Mourir à Faya-Largeau.

Publié le 14 Juillet 2019

Mourir à Faya-Largeau.

Faya-Largeau est une oasis en plein cœur du désert du Djourab, au pied des monts du massif du Tibesti, au Tchad. Originellement appelée Faya, la ville fut renommée Largeau lors de la colonisation française, d’après le nom du colonel Etienne Largeau, officier français qui joua un grand rôle dans la conquête du pays en s’emparant de la ville en 1913. Quand le Tchad recouvra l’indépendance, la ville prit le nom de Faya-Largeau.

Cette même année, Jean Vuillaume naît à Nomeny dans le département de la Meurthe-et-Moselle. Quelques années plus tard, il quitte sa Lorraine et s’installe sur la commune de Vanves. Il s’est engagé. Officier d’active, il fait l’école de Saint-Maixent et intègre le Promotion de l’Education Nationale (1930-1933). Il est titulaire du brevet d’observateur en avion. Au moment de l’armistice de 1940, alors lieutenant de gendarmerie, il rejoint Londres. De là, il est envoyé en Afrique Equatoriale Française et intègre le Régiment de Tirailleurs Sénégalais du Tchad (RTST).

Cette unité a été créée au Tchad en 1910. Après la défaite de 1940, le régiment se rallie majoritairement aux Français Libres du général de Gaulle. Plusieurs compagnies font partie de l’expédition contre l’oasis de Koufra en Lybie, qui est la première victoire des Forces Françaises Libres. Plus tard, les cadres européens du RTST vont bâtir le RMT : Régiment de Marche du Tchad, unité glorieuse de l’épopée du général Leclerc en Afrique puis en Europe.

 

De Koufra au Fezzan.

Le 2 décembre 1940, le général Leclerc, promu commandant militaire du Tchad, est chargé de préparer l'opération contre le Fezzan et, pour commencer, contre l'oasis fortifiée de Koufra (Sud-Est de la Libye, près de la frontière égyptienne). À Fort-Lamy, capitale du Tchad, il retrouve ses compagnons du Cameroun : Jean Colonna d’Ornano, Jacques Massu, Jacques de Guillebon et prend également le commandement du fameux RTST. Il va y ajouter d’autres unités venant principalement du Congo et du Gabon. En tout 6.000 hommes dont 500 européens. En quelques jours, il réunit les moyens de transport (une centaine de camionnettes, équipées de mitrailleuses et de mortiers de 81 mm) et les effectifs (350 hommes) nécessaires au raid sur Koufra. Comme Fort-Lamy est à 1.200 km de la frontière italienne (et à plus de 1.500 km de Koufra), il s'installe à Faya-Largeau, au nord du Tchad. Après trois mois de préparatifs et de reconnaissances terrestres et aériennes, la colonne Leclerc s'empare de Koufra le 1er mars 1941.

Revenu à Fort-Lamy, Leclerc se consacre, dans les mois qui suivent, à sa prochaine mission : le Fezzan. À partir du 15 février 1942, quatre patrouilles de dix voitures, appuyées par onze avions du groupe "Bretagne", vont porter à un ennemi distant de plus 600 km des coups sévères et inattendus. Le général Vézinet, qui y participa, racontera : "Des petites colonnes motorisées partaient du Tchad en se camouflant, arrivaient par surprise au pied d'un poste italien, s'en emparaient et brûlaient le poste, libéraient les combattants indigènes et faisaient prisonniers les Italiens" Les Français s'emparent ainsi de plusieurs postes importants.

C’est au cours de ces escarmouches que Jean Vuillaume trouve la mort. Exactement le 2 mars 1942, dans une attaque contre le poste italien de Zuila en Lybie. Chevalier de la Légion d’Honneur et Croix de Guerre 1939-1945 avec palme, il est en outre cité : "Officier fanatique qui pousse à l'extrême la bravoure et le goût du combat. Parvenu audacieusement à proximité d'un poste fortifié, a ouvert le feu à bout portant sur l'ennemi, lui causant des pertes. Ayant réussi à décrocher sa patrouille, a été grièvement blessé en allant chercher le corps d'un de ses indigènes. Est mort des suites de ses blessures ».

 

Jean Vuillaume laisse une épouse, jeune institutrice, installée à Châtelaillon dans le département des Charentes Maritimes, ainsi qu’une fille, âgée de 15 ans. L’officier est déclaré Mort pour la France. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la ville de Nomeny en Lorraine, à Montigny-lès-Metz et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Rémy de Vanves.

 

Quant à la guerre en Afrique du Nord, on connait la suite : la conquête du Fezzan, la libération de la Tunisie, l’alliance avec les Anglais de Montgomery, puis la chevauchée héroïque en France depuis la Normandie avec les Américains.

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Larousse.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Memorial GenWeb.
  • Site Overblog avec l’article sur la conquête du Fezzan par les troupes du général Leclerc.
  • Général Vézinet, Le général Leclerc, Editions France-Empire (1997).

Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Seconde Guerre mondiale

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