« La République avait dit son refus au nazisme », par Fabien Lavaud.
Publié le 15 Juin 2019
« Comme chaque année, nous voici réunis pour la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
8 mai 1945 : ce jour-là prenait fin en Europe la guerre la plus meurtrière de l’histoire de l’Humanité. Plus de cinquante millions de femmes et d’hommes, dont la moitié était des civils, avaient péri au cours de ce conflit mondial.
8 mai 1945 : le général de Lattre de Tassigny signait, au nom de la France, la capitulation de l’Allemagne nazie. La France était ainsi à Berlin, effaçant la défaite de 1940 et l’esprit collaborationniste. Dès le 18 juin 1940, la République avait dit son refus et sa volonté d’agir pour permettre à la France de retrouver sa place au sein des grandes nations, afin d’apporter son message universel et humaniste de liberté, d’égalité et de fraternité.
8 mai 1945 : ce jour-là rayonnait donc la victoire des valeurs humanistes et démocratiques sur une idéologie raciste et criminelle, grâce à ces femmes et ces hommes qui avaient accepté l’effacement de leur destin individuel devant celui collectif de la France.
Rappelons-nous à ce titre ces mots gravés dans la pierre, au Mémorial de Caen : « La douleur m’a brisé, la fraternité m’a relevé, de ma blessure a jailli un fleuve de liberté ». Ou bien celui de Colombey-les-Deux-Eglises : « Il existe un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde ». Rappelons-nous également ces paroles du général de Lattre de Tassigny dans son Ordre du Jour n°9 : « Vous avez, par vos efforts, votre ferveur, votre héroïsme, rendu à la Patrie son rang et sa grandeur ».
8 mai 2019, 74 ans plus tard. Cette journée nous permet d’honorer tous ces héros tombés au Champ d’Honneur. Les soldats, les résistants, les déportés, les Justes mais aussi tous celles et ceux qui sont venus d’autres continents pour libérer la France de l’occupation nazie.
Que faut-il retenir, sinon que la Résistance se conjugue au pluriel, là où le résistant est au singulier ? Son acte traduit un attachement fort à des valeurs dont la perte conduit à une révolte compulsive. En l’occurrence, la poignée de Montoire, qui avait laissé la France hébétée. N’oublions jamais les exécutions du Mont Valérien, celles du Stand de Tir, à deux pas d’ici, la rafle du Vel d’Hiv’, la déportation, les enfants d’Izieu, les massacres des populations, les camps de la mort. Alors le résistant hisse le drapeau de la colère et jette à la face de l’oppresseur son mépris de l’intolérance, de la haine et de la barbarie. Il hurle, tandis que les autres se cloîtrent dans le silence obscur. Il agit car au fond, c’est sa survie qui en dépend.
Des actes solitaires, est né l’esprit de résistance.
Résister, devenir un résistant, relève de l’indicible, de ce qui fonde en nous le meilleur ou le pire et c’est seulement en passant, ou pas, à l’acte que se révèle notre nature. Et nous : qu’aurions-nous été ? Il est plus facile d’écrire l’Histoire que de la faire et de se poser la question aujourd’hui de ce que nous aurions été.
C’est pourquoi devant ce monument érigé pour la mémoire, il nous faut honorer ces femmes et ces hommes qui sont entrés en résistance et même si nous ne acquittons jamais tout à fait de notre dette à leur égard, faisons tout pour que leur sacrifice ne soit pas vain.
Permettez-moi de rendre hommage en ce jour au résistant M. Jean-Baptiste Boyer, décédé le 22 janvier dernier à l’âge de 95 ans. Il fut maquisard en Slovaquie contre les troupes nazies. Prisonnier, évadé, il est cité à l’Ordre de l’Armée par le général de Gaulle, le 9 décembre 1944. Après la guerre, il fit carrière à La Poste, où il termina inspecteur général. A Issy-les-Moulineaux, il présidait l’Amicale des Anciens combattants et partisans de Slovaquie. Pensées également à nos militaires en opérations extérieures, qui eux-aussi font face à la barbarie. Souvenons-nous du médecin-capitaine Marc Laycuras, tombé pour la France au Mali lors de l’opération Barkhane le 2 avril dernier. N’oublions pas la résistance de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris qui pendant plusieurs heures luttèrent le 15 avril contre l’incendie de Notre Dame de Paris. Ils ont sauvé « La Paroisse de la France », ce joyau gothique du 13e siècle.
Soyons vigilants. L’Histoire nous rappelle que les événements peuvent basculer très vite et que nul ne sait comment les choses peuvent finir, d’autant que les armes sont si nombreuses et si monstrueuses par l’ampleur des dégâts qu’elles peuvent occasionner.
N’oublions jamais : les idées qui sèment la discorde et l’horreur seront toujours présentes dans le monde et dans nos sociétés.
Au nom du souvenir, guettons-les, traquons-les, dénonçons-les avant qu’elles ne grandissent trop et ne nous ramènent dans les ténèbres. Soyons les résistants de la paix au sein de l’Europe. Voilà notre combat du souvenir, du Devoir de Mémoire.
Vive la Paix, vive la République, vive la France. »
Fabien Lavaud,
Président départemental de l’Association des Combattants Volontaires
Membre du bureau du Souvenir Français d’Issy-Vanves.