La Libération de Paris, par André Santini.
Publié le 30 Août 2013
Issy-les-Moulineaux libérée par les siens.
A Issy-les-Moulineaux, la commémoration célébrant le 69ème anniversaire de la Libération de Paris s’est déroulée le dimanche 25 août 2013. Voici un extrait du discours de Monsieur André Santini, ancien ministre, député-maire de la ville. Retrouvez par ailleurs, dans l’album intitulé « 2013-08-25, Libération de Paris – Commémoration » des photographies de cet événement historique, et des portraits de celles et ceux qui ont été acteurs de ces événements, qu’ils aient été des libérateurs, des ennemis ou des collaborateurs.
« Au lendemain de la libération de Paris, le cortège des libérateurs mené par le Général de Gaulle défile le 26 août 1944 à travers la ville, des Champs-Élysées jusqu’à Notre-Dame. Les femmes pleurent de joie et saluent les soldats, les pères prennent leurs enfants sur les épaules, et tous regardent défiler les visages fiers et souriants des héros de la France libre.
Mais, tout au long de cette parade surgissent parfois des cris et des affolements : des tireurs embusqués visent encore la foule. Arrivés sur le parvis de la cathédrale et même dans Notre-Dame, les tirs résonnent et perturbent le Te Deum. Paris est libéré mais la guerre n’est pas encore finie… Reclus sur les toits et dans les immeubles, il reste des soldats Allemands, des miliciens, des collaborateurs, prêts à tout car n’ayant plus rien à perdre. Le régime abject qu’ils servaient est en train de s’écrouler, ils sont aux abois.
A cette heure, l’Histoire bascule de nouveau en faveur de la liberté des peuples et de la démocratie, cinq années après que le voile noir du nazisme a recouvert l’Europe. Cinq années durant lesquelles Paris et sa banlieue – conquises sans peine par l’envahisseur – ont survécu au gré des privations, des rafles, des couvre-feux, des exécutions et des sommations. Au gré aussi de la peur lancinante qui hante le quotidien de la population et qui glace le sang à chaque hurlement, chaque alarme, chaque détonation.
Soumise à l’occupation, la Patrie est avilie, mais l’honneur de la France subsiste tout de même en dehors du territoire national, de l’autre côté de la Manche grâce au Général de Gaulle, ou dans nos colonies avec le Gouverneur Félix Eboué. Et puis, en France, le nazisme n’a pas réussi à conquérir tous les esprits. Alors que l’État pétainiste collabore, d’autres citoyens entrent dans la Résistance. Durant cinq années, chaque train dynamité, chaque officier SS abattu, chaque information transmise aux Alliés, sont autant de coups portés au renoncement et à la fatalité. Pendant ces longs mois d’occupation, les actions courageuses menées par les forces de l’ombre, par tous les hommes et les femmes de la Résistance, ont permis de déstabiliser l’ennemi, de maintenir la flamme de l’espoir.
En ce jour de commémoration, ayons une pensée pour tous ces héros qui ont agis avec courage et dignité. Je pense en particulier aux membres du « groupe Manouchian» ou aux résistants d’Issy-les-Moulineaux. Dans notre ville, deux groupes se sont organisés à partir de 1942 : le Mouvement de Libération Nationale, dont le quartier général clandestin se trouvait au cœur même de la Mairie ; et le groupe Francs-Tireurs et Partisans Boisredon, qui siégeait à l’Hôpital Corentin-Celton. Ces résistants, comme tous les autres, ont risqué leur vie au nom d’un idéal de justice et de liberté, au nom de la République, au nom de l’humanité. Leurs cinq longues années d’actions, de sabotages, de harcèlement, d’espionnage contre la soldatesque du Reich et de l’État vichyste, ont préparé la libération de la France.
Cette libération a débuté, rappelons-le, en septembre-octobre 1943 lorsque la Corse a été reprise par les forces Alliées. Ce fut le premier territoire métropolitain libéré et nous en commémorons cette année le 70ème anniversaire. Il a fallut reprendre la France, notre France, ville par ville, quartier par quartier, parfois même maison par maison, mais la ténacité de nos soldats était la plus forte et leur cause était juste.
En août 1944, à Paris, on murmure que la déroute de l’Allemagne nazie est proche, que l’avancée des Alliées est inexorable ! Un fol espoir saisit la population, la fin du cauchemar serait proche. Alors Paris renaît, Paris retrouve sa fièvre révolutionnaire, hisse ses barricades. Gendarmes, fonctionnaires, ouvriers s’insurgent, la grève générale est déclarée le 18 août ! Dans toute la région, les Forces Françaises de l’Intérieur s’activent pour faciliter l’avancée du Général Leclerc et de ses chars.
A Issy-les-Moulineaux, le groupe mené par Emile Bienvenu réussit à faire capituler l’unité de 550 soldats allemands basée sur l’Ile-Saint Germain.
Enfin, le 25 août, Paris et sa banlieue sont libérés, la République est restaurée, la France se redresse. Ce jour-là, le pays tout entier palpitait d’une force nouvelle, prêt à affronter l’avenir et mettre fin à la guerre.
Recueillons-nous aujourd’hui en souvenir des 3500 hommes et femmes, soldats, résistants ou civils – dont beaucoup Isséens – qui périrent pour libérer la Capitale. Nous restons redevables de leur courage et de leur sacrifice ».