premiere guerre mondiale

Publié le 2 Juillet 2017

L'attaque de nuit.

« - Mon capitaine, un ordre de la brigade.

 

Descendus la veille des tranchées, après six jours et six nuits durs par le feu et par la pluie, nous occupons, à deux compagnies, les ruines d’un village en position d’alerte, prêts à remonter là-haut au premier signal. Ce signal, nul n’en doute, le voilà, et nous lisons : « Les 1ère et 2e compagnies du… bataillon de chasseurs se porteront immédiatement au chemin des Moulins à la disposition du lieutenant-colonel commandant le secteur ».

Un verre de « gnole » à la hâte ; une ruée des hommes de liaison vers les caves où gîtent les sections, quelques jurements, comme il est d’usage : « Bon Dieu de bon sang ! Sacré métier ! ». Au fond le sentiment profond que c’est dans l’ordre, puisqu’on était en position d’alerte. Vingt-cinq minutes après, les deux compagnies en armes sont massées dans la rue centrale.

Le chemin est long jusqu’aux deuxièmes lignes où la brigade nous envoie. Les boyaux sont pleins d’eau – nous les connaissons. C’est une affaire de trois heures. Mais, sortis du village, à mi-pente, une surprise nous attend. L’ennemi, qui sans doute attaque, veut barrer la route aux réserves et les boyaux sont « sonnés » de main de maître. C’est un beau tir. Le 15 et le 21 alternent, s’écrasant lourdement dans l’axe exact du boyau, couronnés de temps à autre de 105 fusants qui lancent dans le ciel ensoleillé leur fumée couleur d’absinthe.

Les chasseurs ne disent rien, mais je sais ce qu’ils pensent. Il y a des mois que ce fond de secteur est épargné par l’artillerie, et ce bombardement les choque comme un manquement aux règles du jeu : « Bande de vaches ! » murmure le clairon qui me suit, exprimant avec mesure l’opinion générale. J’approuve de la tête et je commande : « Les sections, à cent mètres ! ».

En avant vers les marmites. Là-bas, à demi-perdues dans la fumée collante de « gros », les ruines de la ferme-école nous révèlent le point critique. Il y eut, dans ce coin-là, longtemps, des batteries à nous. Le Boche a eu des mois pour régler. Nous trouverons un barrage soigné. D’un pas rapide, malgré la boue qui tire nos pieds au fond, nous approchons du barrage : 4 coups à la minute, bien placés. On ne passera pas. Je regarde à gauche : le barrage s’étend et d’ailleurs obliquer par là nous écarterait de notre but. A droite, au contraire, c’est assez tranquille. Je transmets à chaque section l’ordre de filer à travers champs en profitant d’un vallonnement modeste. Le mouvement s’exécute à merveille. Vingt minutes après, tout le monde a sauté dans l’autre boyau, profond de 2 mètres, plein d’une eau grise qui gicle à notre choc et retombe en pluie sur nos casques.

Une heure et demie de marche, avec les yeux qui piquent – car le Boche a lancé du puant – quelques coups presque heureux éclatant à droite et à gauche ; pas de casse, un seul blessé léger. Nous voilà au chemin des Moulins. J’arrête la compagnie dans le boyau et je cours à l’abri du colonel, que couronnent des panaches révélateurs.

- Ah ! Voilà les chasseurs, dit le colonel. Tenez, prenez la carte.

Une ligne bleue qui mord sur nos tranchées me renseigne avant tout commentaire. Le Boche, après deux explosions de mine très réussies, a enlevé notre première ligne bouleversée sur 1.200 mètres. Il a poussé son attaque sur la ligne de soutien qui a cédé sur 800 mètres, après avoir été coupée et nivelée par le bombardement. Nous tenons une tranchée médiocre en arrière, nous joignant tant bien que mal, à droite et à gauche aux éléments voisins qui ont pu maintenir leurs positions, mais qui sont séparées par le progrès de l’ennemi. C’est une hernie qu’il faut réduire.

- Je vous donnerai des ordres quand je serai complètement renseigné, conclut le colonel. Attendez dans le chemin creux, et tenez-vous prêts.

Nous connaissons tous le chemin creux. Il a des abris boches, des tombes boches, du matériel boche sous ses talus écroulés. On n’y donne pas un coup de pelle sans remuer un mort.

La nuit est noire et les fusées montent orgueilleusement dans la pluie qui recommence à tomber. Je dispose les guetteurs couchés en haut du talus et le reste de la compagnie s’assied au bas de la pente. Le froid est aigre et l’humidité indiscrète. Mais le spectacle ne permet guère qu’on s’attache à ces incidents. L’artillerie allemande, en effet, vient de rouvrir le feu avec une ardeur redoublée.

- Qui leur a dit qu’on est là ? grogne le sergent Durand.

Et de la troupe accroupie s’élèvent des voix tranquilles qui comptent les coups. Rien que du lourd : les obus tombent sur les deux talus, crachant leurs flammes dans la boue et nous couvrant de terre à chaque coup. Deux tombent dans le chemin : ils n’éclatent pas. Un autre, mieux constitué, explose en face de nous et me blesse quatre hommes. Deux plaies du bras, une plaie de la jambe, un éclat à la main : c’est le « filon », la descente au postes de secours en coupant à l’attaque de nuit.

- Tout droit et à gauche. Bonne nuit, les gars.

Et le grand Camille, en passant devant moi, répond :

- Depuis quatorze mois que je suis là, c’est bien mon tour.

Le Boche tire toujours. Il a bouché les quelques abris encore utilisables. Attendons. L’ordre du colonel viendra nous tirer de ce trou, puisque sûrement c’est nous qui ferons cette nuit la contre-attaque. L’enfer continue, bruit, flamme, fumée, mottes de terre dans les yeux. Les corps se tassent, se courbent, se moulent au sol. Mon lieutenant allume une pipe et murmure avec indifférence :

- On y passera tous si ça dure encore une heure.

Son ordonnance, en un grognement, réplique que les Boches tirent trop mal. Evidemment, mais dix mètres d’écart et ça y sera. Un pas dans l’eau, un cri :

- Le capitaine de la 1ère ?

- C’est moi.

- Voilà l’ordre du colonel.

A l’abri du pan de ma capote, j’allume ma lampe électrique et je lis : « La 1ère compagnie attaquera à minuit direction N.S. et reprendra la tranchée perdue en cherchant la liaison avec la 2e compagnie qui attaquera à sa droite en direction O.E. ».

Tout le monde a vu passer l’agent de liaison. Tout le monde est débout et prêt au départ.

- Planquez-vous, que je passe, les enfants.

Et je me porte en tête. Il y a trois semaines, quand le secteur était calme, ce boyau nord faisait notre orgueil et c’était plaisir, entre ses parois abruptes, de cheminer sur son caillebotis neuf. Je fais dix pas et je me cogne. Je tâte : c’est un 21 qui a comblé le boyau. Escalade et terrain découvert ; de boyau plus de trace et les fusées montent sans arrêt. «  Pas de gymnastique, en avant ! » On court, courbés en deux, on trébuche, on tombe ; puis un trou. Le boyau reprend pour 10 mètres ; nouvel éboulement et l’ascension recommence. Parfois le pied s’affermit sur un cadavre qui peu à peu, sous le passage des vivants, s’enfonce dans la boue. Sans une perte, nous arrivons à ce qui fut naguère notre troisième ligne, à ce qui est cette nuit notre première ligne. Les restes d’une compagnie d’infanterie, qui a encaissé le matin l’explosion d’une mine, sont là et nous reçoivent cordialement. Le capitaine me fait les honneurs de ce réduit de notre défense et fait serrer à gauche pour donner place à mes hommes. Il est 11h10. Nous avons cinquante minutes pour nous préparer.

Nous nous glissons entre les morts posés sur le parapet et dont les pieds heurtent nos épaules et nous regardons. De la tranchée, plus rien : nivellement complet. Le Boche nous éclaire par des fusées répétées, et j’ai tout de suite l’impression qu’il n’a pas eu le temps de refaire une tranchée complète, moins encore de creuser des boyaux. Bonne affaire : ce seront des combats de petits postes et, comme nous sommes moins bêtes qu’eux, nous les aurons.

- Parlez bas, me dit le camarade qui me guide. Dans le boyau, leur barricade est à 20 mètres.

Comme confirmation, un pétard arrive dans notre dos et pulvérise trois sacs de terre. Dix pétards de chez nous répondent et un hurlement strident jaillit en face. Une gaité générale accueille ce résultat aussitôt attribué à l’habileté notoire du grenadier Lombard, clerc de notaire.

Nous allons travailler en douceur. Il s’agit de reprendre à l’ennemi environ 450 mètres de tranchée, sans doute à peu près détruite, et d’enlever à la grenade les postes qu’il a dû établir dans les parties les moins mauvaises.

Une patrouille de six hommes commandée par un sergent se hisse sur la barricade et disparaît dans le noir. Entre les éclatements d’obus, nous guettons le silence : rien. Dix minutes passent. Des pétards explosent à 150 mètres. Est-ce le Boche qui tire sur les nôtres ? Un quart d’heure encore qui me paraît long. Puis un appel, étouffé : « Attention, les gars ! »  C’est un des patrouilleurs qui revient, annonçant qu’on a 60 mètres libres en face, un petit poste allemand au bout, d’autres éléments boches à 100 mètres plus à l’est.

Le sergent a continué en faisant un détour pour voir plus loin. Il n’y a pas de temps à perdre et je donne les ordres d’exécution : « Première section en avant à la grenade aussi loin que possible. Deuxième section prête à la soutenir. Troisième section avec des pelles suivant la progression et refaisant la tranchée au fut et à mesure. Quatrième section en réserve ». Dans un glissement presque muet, car tout le monde a compris le prix du silence, les hommes passent devant moi et s’enfoncent dans la nuit que la neige épaissit.

Il est 11h40. Nous avons de l’avance sur le programme. S’il faisait moins froid, nous nous sentirions parfaitement confortables, car l’affaire s’annonce assez bien. Une seule ombre au tableau : dans le désordre causé par les incidents du matin, on a oublié de renouveler la provision de sacs à terre, et une progression à la grenade sans sacs, c’est moins facile que de faire du maniement d’armes.

Une seule ressource reste, mais combien médiocre ! La barricade d’où nous partons, soit une soixantaine de sacs remplis, difficiles à manier et bien insuffisants comme nombre. La quatrième section entreprend la démolition et se charge du transport. C’est très risqué, si le Boche réagit. Mais qui ne risque rien n’a rien. Le sous-lieutenant, qui commande la section de tête, revient à moi ; ça marche et jusqu’à présent, comme l’avait signalé la patrouille, pas de difficulté. Ce qui sera dur, ce sera de refaire la tranchée. J’avais espéré qu’une réparation suffirait, mais tout est aplati. Gros travail. J’envoie un coureur chercher le peloton de pionniers du bataillon et, enjambant ce qui reste de la barricade, je vais pousser ma section de travailleurs, qui grogne en travaillant, à découvert, avec un sang-froid imperturbable. Le sergent patrouilleur et les hommes qui étaient restés avec lui rentrent à ce moment ; pas de casse, ça va.

Mais la pétarade augmente et, bien que mal protégé, l’ennemi l’est tout de même mieux que nous. Fort heureusement, ses liaisons sont aussi difficiles que les nôtres et d’ailleurs les Fritz, avec qui nous échangeons des pétards, ne lanceront pas les fusées rouges qui appelleraient sur eux, en même temps que sur nous, le feu de leur artillerie.

Il faut pousser : c’est la seule façon de s’en tirer et je lance en avant deux sections. Il est 1h40 et le jour, en cette fin d’hiver, ne nous gênera pas de sitôt. A partir de ce moment, j’ai le sentiment d’être dans la main du destin, d’avoir fait tout le possible et de ne pouvoir savoir ce qui en sortira. Mes chefs de section sont gens de tête et de cœur : ils feront pour le mieux. On place les gens. On leur donne un objectif. On les pousse. On les encourage. Et puis, à la grâce de Dieu ! 2 heures : le colonel fait demander des nouvelles. Par bonheur, je puis lui en fournir de précises, car en repoussant les Boches à coups de pétard, nous venons d’atteindre un croisement de boyaux qui nous donne plus qu’à demi-partie gagnée. De mes mains grasses de boue, je tire un crayon et mon carnet ; et, tant bien que mal je rédige deux lignes.

Tout le monde est content, en pleine action, en plein succès. Au croisement que nous venons de regagner en repoussant l’ennemi pas à pas, les sacs à terre de la barricade démolie sont transportés et l’on improvise quelque chose de sommaire, mais qui fait plaisir tout de même. L’organisation défensive, si modeste qu’elle soit, a une valeur morale en même temps que matérielle. On sait qu’on a désormais un point où s’accrocher. Mais dans le ciel blanc de neige, des lueurs éclatent, striées de petites baguettes : ce sont des minenwerfer qui commencent à travailler. Tir violent, très dense, mais qui par fortune est réglé 20 mètres au moins an arrière de nous. Personne ne s’arrête. Grenadiers et travailleurs continuent : tout le monde sait qu’il faut avoir fini avant le jour, et, du petit poste qu’on vient d’achever pour consolider le terrain gagné, une escouade s’élance en avant.

Malheureusement, le Boche se doute de quelque chose et voici qu’un tir de 15 s’ajoute à celui des mines. Mais comme il a peur de taper sur les siens, il tire trop long et le tumulte de ses éclatements retentit 50 mètres derrière nous. S’il continue comme cela, on s’arrangera.

On s’arrange en effet. Maintenant, nous sommes à 15 mètres de notre objectif final. Nous avons repris 2 mitrailleuses perdues l’après-midi et que l’ennemi n’avait pas eu le temps d’emporter. Toute la compagnie est dans la partie reconquise et des renforts d’infanterie commencent à prendre la place que nous avons laissée vide. Les pauvres gars, en montant, ont reçu les marmites qui nous étaient destinées et ils ont perdu du monde.

Le succès est maintenant certain. Si la nuit n’était pas finie, il serait complet. Malheureusement le temps passe. Le jour s’annonce. On y voit à 20 mètres. Or le petit poste, qui a atteint l’objectif final, est séparé du reste de la compagnie par un espace découvert où, faute de temps, la tranchée n’a pas pu être refaite. Les Boches, qui le voient isolé, lui tirent dans le dos. S’il reste là, quand il fera tout à fait clair, il sera fusillé comme lapin au gîte. Quel que soit le regret de tous, il n’y a pas à hésiter et je lui donne l’ordre de rentrer. Il refait, en courant, le trajet de retour, sous un feu nourri, qui blesse deux hommes, et nous achevons de nous organiser face à l’ennemi, ayant reconquis dans notre nuit 400 mètres de tranchées. Il fait grand jour et le Boche s’aperçoit que, comme disait l’autre, il n’y a vu que du feu. Un bombardement sévère affirme aussitôt sa mauvaise humeur. Il a cru que pendant huit heures que nous menions contre lui des combats de patrouilles. L’aube lui révèle une tranchée reprise et refaite : cela mérite bien un marmitage, médiocre au surplus, qui ne nous vaut qu’une demi-douzaine de blessés.

Notre rôle est fini. Les braves biffins achèvent de nous relever. Nous redescendons au chemin des Moulins où nous allons rester en réserve dans des abris relativement sûrs. Une allégresse générale couronne cette nuit d’aventure et je songe, une fois de plus, a ce mot d’un de mes chefs : « Quoi que nous fassions, jamais nous n’arriverons à être dignes de nos soldats ».

 

 

 

Sources :

Ce texte est extrait des notes d’un capitaine de chasseurs, pendant la bataille de Verdun, et des archives du périodique L’Illustration, publié de 1843 à 1944, et qui fut en son temps le magazine hebdomadaire le plus lu de France.

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Publié le 14 Mars 2017

Les soldats américains débarquent en France.

Les soldats américains débarquent en France.

1917 aux Etats-Unis.

Le président Woodrow Wilson, ancien gouverneur de l’Etat du New Jersey, non loin de celui de New-York, a été élu pour un premier mandat le 5 novembre 1912. Il est réélu – de justesse – quatre années plus tard en 1916 sur le slogan suivant : « Nous ne sommes pas en guerre, grâce à moi ». En dépit de relations particulièrement détériorées avec le Reich allemand, les Etats-Unis cherchent à être fidèles à une politique qu’ils suivent depuis près d’un siècle : l’isolationnisme. En effet, en 1823, le président américain Monroe a présenté sa conception de la politique étrangère : que les Etats-Unis n’interviennent pas dans les affaires de l’Europe comme les puissances européennes ne doivent pas intervenir dans celles des Amériques.

 

Tout au long du siècle écoulé, les Etats-Unis ont eu pour but premier de se constituer un vaste territoire géographique et économique. Ils ont dû par la suite affronter une guerre civile – la Guerre de Sécession – particulièrement meurtrière et destructrice.

 

Aussi, n’est-il pas question d’interférer dans ce conflit mondial, mais principalement européen. En janvier 1917, le président Wilson propose qu’il soit mis fin à la guerre en plaidant pour une paix sans vainqueurs. Wilson sait ce que les Etats-Unis doivent à la France pendant la Guerre d’indépendance ; il sait aussi que les Allemands cherchent par tous les moyens à les entraîner dans la guerre (torpillage du Lusitania, ce paquebot anglais où vont périr plus d’un millier de personnes dont près de 200 Américains).

 

Peu à peu, la bonne conscience américaine de neutralité se lézarde. La population n’est pas insensible à des appels d’écrivains, comme Blaise Cendrars, ou de personnalités ayant pour mot d’ordre : « Quand l’Amérique a eu besoin de la France, celle-ci est intervenue. Aujourd’hui, la France a besoin de l’Amérique ! ». Cette même Amérique qui se passionne pour les exploits de jeunes compatriotes qui combattent dans l’aviation française, sous les couleurs de l’Escadrille Lafayette. D’autres jeunes américains – c’est moins connu – s’engagent dans la Légion étrangère (tel le poète Alan Seeger), seule arme pouvant les accueillir, puisque les Etats-Unis ne sont pas en guerre.

 

L’escalade est là : en février 1917, les Etats-Unis rompent leurs relations diplomatiques avec l’Empire allemand. Depuis l’affaire du Lusitania en décembre 1915 et après la décision de l’Allemagne de couler tous les bateaux voguant sur l’Atlantique, la situation n’est plus tenable. L’opinion américaine est prête pour la guerre.

 

En avril, Wilson fait un discours au congrès pour demander une déclaration de guerre à l’Allemagne ; demande acceptée le 6 de ce même mois. Le lendemain, le Panama et Cuba déclarent la guerre à l’Allemagne. La Bolivie, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica, le Pérou, l’Uruguay, la république dominicaine et l’Equateur rompent leurs relations diplomatiques avec cette même Allemagne. Cela traduit bien d’ailleurs le rôle des Etats-Unis dans sa zone d’influence.

 

L’arrivée des troupes américaines en France.

Le 3 mai, le corps expéditionnaire est constitué. Les hommes se rassemblent dans les ports d’embarquement, dont Norfolk dans l’Etat de Virginie. Les premiers soldats débarquent à Boulogne-sur-Mer le 13 juin 1917. A leur tête se trouve le général John Pershing. Il est accompagné d’un lieutenant qui deviendra célèbre quelques années plus tard : Patton !

 

Extrait du Journal l’Illustration : « Avec leurs uniformes de drap olive, leurs feutres à larges bords, leurs ceintures à pochettes multiples, cette allure de jeunes cow-boys de l’Ouest américain, ils apportaient une note de pittoresque inédit dans nos décors de guerre ».

 

Pershing multiplie les rencontres officielles durant les semaines qui suivent. Le 28 juin, il assiste, à Saint-Nazaire à l’arrivée de la 1ère division d’infanterie US. Le 4 juillet, jour de fête nationale américaine, il se recueille sur la tombe du marquis de La Fayette au cimetière de Picpus à Paris. C’est à cette occasion que le colonel Stanton lance la phrase devenue célèbre : « La Fayette, nous voilà ! » qui déchaîne l’enthousiasme de la foule massée aux abords du cimetière.

 

Le 21 août, il inspecte les troupes avec le général Pétain. Les consignes du président Wilson sont très claires. L’armée américaine doit restée indépendante. Elle est formée par l’armée française, mais en aucun cas, ses troupes ne doivent être « amalgamées » aux unités françaises.

 

Le déploiement des troupes et les engagements.

Pour amener en moins de 18 mois plus de deux millions de soldats, des tonnes de matériels, de munitions, d’armes, de ravitaillement de toutes sortes, les Américains vont créer en France des camps, des ports et des gares. C’est là qu’arrivent, le 26 juin 1917, les premiers bâtiments d’un convoi parti de New York qui amène 14.750 hommes. Le 9 août, une deuxième base américaine est créée à Bassens, en Gironde, puis en septembre, des travaux d’aménagement commencent à Pontanézen, près de Brest, pour la construction d’une véritable ville qui va accueillir 70.000 militaires américains en transit avant de monter au front. A Bassens, les Américains créent un port artificiel capable de recevoir et de décharger vingt navires à la fois.

 

Bientôt, ils relient chacun de leurs ports et de leurs camps par des voies de chemin de fer qui vont jusqu’à l’Ile-sur-Tille (Côte d’Or) en passant par Bourges et par Tours. A Gièvres (Loir-et-Cher), une immense gare régulatrice est installée. Elle comprend deux gares de triage, avec 145 hectares de stockage, un dépôt pétrolier, une usine frigorifique, un arsenal pour les munitions, un atelier de 200 locomotives… En novembre 1918, le personnel américain du chemin de fer s’élève à plus de 30.400 agents pour un parc de 14.000 wagons et de 1.380 locomotives.

 

Le rythme des débarquements de troupes s’accélère et de 78.000 « Sammies » (les soldats de « l’Oncle Sam ») présents au début du mois de novembre, le corps expéditionnaire américain compte près de 150.000 hommes sur le sol de France au 31 décembre. Un an plus tard, ils seront deux millions.

 

L’année 1917 voit ainsi la mise en place de la machine de guerre des Etats-Unis qui, pour la première fois, interviennent dans un conflit à l’échelle mondiale et s’imposent comme une grande puissance.

 

Les combats.

En novembre 1917 a lieu le premier engagement des troupes américaines. Il se déroule dans la région de Lunéville. En avril, les Américains combattent près de Saint-Mihiel, au sud-est de Verdun. Le 28 mai 1918, un régiment de la 1ère DIUS est engagé dans la bataille de Cantigny (région de Montdidier). Au prix de lourdes pertes, il tient le village de Cantigny conquis sur la 18e armée allemande. C’est une première consécration de la valeur des troupes américaines.

 

En juin suivant, les troupes combattent victorieusement à Château-Thierry puis au Bois-Belleau. Les pertes sont élevées parmi les 2e et 3e DIUS. Mais elles tiennent !

 

A l’automne 1918, les Américains sont de l’offensive Meuse-Argonne. Le général Pétain confie aux troupes du général Pershing la réduction du saillant de Saint-Mihiel. Le 14 septembre 1918, les Américains sont à Fresnes-en-Woëvre : les Eparges ne sont plus aux mains des Allemands qui perdent en moins de deux jours tout le terrain conquis en septembre 1914 ainsi que 13.200 prisonniers et 460 canons. Quelques semaines plus tard, sous les coups de butoir des armées française et américaine, les Allemands sont repoussés au nord du département de la Meuse.

 

Le maréchal Foch prépare une nouvelle offensive. Elle doit conduire l’armée française vers le sud de l’Allemagne. Quant aux DIUS, elles doivent prendre Metz et la Lorraine. Mais ce plan ne se déroulera jamais. Le 11 novembre, l’armistice est signé.

 

L’aide américaine.

L’aide américaine n’a pas été que militaire. D’abord, des millions de colis sont envoyés depuis les Etats-Unis pour les soldats des DIUS, mais pas uniquement : ces colis s’adressent à tous les soldats et aux populations civiles. Par ailleurs, des dons affluent à l’ambassade de France à Washington. Des vêtements, des aliments, des pansements, du tabac, des cadeaux de Noël sont offerts pour les enfants. Des nombreuses associations se mobilisent dans ce sens.

 

Des volontaires des services médicaux, médecins et personnels spécialisés se regroupent au sein de l’Ambulance américaine de Paris qui s’organise très rapidement autour de l’Hôpital américain de Neuilly. De son côté, l’American Volunteer Motor Ambulance, créé par Richard Norton, un ancien d’Harvard, transporte des milliers de blessés. Cette initiative est bientôt rejointe par l’Ambulance Field Service et par l’American Red Cross. De nombreux ambulanciers sont des hommes célèbres, à commencer par Ernest Hemingway.

 

L’aide américaine est aussi visible dans les hôpitaux où les dernières avancées de la recherche outre-Atlantique sont déployées et testées.

 

Un bilan.

Au cours de son engagement dans la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis ont perdu 117.000 hommes, répartis ainsi : 53.400 tués au combat et 63.115 morts accidentelles ou de maladies (la grippe espagnole ayant fait des ravages). Ils ont eu 206.000 blessés.

 

Puis, pendant les années 1920, le War Departement réalise en France de vastes cimetières et d’impressionnants mémoriaux. L’entretien, la garde et la pérennité des nécropoles et des monuments fédéraux sont confiés à l’American Battle Monument Commission, créée en 1923 et dont le premier président est le général Pershing. A proximité des lieux mêmes des combats ou des lieux de leur installation, les Américains érigent des monuments imposants, notamment la Colonne commémorative de Montfaucon et le Mémorial de Montsec dans la Meuse et la Colonne de Fismes dans la Marne. Beaucoup d’entre eux sont endommagés durant la Seconde Guerre mondiale et reconstruits par la suite. Sur le territoire français, six nécropoles recueillent les corps de 30.066 Américains dont 1.586 inconnus : Aisne-Marne à Belleau et Oise-Aisne à Fère-en-Tardenois (Aisne), Meuse-Argonne à Romagne-sous-Montfaucon (Meuse), Saint-Mihiel à Thiaucourt (Meurthe-et-Moselle), Somme à Bony (Somme). Les 1.541 Américains décédés à l’hôpital de Neuilly reposent dans la nécropole de Suresnes.

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
  •  André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.
  • Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
  • - Pierre Miquel : Le gâchis des généraux, Plon 2001 ; Les Poilus, Plon, 2000 ; Je fais la guerre, Clemenceau, Taillandier, 2002.
  • Yves-Henri Nouailhat, France et Etats-Unis, août 1914-avril 1917, La Sorbonne, 1979.
  • Jacques Pernet, l’Armée américaine en France, Alan Sutton, 2007.
  • Collectif, La Fayette nous voilà, Editions Italiques, 2008.
  • Nadine Bonnefoi, Les Chemins de la Mémoire, n°168, Janvier 2007.
  • Site du Centenaire : www.centenaire.org

 

 

 

Au cimetière de Picpus, le 4 juillet 1917.

Au cimetière de Picpus, le 4 juillet 1917.

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Publié le 9 Mars 2017

A Pozières (Somme) en août 1916.

A Pozières (Somme) en août 1916.

Le contexte.

Le front occidental est stabilisé depuis décembre 1914, à la suite de la course à la mer. Les combats de 1915 d’Artois et de Champagne n’ont rien donné. Le général Joffre est inquiet des pertes subies, du manque d’unité de vue et de la dispersion des efforts militaires chez les Alliés. Une belle attaque commune : voilà ce qu’il faudrait à la fois pour renforcer la coopération entre Français et Britanniques et pour percer les lignes allemandes.

 

Les conférences de Chantilly.

Décembre 1915 : au sein de l’armée britannique le général en chef John French est remplacé par Douglas Haig. Les 6 et 7 décembre 1915, à Chantilly, Joffre explique ses plans aux Anglais, mais aussi aux Italiens : il s’agit d’attaquer aux beaux jours, donc au printemps ou en été 1916, les Empires Centraux : aux Français et aux Anglais de préparer une offensive contre l’Allemagne, aux Italiens d’en préparer une contre les Austro-hongrois.

 

En 1916, l’armée britannique en France manque d’expérience, sa partie professionnelle, six divisions, ayant été décimée en 1914-1915. La plus grande partie de ses effectifs est composée de volontaires des forces territoriales et de la nouvelle armée de Kitchener. Les officiers ont été promus rapidement et manquent à la fois de formation et d’expérience. Haig collabore volontiers avec Joffre, mais il souligne l’indépendance du corps expéditionnaire anglais, le commandement n’est donc pas unifié. Que l’on se figure une armée du Commonwealth. Il y a là des divisions anglaises, et aussi Nord-irlandaises, néo-zélandaises, australiennes, indiennes, sud-africaines et canadiennes.

 

Le général Joffre monte donc cette offensive avec l’armée française comme acteur principal au sud de la Somme, qui doit être appuyée par le corps expéditionnaire britannique, moins aguerri, entre la Somme et Arras. Il nomme Foch commandant du Groupe d’Armées Nord, responsable de l’opération. Une autre conférence à Chantilly le 14 février 1916 fixe le début de l’offensive au 1er juillet 1916.

 

Mais un imprévu arrive : en février les Allemands lancent leur attaque sur Verdun. Joffre décide de dégager le front de la Somme pour alimenter le secteur de la Meuse. De fait, les Britanniques se retrouvent devenir l’élément principal de l’attaque de juillet 1916. Seules quelques divisions françaises vont les appuyer.

 

Le front.

Les Allemands sont positionnés sur presque toutes les hauteurs du front. Ils occupent la ligne de crête qui sépare les bassins versants de la Somme et de l’Escaut. Ils sont ainsi organisés leurs lignes : une forte première position, avec des tranchées de première ligne, d’appui et de réserve, ainsi qu’un labyrinthe d’abris profonds comportant d’ailleurs tout le confort moderne. Une deuxième est placée en ligne intermédiaire, dont le but est de protéger les batteries de campagne. Enfin, une troisième ligne, qui est pratiquement aussi forte que la première.

 

Du côté des Alliés, l’armée britannique est positionnée au nord du fleuve, quant à l’armée française, elle se tient de part et d’autre de la Somme en faisant sa jonction avec les Anglais sur la rive gauche. L’arrière sert de gigantesque entrepôt d’approvisionnement, avec Amiens pour centre : des chemins de fer sont construits ; des aérodromes sont aménagés ; des centres de ravitaillement ; des hôpitaux militaires… De nombreux ressortissants des colonies britanniques et françaises travaillent à la mise en œuvre de cet arrière. Des organisations chrétiennes, humanistes et/ou gouvernementales font également l’apologie de ce combat contre le Mal et, moyennant espérance de gains et de bon travail, font venir des milliers de Chinois.

 

Chez les Alliés, les Français sont commandés par Foch, avec la VIe armée du général Fayolle et la Xe armée du général Micheler. Du côté britannique, Haig a sous sa responsabilité la IIIe armée du général Allenby, la IVe du général Rawlinson et l’armée de réserve du général Cough.

 

Quant aux Allemands, ils sont sous la direction du général Fritz von Below.

 

24 juin 1916 – Préparation d’artillerie.

Grâce à la maîtrise du ciel, les Alliés peuvent détruire une partie des dirigeables allemands chargés d’annoncer les mouvements de troupes. En effet, les Britanniques disposent de 185 appareils (principalement des Sopwitchs), les Français de plus de 115 (des Caudron et des Farman bimoteurs, des Spad 7), alors que les Allemands ne peuvent aligner que 129 avions.

 

La préparation d’artillerie, initialement prévue pour cinq jours, débute le 24 juin par des tirs de réglage et de destruction. Elle s’intensifie à partir du 26 par un bombardement général et continu des lignes allemandes. En une semaine, l’artillerie britannique tire 1.732.873 coups. Les tranchées allemandes sont presque totalement détruites, mais les abris souterrains sont intacts. Le 28, l’offensive est reportée de 48h à cause du mauvais temps. Il tombe les premiers jours une moyenne de cinq obus pour chaque soldat allemand.

 

L’échec du 1er juillet.

Le 1er juillet au matin, à partir de 6h25, commence le bombardement final des Alliés. Les tirs d’artillerie atteignent une cadence de 3.500 coups par minute, produisant un bruit si intense qu’il est perçu jusqu’en Angleterre.

 

A 7h30, au coup de sifflet, l’infanterie britannique franchit les parapets baïonnette au canon et part à l’assaut des tranchées adverses. Les hommes sont lourdement chargés avec plus de 30 kg d’équipement. Ordre a été donné aux hommes de ne pas courir. En fait, l’état-major anglais craint que les hommes ne perdent le contact en courant et en se dispersant. Persuadé que les défenses allemandes ont été anéanties par les tirs d’artillerie, il exige que les hommes avancent au pas.

 

Les Allemands les accueillent avec des tirs de mitrailleuses qui les fauchent en masse. Les officiers sont facilement repérables et sont particulièrement visés. On estime à 30.000 le nombre de victimes (tués et blessés) dans les six premières minutes de la bataille. Les Allemands sont stupéfaits de voir les soldats britanniques venir au pas… A midi, l’état-major britannique annule l’ordre de marcher au pas, et retient les vagues d’assaut suivantes. De toute façon, les rares Anglais à parvenir aux tranchées allemandes ne peuvent résister à une contre-attaque. De leur côté, les Français atteignent leurs objectifs et peuvent progresser.

 

Au soir du premier jour des combats, le carnage est immense : 20.000 soldats du Commonwealth sont morts ; 36.000 sont blessés et hors de combat ; plus de 2.000 sont portés disparus. Des régiments entiers, comme celui de Terre-Neuve, sont anéantis à plus de 90 %.

 

Chez les Allemands, les pertes sont estimées à 6.000 hommes.

 

Evolution de la bataille.

Après l’échec du 1er juillet, le commandement britannique souhaite arrêter l’attaque. Le général Joffre refuse. Par contre, le principe d’une offensive d’ampleur est rejeté au profit d’attaques secondaires. Ainsi, le 4 juillet, les Anglais prennent La Boisselle, puis le bois de Mametz. Pozières tombe le 23, pris par la 1ère division australienne. A partir du 14 juillet, les combats se concentrent sur le bois de Delville, pris puis perdu par les Sud-Africains. Puis, pendant une semaine, c’est au tour du village de Guillemont de subir les attaques, en vain, des Anglais.

 

Les Français, quant à eux, continuent leur progression. Ils se rendent maître du plateau de Flaucourt. Ils ont avancé de près dix kilomètres. Près de 1.200 soldats allemands sont faits prisonniers. C’est le plus beau succès depuis la bataille de la Marne deux ans plus tôt. Mais les troupes du IIe Reich se ressaisissent : trente divisions sont retirées du secteur de Verdun (ce qui pour partie scelle l’échec sur la Meuse) et envoyées sur la Somme.

 

En septembre, les Alliés décident de reprendre l’offensive sur l’ensemble du front de la Somme. Mais là encore, le 3, les attaques britanniques échouent sur Guillemont, Ginchy et Thiepval. Même si chez les Français, de nouvelles positions sont prises (Vermandovillers, Deniécourt, Chilly), la progression est trop juste pour pouvoir tenir.

 

Apparition des chars.

Le 15 septembre apparaissent les premiers chars d’assaut britanniques. Ce sont des « tanks » Mark I, qui mesurent 8 mètres de long, pèsent 30 tonnes et disposent d’une autonomie de 20 km. Ils avancent à la vitesse de 6 km/h et sont équipés de 5 mitrailleuses. Leur utilisation, à l’avant de l’infanterie, permet au 22e Régiment royal canadien de prendre Courcelette, à la 15e division écossaise de prendre Martinpuich, tandis que la 47e London division s’empare du bois des Fourcaux. De même, à Flers, les Britanniques battent les Allemands et font 4.000 prisonniers.

 

Les chars sont bien entendu intégrés dans la grande offensive des 25 et 26 septembre. Les Alliés entrent dans Combles, évacué par les Allemands et prennent Thiepval. Mais ses efforts ne font que stabiliser le front. Les forces s’essoufflent et ne peuvent poursuivre.

 

Pourtant, les Alliés « remettent cela » : le 5 novembre, les Français attaquent Sailly-Saillisel mais ne peuvent prendre le bois de Saint-Pierre-Vaast. Quelques jours plus tard, Beaumont-Hamel est pris par les Britanniques. Mais ils n’avancent plus guère. L’automne est là, avec la pluie, la boue et le froid. Les chars n’avancent plus et deviennent de très belles cibles pour les obus ennemis. Le général Haig décide de stopper toutes les offensives britanniques. Il est imité quelques jours plus tard par le général Foch, qui renonce à une offensive majeure du le Xe armée. C’en est fini de la bataille de la Somme. Près de 70.000 soldats allemands sont prisonniers, mais les Britanniques ont eu 260.000 tués et les Français 63.000, chiffres auxquels il convient d’ajouter les blessés deux fois plus nombreux. Joffre, furieux de cet échec, décide de limoger Foch et de l’envoyer en mission à l’état-major puis en Italie. Il devra attendre 1918 pour faire son retour à la tête d’une armée française puis à celle de toutes les armées alliées.

 

Quant aux Anglais, pour toujours, le 1er juillet reste comme la journée la plus meurtrière de toute son histoire militaire.

 

Le coquelicot.

Dans les pays du Commonwealth, le coquelicot est associé au souvenir des combattants tombés pendant la Première Guerre mondiale. Cette allégorie du coquelicot découle d’un poème datant du printemps 1915, écrit par le lieutenant-colonel John Mc Crae, un médecin du Corps de santé royal canadien qui fut témoin de la terrible seconde bataille d’Ypres. Il s’intitule In Flanders Fields. En fait, les coquelicots fleurissaient sur les bords des tranchées et sur les routes des soldats et leur couleur rouge était un symbole pour le bain de sang de la guerre. Une Française, Madame Guérin, proposa au maréchal britannique Douglas Haig que les femmes et les enfants des régions dévastées de France produisent des coquelicots afin de recueillir des fonds pour venir en aide aux « gueules cassées ». En novembre 1921, les premiers coquelicots furent distribués. La tradition se poursuit depuis.

 

Il est à noter la similitude de cette histoire avec celle du Bleuet de France.

 

 

Sources :

 

  • Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande guerre, Bayard, 2004.
  • John Buchan, La bataille de la Somme, Thomas Nelson & Sons, 1920.
  • Marjolaine Boutet et Philippe Nivet, La bataille de la Somme, Taillandier, 2016.
  • Général Georges Girard, La bataille de la Somme en 1916, Plon, 1937.
  • Alain Denizot, La bataille de la Somme, Perrin, 2002.
  • Mémoires du maréchal Joffre et du maréchal Foch.
  • John Keegan, La Première Guerre mondiale, Perrin, 2003.

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Publié le 13 Janvier 2017

Paroles de capitaine.

« Notre infanterie vient de fournir à Verdun, pendant huit semaines, le plus magnifique effort en vingt mois de guerre. Elle en sort, diminuée numériquement – beaucoup moins que l’infanterie ennemie – mais fortifiée moralement par la conscience indiscutée de sa supériorité.

 

La bataille avait mal commencée. Mon unité n’y était pas encore engagée. Je n’en puis donc parler que par ouï-dire, avec prudence par conséquent. Il y avait certainement trop peu de troupes, trop peu de canons, trop peu de tranchées. Depuis fort longtemps, on ne se battait plus dans cette région. Or, si l’habitude est une seconde nature, c’est surtout vrai de l’habitude du feu, et les corps qui ont subi le premier choc avaient une accoutumance moindre que ceux qui sont venus en renfort. Leur artillerie, très diluée, manquait peut-être de souplesse. Enfin, l’organisation défensive des villages attirait le feu de l’ennemi, sans que la solidité des intervalles permît une résistance frontale. Tous nos camarades qui ont vécu les premières journées sont, à cet égard, unanimes. Les journaux ont d’ailleurs signalé déjà cette situation. Je la rappelle pour qu’on comprenne ce qui suit.

 

Il en est résulté, en effet, que, au moment où, par l’engagement de nos réserves, la bataille est devenue de notre côté une grande bataille, nos troupes se sont battues en rase campagne. C’est en rase campagne, pour ne citer qu’un exemple, que la 39e division du 20e corps à brisé l’élan de l’ennemi. C’est en rase campagne que, depuis et pendant des semaines, les corps successifs ont dû mener de front l’organisation du terrain et le combat. Tout cela sous des concentrations de feu de guerre de siège d’une intensité et d’une continuité sans précédent, sous une averse de projectiles dont ni les luttes de mai ni celles de septembre n’avaient pu donner une idée.

 

Ce feu infernal a été supporté par l’infanterie française sans un instant de faiblesse. Il y avait là des troupes qui venaient de la Champagne et de l’Artois. A leur arrivée, elles avaient dit : « Nous connaissons cela ». Vingt-quatre heures après, elles avaient changé d’idée. Peut-être avions-nous eu, à Souain ou à Neuville, des bombardements égaux ; mais jamais nous n’avions connu ce feu ininterrompu, appliqué à tout un secteur, depuis la ligne de tir jusqu’à l’extrême arrière. Grâce à la qualité de leur artillerie lourde, notamment de leur 150, les Allemands ont une mobilité de feux extraordinaire. Ils battent la première ligne, puis les communications, puis les batteries, avec une foudroyante rapidité. Notre artillerie, qui s’est surpassée et qui a arraché des bravos à l’infanterie, fait aussi bien, partout où elle a un matériel égal. Mais il lui sera difficile de faire jamais mieux, et cette constatation, sur laquelle tout le monde est d’accord, mesure l’endurance surhumaine dont nos troupes ont fait la preuve dans les deux secteurs qui ont vu le choc principal : secteur de Vaux-Douaumont et secteur du Mort-Homme.

 

Avant d’être en ligne, biffins et chasseurs étaient fixés, d’ailleurs, sur ce qui les attendait. Verdun est au fond d’un cirque, qui se prolonge et s’élargit vers le Nord par des vallonnements successifs. Il suffisait d’avoir franchi le gradin supérieur, la ligne des Côtes de Belleville, sur la rive droite, pour savoir vers quoi l’on marchait. Aucun de ceux qui ont fait ces relèves nocturnes n’oubliera la lourde chute des « arrivées » coupant l’ombre de lignes de feu, qui semblaient dire : « On ne passe pas ». On est passé, cependant. On n’a jamais cessé de passer. On est passé autant qu’il a fallu pour nourrir d’unités fraîches la ligne de combat. Ici se juge la force morale d’une troupe. Une fois en secteur, quand on a vu clair, tout se supporte. Mais la file indienne dans le noir, les pieds heurtant les morts, les trous de marmite où l’on bascule et le mot qui se passe de bouche en bouche : « Serrez ! ». C’est le moment atroce et interminable, où les meilleurs sentent peser sur leur nuque la main lourde de la destinée. Pas une hésitation, pas une défaillance, tout le monde à son rang, voilà ce que nous avons vu huit semaines durant, chaque fois que montait en secteur une unité nouvelle. Il n’est pas de spectacle plus beau.

 

Ces mêmes troupes, une fois en ligne, n’ont pas seulement fait face à l’effort de résistance inouï que leur imposait le feu de l’ennemi. Elles ont toutes, sans exception, subi des attaques et fourni des contre-attaques. Des compagnies, terriblement éprouvées par le bombardement, n’en ont pas moins tenu jusqu’au corps à corps et se sont fait tuer sur place plutôt que de reculer. Le sang-froid des mitrailleurs ne s’est jamais démenti. Toutes les pièces intactes ont tiré comme à la cible, jusqu’à la dernière minute, avec quel « tableau », on en a pu juger sur les parties du terrain que nous avons reconquises. Nos tireurs ont fait constamment le « maximum », attendant l’arrivée de la vague à 30 mètres et la jetant par terre d’une seule salve. Toutes les vertus techniques d’une armée de métier et le grand souffle national de la levée en masse, voilà nos soldats au terme de la seconde année de guerre. Discipline, intelligence, sang-froid, coup d’œil, ils ont tout ce qui fait les vainqueurs, dès que la lutte se joue à armes égales.

 

Leur supériorité sur l’ennemi éclate aux yeux, quand on peut se comparer, comme ce fut le cas tant de fois, l’attaque boche et l’attaque française. Le Boche travaille un front de 500 mètres avec son artillerie jusqu’à ce qu’il soit sûr de l’avoir retourné de fond en comble. Il sort ensuite et marche à l’assaut.

 

S’est-il trompé ? Y a-t-il encore sur ce front de 500 mètres deux mitrailleuses qui tirent ? Alors c’est fini. On aperçoit la ligne qui flotte, tourne sur elle-même et s’abat dans le trou le plus prochain. J’ai vu beaucoup par moi-même et j’ai beaucoup interrogé : il n’y a pas d’exemple d’une attaque allemande progressant sous notre feu. Il s’en est trouvé à Ypres en 1914, aux Eparges en 1915. Cette fois-ci, le ressort était détendu et le progrès de l’artillerie ennemie n’avait pas eu pour corollaire le progrès de l’infanterie.

 

Chez nous, au contraire, on marche sous le feu et malgré le feu. Cela ne décide pas de la bataille, parce que c’est l’héroïsme sublime de quelques minutes et que la bataille dure des semaines. Mais cela classe les hommes. Je sais un bataillon qui, parti d’un ravin, sans tranchée, a fait 250 mètres sous les mitrailleuses et est arrivé à l’objectif avec plus de la moitié de ses officiers par terre, dont le commandant tué. Je ne crois pas, en toute sincérité, que l’infanterie allemande d’aujourd’hui soit capable de tels efforts. Elle est solide, courageuse, certes. Elle n’a plus l’élan et, malgré le concours formidable de son artillerie, il y a des bonds qu’elle ne fait plus. Tous, chefs et soldats, nous pensons là-dessus la même chose. Nous connaissons trop la guerre et ses pièges pour croire que cela suffise. Mais nous disons sans forfanterie : « Le jour prochain où nous serons munis d’autant d’artillerie qu’eux, nous les aurons ».

 

Cette conscience de sa force est chez notre soldat un sentiment grave, simple et silencieux. J’entends dire en permission : « Quand ils reviendront, ils se battront pour un oui ou pour un non ». C’est mal apprécier nos hommes, doux et patients autant que solides et si profondément accessibles aux appels du devoir. Je ne connais pas de régiment qui ne soit fier d’être allé à Verdun.

 

« On a eu besoin de vous ». Ils disent cela, parce que c’est ainsi, pas pour se vanter, mais parce que, dès lors qu’il y avait un coup de chien, il était juste qu’ils en fussent, eux qui la « connaissent ». Notre vie ne nous forme pas à noter des nuances de psychologie et c’est grand dommage, parce que c’est tout de même nous seuls, leurs chefs et leurs compagnons de tout instant, qui connaissons bien nos hommes et que, de loin, de grands écrivains donnent au pays une image très noble, mais très factice, de ceux qui meurent pour lui. On vous a écrit – combien de fois ! – le soldat qui sort en criant de sa tranchée, qui brûle d’en découdre. Mais non ! On fait cela parce qu’il faut le faire, parce que c’est le métier, mais sans cris, sans gestes, la grenade d’une main, la baïonnette de l’autre. On tue sans parler. On « progresse », comme dit le communiqué, parce qu’on est là pour cela et que c’est la loi commune des travaux et des jours. Et c’est beaucoup plus beau qu’une charge à la Détaille !

 

Notez que cet effort, cette lutte d’homme à homme, avec tout ce qu’elle exige d’énergie physique et morale, on la demande, par suite des nécessités de la bataille, à des troupes qui souvent sont au feu, et quel feu !, depuis quatre ou cinq jours et autant de nuits. Représentez-vous le croisement continu des projectiles sur les têtes, le grondement inlassable des pièces, le fracas des « arrivées » et le déchirement des « départs ». Peu ou même pas d’abris ; la crainte, si l’on y descend, d’y être muré et de mourir étouffé ; la nécessité de rester là en se livrant à la chance et d’attendre que ça change, sans croire que cela doive changer. Tension des oreilles, tension des muscles, tension des nerfs, saut brusque à droite pour éviter le coup qui à vient de la gauche, camarades de vingt mois décapités près de vous, sensation d’être l’otage aux mains de la Mort : voilà la vie, telle qu’elle fut à Verdun du 21 février au 20 avril. Et toujours, quand il a fallu, ces hommes ont été prêts au combat, prêts à la défense, prêts à l’attaque, maîtres de leurs corps et de leurs âmes. Dites-vous que nous avons vu cela et concevez ce que nous avons envie de répondre aux stratèges de cabinet qui nous demandent avec condescendance si le moral n’est pas trop mauvais.

 

Dans cet enfer, la solidarité, sous sa forme la plus haute, se manifeste à tout instant. Pour transporter un blessé, chacun est prêt à risquer la mort. Pour aller chercher un tué qu’on aime, il y a des volontaires qui, chaque nuit, rampent en avant des lignes. Pour nourrir les combattants, il y a les cuistots qui, une fois par vingt-quatre heures, font, sous l’averse d’acier, un trajet qui en dure douze et plus. Ils vont, agiles et sonores, retentissant du bruit des bouteillons et des gamelles, débouchant dans le noir du village écrasé, dont les détours leur sont familiers. D’une allure de course, bondissant presque, l’œil ouvert et l’oreille tendue, trouvant le trou favorable contre la « marmite » qui siffle, se relevant, se recouchant, poussant vers l’avant, où les autres ont faim, ils vont, laissant chaque fois en route quelqu’un des leurs, qu’on découvre après, décapité ou éventré. Ils vont, avec toutes leurs forces, avec tout leur cœur, fiers de leur obscure et vitale mission, sachant qu’il dépend d’eux qu’on veille mieux au créneau, qu’on tire plus juste et qu’on attaque plus fort. Gars héroïques, qui vous bousculent de leur ferraille au croisement des boyaux ; qui revendiquent gaiement pour la « bidoche » et le « pinard » la priorité de passage ; sublimes serviteurs de la France qui se bat et qui, par eux, mange, boit et vit.

 

Quand la corvée est passée et que la soupe – bien froide – a donné du cœur au ventre, on se met au travail d’un bras plus robuste. Et quel travail !

 

Comme une charrue inlassable, le feu allemand creuse, ouvre, arrache, bouleverse, nivelle et retourne. Il y avait là une tranchée, finie la veille : il faut la refaire. Dans cet abri écroulé, des hommes, vivants peut-être, sont enfermés : il faut les dégager. Pour aller au poste du colonel, on avait creusé hier un boyau : aujourd’hui, c’est la pleine campagne où les gens d’en face vous tirent au passage ; il faut creuser de nouveau et, de nouveau, ouvrir la voie.

 

A ces hommes qui se sont battus, qui se battront, on doit à tout instant demander le dur effort de remuer la terre, de remplir les sacs, de les placer, de refaire le parapet, la banquette, les pare-éclats. Jamais un refus, tant est fort le sentiment professionnel de la nécessité, tant est instinctif le geste de se protéger derrière la terre remuée. Il y a des gens qui disent doctoralement : « Le soldat français n’aime pas remuer la terre ». Qu’ils aillent y voir ! Ils connaîtront mieux, en revenant, nos splendides terrassiers.

 

On redescend la nuit prochaine, car le commandement ménage les unités et les relève aussi souvent que possible. A une heure indéterminée, quand les remplaçants auront pu franchir les barrages et gagner le secteur, on se mettra en route, bien las, bien lourds, contents tout de même et déjà reposés d’avoir prononcé ce mot : le repos. Les guides sont partis pour montrer la route aux nouveaux venus. On les guette. Ils arrivent. On passe les consignes et, par sections, en avant ! Comme pour venir, c’est le coup de veine : on passera ou on ne passera pas. Peut-être un quart d’heure, peut-être une demi-heure, peut-être plus, il faudra « se planquer », se coucher, se tapir, et puis on repartira.

 

Voilà la côte redoutable, où l’ennemi, sans arrêt, cherche nos batteries. Il est rare qu’on échappe à son feu : question de plus ou de moins. Si, la zone dangereuse passée, tout le monde est là, quelques-uns blessés, mais pas de morts, on est content et, d’un pas plus relevé, on descend vers Verdun – Verdun cité d’horreur pour les imaginations de l’arrière – Verdun, ville de rêve pour les combattants de l’avant. Les « gros » y tombent, c’est entendu. Mais il y a des répits. Il y a des caves. Il y a des abris. Il y a l’idée d’être hors d’affaire, pour cinq jours, six jours peut-être et d’avoir, cette fois encore, « tiré sa peau ». Les cuisines sont là où on les a laissées. Le jus du matin a été soigné de main de maître. A peine au cantonnement, on s’effondre et on dort – on dort jusqu’à épuisement de fatigue, on dort comme dorment les enfants qui ne savent pas ce que c’est que la guerre.

 

Parfois le réveil est dur. Un avion passe et laisse tomber une bombe sur le pavé. Nous avons vu cela l’autre jour. Une compagnie était rassemblée sous les arbres pour le rapport. Elle a été décimée. Une popote d’officiers était réunie dans une salle basse : trois morts atteints par les éclats. Mais ces accidents sont rares et l’on a tôt fait de n’y plus songer. Le repos est court. Dans quelques jours, dans quelques heures peut-être, il faudra remonter « là-haut ».

 

Alors pourquoi « s’en faire » ? Les hommes se lavent. Les capotes sèchent. Des torses nus sa savonnent au soleil. Des manilles se prolongent dans l’ombre. Rien n’existe hors du moment présent, divine philosophie du soldat qui, à la mort près, imprime à la vie de guerre une si parfaite sérénité. Les officiers, pareils aux hommes, sont moins libres qu’eux : car le papier ne chôme pas. Ils s’occupent des renforts, des propositions, des revues d’armes. Mais tout cela est devenu si habituel, si naturel, si instinctif, qu’on n’en souffre pas, qu’on ne s’en inquiète pas. La fonction a créé l’organe et l’organe fonctionne sans heurt, presque sans pensée, avec la régularité d’un corps sain et bien équilibré.

 

Cette adaptation parfaite au milieu, au devoir, au danger, voilà le caractère dominant de l’infanterie française. Le temps passé y est pour beaucoup. Mais quel corps et quelles âmes lui ont servi de matière ! ».

 

 

 

Sources :

 

  • Extraits du Journal L’illustration.
  • Photographie ECPAD.

 

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Publié le 7 Janvier 2017

Janvier 1917 dans les tranchées.

 

Faire des recherches historiques s’apparente à un jeu de pistes où des hypothèses sont souvent émises, le doute est permis, mais la vérité est toujours poursuivie. L’une des fautes généralement commise consistant à juger, d’une part, et d’autre part à jauger à l’aune du présent ce qui est passé.

 

Il est donc important de raconter et de placer en perspective. Voyons quelques-uns des éléments de la Première Guerre mondiale, avec un siècle de décalage…

 

 

Janvier 1917 sur le Front de l’Ouest.

 

1917 débute sous un mauvais signe pour l’armée française. Certes les Allemands n’ont pas pris Verdun. Mais la bataille, qui a duré près de 10 mois entre février et décembre 1916, a été une véritable boucherie, engloutissant près de 300.000 tués de part et d’autre. Et la bataille – la défaite – de la Somme a été plus terrible encore avec plus de 206.000 morts ou disparus du côté britannique et près de 70.000 du côté français. Le tout en l’espace de quelques semaines seulement. Partout des soldats se lèvent et commencent d’haranguer les camarades en expliquant les folies de cette guerre. Dans quelques semaines interviendront les premières mutineries… Au total, il y aura 3.500 condamnations dont plus de 500 condamnations à mort mais « seulement » 49 effectives (il y en avait eut plus en 1914 et surtout en 1915). Le général Pétain, le bon général Pétain, étant entre temps parvenu au sommet de la hiérarchie militaire. Les anciens s’en souviendront vingt-trois ans plus tard…

 

 

Janvier 1917 sur le Front de l’Est.

 

La Russie tsariste de Nicolas n’arrive plus à soutenir une guerre contre des ennemis allemand et autrichien mieux équipés et mieux organisés. Comme pour toutes les nations en guerre, les efforts demandés au détournement et à l’augmentation de la production industrielle, de même qu’à la production agricole, désorganisent la société russe. Des émeutes de la faim éclatent un peu partout dès janvier 1917. Elles sont les prémisses à une révolution qui dans les mois suivants va prendre le nom de bolchévique.

 

Ainsi au mois de mars, une première révolution éclate. Elle porte au pouvoir la bourgeoisie libérale qui entend continuer la guerre alors que les soviets, de plus en plus influents, exigent la paix. Ces soviets qui l’emportent au cours d’une seconde révolution, en octobre de la même année, et débutent les pourparlers de paix avec les Empires Centraux.

 

 

Dans les Balkans.

 

Les situations dans les Balkans ne sont jamais simples. En 1914, la Serbie, alliée de la Triple Entente (Grande-Bretagne, France et Russie) est rejointe par l’Albanie dès septembre 1914, le Monténégro et la Roumanie en 1916 et la Grèce en 1917. Cette dernière ayant longuement hésité entre les deux camps. Du côté des Empires centraux, l’Empire ottoman en octobre 1914 puis la Bulgarie une année plus tard, deviennent des alliés.

 

La Première Guerre mondiale commence par la défaite de l’armée serbe qui doit son salut dans sa fuite à travers les montagnes albanaises. S’ensuit la décision par la Triple Entente d’ouvrir un second front avec l’intervention dans la région des Dardanelles, partie du détroit du Bosphore. Mais l’expédition s’avère catastrophique et les gouvernements anglais et français se voient dans l’obligation de replier leurs troupes sur l’Egypte et la Grèce, dans la région de Salonique.

 

En novembre 1916, les Français et les Anglais réussissent à reprendre la ville de Monastir, dans l’actuelle Macédoine, aux troupes bulgares. Le général français Sarrail veut profiter de cette victoire pour forcer son destin. Il planifie pour le printemps 1917 une vaste offensive pour attaquer la Bulgarie et les Empires centraux par le sud. Le temps de la reculade est fini. Bientôt l’espoir va changer de camp et les soldats français de Salonique vont pouvoir abandonner les jardins qu’ils cultivent afin d’éviter le scorbut et la malaria pour reprendre leurs armes.

 

 

Au Moyen-Orient.

 

Au Moyen-Orient, les combats commencent dès le début de la Première Guerre mondiale. En janvier 1915, les Ottomans tentent de prendre le canal de Suez aux Anglais, alors puissance colonisatrice de l’Egypte. Les Turcs sont sévèrement battus.

 

En 1917, les Britanniques étendent leur zone d’opération contre le Palestine ottomane. Les premières batailles sont lancées mais les Ottomans résistent. En octobre 1917, après six mois de préparation, les Britanniques lancent une nouvelle offensive, fructueuse celle-là car elle leur permet en quelques semaines d’être aux portes de Jérusalem. En Arabie, le colonel Lawrence, envoyé par le général Archibald Murray, commandant du corps expéditionnaire égyptien, pour opérer en tant que conseiller militaire auprès de l’émir Fayçal, organise la prise du port d’Aqaba dans l’actuelle Jordanie. Mais plutôt que de le prendre par la mer, il fait traverser le désert à des milliers de bédouins. Au passage il réunit plusieurs tribus arabes. La défaite ottomane est consommée.

 

Au même moment, du côté diplomatique, Anglais et Français se mettent d’accord pour se partager une grande partie du Moyen-Orient en deux zones d’influence. Ce sont les Accords Sykes-Picot qui vont engendrer à la fois la paix mais aussi des zones de tensions qui perdurent encore aujourd’hui…

 

 

En Afrique.

 

Il est logique pendant la Première Guerre mondiale de se faire la guerre entre ennemis, même à des milliers de kilomètres de l’Europe. Les puissances colonisatrices vont allègrement franchir le pas en 1914. En Afrique de l’Est, au Tanganyika (Tanzanie), colonie allemande, les troupes doivent affronter celles de l’Empire britannique installées au Kenya. Les Allemands subissent une sévère défaite et reculent au Mozambique. Là, elles vont combattre contre les Portugais qui sont la puissance colonisatrice du pays et qui sont alliés des Anglais et des Français.

 

Mais autant les Anglais se sont préparés autant les Portugais ne le sont pas. Ils se font littéralement étrillés.

 

 

Les Etats-Unis.

 

Le président Woodrow Wilson, ancien gouverneur de l’Etat du New Jersey, non loin de celui de New-York, a été élu pour un premier mandat le 5 novembre 1912. Il est réélu – de justesse – quatre années plus tard en 1916 sur le slogan suivant : « Nous ne sommes pas en guerre, grâce à moi ». En dépit de relations particulièrement détériorées avec le Reich allemand, les Etats-Unis cherchent à être fidèles à une politique qu’ils suivent depuis près d’un siècle : l’isolationnisme. En effet, en 1823, le président américain Monroe a présenté sa conception de la politique étrangère : que les Etats-Unis n’interviennent pas dans les affaires de l’Europe comme les puissances européennes ne doivent pas intervenir dans celles des Amériques.

 

Tout au long du siècle écoulé les Etats-Unis ont eu pour but premier de se constituer un vaste territoire géographique et économique. Ils ont dû par la suite affronter une guerre civile – la Guerre de Sécession – particulièrement meurtrière et destructrice.

 

Aussi, n’est-il pas question d’interférer dans ce conflit mondial, mais principalement européen. En janvier 1917, le président Wilson propose qu’il soit mis fin à la guerre en plaidant pour une paix sans vainqueurs. Wilson sait ce que les Etats-Unis doivent à la France pendant la Guerre d’Indépendance ; il sait aussi que les Allemands cherchent par tous les moyens à les entraîner dans la guerre (torpillage du Lusitania, ce paquebot anglais où vont périr plus d’un millier de personnes dont 114 Américains).

 

Mais 1917 marque également la fin de cette posture. Dès le mois de février, devant le non respect par l’Allemagne des pays neutres, les relations diplomatiques sont rompues (les Allemands ont décidé de couler tous les navires qui s’approchent de l’Europe – y compris ceux relevant de pays neutres). En avril, Wilson fait un discours au congrès pour demander une déclaration de guerre à l’Allemagne ; demande acceptée le 6 de ce mois. En octobre 1917, les premiers campements de soldats américains sur le sol français sont installés non loin de Nantes. Le président vient d’ouvrir le chapitre de « l’interventionnisme américain », doctrine toujours en vigueur un siècle plus tard…

 

 

 

Sources :

 

  • Maurice Genevoix, Ceux de 14, Ed. Flammarion.
  • Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
  •  André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.
  • Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
  • - Pierre Miquel : Le gâchis des généraux, Plon 2001 ; Les Poilus, Plon, 2000 ; Je fais la guerre, Clemenceau, Taillandier, 2002.

 

 

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Publié le 24 Octobre 2016

Auguste Gervais et Françoise-Marie Picoche.

Auguste Gervais et Françoise-Marie Picoche.

Une éducation militaire.

 

Auguste Gervais nait le 6 décembre 1857 à Paris VIIIe. Il est le fils d’un négociant parisien, Louis Aimable Gervais, et d'Adeline Joséphine Brochard. En 1870, il entre au lycée Charlemagne, où il entame des études supérieures. Cinq années seulement après la guerre franco-prussienne, il est admis à l’école militaire de Saint-Cyr, d’où il sort en 1877 avec le grade de sous-lieutenant d'infanterie. Il est alors affecté au 129e régiment d’infanterie. Il poursuit par la suite sa formation militaire en intégrant l'École spéciale militaire qu’il fréquente de 1877 à 1879. Dans l’armée, il occupe un rôle d’administrateur. Quelques années plus tard, Auguste Gervais intègre le cabinet du ministre de la Guerre, le général Jean Thibaudin, où il reste du 31 janvier au 9 octobre 1883. C’est à ce moment qu’il commence à côtoyer les principaux hommes politiques de son temps.

 

Entrée dans la vie journalistique.

 

Auguste Gervais quitte alors l’armée pour raisons de santé avec le grade de lieutenant de chasseurs à pied et se lance dans le journalisme. D’abord proche des idées socialistes qui apparaissent à cette époque, il va rejoindre progressivement la gauche républicaine animée par les radicaux. Spécialisé dans les questions militaires, il travaille successivement au sein de la rédaction du National (1882-1887), de La Petite République (1887-1888), période à laquelle Jean Jaurès commence à y collaborer, puis du Petit Journal (1888). Remarqué par Georges Clémenceau, député de Paris depuis 1876, Auguste Gervais adhère aux idées de ce dernier et part rejoindre les quotidiens le Matin, le Soir, puis enfin L'Aurore, journaux auxquels celui-ci collabore.

 

En reconnaissance de ses travaux (il a aussi écrit de nombreux ouvrages), Auguste Gervais est fait chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet 1892, avant de devenir également officier de l’Instruction publique. En marge de son activité littéraire, comme beaucoup d’hommes politiques de cette époque, Auguste Gervais est initié à la franc-maçonnerie et intègre la loge Thélème en juillet 1895. Par la suite, il sera membre de la société Philomathique de Paris et en deviendra son Président d'honneur en 1907.

 

C’est vers 1880 que la vie politique locale commence réellement à se développer à Issy-les-Moulineaux, à l’époque de la première vague d’industrialisation de la commune, tandis qu’on y observe une croissance démographique importante liée à cet essor économique. L’Isséen Auguste Gervais décide alors d’y prendre part.

 

L’homme politique.

 

Deux groupes politiques avec des tendances bien distinctes émergent à Issy-les-Moulineaux. Edouard Naud, maire d'Issy-les Moulineaux de 1871 à 1878, se situe plutôt à droite. Tendance opposée aux maires qui vont par la suite se succéder : Auguste Hude, maire de 1884 à 1888 ; Jean Baptiste Charlot, maire de 1888 à 1894 ; Henri-Oscar Mayer, maire de 1894 à 1903, puis de 1908 à 1911, et à Auguste Gervais, encore plus à gauche. La tendance politique de ce dernier tend alors à devenir majoritaire à mesure que la croissance industrielle et par là même la population ouvrière gagnent en importance.

 

Auguste Gervais se présente lors des élections communales du 1er et du 8 mai 1892 sur la liste conduite par le maire sortant Jean-Baptiste Charlot, qui remporte les élections.

 

Lors du premier conseil municipal organisé le 15 mai 1892, Auguste Gervais est élu maire-adjoint d’Issy-les-Moulineaux, en même temps qu’un dénommé Sourdive. Une de leurs premières initiatives est, lors de la séance du conseil municipal du 21 avril 1894, de changer l’appellation de vingt-quatre voies de la commune en choisissant des noms tirés de l’histoire révolutionnaire de 1789. C’est ainsi qu’apparaissent la rue de l’Egalité, les rues Danton, Chénier et Desmoulins, la rue de l’Abbé Grégoire. Les philosophes des Lumières sont aussi mis à l’honneur, notamment d’Alembert, Diderot, Rousseau et Voltaire. De ce fait, leur empreinte sur le territoire isséen est toujours visible à l’heure actuelle dans les rues de la ville.

 

Le 24 septembre 1894, suite à un désaccord avec sa majorité, Jean-Baptiste Charlot décide de démissionner de son fauteuil de maire. Henri-Oscar Mayer lui succède. Auguste Gervais renonce alors à son mandat de maire-adjoint. Il semble avoir suivi la décision de Jean-Baptiste Charlot en restant simplement l’un des vingt-sept conseillers municipaux de la commune. Lors du scrutin municipal de 1896, la liste conduite à Issy-les-Moulineaux par le maire sortant Henri-Oscar Mayer, sur laquelle figure Auguste Gervais, remporte les élections dès le premier tour avec 1196 voix contre 933 voix pour Fauch de l’Union républicaine et 475 voix pour Chéradame, menant une liste socialiste révolutionnaire.

 

Au-delà de ces élections locales, Gervais remporte de nouveaux mandats électoraux. Membre de la Gauche radicale socialiste, il est élu au Conseil général de la Seine et siège comme représentant du canton de Vanves de 1893 à 1898. Il est même élu président du Conseil général de la Seine de 1896 à 1897.

 

Lors des élections législatives des 8 et 22 mai 1898, Auguste Gervais est élu député dans l’arrondissement de Sceaux, à savoir la quatrième circonscription de la Seine nouvellement créée, qui regroupe alors Sceaux et Vanves. À la Chambre des députés, Auguste Gervais intervient largement sur les questions militaires. Il prend aussi des initiatives nationales en fonction des événements affectant directement la vie de ses administrés. Par exemple, après une explosion à la cartoucherie de munitions Gévelot le 14 juin 1901, qui fait dix-sept morts et de nombreux blessés, Auguste Gervais est à l’initiative d’une pétition – signée également par deux autres parlementaires, Emmanuel Chauvière et Georges Girou, députés de la Seine qui résident à Issy-les-Moulineaux –, à l’adresse des parlementaires afin de permettre d’indemniser les familles des victimes.

 

Lors des élections législatives suivantes du 27 avril et du 11 mai 1902, Auguste Gervais est réélu de justesse avec 8 552 voix face au candidat de la droite Dumonteil, qui recueille 7 523 voix. C’est sans doute en raison de sa courte victoire aux législatives de 1902 qu’Auguste Gervais, réélu conseiller municipal lors des élections de 1900, décide de briguer la direction du conseil municipal en 1903 en qualité de maire d’Issy-les-Moulineaux.

 

Maire d’Issy-les-Moulineaux.

 

Auguste Gervais devient maire d’Issy-les-Moulineaux le 22 mars 1903. Radical socialiste, il reste à la tête de la commune jusqu’en 1908. Pour mémoire, il faut rappeler qu’au moment du recensement de 1901, la commune compte 930 maisons reparties en 4 327 ménages, regroupant au total 16 639 habitants. Le nombre d’électeurs inscrits sur les listes électorales en 1903 est de 3 890 (les femmes n’ayant pas encore obtenu le droit de vote).

 

Suite aux élections législatives des 6 et 20 mai 1906, Auguste Gervais est réélu dans la 4e circonscription de la Seine. Il siège à la Chambre des députés dans le groupe des Républicains radicaux. Trois ans plus tard, Auguste Gervais est élu sénateur lors des élections du 3 janvier 1909. Devenu l’un des dix sénateurs du département de la Seine, il démissionne de son siège de député le 22 janvier 1909.

 

Membre du groupe de la gauche démocratique, Auguste Gervais fait partie de la commission militaire du Sénat. Il intervient fréquemment sur les textes de lois discutés au palais du Luxembourg, notamment sur le budget, le recrutement et les moyens matériels de l’armée. Alors qu’il continue à s’intéresser aux questions coloniales, il assure le secrétariat du groupe colonial du Sénat en 1910 et en 1914, et la vice-présidence du groupe d'études algériennes du Sénat en 1910.

 

Concernant les questions économiques, Auguste Gervais s’illustre particulièrement au sein de la commission des finances du Sénat. Il siège à la commission pour l’assistance aux familles en difficulté en 1909 et œuvre beaucoup en faveur de la mise en place d’un système de retraite pour les ouvriers et les paysans.

 

Mort pour la France.

 

Au cours de la Première Guerre mondiale, Auguste Gervais se fait remarquer par ses prises de position lors des séances publiques portant sur les questions militaires, étant lui-même un expert en ce domaine. Il convient également de rappeler que la commune d’Issy-les-Moulineaux regroupe plusieurs industries d’armement comme Gévelot et les usines d’aéronautique réparties le long du terrain militaire du Champ de Manœuvres. Le 14 juillet 1917, Auguste Gervais est promu officier de la Légion d’honneur.

 

Le 24 août 1917, au retour d’une mission d’inspection des avant-postes du front, effectuée en qualité de rapporteur de la commission de l'armée du Sénat, Auguste Gervais est victime d’un accident de voiture. Transporté en urgence à l’hôpital Boucicaut dans le XVe arrondissement de Paris, il y décède quelques jours plus tard, dans la nuit du 30 au 31 août 1917. Il a alors 60 ans.

 

Auguste Gervais est inhumé au cimetière communal d’Issy-les-Moulineaux. Un médaillon en bronze à son effigie est placé sur la stèle de son monument funéraire. Décoré de la Croix de guerre, Auguste Gervais obtient le titre de Mort pour la France. Suite à une délibération du conseil municipal d’Issy-les-Moulineaux en date du 25 novembre 1917, une rue de la ville porte aujourd’hui le nom de son ancien édile. D’une longueur de 305 mètres, la rue Auguste Gervais borde la place de la mairie.

 

« Mon arrière-grand-père », par Béatrice Liébard.

 

En complément du texte rédigé ci-avant par Monsieur Thomas Nuk, historien et qui été membre du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux, voici des éléments fournis par Madame Béatrice Liébard, arrière-petite-fille d’Auguste Gervais et que nous remercions vivement.

 

  • Auguste Gervais épouse en 1882 Françoise-Marie Picoche, avec laquelle ils auront six enfants :
    • Fernand, avocat, sous-préfet puis préfet, directeur de la Santé publique au Gouvernement général d’Algérie.
    • Villeneuve, secrétaire dans différents cabinets ministériels et qui deviendra publiciste.
    • Maurice, directeur de l’hôpital d’Argenteuil.
    • Raymond (peu de renseignements).
    • René-Pierre (idem).
    • Jacques, qui meurt en bas âge.
  • En 1911, il se trouve sur le terrain d’aviation d’Issy les Moulineaux au milieu de personnalités venues assister à la course d’aviation Paris-Madrid qui se termine tragiquement par la décapitation (accidentelle) du Ministre de la Guerre Maurice Berteaux.
  • Les Gervais habitaient une maison qui a été détruite et sur le terrain de laquelle a été construit le musée français de la Carte à jouer.
  • Le jour de ses obsèques, « le convoi s’étendaient sur plus de un kilomètre » !

 

Ci-dessous figure un album de photographies, rassemblées par Madame Liébard : Auguste Gervais à différentes époques de sa vie ; avec son épouse ; sa canne et ses emblèmes maçonniques ; son écharpe de maire ; la maison située dans l’actuelle rue Gervais ; Maurice Berteaux avec qui il se trouvait juste avant l’accident ; les présidents Fallières, Loubet, Faure et Poincaré ; sa tombe au cimetière d’Issy.

 

 

 

Principales sources :

 

  • Ce texte a pour partie été rédigé par Thomas Nuk, qui a été membre du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Archives nationales, Légion d’honneur, dossier individuel Auguste Gervais ;
  •  Becchia Alain, Issy-les-Moulineaux, Histoire d’une commune suburbaine de Paris, Chez l’auteur, 1977 ;
  • Beis Pierre, Issy-les-Moulineaux au jour le jour il y a 100 ans ;
  • Centre de recherches historiques d’Issy-les-Moulineaux, Lettre d’information, Hors-série, 1994 ;
  • Collectif, Issy-les-Moulineaux, 2 000 ans d’histoire, Issy média, 1994 ;
  • Collectif, Issy-les-Moulineaux, Notice historique et renseignements administratifs, Conseil général de la Seine, Montévrain, 1903 ;
  • Jolly Jean (sous la dir. de), Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940, Paris, Presses universitaires de France 1960, notice sur Auguste Gervais.

 

 

Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.
Au temps d'Auguste Gervais.

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Publié le 1 Octobre 2016

La stèle de l'entrée de la Forêt des Combattants.
La stèle de l'entrée de la Forêt des Combattants.

A Vanves.

André du Fresnois, nait Casinelli à Vanves le 1er avril 1887. En ce temps-là débute la construction de la Tour Eiffel à Paris, et les salles d’asile – comme on les appelle alors – deviennent des écoles maternelles.

André Casinelli est le fils d’un économe du lycée Michelet, alors établissement prestigieux, qu’il est resté d’ailleurs. Le jeune homme, très attiré par les lettres, commence sa carrière relativement jeune. Il écrit deçà delà dans des revues qui disparaissent assez rapidement. Puis il devient critique de théâtre à la Revue critique des idées et des livres. On dit de lui qu’il a le teint brouillé, que ses yeux sont « clignotants » et qu’il donne l’air sans arrêt d’être surmené. Il est vrai que le jeune homme doit écrire et réécrire de nombreuses avant que ses papiers ne soient acceptés.

Pour autant, le succès vient. On remarque son intelligence et son esprit pétillant. Dans son livre de mémoires, paru en 1947 (Ed. Arthème Fayard), André Billy (1882-1971) dit d’André du Fresnois : « André du Fresnois appartenait par ses goûts et ses tendances à l’école néo-classique, laquelle relevait de l’Action française, et je crois bien qu’en effet, André du Fresnois était royaliste, mais sans fanatisme et plutôt à la façon voltairienne et sceptique de Bainville qu’à celle de Maurras. Il avait l’intelligence vive et déliée et il écrivait d’une plume éclatante et cursive que je lui ai toujours enviée. Il admirait beaucoup Jules Lemaître et c’est un point sur lequel nous étions d’accord. Il n’a été publié de du Fresnois qu’un livre, recueil de ses meilleurs articles : Une année de critique ».

En effet en 1913, alors qu’il n’a que 26 ans, il publie ce recueil qui est remarqué par la critique. L’année suivante, il est rappelé sous les drapeaux.

La Grande Guerre.

André du Fresnois ne va pas connaître une guerre très longue. Il est malheureusement porté disparu dès le 22 août 1914 dans les combats de Courbesseaux, en Lorraine. L’armée française est alors en train de vivre ce qui sera plus tard appelé « la bataille des frontières » : il s’agit de l’une des premières vagues de combat en ce mois d’août. D’un côté les Allemands entrent en Belgique et en France, de l’autre l’armée française tente une offensive en Lorraine, alors allemande. Mais les victoires allemandes entraînent à partir du 23 août la retraite de l’aile gauche française et du contingent britannique jusqu’en Champagne. Cet épisode, connu sous le nom de « Grande Retraite » se terminera un mois plus tard par la victoire française de la bataille de la Marne. Dans son ouvrage publié en 1995 « 14-18 Mille images inédites » (Ed. Chêne), l’historien Pierre Miquel indique : « Les Français sont tout de suite surpris par les techniques allemandes d’offensive. Ils sont écrasés par les canons à tir long et refluent bientôt en désordre. Toutes les offensives dans le Nord-est ont échoué. La bataille des frontières est un sanglant désastre : les « pantalons rouges » se sont fait hacher par les mitrailleuses allemandes, écraser par les obus lourds, avant même d’être entrés au contact de l’ennemi. La puissance de feu a empêché les charges à la baïonnette et l’esprit offensif recommandé par les généraux de l’école de guerre n’a pas résisté à la guerre de mouvement. Psichari et Péguy sont tombés dans les blés murs ».

Ce ne sont pas les seuls écrivains à tomber à ce moment-là (Ernest Psichari était le petit-fils de Renan). Entre août et septembre 1914, ils sont 85 « Ecrivains Combattants » à tomber sous le feu de l’ennemi, l’un des plus connus étant sans conteste Alain Fournier.

Les Ecrivains combattants.

Dès 1914 est publié un bulletin, appelé Bulletin des écrivains, publication mensuelle dans laquelle se trouvent des récits, poèmes, journaux, romans écrits par les écrivains mobilisés. Une association est formellement créée le 27 juin 1919 et réunit tous les écrivains qui ont porté les armes. Cinq années plus tard, une anthologie de cinq volumes des écrivains morts à la guerre est publiée. Deux à trois fois par an, un bulletin, reprenant souvent les publications des membres, est édité par l’association. De même, des prix littéraires sont annuellement remis.

Le 15 octobre 1927, le président de la République, Gaston Doumergue inaugure au Panthéon, à Paris, des plaques de marbre portant les noms de 560 écrivains morts pendant la Première Guerre mondiale (197 noms seront ajoutés en 1949, après la Seconde Guerre mondiale).

En 1930, des inondations dans le sud-ouest de la France obligent à déboiser de nombreuses forêts. Une campagne de reboisement est orchestrée par le gouvernement. L’association des Ecrivains Combattants, alors présidée par Claude Farrère, décide de participer à ce reboisement. Ainsi est baptisée la Forêt des Ecrivains Combattants : elle se situe dans le massif montagneux du Caroux-Espinousse, dans le département de l’Hérault, sur les communes de Combes et Rosis, au nord de Béziers. Plusieurs stèles sont placées dans cette forêt : à l’entrée ; une à la mémoire d’Alain Fournier ; une à celle d’Erwan Bergot (Indochine – Algérie) ; une à la mémoire de Jean-Marc Bernard (Première Guerre mondiale).

Depuis 1952, cette forêt a été donnée par l’association à l’Etat, qui en a fait un lieu de promenade.

Sources :

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Publié le 10 Juillet 2016

Et Pétain devint chef de guerre.

« Les bombardements de l’artillerie lourde allemande, du 21 février et de la nuit du 21 au 22, précédèrent la ruée des divisions d’assaut ; nulle part encore, sur aucun front et dans aucune bataille, on n’en avait connu de pareils. Ils visaient à créer une « zone de mort », dans laquelle aucune troupe ne pourrait se maintenir. Une trombe d’acier, de fonte, shrapnells et de gaz toxiques s’abattit sur nos bois, nos ravins, nos tranchées, nos abris, écrasant tout, transformant le secteur en un champ de carnage, empuantissant l’atmosphère, portant l’incendie jusqu’au cœur de la ville, s’attaquant même aux ponts et aux localités de la Meuse jusqu’à Génicourt et Troyon. De formidables explosions secouaient nos forts, les empanachaient de fumée. On ne saurait décrire une telle action, qui n’a sans doute jamais été égalée en violence et qui concentra, sur le triangle étroit compris entre Brabant-sur-Meuse, Ornes et Verdun, le feu dévastateur de plus de 2 millions d’obus !

Lorsque les troupes allemandes se portèrent en avant, par petits éléments, le 21 après-midi, puis le 22 au matin – après une nuit où l’artillerie avait repris sans interruption son « pilonnage » infernal – par colonnes se poussant les unes les autres, elles espéraient progresser l’arme à la bretelle. Quelles ne furent pas leur stupéfaction et leur désillusion de voir que partout, sur leur chemin, des Français surgissant des décombres et – loqueteux, épuisés, mais redoutables quand même – défendaient les ruines de tous leurs points d’appui !

La résistance des chasseurs de Driant, le député-soldat, l’écrivain célèbre, vaut qu’on la rappelle.

Dans le bois des Caures, veillaient les 56e et 59e bataillons de chasseurs, avec quelques éléments du 165e régiment d’infanterie, en tout quelques 1.200 hommes ; 6 batteries de 75 et 8 batteries lourdes les appuyaient. Ils furent assaillis par les quatre régiments, soit 8.000 à 10.000 hommes, que soutenaient 7 batteries de 77 mm et environ 40 batteries lourdes. Le bombardement préparatoire les avait littéralement écrasés ; la plupart des abris s’étaient effondrés sous les explosions ; les pertes, avant la prise de contact avec l’assaillant, atteignaient un chiffre très élevé. Nos chasseurs tinrent cependant, à l’intérieur du bois, cernés et traqués de tous côtés, pendant près de vingt-quatre heures. Les troupes du 30e corps déployaient une vaillance étonnante et presque invraisemblable. Chaque centre de résistance – bois, village, lacis de tranchées éboulées ou groupement chaotique de trous d’obus – permettait à nos unités de renouveler les exploits des chasseurs de Driant et contribuait pour sa part à briser la ruée.

D’abord en camions-autos, par la route Souilly – Verdun, puis à pied par petites colonnes, les éléments prélevés sur les deux divisions de réserve générales se rapprochaient des lignes. Mais, dès leur débouché au-delà de la Meuse, ils étaient saisis, ralentis et désarticulés par le bombardement, entravés par les évacuations des blessés et par les convois de ravitaillement, engourdis par le froid au cours des longs arrêts que leur imposait le brusque engorgement des arrières. Aux rendez-vous indiqués, à l’entrée de leurs secteurs d’engagement, les unités montantes cherchaient les chefs des fractions déjà au feu et les guides désignés pour les conduire ; or, ceux-ci, pourchassés de place en place par les explosions et par les gaz, errant eux-mêmes dans la bagarre, faisaient souvent défaut…

Alors, les sections et les compagnies de renfort marchaient à l’aventure, droit au nord, progressaient sous les fumées et parmi les bruits assourdissants de la bataille, et soudain se heurtaient à l’adversaire, l’accrochaient, lui opposaient, en attendant mieux, le rempart de leurs corps. Sans contacts à droite et à gauche, sans liaison avec l’artillerie, sans mission précise, sans tranchées pour s’abriter, sans boyaux pour assurer leurs communications, sans savoir à qui et comment adresser leurs comptes rendus ou demander des instructions, elles formaient barrage là où le sort les amenait.

Me trouvant disponible avec mon quartier général à Noailles, je considérais comme extrêmement probable ma désignation pour le front de Verdun, où l’importance de la lutte engagée et des renforts envoyés à la bataille justifiait l’entrée en ligne d’une armée nouvelle. Je ne fus donc point surpris de recevoir, le 24 au soir, l’ordre de mettre immédiatement mon quartier général en route vers Bar-le-Duc et de me présenter moi-même au général Joffre le 25 au matin.

J’arrivai à Chantilly à 8 heures et fut aussitôt introduit auprès du général en chef qui, dans une ambiance quelque peu fiévreuse et agitée, conservait son calme coutumier. Le général Joffre, sans longues phrases, me fit connaître son impression sur la situation qui lui paraissait sérieuse, mais non alarmante ; il me prescrivit de me rendre en toute hâte à Bar-le-Duc pour me tenir prêt à remplir telle mission que le général de Castelnau, mandaté à cet effet, me préciserait. Je me hâtai vers Dugny, au sud de Verdun, où se trouvait le poste de commandement du général. A Dugny, j’appris un grave événement : le 20e corps s’était courageusement battu toute la journée autour du village de Douaumont, mais le fort venait de tomber par surprise au pouvoir de l’ennemi. Nous perdions ainsi le meilleur et le plus moderne de nos ouvrages, celui qui résumait les raisons de notre confiance, le splendide observatoire qui nous aurait permis de surveiller et de battre le terrain des approches allemandes et d’où, maintenant, l’ennemi pourrait diriger ses regards et ses coups vers les moindres replis du cirque sacré de Verdun !

Je rapportai moi-même la nouvelle de la chute du fort aux généraux de Castelnau et de Langle, à Souilly. Le général de Castelnau estimait qu’il n’y avait plus une minute à perdre pour « organiser » le commandement et éviter les erreurs comme celle qui caractérisait les événements de la journée. Dans l’après-midi, il avait téléphoné à Chantilly pour proposer de me confier le commandement des fronts de Verdun sur les deux rives de la Meuse, « avec mission d’enrayer l’effort prononcé par l’ennemi sur le front nord de Verdun ». Le général Joffre approuvait sa décision.

A 11 heures, je prenais donc la direction de la défense de Verdun, déjà responsable de tout et n’ayant aucun moyen d’action… Dans une salle vide de la mairie, je me mettais en communication téléphonique avec le général Balfourier, commandant les forces engagées dans le secteur d’attaque : « Allo ! C’est moi, général Pétain. Je prends le commandement. Faites-le dire aux troupes. Tenez ferme. J’ai confiance en vous… ». « C’est bien mon général. On tiendra ! Vous pouvez compter sur nous comme nous comptons sur vous ! ».

Aussitôt après, j’appelais le général de Bazelaire, commandant les secteurs de la rive gauche, et je lui donnais les mêmes avertissements, en lui indiquant le prix exceptionnel que j’attachais à la conservation de nos positions à l’ouest de la Meuse. Il me répondait, comme venait de le faire le général Balfourier, sur le ton d’une confiance affectueuse et absolue.

La liaison morale, du chef aux exécutants, était assurée.

Un peu plus tard, vers minuit, arrivait le colonel de Barescut, mon chef d’état-major. Sur une carte à grande échelle plaquée au mur, je marquais au fusain les secteurs des corps d’armée en position, ainsi que le front à occuper, et je dictais l’ordre que l’on devrait faire parvenir à toutes les unités le lendemain matin.

Tels furent, à Verdun, mes premiers actes de commandement ».

Des années après la bataille de Verdun, le maréchal Pétain se confia au journal L’Illustration. Le texte ci-dessus est un extrait du journal.

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Publié le 21 Février 2016

Les Isséens tués à Verdun 2/2.

Juin 1916.

  • 4 juin : Georges Souchet, 2e classe au 101e RI (casernement à Saint-Cloud et Paris – en 1914, au moment de la retraite, le 101e reviendra jusqu’à Paris, à la porte de Pantin ; des soldats repartiront au front dans les fameux Taxis de la Marne). Né le 17 septembre 1895 à Paris. « Disparu au combat en date du 4 juin 1916. Date fixée par le Tribunal civil de la Seine en date du 6 mai 1921 ».
  • 15 juin : Joseph Cosmeur, soldat de 2e classe au 410e RI (régiment de réserve ayant le camp Coëtquidan pour lieu de rassemblement de réservistes bretons, normands et de l’est de la France). Né le 19 mars 1880 à Floutech dans les Côtes du Nord (Côtes d’Armor). « Mort des suites de ses blessures à l’hôpital temporaire de Revigny dans la Meuse.
  • 23 juin : Joseph Lanaud, soldat de 2e classe au 407e RI (régiment de réserve ayant pour lieu de regroupement le camp de Châlons à Cuperly dans la Marne). Né le 22 mars 1885 à Peintre dans le Jura. « Tué à l’ennemi à Vaux ».
  • 26 juin : Maurice Motto, soldat de 2e classe au 220e RI (venu du 11e RI). Né le 26 juin 1895 à Paris. A Verdun, en 20 jours, le régiment perd 820 hommes. « Tué à l’ennemi à Fleury (Meuse) ».

Juillet 1916.

  • 7 juillet : Paul Bailly, soldat de 2e classe au 407e RI (se reporter plus haut). Né le 25 septembre 1895 à Nevers dans la Nièvre. « Blessure de guerre à Fleury dans la Meuse ».
  • 11 juillet : Alexandre Trochon, soldat de 2e classe au 370e RI (ce régiment sera dissous après les mutineries de 1917). Né le 18 mai 1878 à Chartres. « Tué à l’ennemi au Bois de Vaux (Verdun) ».
  • 15 juillet : Marcel Boudet, soldat de 2e classe au 130e RI (casernement à Mayenne – en Champagne, en 1915, le régiment perd 1.500 hommes). Né le 7 avril 1897 à Sablé dans la Sarthe. « Mort sur le terrain à Douaumont dans la Meuse ».

Août 1916.

  • 4 août : Martial Chabiron, soldat de 2e classe au 96e RI (casernement à Béziers et Agde). Né le 1er mars 1889 à Ardilly. « Disparu à Thiaumont (Meuse) ».
  • 7 août : Marcel Boissy, soldat de 2e classe au 134e RI (13 citations – le régiment est anéanti en 1914 où il perd près de 3.000 hommes, et à nouveau en 1915 avec 1.200 hommes). Né le 17 mars 1896 à Paris. « Tué à l’ennemi à Fleury-devant-Douaumont ».
  • 15 août : Jacques Riviero, soldat de 2e classe au 134e RI (se reporter avant). Né le 27 février 1879 à Cannes. « Mort des suites de blessures de guerre à l’ambulance 4/54 de Landrecourt dans la Meuse ».
  • 18 août : François Jean, soldat de 2e classe au 143e RI (se reporter avant). Né le 12 mai 1893 à Alfortville dans le Val de Marne (département de la Seine à l’époque). « Tué à l’ennemi à Vaux Chapitre (Meuse) ».
  • 24 août : Albert Zolla, 2e canonnier conducteur au 105e régiment d’artillerie lourde. Né le 17 octobre 1897 à Paris. « Mort des suites de blessures de guerre à l’ambulance 3/5 de Froides (Meuse) ».
  • 25 août : Alfred Crouet, soldat de 2e classe au 80e RI (casernement à Narbonne). Né le 9 décembre 1897. « Tué à l’ennemi à Fleury (Meuse) ».

Septembre 1916.

  • 5 septembre : Joseph Steiner, soldat de 2e classe au 24e régiment d’infanterie territoriale (casernement au Havre). Né le 1er janvier 1875 à Dabo en Alsace-Lorraine. « Disparu au tunnel de Tavannes – Tué à l’ennemi ». La tragédie du tunnel de Tavannes a fait l’objet d’un article sur ce site.
  • 7 septembre : Augustin Blanc, sous-lieutenant au 346e RI (régiment de réserve du 146 avec Toul pour lieu de regroupement). Né le 23 mai 1881 au Puy-en-Velay en Haute-Loire. « Mort de blessures de guerre à la Ferme de Maujouy dans la Meuse ».
  • 12 septembre : Camille Haurigot, soldat de 2e classe au 104e RI (le 104 était l’un des régiments de Paris – il participa à l’épisode des taxis de la Marne). Né le 2 janvier 1895 à Meudon. « Tué par éclats de grenades à Fleury-Thiaumont. Tué à l’ennemi ».

Octobre 1916.

  • 6 octobre : Edouard Ablin, soldat de 2e classe au 507e RI. Né le 27 juin 1888 à Paris. « Tué à l’ennemi à Vaux Chapitre (Meuse) ».
  • 26 octobre : Jean Henry, sergent au 4e régiment de zouaves (régiment de Tunis et Bizerte). Né le 19 février 1890 à Issy. « Tué à l’ennemi à Douaumont (Meuse) ».

Novembre 1916.

  • 8 novembre : Paul Petitpa, caporal au 4e RI (régiment ayant pour casernement la ville d’Auxerre). Né le 7 février 1882 à Paris. « Tué à l’ennemi à Vaux (Meuse) ».
  • 17 novembre : Léonide Wallerand, aspirant au 8e régiment de tirailleurs de marche (régiment décimé et reconstitué à cinq reprises – 5 citations à l’ordre de l’armée). Né le 12 septembre 1896 à Denain (Nord). « Tué à l’ennemi à Douaumont ».

Décembre 1916.

  • 5 décembre : Louis Delcorde, soldat de 2e classe au 246e RI (régiment de réserve avec Paris pour lieu de regroupement). Né le 10 décembre 1876 à Paris. « Tué à l’ennemi à Esnes (Meuse) ».
  • 11 décembre : Albert Guitton, caporal au 8e régiment de tirailleurs de marche (se reporter ci-avant). Né le 18 février 1889 à Tremblay en Ille-et-Vilaine. « Disparu à la Côte 318 (Meuse) ».
  • 15 décembre : Henri Guinet, sous-lieutenant au 2e régiment de tirailleurs de marche (régiment établi en Algérie – 7 citations dont une reçue pour ses combats à Verdun tout au long de l’année 1916). Né le 1er 1889 à Chaville dans le département de Seine-et-Oise (aujourd’hui Hauts-de-Seine). « Tué à l’ennemi à Douaumont ».

Sources :

  • Analyse du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Site Internet : « Mémoire de hommes » du Service historique de la Défense.
  • Les photographies viennent des archives de l’ECPAD.
  • Site Chtimiste – www.chtimiste.com
  • Archives de la Grande Guerre.
  • Inventaire sommaire des archives de la Guerre, de J. Nicot et J.C. Devos, 1975.
Les Isséens tués à Verdun 2/2.

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Publié le 21 Février 2016

Les Isséens tués à Verdun - 1/2

Terribles statistiques.

En 1914, la population française est d’environ 39,5 millions d’habitants. Près de 8.000.000 d’hommes seront mobilisés entre 1914 et 1918 dont 565.000 environ sont originaires des colonies. A la fin de la guerre, la France compte près de 1.400.000 tués et 4.300.000 blessés (coloniaux compris).

Le Comité du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux a étudié le monument aux morts de la ville, place Bonaventure Leca. Celui-ci compte 860 noms d’Isséens morts pendant la Première Guerre mondiale. Ce nombre est à rapprocher avec la population locale de l’époque qui oscillait entre 22.000 et 23.000 habitants. Si l’on répartit celle-ci entre 50 % de femmes et 50 % d’hommes, et que l’on retire tous les jeunes garçons et les plus de 40 ans (législation de l’époque – plus tard les soldats de la territoriale seront appelés aussi et certains auront jusqu’à 50 ans), 860 morts devient un nombre terrifiant en rapport d’une population masculine mobilisable de peut-être 5.000 à 6.000 hommes !

Si l’on continue cette comparaison – sans aucune vérité scientifique – alors on peut appliquer les statistiques nationales à la population locale : 860 morts, cela implique environ plus de 2.500 blessés pour la commune. Soit, peut-être, 50% des appelés !

Tous ne sont pas morts à Verdun. Mais Verdun fut la plus terrible des batailles de la Première Guerre mondiale (se reporter à l’article qui vient d’être publié sur ce site). Pour illustrer ce qui a été indiqué, voici une partie de la liste des Isséens (donc ceux qui habitaient la commune au moment de leur incorporation) qui sont morts pendant cette bataille de Verdun, soit du 21 février 1916 à décembre de la même année, en ordre chronologique. Liste non exhaustive, car il convient d’indiquer que notre Comité du Souvenir Français a pu étudier 604 fiches individuelles sur 860 tués, soit environ 70%

Février 1916.

  • 22 février : Juste Bezet, soldat de 2e classe au 233e régiment d’infanterie (RI – casernement à Arras dans le Pas-de-Calais). Né le 18 mai 1880 dans le Pas-de-Calais. « Tué à l’ennemi ».
  • 23 février : Félix Favelot, soldat de 2e classe au 327e RI (casernement à Valenciennes dans le Nord). Né le 14 septembre 1879 à Paris. « Tué à l’ennemi au bois de Wavrille (Meuse) ».
  • 28 février : Marie-Jules Valtin, soldat de 2e classe au 44e régiment territorial d’infanterie (casernement à Verdun – le régiment sera dissous en mars 1918). Né le 24 novembre 1872 dans le département de Meurthe-et-Moselle. « Mort des suites de ses blessures à l’ambulance 3/5 de Clermont-en-Argonnes ».
  • 29 février : Auguste Barbé, soldat de 2e classe au 303e RI (casernement à Alençon – régiment de réserve du 103e – en octobre 1915, plusieurs explosions de mines ensevelissent près de 200 hommes). Né le 28 août 1886 à Grazay en Mayenne. « Tué à l’ennemi ».

Mars 1916.

  • 3 mars : Gustave Reisser dit Thomas, caporal au 22e régiment d’infanterie territoriale (casernement à Rouen). Né le 3 mars 1876 en Alsace-Lorraine (alors occupée par les Prussiens). « Tué à l’ennemi à Douaumont ».
  • 7 mars : Auguste Moutard, soldat de 2e classe au 34e régiment d’infanterie territoriale (casernement à Fontainebleau). Né le 18 octobre 1873 à Ris-Orangis. « Tué à l’ennemi dans les combats de Verdun ».
  • 10 mars : Marcel Laudé, soldat de 2e classe au 3e bataillon de chasseurs à pied (casernement à Saint-Dié). Né le 4 novembre 1889 à Crépy-en-Valois dans l’Oise. « Tué à l’ennemi au fort de Vaux ».
  • 13 mars : Adrien Patry, soldat de 2e classe au 16e bataillon de chasseurs à pied (casernement à Labry en Meurthe-et-Moselle – à l’automne 1915, seuls 150 hommes du régiment sont encore valides). Né le 16 octobre 1888 à Paris dans le 15e arrondissement. « Mort de blessures de guerre à l’ambulance 1/2 de Verdun ».
  • 14 mars : Achille Bicheray, soldat de 2e classe au 3e bataillon de chasseurs à pied (se reporter ci-avant). Né le 21 mai 1889 à Asnières. « Tué à l’ennemi ».
  • 16 mars : Alfred Maraldi, soldat de 2e classe au 154e RI (casernement à Lérouville dans La Meuse – fin 1916, quelques soldats en premières lignes tentent une approche de fraternisation avec des soldats allemands, séparés de seulement quelques mètres). Né le 26 août 1892 à Paris. « Tué au Mort-Homme à Verdun. Décès fixé disparu au combat par décision du 30 septembre 1920 ».
  • 23 mars : Alfred Lemaire, 2e canonnier servant à la 2e batterie du 45e régiment d’artillerie (casernement à Orléans). Né le 7 décembre 1893 à Vanves. « Décédé à l’hôpital de Sainte-Menehould des suites de blessures de guerre ».

Avril 1916.

  • 8 avril : Albert Gladines, soldat de 2e classe au 160e RI (casernement à Toul – en 1915 le régiment perd 1.000 hommes dans l’offensive en Artois). Né le 8 août 1888 à Paris. « Tué à l’ennemi ».
  • 8 avril : Charles Piesses, soldat de 2e classe au 24e RI (casernement à Paris et Fort d’Aubervilliers). Né le 26 décembre 1895 à Paris. « Tué à l’ennemi à Vaux ».
  • 9 avril : Robert Ribot, 2e classe au 32e RI (casernements à Tours et Châtellerault). Né le 2 septembre 1880 à Issy. « Tué à l’ennemi ».
  • 14 avril : Louis Delcey, 2e classe au 227e RI (casernement à Dijon – fin 1916, le régiment part faire la guerre en Orient). Né le 11 mai 1882 à Dôle dans le Jura. « Mort des suites de blessures, à Brocourt dans la Meuse ».
  • 18 avril : Gilbert Bourdelier, 2e classe au 287e RI (casernement à Saint-Quentin – régiment de réserve du 87e RI). Né le 3 août 1878 à Cossaye dans la Nièvre. « Tué à l’ennemi, au Mort-Homme dans la Meuse ».

Mai 1916.

  • 5 mai : Xavier Laforêt, 2e classe au 290e RI (régiment de réserve du 90e RI – casernement à Châteauroux – à Verdun le régiment perd 800 hommes). Né le 18 mai 1877 à Gelon dans le département de l’Indre. « Tué à l’ennemi à la Côte 304 dans la Meuse ».
  • 14 mai : Honoré Gralle, soldat de 2e classe au 2e RI (casernement à Granville dans la Manche). Né le 4 novembre 1879 à Saint-Servan en Ille-et-Vilaine. « Mort pour la France le 14 mai 1916, des suites de ses blessures à l’hôpital de Sainte-Menehould ».
  • 16 mai : Pierre Dugué, 2e classe au 354e RI (casernement à Bar-le-Duc – régiment de réserve du 154e RI). Né le 22 août 1885 à Vitry-sur-Seine. « Tué à l’ennemi à Verdun dans la Meuse ».
  • 22 mai : Jean Jetain, soldat de 2e classe au 151e RI (casernement à Verdun – en 1914, entre août et octobre, le régiment a plus de 1.500 tués). Né le 8 avril 1892 à Plestin-les-Grêves dans les Côtes du Nord (Côtes d’Armor). « Tué à l’ennemi au Mort-Homme dans la Meuse ».
  • 23 mai : Etienne Billard, 2e classe au 69e bataillon de chasseurs à pied (casernement à Epernay). Né le 20 septembre 1884 à Igornay en Saône-et-Loire. « Porté disparu dans les Carrières d’Houdromont à Verdun (Meuse) ».
Les Isséens tués à Verdun - 1/2

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