premiere guerre mondiale

Publié le 21 Janvier 2010

166ri

 

 

Un régiment révolutionnaire.

 

 

 

En 1794, le gouvernement de la 1ère République française créé la 166ème demi-brigade de Bataille, ancêtre du 166ème régiment d’infanterie.

 

L’année suivante, sous le commandement du général Schérer puis du général Kellermann, l’unité participe à la Première Campagne d’Italie. Il s’agit pour la France d’aller combattre l’Autriche sur plusieurs fronts : le Main, le Danube et en Italie du nord. L’engagement dans cette région est confié au tout jeune général Bonaparte, avec les succès que l’on sait…

 

La demi-brigade prend part ensuite aux guerres de l’Empire. Beaucoup plus tard, en 1913, l’unité devient le 166ème régiment d’infanterie et établit ses quartiers dans la caserne Chevert à Verdun, dans la Meuse. Sa devise est : Je suis de Verdun. Régiment de forteresse, l’unité reçoit dans sa formation des bataillons des 132, 150, 151 et 154ème RI. Les soldats qui le composent sont donc originaires du nord et de l’est de la France auxquels sont ajoutés des Normands et des Parisiens. Le régiment de réserve porte le numéro 366.

 

 

Etre du Bourbonnais.

 

Commune du sud du département de l’Allier, dans l’arrondissement de Montluçon, aux confins du Bourbonnais et de l’Auvergne, Blomard est de ces petits villages qui représentent bien la France rurale du début du 20ème siècle, chère à l’historien Pierre Miquel, avec ses paysans, ses cafés et autres échoppes modestes, son église, son école et son instituteur, hussard noir de la République, et ses commerçants ambulants.

 

C’est là que le 21 septembre 1896 nait Ferdinand Pontet. Il a pour frères Albert et Louis. Ferdinand apprend le métier de maçon et « monte sur Paris », comme bon nombre de jeunes à la recherche d’un emploi et s’installe à Issy-les-Moulineaux, alors commune du département de la Seine.

 

 

La Première Guerre mondiale.

 

Un document exceptionnel (« Mon régiment ») a été retrouvé et numérisé par Monsieur Marc Terraillon en 2007. Il s’agit de l’histoire du 166ème régiment d’infanterie racontée par l’un de ses soldats pendant la Première Guerre mondiale. Le document a été publié à l’issue du conflit par l’imprimerie Berger-Levrault.

 

En août 1914, donc installé dans la caserne Chevert de Verdun, le 166 est placé en état d’alerte. Sa première mission consiste en une défense active du secteur de Verdun. Pour contrecarrer l’offensive allemande, le 166 est appelé sur le secteur de la ville d’Etain. C’est là, à la tête de ses hommes, que le chef de corps, le colonel Jacquot, est tué d’une balle en plein front, dès les premiers engagements.

 

Plusieurs combats se déroulent ensuite autour de le secteur d’Haudiomont. A la fin de l’année 1914, le régiment a déjà perdu 7 officiers, 22 sous-officiers et près de 300 soldats.

 

En mars et avril 1915, le 166ème RI participe aux attaques dans l’Argonne, sur la plaine marécageuse de la Woëvre. Le bilan est terrible : en octobre de la même année, le régiment est transporté à l’arrière pour se refaire. Près de 1.200 hommes manquent à l’appel.

 

En février de l’année suivante, le 166 est au cœur de la bataille de Verdun : « En dépit de la conjuration des éléments naturels et des inventions les plus meurtrières de la science humaine, nous tenons tête aux attaques réitérées des Allemands ». En septembre suivant, après une période de repos, il est transporté sur le front de la Somme et fait preuve, dès les premiers engagements, d’un courage inouï en repoussant des troupes du IIème Reich, bien souvent au prix de corps à corps sauvages.

 

1917 voit le 166ème régiment d’infanterie se battre dans la Somme à Bouchoir puis à Avocourt, avant d’être intégré à la IVème Armée et de passer en Champagne : « A la plus mauvaise époque de l’année, sur les positions où il faut, dans la boue et l’eau, tenir sans relâche au prix de souffrances héroïques, le régiment va subir presque à son arrivée en ligne, de furieuses attaques ».

 

Jusqu’en juin 1918, l’unité tient « avec zèle » (général Lebrun) son rang dans le secteur de Saint-Hilaire le Grand (département de la Marne).

 

 

Les combats de la Lys.

 

Le 166ème régiment d’infanterie est appelé à relever le 128ème RI le 17 octobre 1918, dans les Flandres belges, proche de la rivière de la Lys. La tâche du 166 consiste à enfoncer l’ennemi qui partout recule.

 

« Dans la nuit du 19 au 20 octobre, le bataillon Lecocq relève le bataillon Mazoyer. Gardant toujours le contact avec l'ennemi, et manœuvrant avec habileté et opiniâtreté, nos fractions avancées font tomber les résistances successives ; elles abordent maintenant l'obstacle principal : la Lys, rivière de 30 mètres de largeur et d'une profondeur uniforme de 3 à 4 mètres, aux bords encaissés, au courant assez rapide.

 

Il n'existe aucun gué, aucune passerelle à proximité. Une vieille barque découverte dans les décombres d'une maison est mise à l'eau, et le capitaine Lecocq, prêchant d'exemple, effectue le premier le passage, protégé par le feu de nos mitrailleuses qui combattent les mitrailleuses ennemies. Avec des moyens aussi précaires, le passage est long et difficile, ce n'est qu'au bout de deux heures que la compagnie Lacour, tête d'avant-garde, aura pu franchir le cours d'eau. Elle se déploie aussitôt et prend sous son feu la ligne avancée ennemie, de façon à permettre à la 4e compagnie du 43e B. T. S. (NB : bataillon de soutien) de passer à son tour. Le mouvement terminé, de concert, ces deux compagnies essaient de progresser, mais l'ennemi constatant la faiblesse de notre situation, déclenche une violente contre-attaque avec un effectif bien supérieur au nôtre, et par un violent bombardement de la rive ouest, empêche l'arrivée des renforts. Pendant plusieurs heures, l'adversaire est maintenu ; il renouvelle ses efforts et lance des troupes fraîches à l'attaque. Les ailes commencent à céder et nos pertes sont sensibles. L'ennemi arrive au corps à corps, la lutte est menée sauvagement des deux côtés, mais la supériorité numérique de celui-ci rejette dans la rivière la 4e compagnie sénégalaise.

 

La barque a coulé ; le centre de la compagnie Lacour, acculé à la rivière, se cramponne désespérément à la position, et, grâce à l'appui de nos mitrailleuses de la rive gauche, cause de telles pertes à l'ennemi, que celui-ci est contraint d'abandonner son projet et de se replier. La 5e compagnie organise alors une solide tête de pont, pendant que la section du génie construit avec les sacs Hébert une passerelle de fortune. Grâce à l'énergie, à la bravoure et à la ténacité du 166e, le débouché sur la rive droite de la Lys est conservé et la progression va pouvoir reprendre.

 

Le 21, la compagnie Charrois relève la compagnie Lacour, repousse énergiquement une nouvelle contre-attaque ennemie et, reprenant l'offensive, s'empare de la ferme Peereboon, capturant 27 Allemands. Le 23, le bataillon Anglaret remplace le bataillon Lecocq et, malgré les mitrailleuses ennemies, réussit par son ardeur et son mordant à gagner la route de Courtrai à Gand, objectif assigné au régiment. Le 25, le régiment est relevé par dépassement et porté sur la rive ouest de la Lys, où il reste en réserve de corps d'armée.

 

II avait perdu, au cours de cette brillante avance, 5 officiers et 242 hommes. »

 

Parmi ces 242 hommes, figure le soldat de 2ème classe, Ferdinand Jean Baptiste Pontet, de la classe 1916, matricule 10927 au 3ème Bureau du Recrutement de la Seine. « Tué à l’ennemi » est-il indiqué sur la fiche remplie par les services administratifs du 166ème RI.

 

Aujourd’hui, l’une des descendantes de Ferdinand Pontet habite Issy-les-Moulineaux. Il s’agit de sa petite-nièce, et qui n’est autre que Lucette Pontet, porte-drapeau depuis des années de la section de notre commune de l’association FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés Internés Résistants Patriotes).

 

 

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Publié le 19 Septembre 2009

 

Juin 1888.

 

 

 

 

Le 15 juin 1888, Guillaume II, fils aîné de Frédéric III, roi de Prusse et récent empereur d’Allemagne, accède au trône. Il promet de donner une vision et une ambition à la mesure politique, géographique et démographique de ce tout nouveau pays.

 

Trois jours plus tard, dans une France qui ne rêve que de revanche, à la suite de la déroute de 1870-1871, dans une France désorientée par le mouvement boulangiste, à Ivry, ville ouvrière de la banlieue sud-est de Paris, naît Georges Alexandre Boivin.

 

Sa famille ne peut imaginer un seul instant que la politique du premier va entraîner la mort du second…

 

 

Les combats de Carency.

 

Dès les débuts de la Première Guerre mondiale, après être entrées en Alsace-Lorraine, les armées françaises subissent plusieurs défaites et se voient prises en tenailles : au nord, les forces allemandes n’ont que faire de la neutralité belge et s’engouffrent dans ce territoire. L’Armée belge, héroïque, ne peut résister longtemps. Au sud, les troupes du Reich progressent et tentent d’enfermer les Français en pilonnant la région de Nancy. Nos armées tiennent bon, sous l’impulsion du général Curières de Castelnau, qui rapporte de la bataille le surnom de « Sauveur de Nancy ».

 

Le 6 septembre, le général félicite ses régiments dans la note suivante : « d’avoir su conserver en face d’attaques violentes, une attitude continuellement offensive, qui a déterminé l’échec complet de l’ennemi. Leurs efforts n’ont pas seulement pour résultats de retenir en face d’elles des forces considérables, ils ont contribué pour une large part à faciliter la tâche des unités voisines et à rendre plus efficace leurs actions".

 

Le centre du dispositif national, subissant de plein fouet les coups de butoir des armées allemandes, doit reculer jusqu’aux portes de la Région parisienne, sur la rivière de la Marne, qui mais reste le lieu ultime de retraite : « Tu ne passeras pas ». Du 6 au 12 septembre, par un sursaut incroyable de courage, entraînée par l’épisode des « Taxis de la Marne », l’Armée française se reprend et tient le terrain, mètre par mètre, au prix de dizaines de milliers de morts. Le front, de la Suisse à cette région de la Champagne est consolidé. S’engage alors ce qui est resté dans les manuels d’histoire sous le nom de « Course à la mer ».

 

Chacun des belligérants tente de se déborder par l’ouest. Cette conquête est ponctuée, quotidiennement, d’engagements et de batailles : bataille de l’Aisne, bataille de Saint-Mihiel, bataille de Picardie, bataille de l’Artois et enfin, bataille des Flandres (Ypres), qui se déroule dans le courant du mois de novembre 1914. Finalement, le front se fige, de la Suisse à la Mer du Nord. 300.000 soldats français sont morts pour la Patrie, qui compte également plus de 600.000 blessés.

 

En octobre 1914, lors de la bataille d’Artois, le petit village de Carency, proche de la ville de Lens, tombe aux mains des Allemands. Carency revêt une grande importance pour la stratégie française : il forme une sorte de saillant allemand et coupe la ligne de liaison primordiale entre Arras, Lens et Béthune. Il convient donc de reprendre le village coûte que coûte…

 

Le 269ème Régiment d’Infanterie.

 

Au déclenchement de la guerre, le 269ème Régiment d’Infanterie opère sa mobilisation à Domgermain, près de Toul, dans le département de la Meurthe-et-Moselle. Le chef de corps est le lieutenant-colonel Grange, son adjoint le capitaine Rousseau. Ses soldats sont pour un grand nombre des réservistes originaires de la région ainsi que de Paris. Georges Boivin est l’un d’eux. Il habite Issy-les-Moulineaux et porte le matricule 2560 du 2ème bureau de recrutement du département de la Seine.

 

Au début du mois d’août 1914, le régiment, en compagnie du 226ème R.I. (Régiment d’Infanterie) progresse en Lorraine, en direction de Nancy. Quelques jours plus tard, pris au cœur de la bataille qui se déroule autour du Grand Couronné, le 269ème doit se replier.

 

Après la bataille de la Marne, le régiment participe à la « Course à la mer ». Il s’embarque à Nancy, sous les ordres de son nouveau commandant, le lieutenant-colonel Regnier-Vigouroux (le colonel Grange dirige la 139ème B.I.). Se plaçant à la disposition du général Plantey, commandant la place militaire de Douai, le régiment combat sur le flanc droit des armées françaises. Mais à Hénin-Beaumont, débordé par les attaques ennemies, il doit se replier et se dirige sur Rouvroy où il consolide sa ligne de défense. Celle-ci englobe les villes de Méricourt et d’Acheville. Nouveaux combats au début du mois d’octobre, toujours dans le même secteur, sur la colline de Vimy.

 

Le 9 octobre, après quelques jours de repos, le 269ème est transporté en camions à Barlin et Aix-Noulette. Dans ses mouvements, il est associé au régiment britannique Royal Kent. Ces unités se rapprochent de Carency où une nouvelle ligne défensive est implantée : creusement de tranchées, de boyaux, souterrains ; pose de barbelés, de pieux, de mines. Le 18 décembre 1914, une offensive générale est déclenchée sur le secteur.

 

 

Le 18 décembre 1914.

 

Extrait du Journal de marche du 269ème R.I., le 18 décembre 1914 : « La préparation d’artillerie a lieu de 9h à 9h45. Mais nos obus atteignent surtout Carency, sans détruire les tranchées intermédiaires. Les fractions du 226ème, à la droite du Bataillon Béjeard ne peuvent déboucher et tombent sous le feu des mitrailleuses. Au Bataillon Béjeard, trois sections de la 17ème Compagnie et une section de la 18ème pénètrent dans la tranchée et s’y maintiennent pendant deux heures. Mais privées de toute communication avec l’arrière, elles sont l’objet d’une contre-attaque à coups de pétards et de fusils par l’intérieur du boyau et elles sont massacrées ou faites prisonnières (Lieutenants Zeller, Liévin, Raguin).

 

 

 

Le sous-lieutenant Boivin a été tué dès le début en partant à l’assaut avec une section de la 18ème qui a été décimée par une mitrailleuse. Dans Carency, le lieutenant Dunoyer, de la 23ème Compagnie, s’empare de deux petites maisons dans la direction de la Brasserie. Pertes du 18 au 21 : sous-lieutenant Boivin tué ; sous-lieutenants Zeller, Raguin ; lieutenant Liévin disparus. Tués : 9 ; blessés : 27 ; disparus : 61.

 

Le 22 décembre. Une nouvelle attaque sur Carency a été prévue ce jour-là. Dans le secteur de la 139ème Brigade. Elle doit être dirigée par le lieutenant-colonel Wurster du 226ème, disposant du 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins, de la 3ème Compagnie du 226ème et de 2 sections du Génie. Objectif : tranchées allemandes en face des tranchées du 226ème et cimetière de Carency. L’attaque sera flanquée à gauche : par une attaque d’une Compagnie du 27ème Bataillon et d’une Compagnie du 226ème sur la sortie sud de Carency. Et par une attaque d’une Compagnie du 269ème attaquant le long de la voie ferrée.

 

Le brouillard fait remettre l’opération au lendemain. »

 

 

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Publié le 12 Juillet 2009


 

Les infirmières, qui furent également baptisées « anges blancs », ont beaucoup apporté pendant le premier conflit mondial. Au nombre de 200.000 dans les troupes alliées, des milliers d’entre-elles se sont sacrifiées pour sauver des soldats. Ainsi au cœur du carré militaire d’Issy-les-Moulineaux, demeure une femme au milieu de centaines d’hommes… Il s’agit de Marguerite Montet, infirmière militaire, morte pour la France, le 22 septembre 1918.

 

Les Sections d’infirmiers militaires.

 

Les Sections d’infirmiers militaires sont dirigées par des médecins, qui peuvent avoir des galons différents selon leur âge, leurs années de services (…). Ils ont le titre de médecin attaché devant leur grade.

 

Les Sections d’infirmiers militaires sont des entités du Service de Santé des Armées et sont des éléments organiques de corps d’armée, au même titre que l’état-major, les sections du train des équipages, les secrétaires, le recrutement, les commis et ouvriers militaires d’administration ou encore les légions de gendarmerie. Les Sections d’infirmiers comportent bien entendu des infirmiers, et aussi des brancardiers, des chauffeurs, des médecins, des aides-soignants, des auxiliaires. Des infirmières également.


Il y a des années de cela, pour la revue « Je sais tout », le journaliste Paul Fuchs interrogea Charlotte Maître, infirmière militaire pendant la Grande guerre : « Il y a deux sortes d'infirmières : les unes dépendent d'associations libres et donnent gracieusement leur concours à l'État ; les autres, dont je suis, sont réellement incorporées dans l'armée et sont des soldats, en tout et pour tout. Assimilées aux officiers subalternes, nous touchons les mêmes rations qu'eux, nous voyageons avec les mêmes feuilles de route. Nous n'avons sur eux qu'un avantage, une indemnité d'habillement de cent francs par an ».

 

La Croix-Rouge.

 

La Croix-Rouge française, créée en 1864, se matérialise via plusieurs entités : la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM) et le Comité des Dames de la SSBM. Des scissions interviennent qui donnent naissances à deux autres œuvres : l’Association des Dames de France (ADF) et l’Union des Femmes de France (UFF).

 

Dès les premiers jours du conflit, la SSBM se rend sur les champs de batailles. A l’arrière, l’ADF et l’UFF œuvrent à l’organisation d’hôpitaux militaires provisoires et/ou auxiliaires. En 1918, on dénombre près de 1.400 hôpitaux. De nombreuses écoles, lycées, des châteaux (Chenonceau par exemple), sur tout le territoire national, sont transformés en unités de soins et de repos, en sanatorium ou encore en centres de tris pour l’envoi de colis aux soldats.

 

Ce sont près de 68.000 femmes qui s’engagent au sein de la Croix-Rouge française pour défendre la France et son armée.

 

Les religieuses.

 

Au même titre qu’il existe au sein de l’armée un service des aumôneries militaires, de très nombreuses religieuses se portent volontaires pour aider et soigner les blessés. Sœur Gabrielle à Clermont-en-Argonne, sœur Julie à Gerbéviller, sœur Cléophas de l’hôpital de Rochefort-en-Yvelines, sœur Thérèse, qui accompagne le corps expéditionnaire français dans les Dardanelles en 1915, les Sœurs franciscaines Missionnaires de Marie qui œuvrent à Paris, sont restées parmi les plus célèbres.

 

Il faut également mentionner les sœurs des ordres religieux originaires des pays alliés et qui interviennent sur le front.

 

Les religieuses reçoivent des décorations, comme la Médaille de la Reconnaissance française ou la Médaille des Epidémies (et de nombreuses décorations étrangères). Elles sont aussi citées à l’Ordre du corps d’armées ou de l’armée, comme Victoire Perrin, de l’ordre des Sœurs Hospitalières de Saint-Charles de Nancy : « Supérieure à l’hôpital de Blâmont, est restée à la tête de la maison pendant toute l’occupation allemande. D’une charité et d’un dévouement sans bornes, a donné ses soins, en pleine bataille des 14 et 22 août 1914, aux blessés français. Par la suite, au cours de la campagne, a caché à plusieurs reprises des patrouilles égarées dans les lignes allemandes et les a aidées à regagner nos lignes, sans souci des représailles ennemies auxquelles elle s’exposait.»

Les Armées alliées.

Il convient de distinguer les services de santé des armées présentent sur le sol français pendant la Première Guerre mondiale des associations caritatives et des dons de personnalités étrangères à l'Armée française.

Comme pour le Service de Santé de l'Armée française, des hôpitaux militaires de campagne et des centres de convalescence sont constitués sur réquisition de l'Administration par les armées belges, américaines, anglaises et troupes du Commonwealth (Canada, Inde, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Irlande du Nord...). C'est l'explication, par exemple, de la présence de nombreuses tombes belges dans le petit village d'Avon-les-Roches en Touraine.

Les interventions des YMCA (Young Men's Christian Association) anglaises et américaines, des oeuvres caritatives canadiennes, sud-africaines, ou encore australiennes, des dons de familles telles que les Rockefeller ou les Gould, sont primordiaux pour suppléer ou aider les infirmières militaires.

 

Quand les Etats-Unis lèvent un corps expéditionnaire pour aider son alliée la France, en 1917, il y a déjà presque trois ans que l'association américaine American Ambulance Field Service fournit des véhicules modernes pour le front occidental. Et au moment où ce même corps expéditionnaire quitte le port de New-York, il est accompagné de bataillons entiers d'infirmières.

Autre exemple : les ladies de la Société londonienne se dévouent corps et âmes pour créer et administrer des antennes en Belgique et dans le nord de la France, payant elles-mêmes les matériels et les médecins.

 

Le dévouement au soldat, de quelque origine qu'il soit.


Les services de santé agissent d'abord et principalement pour leurs armées. Mais il ne faut pas oublier que la Convention de 1906 pour l'amélioration du sort des blessés et malades dans les armées en campagne, signée à Genève, est généralement respectée et est associée à un esprit "chevaleresque" encore présent dans les conflits.

De fait, il n'est pas rare que les infirmières soient désignées pour s'occuper de blessés ennemis récupérés sur le champ de bataille.

C'est le cas d'Elisabeth Ridell Henderson, infirmière écossaise, qui raconte, bien des années plus tard, une demande particulière de sa supérieure : "Dans la matinée, un jeune scout est venu dans l'aile en saluant brièvement. Avec une étincelle espiègle dans les yeux, il m'a dit : "Ma soeur, la directrice veut vous voir dans son bureau immédiatement". Il savait très bien qu'un tel message a le don de mettre une personne à l'envers ! Voici ce que la directrice avait à me dire : "Ma soeur, il faut que vous prépariez vos bagages immédiatement : je vous envoie à une école dont nous avons pris possession afin de préparer les lieux pour que nous puissions recevoir 300 blessés allemands ce soir même". Je suis restée clouée sur place, puis j'ai répondu, désespérée : "Madame, ne pourriez-vous pas envoyer quelqu'un d'autre qui n'ait pas les mêmes sentiments que moi ? Le frère dont je suis le plus proche est porté disparu, le frère de mon fiancé a été tué en ramenant des prisonniers qui s'étaient rendus, et le fiancé d'une de mes soeurs, grièvement blessé, est à l'hôpital de Cambridge, à Aldershot, depuis près d'un an. Je ne pourrai pas toucher aux Allemands !" ai-je lancé fougueusement. La directrice a répondu doucement : "C'est un ordre !".

 

Pourquoi s'engagent-elles ?

Les infirmières s'engagent par devoir, par sentiment patriotique, par fidélité à un amour parti au feu, en souvenir d'un frère, d'un mari, d'un aïeul tombé au champ d'honneur. Les infirmières proviennent de toutes les classes sociales, de tous les milieux : de l'aristocrate à la paysanne, de l'ouvrière à la femme au foyer. Il n'est que de citer Elisabeth, reine de Belgique, Madeleine Jacquemaire, fille aînée du Président Georges Clemenceau, Louise de Bettignies, surnommée la "Jeanne d'Arc du Nord", qui, prisonnière des Allemands, refuse de fabriquer des pièces d'armement pour les ennemis de son pays, et finit par mourir de privations et de maladie dans les geôles du IIème Reich.

Ou encore Edith Cavell, infirmière anglaise, qui organise en 1915 l'évasion de nombreux blessés alliés de la zone d'occupation allemande. Pour ce fait de résistance, elle est arrêtée et exécutée le 12 octobre 1915. "J'ai pensé que c'était mon devoir de faire cela pour mon pays. Je suis anglaise et j'ai agi en patriote".

Léonie Bonnet dans son journal de la Grande Guerre écrit : "C'est dans le travail et la prière, qu'un très grand chagrin dont personne ne peut soupçonner l'existence, peut trouver un certain apaisement. Aujourd'hui plus qu'hier, et demain davantage, je penserai à ces deux mots : "Travail ; prière". (placé en exergue du livre Aimer et travailler, Léonie Bonnet, d'Alexandre Lafond et Céline Piot, Ed. Nérac).

 

Monuments et stèles.


A Pierrefonds, dans le département de l'Oise, le 20 août 1918, un bombardement aérien tue l'infirmière Elisabeth Jalaguier. Depuis, un monument a été érigé en sa mémoire et pour toutes les infirmières tombées au combat : "In memoriam. Gloire aux infirmières militaires de France. Ce monument est érigé dans le parc ou fut tuée Elisabeth Jalaguier".

 

Dans de nombreux édifices religieux se trouvent des stèles à la mémoire du sacrifice de ces femmes merveilleuses, comme par exemple à Paris, sur l'un des piliers de la nef de l'église Saint-Louis de Invalides. A Reims, a été inauguré en 1924, un monument pour les infirmières de la Première Guerre mondiale. A Berck-sur-Mer, le monument représente un Poilu sur un brancard. En dessous figurent ces mots : "Aux infirmières françaises, les combattants reconnaissants".

"Il fallait quand même consoler, distraire, encourager ceux qui, dans les trente lits de la salle, gisaient et souffraient pour la Patrie ; il fallait rire et sourire durant douze heures par jour, mais le soir, dans le dortoir sans feu, bien lasse, si lasse qu'elle avait à peine touché à sa ration, la jeune infirmière tirait alors les rideaux de son alcôve et sanglotait en appelant "sa maman" qui la gâtait si fort et la soignait si bien, elle, la pauvre gosse à peine sortie elle-même de l'enfance" (Louise C., infirmière belge, citée par Hubert Depester dans son ouvrage Nos héros et nos martyrs de la Grande Guerre - Ed. Tamines).

 

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Publié le 25 Avril 2009

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Les débuts.

 

A l’armistice de 1918, l’aviation militaire française comptait 10.000 appareils dont 3.800 en ligne, répartis en 288 escadrilles, 3.000 appareils en écoles et 3.000 en réserve. Notre industrie aéronautique était la première au monde. Elle employait 190.000 personnes et avait produit pendant les quatre années de guerre 50.000 avions et 90.000 moteurs ! Ces chiffres traduisent le spectaculaire et foudroyant développement d’une aviation qui était encore dans les limbes en 1914 avec à peine 160 avions en ligne.

 

Les premiers textes officiels la concernant se situent en effet au début des années 1910. En octobre 1910, avait été créée une inspection de l’aéronautique chargée de suivre les progrès de l’aviation et d’en étudier les applications au domaine militaire. Deux ans plus tard, en mars, une loi avait été promulguée fixant les grandes lignes de l’organisation de notre aviation militaire.

 

Au début du conflit, bombardement et observation étaient les premières et seules missions envisagées pour l’aviation, et ce, aussi bien côté Français qu’Allemand. A la mi-août 1914, des appareils français bombardaient les hangars à dirigeables de la base de Metz, tandis qu’en septembre, Paris subissait son premier raid aérien – quelques bombes larguées (de fait, des obus de 90mm) sans causer de dommages significatifs. De telles actions n’eurent aucune influence sur le cours des événements. Plus important en revanche allait être le rôle de l’aviation d’observation : le 3 septembre 1914, un de nos appareils confirmait l’infléchissement vers le sud des colonnes allemandes, lesquelles se détournaient ainsi de la capitale. Même s’il ne fut pas le seul, ce renseignement devait conduire le général Joffre à donner le signal de la contre-offensive. Et ce fut la victoire de la Marne.

 

En novembre 1914, était constitué le premier groupe de bombardement, le GB1, suivi de trois autres entre cette date et mars 1915. Ces groupes étaient équipés d’appareils Voisins, biplans, biplaces, volant à une vitesse de 90 km/h, équipés d’un moteur de 80 CV dont l’hélice, placée à l’arrière présentait l’avantage d’offrir une grande visibilité verticale. En mai 1915, un raid de 18 de ces appareils était dirigé contre des usines d’armement de Ludwigshafen, laissant entrevoir ainsi le rôle stratégique de l’aviation.

 

L’action aérienne dans les domaines évoqués devait entraîner une réaction, celle de l’artillerie visant à s’opposer aux survols ennemis et surtout celle d’avions cherchant à abattre en vol les appareils de l’adversaire. C’est ainsi que le 5 octobre 1914, un équipage français (sergent-pilote Frantz et son mécanicien Quenault) remportait, pour la première fois au monde, une victoire aérienne en abattant au fusil mitrailleur de bord un biplace allemand. Un nouveau rôle se dessinait pour l’aviation : la chasse ! Un rôle qui eut d’abord du mal à s’affirmer en l’absence de toute étude sur le tir aérien.

 

 

Verdun.

 

C’est la bataille de Verdun – février à décembre 1916 – qui allait imposer définitivement le fait aérien dans la conduite des opérations militaires. L’offensive allemande déclenchée fin février reposait en effet sur l’engagement d’une puissante artillerie dont le réglage devait être assuré par des observateurs installés dans des ballons captifs. Le total était protégé par une flotte de près de 300 avions concentrés sur la zone et destinés à interdire toute intrusion d’appareils cherchant à détruire lesdits ballons captifs, voire les avions allemands chargés eux aussi de régler les tirs d’artillerie. L’enjeu était déterminant pour la réussite de l’offensive en question. Devant cette situation, le général Pétain convoquait un pilote très expérimenté, le commandant de Rose. Il lui ordonnait de rassembler les meilleurs pilotes de chasse afin de balayer l’aviation allemande du ciel de Verdun. S’engageait alors une bataille aérienne, la première du genre, dont le sort allait conditionner celui de la bataille au sol. La notion de bataille aérienne en vue d’acquérir la supériorité aérienne, préalable nécessaire au succès des armes, faisait son entrée dans l’Histoire. Elle ne la quittera plus.

 

Quant à notre aviation de chasse, elle acquérait à Verdun ses lettres de noblesse. Sa spécificité et son importance étaient désormais reconnus. Les premiers groupes de chasse étaient officiellement créés en octobre 1916, réunissant plusieurs escadrilles sous un même commandement afin de pouvoir agir en concentrant au maximum les forces.

 

 

Le développement de l’aviation militaire.

 

Notre aviation militaire devait connaître à partir de 1916 un développement considérable, conséquence de l’expérience acquise et aussi des rapides progrès techniques enregistrés dans tous les domaines de l’aéronautique.

 

L’aviation de bombardement partageait ses missions, d’une part, entre les attaques de concentrations de troupes, les cantonnements, les voies de communication et d’autre part, le bombardement à caractère stratégique avec une tendance de plus en plus marquée, pour ce dernier, aux raids de nuit. A l’automne 1917 cependant, la mise en service d’un nouvel appareil de bombardement – et de reconnaissance – plus puissant, plus rapide et mieux armé que ses prédécesseurs, le Bréguet XIV, permettait de relancer les bombardements de jour, notamment ceux à caractère stratégique : blocus du bassin lorrain, raids de représailles massifs sur les villes du Rhin, en liaison avec l’aviation britannique.

 

L’aviation de reconnaissance connaissait une évolution analogue et inaugurait les missions de reconnaissance stratégique de nuit.

 

L’aviation de chasse, de son côté, équipée à partir de 1917 d’un remarquable appareil, le Spad VII, affirmait son concept d’emploi. Aux missions de chasse à caractère offensif, elle ajoutait celles de couverture aérienne afin à la fois d’interdire à l’adversaire le survol de certaines zones et, d’assurer la protection de l’aviation d’observation.

 

Bombardement, reconnaissance, chasse : l’aviation militaire moderne était née. En 1918, toutes ses principales missions avaient été définies et défrichées. Afin de respecter le principe fondamental de concentration des forces, les unités aériennes étaient de plus en plus lourdes. Ainsi, en février 1918, après les escadrilles, puis les groupes, les premières escadres rassemblant sous un même commandement plusieurs groupes étaient créées. Au mois de mai suivant, naissait la Division aérienne, à savoir un ensemble de 600 appareils, moitié chasse, moitié bombardement et reconnaissance, grande unité mise à la disposition du Grand Quartier Général ou d’un groupe d’armées en vue d’une action donnée.

 

A partir d’août 1918, l’aviation était jetée en masse dans la grande bataille terrestre. Chaque offensive devait être appuyée par une force aérienne de 300 à 500 appareils : couverture de la zone d’offensive, actions de bombardements sur les arrières de l’adversaire, appui reconnaissance, appui feu rapproché des troupes par le mitraillage des tranchées adverses. En septembre 1918, ce furent même 1.500 appareils qui furent engagés en appui aussi bien direct qu’indirect de l’offensive du Corps d’armées américain destiné à éliminer le saillant de Saint-Mihiel.

 

En novembre 1918, notre aviation militaire était la première au monde. En cinq années, près de 16.450 pilotes et 2.000 observateurs avaient été formés. Elle avait acquis une expérience exceptionnelle. Elle avait contribué puissamment à la victoire, au prix de près de 5.500 pilotes tués du fait de l’ennemi ou par accident. Pour beaucoup, elle était destinée, de par l’importance de son rôle et la spécificité de ses conditions d’emploi, à constituer une armée à part entière. Ce sera l’objet d’âpres discussions et de polémiques désastreuses, pendant de nombreuses années avec les conséquences que l’on sait en 1940. Mais c’est déjà une autre histoire…

 

 

 

Général Michel Forget.

 

 

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(*) Le général de corps aérien Michel Forget, isséen, a fait une brillante carrière d’officier pilote de chasse. Il a assumé tous les commandements correspondants à sa spécialité. Il a quitté le service actif en 1983 après avoir commandé pendant quatre ans la Force Aérienne Tactique. Auteur de plusieurs ouvrages (« Puissance aérienne et stratégies » - 2001, « Guerre froide et guerre d’Algérie » - 2002, « Notre défense dans un monde en crise » - 2006, « Du Vampire au Mirage » - 2007), il est correspondant de l’Académie des Sciences Morales et Politiques et a été Vice Président national du Souvenir Français.

 

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Publié le 10 Avril 2009


Ernest, en uniforme allemand et Adèle Lerdung, née Burgy, et leurs enfants : Lucien, Bernard et Marguerite.


 

Le Traité de Francfort

 

Le 10 mai 1871, le traité de Francfort est signé entre la toute nouvelle République française et l’Empire allemand. Il stipule que la France doit verser une indemnité de guerre de 5 milliards de francs or. En gage, l’est du pays est occupé (il le sera jusqu’en 1873). Et une partie de l’Alsace et de la Lorraine est annexée. Ce nouveau territoire va rapidement devenir le sujet majeur de la pensée collective française : il convient, dès que les armées seront reconstituées, de récupérer au plus vite la chère Alsace-Lorraine.

 

 

L’Alsace-Lorraine

 

L’Alsace-Lorraine est un territoire à part au sein de l’Empire allemand. Ce n’est pas un Etat ou une région, mais une province régie directement par les organes de l’Empire. Dans les faits, les lois allemandes votées par le Conseil Fédéral de l’Empire s’appliquent au lendemain de l’annexion. S’ensuit un double mouvement de population : de nombreux Français émigrent. Il leur suffit bien souvent de passer la frontière et de se poser à quelques kilomètres de là où ils étaient installés. Des villes comme Nancy ou Belfort voient leur population croître rapidement. Dans le même temps, de nombreux Allemands s’installent dans cette nouvelle « annexe » de l’Empire. Pour autant, il ne s’agit pas d’une migration massive, même si elle est plus importante dans des cités comme Metz (dont une partie est reconstruite à cette époque) que dans la région de Strasbourg.

 

Pour les Allemands, l’Alsace-Lorraine représente un nouveau territoire, qui leur appartient, soit, mais il y subsiste une population et une « manière de vivre » qui vont souvent à l’encontre des habitudes, des manières, d’outre-Rhin. Pour les Français, il convient de faire le moins de concessions possibles. D’ailleurs, l’association le Souvenir Français nait à ce moment-là, grâce à l’énergie d’un Alsacien-Lorrain émigré à Neuilly-sur-Seine : Xavier Niessen. Il croit, avec quelques amis, que le culte des morts pour la France pendant la Guerre franco-prussienne, et l’entretien de leurs tombes, peuvent et doivent constituer le trait d’union capable de conserver dans les esprits le sentiment d’unité nationale. En Alsace-Lorraine, le développement de l’association et l’enthousiasme qu’elle provoque sont tels que celle-ci est dissoute en 1913.

 

 

A la veille de la Première Guerre mondiale

 

A la suite de l’attentat de Sarajevo et de ses conséquences dans le jeu des alliances européennes, le 3 août 1914, l’Empire allemand déclare la guerre à la République française. « Nach Berlin » est-il écrit sur les wagons qui emmènent les soldats sur le front. Pour la France, cette guerre n’est qu’une histoire de semaines.

 

La population d’Alsace-Lorraine est-elle à ce moment-là farouchement opposée aux Allemands ? Très difficile à estimer. Il y a, comme toujours, des minorités d’un côté et une majorité silencieuse de l’autre. Des groupes germanophiles se forment tandis que d’autres revendiquent le rattachement à la France « d’avant », donc un refus d’intégrer l’armée du Reich. Mais, parce que la vie est ainsi faite, des Allemands, souvent fonctionnaires de l’Empire, se sont installés et ont fondé des familles. Ils sont totalement intégrés. Et dans les écoles, pour mieux se comprendre, la langue allemande est favorisée.

 

Pourtant, après les premières batailles, il en va tout autrement. Une haine sourde nait entre les deux populations. Les Allemands multiplient les vexations vis-à-vis des habitants de l’Alsace-Lorraine. Et puis, comme dans toutes les provinces de l’Empire, la région annexée est contrainte de fournir des bataillons de soldats : les Alsaciens-Lorrains sont généralement méprisés, considérés comme des « moins que rien » et sont envoyés combattre sur le Front russe, où ils servent en première ligne.

 

 

Ernest Lerdung

 

Ernest Lerdung est Alsacien, originaire du village d’Aspach (sud du département du Haut-Rhin, vers Altkirch). Comme ses concitoyens, il est enrôlé dans l’Armée allemande.

 

Selon son petit-fils, Claude, Ernest Lerdung est fait prisonnier par les Français. Plutôt que de rester dans un camp militaire, il donne son accord pour travailler pour la France et son effort de guerre. Il est alors envoyé à Issy-les-Moulineaux et œuvre dans la fabrication de cartouches pour le fusil Lebel, chez Gévelot. Cette société est à l’époque l’un des gros employeurs de la région. Développée par la famille du même nom en 1825, l’usine fabrique d’abord modestement des cartouches pour les fusils de chasse. A la fin du Second Empire, en 1867, elle se lance dans la mise au point et l’industrialisation de munitions de guerre. Les conflits franco-allemands permettant à cette activité un essor sans précédent…

 

 

 

C’est en travaillant dans ces usines, qu’Ernest Lerdung, au cours d’un accident, perd la vie. C’était le 19 octobre 1918. Il avait 28 ans.

 

Ernest Lerdung, Alsacien-Lorrain, ayant commencé la guerre, contre son gré sous l’uniforme allemand, l’a poursuivie en soutenant la France, sa patrie d’origine. Quelques mois plus tard, un tribunal le déclare « Mort pour la France ». Il est enterré au cimetière d’Issy-les-Moulineaux, dans le carré militaire.

 

 

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Publié le 20 Février 2009

Attaque de soldats Français pendant la bataille de Verdun (21 février - 19 décembre 1916).
 

Clair Jounel nait le 18 août 1882 à Nozay, dans l’actuel département de la Loire-Atlantique. Il entre à l’âge de 15 ans au service du Père Bersihand, curé de la paroisse toute proche de Trescalan. Le Père est un grand ami de la famille. Clair devient sacristain : il s’occupe du jardin, de la vigne, des bêtes. Adulte, il quitte la Bretagne pour effectuer son service militaire, entre 1903 et 1906, au 137ème Régiment d’infanterie. Il en sort avec le grade de sergent. Après cette période, il reprend son emploi.

 

En 1908, il s’unit à Donatienne Trimaud. Ils ont trois enfants : Clair, Georgette et Henri.

 

Mobilisé dès la déclaration de guerre, le 2 août 1914, à Nantes, Clair Jounel intègre le 118ème d’infanterie en tant que sergent. Malade en novembre 1914, il est évacué sur l’hôpital de Villers-Cotterêts, en Picardie, puis sur celui de Meaux. Il est ensuite envoyé en convalescence dans la région de Bordeaux.

 

En 1915, versé au 116ème R.I., il est chargé de l’instruction des jeunes recrues, à Troyes. En  octobre de la même année, il retrouve le 118ème et est dirigé sur la Champagne.

 

Le 14 octobre 1915 : « Aujourd’hui à Trescalan est une journée de prières. Je m’associe de grand cœur à vous tous en en faisant autant de mon côté. J’ai assisté à la messe et j’ai prié devant le modeste autel abrité de quelques planches. L’orgue est remplacé par le bruit du canon qui tonne continuellement et fait penser à nos frères d’armes qui sont en danger… Oh, mes amis, ces messes en plein air au milieu des bois, cela remplit le cœur d’émotion et l’on pense au bon temps d’avant guerre et aux belles fêtes de Trescalan ».

 

Le 19 novembre 1915 : « Ce matin, le temps est clair et l’on voit en avant de leurs tranchées au moins une vingtaine de cadavres étendus là et depuis quand ? Quoiqu’ennemis, cela fait quelque chose et c’est peut-être le sort qui m’attend. Jour et nuit, les balles passent en sifflant au-dessus de la tranchée ».

 

Au matin du 24 mars 1916, le Père Bersihand reçoit une dernière lettre : « La vie n’est faite que d’inquiétudes. Je suis en bonne santé, mais hélas en route pour… Il faut s’attendre à tout et accepter avec résignation toutes les peines qu’il plait à Dieu de nous envoyer… Ayons confiance, mais s’il en est autrement, je vous confie ma petite famille, je vous embrasse ».

 

N’ayant plus de nouvelles, puis apprenant la disparition de son protégé, le Père Bersihand enquête et obtient une réponse d’un témoin oculaire :

 

« C’était le 3 avril, vers 10h du matin, les obus allemands pleuvaient drus sur les tranchées de première ligne où se trouvaient Clair Jounel et sa section. Il y fut blessé d’un éclat d’obus à la tête, mais plutôt légèrement. Comme il se dirigeait vers l’arrière et se disposait à gagner le plus proche poste de secours, il suivait un boyau, pris d’enfilade par une mitrailleuse ennemie, et malheureusement encombré en ce moment par les camarades d’une autre section qui montaient en ligne. Pour arriver plus vite au poste de secours, le pauvre Jounel se décida à sortir du boyau et de le longer en courant par la plaine. Hélas, le mitrailleur allemand le vit et mit aussitôt sa mitrailleuse en action. L’une des balles le blessa mortellement à la tête. Il tomba mort, sans proférer la moindre plainte, au bord du boyau qu’il devait suivre. Il fut inhumé à 200 mètres environ de la ferme de Thiaumont ».

Plus tard, les Autorités militaires enverront la dernière lettre de Clair Jounel à Donatienne :

 

« Verdun, le 31 mars.

 

Ma chère femme bien aimée, nous voilà dans les tranchées. Je me trouve en première ligne depuis 6 jours. Le secteur est aussi bon qu’il peut l’être dans une fournaise pareille… Les canons, d’un côté et de l’autre, n’ont pas une minute d’arrêt et le sifflement est si fort que l’on est tout abruti… Surtout, ne te fais pas de chagrin. Ma chère femme, quand donc la fin de tout ce carnage ».

 

 

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Publié le 17 Décembre 2008

 

Les Chasseurs

 

 

 

L’une des rares photographies ornant les tombes du carré militaire du cimetière d’Issy-les-Moulineaux est celle du caporal du 120ème bataillon de Chasseurs à pied, Marcel Javelot.

 

La première fois que le terme « chasseur » est employé pour une unité militaire française remonte à 1743 avec la création des chasseurs de Fischer, un groupe de francs-tireurs de l’Armée royale. Cette définition restera. Les chasseurs sont souvent considérés comme des unités d’élite, rattachées ou non à un régiment, et qui, au cours de l’histoire, vont se spécialiser : chasseurs à cheval, chasseurs alpins, groupes de chasseurs cyclistes et bien entendu chasseurs à pied. Equipés plus légèrement que les hommes d’infanterie, ils sont souvent utilisés pour des « coups de main » ou des assauts particulièrement difficiles.

 

Sous le Premier Empire, Napoléon les utilise, entre autres, pour former les 1er et 2ème régiments de Chasseurs à pied de la Garde impériale. Par la suite, les chasseurs se couvrent de gloire lors de la conquête de l’Algérie et pendant la guerre de Crimée.

 

En 1914, trente et un bataillons de chasseurs à pied ou alpins existent. Ils sont rapidement augmentés de chasseurs alpins territoriaux et neuf bataillons de marche sont créés. Il s’agit des 32ème, 102ème, 106ème, 107ème, 114ème, 115ème, 116ème, 120ème et 121ème.

 

 

La 129ème division d’infanterie

 

Le 120ème est formé le 15 mars 1915 à Sennecey-le-Grand, dans le département de la Saône-et-Loire. Il est rattaché en juin de la même année à la 129ème division d’infanterie, qui comprend également les 297ème et 359ème régiments d’Infanterie, les 106ème, 114ème, 115ème, 121ème bataillons de Chasseurs à pied, le 14ème régiment de Tirailleurs de Marche et le 141ème régiment d’Infanterie Territoriale.

 

Marcel Javelot est né le 20 avril 1892, à Braisne, dans l’Aisne. Il commence son service militaire en 1912. Au recrutement du 3ème bureau du département de la Seine, il a le matricule 1408 et le 1947 au Corps. Avec son régiment, le picard participe en juillet 1915 aux attaques sur le Linge (Vosges). De septembre à octobre de la même année, la 129ème est engagée dans la deuxième bataille de Champagne. Retirée du front fin octobre 1915, elle repart dans le secteur de Nancy en mars 1916, puis participe à la bataille de Verdun, avec des assauts très meurtriers sur la côte de Froideterre puis devant Fleury-devant-Douaumont. En 1917, la 129ème est l’une des unités du désastre du Chemin des Dames, où 200.000 soldats tombent en quelques semaines sous les balles et les obus allemands.

 

La Seconde bataille de la Marne

 

En 1918, après un engagement dans la bataille des Flandres, la 129ème division contribue à la Seconde bataille de la Marne. Au cours de cette bataille, à cheval sur la Picardie et le Nord de la Région parisienne, vers les Bois des Loges et le village de Campagne, Marcel Javelot est blessé. Il est transporté vers l’arrière puis rapatrié sur l’hôpital militaire temporaire basé à l’Institut Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux. Le 11 septembre 1918, à l’âge de 26 ans, le caporal Marcel Javelot, titulaire de la Croix de Guerre, rend son âme à Dieu.

 

ORDRE GENERAL de la IIIème ARMEE

Le Général Commandant en Chef décide que le 12ème Groupe de Chasseurs soit cité à l’Ordre de la IIIème Armée, avec le motif suivant :

« Du 10 Août au 6 Septembre 1918, sous les ordres du Lieutenant-colonel de TORQUAT de la COULERIE, comprenant le 106ème Bataillon de Chasseurs à Pied, sous les Ordres du Commandant HUREL, le 120ème Bataillon de Chasseurs à Pied, sous les ordres du Commandant NADAL, le 121ème Bataillon de Chasseurs à Pied, sous les Ordres du Chef de Bataillon MATHIEU, a attaqué l’ennemi à six reprises avec la plus grande vigueur. Malgré des pertes sensibles, l’a forcé à reculer devant lui de plus de 30 kilomètres, lui capturant 221 prisonniers, un canon de 77, 30 mitrailleuses, 12 minenwerfer et un important matériel. A fait preuve de superbes qualités offensives et d’une ténacité remarquable dans le combat.

Signé : PETAIN »

Le lendemain de la mort de Marcel Javelot, la 129ème division est retirée du front et se regroupe vers Rimbercourt, dans l’Oise, pour ensuite se préparer à une offensive dans le secteur de Bezange-la-Grande (Meurthe-et-Moselle). Offensive qui ne se déroulera pas, l’armistice intervenant le 11 novembre 1918. Le 13 mai 1919, à Sarreguemines, en Moselle, le 120ème bataillon de Chasseurs à pied est dissous.

 

Chasseurs à pied du 106ème bataillon.

 

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Publié le 5 Décembre 2008

 

« (Photo prise le 30 mars, près de Verdun).

 

 

24 avril,

 

Ma chère maman,

 

Voici une équipe de braves poilus au premier rang desquels figure ton fils, mal rasé et les mains sales (je ne suis pas d’ailleurs le seul dans mon cas). Nous venons de passer une journée assez pénible. Admire la batterie de cuisine. Je t’embrasse. Ton André ».

 

André Beneteau, au premier rang avec une écharpe, est le grand-père maternel de Frédéric RIGNAULT, secrétaire du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux, Délégué général adjoint du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine.

 

Né le 16 novembre 1890 à Thouars, dans le département des Deux-Sèvres, André Beneteau effectue son service militaire de 1910 à 1912. Il est comptable dans le Cher, à Saint-Amand-Montrond, quand l’ordre de mobilisation est donné. A son arrivée à Bourges, il est affecté au Service de Santé. Puis, à sa demande, il passe dans la « biffe » et est versé au 132ème régiment d’Infanterie. Le 3 septembre 1914, il est commotionné par un éclat d’obus de 155, à Thiaucourt. L’année suivante, il est enseveli par un autre éclatement d’obus, à Tahure, en Argonne. En 1916, il passe canonnier au 37ème régiment d’Artillerie. Le 31 mars, il obtient une permission à caractère médical pour une angine. Ce qui lui sauvera certainement la vie : le déluge de bombes sur Verdun vient de commencer. En 1917, le 21 mars, devenu téléphoniste, il est intoxiqué par gaz, à la Butte du Mesnil. Il termine la guerre en passant par le 24ème puis à nouveau le 132ème RI, avec le grade de maréchal des logis.

 

Ordre de la 4ème Armée n°138 du 30 décembre 1916 : « Appelé dans le Service Auxiliaire, au début de la campagne, a demandé à passer dans le Service Armé pour servir plus utilement son pays. Deux fois volontaire pour le front, s’est toujours signalé par un très haut sentiment du Devoir. Le 3 octobre 1915, il a ramené dans les lignes françaises, sous un feu d’artillerie et de mitrailleuses extrêmement violent, un officier observateur grièvement blessé. Croix de guerre avec palme ».

 

Par la suite, André Beneteau reçoit également la Médaille militaire.

 

Aussitôt la guerre terminée, André Beneteau touche une bourse du Gouvernement français et part étudier aux Etats-Unis, à l’Université de Philadelphie, où il devient professeur et acquiert le titre de docteur en philosophie et celui de Master of Arts. Il a notamment pour élève Margaret Mitchell, l’auteur d’Autant en emporte le vent. Il enseigne ensuite les langues romanes à la George Washington University et à la Catholic University de Washington DC, puis exerce la fonction de secrétaire de l’Attaché militaire de l’ambassade de France aux Etats-Unis. Chevalier des palmes académiques, André Beneteau se fait de nombreuses et solides amitiés dans le monde des arts et du spectacle, comme Maurice Chevalier, qui passe quelques jours chez lui, à chacun de ses déplacements outre-Atlantique.

 

En 1938, il est rappelé en France et enseigne au sein d’établissements scolaires catholiques, en particulier à l’école Saint-Joseph et l’Immaculée Conception, situées à Lectoure dans le Gers. André Beneteau a écrit plusieurs ouvrages, dont une Etude sur l’inspiration et l’influence de Paul Verlaine (1927) et l’Escadrille Lafayette (1939), formée par des aviateurs américains qui combattirent pendant la Première Guerre mondiale. S’ajoutent de nombreuses histoires et nouvelles, publiées notamment par les journaux français Minerve, Candide, France Hebdo, La France, et le journal américain Liberty.

 

André Beneteau est mort à Lectoure, le 28 juillet 1962.

 

 

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Publié le 10 Novembre 2008

 

Rue Ernest Renan, début du 20ème siècle. L'Institut Saint-Nicolas se trouve sur la gauche de la rue.
 



« Le Jour de deuil de l’Armée allemande »
Au printemps de l’année 1918, l’Armée allemande profite de l’armistice qu’elle vient de signer avec la nouvelle Russie bolchévique pour transférer sur le front ouest des dizaines de milliers de soldats. Une offensive générale est déclenchée et les lignes françaises sont enfoncées en Picardie, en Champagne et sur la Marne. Après un instant de panique et d’hésitation, une contre-offensive est décidée et menée rapidement, sous le commandement militaire du général Foch et politique de Clémenceau. Le reflux des troupes du IIème Reich est immédiat et il s’en faut de peu que des divisions entières ne soient encerclées.
Le renfort des américains accélère l’offensive alliée. La situation devient si grave que le général Ludendorff, n’hésite pas à nommer la journée du 8 août 1918 comme « le jour de deuil de l’Armée allemande ». 
Quelques semaines plus tard, des pourparlers sont engagés entre les Américains et les Allemands. Ils discutent du projet du président des Etats-Unis, Woodrow Wilson. Ce plan en 14 points consiste, notamment, à mettre fin aux hostilités par l’évacuation des territoires occupés ou annexés, à assurer la liberté de navigation et du commerce, à créer une association des nations (qui deviendra la Société des Nations). 
Dans le même moment, l’empereur Guillaume II nomme un nouveau chancelier, le prince Max de Bade. Mais ce dernier n’arrive pas à enrayer le flot de colère du peuple germanique. De nombreux soldats et ouvriers refusent de retourner au combat ou de continuer à travailler pour la « machine de guerre ». L’Empire allemand est à l’agonie.

 

 

Colmar, Novembre 1918 : défilé d'artilleurs de campagne.

 


« Novembre 1918 »

Le 7 novembre, des émissaires allemands demandent à rencontrer des représentants du Grand Quartier Général français. Pendant trois jours, les émissaires du IIème Reich tentent d’imposer des conditions honorables, mais elles sont repoussées par les Français. Le 9 novembre, Max de Bade conseille à Guillaume II d’abdiquer et de se réfugier aux Pays-Bas. La république est proclamée, accueillie par une foule en liesse dans les rues de Berlin.
Dans le même moment, Louis Nicolas se meurt à l’hôpital temporaire d’Issy-les-Moulineaux, dans l’Institut Saint-Nicolas.
Le soldat de 2ème classe Louis Nicolas est né le 27 octobre 1872 à Plaisians dans la Drôme provençale. Au commencement de la guerre, il intègre le 118ème régiment d’Artillerie lourde. A l’époque, cette arme se caractérise par des canons imposants comme des 95 de campagne (le chiffre indique le diamètre des obus en mm), des 105, des 150, des 155, tirés par des quatre chevaux, ou des engins encore plus puissants tels des 240 ou 400, placés sur des rails de chemins de fer.

 

 

 

Canon Rimailho de 155.

 


A l’image de la plupart des régiments d’artillerie lourde, le 118ème est composé de plusieurs Groupes, eux-mêmes formés d’un Etat Major et de une à trois Batteries. Chaque Groupe peut être affecté à un Corps d’Armée différent et intervient soit pour des offensives soit pour couvrir des actions de repli stratégique. C’est le cas du 1er Groupe au moment de la Seconde bataille de la Marne, au cours de l’été 1918. On peut supposer qu’à l’occasion des combats dans le secteur, Louis Nicolas est tombé malade. Rapatrié dans un hôpital proche, celui de l’Institut Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux, il y meurt le 10 novembre 1918. Louis Nicolas est le dernier militaire à rendre son âme à Dieu, à Issy-les-Moulineaux, pendant la durée des combats de la Première Guerre mondiale.

 
Le lendemain, à 5 heures du matin, l’armistice (initialement pour une durée de 36 jours) est signé, à Rethondes, dans le wagon du maréchal Foch. Les combats doivent cesser le jour même, onzième jour du onzième mois à 11 heures.
 

 

 

L’armistice vient d’être signé dans le wagon de Rethondes.

 


« Clémenceau à la Chambre »

Le 11 novembre, à 16 heures, avec la force de ses 77 ans, Georges Clémenceau, président du Conseil, s'avance d'un pas lourd et grave. Une à une, il monte les marches pour se rendre au pupitre de la Chambre des représentants (Assemblée nationale). 

« Messieurs, je cherche vainement ce qu’en une pareille heure, après cette lecture devant la Chambre des représentants français, je pourrais ajouter. Je vous dirai seulement que, dans un document allemand et dont, par conséquent, je n’ai pas à donner lecture à cette tribune en ce moment, document qui contient une protestation contre les rigueurs de l’armistice, les signataires dont je viens de vous donner les noms reconnaissent que la discussion a été conduite dans un grand esprit de conciliation. Pour moi, la convention d’armistice lue, il me semble qu’à cette heure, en cette heure terrible, grande et magnifique, mon devoir est accompli. Un mot seulement. Au nom du peuple français, au nom du Gouvernement de la République française, j’envoie le salut de la France une et indivisible à l’Alsace et la Lorraine retrouvées. »

 

 

Georges Clémenceau.

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Publié le 26 Octobre 2008

Dans quelques jours, nous fêterons le 90ème anniversaire de l'armistice de Rethondes, mettant fin à la plus invraisemblable guerre de tous les temps : la Première Guerre mondiale. Retrouvez, dans l'album intitulé "Première Guerre mondiale" des photographies d'époque, les portraits de généraux et d'hommes politiques exemplaires, de batailles, d'ambulanciers, de médecins, d'hommes de Devoir...
 

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