division marocaine chantée sur l'air de l'hymne de l’Infanterie de marine et écrit, suivant les sources, par le commandant Reyjade, pseudonyme de Jeanne Decruck, ou par le sergent Bendifallah et le tirailleur Marizot. Il lui donne son titre, Chant de guerre des Africains, en changeant le C'est nous les Marocains… du texte original par le célèbre C'est nous les Africains du texte actuel.

 

Voici ci-dessous le texte de 1915.

 

« Nous étions au fond de l'Afrique

Embellissant nos trois couleurs,

Et sous un soleil magnifique,

Retentissait ce chant vainqueur :

En avant ! En avant ! En avant !

 

Refrain

 

C'est nous les Marocains,

Qui venons de bien loin.

Nous v'nons d'la colonie,

Pour défen'le pays.

Nous avons abandonné

Nos parents nos aimées,

Et nous avons au cœur,

Une invincible ardeur,

Car nous voulons porter haut et fier

Ce beau drapeau de notre France entière :

Et si quelqu'un venait à y toucher,

Nous serions là pour mourir à ses pieds.

Roulez tambour, à nos amours,

Pour la Patrie, pour la Patrie

Mourir bien loin, c'est nous les Marocains ! »

 

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Larousse en ligne : www.larousse.fr
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Benjamin Stora, Histoire de la guerre d’Algérie (1954-1962), La Découverte & Syros, 2004.
  • Pierre Montagnon, Histoire de l’Algérie : des origines à nos jours, Pygmalion, 1998.
  • Georges Fleury, Comment l’Algérie devint française, Perrin, 2004.
  • Georges Bensadou, Sidi-bel-Abbès naissance d’une ville, L’Algérianiste, septembre 1996.
  • Service d’Information et de Relations Publique de l’Armée de terre (SIRPA Terre).
  • Division communication et information de la Légion étrangère.
  • Capitaine Léon Lehuraux, Chants & Chansons de l’armée d’Afrique, Soubiron, 1933.
  • Site internet : www.piedsnoirs-aujourdhui.com
  • Terre Info Magazine (TIM) n°272 – Mars 2016 – Texte du commandant Michaël Bourlet.
"C'est nous les Africains, qui revenons de loin...".

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #La Coloniale