Hommage aux Harkis, par André Santini.
Publié le 29 Septembre 2010
Voici le discours prononcé le 25 septembre 2010, à la mairie d'Issy-les-Moulineaux, par André Santini, à l'occasion de la journée d'hommage aux harkis et aux membres des autres formations supplétives de l'Armée française pendant la guerre d'Algérie.
« La Ville d’Issy-les-Moulineaux, attache depuis toujours, une particulière importance au devoir de mémoire.
Victimes du génocide arménien, déportés, résistants et anciens combattants de la seconde Guerre Mondiale, soldats français d’Indochine… je ne les citerai pas tous, mais, nous tenons à rendre hommage, chaque fois que nous le pouvons, à ces héros anonymes ou célèbres.
C’est pourquoi il était naturel qu’Issy-les-Moulineaux s’associe à nouveau à la Journée nationale d'hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives pour que les générations futures mesurent l’importance de leur sacrifice et n’oublient rien du tribut tragique qu’ils ont payé alors.
En effet, comment oublier les harkis, à la fois héros et martyrs de la France ?
Souvenons-nous que, supplétifs, militaires d’active, agents de l’Etat ou anciens combattants, ce sont près de 280 000 musulmans restés fidèles à la France pendant la guerre d’Algérie qui ont été directement menacés de mort par le FLN à la fin de la guerre, soit plus d'un million de personnes si l'on y ajoute leurs familles.
Du fait du refus du gouvernement français de prendre les mesures nécessaires pour les protéger, 150 000 d'entre elles seront assassinées dans des conditions abominables, après le 19 mars 1962, date officielle du cessez-le-feu.
Après cette date, 25 000 Pieds-noirs ont également été massacrés ou enlevés, sans avoir davantage été ni secourus ni recherchés.
Ces chiffres terribles, c’est moi-même qui les ai communiqués, alors que j’étais secrétaire d'Etat aux Rapatriés de 1986 à 1988.
Ce devoir de mémoire, qui nous rassemble aujourd’hui, ne doit donc pas occulter notre devoir de réparation.
J’ai apporté une première pierre lors de mes fonctions ministérielles, la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés en a ajouté une seconde.
Le lundi 20 septembre dernier, Hubert Falco, Secrétaire d’état aux Anciens combattants, à poursuivi cet œuvre en annonçant la création de la Fondation pour la mémoire de la Guerre d’Algérie, des combats du Maroc et de la Tunisie, prévue par la loi du 23 février 2005.
Elle sera installée aux Invalides le mardi 19 octobre.
Mais nous devons aller encore plus loin dans l’édifice qui abritera ces fils et filles de la France, ainsi que leurs familles.
C’est justement pour que les harkis ne soient pas ces oubliés de l’Histoire, c’est pour que le souvenir de leur sacrifice demeure vivant dans nos cœurs que nous leur rendons hommage aujourd'hui. »
André SANTINI
Ancien Ministre
Député - Maire d’Issy-les-Moulineaux